Société
d'Émulation du Département des Vosges: Annales de la Société
d'Emulation du Département des Vosges. 1894
Seigneurs et comtes de Fontenoy
[...]
FERRY DE FONTENOY
Déjà, l'année précédente (1284), Ferry III avait acquis de
Simonin de Rosières une partie de la seigneurie de Fontenoy,
divisée alors entre plusieurs seigneurs copartageants. Ce
dernier avait échangé au duc tout ce qu'il possédait à Charmes
et à Fontenoy contre les terres de Rosières, Xoudailles,
etc....., et de la sorte le duc de Lorraine Ferry III devenait
possesseur de la plus grande partie de la seigneurie de
Fontenoy.
Ferry, fils de Odon, comte de Toul, reçut alors en fief toutes
ces acquisitions faites à Fontenoy ; et, en devenant le vassal
du duc de Lorraine, il commença à porter le titre de Ferry de
Fontenoy, auquel il pouvait d'ailleurs avoir droit comme
possédant en héritage de son père une partie de la seigneurie.
Ferry de Fontenoy changea bientôt de suzerain. Le duc Ferry III
voulant en effet récompenser Henry de Blâmont des services
nombreux et signalés qu'il en avait reçus, lui fit don de la
suzeraineté de tout ce qu'il possédait à Fontenoy. L'acte de
donation est daté du 12 février 1285.
Il semble au premier abord qu'il y ait contradiction dans les
dates : le duc de Lorraine paraît n'acquérir la partie de la
terre de Fontenoy qui vient de Gilles qu'au mois d'avril 1285,
et déjà on le voit d'autre part donner cette terre au mois de
février de la même année. Mais la contradiction n'est
qu'apparente ; il faut se rappeler en effet qu'en Lorraine
l'année ne commençait qu'à Pâques : or, en suivant le calendrier
actuel, ce mois de février 1285 correspondrait donc à notre mois
de février 1286, ce qui donne alors un intervalle de dix mois
entre l'acquisition et la donation.
Pour réunir entre ses mains toute la seigneurie, Henry de
Blâmont acheta encore à Ferry de Fontenoy toutes les terres que
celui-ci y possédait. On le constate sur une autre pièce où on
lit ces paroles de Henry de Blåmont : « Ait aquesté et teigne
par eschange de Ferry fils d'Odon conte de Toul, qui fu, tot
quanque li diz Ferriz pooit et devoit avoir à Fontenoy et es
appartenances. »
D'ailleurs Ferry conserva en fief tout ce qui à Fontenoy
appartenait à Henry de Blâmont, car en 1289 le duc de Lorraine
lui mande à lui et aux habitants de Fontenoy de faire hommage à
Henry : « Je Ferris de Lorreingne et marchis, à Ferry de
Fontenoy escuyer, à tous ceaulx qui tiennent des fiez de
Fontenoy -le -Chastel, et aux bourjois, et aux proudomes de
Fontenoy et de la chastellerie, salut et bone amour. Nous vous
mandons et voulons que vous antrés en homaige et en la feautei
nostre cheir cousin Henry signour de Blâmont ensi comme vous
estiez tenus à nous pour raison de Fontenoy et de la
chastellerie, car nous li avons donnei lou fie à lui et à ses
hoirs, à tenir à toujoursmai en fiei et en homaige de nous et de
nos hoirs, etc. »
Quelques mois plus tard (mai 1290) il promet d'assignerà Henry
de Blâmont 60 livres de terre outre 80 autres livres pour raison
du fief de Fontenoy.
Une partie des terres de la seigneurie appartenait encore à
Miles de Ronchamp, car au mois de mars 1295 on voit Ferry de
Fontenoy lui mander d'entrer en hommage du duc de Lorraine pour
son fief de Fontenoy.
