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Journal - La Presse du jour

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L'Est Républicain

- 1916 -


NDLR : nous n'avons pas repris ici les nombreux extraits de communiqués officiels, déjà cités dans les articles d'autres journaux.


7 janvier 1916
ETAT CIVIL
Du 4 janvier
Décès
[...] Christophe Ferry, 83 ans, sans profession, Remoncourt (M.-et-M )


11 février 1916
Mort accidentelle. - Le corps de M. Jean-Baptiste Fremion, âgé de 80 ans, originaire de Domèvre-sur-Vezouze, habitant Lunéville, a été retiré de la Meurthe, au lieu dit «  Les Turbines », territoire de Moncel. Des renseignements recueillis, il résulte que le défunt, dont la vue était très faible, est tombé accidentellement à l'eau.
13 janvier 1916
LUNÉVILLE
Tribunal correctionnel.
Fraudes alimentaires. - Martin Alphonse, 71 ans, aubergiste à Saint-Martin, et Camaille Joséphine, femme Nicolas, 51 ans, débitante à Leintrey, ont vendu tous deux, sous le nom de Pernod, une absinthe de qualité et degré inférieurs. Les faits se sont passes en 1914, avant la déclaration de guerre et un prélèvement opéré dans les bouteilles des deux débitants permit de constater la fraude. La régie se porte partie civile au procès et réclame par l'organe de son représentant, agent de l'administration des contributions directes, des amendes sévères et quintuples droits. - Le tribunal les condamne à 16 francs d'amende avec sursis, pour le délit et à 5 fr. d'amende pour infraction aux lois de régie.
3 mars 1916
DOMEVRE-SUR-VESOUZE
Nos braves. - Nous sommes heureux d'apprendre à nos lecteurs que la médaille militaire vient d'être remise sur le front à l'adjudant-chef Pierre Honoré, du 111e régiment d'artillerie lourde, anciennement batteries du 4e régiment d'artillerie lourde Nancy, qui ont pris part à sa défense.
Ce sous-officier est notre compatriote et natif de Domèvre-sur-Vezouse. - Toutes nos félicitations.
6 mars 1916
De retour
MM. les maires de Vého, Xures, Xousse et Remoncourt, qui, depuis quinze mois, étaient prisonniers au camp de Holzminden, viennent de rentrer.
Ils portaient un pantalon noir allemand à bande jaune et le brassard jaune du camp. Les Allemands, pour qu'on n'enlève pas le brassard, coupent te drap des vêtements et le remplacent par l'étoffe dénonciatrice.
Deux de ces maires, qui se trouvaient sans ressources ont été habillés par le Comité de secours aux réfugiés.
Peut-être bien aurait-on pu s'occuper d'eux, - ce sont des représentants du peuple, - un peu plus tôt et un peu mieux.
Mais leur moral est excellent.
7 mars 1916
LES RAPATRIÉS
Convoi du 11 février 1916
[...] Barbas - Fleurentin François, 61 ans, Moulins.
[...] Leintrey - Galloix Charles, 59 ans, Saint-Pourcains-sur-Sioule (Allier).
[...] Vaucourt. - losson Joseph, 72 ans, Moulins.
Veho. - Munier J.-B., 55 ans. Moulins.
Xousse. - Hamezos Charles, 55 ans, Saint-Pourcains (Allier).
[...] Convoi du 12 lévrier 1916
[...] Buriville. - Dort Alphonsine, 63 ans, à Auch
[...] Verdenal. - Jardin Charles, 71 ans, direction non indiquée.
10 mars 1916
LUNÉVILLE
Exécution de la loi du 23 janvier 1916.
Déclaration des biens des puissances ennemies.
- Avis aux intéressés. - Le procureur de la République à Lunéville a l'honneur d'aviser les personnes débitrices ou, en général, contractantes à l'égard de sujets des puissances ennemies, habitant l'arrondissement de Lunéville, qu'elles sont dans l'obligation de se présenter en personne, dans un délai de quinze jours à compter du 4 mars 1916, pour faire leurs déclarations.
