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L'Est Républicain
- 1949 -
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26 mars 1949
La grande foire de Blâmont est fixée au 8 avril
La grande foire aux bestiaux du printemps de Blâmont aura lieu
cette année le vendredi 8 avril, sur la place de l'Hôtel de
Ville.
Cultivateurs, retenez cette date, et venez en grand nombre à la
foire aux bestiaux qui a toujours connu un énorme succès.
9 avril 1949
Les prix du bétail à la grande foire de Blamont
BLAMONT. - C'était hier la Foire annuelle de printemps à
Blâmont. Une centaine de têtes de gros bétail avait été amenée
sur le champ de foire.
Voici la moyenne du prix pratiqué dans chaque catégorie :
Bovins. - Génisses de 1 an. 20 000 à 25 000.
Génisses pleines. 50 000 à 60 000
Vaches pleines 60 000 à 65 000
Vaches avec veau 70 000
Vaches d'herbage. 40 000 à 45 000
Boeufs de trait. 70 000
Taureaux, 40 000 à 50 000
Chevaux. - Poulains de 1 an 50.000
Poulains de 2 ans 80 000
Juments pleines 100 000, l'une ayant atteint 130 000
Porcelets - sujets variant de 12 à 13 kilos 4 500
Si très peu de porcelets ont trouvé preneurs du fait de leur
prix jugé trop élevé par les amateurs, de nombreuses
transactions par contre ont été enregistrées sur les bêtes à
cornes. 12 avril 1949
Un train de culture a été vendu hier à Repaix
BLAMONT. - C'en par un temps magnifique que Me Fiévet notaire à
Blâmont, procédé lundi à la vente du train de culture de M.
Marcel Gérard cultivateur à Repaix
Plu» de 2 000 personnes assistaient à cette vente modernisée par
la sonorisation qui fut très appréciée par le public.
un bar et une buvette permettaient également aux acheteurs de se
désaltérer.
Dix chevaux, 30 bêtes à cornes et un important matériel de
culture furent adjugés.
Des juments pleines montèrent jusqu'à 140.000 fr. Les chevaux de
trait se sont vendus de 100 à 110 000 fr ; une pouliche de un
an. 75 000.
Les vaches laitières trouvèrent généralement preneurs à 60 000
fr., mais certaines atteignirent jusqu'à 77 000. Les génisses
pleines se sont vendues 55 000 les génisses de 2 ans, 35 000,
les génisses d'un an, 25 000
Parmi le matériel de culture adjugé citons une
moissonneuse-lieuse à 87 000 francs une faucheuse à S0 000. Une
voiture guimbarde à 40,000. 23 juin 1949
Il n'en faudrait pas absorber beaucoup pour cracher du feu
AVRICOURT (de notre correspondant). - Voulant soutirer du vin
d'une grosse pièce de 227 litres, M. Pierre Dupuy, marchand de
vins en gros a Avricourt (M.-et-M.), s'aperçut, mardi matin, que
de l'essence se trouvait mélangée au vin, en l'occurrence du
Monbazillac 16°.
II porta plainte à la gendarmerie. Les premières observations
permirent de constater qu'une assez grande quantité de vin avait
été soutirée, alors que M. Dupuy n'avait rempli jusqu'ici que 24
bouteilles de 75 centilitres.
La quantité d'essence déversée rend le mélangé actuel très
inflammable. A tel point que si le fût avait été mêché dans de
telles conditions, toute la cave sautait.
Un prélèvement a été effectué pour être soumis à l'analyse. Les
services de la Régie participent à
l'enquête. 1er juillet 1949
Le maire de Laneuveville-aux-Bois trouve une mort tragique
LUNEVILLE (de notre rédaction). - Venant de Frémonville, M.
Maurice Didier, 57 ans, expert en dommages agricoles, maire de
Laneuveville-aux-Bois (M. et-M.), regagnait sur une petite
motocyclette son domicile, mercredi soir, vers 21 h, 30.
A 800 mètres environ avant d'arriver à Blâmont et pour une cause
inconnue, il se jeta contre un arbre situé à gauche de la route
et se fractura le crâne. M. Didier fut tué sur le coup.
Un piéton le découvrit quelques instants plus tard et avisa la
gendarmerie.
Conseiller municipal, puis adjoint à la libération, M. Didier
avait succédé comme maire de Laneuveville-aux-Bois à M. Plerson,
qui fut tué en octobre 1944 au cours d'un bombardement. 5 juillet 1949
6 MORTS 40 BLESSÉS
A 110 à l'heure le rapide STRASBOURG-PARIS déraille à Emberménil
Emberménil (de nos envoyés spéciaux) :
Trois mois après Port-d'Atelier, un nouvel accident de chemin de
fer vient d'endeuiller notre région.
Six morts. Une quarantaine de blessés. Si le chiffre des
victimes n'est pas plus élevé, on le doit sans aucun doute au
fait qu'il s'agit cette fois d'un déraillement et non pas d'un
tamponnement. Aussi, et surtout, au fait que le convoi accidenté
était formé de wagons métalliques qui ont parfaitement résisté
au choc. C'est heureux, car le train était bondé de voyageurs.
C'est peu avant 13 heures - à 12 h. 48 exactement - qu'une
partie du rapide Strasbourg-Nancy-Paris, qui avait quitté
Strasbourg à 11 h. 27 et devait arriver à Nancy à 13 h. 25, est
sortie des voies, à une centaine de mètres avant la gare d'Emberménil,
12 kilomètres environ avant Lunéville.
