Le nommé Pujet,
commis-voyageur, âgé de 21 ans, étant à arranger ses effets dans
le coffre de sa voiture, chez le sieur Collin, hôtellier à
Blamont (Meurthe), a fait partir accidentellement un pistolet
d'arçon qu'il paraissait vouloir placer dans ledit coffre. Il
est mort peu d'instans après, la balle ayant traversé la
poitrine en pénétrant au dessus du sein gauche et sortant par le
dos, du côté droit.
Depuis le 5 de ce mois, des
compagnies appartenant au 4e corps, destiné à occuper l'Est de
la France après le départ des troupes allemandes, ont reçu
l'ordre de se préparer à les remplacer, vingt-quatre heures
après leur départ, dans les localités suivantes : [...]
Blamont, le 31 [juillet], une demi-compagnie du 69e
Cour d'assises de la
Basse-Alsace.
1re session trimestrielle de l'année 1874.
Présidence de M. le conseiller Lutzeler.
Vol à l'aide d'effraction.
Audience du 26 janvier 1874.
Vol à l'aide d'effraction. - L'accusé qui comparait pour
répondre de ce crime est le nommé Nicolas Zolt, âgé de 51 ans,
domestique, ayant demeuré en dernier lieu à Domèvre, près
Blamont. Dans la nuit du 20 octobre dernier il a pénétré à
l'aide d'effraction dans l'écurie du sieur Anselme Meyer, de
Plaine-de-Walsch (arrondissement de Sarrebourg) et y a volé un
cheval avec sa bride. L'accusé ne nie pas ce vol et ne repousse
que la circonstance aggravante d'effraction. Le jury rend un
verdict affirmatif quant au vol, négatif quant à l'effraction,
et la Cour condamne Zolt à trois ans de prison. -Ministère
public, M. le procureur impérial Böcking. - Défenseur, M. le
référendaire Lossen.
Herausgegeben im
Reichskanzler-Amt
Berlin, Freitag, den 20. april 1877.
Allgemeine Verwaltungs-Sachen.
Aus Grund des $. 362 des Strafgesetzbuchs sind:
[...] der Josef Joly, geboren und wohnhaft zu Frémonville,
Kanton Blamont, Departement Meurthe et Moselle, Frankreich, 40
Jahre alt, durch Beschluß des Kaiserlichen Bezirks-Präsidenten
zu Metz vom 6. April d J,
nach erfolgter gerichtlicher Bestrafung
wegen Landstreichens und Bettelns,
aus dem Reichsgebiet ausgewiesen worden.
Auswanderung nach der Kolonie
„Nouvelle France. » - Unter dem Titel ; „Neues Leben, Glück,
Reichthum, Sicherheit, „Nouvelle-France, freie Kolonie von Port-
„Breton (Oceanien) Unsern elsässischen Landleuten gewidmet,"
ladet ein gewisser Louis Kuntz, der sich als receveur buraliste
in Ancervillers bei Blamont (Meurthe et Moselle) bezeichnet,
besonders elsässische Landleute zur Auswanderrung nach der „freien
Kolonie Port-Breton" auf der Insel Nouvelle Bretagne in der Nähe
bei australischen Kontinente ein. Zur Warnung bei Publikums möge
die Nachricht dienen, daß gegen Kuntz von ben Gerichtsbehörden
wegen schwindelhafter Verleitung zur Auswanderung
strafrechtliche Untersuchung eingeleitet worden ist.
