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L'Est Républicain
- 1907 -
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11 janvier 1907
Tribunal correctionnel de Lunéville
Audience du 9 janvier
[...] Chasse. - Camaille Camille, 22 ans, cultivateur à Reillon,
25 fr.
17 janvier 1907
Avricourt
Procès-verbal a été dressé contre Auguste Gardon, sans
profession à Bréménil, qui a été trouvé couché ivre mort sur la
voie publique. Cet homme a reconnu qu'il était venu à Avricourt
pour implorer la charité et qu'il s'était enivré en
Alsace-Lorraine,
21 janvier 1907
Blâmont
La gendarmerie a arrêté en flagrant délit de mendicité, Jean
Louvigny, âgé de 26 ans, manoeuvre, qui a reconnu que depuis une
dizaine de jours ne vivait que de la charité publique.
22 janvier 1907
Le Touring Club et le» monument» religieux
On sait que l'Etat a demandé aux architectes des monuments
historiques, des projets de classement pour les plus
intéressantes églises de chaque département. D'autre part une
commission s'occupe de cataloguer dans le même but les objets
d'art mobiliers. Enfin - nous l'avons déjà dit - la puissante et
très riche société du Touring Club de France s'est émue à son
tour du sort des évêchés, séminaires, églises, presbytères, et
elle a demandé à ses comités des listes de proposition de
classement. Le comité de Meurthe-et-Moselle s'est réuni samedi
soir chez M. Larzilllère, pour déférer à ce voeu.
[...] Le comité a proposé ensuite le classement d'une
cinquantaine d'églises de Meurthe-et-Moselle
[...] On a repoussé Saint-Laurent de Pont-à-Mousson et Blâmont
et réservé la chapelle de Pompey et celle des Bénédictins à
Saint-Nicolas.
1er février 1907
Tribunal correctionnel de Lunéville
Audience du 30 janvier
[...] Roulage. - Foiselle Joseph, 29 ans, cultivateur à Repaix.
30 fr. et 5 fr.
5 février 1907
ETAT CIVIL DE NANCY
Publications de mariages - [...] Albert Coeur, chauffeur, rue
Martin-Meunier, 9, avant soldat au 20e escadron du train, à
Nancy, domicilié de droit à Amenoncourt (Meurthe-et Moselle), et
Marie Bélinski, confiseuse, rue Martin-Meunier, 11.
12 février 1907
Igney-Avrricourt
M. Léon Colette, âgé de 21 ans, terrassier à Foulcrey
(Alsace-Lorraine), travaillait sui la voie ferrée, à environ
quinze mètres d'un train allemand qui était arrêté lorsque le
mécanicien mit le convoi en marche sans faire marcher le sifflet
avertisseur de la machine, qui atteignit Colette et le projeta
sur le ballast. Cet ouvrier, qui se plaint de douleurs internes,
a dû être transporté à son domicile.
16 février 1907
Etat civil de Lunéville
(Du 7 au 14 février 1907)
[...] Publications de mariages. - Joseph-Camille Petitdemange,
vannier à Domjevin, et Stéphanie-Joséphine Coster, sans
profession.
25 février 1907
LA QUESTION PES PRESBYTÈRES (SUITE)
Dans l'arrondissement de Lunéville
Dans l'arrondissement de Lunéville, quelques baux de location
des presbytères ont été approuvés par le préfet, citons
notamment ceux conclus entre les maires el les curés de
Neufmaisons, pour 100 fr ; Domèvre-sur-Vesouze pour même somme;
Bénaménil, moyennant 150 fr., etc.
Les municipalités qui avaient conclu la location moyennant un
franc, comme à Petitmont et autres communes; celles qui avaient
accordé le presbytère gratuitement comme à Marainviller.
Clayeures, Moyen, Haussonvllle, Saint Boingt, Froville,
Autrepierre, Serres, Saint-Germain, Crion, ont vu leurs baux
annulés, en même temps que la délibération prise par le conseil
municipal.
Pour chacune de ces délibérations, le conseil de préfecture a
statué et le préfet a pris un arrêté motivé par cette
constatation que « le conseil municipal a violé les
prescriptions de l'article 2 de la loi du 9 décembre 1905 en
allouant une subvention déguisée pour l'exercice du culte ».
Quand la somme fixée dans le bail est inférieure à l'estimation
de la valeur locative de l'immeuble, comme à Domjevin. 45 fr.;
Essey-la Côte, Brouville, Bertrambois, 30 fr ; Fontenoy-la-Joûte,
60 fr.; Mervillér, 20 fr.; Giriviller. 30 fr.; Lachapelle, 5 fr.;
Paioy, Velle sur Moselle, Nonhigny, 50fr; Drouville, Barbas, 40
fr., ou à Borville, où on ne laisse à la charge du curé que le
paiement des contributions, soit environ 20 fr., les baux
subissent le même sort
2 mars 1907
Eiat civil de Lunéville
Publications - [...] Jules-Isidore Jamin, aubergiste à Domèvre,
et Marie-Angèle Harmant, sans profession.
13 mars 1907
Accident mortel à Igney-Avricourt
Homme d'équipe tué par un train
Un homme d'équipe de la gare d'Igney-Avricourt, nommé Lambert, a
été tamponné lundi par l'express qui part de Nancy à 1 h. 49 de
l'après midi.
Lambert faisait des signaux à un train de marchandises, lorsque,
derrière lui, arriva l'express de Nancy.
Le malheureux n'entendit pas le coup de sifflet avertisseur et,
au lieu de se garer, s'avança à reculons sur la voie.
Un instant après, tamponné par la locomotive de l'express,
l'homme d'équipe fut projeté avec violence sur l'autre voie et
vint s'abattre, les reins brisés, la face en avant sur les
cailloux.
Le malheureux Lambert a été tué sur le coup. Il y avait trois
mois qu'il appartenait à la compagnie et n'avait que 25 ans.
15 mars 1907
Lunéville
Tribunal correctionnel - Audience du 13 mars
Coups. - Bersch Jules, âgé de 17 ans, employé à Igney, 16 fr.
d'amende avec sursis.
- Feltmann Nicolas, âgé de 47 ans, cultivateur à Igney, 16 fr.
d'amende avec sursis.
19 mars 1907
Avricourt
Le service des employés de la Compagnie internationale
des-wagons-lits va être changé, dit-on, à partir du 15 avril
prochain.
Jusqu'aujourd'hui, les agents allemands relayaient les agents
français à Avricourt, partageant ainsi le trajet en deux
tronçons fort inégaux : Paris-Avricourt et
Avricourt-Constantinople.
Le nouveau trajet serait : Paris Vienne et Vienne-
Constantinople, Vienne étant à peu près à mi-chemin de cette
longue course.
La plus grande partie des sept brigades d'agents à Avricourt
serait déplacée pour Vienne, ce qui causerait un certain
préjudice au commerce local à Avricourt et Réchicourt. Les
employés auraient 12 heures de service au lieu de 30, 40 et
quelquefois 70. On assure que le ministre des chemins de fer
allemands aurait imposé celle réduction humanitaire.
ETAT CIVIL DE NANCY
Publications de mariages
[...] Georges Alexandre Condebat. jardinier, rue Saint-Nicolas,
98, avant à Blâmont, et Augusta Eugénie Mangin, femme de
chambre, même adresse, épouse divorcée de Claude Gloix.
7 avril 1907
Tribunal de Lunéville
A l'audience de rentrée du tribunal de Lunéville, deux causes
sensationnelles seront appelées à la barre.
C'est d'abord l'affaire d'infanticide de Merviller.
L'affaire d'avortement de Domjevin viendra également à cette
audience
23 avril 1907
Veho
Des gendarmes de Blâmont en tournée à Veho, où de nombreux cas
de fièvre on été constatés, aperçurent onze canards qui se
trouvaient dans les près situés à proximité des maisons.
Les propriétaires de ces volailles ayant refusé de se faire
connaître, elles furent conduites à M. le maire pour être mises
en fourrière
1er mai 1907
Chazelles
M. Charles Flaus, cultivateur, était allé conduire des moutons
en pâture sur le territoire de la commune de Gondrexon.
Lorsqu'il réunit, les moulons au parc situé sur le bord du
chemin de Gondrexon, il constata que dans un but de malveillance
on avait répandu du nitrate dans le but de nuire aux animaux. La
gendarmerie a ouvert une enquête.
5 mai 1907
M. Jules CONRAD
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a l'honneur d'informer le public qu'il vient de reprendre
L'HOTEL DU COMMERCE
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9 mai 1907
Avricourt
Joseph Spata, âgé de 23 ans, né en Bohême, a été arrêté en état
de vagabondage à Avricourt. Il a demandé à contracter un
engagement dans la légion étrangère.
13 mai 1907
Domjevin
Justin Bernard, 30 ans, charretier, a déclaré à la gendarmerie
que lorsqu'il rentrait chez lui à bicyclette, dans la soirée, il
avait été assailli et roué de coups par les frères Charles et
Auguste Henri, demeurant le premier à Domjevin et le second à
Bénaménil.
