14ème régiment de
Dragons
[1914]
Dès la déclaration, c'est-à-dire le 3 août, et jusqu'au 16, où
le régiment franchit la frontière de la Lorraine annexée,
maintes patrouilles ou reconnaissances furent faites dans
lesquelles se distinguèrent officiers, sous-officiers et
cavaliers. Un exemple entre plusieurs : aux environs de
Chazelles (Meurthe-et-Moselle), le maréchal des logis James
(Maurice), du 1er escadron, aperçoit un officier allemand,
examinant le terrain à la lorgnette et plusieurs cavaliers pied
à terre à côté de lui. Seul, il fonce sur le groupe, non sans
essuyer une dizaine de coups de feu des cavaliers ennemis qui
remontent ensuite précipitamment à cheval et s'enfuient.
L'officier allemand seul reste pied à terre tirant sans
interruption sur le maréchal des logis ; mais celui-ci,
manoeuvrant habilement son cheval, parvient, après plusieurs
tentatives, à clouer sur place son adversaire d'un coup de
lance.
Le 16 août, le régiment franchit de nuit la frontière. Heure
inoubliable pour tous !
Le 18, nous étions sous les murs de Sarrebourg. Malheureusement,
des forces considérables vinrent s'opposer à notre marche, en
avant. L'armée de Lorraine, s'étant heurtée à des organisations
défensives puissamment outillées et à des forces considérables,
dut se replier.
Ce repli se fit dans un ordre parfait, la cavalerie couvrant les
arrière-gardes.
C'est dans ces combats d'arrière-garde que se distinguèrent
encore plusieurs officiers et hommes de troupe du régiment.
Ordre n° 64 du 17 mars 1915
Coursolle, Médecin Auxiliaire : « Le 21 août 1914, lors du
mouvement de retraite des ambulances de la 6ème D. C. de
Saint-Georges à Blâmont, a fait preuve d'initiative intelligente
et d'énergie en assurant de lui-même l'enlèvement, par voitures
de réquisition, de 50 à 60 blessés qui, sans lui, seraient
tombés aux mains de l'ennemi. »
[...]
Ordre n° 99 du 25 août 1915
[...]
Berger, maréchal des logis au 3ème escadron : « Le 9 août 1914,
à Vého, en poste de correspondance avec 5 hommes, pour relier
les 6ème et 10ème D. C., a eu à repousser constamment des
patrouilles allemandes de fort effectif, leur a tué du monde,
dont un officier.
Le 21 août 1914, dans une charge de son peloton contre une
troupe allemande, blessé d'un coup de lance, a continué, à
charger et à entraîner ses hommes. Dans la guerre des tranchées,
à Ammertzviller, a poussé des reconnaissances jusqu'aux défenses
accessoires ennemies ; s'offrant toujours pour les missions
périlleuses. »
19ème régiment de
Dragons
[1914]
Enfin, le 13 août, la IIème armée est à pied d'oeuvre ; la
couverture est terminée. !
Le 14 août, l'armée se porte vers l'est, la 10ème D. C. derrière
la colonne de droite. Allons-nous, par le col de Saverne, donner
la main à nos troupes d'Alsace ?
Nous le croyons, nous l'espérons.
Alertement nous traversons Lunéville, Manonviller, et le soir
nous installons au cantonnement-bivouac à Fréménil.
Là, bonnes nouvelles : l'ennemi, dont les puissantes colonnes
avaient dépassé Blâmont et Cirey, est arrêté partout ; sur tout
le front nous entendons pour la première fois une canonnade
nourrie.
Un corps de cavalerie est formé des 2ème et 10ème D. C. sous le
commandement du général Conneau.
Voici donc renaître les grandes traditions de l'Empire !
Que nos corps d'armée écrasent en un point la ligne allemande,
le corps de cavalerie se précipitera par la brèche. Murat,
Lasalle, Bessières, nous revivrons vos chevauchées épiques.
La formation du Corps de Cavalerie - le C. C. - entraîne un
remaniement de la Division : le général Grellet prend le
commandement provisoire de la 10ème D. C. ; le colonel Sauzey
commande la brigade ; le commandant Bézard commande le régiment.
Le 15, la canonnade continue, augmente d'intensité.