NÉCROLOGIE
MADAME NATHAN A LUNÉVILLE
Une bienfaitrice de l'humanité et spécialement de ses frères
Israélites, Mme Ruben Nathan, née Spire, de Blamont, est décédée
le 31 janvier, et a été inhumée le 2 février, à Lunéville. On
remarquait à ses obsèques MM. les grands-rabbins Simon Lévy, de
Lyon; Lieberman, de Nancy; Alfred Lévy, de Lyon ; le premier de
ces honorables pasteurs a consacré à la mémoire de la vénérable
défunte, une allocution funèbre que nous reproduisons -
contrairement à nos habitudes en pareil cas - parce qu'elle est
consacrée à l'œuvre capitale à laquelle s'était vouée feu Mme
Nathan, la création d'une « Maison de retraite pour la
vieillesse israélite » à laquelle elle consacra, outre une
certaine somme d'argent, la maison paternelle elle-même. Cette
maison a aujourd'hui vingt-deux lits occupés et peut en
consentir trente. Mme Nathan, décédée à soixante-treize ans,
était alliée de près aux familles Spire, Trenel, Boris, Hotfzeld,
Lemant. Marc Sée, etc., qui occupent un rang honorable en
Lorraine et à Paris,
Voici les paroles si émues et si précises à la fois de M. le
grand-rabbin de Bordeaux, le plus ancien collaborateur de Mme
Nathan :
C'est par une bien triste coïncidence qu'il m'est donné
d'assister aux obsèques de cette digne femme que nous
conduisons, le deuil dans l'âme, à sa dernière demeure. Parti de
Bordeaux pour aller à Herbéviller mêler ma douleur à celle de ma
famille, si éprouvée par la mort de mon regretté beau-père
enterré ici, il y a aujourd'hui juste quatre semaines, je
m'étais empressé, dès mon arrivée à Lunéville, d'aller voir Mme
Nathan que l'on me disait être extrêmement malade. Elle l'était,
en effet, et je l'ai trouvée calme dans sa souffrance, dont il
était facile de présager la suite funeste et rapide. Telle
j'avais connu autrefois notre sœur forte, vaillante et
courageuse, telle je l'ai retrouvée, il est vrai brisée,
anéantie par le mal qui la minait, mais d'une sérénité devant la
mort menaçante, comme il convenait à ses vertus et à sa piété
d'en posséder une.
Ses vertus, messieurs, c'est la renommée, c'est la voix publique
qui les énumère ici avant moi. Ce que l'on peut rencontrer de
douceur, de bonté, d'aménité et de charité dans une âme, notre
sœur le possédait. Il y a de cela vingt-six ans, en 1855, je
venais de débuter ici dans le rabbinat, et Mme Nathan était
tombée gravement malade. Dans une de mes visites pastorales,
elle me manifesta le désir de fonder une œuvre charitable pour
remercier Dieu de la guérison qu'il venait de lui envoyer.
Louable sentiment, exquise piété que l'on peut, aujourd'hui plus
que jamais, citer en exemple et comme une leçon à l'incrédulité
du siècle, attribuant au seul jeu des forces de la nature ce qui
est une protection du Très-Haut! Notre sœur ne voulait pas être
ingrate envers le Seigneur qui l'avait soutenue et lui avait
fait recouvrir la santé. Sa reconnaissance, elle l'inspira et la
fit partager à son mari, et ensemble, en s'appuyant alors de ma
faible influence, ils conçurent le projet de créer cet hospice
Israélite, cette maison de retraite pour la vieillesse qui est
surtout son œuvre à elle, et qui demeurera une des vraies
gloires, un des plus purs ornements de la communauté de
Lunéville.
La pieuse fondation se réalisa promptement; elle eut sa première
éclosion dans la petite maison qui avait été le berceau de la
famille Nathan, et, huit années après, en 1864, quand je fus
appelé de Lunéville à Bordeaux, l'œuvre avait grandi, prospéré
et était déjà installée dans ce vaste local qui lui sert
actuellement d'asile béni. Ce que notre sœur a déployé là de
dévouement affectueux et intelligent, moi qui l'ai vue à la
besogne de chaque jour avec le zèle de ses années alors vertes
et vigoureuses, je puis le mieux en témoigner. C'était une
sollicitude de chaque heure, de tout instant quelle dépensait,
avec son superflu, pour les vieillards, hommes et femmes, qui y
étaient recueillis. Elle allait même jusqu'à toucher de ses
mains délicates les plaies de leur corps et y versait le baume
biblique. Eux, ils formaient sa famille; elle, elle était leur
mère, leur ange tutélaire, en même temps que son beau-père, M.
Adolphe Trenel, un autre ami enlevé trop tôt, hélas! à notre
affection, son était constitué l'habile administrateur,
l'heureux protecteur.
O nobles amis! qui avez su. durant votre passage dais ce monde
répandre tant de bienfaits autour de vous, qui avez soulagé tant
de misères, réconforté tant de cœurs défaillants, séché tant de
larmes, vous êtes maintenant au ciel pour y recevoir les
récompenses que vous avez su si bien mériter par votre constante
abnégation, votre parfait désintéressement, votre dévouement le
plus absolu à la chose publique ! Je me sens profondément
attristé, mais aussi soulagé et consolé d'avoir pu payer un
tribut d'hommages à votre mémoire qui me sera toujours sacrée et
précieuse. Et vous, noble sœur, puisse votre souvenir continuer
à être pour nous et pour cette chère communauté une ample
bénédiction ?