Une enquête est ouverte.
Blémerey
La gendarmerie de Blâmont vient de dresser une demi-douzaine de
contraventions contre des cultivateurs qui avaient contrevenu à
l'arrêté préfectoral contre la fièvre aphteuse.
19 mai 1907
Val-et-Châtilion
Jean-Baptiste Petit, 66 ans, hospitalisé à l'asile de Blâmont, a
mis fin à ses jours en se pendant à un chêne de la forêt de
Val-et-Châtillon.
Le défunt avait, à l'occasion des fêtes de la Pentecôte,
sollicité un congé de huit jours qu'il devait passer chez son
gendre. C'est au cours de cette permission qu'il s'est suicidé.
23 mai 1907
Lagarde
Un certain, nombre d'instituteurs, en fonctions et en retraite,
viennent de rendre les derniers honneurs s leur collègue M.
Guty, décédé presque subitement. Le défunt, âgé de 74 ans, avait
occupé comme instituteur, les postes d'Einville. Marainviller,
Gerbéviller, Verdenal. et Lagarde, où il s'était retiré de
l'enseignement il y a dix-huit ans.
7 juin 1907
Baccarat
Extrait des délibérations du conseil municipal :
Le conseil [...] décide de concéder le service du gaz pour une
durée de 40 années a M. Antoine Berthelon, à Blâmont ;
Moncel-les-Luneville
Nous apprenons la mort de M. Augustin Thiaucourt, décédé à
Moncei-les-Lunéville, où il avait pris sa retraite d'ancien
instituteur en 1880. Né à Fréménil le 1er mars 1823, M.
Thiaucourt était par conséquent âgé de 84 ans. Après avoir suivi
les cours de l'Ecole normale de Nancy, en 1841, 1842 et 1843, il
avait débuté comme instituteur à Bathelémont-lès-Beauzemont,
d'où il passa successivement à Saint-Sauveur, Domjevin et
Moncel, où il jouissait- de l'estime et de la sympathie
générales.
Le défunt était père de M. Camille Thiaucourt, professeur à
l'Université de Nancy.
16 juin 1907
Nomination ecclésiastique
Par décision épiscopale, a été nommé : curé de Domjevin, M.
l'abbé Meyer, précédemment curé de Vého
20 juin 1907
Accident d'automobile
Le prince de Saxe-Weimar, accompagné du baron Albert Hoeven, se
rendait à Paris mercredi, en automobile.
Ils venaient, à deux heures du matin, de franchir la frontière,
lorsque la voiture heurta un remblai, près de Barbas-Blâmont.
Le prince et le baron furent projetés hors de la voiture et se
firent de sérieuses contusions.
Le chauffeur est grièvement blessé.
La voiture est en miettes.
21 juin 1907
L'affaire Marty au Conseil de guerre
C'est, comme il avait été annoncé, jeudi matin, qu'est venue
devant le conseil de guerre de la 20e région de corps d'armée,
l'affaire du sergent d'administration Marty, de la 3e
sous-intendance à Nancy, accusé de nombreux faux en matière
d'administration militaire et de faux en feuilles de route.
Un ancien caporal d'administration nommé Lazarus, habitant
Blâmont, est cité comme complice de Marty dans les faux de
feuilles de route.
La composition du conseil
Le conseil de guerre, dans cette importante affaire, est composé
du lieutenant-colonel de Bersaucourt. du 5e hussards, président
; du commandant Rabler, du 69e ; des capitaines Geiger et Noël,
du 8e d'artillerie ; du lieutenant Weiller, du 69e ; du
sous-lieutenant Cotinaud, du 69e ; de l'adjudant Rambourg, du 8e
d'artillerie, membres,
Le contrôleur général de l'armée, Chapel, et l'intendant
militaire Gardien, assistent aux débats comme délégués du
ministre de la guerre.
Le commandant Burguet, commissaire du gouvernement, occupe le
siège du ministère public.
Me Pierre Gutton défend Marty ; Me Grocolas, Lazarus.
Les accusés
L'accusé Marty est de petite taille, brun, de physionomie
quelconque. Il est misérablement vêtu d'une capote élimée.
Lazarus - qui se trouve au banc des prévenus libres - est au
contraire un jeune homme élégant, colleté haut et cravaté de
clair.
Au banc des témoins, les sous-intendants militaires
Retel,Gauthier et Mever-Samuel ; les officiers d'administration
de 1re classe Gallien, Prat, Alexandre; MM. Bahou, fondé de
pouvoirs ; Foucher, caissier principal ; Renauld,
caissier-adjoint ; Ramband, Barlhelet, Gasseur, tous employés à
la trésorerie générale ; le -caporal d'administration Naudin ;
M. Burtin, employé de chemin de fer.
(Ce dernier cité à la requêtee de Lazarus).
L'ordre de mise en jugement
La lecture de l'ordre de mise en Jugement est fort longue et
aussi monotone que possible.
Tous les faux de Marty sont minutieusement détaillés et la
phrase : « s'est fait payer indûment par le trésorier-payeur
général », revient comme une litanie.
Il n'y a pas moins de cinquante-sept chefs d'accusation relevés
contre Marty.
Lazarus est inculpé d'avoir sciemment aidé Marty dans ses actes
frauduleux. .
Il a écrit le libellé d'autorisation devant servir au sergent
Marty à se faire payer le montant de faux mandats établis, au
nom de sous-intendants militaires.
Le rapport
Le rapport énumère comment l'affaire fut découverte.
Le sous-intendant Meyer s'aperçut un soir, qu'un mandat signé
par lui avait été « doublé ».
On fit une enquête, et on découvrit la culpabilité de Marty.
Le rapport décrit longuement la marche de l'enquête, la
découverte des faux mandats, la vérification du service de la
comptabilité des feuilles de route sur laquelle « opérait »
Marty.
Le rapport énumère encore les perquisitions faites dans la
chambre de Marty, rue Eugène-Ferry dans son bureau, etc., etc.
On y trouva en réserve des imprimés d'états de solde et la
preuve que Marty s'essayait à imiter les signatures de ses chefs
On trouva aussi de nombreuses lettres de femmes et des cartes
postales portant des libellés amoureux, venant de jeunes
personnes « en maison ».
Somme toute. Marty a fabriqué de faux mandats d'indemnité de
route. Avec l'argent qu'il en obtint à la trésorerie générale il
faisait la « noce » la plus vulgaire. Marty a détourné ainsi
plus de huit mille francs.
Le sous-intendant Retel, de Toul, a fait sur cette affaire une
enquête spéciale et son rapport est un document de premier ordre
dans le procès.
Un contrôleur de l'armée s'est aussi occupé de cette affaire.
Est-il besoin de dire que le rapport de l'officier rapporteur
était hérissé de détails aussi techniques que rébarbatifs sur la
comptabilité militaire ?
Marty a pendant cette lecture, une attitude assez indifférente.
Le rapport est très dur pour l'officier d'administration chef de
bureau, qu'il taxe de grave négligence.
Le sous-intendant Meyer, chef du service estime qu'une lourde
responsabilité sinon judiciaire du moins morale incombe au chef
de bureau.
Le rapport raconte encore comment Marty s'empara du timbre sec
du sous-intendant pour en timbrer un imprimé de mandat de solde.
La lecture dure près de deux heures.
Il en résulte qu'il ne semble pas que l'ordre le plus parfait
régnait dans les bureaux de la sous-intendance et que Marty
était aussi peu surveillé que possible.
Le rapport sur l'affaire Marty permettrait d'ailleurs de se
livrer à bien des réflexions sur le service de l'intendance et
les officiers d'administration, le premier voulant laisser aux
seconds toutes les responsabilités. Mais ce serait dépasser les.
limites de ce simple et impartial compte rendu.
Le sergent Marty fait partie de la classe 1896 du recrutement de
Foix ; il fut incorporé le 25 novembre 1897 à la 20e section,
nommé caporal le 8 juin 1899, sergent le 13 mars 1900, libéré le
22 octobre de la même année. Le 28 août 1903, il contractait un
rengagement sans prime et le 15 février 1901, il entrait dans la
catégorie des rengagés avec prime.
Les chefs du sergent le considèrent comme un bon serviteur,
intelligent, ayant une bonne instruction. Il fut admis aux
examens oraux de l'école d'administration de Vincennes.
Pendant ses huit années de service, il n'encourut que six jours
de prison.
Lazarus fait partie de la classe 1902 ; il fut incorporé le 15
novembre 1903 au 37e d'infanterie. Le 1erjanvier, il passait à
la section d'employés et ouvriers d'administration militaire où
il passait caporal au mois de juin 1905. A sa libération, il
n'avait encouru aucune punition.
