23 janvier 1886 - n° 4 - p. 72
VARIETE.
L'abbé Gabriel Mollevaut [...]
[En note] Nous nous permettons de citer ici quelques
lignes de Chatrian, écrites en 1799. Elles nous semblent jeter
une lumière toute nouvelle sur l'élection de Grégoire, et
réduire à leur très juste valeur les dithyrambiques éloges
adressés sur commande au désintéressement et à
l'incorruptibilité de l'intrigant abbé devenu, peu après, évêque
intrus et schismatique.
« Mgr de Nancy fut nommé premier Electeur par acclamation dans
la Chambre du clergé, mais il voulut que pour se mettre en
règle, on procédât par la voie du scrutin. On donna les
bulletins et il ne lui manqua que deux voix, la sienne et une
autre. Le Prélat a cru longtemps que c'était celle de M.
Charlot, curé de Saint-Sébastien, ou de M. Mollevaut, curé de
Saint-Fiacre. Nous croyons avoir de bonnes raisons pour penser
que ce fut celle du sieur Guilbert, ex-curé, chanoine de la
Cathédrale et vice-official, personnage dévoré d'une secrète
ambition. Quoi qu'il en soit, M. de La Fare en conçut une telle
indisposition contre ses curés en général que lors des
assemblées des électeurs pour se réduire, s'étant vu nommer le
premier Député du bailliage de Nancy, et ne devant y en avoir
que deux (sic), loin de montrer la moindre velléité d'avoir un
de ses curés pour compagnon de la députation, il favorisa le
dessein des électeurs étrangers à son diocèse d'avoir le second
député pris parmi eux, et, par une gaucherie impardonnable, il
se laissa prendre aux belles phrases et aux compliments
flatteurs (sic) du sieur Grégoire, curé d'Emberménil, diocèse de
Metz, l'un des électeurs du bailliage de Lunéville, qu'il
travailla efficacement à le faire choisir pour second député,
démarche dont il ne tarda à se repentir immédiatement après
l'ouverture des Etats-Généraux, et dont il a eu tout le temps de
se faire depuis les plus cuisants reproches. »
Ajoutons que, malgré l'appui épiscopal, Grégoire ne passa qu'au
troisième tour de scrutin. Aussi ne faut-il pas voir qu'une
hyperbole dans ces mots de Ch. Dugast (loc. cit.) reproduits
dans un récent éloge académique : « Son nom sortit le premier de
l'urne électorale. » M. Carnot dit seulement : « Son nom sortit
avec éclat de l'urne électorale. » Le complément indirect de
manière est encore ici d'une complète superfluité. L'historien
le plus véridique est Grégoire lui-même. qui, contre sa coutume,
nous dit avec une concision modeste et réfléchie : « Nommé aux
Etats-Généraux, j'arrive à Versailles. » (Mémoires, t. 1, p.
378.)
6 février 1886 - n° 6 - p. 111
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. l'abbé
Remy-Michel PINOIT, décédé le 1er février, à l'âge de 72
ans.
Né à Blâmont en 1814, ordonné prêtre en 1839, M. Pinoit fut
successivement vicaire à Favières, à Nomeny et à Deneuvre. Nommé
curé à Gézoncourt, en 1845, il exerça le saint ministère dans
cette paroisse jusqu'en 1880. A cette époque sa santé l'obligea
à renoncer à ses fonctions : il resta néanmoins comme prêtre
habitué dans la paroisse.
C'est là qu'après une longue maladie, supportée avec
résignation, il est mort lundi dernier en offrant sa vie au bon
Dieu pour le salut de ses anciens paroissiens.
M. Pinoit était membre de l'Association de prières.
13 février 1886 - n° 7 - p. 125
DIOCESE.
ACTES OFFICIELS.
[...] Vicariats supprimés.
M. le Préfet de Meurthe-et-Moselle, par une lettre du 2
février 1886, a adressé à Monseigneur l'Evêque de Nancy, à titre
de notification, copie de trois arrêtés en date du 26 janvier
1886, par lesquels M. le Ministre de l'Instruction publique, des
Beaux-Arts et des Cultes a décidé la suppression, à partir du
1er février courant, de l'indemnité annuelle de 450 francs
précédemment attribuée, sur les fonds de l'Etat, à 24 vicariats
du diocèse de Nancy.