Service de Consultation
Demande. - A. B. C, à Blâmont. - J'ai des ouvriers qui me disent
qu'ils déchireront leur carte annuelle lors de la mise en
application de la loi sur les retraites. Que devrai-je faire?
Réponse. - Si des ouvriers déchirent leur carte annuelle ou
refusent de la présenter, les employeurs seront mis dans
l'impossibilité d'apposer les timbres mixtes représentant leur
contribution et la
cotisation ouvrière. « Ils devront néanmoins prélever sur le
salaire de l'ouvrier le montant de la cotisation ; tous les mois
ils devront porter, faire porter ou envoyer par la poste au
greffier du juge de paix, les sommes représentant leur
contribution et la cotisation ouvrière, en indiquant le nom de
l'ouvrier sur le salaire duquel lesdites sommes auront été
prélevées. » Celui-ci pourra plus tard réclamer le bénéfice de
la loi, et les versements effectués à son nom seront inscrits
sur son livret.
On vient de poser la première
pierre de l'église de Harbouey, près de Blâmont. Cette église,
brûlée en 1914, sera reconstruite sur les plans de M. Joseph
Lhôte et l'entreprise est confiée aux soins de la maison Pagny,
Colin et Bouf, qui a promis d'aller très vite.
LES LORRAINS AU MAROC
Courageux exploits du sergent Séliquer
On nous communique la lettre suivante adressée à sa famille par
le sergent Pierre Séliquer, de Blâmont, actuellement au Maroc,
sur le front d'Ouezzan.
Elle montre d'une manière saisissante le courage, l'esprit de
sacrifice de nos compatriotes.
Ces vertus élevées ne sont sans doute pas le privilège exclusif
des Lorrains, mais elles constituent les traits dominants de
notre caractère régional.
Voici la lettre du sergent Séliquer :
Mzoufroum, 23 août 1925.
Chers parents
Je suis quelque part dans le bled, assis au bord d'un tertre, et
vais encore une fois essayer de reconstituer ce qui s'est passé
depuis deux jours. Ce ne sont pas les événements qui ont manqué,
je vous l'assure. Mais si mes souvenirs ne sont pas tout à fait
clairs, en tous cas je n'exagère rien.
Départ hier à 4 heures du matin. Dans le jour gris on se forme ;
la colonne se prépare à s'acheminer vers le Riff, tandis que les
officiers exposent la situation à leurs chefs de groupe. C'est
la 9e compagnie qui va couvrir le bataillon. Préparez-vous au
combat. On marche pendant deux heures, puis laissant Ouezzan au
sud, nous arrivons au revers d'un mamelon où l'on s'arrête.
Je suis appelé : le groupe Séliquer en avant-garde : direction,
le village que vous apercevez au flanc de la montagne, à 500
mètres.
Je fais approvisionner, je place mes hommes en tirailleurs et je
pars. Devant moi, un pays impassible : des jardins entourés de
fossés et de haies, des vergers encerclés par des barrières de
cactus, où il faut se frayer un passage à coups de crosse.
Pas un bruit, le pays est désert, tout au moins en apparence. Au
bout d'une heure, j'arrive sur un plateau qui n'est guère garni
que de quelques buissons, mais coupé d'oueds encaissés et
profond. Brusquement, une grêle d'obus passe au-dessus de nous,
qui éclatent en plein sur le village.'C'est notre préparation
d'artillerie qui commence.
On me fait arrêter au moment où une batterie de 155 ne tire plus
qu'à 400 mètres devant moi. A ce moment, toute l'artillerie de
le colonne crache et elle n'est pas mince...
J'avais oublié de vous dire que nous faisions partie du groupe
mobile Freydenberg, qui comprend six bataillons de tirailleurs
algériens et marocains, de la cavalerie et des partisans à
cheval, une nombreuse artillerie, de l'aviation et des tanks.
Tout cela sur un village. Les obus tombent sans relâche de 6 h.
45 a 7 h. 30, puis la fusillade s'y ajoute à droite et à gauche.
Les Marocains ont accueilli nos ailes par des coups de fusil,
quelques balles sifflent dans ma direction.