A 19 heures, ordre aux 3ème et 4ème escadrons, sous le
commandement du capitaine Danglade, de partir en détachement de
découverte.
Mission : trouver le contour apparent de l'ennemi dans la région
Lorquin-Gondrexange.
Départ à 20 heures.
Les routes sont noyées sous une pluie d'orage ; à la lueur des
éclairs on atteint Blâmont, que nos fantassins ont repris dans
la journée à la baïonnette ; quelques heures de repos, et à
l'aurore le détachement repart, direction Saint-Georges.
La frontière est atteinte, la colonne la franchit au port de la
lance ; les officiers en tête, sur un rang, saluent du sabre.
[...]
Nous avions compté sans les réseaux barbelés, les tranchées
bétonnées, les mitrailleuses sous coupoles.
Devant ces défenses très longtemps préparées nos bataillons se
sont brisés.
La brèche n'est pas faite.
En retraite.
Pourquoi ?
Allons-nous tenter ailleurs ce qui a manqué ici ?
Nous ignorons que l'ennemi, renforcé dans les Vosges, s'efforce
de nous tourner, de nous couper.
Nous n'avons pu nous lancer à travers une brèche, mais nous en
aurons une bien large à boucher.
Nous refaisons en sens, inverse le chemin parcouru avec d'autres
espoirs.
Barchain, Blâmont, Saint-Georges.
On a déjà le sentiment d'un effort terrible à faire pour avoir
la victoire ; mais le moral reste parfait.
Au cantonnement d'Autrepierre, nous sommes ravitaillés.
Une nuit de repos, et le 21, à 6 heures, la D. C. est chargée de
couvrir le repli des 8ème et 16ème C.A.
Lentement nous traversons la forêt de Mondon, La Meurthe à
Chènevières où nous cantonnons.
Dans la nuit du 21 au 22, le 1er demi-régiment, sous les ordres
du Commandant Fournier, est envoyé en détachement de découverte
dans la région Blâmont-Lunéville.
Le Lieutenant Lemoine, du 1er escadron, reçoit l'ordre de
reconnaître, avec son peloton, Igney et Avricourt
A 2 kilomètres environ du village d'Amenoncourt, une patrouille
de sept cavaliers ennemis fait demi-tour au galop à la vue du
peloton.
Un sous-officier et quatre cavaliers la poursuivent, mais
bientôt elle disparaît sous bois.
Vers 7 heures, une reconnaissance du14ème Dragons apprend au
lieutenant Lemoine qu'Igney est occupé.
Afin, de déterminer par qui et comment ce village est occupé,
l'officier décide de le tourner par le nord.
Il gravit à cet effet la butte d'Igney.
En arrivant au sommet de la butte, face à l'est, il voit, venant
à sa rencontre, un peloton de cavaliers ennemis.
« Pour l'attaque. »
L'ennemi a déjà fait demi-tour, et pris du champ, les cavaliers
jetant leurs lances, plusieurs prenant leur carabine, mais
gardant une certaine cohésion.
Le peloton Lemoine se lance à la poursuite ; à hauteur d'Igney,
il est soumis à des feux de flanc d'Infanterie et de
mitrailleuses : c'est toujours la même tactique, nous attirer
sous le feu sans accepter le combat à l'arme blanche.
La première victime de cette fusillade est un fantassin allemand
qui se replie vivement à la vue des cavaliers français.
Le lieutenant Lemoine, aux premiers coups de feu, a formé son
Peloton en fourrageurs ; mais il veut savoir jusqu'où s'étend la
ligne ennemie.
Ses renseignements, il les aura de force ; donc, en avant
toujours, en fourrageurs.
En arrivant à la route Igney - Avricourt, le Peloton reçoit les
feux de face de fantassins occupant des éléments de tranchée le
long de cette route.
« Demi-tour individuel », et le peloton se rallie à l'ouest de
la butte d'Igney.
La patrouille a pu déterminer le contour apparent de la ligne
ennemie.
Mais le renseignement est payé cher : un brigadier et deux
cavaliers tués, cinq autres grièvement blessés, douze chevaux
tués ou blessés.
Des cavaliers allemands observent de loin la retraite du
peloton et ne la troublent en rien.
12ème régiment de
Dragons
[1914]
Retraite de Sarrebourg
Le vendredi 21 août, dans la matinée, le mouvement de repli
continue lentement.