Du ”shimmy”
Le convoi quittait une courbe assez prononcée, roulant à une
vitesse moyenne de 110 à l'heure, quand le mécanicien perçut des
vibrations anormales. (Quelque chose dans le genre de ce que les
automobilistes connaissent bien sous l'appellation de « shimmy
».) Cette expression devait d'ailleurs être employée devant nous
par un rescapé qui avait nettement perçu, lui aussi, quelque
chose d'insolite dans la courbe.
Le mécanicien freina, mais il était déjà trop tard, une rupture
d'attelage s'était produite, brutale, coupant le train en deux.
La locomotive et les deux premières voitures (1re et 2e classe)
continuèrent normalement sur leur lancée, s'immobilisant un
kilomètre plus loin.
Le wagon-restaurant sort des rails
Que s'était-il passé ?
Pour une raison officiellement non encore déterminée - mais
qu'on a de fortes raisons de croire être une dilatation des
rails sous l'action caniculaire de la chaleur - le
wagon-restaurant, qui se trouvait le troisième, sortit des
rails, enfonçant ses roues profondément et s'immobilisant,
fortement incliné, dans le ballast, sur la gauche de la voie. Le
quatrième wagon (une voiture mixte 2e et 3e classes, de
construction allemande), comme soudé au wagon-restaurant, se
bloqua dans les mêmes conditions, mais en s'inclinant davantage
sur le talus.
Un wagon renversé parcourt 100 mètres sur le ballast
Mais la cinquième voiture devait subir un sort beaucoup plus
rude et ce sont ses occupants qui pâtirent le plus de
l'accident. Le wagon-restaurant et son suivant faisant office de
buttoir, la cinquième voiture (3e classe) eut ses boggies
arrachés ; elle se coucha sur la voie de droite et « ripa » dans
cette position Sur une centaine de mètres, à la manière d'une
luge, dépassant les 3e et 4e voitures immobilisées sur le côté
gauche. Ce sont les voyageurs de ce wagon qui, projetés hors des
portières, ont été écrasés, déchiquetés entre l'énorme masse et
le ballast.
Derrière, deux autres voitures de 3e classe et le fourgon postal
déraillaient, arrachaient les traverses, mais demeuraient
debout. Dans tous les compartiments et dans les couloirs, les
voyageurs et les bagages projetés pêle-mêle occasionnèrent
quelques blessures plus ou moins sérieuses. Mais grâce,
répétons-le, à la rigidité des carrosseries métalliques, le pire
fut évité.
Des débris informes
Aussitôt, de la gare toute proche, des témoins de l'accident
donnèrent l'alarme au village et à Lunéville. Le bras en partie
arraché, le contrôleur du rapide, ayant réussi à se dégager du
cinquième wagon dont il venait d'achever le contrôle, courut
jusqu'à la gare. Quand il y parvint, on s'aperçut qu'il avait,
collé dans le dos, un morceau sanguinolent de cervelle
humaine... De tous les compartiments, des gens hagards, couverts
de sang, des enfants terrorisés et hurlants, sortirent,
cependant que les voyageurs demeurés de sang-froid organisaient
les premiers secours.
Sur plus de cent mètres, des débris humains informes étaient
répandus sur les rails et les traverses rougis de sang. Membres
arrachés, troncs broyés, lambeaux de chair impossibles à
identifier, et qu'on recouvrit rapidement d'un peu de foin
prélevé dans un champ voisin.
Les secours s'organisent rapidement
De service à la gare d'Emberménil, M. Aupetit se trouvait sur le
quai lorsque se produisit l'accident. A son appel, M. Fournier,
facteur-enregistrant, accourut, ainsi que le chef de gare qui
déjeunait.
Vite, M. Fournier ferma les « carrés », car un train montait.
Des secours furent aussitôt mandés par téléphone.
Quelques instants plus tard, toute la population d'Emberménil
venait seconder les efforts des rescapés qui, déjà,
s'empressaient autour des blessés.
M. Thomas, maire d'Emberménil, et M. le docteur Martignon, de
Lagarde, furent au nombre de ceux qui se prodiguèrent les
premiers sans compter.
Bientôt, avec une rapidité digne de tous éloges, les secours
venaient de Lunéville, de Sarrebourg, de Nancy.
De Lunéville, quatorze Secouristes de la Croix-Rouge arrivaient
en un temps record avec quarante brancards, sous la direction-de
M. Dalainzy. Les sapeurs-pompiers les suivaient avec deux
voitures, sous les ordres du capitaine Prud'homme et du
lieutenant Schoepfer ; puis une camionnette de la Faïencerie,
avec M. Debus, directeur technique : une camionnette des
établissements Villard et Weill ; MM. les docteurs Simon, Bichat
et Lassale. Des Lunévillois, comme Mme Bohême, MM. Beylstein
père et fils, s'étaient empressés d'offrir leurs services et
leurs voitures pour le transport des blessés M. Roger Marchal,
directeur du service des travaux, avait, de son côté, amené une
quinzaine d'hommes. Le bureau de garnison dépêchait rapidement
sur place un nombre respectable de véhicules, ainsi qu'un
important détachement du 31e dragons.
De Nancy, les sapeurs-pompiers arrivaient avec deux ambulances
et un fourgon, sous les ordres du capitaine Duroc. Les docteurs
Thomas, de Blâmont, et Gaillard, de Bénaménil, étaient venus
entre temps rejoindre le docteur Martignar. MM. les abbés Denis,
curé de Vaucourt ; Gérardin, curé de Laneuveville-aux-Bois et d'Emberménil,
et Petit, vicaire de Saint-Maur de Lunéville, s'affairaient à
leur côté, ce pendant que les gendarmes, sous les ordres de M.
le capitaine Ravey et de M. l'adjudant-chef Rollin, assumaient
le service d'ordre.
