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La Semaine Religieuse du Diocèse de Nancy & de Toul
Ed. Nancy

- 1886 -



23 janvier 1886 - n° 4 - p. 72
VARIETE.
L'abbé Gabriel Mollevaut [...]
[En note] Nous nous permettons de citer ici quelques lignes de Chatrian, écrites en 1799. Elles nous semblent jeter une lumière toute nouvelle sur l'élection de Grégoire, et réduire à leur très juste valeur les dithyrambiques éloges adressés sur commande au désintéressement et à l'incorruptibilité de l'intrigant abbé devenu, peu après, évêque intrus et schismatique.
«  Mgr de Nancy fut nommé premier Electeur par acclamation dans la Chambre du clergé, mais il voulut que pour se mettre en règle, on procédât par la voie du scrutin. On donna les bulletins et il ne lui manqua que deux voix, la sienne et une autre. Le Prélat a cru longtemps que c'était celle de M. Charlot, curé de Saint-Sébastien, ou de M. Mollevaut, curé de Saint-Fiacre. Nous croyons avoir de bonnes raisons pour penser que ce fut celle du sieur Guilbert, ex-curé, chanoine de la Cathédrale et vice-official, personnage dévoré d'une secrète ambition. Quoi qu'il en soit, M. de La Fare en conçut une telle indisposition contre ses curés en général que lors des assemblées des électeurs pour se réduire, s'étant vu nommer le premier Député du bailliage de Nancy, et ne devant y en avoir que deux (sic), loin de montrer la moindre velléité d'avoir un de ses curés pour compagnon de la députation, il favorisa le dessein des électeurs étrangers à son diocèse d'avoir le second député pris parmi eux, et, par une gaucherie impardonnable, il se laissa prendre aux belles phrases et aux compliments flatteurs (sic) du sieur Grégoire, curé d'Emberménil, diocèse de Metz, l'un des électeurs du bailliage de Lunéville, qu'il travailla efficacement à le faire choisir pour second député, démarche dont il ne tarda à se repentir immédiatement après l'ouverture des Etats-Généraux, et dont il a eu tout le temps de se faire depuis les plus cuisants reproches. »
Ajoutons que, malgré l'appui épiscopal, Grégoire ne passa qu'au troisième tour de scrutin. Aussi ne faut-il pas voir qu'une hyperbole dans ces mots de Ch. Dugast (loc. cit.) reproduits dans un récent éloge académique : «  Son nom sortit le premier de l'urne électorale. » M. Carnot dit seulement : «  Son nom sortit avec éclat de l'urne électorale. » Le complément indirect de manière est encore ici d'une complète superfluité. L'historien le plus véridique est Grégoire lui-même. qui, contre sa coutume, nous dit avec une concision modeste et réfléchie : «  Nommé aux Etats-Généraux, j'arrive à Versailles. » (Mémoires, t. 1, p. 378.)


6 février 1886 - n° 6 - p. 111
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. l'abbé Remy-Michel PINOIT, décédé le 1er février, à l'âge de 72 ans.
Né à Blâmont en 1814, ordonné prêtre en 1839, M. Pinoit fut successivement vicaire à Favières, à Nomeny et à Deneuvre. Nommé curé à Gézoncourt, en 1845, il exerça le saint ministère dans cette paroisse jusqu'en 1880. A cette époque sa santé l'obligea à renoncer à ses fonctions : il resta néanmoins comme prêtre habitué dans la paroisse.
C'est là qu'après une longue maladie, supportée avec résignation, il est mort lundi dernier en offrant sa vie au bon Dieu pour le salut de ses anciens paroissiens.
M. Pinoit était membre de l'Association de prières.