La lecture du rapport s'est terminée à dix heures. Après une
courte suspension, on procède à
L'interrogatoire de Marty
Le président. - « Au cours de l'information, vous avez varié à
diverses reprises dans vos déclarations, disant que vous
parleriez à l'audience. Le moment est venu, maintenant, de dire
toute la vérité, malgré les conséquences qui peuvent résulter
pour vous et. votre malheureux père. »
Marty s'exprime avec facilité ; il reconnaît avoir fabriqué de
faux mandats, dont il a fait le remboursement aussitôt.
L'accusé fournit ensuite de longs détails sur le fonctionnement
du bureau où il était employé ; il en résulte que pour masquer
ses manoeuvres frauduleuses, il accomplissait en grande partie
le travail.
D'après Marty, son complice Lazarus aurait obtenu de lui, qui
remplaçait l'officier d'administration parti en permission, des
signatures sur de faux mandats en disant que c'étaient des
autorisations de permissions.
Pour toute défense, Marty allègue qu'il ne prêtait pas attention
aux signatures.
Interrogé comment il a pu se procurer le timbre sec nécessaire à
l'ordonnancement des mandats, Marty répond qu'étant entré avant
une heure dans le bureau du sous-intendant, il vit les clefs sur
l'armoire de mobilisation, il y chercha le timbre sec qu'il
découvrit ; il l'apposa sur un mandat qui devait être envoyé à
un officier de réserve et sur deux autres mandats, se réservant
de s'en servir ultérieurement.
Continuant ses explications, l'accusé dit qu'il avait à sa
disposition les feuilles de route et qu'il s'était procuré les
imprimés des mandats dont il s'est servi dans un carnet qui se
trouvait aux archives.
L'accusé avoue que dans le courant d'octobre 1906, cherchant une
pièce dans le carton de l'officier d'administration, il aperçut
une feuille de vérification envoyée par l'intendant directeur et
qui indiquait, que des différences existaient entre les
liquidations et les ordonnancements de 1905.
Il affirme qu'il vit l'officier déchirer cette feuille dans les
premiers jours de novembre.
Martv n'aurait, dit-il, pas changé sa manière d'opérer lorsque
le caporal Lazarus quitta le service, et fut remplacé par le
caporal Naudin, qui, du reste, s'aperçut aussitôt de la fausseté
des mandats.
D - Vous avouez donc que Lazarus vous a aidé dans la fabrication
des faux mandats et que vous avez partagé avec lui l'argent que
vous avez touché ?
R. - Oui, mon colonel, Lazarus est mon complice. S'il n'avait
pas été coupable, je ne l'aurais pas accusé.
Pendant cette réponse, Marty pleure abondamment.
Le commandant Burguet. commissaire du gouvernement demande à
Marty de faire les révélations qu'il a annoncées a la fin de
l'instruction. L'accusé répond : « Qu'il n'a rien à dire. »
D. - Comment avez-vous songé à partager de l'argent avec
Lazarus, alors que vous opériez seul depuis longtemps ?
R. - C'est lui qui est venu me trouver lorsqu'il s'est aperçu
que je faisais des faux. Entre nous il n'y a jamais eu d'entente
préalable.
L'audience est suspendue à onze heures et demie et renvoyée a
deux heures.
C'est par une chaleur accablante qu'a eu lieu la séance de
l'après-midi.
Une température sénégalienne régnait dans l'étroite salle du
conseil de guerre.
Mais les membres du conseil, serrés étroitement et
militairement, dans leurs uniformes, n'en prêtaient pas moins
une scrupuleuse attention aux débats, qui ont continué à être
très ardus, roulant sur de difficiles questions de chiffres et
de comptabilité militaire.
Interrogatoire de Lazarus
On procède ensuite à l'interrogatoire de Lazarus, qui, incorporé
au 37e et, de santé délicate, fut versé à la troisième
sous-intendance.
D'après ses explications, qu'il a fourni d'une voix assez basse,
on apprend que dans son emploi, il fut chargé de la liquidation
des comptes de l'année 1903. Il releva une somme de 14 fr; reçue
en trop. Cette somme fut remboursée au Trésor. Il constata aussi
la disparition de plusieurs feuilles de vérification.
Plus tard, en faisant la liquidation de 1904, il constata des
différences. Il en fit part à l'officier d'administration chargé
de ce service.
Dans le courant de l'année 1006, il fit signer par le sergent
Marty une autorisation pour toucher à La Trésorerie un
faux-mandat au nom de M. le sous- intendant Gautier, alors qu'il
savait celui-ci absent de Nancy.
Lazarus prétend qu'il n'était pas en très bons termes avec le
sergent Marty.
Il savait qu'il faisait mal en touchant de faux-mandats, mais il
agissait, dit-il, par crainte de son coaccusé.
Il reconnaît cependant qu'il avait pu se procurer une pièce
irréfutable de la culpabilité du sergent,, mais que toujours par
crainte, il a détruit cette pièce, mais malgré les questions qui
lui sont posées, il ne peut fournir aucune explication plausible
de cette destruction, ni des raisons pour lesquelles il a
conservé le silence sur les agissements coupables de Marty.
De l'interrogatoire de Lazarus, il résulte que celui-ci nie
avoir fabriqué de faux mandats et fait signer des fausses
autorisations. Marty, interrogé à nouveau à ce -sujet, maintient
que son complice, un jour, à la sortie du bureau, lui a dit : «
Tu as fait des faux-mandats, mais j'en ai fabriqué deux. Si tu
veux nous les toucherons et nous partagerons. »
L'interrogatoire est terminé à trois heures, on entend
Les témoins
M. le sous-intendant Retel, à Toul, a été chargé de l'enquête
sur les faits relevés contre les deux accusés. Le président
ayant loué le rapport fait par le témoin, celui-ci, en de
longues explications, toutes techniques, montre de quelle façon
les accusés s'y sont pris pour se procurer, des feuilles de
mandats, provenant des livres à souche.
Le témoin, par ses recherches, a pu établir qu'un livre de
mandats avait disparu du dépôt de la sous-intendance de mai 1904
au 1er janvier 1905 ; il indique ensuite comment les mandats
sont touchés à la Trésorerie générale et les pièces comptables
qui doivent être établies pour vérifier l'exactitude des
dépenses mandatées.
En faisant la vérification de ces différentes pièces, le témoin
put constater que des mandats faux avaient été établis au nom de
divers officiers généraux.
II résulte du rapport et de la déposition de M. le
sous-intendant Retel, 1° que les deux mandats établis par les
suppléants de Pont-à-Mousson et de Saint-Nicolas ont été majorés
par Marty, 2° que des mandats faux ont été établis par Marty en
se servant d'un registre de feuilles de route, utilisé seulement
pendant les manoeuvres et non terminé et qu'on avait eu le grand
tort de ne point mettre sous clef à la rentrée.
Enfin, de ce fatras de déclarations, l'impression qui s'en
dégage est un manque d'ordre et de surveillance absolue.
M. le sous-intendant Meyer, à Nancy, explique qu'ayant vu une
irrégularité sur un registre, il fit appeler l'officier
d'administration et le sous-officier Marty, chargé du règlement
de fonds. Celui-ci répondit d'une façon embarrassée. Il lui
donna l'ordre de rentrer dans sa chambre et il fit part de ce
qui se passait a son chef, l'intendant Gardien.
Le lendemain, Marty avoua qu'ayant fabriqué un faux mandat, il
en avait fait la restitution. M. Meyer s'étant rendu à la
trésorerie, apprit alors que Marty avait touché de nombreux
mandats à son nom.
Continuant ses déclarations, le témoin dit qu'il s'est aperçu à
l'instruction qu'une feuille de vérification était arrivée à son
bureau et qu'elle n'était pas inscrite sur le registre des
entrées. Cette feuille, dit-il, portait sa signature, mais il ne
peut dire comment celle-ci fut apposée, car il ne peut en raison
de leur nombre, examiner toutes les pièces qu'il signe.
Le témoin déclare que plusieurs fois, il donna au sergent Marty
l'autorisation de toucher des mandats de petites sommes.
M. le sous-intendant apprend que Marty, à son arrivée à ses
bureaux, avait dû donner sa démission d'officier de réserve pour
rengager, comme il avait entendu certains bruits fâcheux à son
égard, il le fit surveiller, mais il n'apprit rien de grave sur
son compte.
Sur la demande du commissaire du gouvernement, le témoin dit
qu'ayant constaté que l'armoire se trouvant dans son cabinet
fermait mal, il fit apposer une serrure à ses frais.
Enfin, sur la demande du défenseur de Marty, il affirme qu'il
procédait à de nombreux examens de vérification.
Lazarus dit que Marty imitait la signature du sous-intendant
Meyer .Le sous-officier s'élève contre celle allégation.
Le caporal Naudin, de la 23e section, dépose que le 4 août 1903,
en vérifiant des mandats, il constata que l'un d'eux, au nom de
M. l'intendant Gautier, d'une somme de 400 fr. était un faux. Il
en fit part à Marty, qui lui répondit: « Détruisez cette pièce,
je vais faire le remboursement au trésor »,, Le témoin garda le
faux mandat qu'il remit à l'officier d'administration Gallien.
