L'Architecture.
25 avril 1922.
Exposition de la Reconstitution en Meurthe-et-Moselle
Il s'est tenu à Nancy, du 5
au 20 mars 1922, une exposition de la Reconstitution en
Meurthe-et-Moselle, due au concours des corps constitués du
département et à la collaboration des sinistrés.
Une série de plans cadastraux et de plans d'alignement laissent
saisir les méthodes et les résultats du remembrement foncier.
Les services administratifs et techniques présentent des cartes,
des graphiques et des tableaux, où apparaît l'oeuvre de
reconstitution immobilière et rurale. Les industries, que la
guerre toucha et mutila, offrent, dans un cadre un peu étroit,
des témoignages de leur production renaissante. Quelques oeuvres
d'art fixent les images de la dévastation ou se disposent à
prendre place au-dessus d'un portail ou d'un autel.
Surtout une suite assez considérable de projets atteste
l'activité et le talent des architectes de Meurthe-et-Moselle.
Les restes ou les souvenirs de ce qui fut, semblent imposer aux
reconstructeurs une tradition : on ne voit point de rupture,
mais un dessein d'adapter à certaines exigences de la vie
présente les formes familières.
Les églises sont immuables : sveltes et dominatrices, elles
s'élèvent comme une prière à Leyr et à Montreux (M. Lauthe), à
Bures (M. Marchand), à Parroy (M. Vally), et à Chevricourt (M.
Criqui); parfois, non sans quelque excès de maniérisme lorrain,
comme il arrive à Petitmont ou à Norhigny. Et l'on est ému
davantage par la robustesse pesante de l'église d'Ancerviller
(M. Deville).
Plus libre, l'architecture civile ne manque pas de mettre de la
logique et de la lumière dans les monuments municipaux et dans
les habitations privées. Écoles et mairies prennent un air tout
à fait engageant : fleuries, les écoles de Blemerey et de Veho,
s'arrangent dans un paysage planté à souhait ; celle de
Migneville (MM. Ogé, Gilbert et Poutaraud), fait la coquette
sous un toit audacieux; les projets de M. Criqui pour la région
de la Seille paraissent d'une élégance un peu bien citadine;
mieux adaptés sans doute, malgré leurs proportions
considérables, le groupe scolaire de Maixe (M. Marchand), et
celui surtout de Badonviller, d'une conception attentive et
large (M. Deville); à Vitrimont enfin, la savante simplicité de
M. Charbonnier
VITRIMONT EN RUINES.
réalise le plan harmonieux de
la maison d'école et de la maison commune.
Les demeures privées veulent être reconnues de ceux qui y
doivent rentrer : à Rechicourt-la-Petite (M. Hornet), à
Arracourt (MM. Cordier et Simonin), les habitations et les
granges s'allongent, basses et trapues, au bord de la route.
Mais on trouve de la largeur et de la clarté dans les projets
d'exploitation agricole de MM. Moitrier, Michel et Cremont à
Mamey, ou bien,
VITRIMONT EN RECONSTRUCTION.
à Migneville, de MM. Ogé,
Gilbert et Poutaraud, qui construisent d'ailleurs à Baccarat des
maisons très stylisées.
C'est surtout dans le plan d'ensemble de la cité reconstituée
qu'il convenait d'apporter une méthode avertie et prévoyante.
Aussi s'arrête-t-on avec intérêt devant les projets de M.
Desenclos : les villages de Veho et de Reillon, ceinturés d'une
rue continue, disposent leurs maisons normalement à une place où
se coupent les deux avenues médianes. Et l'avant-projet de MM.
Boileau et Le Bourgeois pour la reconstruction, l'extension et
l'embellissement de Longwy-Haut, communique l'espoir que de tant
de ruines sortira bientôt plus de vie.
Henri FRÈRE.. |