13 février 1886 - n° 7 - p. 125
DIOCESE.
ACTES OFFICIELS.
[...] Vicariats supprimés.
M. le Préfet de Meurthe-et-Moselle, par une lettre du 2 février 1886, a adressé à Monseigneur l'Evêque de Nancy, à titre de notification, copie de trois arrêtés en date du 26 janvier 1886, par lesquels M. le Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes a décidé la suppression, à partir du 1er février courant, de l'indemnité annuelle de 450 francs précédemment attribuée, sur les fonds de l'Etat, à 24 vicariats du diocèse de Nancy.
Le 1er arrêté comprend 9 vicariats inoccupés depuis plus de cinq ans dans les paroisses suivantes: Malzéville, Dieulouard, Flavigny, Tonnoy, Badonviller, Bayon, Ogéviller, Favières et Conflans.
Le 2° arrêté comprend 8 vicariats dont les Conseils municipaux ont demandé la suppression et qui étaient établis dans les paroisses suivantes: Liverdun, Foug, Beuvillers, Gondreville, Blénod-lès-Toul, Frouard, Haroué et Bertrambois.
Le 3e arrêté comprend 7 vicariats existant dans des villes de plus de 5,000 habitants: deux à Saint-Nicolas-du-Port, deux à Baccarat, deux à Longwy et un à Saint-Maur, de Lunéville.


8 mai 1886 - n° 19 - p. 365
Nécrologie.
Au moment de mettre sous presse, nous apprenons la mort de M. Carier, curé de Gripport.
Né à Blémerey en 1814, ordonné prêtre en 1839, il fut successivement vicaire à Gripport, curé à Germonville, puis à Gripport, où il est décédé le 5 mai 1886.
M. Carier était membre de l'association des prières.