A 14 h. 30, des équipes de déblaiement venues de Nancy et de
Sarrebourg étaient à l'œuvre. Elles devaient être puissamment
aidées par les militaires du 31e dragons, que dirigeaient
personnellement le général de Linarès et le colonel Gouze de
Saint-Martin.
Peu à peu les blessés étaient dirigés, les uns sur l'hôpital de
Lunéville, où le docteur Bohême leur prodiguait aussitôt ses
soins, les autres sur l'hôpital de Sarrebourg.
Tout Lunéville était en émoi et le public se pressait tant
autour de l'hôpital que de la gare pour obtenir des nouvelles.
Le mouvement des voitures de secours et des autos particulières
avait également provoqué une grande effervescence à Marainviller
et Laneuveville-aux-Bois.
Le préfet sur les lieux
Immédiatement prévenu, M. Samama, préfet de Meurthe-et-Moselle,
se rendit sans tarder sur les lieux, où il retrouvait M.
Jacquet, sous-préfet de Lunéville. On notait également la
présence des personnalités suivantes : M. le général de Linarès,
commandant la 2e division d'infanterie ; M. le docteur
Lionel-Pèlerin, sénateur, maire de Nancy ; M. Crouzier, député ;
M. le colonel Gouze de Saint-Martin, commandant d'armes de
Lunéville ; M, le commandant Durieux, commandant la compagnie de
gendarmerie de Meurthe-et-Moselle ; M. le capitaine Ravey,
commandant la section de Lunéville, ainsi que le lieutenant
commandant celle de Sarrebourg ; M. Bourion, commissaire de
police de Lunéville ; M. le chanoine Pourel, archiprêtre de
Lunéville, etc...
L'enquête a été aussitôt entreprise sous la direction de M.
Terrible, inspecteur de l'Exploitation, à Nancy.
Les voyageurs indemnes poursuivent leur voyage
Lorsque tout le monde fut à son poste, les voyageurs indemnes
purent reprendre place dans les deux wagons de tête qui
n'avaient pas quitté les rails. MM. Druost, chef de section, et
Lozier. chef de district à Lunéville, réunissaient sans plus
tarder tous les éléments susceptibles de servir l'enquête.
Celle-ci devait d'ailleurs être ouverte officiellement autour de
15 heures, aveo l'arrivée sur place de MM. Althoffer, juge
d'instruction, et Husson, juge à Lunéville, qu'accompagnait leur
greffier M. Bezancenet.
Des traverses marquées d'une croix blanche
Touchant les causes de l'accident, on ne peut émettre
jusqu'alors que des hypothèses. Un fait ne manque pas de frapper
: à cet endroit, les traverses sont marquées d'une croix
blanche, ce qui indique qu'elles étaient à remplacer. Les rails
ont-ils travaillé ? Si oui, les techniciens pensent que la
chaleur n'y est pas étrangère.
Dans la chapelle de bois sur des brancards...
Les restes des morts furent relevés par des secouristes de la
Croix- Rouge, et transportés sur huit civières à la chapelle
provisoire d'Emberménil, localité très éprouvée par cette
guerre, comme elle l'avait déjà été par celle de 1914- 1918.
Les victimes étaient méconnaissables et leur identification ne
put être faite sur-le-champ, aucune pièce d'identité n'ayant été
retrouvée sur elles. Sur les civières, dans cette chapelle de
bois, au fond de laquelle un Christ étend ses bras, les
pitoyables débris composent un spectacle qu'on ne peut supporter
et qui défie toute description. Seules les familles pourront
rendre possible l'identification. On ne peut, en effet, se fier
aux objets ramassés pêle-mêle avec les morceaux de chair. C'est
ainsi qu'un sac à main gisait sur la voie, au milieu de débris
humains. Il fut réclamé par une voyageuse qui n'était pas
blessée. Ce fait montre que l'identification devra être conduite
avec précaution.
M. l'abbé Petit, vicaire à Saint-Maur de Lunéville, a relevé
quelques indices : initiales sur des bagues notamment, qui
aideront à la reconnaissance des morts.
Les restes déposés à la chapelle provisoire d'Emberménil,
paraissent être ceux de quatre femmes et d'un homme. Parmi les
femmes se trouveraient la tante et la fiancée d'un jeune
Strasbourgeois, M. Suss, qui voyageait avec elles et qui les vit
tomber sur la voie. Lui s'en tira avec une commotion ; le soir
même, après, avoir été réconforté par M. Dalainzy, président de
la Croix-Rouge, il repartit par le train pour Strasbourg.
Veillée funèbre
A 18 heures, un fourgon des Pompes funèbres amenait cinq
cercueils à l'église et on procédait à mise en bière des restes
déchiquetés. Le couvercle des cercueils n'était pourtant pas
vissé en vue de l'identification par les familles. M. l'abbé
Gérardin, curé d'Emberménil, aidé de ses paroissiens, a édifié
une chapelle ardente et, dans la soirée, des âmes pieuses et des
employés de la S.N.C.F. ont veillé.
Le récit d'un témoin
Un Nancéien qui se trouvait dans le rapide, dans la seconde
voiture avant le wagon-poste, nous a fait ce récit :
« J'étais assis. Je causais avec un compagnon. Tout à coup,
j'eus l'impression que ça tanguait. Habitué à voyager, je me dis
aussitôt : « On y va ! » Pétrifié, je me cramponnai comme je le
pus. Déjà les bagages quittaient les filets et tombaient sur les
voyageurs. Le wagon s'immobilisa. Je compris qu'un accident
venait de se produire. Hébété, je regardai d'abord dans le
couloir pour voir s'il y avait des blessés. Il y en avait, mais
peu atteints, me sembla-t-il. Des cris s'élevaient. Je sortis du
train et vis l'affreux tableau. C'est à ce moment que je
m'aperçus que nous étions près d'une gare. Des employés de la
gare arrivaient en courant. Des voyageurs indemnes se portaient
au secours des blessés. Le mécanicien se précipitait vers nous.