Enfin, vers l'an 1266, nous trouvons dans l'Histoire de l'Eglise
de Saint-Dié, par Mgr Sommier, un Jean de Fontenoy, Grand Prévôt
de cette ville. « Jean de Fontenoy, selon Ruyr, fut d'abord
chanoine de Saint-Dié, enfin élu évêque de Toul. Etant allé à
Rome pour s'y faire consacrer, il y mourut, au rapport du même
historien. »
§ IV.MAISON DE BOURGOGNE
Au sujet de la translation de la seigneurie de Fontenoy dans la
maison de Neufchâtel, Dom Calmet s'exprime ainsi : « L'on ne
voit pas comment, ni précisément en quelle année la terre de
Fontenoy, sortie de la maison d'un prince puîné de Lorraine, est
entrée en celle de Neufchâtel dans laquelle cette seigneurie
était déjà en 1456. »
Il suppose que celle de Neufchâtel obtint cette terre en même
temps qu'elle s'établissait dans le duché de Lorraine, en
conséquence des grands biens qui lui obvinrent et qui étaient
situés dans ce pays. Thiébaut VIII de Neufchâtel, ajoute-t-il,
eut plusieurs terres et notamment celle de Châté, du chef d'Alix
de Joinville sa mère, fille de Henry seigneur de Joinville.
Nous nous permettrons de rectifier ici les suppositions de Dom
Calmet, et nous comblerons même complètement le vide qui sépare
les années 1300 et 1456, et sur lequel il manquait totalement de
documents historiques.
On a déjà vu au paragraphe précédent comment Henry de Blâmont
fut mis en possession de la seigneurie de Fontenoy ; or, c'est
par le mariage de Marguerite, sa fille, avec Jean de Bourgogne
que la seigneurie changea de maison ; mais avant de passer dans
celle de Neufchâtel elle passa, comme on le voit, dans celle de
Bourgogne.
On en a la preuve par une pièce du mois de mai 1296 (1) :c'est
la confirmation par Henry, sire de Blâmont, du don fait à Jean
de Bourgogne, son gendre, de l'acquêt fait par échange sur Ferry
de Fontenoy et de Charmes, à Fontenoy et à Xertigny.
JEAN Ier DE BOURGOGNE
Jean Ier de Bourgogne, qui avait pour frère Othon, était un des
dix enfants, que Hugues dit de Châlons avait eus d'Alix,
comtesse de Bourgogne. Marié à Marguerite, fille de Henri de
Blâmont, il en avait reçu toute la terre de Fontenoy.
Cette Marguerite de Blâmont, qui était dame de Fontenoy,
s'intitulait aussi dame de Montagu ; et il est probable que ce
fut elle qui eut à se plaindre de la population de Bains, car
vers cette époque (1330), ce bourg, dépendant alors du Chapitre
de Remiremont, fut réduit en cendres par ses gens.
On trouve en effet une pièce de 1333 dans laquelle le duc Raoul
promet de faire rendre satisfaction au Chapitre par la dame de
Montagu, dont les gens avaient incendié la ville de Bains (2).
Cette dame de Montagu devant habiter au moins de temps à autre
le château de Fontenoy, qui lui appartenait, certains esprits
malveillants veulent voir dans cette dévastation l'oeuvre des
habitants de Fontenoy, et prétendent d'autre part que les
marques de sympathie que se sont toujours montrées les deux
populations, ne suffisent pas à infirmer cette opinion. Quoi
qu'il en soit, les habitants de Bains après un tel désastre
reçurent probablement satisfaction complète.
Gollut parle comme il suit du mari de Marguerite de Blâmont : «
Jean de Bourgogne qui, tant qu'il hat vescu, hat faict querelle
pour ses partages, heut premièrement Montagu, Fontenoy, Choix,
Chastellet, Buffard, Chiessy, Lièle. Puis il empeschat le roi de
France pour s'accroistre ; et par le moyen d'iceluy et de Robert
duc de Bourgogne, en l'an 1292, Faverney lui fut doné. » Il
était mort en 1303.
(1) Documents sur l'Histoire des Vosges.
(2) Léon Louis. |