Le témoin ajoute qu'au cours de son travail, il reconnut des
erreurs ; il se rendit même à la trésorerie où il demanda des
explications à l'employé de la comptabilité. Ces faits furent
portés à la connaissance de l'officier qui désigna Marty « pour
arranger l'affaire ».
Le témoin Casseur, ancien soldat d'adminisIration, vient
rapporter qu'à un moment donné, une vive discussion eut lieu
entre Marrty et Lazarus.
Il dit aussi que Marty l'empêchait de mettre Lazarus au courant
du service des frais de route.
La séance est levée à 6 heures un quart.
Le public se pressait dans la salle où il régnait une chaleur
d'étuve.
Séance aujourd'hui vendredi, à huit, heures.
22 juin 1907
L'affaire Marty Conseil de Guerre (SUITE)
Séance du vendredi 21 juin
Peu de monde dans la salle. Le lieutenant-colonel de Bersaucourt
dirige les débats d'une façon excellente. Il possède le dossier
de l'affaire dans ses moindres détails.
On continue à entendre les témoins.
M. Fouchy, caissier principal la Trésorerie générale à Nancy,
vient déposer que pour le premier reversement, il croit que le
sergent Marty était accompagné de l'officier Gallien, mais il ne
peut l'affirmer.
M. Claude, 19 ans, employé à la Trésorerie, vient déposer que le
sergent Marty est entré dans son bureau et a fait payer deux
mandats pour des sous-officiers qui l'accompagnaient.
Marty affirme qu'il était seul.
M. Babou, fondé de pouvoirs à la Trésorerie, raconte comment M.
le sous-intendant Léon Meyer l'avertit des faits délictueux
qu'il avait découverts.
Le témoin entre dans d'intéressantes explications techniques sur
le service de la Trésorerie.
M. Rambaud, employé à la Trésorerie fait une déposition très
brève.
M. Renauld, caissier à la Trésorerie connaît très bien Marty ;
il dit que faux-mandats qu'il paya étaient parfaitement établis
avec les timbres et autorisations nécessaires
M.Barthelet est chef de service à Trésorerie. Sa déposition est
très importante. C'est lui qui a découvert les faux-mandats
après la visite de M. le sous-intendant Meyer au fondé de
pouvoirs.
M. Barthelet dit qu'il a autorisé un reversement par Marty à la
caisse sur une démarche de l'officier Gallien, tandis que Marty
affirme qu'il est venu seul à la Trésorerie trouver M.
Barthelet.
M. Babou est rappelé et affirme qu'un premier reversement a été
fait sur une demande de l'officier Gallien, alors qu'un deuxième
a été effectué sur une démarche de Marty, simplement.
M. Alexandre, officier d'administration de 1re classe, a procédé
à une enquête sur l'affaire Marty ; il dépose comment il a
établi le compte des détournements opérés par l'accusé.
M.. Gauthier, sous-intendant militaire de 1re classe, est
ensuite entendu.
Le témoin reconnaît qu'il a donné à diverses reprises
l'autorisation à Lazarus de toucher des mandats de petites
sommes mais il a reconnu que les autorisations qu'on lui a.
présentées au cours de l'information étaient fausses.
M. Prat, officier d'administration, en faisant la liquidation
des ordonnancements constata une erreur de 6,800 fr. sur les
dépenses du service de marche. Jl adressa une feuille de
vérification à la troisieme sous-intendance ; il ne reçut aucune
réponse.
Depuis, il apprit que cette feuille ne serait pas parvenue à
destination.
M. Gallien, officier d'administration était chef de bureau à la
troisième sous-intendance où étaient les deux accusés. Il dépose
que le 6 novembre il fut -prévenu par le sous-intendant Meyer
que Marty avait glissé un mandat en blanc sous un autre mandat,
dans le but évident que le timbre à sec y soit apposé. Il fut
chargé d'interroger Marty. Il savait que celui-ci avait déjà
commis des faux, puisqu'il en possédait un.
Le président fait remarquer au témoin qu'il aurait dû dès ce
moment prévenir ses chefs.
Le témoin, continuant, dit que Marty fit par écrit des aveux,
puis il dit que s'il n'a pas dénoncé Marty auparavant, c'est
afin d'éviter un scandale.
Le président. - « Votre devoir était de signaler le- faux, car
une circulaire vous y invite formellement. »
Arrivant au faux-mandat découvert par le caporal Naudin, le
témoin allègue qu'ayant demandé des explications à Marty,
celui-ci lui affirma que ce faux n'était pas passé en écritures
et qu'il en avait fait le remboursement à la Trésorerie.
En raison des supplications du sergent, il garda le silence,
même lorsque celui-ci lui avoua avoir fait un autre faux, mais
affirma n'avoir commis aucune autre irrégularité, Il croyait
pouvoir retrouver les erreurs en faisant la vérification des
écritures.
Le témoin s'est rendu, dit-il, à la Trésorerie, afin de
s'entendre avec M. Barthelet pour opérer le remboursement du
faux-mandat.
M. Barthelet, rappelé, affirme que cette discussion avec M.
Gallien n'a jamais eu lieu.
Interrogé sur les surcharges qui se trouvent sur une feuille de
vérification, le témoin dit qu'elles proviennent d'une erreur de
calcul.
A chaque explication- de l'officier, les accusés sont
interrogés. Leurs réponses le contredisent.
Lazarus dit que M. Gallien aurait déchiré une feuille de
vérification et que d'autres fois des feuilles semblables ont
été remplies par M. Gallien et signées par Marty, sans que M.
Meyer les eût vues.
L'officier proteste contre ces dires et Marty donne un démenti à
son complice.
L'audience est levée à midi et renvoyé à deux heures pour le
réquisitoire et les plaidoiries.
M. Henry Burtin employé aux écritures à la gare de Nancy nous
prie de dire que c'est M Georges Burtin, homme d'équipe à la
Compagnie, et non lui qui a été cité comme témoin à la requête
de Lazarus.
Le commandant Burguet, commissaire du gouvernement, a prononcé
un sévère réquisitoire. Avec talent, Mes Pierre Gutton et
Grocolas ont défendu Marty et Lazarus.
Le jugement
Les débats ont été clos à cinq heures vingt. Le conseil, après
une heure un quart de délibération, rapporte un jugement
déclarant coupables le sergent Marty et Lazarus, accordant aux
deux accusés les circonstances atténuantes.
En conséquence, Marty est condamné à cinq ans de réclusion et à
la dégradation militaire ; Lazarus à 6 mois de prison et 16 fr.
d'amende.
L'audience est levée à sept heures.
Lazarus, qui avait comparu librement, a été arrêté après
l'audience et conduit à la maison d'arrêt.
23 juin 1907
Cirey
Ces jours derniers, arrivaient à Cirey deux soeurs, revêtues
d'un costume plutôt baroque, et qui se mirent à quêter dans
toute la ville ; leurs allures bizarres éveillèrent l'attention
de la police locale qui en avisa le commissaire de surveillance
administrative de la gare d'Avricourt Le lendemain, un adjoint
de ce fonctionnaire venait et mettait en arrestation les deux
fausses soeurs.
4 juillet 1907
POUR ROMPRE UNE LIAISON
L'étudiant et les frères de son amie - Une rixe à coups de
revolver. - Un jeune homme gravement blessé
Depuis quelque temps, un étudiant on médecine, Georges Mangenot,
fils d'une honorable famille de Blâmont, connaissait une jeune,
fille, Mlle Wermuth, dont les parents habitent boulevard Lobau,
106.
Les frères de celle-ci avaient essayé à plusieurs reprises de
faire rompre ces relations et, il y a quelque temps, une
querelle assez grave avait eu lieu entre les fils Wermuth et
l'étudiant qui fut même blessé d'un coup de couteau.
Mais aucune plainte n'avait été portée et les .relations
continuèrent entre les deux jeunes gens.
Mercredi, vers huit heures un quart du soir. M. Mangenot se
promenait rue des Jardiniers en compagnie de sa maîtresse,
lorsque, en passant devant l'hospice Saint-Julien, il fit la
rencontre des frères Wermuth.
Une discussion s'engagea entre les deux jeunes gens. Des paroles
injurieuses et grossières pour la jeune fille furent adressées.
La discussion prit bientôt un caractère grave et un pugilat en
règle commença.
Tout à coup, l'on entendit une première détonation, suivie
bientôt d'une seconde, et l'on vit tomber en même temps M. René
Wermuth, âgé de 18 ans, charretier, et M. Mangenot.
Les témoins de la scène les relevèrent tous deux et les
transportèrent à l'hôpital où les internes constatèrent que M.
Wermuth avait été atteint d'une balle dans le bas-ventre, un
projectile avait dû perforer les intestins.
