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L'Est Républicain
- 1945 -
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25 janvier 1945
MALZÉVILLE
Au secours de ceux qui ont tout perdu. - La Délégation
municipale, d'accord avec le M. Le Curé, a décidé de venir en
aide aux populations d'Amenoncourt et d'Autrepierre,
particulièrement éprouvées par la guerre. Nos malheureux
compatriotes sont sans abris, sans vêtements, sans couvertures,
sans mobilier, sans chauffage, sans éclairage, sans ustensiles
de ménage. Et l'hiver est là, particulièrement rigoureux cette
année. Comment pourrions-nous, nous qui avons gardé nos foyers,
ne pas songer à ceux qui dorment sur de la paille, à ceux qui
n'ont plus un toit pour abriter leur famille, à ceux qui sont
dépourvus des objets les plus élémentaires ?
Tous les dons en nature et en espèces seront les bienvenus, mais
le maire d'Amenoncourt nous informe, que les besoins les plus
urgents consistent en vaisselle, ustensiles, de ménage et de
cuisine, lampes à pétrole et à essence, petit mobilier, draps,
linge.
14 mars 1945
LE PRISONNIER
Il était près de la frontière hollandaise. Depuis 56 mois. Les
Américains l'ont libéré. D'étape en étape.
Ils l'ont transporté: c'était un allié...
Il est arrivé à Longwy II y a bien là, tous les deux jours, un
train réservé aux prisonniers libérés. Mais
seulement pour la direction de Paris.
Il n'y en a pas pour la Lorraine.
Alors, il est parti vers Nancy à pied.
Ses vêtements ne sont plus que des guenilles. Seul, son manteau
tient encore. Il porte des lunettes. Mais les verres en sont
fendillés et brisés.
La faim, la soif, la fatigue ? Il ne songe même pas. Il veut
revoir les siens, dont il n'a plus de nouvelles depuis 8 mois.
Son village - non loin de Blâmont - a été délivré au mois de
novembre.
Pendant deux mois, il a été sous le feu continuel de
l'artillerie. Les habitants en avaient été évacués de force. Il
n'y reste plus que quelques maisons. Plus de mobilier, de linge,
de provisions.
Du stalag, l'homme va arriver dans un hameau détruit.
Où sont sa femme et ses deux enfants ?
La guerre est une gouge. Et les hommes qui en sont cause sont
des monstres. 3 mai 1945
VIANDE FRAICHE
Ceci se passe dans une commune rurale.
Une tonne de viande fraîche est attribuée, un samedi soir, à un
centre d'abatage.
Le répartiteur ne prépare sa répartition que le lundi suivant et
fait transporter la viande chez les bouchers pour la
distribution de fin de semaine.
Constatant quelle est en mauvais état, les bouchers la refusent.
Le répartiteur adresse la viande au vétérinaire, qui la fait
enfouir.
Elle est perdue pour tout le monde.
Le répartiteur, voyant sa cause en danger, ne pouvait-il faire
cette répartition sur-le-champ, c'est-à-dire à la réception, le
samedi, pour que la distribution ait lieu le dimanche matin ?
Afin que rien ne se perdît ?
Le bon sens dit : Oui. L'esprit obtus dit : Non.
Pourquoi ? - Parce qu'il faut des tickets avant la répartition.
Quand les autorités compétentes et les administrations
responsables auront-elles le sens de la réalité ?
Il ne s'agit pas de la lettre, du règlement, mais de l'estomac
et de la santé des gens.
Vous désirez savoir où se sont passés ces faits ? Au centre
d'abatage de Blâmont. Informez-vous.
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