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Mémoires de Montglat -
1638
MÉMOIRES
FRANÇOIS DE PAULE DE CLERMONT,
MARQUIS DE MONTGLAT |
Quatrième Campagne - 1638
Ce duc [Duc de Longueville] étoit entré dans le comté de Bourgogne dès le commencement de la campagne, et avoit battu le duc de Lorraine, et lui avoit pris deux pièces de canon. Ensuite il prit la ville et le château de Poligny, et se saisit d'Arbois, d'où il marcha vers la Saône qu'il passa, et après plusieurs volées de canon se rendit maître du château d'Autré. Là, se souvenant de la révolte de ceux de Chamite, qui avoient coupé la gorge à la garnison française, il y alla mettre le siége ; et l'ayant battu à coups de canon, l'emporta d'assaut, et donna la ville au pillage, qui fut entièrement saccagée. Ce fut là qu'il reçut des nouvelles du duc de Weimar, qui l'obligèrent de marcher en Lorraine pour côtoyer le duc Savelli, qui alloit joindre le duc de Lorraine dans le dessein de secourir Brisach. Pour avoir plus de commodité dans sa marche, il sépara ses troupes en plusieurs corps. Il envoya Roque Servières, maréchal de bataille, par Genève, avec une partie de l'infanterie ; La Mothe-Houdancourt par Langres ; et lui, avec la cavalerie, prit le chemin de Lorraine, où il rejoignit La Mothe près de Marsal. Le lendemain, il eut avis que le duc de Lorraine avoit pris la ville et le château de Lunéville, et que le duc Savelli s'approchoit pour le joindre; aussitôt il dépêcha Feuquières avec quatre cents chevaux pour apprendre de leurs nouvelles, durant qu'il suivoit avec le reste de l'armée. Feuquières s'avança jusqu'à Richecour, où il aperçut des fumées : ce qui lui fit croire qu'il y avoit des troupes dedans ; en même temps il vit le bagage du duc Savelli qui en sortoit, escorté de deux cents hommes de pied et de deux escadrons. Alors il commanda à Beauregard-Champrou et à Marchin de les charger ce qu'ils firent si vertement qu'ils les mirent en fuite, et l'infanterie se jeta dans les chariots de bagage pour s'y barricader ; mais au même temps Feuquières vit l'armée de Savelli qui marchoit dans la plaine du côté de Blamont, dont il donna aussitôt avis au duc de Longueville, lequel laissant son bagage à Rosières pour aller plus diligemment, arriva le 7 de novembre au lieu où étoit Feuquières, et d'abord chargea Savelli, dont la cavalerie s'enfuit, et l'infanterie se sauva dans Blamont, qui fut promptement investi. Les régimens de Picardie et de Normandie furent commandés pour attaquer la basse-cour du château, qui fut emportée; ensuite on battit rudement le donjon, et on le pressa si vivement que le lendemain huit cents hommes de pied qui étoient dedans se rendirent prisonniers de guerre. Le jour même, la ville capitula avec le reste de l'infanterie, qui se rendit avec quatre cents chevaux, le canon et bagage. Le vicomte d'Arpajon partit incontinent après pour investir Lunéville, où le duc de Longueville arriva le lendemain, et le fit attaquer aussitôt : la ville fut prise le lendemain, et le château un jour après, à condition que les soldats demeureraient prisonniers de guerre. De là, Feuquières partit avec une grande partie de l'armée pour aller joindre le duc de Weimar au siége de Brisach qui tenoit toujours [...]
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