J'avance encore un peu, puis nous prenons position dans le lit
desséché d'un oued, d'où je peux contempler le spectacle : le
village est déjà aux trois-quarts détruit. De tous côtés les
obus frappent les ravins ou forment des ballonets blancs
au-dessus des crêtes. A le jumelle, je vois les Riffains fuir
vers notre droite où la fusillade s'anime.
Le 2e bataillon est attaqué, mais un barrage soudain et violent
de l'artillerie arrête net l'action.
10 h 15 : c'est fini, paraît-il, car l'aile .gauche a exploré le
village, l'artillerie allongeant son tir et nos partisans ont
planté le drapeau au sommet.
Nous nous préparons à partir, mais subitement la première
section passe à côté de moi en tirailleurs, se dirigeant vers le
village ; un tank est en panne, il est assiégé par une bande de
Marocains ; il faut aller le dégager.
La première est conduite par le lieutenant Canus, sous la
direction duquel j'ai fait l'instruction cet hiver. Brave type
comme jamais il n'y en eut, coeur d'or et tête pétrie
d'illusions, ce qu'on appelle le feu sacré. Je le revois tel que
je l'ai vu à ce moment ; je ne me doutais pas que c'était pour
la dernière fois.
A peine arrivé aux abords du village, le petit détachement est
accueilli par une fusillade roulante. Le feu s'anime sans cesse
des mitrailleuses arrivant de notre côté. J'écoute en me disant
: « les Riffains sont en train de se faire descendre ! »
Tout à coup, des hommes de la première reviennent de tous côtés.
Mais qu'est-ce que je vois : des des hommes couverts de sang,
soutenus par leurs camarades; d'autres, sans armes, les yeux
hagards, et tout cela fuit sans répondre. Un blessé passe une
large blessure au cou. Il est tout ensanglanté...
Qu'y a-t-il ? Les Riffains, les Riffains, ils arrivent... Le
lieutenant est tué, le sergent Tchad tué... les autres, tous
blessés. Il ne peut plus articuler et court toujours: En avant
c'est ma section qui part. On nous a crié : « Allez protéger la
retraite. » A ce moment, je vous l'assure, j'ai fait le
sacrifice de ma vie car je nous croyais perdus. Nous avançons au
milieu d'un fouillis inextricable de bambous et de buissons puis
des vergers. Quelques balles sifflent déjà, mais l'ennemi
n'avance plus. Brusquement des balles claquent tout près mais
sans arrêter notre élan, nous tirons au hasard et nous
entrevoyons des burnous blancs qui fuient. Le tank empanné est
maintenant devant nous mais en terrain nu où les balles frappent
le blindage avec un bruit métallique. Mon lieutenant indigène
s'est engagé prudemment dans un petit verger et m'a laissé la
plus mauvaise place : « Au tank Seliquer ». A ce moment, je ne
vois plus clair. En avant et je pique un pas de course terrible,
sans m'occuper si on me suit. .Je me plaque au sol à côté du
tank. Quatre homme sont autour de moi. En avant, une grotte d'où
partent des coups de feu, partout du sang et des débris, à
gauche le lieutenant Canus étendu de tout son long sur le talus.
Il y a maintenant deux tanks, dont l'un tonne à coups de 37 dans
la grotte, probablement sans grand effet car elle est profonde
et tortueuse, et dont l'autre tire sans cesse à la mitrailleuse.
On ne s'entend plus ; je tire au hasard dans la grotte, mes
hommes tirent autour de moi, le 37 tonne, la mitrailleuse
crépite, les balles claquent : tout cela à bout portant, car
l'entrée est à 10 ou 15 mètres. Puis accalmie. Les Riffains sont
rentrés dans la grotte et ne tirent plus : la fumée s'élève et.
je vois mon brave lieutenant Canus étendu la face contre terre
dans une marre de sang.
A côté de moi, sous le tank, le dépanneur vient d'avoir la tête
traversée, son casque troué a roulé à côté de moi : mais il
n'est pas mort, la balle ayant sans doute glissé le long du
crâne. Un autre, le sergent, se glisse à côté de lui et
travaille. La réparation va être terminée ; on parle de
retraite, mais personne ne parle d'emmener le corps du
lieutenant. Un officier s'avance derrière et je lui demande si
nous allons l'abandonner là. Il est lui-même indécis ; je
demande un volontaire, mais mes quatre hommes sont hésitants.