Ces déclarations sont reçues aux endroits ci-après :
1° Personnes habitant la commune de Lunéville, au siège du commissariat de police à Lunéville ;
2° Personnes habitant les communes du canton nord de Lunéville et les communes du canton d'Arracourt rattachées temporairement au dit canton nord, au siège de la justice de paix du canton de Lunéville ;
3° Personnes habitant les communes du canton de Baccarat et les communes du canton de Blâmont. rattachées temporairement au dit canton de Baccarat, au siège de la justice de paix du canton de Baccarat ;
4° Personnes habitant les communes des cantons de Lunéville sud-est Bayon et Gerbéviller, au siège de la justice de paix de ces cantons ;
5° Personnes habitant les communes du canton de Badonviller, au parquet de Lunéville.
Le procureur de la République croit devoir rappeler aux intéressés que ces déclarations ainsi que le délai qui leur est imparti sont de rigueur et que l'inobservation de ces prescriptions entraînerait contre les contrevenants les poursuites et les pénalités prévues par la loi.
18 mars 1916
ÉTAT CIVIL
Du 15 mars 1916.
Décès
[...] Antoinette-Juliette Florentin, à 62 ans, sans profession, veuve Desbuisson, à Blâmont (Meurthe-et-Moselle).
19 mars 1916
RET0UR D'EXIL
interview de M. L'Hôte, de Baccarat
Le «  Petit Parisien » publie une longue interview de M. L'Hôte, conseiller municipal de Baccarat, âgé de 64 ans, qui vient de rentrer d'Allemagne, où il avait été emmené comme otage en août 1914. En voici les principaux passages :
«  - Ils m'ont pris au collet un beau matin, et, sans me laisser le temps de dire ouf, ils m'ont emmené.
- Vous allez voir le beau pays d'Allemagne, me dirent-ils en manière de consolation.
Et ils riaient grossièrement. Mais ni ces paroles ni ces rires ne me rassuraient. Un officier me remit une feuille de papier sur laquelle était tracée en allemand une phrase que je me fis traduire. Et cette phrase signifiait : «  Cet homme n'a fait aucun mal. Au contraire, il n'a fait que remettre le bon ordre dans la ville. »
- Ça vous servira, me dit l'officier, en hochant la tête d'un air tout à fait aimable.
Ce petit morceau de papier je l'ai gardé précieusement. Il m'a été en effet très utile. Chaque fois que quelqu'un, soldat ou officier, voulait me molester, je lui fourrais le billet sous le nez. C'était un talisman.
- Gut, gut, répondait l'Allemand, bonne pour vous, bonne, bonne...
Et on me fichait la paix.
On nous emmena d'abord à Blâmont. Là, on voulut nous faire coucher dans la gare, mais elle était pleine de soldats. Quelle odeur ! Je refusai de rester là. Alors, on nous conduisit à Sarrebourg et de là à Strasbourg.
Nous avions rencontré, en chemin, un capitaine et un lieutenant-colonel français prisonniers, on nous parqua tous les cinq dans la salle d'attente, comme des bêtes.
- Vous êtes prisonniers de guerre, nous dit-on.
- Prisonniers de guerre, oui, mes c... ! je le sais.
Mais, vous pensez bien, je murmurai cela tout bas, entre mes dents.
Et M. L'Hôte, disant cela, sourit et me lance un petit coup d'oeil malin.
De Strasbourg, on nous envoya à Rastadt et on nous enferma dans la citadelle. J'y connus les douceurs de la cellule. Elles n'ont rien d'agréable. C'est une félicité dont on peut se passer. Mais j'y éprouvai pourtant, dès les premiers jours, une grande joie. Laigle, mon collègue au conseil municipal, et l'abbé Louis, curé de Baccarat, pris quelque temps avant moi en otages, étaient là. Nous nous rencontrâmes un matin, dans les couloirs de la citadelle. Surprise, émotion.
- Eh ! bien, quoi ! me voilà, je viens vous rejoindre.
Et nous nous embrassâmes.
Nous restâmes six semaines à Rastadt, puis nous fûmes expédiés à Heidelberg. Expédiés, c'est le mot, comme des colis.
Mais nous ne devions pas rester longtemps à Heidelberg. Un matin, un sous-officier vint nous annoncer que nous allions être transférés à Gusterloh ; Et tout de suite.