Le 1er arrêté comprend 9 vicariats inoccupés depuis plus de cinq
ans dans les paroisses suivantes: Malzéville, Dieulouard,
Flavigny, Tonnoy, Badonviller, Bayon, Ogéviller, Favières et
Conflans.
Le 2° arrêté comprend 8 vicariats dont les Conseils municipaux
ont demandé la suppression et qui étaient établis dans les
paroisses suivantes: Liverdun, Foug, Beuvillers, Gondreville,
Blénod-lès-Toul, Frouard, Haroué et Bertrambois.
Le 3e arrêté comprend 7 vicariats existant dans des villes de
plus de 5,000 habitants: deux à Saint-Nicolas-du-Port, deux à
Baccarat, deux à Longwy et un à Saint-Maur, de Lunéville.
8 mai 1886 - n° 19 - p. 365
Nécrologie.
Au moment de mettre sous presse, nous apprenons la mort de
M. Carier, curé
de Gripport.
Né à Blémerey en 1814, ordonné prêtre en 1839, il fut
successivement vicaire à Gripport, curé à Germonville, puis à
Gripport, où il est décédé le 5 mai 1886.
M. Carier était membre de l'association des prières.
15 mai 1886 - n° 20 - p.386
M. le curé de Gripport.
La paroisse de Gripport vient d'être cruellement frappée dans la
personne de son pasteur,
M. l'abbé Joseph
Carier, qui à rendu son âme à Dieu, mercredi 5 mai. Le
service funèbre eut lieu le surlendemain, vendredi. Ses
paroissiens, par leur concours, l'unanimité de leurs regrets,
lui firent les plus belles funérailles qu'un coeur de prêtre
puisse ambitionner.
L'estime et l'affection qui s'attachaient à la personne de M.
Carier dépassaient de beaucoup les étroites limites de sa
paroisse. M. le curé de Gripport comptait dans tout le voisinage
de nombreux amis qui, depuis longtemps, avaient su apprécier en
lui de rares qualités de caractère et de coeur, rehaussées par la
plus exquise modestie. Tous ces amis étaient de ceux qui
persévèrent, et ils étaient tous là, recueillis dans leur
douleur fidèle, au dernier rendez-vous. Quelques-uns, retenus
pur la distance ou la maladie, nous ont envoyé des lettres où
ils nous disaient, en des termes singulièrement touchants, toute
l'amertume de leurs regrets. L'église de Gripport eût été deux
fois plus grande, qu'elle n'eût pas suffi à recevoir tous ceux
qui eussent désiré trouver place dans l'assistance. Tous les
prêtres du canton de Haroué étaient présents, à l'exception de
quelques-uns empêchés par la nécessité du ministère; à eux
s'étaient joints M. Michel, curé-doyen de Bayon, le R.P.
Conrart, clos Oblats de Sion, MM. les curés des paroisses des
Vosges, limitrophes de Gripport. Après le service, M. l'abbé
Doyotte, curé-doyen de Haroué, a tracé un tableau des mérites et
des vertus du défunt, qui a pleinement répondu à l'attente des
paroissiens et des confrères. Au cimetière, M. le Maire de
Gripport, l'homme de coeur et de foi, par quelques-unes de ces
paroles que le coeur seul sait trouver, a renouvelé sans effort
les larmes et les sanglots de l'assistance.
M. le Curé de Gripport méritait tous ces hommages, plus
éloquents que la plus éloquente des oraisons funèbres.
M. Carier est né au petit village de Blémerey, d'une de ces
familles aux moeurs antiques, où les vertus chrétiennes, les
fortes convictions de la foi se transmettent des parents aux
enfants, comme la portion la plus précieuse de l'héritage
paternel. A 17 ans, il quittait la charrue et les travaux des
champs, et il allait faire de solides études au collège de
Blâmont, établissement qui eut la bonne fortune de fournir au
diocèse de Nancy un grand nombre de prêtres, aussi zélés
qu'intelligents.
Le 18 octobre 1832, il entrait au séminaire de Nancy; et ses
études de théologie, qu'il fit très fortes et très complètes,
terminées, il fut envoyé pour une année, en qualité de maître
d'étude, au petit-séminaire de Pont-à-Mousson. Il s'acquitta si
bien, avec tant de zèle et de tact, de ces délicates fonctions
de surveillant des plus jeunes enfants, que M. Jandel alors
supérieur fit plusieurs tentatives pour l'attacher à la maison.
