L'affaire de Leintrey
15 Août. - Le 15 Août, le Sous-lieutenant Pansard,
en reconnaissance avec, son Peloton sur Amenoncourt, se heurte à la sortie Sud
de ce village à des Cavaliers pied à terre qui le reçoivent par un feu nourri.
Il réussit à se dégager, rassemble quelques hommes démontés et revient sous le
feu ramasser ses blessés, ramenant l'un d'eux sur son propre cheval. Le
Sous-lieutenant Pansard est cité à l'Ordre de l'Armée pour cet acte de courage
et de sang-froid.
16 Août, - Refoulant devant lui les éléments légers des arrière-gardes ennemies,
se heurtant sans cesse à eux aux lisières des bois, à l'entrée des villages et
au passage des ponts, Régiment passe le 16 la frontière à Avricourt et arrive le
17 à Bisping, derrière les Pelotons De La Rochette et Morère qui venaient de
déloger du village les Cyclistes et Dragons bavarois qui le défendaient.
18 Août. - Le 19, nos reconnaissances, poussées sur Kuttingen, Lauterfingen et
Mittersheim, déterminent la ligne de résistance de l'adversaire. Les Hussards
sont alors rejoints par l'Infanterie des 31ème et 32ème Divisions, qui, pendant
deux jours, au prix de pertes sévères, attaque sans succès les Tranchées
allemandes.
20 Août. - Le 20, une violente contre-attaque était prononcée par les Allemands.
Le 16ème C. A. y tenait vigoureusement tête et ne se mettait en retraite que par
ordre supérieur en raison des événements qui se passaient à sa gauche. Le 1er
Hussards remplit alors sa mission à l'arrière-garde, conservant constamment le
contact, arrêtant et refoulant la Cavalerie adverse, retardant par tous les
moyens la poursuite ; le 21, en particulier, le 2ème Escadron et la Section de
Mitrailleuses tenant le passage du canal à hauteur de Lagarde, arrêtant
momentanément les premiers éléments ennemis.
21 Août - Le 21 au soir, le Régiment arriva à Lunéville où il cantonne.
22 Août. - Le 22, au point du jour, les Pelotons De La Rochette, Peyre et
Fourcade reprennent le contact entre Bonviller et Einville et entre Deuxville et
Maixe. Ils signalent des forces importantes débouchant d'Hénaménil et de la
forêt de Parroy. Le Régiment se porte aussitôt sur Einville et échange des coups
de feu avec les avant-gardes bavaroises dont il ralentit la marche en attendant
l'arrivée de notre Infanterie. Remontant ensuite à cheval, il se porte sur
Deuxville pour couvrir le flanc gauche du Corps d'Armée et rechercher la liaison
avec le 15ème C. A. La Section de Mitrailleuses en bordure de la route
Lunéville-Maixe, à 2 kilomètres au nord-est de Deuxville,
prend sous son feu les Allemands descendant les pentes conduisant au ruisseau de
Tombe.
Vers la fin de l'après-midi, nos Troupes sont obligées d'évacuer Lunéville. Le
Régiment se replie des derniers, poursuivi par les obus, continue de couvrir la
retraite du Corps d'Armée et parvient dans la soirée à Virecourt, près Bayon.
A mentionner, pour cette journée, l'acte de sang-froid et de courage du Cavalier
Guilhot, du 4ème Escadron. Blessé et démonté la veille au soir, se trouvant dans
l'impossibilité d'échapper aux Allemands, il se cache dans le four d'une maison
qui est occupée toute la nuit par les bavarois. Au point du jour, il réussit à
se glisser dehors, à traverser les lignes ennemies et à regagner Lunéville où il
parvient assez tôt pour être évacué avec une formation sanitaire.
Cette première partie de la campagne fut des plus pénibles. L'ennemi, en effet,
manoeuvre sur son propre terrain et profite de nombreux bois de cette région pour
tendre des embuscades. Hommes et chevaux restent debout jour et nuit, prêts à
faire face à la première alerte. Le ravitaillement n'arrive que très tard, les
pertes sont sensibles.
23 Août. - Du 23 au 25, la mission du Régiment se borne à déterminer la
situation de l'ennemi qui a traversé la Mortagne et progresse vers Rozelieures,
Moriviller et Franconville.
26 Août. - Le 26, le Régiment tente de pénétrer dans Lamath. Un Bavarois oblige
une habitante à demeurer à sa fenêtre et, appuyant son fusil sur l'épaule de
cette femme, blesse mortellement deux des Cavaliers de la patrouille de pointe
au moment où ils entraient dans le village.
Jusqu'à la fin du mois, nos Escadrons restent en position d'attente derrière
l'Infanterie, attendant le moment favorable pour franchir la Mortagne.
3 Septembre. - Du 5 au 7 Septembre, le Régiment est rattaché à la 12ème Brigade
de Dragons (Général Lucas), en réserve près de Remenoville.
Le Lieutenant De Villers, du 1er Escadron, chargé de reconnaître la situation de
l'ennemi dans Gerbéviller, s'acquitte si brillamment de cette mission délicate
et dangereuse qu'il reçoit une lettre de félicitations du Général Lucas.