Brusquement je me décide, je jette tout ce que je porte, je
commande le feu sur la grotte et je me précipite. Trois
mortelles secondes, j'ai empoigné en rampant les chevilles du
lieutenant et je tire de toutes mes forces, enfin plaqué au sol
j'ai maintenant un petit ressaut de terrain devant moi. Clac,
une balle effleure le dos ; une seconde trop tard.
Je suis sauvé.
Un homme vient m'aider à emporter le grand corps (1 m. 85)
jusqu'à un verger où je l'abandonne. Je ne fais pas du roman, il
avait un dernier sourire et semblait heureux, les yeux à
demi-fermés. Il avait une balle en pleine tempe droite et son
sang avait rougi mes effets. Je vous assure que j'ai pleuré
comme un gosse.
C'était meilleur de tous les officiers que j'aie jamais connus.
Je retourne à ma place, l'officier qui était derrière moi vient
me demander mon nom. Quelques balles arrivent encore et je me
remets à tirer. Tout à coup, derrière le talus d'où j'ai tiré le
cadavre, une tête monte lentement, une grosse tête ronde que je
verrai longtemps, un canon de mousqueton se lève, mais je ne
l'attends pas, j'épaule et je vois vaguement ma ligne de mire
aboutir au crâne brun, jamais je n'ai tiré si vite. La tête
disparaît brusquement pour ne plus reparaître, mais à droite
presque dernière nous, dans les cactus, des burnous blancs se
faufilent. La mitrailleuse est enrayée, je tire mais ils sont
protégés par un petit tertre. Aussitôt les balles claquent sur
le tank à l'abri duquel je me faufile. Un cri, le sergent
mécanicien vient d'avoir la main traversée à côté de moi. Le
char-canon ne peut se retourner ; il est en panne. Que faire ?
Plaqué au sol pêle-mêle avec mes hommes, je leur désigne une
ligne de cactus derrière nous et vivement un bond : clac ! clac
! autour de nous, mais le mouvement a été si rapide que personne
n'a été touché... La section qui était à ma gauche se replie
aussi, mais trop vite, maintenant il faut prendre les hommes par
le bras pour les ramener à faire face en arrière car le tank
dépanné ne se déplace pas vite. Au bout de cinq minutes, nous
avons trop reculé et un petit lieutenant qui sort de Saint-Cyr
comme Canus nous fait revenir sur nos pas. Je suis parti comme
un bolide ; mais mes quatre braves m'ont suivi.
A notre approche, les burnous fuient. C'est incroyable ! Mais
dans ce fourré inextricable, on se manque à dix pas et nous
sommes toujours cinq. C'est presque le reste de ma section, car
les autres ont fui dans la broussaille. D'ailleurs je finis par
me perdre aussi dans ce fouillis. Je ne sais si j'ai été trop
vite ou pas assez. Enfin je me guide sur le bruit des moteurs et
je rentre au P. C. du capitaine en même temps que les chars. Il
est 4 heures 30, et je suis au feu depuis 6 heures, sous un ciel
de feu et sans une goutte d'eau ; moi et mes quatre hommes nous
buvons un litre d'eau sans nous arrêter. Puis il faut
s'expliquer avec le capitaine qui est méfiant. Le lieutenant qui
commande ma section n'est pas rentré avec une dizaine d'hommes
et pour arrêter les soupçons je repars à sa recherche. Je n'ai
pas fait 500 mètres que je suis en « no man's land » et
naturellement je me fais « sonner ». Il faut filer à toute
vitesse car les balles sifflent de près. Enfin je retombe sur le
lieutenant qui suit le dernier- char, un tank arrivé en renfort
et nous rentrons dans l'oued tranchée d'où nous sommes partis le
matin. Il est 5 heures sonné et pas moyen de décrocher. Les
Riffains nous suivent et ne veulent pas noms lâcher d'une
semelle. Enfin voici le barrage d'artillerie, tanks et 75, et
nous partons ; on nous dirige sur un poste situé à 5 ou 6
kilomètres où nous campons à l'abri d'une ligne de tranchées.
Ouf ! j'en suis sorti, mais la compagnie ramène deux cadavres et
pas mal de blessés dont un de mes copains de 1re, qui a le doigt
emporté. Plusieurs blessés sont morts depuis, tout cela a été
dirigé sur Ouezzan d'où ils partent par voie de 60 sur Oran.
C'était pas mal pour le premier jour. Qu'en dites-vous ?...