Il ne devait pas être donné suite à ce désir; et M. l'abbé
Carier, ordonné prêtre en 1839, fut envoyé à Gripport, en
qualité de vicaire du respectable M. Fiévée; puis deux ans
après, il y fut nommé curé à titre définitif.
A titre définitif ! c'est bien le mot. La paroisse de Gripport
aime à garder longtemps ses pasteurs; la mort seule peut les lui
enlever. Dans un espace de temps qui embrasse presque un siècle
et demi, elle n'a connu que trois curés. Le premier, le plus
ancien, fut M. l'abbé Toussaint, dont le souvenir, en dépit des
années, est toujours béni; il se survit, dans la personne d'un
arrière-petit-neveu, curé actuel de Socourt., M. l'abbé Matton,
prêtre éminent, qui a su rester grand, sur un très modeste
théâtre, le fidèle compagnon de M. Carier, l'ami des premiers et
des derniers jours. A M. Toussaint succédait M. l'abbé Fiévée,
pauvre enfant de Paris, enlevé aux dangers de la grande ville
par le zèle d'un prêtre aussi intelligent que pieux, M. l'abbé
Galland, curé de Charmes, député aux Etats généraux de 1789. M.
Fiévée ne trahit point la confiance de son protecteur; devenu
prêtre et curé de Gripport, il donna à cette paroisse 25 années
d'un ministère sanctifié par toutes les vertus.
M. Carier, en prenant possession de son poste, recueillit les
exemples de ses prédécesseurs, et continua la tradition; lui
aussi eût pu dire, dès le début de son ministère: « C'est ici le
lieu de mon labeur, en attendant qu'il devienne le lieu de mon
repos; c'est ici que je veux vivre, ici que j'espère mourir. »
Et en effet, il dépensa, à féconder le même sillon, son
existence sacerdotale tout entière, 47 ans, presque un
demi-siècle, d'infatigable dévouement, d'une abnégation à toute
épreuve ; à la même tâche 47 ans, sans que les paroissiens
eussent une seule fois la pensée que leur pasteur pût les
quitter, et sans qu'à son tour le pasteur eût une seule fois la
tentation d'échanger son fardeau contre un autre fardeau !
Durant ces 47 années de résidence dans une même paroisse, on ne
trouverait sans doute à signaler rien d'éclatant ou
d'extraordinaire, rien de ce qui fixe, ne serait-ce que quelques
jours, ne serait-ce qu'une heure, l'attention, de la foule ou
des pouvoirs; mais, ce qui vaut mille fois plus que les actions
d'éclat, on y trouverait à admirer une bonté que rien n'a pu
déconcerter ou lasser, une patience à toute épreuve, une
affabilité pleine de charmes, une constante égalité d'humeur,
cette belle vertu naturelle, qui suppose tant de vertus
surnaturelles, enfin cet ensemble de qualités sacerdotales, qui
faisait dire à tous, paroissiens et confrères : « Quel homme
excellent ! quel bon et digne prêtre ! »
Pour résumer tout en un seul mot, M. le curé de Gripport fut,
avant tout et par dessus tout, l'homme du devoir. Le devoir! Ah!
sans doute, tous nous voulons l'accomplir, et le déclarons bien
haut, parce que tous nous voyons là l'expression formelle de la
volonté de Dieu sur nous, une dette imprescriptible qu'il nous
faut payer sous peine de déshonneur. Mais parmi les meilleurs et
les plus fidèles, combien encore ne se défendent pas, ou se
défendent mal, du secret besoin d'être stimulés et soutenus par
l'approbation des hommes! Il serait puéril de s'étonner, et
encore plus de s'indigner d'une faiblesse que, de tout temps, on
a signalée comme un mal chronique de notre pauvre nature. « Et
les philosophes mêmes en veulent », a dit un maître en parlant
de cet incurable besoin de faire parler de soi, qui travaille
tant d'hommes à des degrés divers. M. le curé de Gripport nous a
toujours paru n'avoir payé son tribut à cette infirmité que dans
une mesure tellement faible, qu'elle échappe à toute
appréciation. M. Carier faisait le bien par amour du bien, avec
une abnégation, un oubli de lui-même, que tous ses confrères et
ses nombreux amis enviaient et admiraient.