Un médecin fut mandé en toute hâte pour procéder à une opération
urgente.
Quant à M. Mangenot, il fut déshabillé et l'on s'aperçut que ses
vêtements étaient perforés dans le dos, à la hauteur des reins,
sur le côté gauche du corps.
La balle, après avoir traversé plusieurs épaisseurs d'étoffe,
s'était arrêtée sur la peau où elle avait occasionné une simple
contusion.
Ce projectile, de petit calibre, fut retrouvé dans les
vêtements.
M. Mangenot a déclaré . qu'il avait agi dans le cas de légitime
défense et seulement, après avoir reçu des coups de poing à la
figure. Il s'en allait lorsque tout à coup il entendit une
détonation. Il ressentit en même temps une commotion dans le
dos. C'est alors que, d'un mouvement machinal, il sortit son
revolver de sa poche et tira sur René Wermuth, qui se trouvait à
environ cinq mètres de lui.
M. Basson, commissaire de police, a été chargé de recueillir les
dépositions des témoins pour établir les responsabilités.
5 juillet 1907
Pour rompre une liaison (suite)
Dans notre précédent numéro nous avons annoncé que Mlle Wermuth
était la maitresse de M. Georges Mangenot. Nous sommes obligés
de reconnaître que cet étudiant avait comme telle Mlle S...,
dont les parents habitent la même maison que Mlle Wermuth. Or, à
maintes reprises, des scènes violentes avaient lieu entre la
demoiselle S... et ses voisins. Bien entendu, l'étudiant prenait
fait et cause pour sa maitresse et les frères Wermuth
défendaient leur soeur.
C'est à la suite d'une de ces querelles que le drame se déroula
mercredi soir, rue des Jardiniers.
L'état de M. René Wermuth, qui a dû subir l'opération de la
laporotomie, s'est considérablement aggravé. Il a été constaté
que le malheureux avait eu l'intestin perforé en vingt-deux
endroits.
Jeudi soir, on ne conservait que peu d'espoir de le sauver.
L'étudiant Mangenot est sur le point de finir ses études. Il a
passé avec succès son dernier examen de doctorat et devait
passer dans quelques jours sa thèse.
Mort de la victime
P.-S. - Ainsi que nous le faisons prévoir plus haut, le jeune
Wermuth est mort à l'hôpital, dans la soirée de jeudi, vers huit
heures et demie.
L'étudiant Mangenot comparaîtra donc devant les assises de
Meurthe-et-Moselle.
6 juillet 1907
Pour rompre une liaison (suite)
Vendredi, vers neuf heures du matin, l'étudiant Georges Mangenot
s'est présenté au bureau de police du canton Ouest, rue de la
Croix-de-Bourgogne, où il a déclaré qu'ayant appris la mort de
Wermuth, sur qui il avait tiré un coup de revolver, il venait se
mettre à la disposition de la justice.
L'étudiant ajouta que si, depuis la scène sanglante de la rue
des Jardiniers, on ne l'avait plus revu, c'est qu'il s'était
caché, afin de pouvoir passer jeudi un examen.
L'inculpé soutint aussi que la scène meurtrière fut provoquée
par Wermuth, qui, le premier, tira sur lut un coup de feu, qui
lui traversa les vêtements et le contusionna entre les deux
épaules.
Alors il n'aurait absolument fait que de répondre à La
fusillade.
Le commissaire demanda ensuite à Georges Mangenot s'il pouvait
établir sa déclaration sur quelques témoignages.
Le prévenu répondit qu'il ne connaissait aucun témoin,
d'ailleurs, qu'au moment de ce drame, il n'y avait absolument
personne d'autre que les acteurs sur le terrain de la scène.
Le procès-verbal du commissaire de police fut clos à quatre
heures et demie de l'après-midi et l'étudiant fut mis à la
disposition du parquet, qui l'a fait écrouer.
Vendredi après-midi, l'autopsie de la victime a été faite par le
docteur Parisot, médecin légiste. Son rapport conclut à la mort
survenue à la suite de la perforation des intestins.
La déclaration de décès de la victime a ensuite été faite à la
mairie.
22 juillet 1907
ETAT CIVIL DE NANCY
Du 20 juillet
Publications de mariages. - [...] Chartes-Auguste Colin,
poëlier, rue Didion, 3, de fait et de droit à Harbouey
(Meurthe-et-Moselle), et Marie-Mélanie Jacques, brodeuse, rue
Didion, 3.
27 juillet 1907
Ordonnance de non-lieu
La chambre des mises en accusation de la cour d'appel de Nancy,
sur mémoire présenté par Me Pierre Gutton, avocat, a rendu une
ordonnance de non lieu en faveur de M. Georges Mangenot,
étudiant en médecine, qui, dans la soirée du 3 juillet blessa
mortellement d'un coup de revolver M. René Wermuth, âgé de 18
ans, avec lequel il avait une discussion et qui lui avait tiré
lui-même un coup de feu.
La chambre des mises en accusations a décidé que M. Mangenot
avait agi dans le cas de légitime défense.
28 juillet 1907
Nominations ecclésiastiques
Par décision épiscopale, ont été nommés :
[...] Curé de Vého, M. l'abbé Colin, précédemment vicaire à
Frouard.
9 août 1907
Tribunal correctionnel de Lunéville
Audience du 7 août 1907 r
[...] Outrages. - Antoni Joseph, 56 ans, manoeuvre à
Fremonville, six jours.
11 août 1907
Dombasle
- La gendarmerie a arrêté le jeune Robert, 19 ans, originaire de
Réchicourt, qui s'est sauvé du pays annexé, sur la bicyclette
d'un camarade de Deutsch-Avricourt.
17 août 1907
LE TIR DES ECOLES PRIMAIRES
Le Tir national publie le classement des écoles primaires qui
ont pris part, en 1907,au
12e championnat.
973 établissements ont été classés, dont 94 pour
Meurthe-et-Moselle, 19 pour la Meuse, 42 pour les Vosges. Voici
le classement des écoles de nos départements lorrains : c
MEURTHE ET MOSELLE
[...] 182 Herbéviller.[...] 290 Avricourt [...] 318 Blâmont,
[...] 475 Mignéville, [...] 522 Emberménil, [...] 548
Frémonville, [...] 573 Leintrey, [...] 689 Igney, [...] 726
Ferménil, [...] 740 Barbas, [...] 776 Harbouey, 778 Gogney,
[...] 826 Nonhigny, [...] 829 Ancervillers, [...] 888
Remoncourt, S89 Ogéviller, 893 Donjevin. 895 Amenoncourt, [...]
899 Xousse [...] 908 Verdenal.
Tribunal correctionnel de Lunéville
Audience du 14 août 1907
Outrages. - [...] -Braun Jean, 38 ans, brasseur à Blamont. - 6
jours, 5 fr., loi Berenger
1er septembre 1907
Tanconville
On annonce la mort de M. Charles-Joseph Gonant, curé de
Tanconville, décédé le 26 août 1907.
Né à Frémonville le 20 janvier 1836 et ordonné prêtre le 12 août
1858,M. Gonant avait été très longtemps missionnaire en
Amérique.
Il était curé de Tanconville depuis le 6 mars 1886.
6 septembre 1907
Harbouey
Mardi dernier, vers cinq heures et demie du soir, un incendie
s'est déclaré à Harbouey, dans une maison- appartenant à M.
Ernest Saumur, cultivateur.
Malgré le prompts secours des pompiers et de toute la
population, accourus au premier signal, ils ont dû se résigner à
protéger les maisons voisines.
Aux pompiers de Harbouey, sont accourus ceux de Barbas, avec
leur maire, et ceux de Nonhigny, que l'on doit remercier pour
tout leur dévouement.
Les pertes sont couvertes par une compagnie d'assurance.
Le séjour des officiers français
EN ALSACE LORRAINE
Un de nos abonnés - dit un journal parisien - colonel en
retraite de l'armée française,nous écrit pour nous narrer ta
fâcheuse mésaventure dont il fut victime à Avricourt-Allemand,
au moment où il voulut pénétrer sur le territoire
d'Alsace-Lorraine.
Arrivé de Lunéville par chemin de fer, pour se rendre à
Wangenbourg dans les Vosges, en passant par Saverne, notre
correspondant fut appréhendé par un gendarme et un commissaire
de police, au moment où il quittait la salle des bagages, où il
avait rempli les formalités de douanes.
L'interrogatoire d'usage apprit aux agents allemands qu'ils se
trouvaient en présence d'un officier en retraite. Ils lui
objectèrent avec un peu de rudesse qu'il ne pouvait passer la
frontière sans être muni d'un permis de séjour. C'est, en effet
la. loi, mais, pour les militaires en non activité, elle avait
été appliquée, durant ces dernières années; avec plus ou moins
de sévérité.
Notre correspondant fut contraint de télégraphier au ministère
d'Alsace-Lorraine à Strasbourg-, pour demander une autorisation.