Depuis deux pages déjà j'aurais dû dater 4 août car je n'ai pu
terminer hier. J'ai donc encore deux journées à vous raconter.
Heureusement elles sont moins terribles et j'espère que nous ne
reverrons plus pareille chose. Le 3 août, journée calme, sauf
quelques coups de fusil et de canon au loin.
Nous passons dans tous les villages des environs qui se
soumettent et restent calmes. Campement le soir auprès d'un
poste d'où je commence à écrire ces lignes. Nuit du 3 au 4 assez
agitée, quatre alertes sans cause probablement car les fusées
éclairantes ne nous ont rien révélé. Nous partons à 4 heures
pour renouveler ailleurs l'opération du 2 mais cette fois la
compagnie est bien entourée. J'en suis revenu il y a une heure
et je vous écris du même poste qu'hier. L'artillerie a tiré sur
deux villages où je voyais éclater les obus. Les habitants n'ont
envoyé d'abord que quelques coups de fusil à notre première
ligne, mais, en partant, comme toujours : accrochage. Nous
sommes forcés de nous arrêter et cette fois, ma compagnie est en
arrière-garde, mais ma section est deuxième échelon derrière une
petite crête et je me contente d'écouter la fusillade et les
balles riffaines qui rasent la crête. Enfin l'artillerie les
arrête après un petit combat avec les spahis qui ramènent un
blessé. C'est, je crois, tout ce que la journée nous a coûté.
Cela a d'ailleurs été court, puisque nous rentrons vers 10
heures. La suite à cet après-midi, car il faut que j'empoigne ma
gamelle : j'ai une faim de loup. Le vaguemestre part : A
bientôt.
P. SELIQUER.
La Maison maternelle de
Blamont
M. Olivier Guyon écrit dans le Journal :
Les œuvres de protection de l'enfance ont été toujours en
honneur à Nancy. Les Lorrains joignent à leurs qualités de
dévouement et d'initiative des vertus pratiques, qui trouvent un
champ d'action idéal dans la lutte contre la mortalité
infantile.
Parmi les nombreuses institutions qui assurent au département de
Meurthe-et-Moselle une des prelnières places dans le palmarès
des mérites sociaux, la Maison maternelle de Blamont due à la
générosité d'un grand philanthrope, M. de Turckheirn, mérite une
mention spéciale pour son organisation impeccable, le modernisme
avisé des méthodes qui y sont en honneur, le zèle de son
personnel et les merveilleux résultats que tous ces facteurs
réunis assurent.
La Maison maternelle de Blamont a été fondée en 1925. Son but
est double : d'abord recueillir les enfants des filles-mères,
les arracher aux dangers d'un élevage difficile, et les placer à
leur sortie de l'établissement ; ensuite exercer sur les jeunes
mamans souvent victimes de séducteurs sans scrupules une action
moralisatrice et éducatrice.
Dans ces deux domaines l'œuvre a tenu les promesses de ses
initiateurs. Les statistiques font ressortir un taux de
mortalité très faible : 1.52 pour cent. Depuis la fondation, sur
328 enfants recueillis, on n'a enregistré que cinq décès et dans
ce nombre figurent trois victimes de parents tuberculeux.
Résultat remarquable qu'une sommité médicale citait en exemple à
tous les puériculteurs au dernier congrès international de
l'enfance.
Il faut dire qu'à Blamont on applique avec une rigueur
implacable les principes de régularité, d'aération et de
propreté, qui sont les tables de la loi des hygiénistes
modernes. Les bébés font leur cure d'air au solarium tous les
jours de l'année, sauf si le thermomètre descend, en plein midi
à moins de cinq degrés au-dessous de zéro.
L'alimentation des nourrissons est aussi l'objet de soins
constants. On tâche d'obtenir que les mères viennent allaiter
leurs bébés et quand il s'agit d'une bonne nourrice, on lui
demande de faire bénéficier un autre enfant de cet aliment
irremplaçable qu'est le lait de la femme.
Cette participation au sauvetage d'une existence étrangère est
un premier moyen très efficace pour élever les pauvres épaves
que sont les filles-mères à la compréhension des idées de
dévouement et de devoir. Aussi bien, profite-t-on de toutes les
occasions pour les attirer à la Maison maternelle ; beaucoup
prennent goût à ces visites et acceptent volontiers de parfaire
leurs connaissances en couture, blanchissage, repassage,
cuisine. Jusqu'ici cent treize mères ont été ainsi arrachées aux
tentations de la rue et mises en possession d'un métier qui leur
a permis de remonter la pente.