Et les paroissiens ne s'y trompaient pas. A la campagne,
l'enthousiasme n'est pas prolixe, ou tout au moins, on n'a pour
exprimer son admiration qu'un petit nombre de formules, toujours
les mêmes.
Aussi les habitant de Gripport s'entendaient-ils à redire tous,
à peu près dans les mêmes termes: « M. le curé veut trop bien
faire son devoir ; il aimerait mieux tomber et rester sur place,
que de négliger quelque chose; M. le curé fait plus qu'il ne
peut. » Quand une population est unanime, persévérante à porter
un semblable témoignage, on peut en toute sécurité, et sans
scrupule, croire au singulier mérite de celui qui en est
l'objet.
M. Carier a fait son devoir jusqu'au dernier moment, et il a
tombé les armes à la main. Il épuisa le peu qui lui restait de
forces à la préparation d'une première communion. C'était la
première offrande qu'il devait présenter au Seigneur ; il avait
semé, il avait arrosé, il avait prodigué ses soins et ses
sueurs; la moisson avait grandi et elle était mûre. Mais les
forces trahirent le bon ouvrier; de ses mains défaillantes, il
ne put saisir les épis pour en former la gerbe qu'il voulait
offrir à l'autel. Il avait entendu la confession générale de ses
chers enfants ; mais le bonheur de leur donner la grâce de
l'absolution lui fut refusé.
La première communion était fixée au dimanche 9 mai : et le
mercredi 5, le père de famille était enlevé à l'affection de ses
enfants.
Depuis quinze jours, la population suivait avec une anxiété
croissante les progrès de la maladie ; on savait depuis
longtemps, M. le Curé très faible, d'une santé très délicate ;
mais enfin il vivait, et on se refusait à croire à l'imminence
du fatal dénouement. Quand il se produisit, une grande douleur
éclata; la paroisse comprit qu'une vertu s'était retirée du
milieu d'elle.
Nous avons entendu des vieillards, désolés d'avoir perdu leur
compagnon, leur guide, leur modèle, déclarer que la vie était
désormais pour eux sans prix, puisqu'ils ne pouvaient plus avoir
leur pasteur pour compagnon de la dernière étape, et pour
soutien au terme du voyage.
Si la vie sacerdotale de M. Carier fut singulièrement édifiante,
sa mort, s'il est possible, le fut plus encore. La veille du
jour où il expira, comme il paraissait plus faible et plus
exténué que jamais, on lui proposa d'appeler vers le milieu de
la nuit le prêtre qui lui administrerait les derniers secours de
la religion : « Non, non, dit-il; attendons encore; Dieu me
donnera la force de résister au mal; je ne veux pas recevoir les
derniers sacrements pendant la nuit, à la dérobée et comme en
cachette » En effet, à l'aube du jour, les tintements réitérés
de la cloche conviaient la paroisse à cette triste cérémonie; et
le père de famille put prendre congé de ses enfants, et dans un
dernier adieu leur recommander de garder leur foi, comme
lui-même espérait avoir gardé la sienne. Paroles auxquelles il
ne fut répondu que par des larmes et des sanglots. Le lendemain,
le pasteur expirait à 9 h. 1/2 du matin, après une longue
agonie.
Les lecteurs de la Semaine me pardonneront ces détails, malgré
leur longueur; car, ils ne peuvent ignorer que celui qui a
beaucoup reçu, doit à son tour beaucoup donner. O diocèse,
diocèse de Nancy, puisses-tu pour ton honneur, pour le bien des
âmes, compter toujours parmi les prêtres beaucoup de ces hommes,
pareils à l'humble curé de Gripport, invinciblement attachés à
leur devoir et rien qu'à leur devoir! Et vous, ô prêtre selon le
coeur de Dieu, vous n'oublierez pas que vos enfants, qui ont tant
reçu de vous pendant votre vie, attendent encore beaucoup de
vous après votre mort ; vous n'oublierez pas celui qui écrit ces
lignes à votre mémoire, qui dit trop faiblement sa douleur, mais
qui doit se taire avec l'amer regret de se reconnaître
impuissant à s'acquitter jamais !
C. FERRY.
14 août 1886 - n° 33 - p. 645
DIOCESE.
ACTES OFFICIELS
Nominations
Par décision de Monseigneur l'Evêque, ont été nommés:
[...]