6 Septembre. - Le 6, le 1er Hussards passe à la gauche du Corps d'Armée (vers
Barbonville) et jusqu'au 11 assure la liaison avec la 74ème D. R. engagée dans
la forêt de Vitrimont.
12 Septembre. - Le 12, à 6 heures, le Régiment, se trouvant à la sortie Sud de
Damelevières, reçoit l'ordre de se porter au plus vite sur Lunéville et de
reprendre le contact de l'ennemi en retraite. Franchissant La Meurthe à gué, le
1er Hussards traverse la ville aux acclamations de la population. Le Colonel
lance aussitôt le 1er Escadron sur Sionviller, le 4ème sur Marainviller, tandis
qu'avec les 2ème et 3ème Escadrons il marche lui-même sur Einville. Le contact
avec l'ennemi est rapidement repris sur tout le front d'action du 16ème C. A. et
quelques escarmouches de Cavalerie s'engagent : Le Lieutenant Peyre, du 4ème
Escadron, s'élançant avec son Peloton à l'attaque d'un Groupe de Cavaliers
bavarois au Nord de Jolivet, est pris de flanc par deux Pelotons. Manoeuvrant
habilement et audacieusement, il réussit à se dégager sans perdre un seul homme.
Se reportant ensuite aux lisières de Jolivet, il arrête par le feu l'Escadron
avec lequel il venait de se rencontrer.
Le Peloton De Larrard, du 4ème Escadron, en reconnaissance sur Marainviller, est
assailli par des forces supérieures et se trouve un instant dans une situation
critique ; il est dégagé par l'arrivée opportune du Peloton Fourcade et peut
ramener ses blessés.
Le 3ème Escadron tombe sur l'Infanterie allemande à hauteur de la ferme de la
Rochelle, à 3 kilomètres au Sud d'Einville. Le Sous-lieutenant Morère, marchant
avec ses Éclaireurs de pointe, est tué par une balle tirée à courte distance.
Son Sous-officier, le Maréchal des Logis Paravy, se porte bravement à son
secours et ramène son corps sous le feu :
13 Septembre. - Le 13, le Régiment continue à harceler les arrière-gardes
ennemies vers Einville, Bauzemont, Hénaménil et Laneuveville-aux-Bois.
14 Septembre. - Le 14, le 2ème Escadron s'empare des ponts d'Hénaménil, tandis
que les 1er et 3ème Escadrons traversant la forêt de Parroy débouchant devant
Mouacourt et Parroy sans pouvoir cependant aborder ces villages à cause des feux
d'Infanterie et d'Artillerie.
Au cours de cette journée, le Lieutenant De Chefdebien, du 2ème Escadron, en
reconnaissance avec son Peloton sur Coincourt et Arracourt, se trouve pris sous
le feu de Cavaliers pied à terre. En se portant en avant pour les charger, il
s'embarrasse dans des fils de fer dissimulés dans l'herbe. Son cheval, atteint
d'une balle, tombe sous lui, 2 Hussards sont blessés, 4 chevaux sont tués.
Parvenant à se dégager, le Lieutenant De Chefdebien atteint en rampant avec ses
hommes démontés un mouvement de terrain le mettant à l'abri.
Sautant en selle, il s'élance sur les Cavaliers ennemis au moment où ils
rejoignent leurs chevaux et dégage un de ses hommes démonté et fait prisonnier.
Le sang-froid et l'énergie dont fit preuve cet Officier en cette circonstance
lui valurent une citation à l'Ordre du. C. A.
15 Septembre. - Le 15, le 1er Demi-régiment pénètre dans Parroy : Le Peloton du
Sous-lieutenant Grosjean prend le contact de l'ennemi et reconnaît les positions
qu'il occupe sur les hauteurs, à l'Est de Coincourt -Mouacourt. Au cours de
cette mission le Sous-lieutenant Grosjean se fracture un pied et doit être
évacué.
Le Sous-lieutenant Séjourné, essayant de pénétrer dans Mouacourt, est repoussé,
par une violente fusillade. Son cheval est tué, lui-même est blessé au bras et
ce n'est qui à grand peine qu'il réussit à se dégager et à échapper aux
Allemands.
En fin de journée, le 1er Demi-régiment, pris sous le feu de l'Artillerie
ennemie, est obligé d'évacuer Parroy. Notre Infanterie est d'ailleurs arrivée au
contact.
Ce même jour, le 2ème Demi-régiment opère vers Emberménil, Xousse et Leintrey,
mais se heurte partout à des positions solidement tenues. Le Peloton Auger, du
4ème Escadron, s'engage à pied vers Xousse, mais ne peut progresser.
Le 15 Septembre 1914, les Allemands venaient d'occuper les lignes qu'ils ne
devaient abandonner qu'en 1918 après la signature de l'Armistice.
16 Septembre. - L'Infanterie étant partout au contact, le 1er Hussards se
reporte en arrière et se regroupe à Lunéville où il cantonne.
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