Le chef convoyeur du wagon postal était atteint. Il ne voulait
pas abandonner les sacs postaux et valeurs dont il avait la
garde. Il fallut presque le faire sortir de force. Encore
voulut-il, auparavant, signer quelques papiers pour se garantir.
Un cheminot du convoi fut admirable. Il était blessé à la main ;
de la chair humaine était collée à son dos. Il s'empressa auprès
des blessés, lui aussi... »
LA LISTE DES VICTIMES
Dans la soirée d'hier, on était parvenu à identifier, non sans
mal, deux des cinq victimes transportées à la petite chapelle d'Emberménil.
Il s'agissait de Mlle Mariette Sustraut, 52 ans, 17, rue du
Champ-de-Mars, à Paris, et de Mlle Katz Silas, 18 ans, chez Mme
Doberer, 4, rue Sainte-Hélène, à Strasbourg.
Pour aider à l'identification des trois autres victimes, voici
d'elles un bref signalement :
Il y a d'abord une femme âgée de 60 à 70 ans. Elle portait une
chaîne en or avec deux médailles : l'une à l'effigie du pape Pie
XI, une autre médaille et un scapulaire.
Une autre femme avait au doigt une alliance en platine,
incrustée de pierres précieuses. La malheureuse était enceinte.
Enfin, un homme, avec une chevalière gravée aux initiales F. W.
ou J. M. (la gravure était mauvaise).
LES BLESSÉS
Une des blessées transportées à l'hôpital de Lunéville ne devait
pas tarder à succomber. C'était une jeune fille de 20 ans, Mlle
Thérèse Jeanjean, fille du colonel Jeanjean, commandant la place
de Sarrebourg. Une autre blessée devait être amputée d'une jambe
: Mme Geneviève Goury, née Blanrue, 21 ans, demeurant 25, rue
Saint-Michel, à Nancy.
Mme Goury est employée comme secrétaire dans les bureaux de la
Reconstruction et de l'Urbanisme. Elle est mariée depuis un an.
Elle avait pris le train samedi pour aller voir son mari à
l'école des maîtres vérificateurs de Colmar. Et c'est en
revenant qu'elle a été victime de l'accident.
L'hôpital de Lunéville devait recevoir une trentaine d'autres
blessés plus ou moins graves, dont quelques uns purent être
reconduits chez eux après pansement. Voici la liste de tous les
blessés soignés par l'hôpital :
Mme Jeanjean, épouse du colonel Jeanjean, Sarrebourg ; Mme
Cauchy, 56, rue de la Rochefoucault, Paris ; Mlle Muhr
Georgette, Molsheim (Bas-Rhin) ; Mme Yvonne Eckert, Strasbourg ;
Mlle Marie Rapp, 26, avenue de la Robertsau, Strasbourg ; Mme
Fassnacht, 29, avenue de la Forêt-Noire, Strasbourg ; Mlle
Thérèse Mayer, Hargen, près Saverne ; Mme Gazon Juliette, 58
ans, Affracourt (M.-et-M.) ; Mlle Laccourege Arlette, de la
Bastille, Castel-Amanoux (Lot-et-Garonne) ; Mme Kromer, née
Lucienne Colinot, 94, rue Heurault, Auberviliers (Seine) ; Mme
Suzy Epstein et sa fille. Strasboug ; Mme veuve Godard, 2, rue
du Grenier- à-Sel, à Châlons-sur-Marne ; Mlle Colette Aubertin,
à Flin ; Mme Foltz Doris, 102, boulevard Arago, Paris.
MM Fischer Georges, 12, rue Lerozier, Paris (15e) ; Tschupp
Paul, 7, place de la Liberté, Sarrebourg ; Grosjean Aimé, 6, rue
G.-Taral, Bobigny (Seine), postier ambulant ; Parisot Gilbert,
4, Porte Ménilmontant, Paris (20e) ; Laval Henri, 4, rue Thiers,
Rennes ; Trouve Raymond, Mehun-sur-Yèvre (Cher) ; Buchesenschutz
Paul, chez Mme Sutter, 13, rue de Serre, Nancy ; Jeanjean
Jacques, 10 ans, 15, rue de la Division-Leclerc, Sarrebourg ;
Jeanjean François, 19 ans, Sarrebourg; Kromer Léon, 94, rue
Heurault, Aubervilliers (Seine); Margne André, 7, rue Durnouf,
Paris (19e) ; Halacziewitz Stephan, Polonais, venant de Rastatt
; Jeandel Camille, 9, rue Emile-Gebhart, Nancy ; Rœser, à Briey
; colonel Berenger, en retraite, à Marseille, boulevard Perrin.
A cette liste déjà trop longue, il convient d'ajouter un certain
nombre de voyageurs qui, atteints superficiellement, reçurent
des soins sur place ou même dans les pharmacies de Lunéville.
M. Samama, préfet de Meurthe- et-Moselle, le général de Linarès,
M. Jaquet sous-préfet de Lunéville, le colonel Gouze de
Saint-Martin, et M. Bisiaux, maire de Lunéville, sont allés
rendre visite aux blessés à l'hôpital de Lunéville.
A l'hôpital de Sarrebourg
M. Cathal, préfet adjoint de la Moselle ; M. Robert Sérot,
président du Conseil Général ; M. Mourer sous-préfet de
Sarrebourg, et M. Emile Peter, maire de Sarrebourg, se sont
rendus hier, vers 19 heures, à l'hôpital Saint-Nicolas à
Sarrebourg, au chevet des quelques blessés de l'accident d'Emberménil,
hospitalisés à Sarrebourg.