Vicaire à BLAMONT, M.
l'abbé GRIDEL, maître d'étude au Petit Séminaire; [...]
11 septembre 1886 - n° 37 - p. 732
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de
M. JACQUES, François-Edouard, décédé à l'âge de 73 ans, à
Epernay, le 20 août 1836.
Né à Blâmont en 1813, M. Jacques a été ordonné prêtre en 1838.
Il était curé de Niederhoff depuis 1841, quand il se retira du
saint ministère en 1884.
M. Jacques était membre de l'Association de prières, pour les
prêtres défunts du diocèse de Nancy.
18 septembre 1886 - n° 38 - p. 747
Monseigneur l'Evêque de Nancy à Cirey et à Bertrambois.
On nous écrit de Cirey :
« Il n'y a pas que des jours de deuil et de tristesse pour les
âmes chrétiennes dans notre chère Lorraine. La foi et la charité
produisent encore, sur son sol fécond, des oeuvres capables de
raviver nos espérances. Les clignes curés de Cirey et de
Bertrambois ne me contrediront pas. Leur ministère,
admirablement secondé par la générosité de nobles paroissiens,
est manifestement béni de Dieu. Je n'en veux d'autres preuves
que le spectacle consolant de ces foules groupées, samedi et
dimanche, autour de leurs zélés pasteurs, pour recevoir, avec
les bénédictions de leur Evêque, les enseignements qui tombent
de sa bouche éloquente.
« Le Pontife avait été invité à bénir l'orphelinat Saint-Eugène.
Ce nom seul rappelle à Cirey les bienfaits sans nombre de
l'homme éminent qui semble avoir légué à Madame Chevandier de
Valdrôme, le soin de faire seule le bien qu'ils faisaient tous
les deux. Sa Grandeur, si prodigue de ses forces pour
l'édification de ses chers diocésains, saisit, cette occasion
d'apporter à la noble bienfaitrice le témoignage de sa haute
approbation, et aux habitants de Cirey les utiles leçons qui se
dégagent de l'alliance habituelle de la bienfaisance et de la
religion. La cérémonie était fixée au dimanche 12 septembre. Dès
la veille, se rappelant qu'un autre asile venait de s'ouvrir aux
enfants de Bertrambois, grâce aux libéralités de M. le comte de
Guichen, Monseigneur avait oublié les fatigues d'un récent
pèlerinage et s'était fait un plaisir de porter au château de
Sainte-Catherine la plus douce récompense que pût souhaiter la
religieuse famille, dont la foi, la piété, la générosité, à
Nancy comme à Bertrambois, sont connues de tous. Les habitants
du village étaient réunis en grand nombre dans la cour de
l'asile, transformée par les soins de M. le curé et des bonnes
Soeurs, avec l'art et le goût que réclamait la circonstance.
« Complimenté par le conseil municipal, par M. Georges de
Guichen, en l'absence de M. le comte, qu'une regrettable
indisposition privait de cet honneur, enfin par une gentille
enfant de l'asile, Monseigneur trouva dans son esprit et dans
son coeur les inspirations les plus heureuses, pour répondre à
tous, pour rendre aux bienfaiteurs de la commune et de la
paroisse l'hommage le plus flatteur.