On marque un temps d'arrêt à hauteur de Saint-Georges, vers 10
heures.
La Division reprenant sa marche en direction de Blâmont, le 2ème
demi-régiment, sous les ordres du commandant Vernier, est laissé
en arrière pour conserver le contact avec l'ennemi pendant la
journée, ayant l'ordre de rejoindre, la nuit suivante, à Reillon.
Les 3ème et 4ème escadron s restent au bois des Sablons jusqu'à
17 heures, sans être inquiétés.
Les mouvements de troupes, dans la plaine qui s'étend au nord,
sont peu nombreux ; mais on entend le bruit de la bataille à
droite et à gauche.
La Brigade passe par Ibigny, Gogney, marque un temps d'arrêt
entre Igney et Repaix, gagne Saint-Martin par Autrepierre et
Gondrexon, puis, repassant par Reillon, Vého, Domjevin, Laronxe,
Saint-Clément, atteint la Meurthe à Chènevières. Le soir, l'E.M.
et le 1er demi-régiment cantonnent à Vathiménil.
Le 22, à 4 heures du matin, on remonte à cheval pour se porter à
l'Ouest d'Ogéviller
C'est là que le 2ème demi-régiment rallie la division vers 10
heures.
Les 3ème et 4ème escadrons, qui ont bivouaqué quelques heures
près du château de Grandseille, dans une clairière, passent par
Chazelles, Gondrexon, Reillon, Veho, Domjevin.
Ces trois premiers villages sont déserts ; presque tous les
habitants se sont sauvés.
A 11 heures, la division se porte d'Ogéviller sur Domjevin, de
là sur le fort de Manonviller, puis nous traversons Manonviller,
la forêt de Mondon, Saint-Clément, Chènevières et Vathiménil.
La route de Moyen est obstruée par des convois qui, sur une
longueur indéfinie, sont arrêtés.
Par des chemins de traverse et par les champs, le régiment
arrive, vers 17 heures, sur une croupe au nord de Moyen et y
installe son bivouac.
Les Allemands, à la même heure, faisaient leur entrée dans
Lunéville, musique en tête.
[...]
Le régiment aux tranchées
Dans le courant de janvier 1915, il a été décidé que nos
escadrons contribueraient au service des tranchées sur le front
des Divisions du Général Joppè, la 12ème B. D. ayant un escadron
à Mazerulles et un escadron à la ferme Ranzey.
Les escadrons prennent ce service pendant huit jours.
Les demi-régiments de la Brigade se succèdent.
Les 1er et 2ème escadrons partent le 23 Janvier et reviennent le
3 février ; les 3ème et 4ème partent le 10 et rentrent le 20
fevrier. Les 1er et 2ème repartent pour les Tranchées le 27
février.
Ces secteurs sont très calmes ; quelques bombardements
seulement.
Le 2 mars, les 3ème et 4ème escadrons reçoivent l'ordre de se
tenir prêts à marcher le lendemain matin.
Le 3, les divers éléments de la division sont portés dans la
direction de Baccarat par Lunéville, Saint-Clément, Azerailles.
La brigade est amenée en réserve dans les petits-bois au
nord-est de la station de Merviller (croupe 296).
Depuis le repli des Allemands au moment de la bataille de La
Marne, le front de Badonviller à la forêt de Parroy avait été
assez calme.
Une zone neutre, atteignant 8 à 10 kilomètres en certains
points, séparait les lignes des deux partis.
A la fin de février, on s'aperçut que les villages où nos
reconnaissances pénétraient jusqu'alors sans difficulté, étaient
d'abord défendus par quelques fusils et, bientôt après, on y
signalait des tranchées et des réseaux de fils de fer.
En vue de limiter immédiatement cette avance sournoise et peu
coûteuse pour les Allemands, l'ordre était donné de venir
s'installer en face d'eux, et même de leur reprendre le terrain
sur la crête : carrières de Brémenil, corne nord du bois des
Haies, bois des Chiens, Clairbois.
Telle était la raison du déplacement de la 2ème D. C.
Elle devait coopérer à l'action offensive des troupes qui
tenaient le secteur.