M. Cathal eut un mot de réconfort pour chacun.
Parmi les blessés, nous relevons les noms de : Mlle Marie Scholl,
demeurant à Walscheid, née le 9 avril 1897, qui a été amputée du
bras gauche ; Mlle Marie Schlosser, née le 22 janvier 1932,
blessée au bras gauche avec fracture du coude, originaire de
Walscheid ; Mlle Henriette Gribia, âgée de 19 ans, originaire de
Foug, près de Toul, avec des blessures sans gravité à la tête ;
M. Robert Rœser, né le 3 septembre 1928, demeurant à Bischheim,
avec blessures au bras gauche et fracture du coude ; M. Tschupp,
directeur des contributions directes à Sarrebourg, blessé assez
gravement aux deux jambes.
Certaines des victimes se rendaient-elles au Congrès
Eucharistique de Nancy ? On peut le supposer car parmi les
débris humains non identifiés qui reposent dans la chapelle
ardente d'Emberménil, on a trouvé un fascicule du congrès rédigé
en langue allemande.
Son sixième accident de chemin de fer !
M. Raymond Cuvelier, demeurant 60, rue Nationale, a Paris (13e),
est serveur à la Compagnie des wagons-lits « C'est la sixième
fois en 14 ans que je suis rescapé d'une catastrophe ferroviaire
», nous apprend-t-il avec une certaine philosophie.
« J'achevais le premier service, nous déclare-t-il, le second
devant débuter à partir de Nancy. J'allais servir le café aux 27
clients qui achevaient leur repas, lorsque le choc, brutal,
terrible, se produisit. Je fus projeté au fond du wagon avec mon
plateau et ma cafetière, tandis que tous les voyageurs
s'entassaient violemment du même côté au milieu de la vaisselle
et des verres brisés. »
« Je n'eus qu'un souci : empêcher la panique. « Que personne ne
bouge, criai-je. Ce n'est rien. » Mais il y avait là deux
enfants en compagnie de leur maman. Leurs cris étaient
inhumains. Rapidement, je constatai qu'il n'y avait pas de
blessés sérieux. Seul, un monsieur d'un certain âge, légion
d'honneur à la boutonnière, et qui avait fait, sous le choc, une
cabriole impressionnante, m'a paru très gravement atteint à la
tête et sans doute à l'intérieur du corps. »
Parmi le personnel du wagon-restaurant quelques bosses et
quelques plaies. Le « chef » a été brûlé au bras et blessé à
l'épaule.
Le reportage photographique que nous publions sur l'accident d'Emberménil
a été réalisé par M. Odinot, photographe à Lunéville, et M.
Bollaert reporter-photographe à « L'Est Républicain ».
LES BRAVES
Nous avons dit plus haut que le premier geste du contrôleur
avait été, bien que blessé et perdant son sang en abondance, de
courir à la gare voisine pour faire prendre les mesures de
sécurité.
Dans leur wagon postal, en queue du convoi, les ambulants,
occupés a trier le courrier, avaient été projetés au sol et
sérieusement touchés. Quand les sauveteurs voulurent les
évacuer, ils refusèrent d'abandonner la garde de leur courrier.
Il fallut que les médecins se fâchent ; « Votre vie avant tout
», et que l'assurance leur soit donnée qu'une garde vigilante
veillerait sur les sacs postaux, pour que les postiers acceptent
de se laisser transporter en ambulance à l'hôpital de Lunéville.
Ajoutons que le courrier a été entièrement sauvé. 6 juillet 1949
Le déraillement d'Emberménil
4 corps identifiés
Douze heures après la catastrophe un rail s'affaisse au passage
d'un train : ACCIDENT ÉVITÉ
Lunéville. - La catastrophe d'Emberménil a mis en émoi toute la
région de Lunéville. On a fort commenté hier les circonstances
du déraillement. Que l'accident ait été occasionné par la
chaleur, peu de personnes le croient. Ceux qui ont constaté
l'état des traverses de la voie, marquées d'une croix blanche,
pensent qu'il faut voir là la cause première.
Les travaux de déblaiement ont été menés rapidement. Lundi, vers
18 heures, une grue arrivait de Metz avec son personnel et. pour
19 heures, le wagon qui s'était couché et avait le plus souffert
était rangé sur le quai. Deux autres grues, venues un peu après
de Nancy et Strasbourg avec leurs équipes, retiraient les trois
voitures enfoncées dans le ballast. En même temps commençaient
les travaux de réfection.
Eclairés par des phares à acétylène, une équipe de 120 hommes du
service de la voie travailla toute la nuit, sous la direction de
M. Druost, chef de section. Dans la journée de mardi, ils
étaient au nombre de 150.
Fausse alerte
Lundi, vers 23 heures, un raccordement provisoire était réalisé
avec la voie venant de Strasbourg, ce qui permit le passage de
l'express 18 se dirigeant sur Paris et passant à Lunéville à
minuit 43. Naturellement, le convoi franchit le lieu de
l'accident à une vitesse très réduite. Cependant, par le poids,
un rail devait céder, et une forte secousse précipita les
voyageurs les uns sur les autres, mais, fort heureusement, aucun
d'eux ne fut blessé.
L'émotion qui les étreignit fut d'autant plus vive qu'ils
étaient tous au courant de la catastrophe survenue douze heures
plus tôt. Le train put continuer sa route avec un peu de retard.
Les voies étaient définitivement déblayées mardi à 5 h. 30 du
matin, et dès 7 heures, tous les trains de voyageurs se
dirigeant vers Sarrebourg circulaient sur la voie de service,
les trains de Paris étant détournés par Metz.