15 mai 1886 - n° 20 - p.386
M. le curé de Gripport.
La paroisse de Gripport vient d'être cruellement frappée dans la personne de son pasteur, M. l'abbé Joseph Carier, qui à rendu son âme à Dieu, mercredi 5 mai. Le service funèbre eut lieu le surlendemain, vendredi. Ses paroissiens, par leur concours, l'unanimité de leurs regrets, lui firent les plus belles funérailles qu'un coeur de prêtre puisse ambitionner.
L'estime et l'affection qui s'attachaient à la personne de M. Carier dépassaient de beaucoup les étroites limites de sa paroisse. M. le curé de Gripport comptait dans tout le voisinage de nombreux amis qui, depuis longtemps, avaient su apprécier en lui de rares qualités de caractère et de coeur, rehaussées par la plus exquise modestie. Tous ces amis étaient de ceux qui persévèrent, et ils étaient tous là, recueillis dans leur douleur fidèle, au dernier rendez-vous. Quelques-uns, retenus pur la distance ou la maladie, nous ont envoyé des lettres où ils nous disaient, en des termes singulièrement touchants, toute l'amertume de leurs regrets. L'église de Gripport eût été deux fois plus grande, qu'elle n'eût pas suffi à recevoir tous ceux qui eussent désiré trouver place dans l'assistance. Tous les prêtres du canton de Haroué étaient présents, à l'exception de quelques-uns empêchés par la nécessité du ministère; à eux s'étaient joints M. Michel, curé-doyen de Bayon, le R.P. Conrart, clos Oblats de Sion, MM. les curés des paroisses des Vosges, limitrophes de Gripport. Après le service, M. l'abbé Doyotte, curé-doyen de Haroué, a tracé un tableau des mérites et des vertus du défunt, qui a pleinement répondu à l'attente des paroissiens et des confrères. Au cimetière, M. le Maire de Gripport, l'homme de coeur et de foi, par quelques-unes de ces paroles que le coeur seul sait trouver, a renouvelé sans effort les larmes et les sanglots de l'assistance.
M. le Curé de Gripport méritait tous ces hommages, plus éloquents que la plus éloquente des oraisons funèbres.
M. Carier est né au petit village de Blémerey, d'une de ces familles aux moeurs antiques, où les vertus chrétiennes, les fortes convictions de la foi se transmettent des parents aux enfants, comme la portion la plus précieuse de l'héritage paternel. A 17 ans, il quittait la charrue et les travaux des champs, et il allait faire de solides études au collège de Blâmont, établissement qui eut la bonne fortune de fournir au diocèse de Nancy un grand nombre de prêtres, aussi zélés qu'intelligents.
Le 18 octobre 1832, il entrait au séminaire de Nancy; et ses études de théologie, qu'il fit très fortes et très complètes, terminées, il fut envoyé pour une année, en qualité de maître d'étude, au petit-séminaire de Pont-à-Mousson. Il s'acquitta si bien, avec tant de zèle et de tact, de ces délicates fonctions de surveillant des plus jeunes enfants, que M. Jandel alors supérieur fit plusieurs tentatives pour l'attacher à la maison. Il ne devait pas être donné suite à ce désir; et M. l'abbé Carier, ordonné prêtre en 1839, fut envoyé à Gripport, en qualité de vicaire du respectable M. Fiévée; puis deux ans après, il y fut nommé curé à titre définitif.
A titre définitif ! c'est bien le mot. La paroisse de Gripport aime à garder longtemps ses pasteurs; la mort seule peut les lui enlever. Dans un espace de temps qui embrasse presque un siècle et demi, elle n'a connu que trois curés. Le premier, le plus ancien, fut M. l'abbé Toussaint, dont le souvenir, en dépit des années, est toujours béni; il se survit, dans la personne d'un arrière-petit-neveu, curé actuel de Socourt., M. l'abbé Matton, prêtre éminent, qui a su rester grand, sur un très modeste théâtre, le fidèle compagnon de M. Carier, l'ami des premiers et des derniers jours. A M. Toussaint succédait M. l'abbé Fiévée, pauvre enfant de Paris, enlevé aux dangers de la grande ville par le zèle d'un prêtre aussi intelligent que pieux, M. l'abbé Galland, curé de Charmes, député aux Etats généraux de 1789. M. Fiévée ne trahit point la confiance de son protecteur; devenu prêtre et curé de Gripport, il donna à cette paroisse 25 années d'un ministère sanctifié par toutes les vertus.
M. Carier, en prenant possession de son poste, recueillit les exemples de ses prédécesseurs, et continua la tradition; lui aussi eût pu dire, dès le début de son ministère: «  C'est ici le lieu de mon labeur, en attendant qu'il devienne le lieu de mon repos; c'est ici que je veux vivre, ici que j'espère mourir. »
Et en effet, il dépensa, à féconder le même sillon, son existence sacerdotale tout entière, 47 ans, presque un demi-siècle, d'infatigable dévouement, d'une abnégation à toute épreuve ; à la même tâche 47 ans, sans que les paroissiens eussent une seule fois la pensée que leur pasteur pût les quitter, et sans qu'à son tour le pasteur eût une seule fois la tentation d'échanger son fardeau contre un autre fardeau !
Durant ces 47 années de résidence dans une même paroisse, on ne trouverait sans doute à signaler rien d'éclatant ou d'extraordinaire, rien de ce qui fixe, ne serait-ce que quelques jours, ne serait-ce qu'une heure, l'attention, de la foule ou des pouvoirs; mais, ce qui vaut mille fois plus que les actions d'éclat, on y trouverait à admirer une bonté que rien n'a pu déconcerter ou lasser, une patience à toute épreuve, une affabilité pleine de charmes, une constante égalité d'humeur, cette belle vertu naturelle, qui suppose tant de vertus surnaturelles, enfin cet ensemble de qualités sacerdotales, qui faisait dire à tous, paroissiens et confrères : «  Quel homme excellent ! quel bon et digne prêtre ! »