- Tout de suite ? Eh" bien, et notre solde ?
- Vous la toucherez à Gusterloh.
Je protestai.,
- C'est cela. Et nous claquerons du bec en route, pas vrai ?
- Du bec... claquer... Nein... Nein... pas claquer, assura le sous-officier qui entendait parfaitement ce langage imagé.
Il nous quitta un instant et revint, tenant un long chapelet de saucisses qu'il me passa au cou.
- En aurez-fous assez gomme ça ?...
Et il riait de toutes ses dents qu'il avait larges, longues et noires. Je lui aurais volontiers flanqué mon pied quelque part, mais...
Cinq minutes après nous quittions la citadelle. Dehors, on nous fit monter dans un tramway Mais la populace était là, assemblée. Elle nous avait aperçus ; alors ce furent des huées, des cris de rage, des clameurs furieuses. Il fallut baisser les stores. La foule nous poursuivit quand même, hurlant toujours. Elle ne nous abandonna qu'au bout de la ville. Alors, on nous fît descendre et nous dûmes parcourir à pied deux kilomètres, jusqu'à une caserne qui devait être notre prison. Elle était toute neuve, toute fraîche. Nous en fûmes les premiers locataires. On nous en offrit l'étrenne. Attention délicate.
C'était la même existence qu'à Rastadt, la même qu'à Heidelberg.
A Gusterloh, dès le 7 février, M. L'Hôte
apprit d'un marchand de bestiaux que les Allemands préparaient une offensive formidable contre Verdun.
«  Et si cette fois nous ne réussissons pas, ajouta le marchand, nous sommes f... »
- Qu'il ait dit vrai, cet homme !
Je commençais à me faire a la nouvelle existence que je menais à Gusterloh, achève M. L'Hôte. Quand, un beau jour - ah !oui, vraiment le beau jour ! - on vint mannoncer que j'allais rentrer en France. Vous comprenez ma joie, non, vous ne pouvez pas comprendre. Après dix-sept mois de captivité, j'allais revoir les miens, j'allais retrouver mes amis et ma pauvre petite ville de Baccarat. Quel bonheur ! Ah ! comme le temps me paraissait long maintenant, long, long. Enfin nous quittâmes Gusterloh. On nous emmena à Senlager, où nous passâmes deux jours. Ah ! Senlager, un enfer !
A la frontière on nous fouilla, du moins on fouilla mes compagnons, minutieusement. J'avais, dans la poche intérieure de mon gilet, quelques pièces d'or qui avaient échappé à la curiosité indiscrète de mes gardiens de Strasbourg, de Rastadt, d'Heidelberg et de Gusterloh. Cette fois encore on ne les trouva pas. Les voici.
Et M. L'Hôte étale quatre beaux louis sur la table.
- J'ai dit : «  Les Boches ne les auront pas », et ils ne les ont pas eus. Ah ! ah ! je les ai roulés, les Boches !
Et à cette pensée M. L'Hôte éclate de rire, d'un bon rire sain, heureux et triomphant.
Il a roulé les Boches. »
30 mars 1916
Les Rapatriés
Convoi du 14 mars 1916.
Barbas. - Helluy Edmond, 60 ans, Annemasse (provisoirement).
[...] Convoi du 23 mars 1916.
Leintrey. - Gadat Jules, 47 ans, Annemasse.
6 avril 1916
Les rapatriés
Convoi du 30 mars 1916. - Blâmont : André Joseph-Maximilien, 22 ans, à Annemasse, chez Chatel.

Lunéville
Etat civil du 22 au 29 mars 1916.
[...] Décès. - Du 23 : Marie-Rarbe Roi, veuve Dumas, 82 ans, à. Buriville.
[...]Du 26 : Rose Bouillon, veuve Cajelot, 75 ans, à Saint-Martin.
8 avril 1916
ÉTAT CIVIL
du 5 avril 1916.
Décès
[...]Marie Friot, 32 ans, sans profession, épouse Perrin, Reclonville (M.-et-M.).
9 avril 1916
Les rapatriés
Convoi du 1er avril 1916
[...] Repaix : Michel Louis, Annemasse- - Harbouey : Pierre Emile, id.