Le 3 mars, à la nuit tombante, le 12ème Dragons (E.M. 3ème et
4ème escadrons) était ramené à Baccarat, où l'on mettait les
hommes à l'abri ; mais les chevaux restaient dehors, dans les
rues.
Le 4 mars, de bonne heure, on retourne au même stationnement, au
nord-est de la gare de Merviller.
Le soir, on cantonne à Deneuvre, commune qui touche à Baccarat
au Sud-ouest.
Le 5 mars, même stationnement.
A 18 heures 30, le colonel, les 3ème et 4ème escadrons gagnent à
pied Sainte-Pole par un chemin de terre, mais la nuit est très
noire et, après s'être perdus dans l'obscurité, ces escadrons
n'arrivent à Sainte-Pole qu'à 21 heures.
On doit prendre les tranchées dans le bois des Haies, à cheval
sur l'allée centrale orientée nord-est sud-ouest, à peu près à
200 mètres au delà du carrefour de cette allée et du chemin de
viabilité douteuse qui va à Ancerviller.
Le bois est très difficile ; on n'a pas encore eu le temps d'y
organiser des cheminements ; aussi le colonel De Gastines,
commandant la 2ème B. C. L., nous fait-il coucher à Sainte-Pole,
d'où nous partons, le 6 mars, à 3 heures du matin, pour relever
le 4ème Dragons.
Les escadrons sont, le 3ème à gauche, le 4ème à droite de
l'allée centrale déjà citée.
L'installation est à faire complètement ; il n'y a ni tranchées,
ni fils de fer.
La journée est assez calme ; quelques coups de feu isolés ;
quelques obus de ci delà ; mais, à la nuit tombante, on devient
nerveux de part et d'autre.
La fusillade commence ; les officiers s'efforcent de l'arrêter.
Le temps est affreux.
Il pleut à torrents et le vent violent, qui souffle à travers
les arbres, fait tomber des branches mortes.
Le craquement de ces branches fait partir de nouveaux coups de
feu isolés et la fusillade reprend.
Heureusement, les Allemands, bien fournis, en fusées
éclairantes, en envolent presque sans arrêt et leurs lueurs nous
permettent de voir que rien ne bouge devant nous.
Le petit jour arrive, la fusillade cesse et nous constatons
qu'après tout ce vacarme, nous sommes au complet, couverts de
boue, mais sans une égratignure.
Le 8ème Dragons nous relève et, par des cheminements, nous
regagnons, sans être inquiétés, notre stationnement en avant de
la gare de Merviller.
Le temps se remet ; nous faisons de grands feux et nous sommes
séchés quand nous arrivons, le 7 au soir, à Veney, où nous
cantonnons.
A partir de ce jour, les escadrons de piquet ou en réserve
restent dans les villages, au lieu de stationner toute la
journée dans un bois.
Le 8, à 16 heures 30, on quitte Veney et on va cantonner à
Vaxainville.
Le 9, à minuit 30, le 2ème demi-régiment repart pour les
tranchées.
Il reprend à peu près les mêmes emplacements.
Grand froid : 10 à 12° en dessous.
On commence à s'organiser. Le secteur est calme.
Du 10 au 20, on alterne ; deux jours de repos, deux jours de
piquet, deux jours en ligne.
Le 21, le 2ème demi-régiment est relevé et va cantonner à
Chènevières, le 1er demi-régiment le rejoint.
Il a passé cette période à Maserulles et à la ferme Ransey, sans
qu'un événement valant la peine d'être signalé se soit produit.
Le régiment reste huit jours à Chènevières au repos.
Le 28 mars, il remonte en, ligne, mais le secteur qui lui est
affecté est plus au Nord.
Pendant la période de tranchées du 28 mars au 5 avril, les
escadrons sont cantonnés : E.M., 3ème et 4ème escadrons à
Ogeviller ; 1er et 2ème escadrons à Buriville.
Les 1er et 2ème escadrons montent en ligne dès le 28 au soir ;
le régiment se relevant sur lui-même tous les deux jours et par
demi-régiment.
Des sections de territoriaux du 37ème lui sont adjointes.
Le 12ème Dragons tient les lisières est du bois Vannequel et du
bois de la Chapelle, situé au Sud du bois Vannequel, entre ce
bois et le ruisseau d'Albe.
Un peloton tient la corne est du bois des Haies d'Albe. Mais,
dès la prise du secteur, une avance est décidée pour améliorer
la position.