Pour résumer tout en un seul mot, M. le curé de Gripport fut, avant tout et par dessus tout, l'homme du devoir. Le devoir! Ah! sans doute, tous nous voulons l'accomplir, et le déclarons bien haut, parce que tous nous voyons là l'expression formelle de la volonté de Dieu sur nous, une dette imprescriptible qu'il nous faut payer sous peine de déshonneur. Mais parmi les meilleurs et les plus fidèles, combien encore ne se défendent pas, ou se défendent mal, du secret besoin d'être stimulés et soutenus par l'approbation des hommes! Il serait puéril de s'étonner, et encore plus de s'indigner d'une faiblesse que, de tout temps, on a signalée comme un mal chronique de notre pauvre nature. «  Et les philosophes mêmes en veulent », a dit un maître en parlant de cet incurable besoin de faire parler de soi, qui travaille tant d'hommes à des degrés divers. M. le curé de Gripport nous a toujours paru n'avoir payé son tribut à cette infirmité que dans une mesure tellement faible, qu'elle échappe à toute appréciation. M. Carier faisait le bien par amour du bien, avec une abnégation, un oubli de lui-même, que tous ses confrères et ses nombreux amis enviaient et admiraient.
Et les paroissiens ne s'y trompaient pas. A la campagne, l'enthousiasme n'est pas prolixe, ou tout au moins, on n'a pour exprimer son admiration qu'un petit nombre de formules, toujours les mêmes.
Aussi les habitant de Gripport s'entendaient-ils à redire tous, à peu près dans les mêmes termes: «  M. le curé veut trop bien faire son devoir ; il aimerait mieux tomber et rester sur place, que de négliger quelque chose; M. le curé fait plus qu'il ne peut. » Quand une population est unanime, persévérante à porter un semblable témoignage, on peut en toute sécurité, et sans scrupule, croire au singulier mérite de celui qui en est l'objet.
M. Carier a fait son devoir jusqu'au dernier moment, et il a tombé les armes à la main. Il épuisa le peu qui lui restait de forces à la préparation d'une première communion. C'était la première offrande qu'il devait présenter au Seigneur ; il avait semé, il avait arrosé, il avait prodigué ses soins et ses sueurs; la moisson avait grandi et elle était mûre. Mais les forces trahirent le bon ouvrier; de ses mains défaillantes, il ne put saisir les épis pour en former la gerbe qu'il voulait offrir à l'autel. Il avait entendu la confession générale de ses chers enfants ; mais le bonheur de leur donner la grâce de l'absolution lui fut refusé.
La première communion était fixée au dimanche 9 mai : et le mercredi 5, le père de famille était enlevé à l'affection de ses enfants.
Depuis quinze jours, la population suivait avec une anxiété croissante les progrès de la maladie ; on savait depuis longtemps, M. le Curé très faible, d'une santé très délicate ; mais enfin il vivait, et on se refusait à croire à l'imminence du fatal dénouement. Quand il se produisit, une grande douleur éclata; la paroisse comprit qu'une vertu s'était retirée du milieu d'elle.
Nous avons entendu des vieillards, désolés d'avoir perdu leur compagnon, leur guide, leur modèle, déclarer que la vie était désormais pour eux sans prix, puisqu'ils ne pouvaient plus avoir leur pasteur pour compagnon de la dernière étape, et pour soutien au terme du voyage.
Si la vie sacerdotale de M. Carier fut singulièrement édifiante, sa mort, s'il est possible, le fut plus encore. La veille du jour où il expira, comme il paraissait plus faible et plus exténué que jamais, on lui proposa d'appeler vers le milieu de la nuit le prêtre qui lui administrerait les derniers secours de la religion : «  Non, non, dit-il; attendons encore; Dieu me donnera la force de résister au mal; je ne veux pas recevoir les derniers sacrements pendant la nuit, à la dérobée et comme en cachette » En effet, à l'aube du jour, les tintements réitérés de la cloche conviaient la paroisse à cette triste cérémonie; et le père de famille put prendre congé de ses enfants, et dans un dernier adieu leur recommander de garder leur foi, comme lui-même espérait avoir gardé la sienne. Paroles auxquelles il ne fut répondu que par des larmes et des sanglots. Le lendemain, le pasteur expirait à 9 h. 1/2 du matin, après une longue agonie.
Les lecteurs de la Semaine me pardonneront ces détails, malgré leur longueur; car, ils ne peuvent ignorer que celui qui a beaucoup reçu, doit à son tour beaucoup donner. O diocèse, diocèse de Nancy, puisses-tu pour ton honneur, pour le bien des âmes, compter toujours parmi les prêtres beaucoup de ces hommes, pareils à l'humble curé de Gripport, invinciblement attachés à leur devoir et rien qu'à leur devoir! Et vous, ô prêtre selon le coeur de Dieu, vous n'oublierez pas que vos enfants, qui ont tant reçu de vous pendant votre vie, attendent encore beaucoup de vous après votre mort ; vous n'oublierez pas celui qui écrit ces lignes à votre mémoire, qui dit trop faiblement sa douleur, mais qui doit se taire avec l'amer regret de se reconnaître impuissant à s'acquitter jamais !
C. FERRY.