Mais le problème le plus difficile à résoudre, c'est celui du
placement des enfants.
Il faut que la jeune maman, presque toujours réduite à ses
seules ressources, gagne pour deux. Souvent on arrive à
attendrir les grand'mères, mais il n'y a pas toujours de
grand'mères. La solution la meilleure est évidemment de placer
mère et enfant dans la même famille d'employeurs. Hélas ! on n'a
que très rarement de telles occasions ! Alors, il faut bien se
rabattre sur le système employé par l'Assistance publique : le
placement de l'enfant seul dans une ferme. Du moins,
s'entoure-t-on, dans ce cas, de toutes les précautions
possibles.
Outre ses bienfaits directs la Maison maternelle de Blamont
exerce une action nationale excellente. Elle réunit, en effet,
dans les cadres de ses élèves infirmières de nombreuses
Alsaciennes et des jeunes filles de l'intérieur.
De ce contact incessant naissent une franche camaraderie, une
amitié durable entre toutes les pensionnaires. Les jeunes
bourgeoises de Mulhouse, de Strasbourg ou de Colmar
s'assimilent, avec une rapidité et une souplesse déconcertante,
non seulement les méthodes de puériculture qu'on leur enseigne,
mais notre mentalité.
Ainsi, d'une œuvre créée pour garder à la France les existences
dont elle a tant besoin, jaillit une bienfaisance inattendue. En
sauvant les corps, elle conquiert des cœurs et des âmes. On ne
saurait donc trop bénir ceux qui la soutiennent de leur
générosité et celles qui l'animent de leur dévouement tenace.
L'administration de la Maison
Maternelle de Blâmont, fait construire actuellement, en dehors
et en contre-bas de l'ancien château des Duchesses de Lorraine,
habité par Christine de Danemark et Marguerite de Gonzague, un
vaste pavillon qui coûtera plus d'un million et sera réservé aux
enfants malingres. L'ensemble de l'immeuble, avec ses deux
galeries superposées, n'est pas très heureux dans cet ensemble
historique qu'on n'aurait pas dû déparer, surtout que les ruines
moyenâgeuses viennent d'être classées récemment.
Certificat d'Etudes Primaires
CENTRE DE BLAMONT
Fill.es et garçons reçus :
Blâmont. - Kaufmann Irma, Mathonnet Marie-Louise, Noël Eliane
(première reçue), Parmen-tier Alice, Pianezzi Marie-Louise,
Vanson Marie-Thérèse, Knipper Roger, Ballista Araldo, Fuhrmann
Arsène, Mathonnet Paul, Perrin Maurice, Zéliker Christian.
Domèvre-sur-Vezouze. - Durr Georgette, Susset Suzanne, Labord
Thérèse, Labord François, Françon Gérard.
Verdenal. - Dussaulx Thérèse, Kolb Colette, Schaaff Berthe,
Dussaulx Jacques, Tiha Bernard.
Montreux. - Gédor Marie, Alison Françoise, Hard Michel.
Ogéviller. - Mâlo Léa, Vouaux Annie, Crouzier Gérard.
Frémonville. - Grodemange Lucie, Pierron Simone, Perrin
Charlotte, Démangé Jêan, Weiss René.
Reillon. - Boulanger Renée.
Ancerviller. - Colin Denise, Pierrat Colette, Masson Gilbert.
Nonhigny. - Aubry Robert, Jédor Aimé, Jédor Marcel, Saunier
Gilbert.
Barbas. - Thomann Raymond.
Leintrey, - Camaille Roger (reçu 2e des garçons), Christophe
Marcel, Gadat Robert, Lejeune André.
Vého. - Barthélémy Suzanne (reçue 2e des filles).
Amenoncourt. - Kopp Marie-Madeleine, Marlier Jeanne
Igney. - Boileau Raymond (reçu 2e ex aequo), Malnory René.
Chazelles. - Flaus Colette, Masson Roger.
Remoncourt. - Adam Mariette, Polet André (reçu premier des
garçons), Jouquelet Maurice.
Repaix. - Poulignon Paulette.
Ernberménil. - Babion Germain.
Montigny - Litaize Paulette, Villaume Germaine.
Candidat libre. - Hellé Marie-Thérèse. |