16 avril 1916
ETAT CIVIL
Décès
[...] Joseph Clause, 84 ans, sans profession, à Leintrey (Meurthe-et-Moselle).
17 avril 1916
Les rapatriés
Convoi du 1" avril,
Amemoncourt. - Stocard Julien, 51 ans, Belleperche (T.-et-G.).
[...] Autrepierre. - Bregeard Eugène, 35 ans, Mauvezin (Gers).
[...] Harbouey. - Pierre Emile, 40 ans, Laval, 10 rue d'Estuan, chez Mme Munier.
[...] Repaix. - Michel Louis, 38 ans, Montbéqui, par Dieupontale (T.-et-G.).
16 avril 1916
Tribunal correctionnel. - Délit de chasse. - Maire Eugène, 62 ans, manoeuvre à Buriville, a été surpris le 29 mars tendant des collets dans la forêt - Un mois de prison par défaut et 100 francs d'amende.
3 mai 1916
Etat civil (du 19 au 26 avril 1916)
Décès. - [...]
Du 25 : Augustine Dubas, épouse Dubas, 41 ans, à Blâmont.
8 mai 1916
Nos Braves
Le général commandant le ...e corps d'armée cite à l'ordre du corps d'armée :
Marin Louis, sous-lieutenant au 114e régiment d'infanterie : officier énergique et plein d'allant. A brillamment conduit sa section à l'assaut des tranchées ennemies, le 9 mai 1915, au nord d'Arras. A été très grièvement blessé le 11 mai, au cours d'un bombardement. »
Le lieutenant Marin, mort à la suite de ses blessures, était originaire de Blâmont et était le neveu du général Marin, décédé à Nice, il y a deux ans.
17 mai 1916
Obsèques d'aviateurs. - Nous lisons dans l' «  Indépendant » :
«  Les obsèques des victimes d'un accident d'aviation, ont eu lieu mercredi dernier dans une commune des environs de Lunéville qu'une discrétion obligée nous interdit de désigner.
La cérémonie funèbre s'est- déroulée au milieu d'une affluence attristée et recueillie, composée de militaires et de civils.
Les deux cercueils : celui du pilote et celui de l'officier observateur, étaient disposés sous une tente aménagée en chapelle ardente. Enveloppés du drapeau tricolore, ils disparaissaient sous les fleurs et les couronnes apportées par les amis des victimes.
Au premier rang de l'assistance, se tenaient M. le Général commandant la ...e division, entouré de ses officiers d'ordonnance, les officiers aviateurs et des délégations d'officiers de -toutes armes ; M. Edmond Guérin, administrateur de la faïencerie de Lunéville ; la Municipalité et la majeure partie de la commune de ...
Une des victimes, le lieutenant de réserve d'artillerie Henri Obélianne, n'était pas un inconnu pour nous. Il était attaché comme ingénieur, sous-directeur à la faïencerie Keller et Guérin, depuis plusieurs années. Par l'amenité de son caractère, par sa cordialité, il s'était rapidement acquis de nombreuses sympathies, tant à l'intérieur de l'usine que parmi la population lunévilloise.
Les deux frères du lieutenant Obélianne sont déjà morts héroïquement pour la Patrie. L'«  Indépendant » a publié les citations à l'ordre qui honorent, leur mémoire. L'un était avant les hostilités, contrôleur des contributions à Lunéville, comme le fut leur père pendant, de longues années : l'autre, médecin à Blâmont, était allié à la famille Barbé.
Après l'absoute, le cortège funèbre se dirigea vers le cimetière communal où les deux cercueils furent déposés dans des fosses creusées côte à côte.
Les prières liturgiques terminées, des discours furent prononcés par le capitaine commandant l'escadrille à laquelle appartenaient les défunts ; un autre au nom de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole centrale, qui comptait Henri Obélianne parmi les membres, et enfin par M. le Général commandant la ...e division, au nom de l'armée.
Bien des larmes coulèrent pendant cette imposante et triste cérémonie, rappelant aux uns les souvenirs de précieux disparus, aux autres la perte d'un ami très cher. »
11 juin 1916
Lunéville
Tribunal correctionnel.