Le bois des Haies d'Albe doit être a peu près complètement
occupé par nous et on fait, sous sa protection d'une couverture
installée le long du ruisseau, les travaux nécessaires.
Le 1er avril, au matin, une forte reconnaissance ennemie pénètre
dans les bois des Haies à Albe ; elle est arrêtée par le peloton
du sous-lieutenant Boyer, du 3ème escadron, et de l'aspirant
Apert, du 4ème.
On leur amène quelques renforts qui repoussent la reconnaissance
allemande. L'occupation définitive de la nouvelle ligne est
décidée et les travaux sont poussés très activement.
C'est le seul incident pendant cette période.
Le régiment est relevé le soir du lundi de Pâques, 5 avril, et
arrive dans la nuit à Ménilfin (E.M. et 1er et 2ème escadrons),
Flin (3ème et 4ème escadrons).
Le 20 avril, dans la soirée, le regiment remonte en ligne. Notre
position, qui passait par le bois Vannequel, le ravin de la
Rognelle, le Sud de Blémerey et la crête à l'Ouest de Vého, est
avancée sur la cote 297, entre Blémerey et, Chazelles, puis,
passant au Sud de Reillon, contourne extérieurement les vergers
de Vého pour arriver à la station d'Emberménil.
Pendant cette avance, les 1er et 2ème escadrons sont en position
d'attente à Saint-Martin, à la disposition du Général commandant
la 2ème B. C. L.
Les 3ème et 4ème sont en réserve à Herbéviller.
L'opération se passe bien et ne détermine qu'une assez forte
réaction d'Artillerie.
Relèves tous les deux jours, dans les mêmes conditions qu'à la
période précédente. Puis relève du régiment par la brigade
légère, le 6 mai, dans la soirée.
Repos d'abord à Laronxe et Saint-Clément, puis à Chènevières et
Saint-Clément ; jusqu'au 15 mai.
Le soir de ce jour, le 2ème et le 4ème escadrons prennent les
Tranchées ; le 2ème au sud de la station d'Emberménil, le 4ème
dans les vergers de Vého, au nord de ce village.
Relève, tous les deux jours, les demi-régiments se relevant sur
eux-mêmes.
Cette période, qui se termine le 31 mai au soir, s'est passée
sans événement notable.
Repos à Chènevières et Saint-Clément, du 1er au 8 Juin.
Le régiment remonte en ligne le 8 Juin, en commençant par le
2ème demi-régiment, 3ème escadron à la source de la Rognelle
jusqu'au bois Vannequel ; 4ème escadron au bois Vannequel.
Relève tous les deux jours par demi-régiment, comme dans les
périodes précédentes.
Une nouvelle avance est projetée.
On veut prendre la cote 303, carrefour des routes Reillon -
Gondrexon et Leintrey -Blémerey.
L'opération a lieu le 19 Juin.
Les 1er et 2ème escadrons tiennent les tranchées habituelles.
Le 3ème escadron a pour mission de suivre l'attaque et de
construire un réseau de fils de fer parallèlement et à l'est de
la route Leintrey-Blémery, La cote 303 est enlevée et le 3ème
remplit sa mission.
Rentrée le 20, au petit jour, à Buriville.
Il accomplit la même mission dans la nuit du 20 au 21.
Le 21, à 8 heures, alerte. Le 4ème escadron est envoyé en
réserve à l'est de Blémerey, tandis que le 3ème est envoyé à
Herbéviller.
Ces deux escadrons restent dans la même situation jusqu'au 23
juin, dans la soirée.
Ils vont relever les 1er et 2ème aux tranchées. La période se
termine le 10 juillet au soir. Le 11, l'E.M., les 1er, 2ème et
4ème escadrons vont cantonner à Lunéville, le 3ème à Dombasle.
4ème régiment de Dragons
[1914]
Coup de main du 2 novembre sur Chazelles et Gondrexon
Le 3 novembre, mission est donnée au régiment d'enlever les
villages de Chazelles et de Gondrexon.
Les chevaux sont laissés à Blémerey et les escadrons De Vries et
Barrière, sous les ordres du commandant Oré, se déploient en
Tirailleurs sur Chazelles.