Les deux lignes étaient remises en état pour 17 h. 30, mais les
trains ne circulaient encore qu'à une vitesse très réduite.
Aujourd'hui, le trafic se fera normalement.
Les dégâts
Les wagons qui, fort heureuse ment, étaient en tôle, n'ont
apparemment pas souffert. Seule, la carrosserie du wagon qui a
été traîné sur une centaine de mètres est sérieusement
endommagée.
Les boggies se sont détachés du second au moment de son
soulèvement, mais les quatre autres, dont la voiture poste et le
wagon restaurant, rangés à présent sur une voie de garage, ont
seulement quelques vitres brisées et les soufflets détériorés.
A la chapelle ardente
La petite chapelle provisoire de la commune d'Emberménil a été
tendue de noir et une chapelle ardente a été dressée par les
soins de M. l'abbé Gérardin, curé de Laneuveville-aux-Bois et
Emberménil. Devant l'autel sont exposés les cinq cercueils où
reposent les restes des malheureuses victimes. Les cheminots se
relaient pour monter une garde d'honneur.
Un nombreux public, venu des villages environnants et de toute
la région, a défilé durant toute la journée de mardi devant les
corps.
Mgr Fleury, évêque de Nancy et de Toul, accompagné de M. le
vicaire général Froment et de M. le chanoine Hartmann, est venu
s'incliner devant les dépouilles mortelles.
La petite chapelle a également reçu la visite des familles
venues se recueillir sur leurs disparus. Les obsèques auront
lieu aujourd'hui, à 9 h. 30, à Emberménil.
Identification difficile
Quatre nouveaux corps ont été identifiés : Mlle Mariette
Sustraud, 52 ans, 17 chemin du Champ-de-Mars, à Paris, et sa
nièce, Mlle Silas Katz, 18 ans, habitant chez Mme Dorbel, 4, rue
Sainte-Hélène, à Strasbourg ; Mme Camille Caillaud, née Lévy, 66
ans, 2, rue Pierre-Levée, â Paris, et Gilbert-Georges Weiss. 16
ans, 13, rue des Lentilles, à Schiltigheim.
Seule, une femme paraissant âgée de 65 à 70 ans n'a pas encore
ou être identifiée.
L'identification de Mlles Sustraud et Katz furent relativement
faciles puisque le neveu de la première voyageait avec elles et
assista à leur mort.
Pour Gilbert Weiss, c'est grâce à une chevalière aux initiales
de son père qu'il portait à un doigt que son cousin a pu le
reconnaître.
Venant de Strasbourg, Mme Caillaux avait au doigt une alliance
en brillant où manquait un éclat de diamant qu'elle avait mis
dans une enveloppe. Ce sont ces deux objets qui ont permis à sa
belle-sœur de l'identifier.
Enfin, la levée du corps de la sixième victime, Mlle Jeanjean, a
eu lieu hier à l'hôpital de Lunéville.
Les bagages des voyageurs ont été déposés en gare de Lunéville.
Après inventaire, ceux portant une adresse seront adressés aux
intéressés. Les autres pourront être réclamés par leurs
propriétaires.
Les blessés hospitalisés à Lunéville
Voici la liste des blessés qui étaient hospitalisés, hier, à
Lunéville :
MM. Margne André et Blondot Marcel, tous deux de Paris
(blessures à la tête et côté gauche) ; Grosjean Aimé, Bobigny
(contusions) ; Parisot Gilbert, Paris (contusions internes) ;
Buchsenschutz Paul, Chagny (Hte-Saône), (fracture épaule gauche)
; Fischer Georges, Paris (fracture bras gauche) ; Juteau
Auguste, Paris (côtes fracturées) ; colonel Henri Berenger,
Marseille (contusions à la tête et au corps).
Mmes Juteau Auguste, Paris (commotion) ; Goury Jean, 25, rue
Saint-Michel, Nancy (blessée au pied droit) ; Gouchy Paul, Paris
(blessée à la jambe droite) ; Gazon, à Affracourt (plaie genou
droit) ; Berenger Henri, Marseille (contusions).
Mlles Muhr Georgette, Molsheim (contusions à une jambe) ; Comte
Geneviève, Aubervillers (amputation jambe gauche) ; Rapp Marie,
Strasbourg (fracture bras gauche); Eckert Yvonne, Strasbourg
(contusions internes).
Trois de ces personnes sont gravement atteintes ; six le sont
sérieusement.
Dans la liste parue hier matin, il a été indiqué par erreur que
Mme Goury, de Nancy, avait été amputée d'une jambe. Mme Goury,
blessée aux pieds, est dans un état relativement satisfaisant.
C'est Mlle Geneviève Comte, âgée de 20 ans, et domiciliée à
Aubervilliers (Seine), qui a dû subir l'amputation d'une jambe.
Son courage, son cran, sont dignes d'admiration.
Dans la matinée d'hier, M. Jaquet, sous-préfet ; M. Gravier,
sénateur ; M. Bisiaux, maire de Lunéville, et S.E. Mgr Fleury,
évêque de Nancy et de Toul, qu'accompagnait M. le vicaire
général Froment, se rendirent au chevet des blessés pour leur
prodiguer des paroles de sympathie.
Trois blessés ont quitté l'hôpital de Sarrebourg
Mlle Marie Scholl, de Waldscheid, qui a subi l'amputation du
bras gauche, et M. Tschupp, receveur de l'Enregistrement,
soignés à l'hôpital de Sarrebourg, sont en bonne voie de
guérison.
Les autres victimes admises dans cet hôpital dans la journée de
lundi : Mlle Marie Schlosser, de Walscheid ; Mlle Henriette
Gribia, de Foug,- près de Toul, et M. Robert Rœser, de Bischeim,
ont regagné leur domicile respectif en fin d'après-midi d'hier.