14 août 1886 - n° 33 - p. 645
DIOCESE.
ACTES OFFICIELS
Nominations
Par décision de Monseigneur l'Evêque, ont été nommés:
[...]
Vicaire à BLAMONT, M. l'abbé GRIDEL, maître d'étude au Petit Séminaire; [...]


11 septembre 1886 - n° 37 - p. 732
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. JACQUES, François-Edouard, décédé à l'âge de 73 ans, à Epernay, le 20 août 1836.
Né à Blâmont en 1813, M. Jacques a été ordonné prêtre en 1838. Il était curé de Niederhoff depuis 1841, quand il se retira du saint ministère en 1884.
M. Jacques était membre de l'Association de prières, pour les prêtres défunts du diocèse de Nancy.


18 septembre 1886 - n° 38 - p. 747
Monseigneur l'Evêque de Nancy à Cirey et à Bertrambois.
On nous écrit de Cirey :
«  Il n'y a pas que des jours de deuil et de tristesse pour les âmes chrétiennes dans notre chère Lorraine. La foi et la charité produisent encore, sur son sol fécond, des oeuvres capables de raviver nos espérances. Les clignes curés de Cirey et de Bertrambois ne me contrediront pas. Leur ministère, admirablement secondé par la générosité de nobles paroissiens, est manifestement béni de Dieu. Je n'en veux d'autres preuves que le spectacle consolant de ces foules groupées, samedi et dimanche, autour de leurs zélés pasteurs, pour recevoir, avec les bénédictions de leur Evêque, les enseignements qui tombent de sa bouche éloquente.
«  Le Pontife avait été invité à bénir l'orphelinat Saint-Eugène. Ce nom seul rappelle à Cirey les bienfaits sans nombre de l'homme éminent qui semble avoir légué à Madame Chevandier de Valdrôme, le soin de faire seule le bien qu'ils faisaient tous les deux. Sa Grandeur, si prodigue de ses forces pour l'édification de ses chers diocésains, saisit, cette occasion d'apporter à la noble bienfaitrice le témoignage de sa haute approbation, et aux habitants de Cirey les utiles leçons qui se dégagent de l'alliance habituelle de la bienfaisance et de la religion. La cérémonie était fixée au dimanche 12 septembre. Dès la veille, se rappelant qu'un autre asile venait de s'ouvrir aux enfants de Bertrambois, grâce aux libéralités de M. le comte de Guichen, Monseigneur avait oublié les fatigues d'un récent pèlerinage et s'était fait un plaisir de porter au château de Sainte-Catherine la plus douce récompense que pût souhaiter la religieuse famille, dont la foi, la piété, la générosité, à Nancy comme à Bertrambois, sont connues de tous. Les habitants du village étaient réunis en grand nombre dans la cour de l'asile, transformée par les soins de M. le curé et des bonnes Soeurs, avec l'art et le goût que réclamait la circonstance.
«  Complimenté par le conseil municipal, par M. Georges de Guichen, en l'absence de M. le comte, qu'une regrettable indisposition privait de cet honneur, enfin par une gentille enfant de l'asile, Monseigneur trouva dans son esprit et dans son coeur les inspirations les plus heureuses, pour répondre à tous, pour rendre aux bienfaiteurs de la commune et de la paroisse l'hommage le plus flatteur.
«  La paroisse de Cirey devait être plus encore favorisée. Le matin, à la Messe solennelle, célébrée par M. le doyen du chapitre, Monseigneur devait faire entendre cette parole enflammée qui révèle l'Apôtre. La vaste église de Cirey avait été magnifiquement décorée. Déjà elle avait été à pareille fête; je ne crois pas qu'elle ait jamais contenu pareille foule. Et qui pourrait dire l'émotion de cette foule, captivée par cette éloquence vibrante, distribuant d'abord les éloges les plus délicats avec une grâce parfaite; puis commentant avec une onction pénétrante, avec une force irrésistible, avec une liberté apostolique, la guérison des dix lépreux qu'offrait à nos méditations l'Evangile du jour. Le soir, à l'heure des Vêpres, toute la paroisse s'avançait processionnellement de l'Eglise vers l'Orphelin et, à travers les rues tapissées de verdure, jonchées de fleurs. Massés dans la cour, au milieu des guirlandes et des décorations les plus riches et les plus variées, les fidèles attendaient, dans le plus religieux silence, la bénédiction du bel édifice. Là, sous les auspices de la religion et sous la direction des Religieuses de Saint-Charles, de pauvres petites filles privées de leurs mères, vont retrouver pour leur corps et pour leur âme les soins les plus maternels. Monseigneur, dont le coeur déborde, veut communiquer à son auditoire avide les sentiments que lui suggère cette fête de charité. La charité, le dévoûment, qui mieux que lui peut nous en tracer les caractères et les splendeurs? Il en parle en connaisseur qui les pratique, qui en a fait les inspirateurs de sa vie, en ami passionné qui n'a rien tant à coeur que de les faire aimer. Quel tableau saisissant de l'héroïsme sous toutes ses formes! Quels accents pour peindre les magnificences de la charité chrétienne, pour mettre en relief les bienfaits de l'oeuvre naissante, les bénédictions qu'elle attirera sur la population entière ! Et cette charité, ce dévoûment dont l'oeuvre est née, dont elle doit vivre, l'évêque en veut indiquer la source: elle jaillit du coeur même de Dieu, de ce Dieu immolé pour nous, qui sous les voiles eucharistiques, va paraître tout-à-l'heure entre les mains du Pontife, sur cet autel dressé par des mains ingénieuses, sous ce baldaquin de verdure, qui laissa voir à cette foule frémissante l'Apôtre qui l'électrise.
«  La journée va finir. Rien n'a manqué à l'éclat de la fête. Le soleil radieux s'est fait le complice de l'allégresse commune. Les ouvriers de l'usine ont offert le concours de leur fanfare, heureux de traduire dans un langage vibrant et joyeux la respectueuse reconnaissance dont les coeurs sont remplis envers la généreuse fondatrice et son Auguste visiteur.
Belle et bonne journée, qui réjouit et qui réconforte ! Fête splendide, dont la belle ordonnance fait le plus grand honneur au zèle éclairé du pasteur et des collaborateurs dont il a utilisé le gracieux concours ! Spectacle qui ranime les coeurs trop souvent découragés, qui fait reculer le mal trop souvent triomphant! Rien n'est perdu, tant que la religion inspire une générosité pareille à celle des châtelains de Cirey et de Sainte-Catherine; tant que la puissante fécondité de l'Eglise nous donne des Pontifes, comme celui dont la population de Cirey gardera longtemps le souvenir enthousiaste. Faut-il ajouter que, selon sa charitable habitude, Sa Grandeur, malgré les fatigues de la journée, a voulu visiter les malades de la paroisse ? Le lundi matin, avant son départ, Sa Grandeur a donné un nouveau témoignage de son affection aux ouvriers, en visitant, l'usine et en adressant à tous des paroles, qui ont été accueillies avec une joie indicible et une reconnaissance impérissable.
Un assistant.