Mais on ne lui permit pas d'utiliser le bureau télégraphique de
la gare allemande.
II dut refaire à pied les deux kilomètres qui séparent
Avricourt-Allemand d'Igney-Avricourt pour remettre son
télégramme à la gare française.
Ceci se passait le 17 août à neuf heures du matin. A quatre
heures du soir, notre correspondant, malgré les assurances
favorables du commissaire, n'avait pas encore de réponse du
ministère. Aussi retourna-t-il à Lunéville, décidé à renoncer
définitivement à sa villégiature. L'autorisation lui parvint le
20 août, quatre jours après l'envoi de son télégramme.
Le cas de notre colonel n'est pas isolé et l'on oublie
généralement que les mesures les plus sévères sont encore prises
en Alsace-Lorraine contre les officiers français de tout ordre.
La suppression du régime des passeports n'a rien changé dans
l'attitude du gouvernement allemand vis-à-vis d'eux. On accorde
généralement toutes les demandes d'autorisation, mais l'officier
qui séjourne en pays annexés doit se soumettre à toutes les
formalités.
Voici, traduit exactement, le texte du règlement que l'on
adresse en langue allemande, à tous les officiers français qui
demandent un permis de séjour au ministère d'Alsace-Lorraine :
« Les officiers étrangers, à t savoir aussi bien tous ceux qui
appartiennent à l'armée active que ceux qui sont pensionnés (en
retraite) ou se trouvent momentanément on non activité, ainsi
que les fonctionnaires militaires et les médecins militaires qui
ont rang d'officiers, sont soumis, lorsqu'ils séjournent en
Alsace-Lorraine, aux déclarations suivantes :
« 1° Une déclaration de police qui doit se faire à la mairie de
toute localité où ils séjournent plus de vingt-quatre heures.
Cette déclaration peut se faire par écrit et. aussi par
l'entremise du logeur. Dans les villes de Strasbourg, Metz et
Mulhouse, la déclaration doit être effectuée a la direction de
police,
« 2° Une déclaration militaire. Cette déclaration est
obligatoire, lors même que le séjour n'atteindrait pas
vingt-quatre heures, à moins qu'il ne s'agisse d'un arrêt très
court, inévitable durant un passage en Alsace-Lorraine, à cause
de l'horaire des chemins de fer ou des correspondances par
voiture de poste.
« La déclaration militaire doit se faire dans les forteresses,
chez le gouverneur ou le commandant ; dans d'autres lieux de
garnison, chez l'officier le plus ancien et dans tous les autres
cas au bureau de recrutement.
« La déclaration doit être effectuée personnellement. Si celui
qui y est soumis ne séjourne pas dans un lien de garnison ou au
siège d'un bureau de recrutement, elle peut aussi être effectuée
par écrit.
« Si le permis de séjour a été accordé avec la mention que
celui-ci peut être utilisé en plusieurs fois, . la déclaration
doit être faite dans chaque cas particulier, à chaque voyage.
Dans le cas où le permis de séjour serait prolongé après coup,
la déclaration militaire doit être répétée. »
On voit qu'il s'agit d'une surveillance de tous les instants.
Notre correspondant oppose très justement te libéralisme du
gouvernement français à l'étroitesse dont fait preuve
l'administration allemande.
« En ma qualité de Lorrain, écrit-il, je crois bon d'ajouter
que, en présence de ces vexations allemandes, les populations de
l'Est sont péniblement surprises de la tolérance inexplicable
dont les officiers allemands en activité sont, l'objet de la
part des autorités françaises.
« Constamment à Nancy, on voit ces messieurs, venus des
garnisons voisines (Metz, Sarrebourg, Strasbourg, etc.),
attablés dans les cafés de la place Stanislas ou assistant aux
revues militaires de la division de fer et comptant sans doute
ce qu'il reste de soldats dans les rangs.
« Leurs intentions, certes, sont moins innocentes que celles des
anciens soldats, plus ou moins cassés par l'âge, qui désirent
simplement aller jouir de l'air pur des Vosges. »
Notre correspondant, aurait pu ajouter que ce traitement est
contraire à l'esprit même de l'article 11 du traité de
Francfort, qui assure la « réciprocité » entre les deux nations.
Mais des représailles de la part de la France seraient peu
conformes aux traditions même de notre pays - conclut l'estimé
confrère parisien, auquel nous empruntons cet article.
L'Est républicain prendra la liberté d'ajouter que, sans user
précisément de représailles, l'autorité française pourrait se
montrer moins indulgente aux Allemands commettant, sans gêne,
des frasques de ce côté-ci de la frontière.
7 septembre 1907
ETAT CIVIL DE NANCY
Du 6 septembre
Décès. - [...] Marguerite Toiller, -47 ans, sans profession,
épouse Troester, à Vaucourt.
11 septembre 1907
Jaurès à Avricourt
L'autre jour de septembre, un bon Lorrain, ni blocard ni
révolutionnaire, descendait de wagon à. Deutsch-Avricourt et
passait sous l'oeil soupçonneux d'un gendarme, au chef adorné
d'un étincelant casque à pique. Entrant au buffet, il se trouva
heurté par un gros homme aux épaules voûtées, empêtré de ses
bagages, paraissant très affairé, qui, fort poliment, lui
demanda pardon.
Notre voyageur ne fut pas peu surpris de reconnaître la figure
très barbue et un tantinet congestionnée, mais réellement
ouverte et très fine, les yeux clairs d'intelligence, voire même
de malice, de... Jean Jaurès.
Eh oui ! c'était lui, c'était le monstre lui-même, retour
d'Allemagne.
-Ah ! monsieur Jaurès, vous revenez seulement du congrès de
Stuttgart ?
Et lui, sans s'étonner autrement :
» - Moi-même, cher monsieur. J'ai fait, depuis, un voyage dans
l'Allemagne du Sud. J'avais tenu à visiter les musées et
notamment la Pinacothèque de Munich. Superbe, celle-ci ! »
Et, exhibant de son gousset une pièce de 20 .mark : « Dites-moi
donc où pourrais-je changer ceci ?
- Au buffet. Mais ne voulez-vous pas attendre jusqu'à Igney ? Du
moins, vos compatriotes profiteraient de la légère aubaine du
change.
- « Non ! ce sera plus tôt fait ainsi. »
Et le grand homme se dirigea incontinent vers le Warteraum III
Klasse, où une Gretchen d'un blond ardent combla son désir, non
sans lui retenir 3 pfennig par mark !
Ayant aperçu des oranges dans un compotier, il en prit une,
qu'il voulut croquer à belles dents :
« Pouah ! fit-il. Qu'elle est mauvaise ! »
Et il la jeta sans l'achever.
- « Certes ! fit son interlocuteur, elle ne vaut pas celles de
votre beau Midi. Mais excusez-moi de profiter de cette occasion
pour vous importuner, politiquement parlant, Maintenant que vous
avez bien vu l'Allemagne, qu'en pensez-vous ?
Etes-vous content de rentrer en France ?
Nous autres, la vue de l'uniforme de nos vainqueurs nous fait
toujours quelque chose, comme dit la chanson. Voyez donc ! la
frontière n'est pas encore supprimée. »
Jaurès, visiblement, ne voulait pas se laisser interviewer sur
ce sujet brûlant. Sa réponse fut évasive : il voyageait
incognito, n'avait nullement été inquiété.
Puis, rompant les chiens (sauf votre respect !), il se rappela
tout à coup avoir l'estomac dans les talons.
Revenant derechef à la blonde enfant de la vieille Germaine,
.sylphide de la buvette, il commanda : « Du pain, du gruyère et
un verre de bière ! »
- Dites un « seidel », fit son partenaire, qui en buvait un.
- Vous êtes de Nancy ? demanda Jaurès. Alors, c'est là que vous
m'avez vu ?...
- Et entendu... Vous êtes un maître orateur : vos adversaires
.même l'avouent. Néanmoins, votre éloquence n'y fera rien. Vous
ne convertirez pas les Lorrains, jamais ! »
Et lui, levant le doigt : « Ne dites pas : jamais ! Qui sait ce
que l'avenir vous réserve ? Croyez-moi : Nancy même peut devenir
socialiste ! »
L'affirmation était hardie, mais, comme l'express de Paris
entrait en gare, à grand fracas, Jaurès finit précipitamment son
« seidel », paya 16 sous, emballa pain et fromage entamés, puis
fut conduit jusqu'à un wagon-salon par son cicérone improvisé,
lequel portait obligeamment un de ses colis, - des livres, - ce
dont le tribun du peuple se montrait enchanté, remerciant très
méridionalement pour ce petit service.
Comme il n'est pas et ne sera jamais député socialiste, notre
Lorrain s'achemina démocratiquement vers un wagon de 3e classe,
- et ainsi finit l'entrevue. Elle n'eut pas l'éclat d'une
rencontre de deux souverains. Les historiens n'y trouveront sans
doute à noter aucun fait saillant, malgré la précision des
détails. Telle qu'elle est, je vous en fais part, à titre de
curiosité.