Détention d'engins prohibés.- Maire Eugène, 62 ans, journalier, réfugié à Buriville, fait opposition à un jugement du 19 avril 1916 qui l'a condamné à un mois de prison et 100 fr. d'amende. Il fut trouvé par la maréchaussée en possession d'engins de chasse prohibés, lacets, etc., qu'il cachait dans ses poches. Le tribunal confirme son précédent jugement.
12 juin 1916
Les rapatriés
Convoi du 7 juin 1916.
[...] Domjevin. - Guise Charles, 17 ans, Lambèze (Gers), chez Mme Gerard.
29 juin 1916
Nos braves
Le maréchal des logis Georges Henry, du 8e d'artillerie, 12e batterie, a été cité en ces termes à l'ordre de son corps d'armée :
«  Excellent sous-officier, très courageux. S'est proposé, le 10 avril 1916, pour aller occuper avec sa pièce un emplacement en caponnière dans nos premières lignes, s'y est maintenu sous des bombardements intenses pendant trois jours, au bout desquels il a été blessé à son poste de combat. »
Le sous-officier Henry est originaire d'Emberménil. Ses parents demeurent à Roville-devant-Bayon depuis le début des hostilités. Nos sincères félicitations.
21 juillet 1916
Les Rapatriés
convoi du 14 juillet 1916
Fréménil - Adam Jean, 55 ans, Azerailles (M.-et-M.)
[...]Igney-Avricourt. - Gérard Alphonse, 56 ans, Lombez (Gers).
19 août 1916
Nos morts glorieuses
Nous apprenons avec regret la mort de M. Gaston Blum, capitaine d'artillerie de réserve, tombé au champ d'honneur, à son poste de combat le 11 juillet dernier,
M. Gaston Blum était sur le front depuis le début de la guerre. Agé de 28 ans seulement, il venait d'être promu capitaine. Il était le gendre et l'associé de M. Edmond Bechmann, de Blâmont, membre de la Chambre de commerce.
Nous prions les familles de vouloir bien agréer nos condoléances émues et sympathiques.
26 août 1916
SAINT-DIÉ
Nécrologie. - Nous apprenons la mort à Blâmont, encore occupé par l'ennemi, de Mme Hennequin, belle-mère de M. Ernest Colin, ancien adjoint au maire de Saint-Dié.
C'est une nouvelle et cruelle épreuve, ajoutée à bien d'autres, qui atteint M. et Mme Ernest Colin. Nous leur adressons, dans ces douloureuses circonstances, nos sympathiques condoléances. E. G.
8 septembre 1916
LUNÉVILLE
Etat civil (du 23 au 30 août).
Décès. - Du 25 : Joseph Malo, 77 ans, sans profession à Mignéville. [...] Du 27 : Camille Mangeot, 55 ans, vannier à Ogéviller.
26 septembre 1916
Commissariats de police
M. Fischer (Louis-Othon), commissaire spécial de police sur les chemins de fer dé l'Est à la résidence d'Igney-Avricourt, est nommé, provisoirement et pour la durée de la guerre, commissaire spécial de police sur les chemins de fer de l'Etat à la résidence de Dieppe en remplacement de M. Daru, qui reçoit une autre destination. Son traitement reste fixé à 8.000 fr.
4 novembre 1916
Lunéville
Tribunal correctionnel
[...]Débits clandestins. - Bezancenez Marie femme Bageot Désiré, 48 ans, sans profession à Bayon, et Jacques-Jeanne-Marguerite, femme Veltin Joseph, 36 ans, brodeuse à Xousse, évacuée â Laronxe, récoltent chacune 16 fr. d'amende pour défaut de déclaration préalable à l'ouverture d'un débit de boissons.
Outrages. - Michel Constant, 82 ans., propriétaire à Reillon, évacué à Saint-Clément, qui s'est vu l'objet de réquisitions gênantes, s'est laissé aller à porter des appréciations injurieuses sur les militaires. Le tribunal ne lui inflige que 16 francs d'amende en raison de son âge, les bons renseignements recueillis sur son compte et sa situation malheureuse.