« La paroisse de Cirey devait être plus encore favorisée. Le
matin, à la Messe solennelle, célébrée par M. le doyen du
chapitre, Monseigneur devait faire entendre cette parole
enflammée qui révèle l'Apôtre. La vaste église de Cirey avait
été magnifiquement décorée. Déjà elle avait été à pareille fête;
je ne crois pas qu'elle ait jamais contenu pareille foule. Et
qui pourrait dire l'émotion de cette foule, captivée par cette
éloquence vibrante, distribuant d'abord les éloges les plus
délicats avec une grâce parfaite; puis commentant avec une
onction pénétrante, avec une force irrésistible, avec une
liberté apostolique, la guérison des dix lépreux qu'offrait à
nos méditations l'Evangile du jour. Le soir, à l'heure des
Vêpres, toute la paroisse s'avançait processionnellement de
l'Eglise vers l'Orphelin et, à travers les rues tapissées de
verdure, jonchées de fleurs. Massés dans la cour, au milieu des
guirlandes et des décorations les plus riches et les plus
variées, les fidèles attendaient, dans le plus religieux
silence, la bénédiction du bel édifice. Là, sous les auspices de
la religion et sous la direction des Religieuses de
Saint-Charles, de pauvres petites filles privées de leurs mères,
vont retrouver pour leur corps et pour leur âme les soins les
plus maternels. Monseigneur, dont le coeur déborde, veut
communiquer à son auditoire avide les sentiments que lui suggère
cette fête de charité. La charité, le dévoûment, qui mieux que
lui peut nous en tracer les caractères et les splendeurs? Il en
parle en connaisseur qui les pratique, qui en a fait les
inspirateurs de sa vie, en ami passionné qui n'a rien tant à
coeur que de les faire aimer. Quel tableau saisissant de
l'héroïsme sous toutes ses formes! Quels accents pour peindre
les magnificences de la charité chrétienne, pour mettre en
relief les bienfaits de l'oeuvre naissante, les bénédictions
qu'elle attirera sur la population entière ! Et cette charité, ce dévoûment dont l'oeuvre est née, dont elle doit vivre, l'évêque
en veut indiquer la source: elle jaillit du coeur même de Dieu,
de ce Dieu immolé pour nous, qui sous les voiles eucharistiques,
va paraître tout-à-l'heure entre les mains du Pontife, sur cet
autel dressé par des mains ingénieuses, sous ce baldaquin de
verdure, qui laissa voir à cette foule frémissante l'Apôtre qui
l'électrise.
« La journée va finir. Rien n'a manqué à l'éclat de la fête. Le
soleil radieux s'est fait le complice de l'allégresse commune.
Les ouvriers de l'usine ont offert le concours de leur fanfare,
heureux de traduire dans un langage vibrant et joyeux la
respectueuse reconnaissance dont les coeurs sont remplis envers
la généreuse fondatrice et son Auguste visiteur.
Belle et bonne journée, qui réjouit et qui réconforte ! Fête
splendide, dont la belle ordonnance fait le plus grand honneur
au zèle éclairé du pasteur et des collaborateurs dont il a
utilisé le gracieux concours ! Spectacle qui ranime les coeurs
trop souvent découragés, qui fait reculer le mal trop souvent
triomphant! Rien n'est perdu, tant que la religion inspire une
générosité pareille à celle des châtelains de Cirey et de
Sainte-Catherine; tant que la puissante fécondité de l'Eglise
nous donne des Pontifes, comme celui dont la population de Cirey
gardera longtemps le souvenir enthousiaste. Faut-il ajouter que,
selon sa charitable habitude, Sa Grandeur, malgré les fatigues
de la journée, a voulu visiter les malades de la paroisse ? Le
lundi matin, avant son départ, Sa Grandeur a donné un nouveau
témoignage de son affection aux ouvriers, en visitant, l'usine
et en adressant à tous des paroles, qui ont été accueillies avec
une joie indicible et une reconnaissance impérissable.
Un assistant.
30 octobre 1886 - n° 44 - p. 866
DIOCÈSE. - ACTES OFFICIELS
Nominations.
[...] Par décision de Mgr l'Evêque ont été nommés :
Professeur de rhétorique, au Collège de La Malgrange, M. l'abbé
CHANEL, curé d'Ogéviller ;
[...]
13 novembre 1886 - n° 46 - p. 906
DIOCÈSE.
ACTES OFFICIELS
Par décision de Monseigneur l'Evêque, ont été nommés:
Curé d'Ogéviller, M.
l'abbé FIEL,
précédemment curé de Tanconville ;
[...]
13 novembre 1886 - n° 46 - p. 913
M. Rougieux.
On nous annonce, de Rosières-aux-Salines, la mort de M. l'abbé
J.-C. Rougieux, décédé à l'hospice, le Vendredi 5 novembre,
à l'âge de 80 ans.
Né à Lenoncourt en1806, M. Rougieux fut ordonné prêtre en 1830.
Après avoir été vicaire quelques mois à Blâmont, il fut
successivement curé de Charmes-la-Côte, de Jallaucourt et de
Seichamps.
En 1881, il consentit, pour cause de santé, à quitter cette
paroisse. Il était, dans ces derniers temps, retiré à l'hospice
de Rosières, où il est mort d'une congestion.
M. Rougieux était membre de l'association de prières pour les
prêtres défunts.
|