Un lecteur.
16 septembre 1907
Société de tir de Blâmont
Dimanche a eu lieu à Blâmont, la distribution des prix aux
lauréats de la Société de tir de Blâmont-Cirey.
Pour cette circonstance, la charmante localité de Blâmont avait
pris un air de fête et ses rues étaient pavoisées de drapeaux
tricolores.
Vers 2 heures de l'après-midi, une foule se pressait à la gare
où avait lieu la réception par les autorités civiles, du général
de Lastours, commandant la brigade de chasseurs de Lunéville,
délégué par le général Pau, commandant le 20e corps. Pendant les
présentations, les excellentes fanfares : La Blamontaise et
l'Industrielle ont exécuté plusieurs morceaux très alertement
enlevés.
Le cortège fut formé. On se rendit à l'ancien collège, où l'on
visita le matériel du nouveau sous-comité de Blâmont, de l'Union
des Femmes de France.
Après un charmant concert donné par l'Industrielle des usines
Mazerand, sur la place Carnot, la distribution des prix a eu
lieu dans la salle des Halles, qui était entièrement garnie et
où se remarquaient les claires toilettes.
Après l'exécution dc la Marseillaise, exécutée par la musique
municipale, le général de Lastours a pris place sur l'estrade,
ayant à ses côtés M. le maire de Blâmont, les membres du comité
de la Société de tir et de nombreux officiers en tenue.
Au cours de la cérémonie, plusieurs discours patriotiques furent
prononcés notamment par M. le général de Lastours, qui, en
d'excellents termes, montra l'importance que l'enseignement du
tir avait dans les armées modernes, et fit un très juste élo ge
des Sociétés de tir.
Un banquet fraternel réunissait à 6 heures les lauréats de la
journée et cette fête patriotique se termina le soir par une
retraite aux flambeaux des mieux réussies.
Nous donnerons demain la liste des récompenses
18 septembre 1907
Acte de probité
Le soldat Lahaxe, d'Art-sur-Meurthe, appartenant au 20e régiment
d'infanterie, 2e bataillon, conducteur de cuisines roulantes,
aux grandes manoeuvres, a trouvé sur la route, aux environs de
Blâmont, un portemonnaie contenant près de 40 francs, qu'il
s'est empressé de remettre à son légitime propriétaire,
réserviste au même régiment.
Cet acte de probité fait honneur au soldat Lahaxe.
20 septembre 1907
Les rigueurs de la douane allemande
Incident à Avricourt
Lorsque le train de neuf heures et demie du matin venant de
France entra en gare de Deutsch-Avricourt, un des douaniers
allemands de service monta, comme à l'ordinaire, sur la
locomotive française, pour s'assurer qu'elle n'importait pas de
contrebande.
Dans une boîte, journellement et régulièrement visitée par la
douane allemande, le douanier trouva deux petits paquets de
tabac, dont l'un était entamé.
Le mécanicien français déclara qu'il venait de les acheter à
Igney-Avricourt, parce qu'en retournant sur Nancy il n'en aurait
pas le temps.
Il assura au douanier que le tabac était destiné à son usage
personnel et pria le douanier de se rendre compte au départ du
train, qu'il remportait bel et bien le tabac en question.
Rien n'y fit.
Le mécanicien dut quitter sa machine, et dut verser à la douane
allemande la somme de 54 mark, soit pour un paquet de tabac et
demi, le tout pesant environ 120 grammes.
S'il n'avait pas payé l'amende, il eût été arrêté. Et encore
échappa-t-il à l'arrestation grâce à un expéditeur qui lui
avança gracieusement la somme d'argent nécessaire Tout cela dura
trois -quarts d'heure, et mit le train considérablement en
retard
Le correspondant de la « Bürgerzeitung », de Strasbourg, dit
-propos de l'incident, qu'il est très douteux que les autorités
douanières allemandes aient le droit de faire descendre de sa
locomotive un mécanicien français.
Elles ont eu tort en tout cas, de nuire aussi bénévolement aux
bonnes relations régnant à la frontière entre les employés
français et allemands.
Il est évident que si le mécanicien avait eu l'intention de
faire de la contrebande, il eût su en trouver les moyens sans se
faire pincer.
29 septembre 1907
ETAT CIVIL DE NANCY
Publications de mariages. - Louis-Marie-Hubert Divoux, capitaine
au 26e de ligne, domicilié de fait à Nancy, et de droit à
Ancerviller (Meurthe-et-Moselle), et Claire-Marie-Emélie Houot,
sans profession à Eloyes (Vosges).
3 octobre 1907
Etude de Me Auguste DIOT, notaire à Blâmont
Pour cause de décès
FONDS DE COMMERCE
de Fers, Fontes, Métaux et Houilles
Exploité à Blâmont, Grande-Rue, par feu M. Célestin Didier.
Cette maison, très anciennement connue, fournit, par ses
spécialités en magasin, presque tous les maréchaux-ferrants des
cantons de Blâmont et Cirey.
Bonnes conditions.
Facilités de paiement.
S'adresser pour tous renseignements pour traiter, soit à Mme
veuve Didier, soit à Me DIOT, notaire.
8 octobre 1907
Cirey
Des inconnus ont fracturé la porte d'une maisonnette, située
dans un pré, situé au lieudit « Etang Dieutmache », et ont
dérobé divers outils. M. le docteur Hanriot, de Blâmont,
propriétaire de cette maisonnette, a estimé à 40 fr. le
préjudice qui lui a été causé.
12 octobre 1907
ETAT CIVIL DE NANCY
Du 11 octobre
Publications de mariages. - [...] - Adrien-Louis Mayer,
comptable, rue de Santifontaine, 20,et Maria-Léontine Carrier,
sans profession à Domjevin (Meurthe-et-Moselle).
17 octobre 1907
Amenovcourt
M. Clément Charton, journalier, travaillant à la ferme de
Serolle, territoire de Leintrey, a déclaré à la gendarmerie
qu'en venant dans sa maison, à Amenoncourt, il avait constaté
qu'on y avait pénétré, et qu'une somme de 920 fr. lui avait été
dérobée.
L'enquête qui a été ouverte fait concevoir quelques doutes sur
la déclaration de Charton.
18 octobre 1907
Tribunal correctionnel de Lunéville
Audience du 16 octobre 1907
[...] Outrages. - Dedenon Jules, 44 ans, cultivateur à Xousse,
16 fr., loi Bérenger.
30 octobre 1907
Les raisins du midi à la frontière
Les arrivages à la frontière des raisins du Midi deviennent de
jour en jour plus rares, et l'on prévoit la clôture prochaine.
Les demandes ont afflué jusque dans les derniers temps, et il en
était résulté une légère hausse de prix, que les inondations du
Midi avaient encore accentuée. Que de wagons de ces fruits
méridionaux ont été expédiés en Alsace et dans l'Allemagne du
Sud ! De la Lorraine, plus rapprochée, on accourut avec les
voitures chargées de tonneaux.
Les raisins arrivaient à la gare française d'Avricourt
généralement en caisses, faites en lattes à claire-voie. On les
broyait dans des fûts avant de les passer à la douane, où fruits
et fûts étaient taxés à raison de 10 mark les 100 kilos.
C'est le tarif des raisins de vin, tandis que les raisins de
table payent un droit de 1i mark seulement les 100 kilos.
Aussi, certains commerçants badois, nés malins, avaient-ils
essayé de déclarer les raisins en caisse à 1 mark, en transit,
c'est-à-dire avec dédouanement à destination. Mais la douane à
la frontière refusa de souscrire à cette ingénieuse combinaison.
1er novembre 1907
Automobiliste tué par une voiture
Un terrible accident s'est produit pendant la nuit de lundi à
mardi sur la route nationale de Blâmont à Herbéviller.
M. Piard, négociant en vins à Châlons-sur-Marne, que ses
affaires appellent souvent dans la région, avait quitté
Lunéville vers onze heures du soir, en automobile. Près
d'Herbéviller, il se jeta sur une voiture attelée de deux
chevaux, conduite par M. Eugène Simonet, négociant à Ogéviller.
La fiche du véhicule pénétra dans la poitrine du malheureux
négociant, qui fut tué sur le coup.
Son chauffeur n'a eu aucune blessure. La première enquête semble
établir que l'automobile était munie de lanternes, la voiture de
M. Simonet, au contraire, n'en possédait pas.
3 novembre 1911
Le 27 octobre les filles Mangin et Akermann, d'Amenoncourt, ont
trouvé un porte-monnaie,
sur ia route contenant une certaine valeur. Pour rens. s'adr. au
maire d'Avricourt
4 novembre 1907
Repaix
Un jeune homme, disant se nommer Jean Mercier, et être déserteur
allemand qui avait travaillé quelques jours chez M. Foiselle,
cultivateur, a pris la fuite en emmenant unee bicyclette, marque
Peugeot, d'une valeur de 200 fr.