Le colonel Dolfus, avec l'escadron De Kersauson, appuie
l'attaque.
Aux premières résistances, le colonel enlève son arrière-garde
et renforçant les deux autres escadrons, s'empare du village en
tête de son régiment, malgré le feu violent des canons et des
mitrailleuses.
Le village de Gondrexon tombe peu après.
Nos pertes sont mimines.
Le brigadier Marchal, blessé d'un éclat d'obus, tombe en
s'écriant : « Je suis content, j'ai fait mon devoir ».
CHAPITRE VII - (Mars à août 1915) - Les tranchées de Lorraine
Les Tranchées
Personne n'aurait jamais cru que la cavalerie serait un jour
astreinte à s'enterrer pendant des années pour disputer pied à
pied le terrain à l'ennemi.
Cela était contraire à tous ses goûts d'offensive et de
mouvement en avant.
Mais lorsqu'elle vit que les chevauchées étaient devenues
impossibles, que l'infanterie à côté d'elle était à la peine,
elle ne voulut pas rester inactive et, c'est de grand coeur
qu'elle entreprit sa nouvelle tâche.
A pied, elle rivalisa d'entrain et de savoir-faire avec les
Fantassins les plus aguerris. Pelles, pioches, mitrailleuses,
fusils, grenades lui deviennent des outils familiers, et elle
déploie dans la charge à la baïonnette, toutes les qualités de
fougue et d'entrain qu'elle avait acquise dans la charge à
cheval.
Au Sud d'Apremont, à la fin de Septembre 1914, sur la Seille et
à Ancerviller, en février et mars 1915, le régiment avait bien
déjà occupé défensivement le terrain avec l'infanterie, mais ce
ne fut qu'à la fin de mars 1915 qu'il eut son secteur
particulier.
Tranchées de Saint-Martin
Au bois Vannequel et au bois des Hayes d'Albe, dans le secteur
de Saint-Martin, au sud-ouest de Blâmont, ce furent les
cavaliers qui organisèrent complètement la défense et le profil
des tranchées, l'impénétrabilité des réseaux de fils de fer, le
fini des abris, etc. ... furent cités comme un modèle du genre.
Les fronts étant, assez éloignés les uns des autres, nombreux
furent les détachements qui, de jour et de nuit, allèrent
chercher des renseignements entre les lignes.
Patrouilles et reconnaissances
Le 30 mars, l'adjudant Lieutier part, avec dix hommes en
reconnaissance sur Chazelles ; il laisse le gros de sa
patrouille en repli au « Bois sans nom » et avec trois cavaliers
seulement, s'approche du village.
À la jumelle, il aperçoit à la lisière un chien, des poules et
une femme étendant du linge.
Il se lève et se prépare à faire un bond, pour interroger cette
femme.
À ce moment, la femme étend une serviette dans sa direction en
même temps que se profile nettement une forte moustache sur son
visage.
C'était, un boche déguisé.
Lieutier le met en joue, mais une vive fusillade part des
maisons et le blesse grièvement à la main.
Rampant à travers les oseraies il arrive à grand' peine à gagner
le « Bois sans nom », d'où ses hommes l'emportent évanoui.
Le 4 avril, c'est le maréchal des logis Gaget qui fait une
reconnaissance, heureuse sur le bois de Chazelles
Le 22 avril, le brigadier Didier se précipite sur trois
Allemands qui rampaient près de nos fils de fer, les désarme, et
en ramène un prisonnier.
Le 1er mai, le cavalier Nanty est tué pendant qu'il assurait une
liaison dans des conditions dangereuses.
Le 20 avril, le capitaine De Vries part avec cent fusils et par
une nuit noire, faire une reconnaissance sur le village de
Chazelles, par la vallée de la Rognelle.
Le lieutenant Du Rostu, qui commande l'avant-garde, prend le
contact dans les bois au sud-ouest du village.
L'escadron se déploie devant cette démonstration, l'ennemi
occupe ses positions de combat et répond par un feu nourri qui
permet de délimiter sa ligne de défense.
Autres secteurs de Lorraine
Le régiment occupe cette région jusqu'au mois de Septembre ; il
prend part à l'avance en Lorraine qui permet à nos lignes de se
porter de plusieurs kilomètres en avant jusqu'au Remabois et
jusqu'aux abords de Leintrey, au bois Zeppelin.