Deux demandes d'interpellation
M. Jean Crouzier, député de Meurthe-et-Moselle, a fait déposer
sur le bureau de l'Assemblée Nationale une demande tendant à
interpeller le gouvernement « sur les conditions dans lesquelles
s'est produit l'accident de chemin de fer survenu le 4 juillet,
à Emberménil ».
On sait que, la veille, M. Kriegel-Valrimont, député communiste
de Meurthe-et-Moselle, avait déposé une même demande.
Jamais deux sans trois!
Cette fois, le Paris-Strasbourg abordait à 90 à l'heure la gare
d'Emberménil
Le sang-froid d'un contrôleur évite une nouvelle catastrophe
Un troisième accident, qui aurait pu avoir les plus graves
conséquences, a failli se produire, hier, vers midi, au moment
où le train rapide qui quitte Paris à 8 heures passait en gare
d'Emberménil.
Le convoi roulait à environ 90 kilomètres à l'heure en
approchant de cette dernière station, lorsque des ouvriers
travaillant sur la voie, affolés à la vue d'une pareille
vitesse, firent signe de ralentir. Ce que voyant, 1e contrôleur
tira la sonnette d'alarme.
Le train s'immobilisa peu avant l'endroit où s'était produit le
premier accident de la veille.
Le mécanicien a déclaré que la gare n'étant pas couverte, il
n'avait vu aucun signal lui ordonnant de ralentir. De l'avis des
experts, le rapide aurait dû rouler à une dizaine de kilomètres
à l'heure au maximum.
Dès qu'ils ont eu connaissance de sa conduite, les voyageurs ont
tenu à féliciter le contrôleur. 8 juillet 1949
L'enquête sur le déraillement
LUNEVILLE (de notre rédaction). - Le juge d'instruction de
Lunéville a nommé un expert, M. Marchal, directeur des travaux
municipaux, en vue de faire l'examen des traverses sur les lieux
de l'accident du Strasbourg-Paris. D'autre part, le juge
d'instruction a ordonné la saisie des wagons en vue d'une
expertise.
Les boggies seront également examinés afin de rechercher les
responsabilités sur le plan pénal.
La bande Flamant qui a été saisie indiquerait qu'au moment de
l'accident le train roulait à 109 kilomètres à l'heure.
De leur côté, les gendarmes et la police judiciaire continuent
leur enquête. 13 juillet 1949
L'accident d'Emberménil devant l'Assemblée Nationale
Un débat immédiat vainement réclamé par Crouzier et Kriegel-Valrimont
En fin de sa séance d'hier après-midi, l'Assemblée Nationale a
décidé de suspendre ses travaux ce soir, après avoir terminé le
débat sur la Sécurité sociale, et de les reprendre mardi
prochain.
Intervenant à ce sujet. M. Jean Crouzier (P R L M-et-M) protesta
contre le fait que son interpellation sur la catastrophe de
chemin de fer d'Emberménil ne sera pas discutée cette semaine.
Il indiqua qu'il démontrerait que cet accident, qui a fait six
morts et cinquante blessés, n'est dû ni à la fatalité, ni, comme
le prétend la SNCF, à une déformation de la voie sous l'action
de la chaleur solaire ; il prouvera, au contraire, par des faits
irréfutables, que certaines responsabilités sont engagées.
« Nous perdons assez de temps ici en débats stériles, s écria M.
Crouzier. pour que l'on ne nous refuse pas d'examiner, pendant
une heure un problème aussi grave que celui de la sécurité des
voyageurs On a le sentiment que le Gouvernement cherche à
couvrir des négligences et des responsabilités »
M. Kriegel Valrimont (communiste M.-et-M), auteur d'une demande
d'interpellation sur le même sujet, insista lui aussi pour qu'il
y ait un débat, aucune indication véritable n'ayant été donnée
sur les causes exactes de l'accident.
M. Edouard Herriot répondit qu'il n'y avait aucune opposition de
principe pour un débat de ce genre, mais que la Conférence des
présidents, en raison de la sur charge de l'ordre du jour, avait
décidé de refuser jusqu'à nouvel ordre toute interpellation. Et
l'affaire en resta là. 30 août 1949
M. Jean Crouzier
député de Meurthe-et-Moselle, vice-président du Conseil général,
maire de Blâmont
chevalier de la Légion d'honneur
Nous avons annoncé la nomination au grade de chevalier de la
Légion d'honneur pour services de guerre exceptionnels, de M.
Jean Crouzier, députe de Meurthe-et-Moselle, vice-président du
conseil général, maire de Blâmont. Cette nomination comporte
l'attribution de la croix de guerre avec palme.
M. Jean Crouzier, qui assume les fonctions de maire de Blâmont
depuis 12 ans, commandait en 1939 une batterie d'artillerie de
75 sur la ligne Maginot.
Dès sa démobilisation en 1940, il reprenait son poste à la
mairie. II devait, au cours des quatre années d'occupation, et
surtout pendant la période tragique qui précéda la libération de
la ville, donner la mesure de son dévouement, de son énergie et
de son courage.
Ayant toujours fait preuve de dignité et de fermeté à l'égard de
l'occupant, ainsi que le soulignait M. le préfet Blache dans une
lettre de félicitations, M. Jean Crouzier eut une conduite digne
de tous les éloges, en 1944, pendant les dix semaines
d'isolement du canton de Blâmont, et spécialement au cours des
violents bombardements qui détruisirent une partie de la ville.