9 novembre 1907
Blâmont
Une auge en pierre, appartenant à M. Eugene Dubois, maçon, qui
depuis plusieurs années était déposée dans le fossé de la route,
contre le mur de son jardin a disparu.
10 novembre 1907
Nominations ecclésiastiques
Par décision épiscopale, ont été nommés :
[...] Curé d'Abaucourt, M. l'abbé Lhuilier, précédemment curé de
Blémerey.
15 novembre 1907
ETAT CIVIL DE NANCY
Du 14 novembre
Publications de mariages
[...] Maurice-Gaston Fischer, sergent-major au 69e régiment
d'infanterie, en garnison à Nancy, domicilié de droit à
Avricourt (Meurthe-et-Moselle), et Maria-Juliette Gourrier,
ouvrière en confections, rue de Metz, 51.
Tribunal correctionnel de Lunéville
Audience du 13 novembre 1907
[...] Escroquerie. - Ferry Gabrielle, 16 ans, domestique à
Xousse, 8 jours, défaut.
16 novembre 1907
Blâmont
Procès-verbal a été dressé contre Charles Hilbert, âgé de 44
ans, plâtrier, qui, par les cris qu'il poussait dans l'intérieur
de son logement, troublait la tranquillité de ses voisins.
24 novembre 1907
Accident à un passage à niveau
Vendredi, vers onze heures du matin, M. Ary, d'Amenoncourt,
conduisait un chargement de bottes de foin à la gare de
Deutsch-Avricourt.
C'était un chargement énorme, attelé de trois chevaux vigoureux.
Le passage à niveau était ouvert. L'attelage s'y engagea, mais
la voiture était encore en pleine voie lorsqu'une rame de wagons
de marchandises, en manoeuvres, fut refoulée jusqu'au milieu du
passage à niveau, broyant la voiture de M. Ary.
Ce dernier avait eu heureusement le temps de sauter à la bride
de ses chevaux et de les ramener vivement de côté, leur évitant
ainsi d'être attirés par la chute de la voiture et broyés eux
aussi.
Si l'accident était arrivé quelques minutes plus tard, l'express
de Nancy allait trouver à son passage la voie obstruée par les
débris du véhicule, dont les bottes de foin, les côtés, le
timon, les roues, etc., gisaient là pêle-mêle, et une
catastrophe se serait produite, à peu près sûrement.
6 décembre 1907
L'affaire Simonet
Simonet Eugène se rendait à Ogéviller, vers 10 heures du soir,
sa voiture non éclairée.
L'automobile de M. Pillard, montée par 4 personnes, arrivant en
sens inverse, n'aperçut que trop tard la voiture du sieur
Simonet, qui obstruait complètement la route ; le conducteur
avait laissé ses chevaux marcher à la dérive, car lui dormait à
l'intérieur de son véhicule.
La collision se produisit avec une extrême violence et le timon
de la voiture de M. Simonet, atteignit en pleine poitrine M.
Pillard, qui fut tué sur le coup.
L'automobile fut fortement endommagée. L'attitude de M. Simonet,
après l'accident, a été des plus déplorables. Il insulta les
autres personnes qui étaient dans l'auto, et quand les secours
arrivèrent, il s'écria : « C'est bon, il y en a déjà un des
crevé ». ...
M. Simonet a transité au point de vue partie civile, et a déjà
versé 20,000 fr. à la veuve de M. Pillard. Malgré cela, le
tribunal l'a condamné à 3 mois de prison avec sursis et 300 fr.
d'amende.
8 décembre 1907
Une bizarre aventure à Avricourt
Le gendarme allemand est sans pitié
Une abracadabrante aventure est arrivée à un jeune
Strasbourgeois revenant de France pour faire son service
militaire en Allemagne. On sait combien les jeunes gens qui sont
à l'âge critique du service militaire sentent peser sur eux le
regard soupçonneux du gendarme allemand lorsqu'ils
passent la frontière pour sortir des limites de l'empire et
comment vite ils peuvent être arrêtés comme insoumis. Ici c'est
le contraire qui arrive.
Une famille strasbourgeoise avait donc envoyé son fils, âgé de
19 ans, et en possession du certificat de volontaire d'un an,
achever ses études en France et en Belgique. Ce jeune homme
devait revenir de Paris en compagnie de sa soeur. Mais voilà
qu'à Avricourt, le gendarme de service lui demande d'exhiber ses
papiers. Des papiers, il n'en avait pas. Il les avait laissés à
Strasbourg. Il ne lui en a pas fallu pendant les deux années
qu'il a passées à l'étranger et voilà qu'on lui en réclame au
retour dans sa patrie. Le jeune homme eut beau affirmer dans le
plus pur allemand, avec l'accent strasbourgeois le plus
indéniable, qu'il revenait en Allemagne pour accomplir son
service militaire, le gendarme de la frontière est aussi dénué
de pitié que celui de Courteline. La soeur dut continuer seule
le voyage. Un télégramme adressé par qui de droit à Avricourt
fit délivrer le jeune homme.
Nominations ecclésiastiques
Par décision épiscopale ont été nommés :
Curé de barbas, M. l'abbé Colin, précédemment curé de
Gezoncourt. [...]
12 décembre 1907
Blâmont-Cirey
Le « Bulletin de la Société de tir de Blâmont-Cirey », qui vient
de paraître, annonce qu'une fanfare de la société vient d'être
créée ; elle fonctionnera sous la direction de M. Pionnier, de
Domèvre, adjudant trompette-major en retraite
13 décembre 1907
Avricourt
M. Antoine Korbandau, employé à la Compagnie de l'Est, était
occupé à allumer les lampes des wagons de voyageurs, lorsque, en
passant d'un wagon à un autre, il tomba sur le sol. Il regagna
aussitôt son domicile où M. le docteur Simon constata qu'il
avait trois côtes fracturées et a ordonné son transport à
l'hôpital de Lunéville.
20 décembre 1907
Tribunal correctionnel de Lunéville
[...] Outrages et chasse. - Arnoux Edouard, 47 ans, journalier à
Amenoncourt, 50 fr., 25 fr.
23 décembre 1907
Le chemin de fer Lunéville-Blâmont
Le ministre des finances a retourné à son collègue des travaux
publics le projet de loi relatif à la déclaration d'utilité
publique de la ligne d'intérêt local de Lunéville à Blâmont et à
Badonviller après l'avoir revêtu de sa signature.
Il ne reste plus actuellement qu'à attendre la décision de la
Chambre et du Sénat.
C'est donc dans des délais relativement proches qu'auront lieu
les travaux de construction de cette ligne.
25 décembre 1907
Herbéviller
Le feu a détruit une voiture de fourrage qui se trouvait
abandonnée sur la route de Badonviller à Lunéville, à
l'intersection du chemin de Vaxainville à Herbéviller. Cette
voiture appartenait à M. Auguste Coudray, marchand de fourrages
à Reherrey. On ignore les causes du sinistre.
30 décembre 1907
Commission départementale
[...] La commission a décidé le détachement des communes
d'Avricourt, Frémonville et Gogney de la première
circonscription médicale de Blâmont, pour les rattacher à la
seconde circonscription de cette ville, le détachement des
communes de Blémerey, Domjevin et Fréménil. de la seconde
circonscription de Blâmont première.
Blémerey
On nous écrit :
« C'est au milieu d'une nombreuse assistance qu'ont été
célébrées, à Blémerey, les obsèques de M. Joseph Steiner,
instituteur en retraite.
Le deuil était conduit par ses fils, M. l'abbé Steiner, curé de
Lay-Saint-Remy ; M. Emile Steiner, propriétaire à Blémerey ; par
ses beaux-frères, MM. Friot, instituteur en retraite à
Laneuvelotte : Friot Emile, adjoint au maire de Blémerey, et
Paulus Jean-Baptiste, conseiller municipal, et par M. Vouaux,
instituteur en retraite à Domjevin.
M. Steiner, né à Xermaménil, en 1841, entra à l'Ecole normale de
Nancy en 1858 et en sortit en 1861.
Nommé successivement professeur de français au petit séminaire
de Fénétrange ; instituteur adjoint à Moyen, puis à Blainville,
et enfin à l'école Saint-Pierre e Nancy, on comprend facilement
que sous la sage et habile, direction des maîtres expérimentés,
MM. Vauthier, Kim, Dégoût et Bertinet, le jeune Steiner acquit
les qualités dont il devait faire preuve; dans les écoles de
Blémerey et de Reillon, qu'il fut appelé à diriger.
Botaniste et horticulteur émérite, il occupait ses loisirs à
l'étude dès plantes et à l'ornementation de son jardin.
Obligé, par la maladie, de prendre sa retraite, ; il quitta
Reillon pour se retirer dans sa famille, à Blémerey, où il vient
de s'éteindre.
Sa vie a été utilement employée et il laisse à tous le souvenir
d'un homme de devoir. »
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