C'est pendant qu'il occupait les tranchées de Blémerey, le 24
mai, que tout à coup sur le front, les cloches se mirent, à
sonner à toute volée, pour fêter l'intervention de l'Italie.
Aux mois de juillet et d'août le régiment se trouve de nouveau
dans la région de Lunéville, et occupe dans la région de Bures,
Arracourt, La Fourasse, exactement les mêmes positions qu'il
disputait à cheval, au mois d'août 1914, en couverture.
31ème régiment de
Dragons
[1915]
2.1.1. Parroy
22 au 31 janvier 1915. - Le 2ème demi-régiment cantonne à
Bienville et, à Raville.
10 au 18 février. - Le 1er demi-régiment prend le service à son
tour. Le 1er escadron dans la forêt de Parroy (grand' garde des
cinq tranchées) ; le 2ème escadron près de l'étang de Parroy.
Le sous-lieutenant Truffe et son détachement arrivent à point
pour renforcer une section du 43ème bataillon de Chasseurs à
pied et l'aider à repousser un coup de main ennemi.
Cette heureuse intervention a sa récompense et plusieurs
citations sont accordées.
27 février au 7 Mars. - Le régiment prend de nouveau le service
des avant-postes.
2.1.2. Ancerviller
Le 3 mars, le 1er demi-régiment quitte la région de Blainville
par alerte pour Baccarat.
Il doit s'opposer à l'avance des allemands dans cette région et
marche sur Ancerviller.
La progression se fait à pied depuis Montigny.
L'artillerie allemande bombarde fortement les défilés.
La progression est interrompue par la nuit. Elle est reprise le
4 mars à la pointe du jour.
Le 1er demi-régiment occupe Ancerviller où il organise la
défense avec des moyens de fortune (barricades, fils de fer
trouvés dans les jardins).
Les lisières est du village sont bombardées, mais il ne se
produit aucune attaque d'Infanterie allemande.
L'organisation du village se poursuit les jours suivants d'une
façon très active. Des tranchées se creusent.
La brigade légère vient relever les éléments des 31ème Dragons
qui étaient en ligne.
Le 1er demi-régiment rejoint ses chevaux à Deneuvre, près de
Baccarat.
Mort du Sous-lieutenant l'Hotte
Le 20 mars, le 2ème demi-régiment qui était resté en secteur à
Parroy vient cantonner à Glonville.
Ce demi-régiment a perdu, le 7 mars, le sous-lieutenant l'Hotte
tué au cours d'une reconnaissance de jour très périlleuse,
devant Parroy.
Son corps reste dans les fils de fer dont sont garnies les
défenses ennemies.
Malgré les efforts de ses hommes, et en particulier du trompette
Vers (médaille militaire), qui risquèrent leur vie pour l'aller
chercher, il ne put être ramené dans les lignes françaises.
Le sous-lieutenant l'Hotte, tout jeune officier affecté au
régiment à la déclaration de guerre, s'était déjà fait
remarquer, par son extrême bravoure.
Il avait été fait Chevalier de la Légion d'Honneur peu de temps
auparavant, à la suite d'une reconnaissance audacieuse.
Au cours de la guerre de mouvement de 1914, il avait mené à bien
plusieurs missions et fait des prisonniers.
Un ordre de la 74ème D.I. et un ordre du régiment sont l'écho de
la fin glorieuse de ce jeune et brillant officier.
2.1.3. Bois Vannequel
3 au 5 avril - Le 5 avril, le régiment se porte dans la région
d'Ogéviller : 1er demi-régiment à Réclonville ; 2ème
demi-régiment à Pettonville.
Les deux demi-régiments se relèvent aux services des
avant-postes, au bois Vannequel et au bois des Haies d'Albe,
avec réserve à Saint-Martin.
On creuse les premières tranchées, les premiers abris.
Période peu pénible en raison du beau temps. Quelques
bombardements troublent cependant cette vie en plein air.
Le 12, le brigadier Delange, du 1er escadron, se fait tuer très
crânement en patrouille, dans le bois de Chazelles.
Repos à Valthiménil jusqu'au 19 avril.
20 au 25 avril. - Des éléments du régiment, (escadron de la
Laurencie) vont occuper une ligne de tranchées en vue d'Emberménil,
pour assurer le repli des travailleurs d'infanterie qui creusent
une ligne plus avancée.