30 octobre 1886 - n° 44 - p. 866
DIOCÈSE. - ACTES OFFICIELS
Nominations.
[...] Par décision de Mgr l'Evêque ont été nommés :
Professeur de rhétorique, au Collège de La Malgrange, M. l'abbé CHANEL, curé d'Ogéviller ;
[...]


13 novembre 1886 - n° 46 - p. 906
DIOCÈSE.
ACTES OFFICIELS
Par décision de Monseigneur l'Evêque, ont été nommés:
Curé d'Ogéviller, M. l'abbé FIEL, précédemment curé de Tanconville ;
[...]


13 novembre 1886 - n° 46 - p. 913
M. Rougieux.
On nous annonce, de Rosières-aux-Salines, la mort de M. l'abbé J.-C. Rougieux, décédé à l'hospice, le Vendredi 5 novembre, à l'âge de 80 ans.
Né à Lenoncourt en1806, M. Rougieux fut ordonné prêtre en 1830. Après avoir été vicaire quelques mois à Blâmont, il fut successivement curé de Charmes-la-Côte, de Jallaucourt et de Seichamps.
En 1881, il consentit, pour cause de santé, à quitter cette paroisse. Il était, dans ces derniers temps, retiré à l'hospice de Rosières, où il est mort d'une congestion.
M. Rougieux était membre de l'association de prières pour les prêtres défunts.

 

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