16 novembre 1916
ÉTAT CIVIL
Du 12 novembre.
Décès
Edouard François, 46 ans, ancien marchand de vins en gros, à Blâmont.

DOULEURS RENCONTRÉES
UN REGARD D'ENFANT
Elle s'appelle Joséphine Flavenot. Elle a douze ans, pas plus, avec une petite frimousse charmante, toute rieuse, un peu pâlie seulement par la douleur physique.
Car cette fillette, deja, a eu beaucoup de douleur.
Et voici cette tristesse : cinq éclats d'obus dont quatre à la tête. L'un d'eux même arracha l'oeil droit, complètement.
Elle avait onze ans alors.
Onze ans ! C'est bien tôt pour souffrir !
La guerre a de ces horreurs...
Au début de cette guerre, la mignonne se trouvait avec sa mère et deux petites soeurs a Leintrey, en Lorraine, tout près de la frontière, sous l'invasion qui déferlait. Pas même le temps de fuir...
Pendant des mois et des mois, ce furent toutes les horreurs de l'occupation, toutes les privations, surtout lorsque, les Français s'étant rapprochés, Leintrey devint, pour la ligne allemande, village d'avant-postes.
Les Boches obligèrent les quelques malheureux qui étaient encore dans le village, à demeurer, espérant, par là, gêner notre tir.
La famille Flavenot tâcha de vivre... On ne lui distribuait, pas de pain. Que pouvaient faire trois petites filles et leur mère, presque infirme, éperdue d'angoisse ?...
La canonnade était incessante : Leintrey étant pour les Français un point stratégique, hélas !
En avril 1915, un jour, il y eut un duel d'artillerie, un duel terrible.
Joséphine était à coudre à la fenêtre, quand un obus, un de ces terribles soixante-quinze, venu de nos lignes, éclata devant la maison et l'enfant fut relevée toute sanglante, un oeil crevé...
Quand les canons se calmèrent, on voulut soigner la petite, on demanda le major. Celui-ci refusa de panser cette blessure d'enfant, effroyable pourtant, et l'oeil resta pantelant.
Il resta pantelant durant trois semaines, trois interminables semaines... Malgré les supplications de la mère, personne ne voulait secourir cette malheureuse.
Seul un gros commandant offrit :
«  Je vais l'envoyer à Berlin...
«  - Avec moi ? fit la mère.
«  - Toute seule ! » précisa-t-il en ricanant.
Au bout d'un mois presque, l'autorité militaire ordonna de balayer, en bloc, les quelques habitants encore présents à Leintrey et la famille Flavenot, bouches inutiles, fut évacuée enfin vers la France, par un voyage compliqué en Bavière, en Saxe, voyage qui, Dieu merci, finit en Suisse.
Là, tout de suite, on eut pitié, et un chirurgien, un grand chirurgien, opéra l'enfant et remplaça l'oeil mort par l'illusion d'un oeil de verre.
Et, après toutes ces fatigues, tous ces malheurs, les Flavenot sont revenus en Lorraine, du côté français, cette fois, à Glonville-, pas loin de Leintrey, voulant être là quand on reprendra ce village !
Que retrouveront-ils, hélas ! de leur maison ?
La petite blessée va mieux... blessée de guerre aussi, blessée à l'ennemi...
Ne trouvez-vous pas que la France lui doit quelque chose à cette fillette ? Sa mère, timidement, a fait une demande au préfet, une demande - elle ne sait pas au juste de quoi...
Que peut-on donner à une enfant en échange de son regard ?... Que peut-on donner aussi pour adoucir cette douleur morale, plus tard, quand elle aura l'âge de comprendre : La douleur d'avoir été frappée par un obus de son pays...
Henry de FORGE.

[NDLR : ce même texte a été publié dans le Journal des Instituteurs du 22 octobre 1916, dans la rubrique Lecture à faires aux élèves. Pour son auteur, voir 1915 - Un écrivain dans les tranchées d'Ancerviller]
28 décembre 1916
LUNEVILLE
Etat civil (du 13 au 20 décembre 1916).
Décès. - [...] Du 16 : Marie Jeanjean, épouse Stourme, 59 ans, à Domjevin.
 

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