2.1.4. Station d'Emberménil-Vého
25 avril au 15 mai. - Le 25 avril, le régiment, se rend à
Manonviller.
Le 1er demi-régiment prend les avant-postes dans les jardins de
Vého.
Le reste du régiment s'installe dans le village évacué par les
habitants.
Le 26, au soir, le 2ème demi-régiment relève le 1er
demi-régiment dans le secteur Embernénil-Vého ; les travaux
d'aménagement, de la position sont continués.
Le 3 mai, le 1er demi-régiment est de nouveau en ligne, en vue
du bois de Remabois, dont les Allemands ont fait un centre de
résistance.
La proximité de cette organisation rend difficile l'occupation
de la position garnie par
les éléments du régiment.
Le 12 mai, le colonel Waddington prend le commandement du
régiment.
Le commandant du Chatelet est nommé Lieutenant-colonel.
Le 15 mai, le régiment part au repos à Chenevières et environs.
2.1.5. Bois Vannequel
23 mai au 8 juin. - Le régiment reprend le service
d'avant-poste, dans le secteur du bois Vannequel.
Période calme, interrompue de temps à autre par quelques obus.
Le régiment fournit des travailleurs de nuit pour la
construction d'une nouvelle ligne de défense au Sud du Remabois.
Repos à Chenevières.
2.1.6. Station d'Emberménil-Vého
16 juin au. 11 juillet. - Le 16 juin, occupation des nouvelles
tranchées, au sud du Remabois.
Période d'organisation pénible; le jour, impossibilité de
remuer.
Il faut travailler toute la nuit. Les sections de réserve sont à
la cote 315.
Le 22 juin, le 1er demi-régiment étant en ligne, l'escadron de
La Laurencie est alerté à Manonviller et reçoit pour mission
d'exécuter une reconnaissance offensive sur le bois de Remabois
et y prendre pied.
Reconnaissances du maréchal des logis Perrin
Une patrouille, commandée par le maréchal des logis Perrin et
composée d'hommes résolus, réussit, à entrer dans le bois et à
franchir le réseau de fils de fer ennemi, puis à s'approcher
d'une sentinelle, mais celle-ci s'enfuit et donne l'alarme.
Un raté malencontreux empêche le brigadier Verdavoine de
l'abattre.
La patrouille du maréchal des logis Perrin doit, rebrousser
chemin et, tapie, à quelques mètres du réseau ennemi, attendre
la nuit pour quitter sa périlleuse position.
En tentant de rejoindre cette patrouille pour la renforcer, le
cavalier Vicart est blessé au bras (amputé dans la suite et
décoré) ; le cavalier Drouin est tué.
Une deuxième patrouille, commandée également par le maréchal des
logis Perrin, reçoit la mission d'aller observer en plein jour
un petit poste ennemi.
Au cours de la marche d'approche de cette patrouille, le
cavalier Dufour est grièvement blessé par une balle dans les
reins (à 200 mètres de l'ennemi).
Le brigadier Bioret, le cavalier Catoire et le maréchal des
logis Bailleux rivalisèrent de courage pour le ramener hors de
portée des balles ennemies.
Il ne fallut, pas moins d'une heure et demie en rampant pour
effectuer un parcours de 100 mètres. Les balles ennemies ne
cessèrent de pleuvoir autour d'eux ; personne ne fut touché,
mais Dufour ne devait pas survivre à sa blessure.
Le 23 juin, une attaque d'infanterie française se déclenche à la
nuit sur la lisière est du Remabois et, sur le village de
Leintrey.
Elle ne donne pas les résultats espérés.
Il y a lieu de signaler la belle conduite des cavaliers du 1er
demi-régiment qui s'offrirent à conduire les sections
d'Infanterie à l'assaut et mener à bien leur périlleuse mission.
Les éléments du 31ème restent en deuxième ligne jusqu'au 30
juin, comme soutien éventuel de l'infanterie qui occupe le bois
Sans Nom, le bois Zeppelin, le bois Carré et qui multiplie les
attaques.
Le régiment cantonne à Croismare.
13 au 22 juillet. - Le capitaine Guérin prend le commandement du
4ème escadron.
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