On peut affirmer que c'est grâce à l'attitude courageuse et à
l'action de son maire, que la population de Blâmont n'a pas eu à
déplorer un plus grand nombre de victimes. Se dépensant sans
compter, avec le plus grand mépris du danger, il organisa les
secours, assura le ravitaillement de la population passée de
1.600 à plus de 3.000 âmes par suite de l'arrivée des personnes
expulsées des communes voisines et enfin permit, par son action
personnelle, le sauvetage en pleine nuit sous les obus, des 110
enfants de la pouponnière en feu.
Refusant par la suite d'exécuter l'ordre d'évacuation de la
population qui lui était notifié par les Allemands, il sauva
d'une mort certaine un grand nombre de ses administrés.
Pendant la guerre, M. Jean Crouzier avait hébergé des
prisonniers et Alsaciens-Lorrains en fuite, aidé des patriotes
poursuivis par la Gestapo, confectionné des fausses cartes
d'identité, apporté son aide aux jeunes gens du maquis, etc.
Entré au conseil général de Meurthe-et-Moselle en 1945, il a été
brillamment réélu le 20 mars 1949 par 96 % des voix, ce qui
montre l'estime dont il jouit dans son canton. Il est maintenant
vice-président de l'assemblée départementale.
Elu député le 10 novembre 1946 sur la liste du président Louis
Marin, il est membre de la commission de l'Intérieur et
secrétaire de la commission de la Reconstruction de l'Assemblée
générale.
On sait l'activité qu'il déploie au Parlement et dans notre
région, spécialement pour la défense des sinistrés. Il est
membre de la caisse autonome de la Reconstruction,
vice-président de la Confédération nationale des Groupements
d'Emprunts pour la Reconstruction et de la Fédération
départementale des Sinistrés de Meurthe-et Moselle, du
Groupement d'Emprunt pour la reconstruction de notre
département, etc.
Ajoutons que M. Jean Crouzier a exercé pendant 22 ans les
fonctions de notaire à Blâmont. L'honoriat de sa profession lui
a été conféré II y a quelques années. 21 octobre 1949
MEDAILLE DU COURAGE ET DU DEVOUEMENT
Au cours des cérémonies qui ont marqué la remise de la croix de
guerre à la ville de Blâmont, le sous-préfet de Lunéville a
décerné, au nom du sous-secrétaire d'Etat à la Guerre, la
médaille du Courage et du Dévouement à Me Jacques Crouzier,
avocat stagiaire à la Cour d'Appel de Nancy, pour son attitude
courageuse lors de la libération de Blâmont et notamment de
l'incendie de la pouponnière. 17 novembre 1949
Deux locomotives se télescopent en gare d'Igney-Avricourt
SARREBOURG (de notre correspondant). - Mercredi matin, vers 5
heures, la gare d'Igney-Avricourt (Moselle), a été le théâtre
d'un accident ferroviaire qui n'a heureusement pas fait de
victime.
Mal aiguillé une locomotive qui aurait du se garer sur une voie
secondaire, atterrit en définitive sur une ligne où arrivait à
vive allure un train de messageries.
Le mécanicien de la machine mesurant le danger n'eut que le
temps de sauter. Il était trop tard déjà pour faire marche
arrière.
Le choc fut violent et le train de messageries dérailla. Les
deux locomotives subirent de très gros dommages. Plusieurs
wagons furent broyés et l'un d'eux projeté à 7 mètres de
hauteur.
L'équipe de la machine tamponneuse devait sortir de l'accident
avec de légères contusions.
Des équipes de secours, venues de Nancy, ont déblayé les lieux. 3 décembre 1949
L'ACCIDENT du Strasbourg-Paris à Emberménil a été évoqué hier au
Palais-Bourbon
L'abbé Pierre Grouès, député M.RP. de Meurthe-et-Moselle. avait
demandé au ministre des Travaux Publics, à la suite de
l'accident du Strasbourg-Paris, à Emberménil, le 4 juillet
dernier, « étant donné les négligences que l'enquête avait
révélées relativement à l'entretien des voies », quelles mesures
ont été prises pour rechercher les responsabilités et pour
empêcher le renouvellement de semblables catastrophes.
Un « regrettable concours de circonstances »
Une réponse lui a été donné» hier après-midi devant une
Assemblée Nationale réduite à 40 membres. Ni l'auteur de la
demande ni le ministre intéressé n'étaient présents. C'est, on
ne sait trop pourquoi, M. de Tinguy, sous-secrétaire d'Etat aux
Finances. qui a expliqué qu'on se trouvait devant « un
regrettable concours de circonstances » : affaissement par
soufflage d'une section de la voie qui n'était pas en très bon
état ; fortes chaleurs qui, agissant sur les joints, avaient
entraîné une déformation de la voie; enfin, défectuosité de la
locomotive, un ressort de rappel de boggie étant insuffisamment
tendu. On ne peut dire quel fut l'élément déterminant. L'enquête
n'est d'ailleurs pas achevée.
M. Albert Schmitt député M. R.P. du Bas-Rhin, donna la réplique
au sous-secrétaire d'Etat. Tout en lç remerciant de sa réponse,
et en se félicitant que, contrairement a certains bruits,
l'accident du 4 juillet ne fut pas dû à des négligences des
techniciens ou du personnel de la voie, il fit observer qu'un
autre accident s'était produit au même endroit, deux jours plus
tard, accident qui aurait eu pour cause la rupture d'un rail.
Or, cette rupture remonte à l'époque de l'occupation. et il est
inadmissible que cinq ans après la libération elle n'ait pas été
constatée.
On a le temps...
L'incident en resta là, et le reste de la journée tut consacré à
la réforme de la banque de Madagascar, et au statut des agents
communaux type des débats avec lesquels « on amuse le tapis »,
tandis que l'étude des grandes questions ne fait pas le moindre
progrès. Mais rien ne presse, n'est-ce pas ? André BALLET.
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