23 avril 1887 - n° 17 - p. 325
DIOCÈSE.
NOUVELLES RELIGIEUSES
Itinéraire de la tournée de confirmation.
Dimanche 1er mai, à BACCARAT, - Baccarat, Deneuvre, Lachapelle.
Lundi 2 - à VACQUEVILLE, - Bertrichamps, Merviller, Neufmaisons,
Sainte-Pole, Vacqueville.
Mardi 3 - à BADONVILLER, - Badonviller, Bionville, Bréménil,
Neuviller-lès-Badonviller, Pexonne, Pierre-Percée.
Mercredi 4 - à HABLAINVILLE, - Bionville, Gélacourt,
Hablainville, Ogéviller, Reherrey.
Jeudi 5 - à LARONXE, - Chenevières, Laronxe, Saint-Clément.
Vendredi 6 - à DEUXVILLE, - Anthelupt, Bonviller, Deuxville,
Vitrimont.
Samedi 7 - à DAMELEVIÈRES, - Barbonville, Blainville, Damelevières, Mont-sur-Meurthe, Vigneulles.
30 avril 1887 - n°
18 - p.346
DIOCÈSE.
NOUVELLES RELIGIEUSES.
Itinéraire de la tournée de Confirmation.
Du dimanche 8 mai au vendredi 13 mai, Sa Grandeur restera à
Nancy.
Samedi 14 - à HOÉVILLE, - Bezange, Courbesseaux, Drouville,
Hoéville, Serres.
Dimanche, 15 - à ARRACOURT, - Arracourt, Athienville, Bures,
Juvrecourt.
Lundi, 16 - à BEAUZEMONT, - Beauzemont, Crion, Einville,
Hénaménil, Valhey.
Mardi, 17 - à XURES, - Coincourt, Mouacourt, Parroy, Vaucourt,
Xures.
Mercredi, 18 - à EMBERMÉNIL,- Emberménil, Laneuveville-aux-Bois,
Leintrey, Vého, Xousse.
Jeudi, 19 - à BLAMONT, - Barbas, Blâmont, Frémonville, Gogney.
(ASCENSION)
Vendredi, 20 - à NONHIGNY, - Ancerviller, Harbouey, Nonhigny,
Parux.
Samedi, 21 - à VAL-DE-BON-MOUTIER, - Angomont, Petitmont, Val-de
Bon-Moutier.
Dimanche, 22 - à CIREY, - Bertrambois, Cirey, Tanconville.
Lundi, 23 - à AUTREPIERRE, - Amenoncourt, Autrepierre, Chazelles,
Repaix, Verdenal.
Mardi, 24 - à HERBÉVILLER, - Blémerey, Domèvre-sur- Vezouze,
Domjevin, Herbéviller, Mignéville, St-Martin.
Mercredi, 25 - à THIÉBAUMÉNIL, - Bénaménil, Croismare,
Manonviller, Marainviller, Thiébauménil.
Jeudi, 26 - à SOMMERVILLER, - Crévic, Hudiviller, Maixe,
Sommerviller.
Lundi, 6 juin, à SAINT-.JACQUES DE LUNÉVILLE, - Chanteheux,
Hériménil, Jolivet, Rehainviller, St-Jacques, St-Maur.
[...]
p. 348
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs, l'âme de M. l'abbé
F. GÉRARD, pieusement décédé, à Barbas, le 22 avril, à l'âge
de 82 ans.
Né à Barbas en 1805, ordonné prêtre en 1830, M. Gérard fut
successivement curé de Laître-sous-Amance, de Nonhigny et de
Domèvre-sur-Vezouze. Depuis l'année 1874, il vivait dans la
retraite à Barbas, où il ne cessa jamais d'édifier ses
compatriotes par sa piété, sa douceur et sa bonté.
M. Gérard était membre de l'association de prières, pour les
prêtres défunts.
7 mai 1887 - n° 19 -
p.367
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de
M. J.-J. GALLAND,
pieusement décédé à la Collégiale de Bon-Secours, le 1er mai, à
l'âge de 69 ans.
Né à Ogéviller le 25 décembre 1818, ordonné prêtre en 1845, M.
Galland fut successivement vicaire à Saint-Quirin, curé à
Lafrimbole, à Nonhigny et au Val-de-Bon-Moutier. Sa santé
l'obligea l'année dernière à abandonner cette dernière paroisse,
qu'il avait administrée pendant 25 ans. Il se retira à
Bon-Secours, où il est mort dimanche dernier. Ses funérailles
ont eu lieu mardi. Ses anciens paroissiens ont demandé que son
corps fût transporté au milieu d'eux. Leur voeu sera satisfait,
et ils pourront bientôt prier sur la tombe de celui qui leur a
fait tant de bien pendant sa vie.
13 août 1887 - n° 33
- p. 653
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs, l'âme de
M. D.-A. BASTIEN,
chanoine honoraire, pieusement décédé le 5 août, à
Saint-Nicolas-de-Port, dans sa 82e année.
M. Bastien est né à Blâmont en 1806, d'une très honorable
famille qui depuis vint habiter Saint-Nicolas.
Aussitôt après son ordination, on 1830, il fut nommé curé de
Reméréville. En 1840, il fut appelé à Fléville où il exerça le
saint ministère jusqu'en 1863, époque à laquelle il se retira à
Saint-Nicolas-de-Port, où il vient de mourir après une longue et
douloureuse maladie.
M. le chanoine Bastien dont la vie s'est paisiblement et
religieusement écoulée dans de modestes paroisses, et dans une
douce retraite, n'était point un prêtre d'une valeur ordinaire.
Tous ceux qui ont eu l'avantage de le connaître ont pu apprécier
la réserve et le tact peu commun qu'il montra dans ses
relations, le zèle, l'intelligence pratique, la sollicitude dont
il donna tant de preuves dans les postes qui lui furent confiés;
ils ont surtout admiré la finesse et l'étendue de son esprit, la
délicatesse et la bonté de son coeur.
M. Bastion était un érudit et un savant.
Doué d'une mémoire prodigieuse, il avait retenu tout ce qu'il
avait lu, tout ce qu'il avait entendu. L'histoire locale n'avait
pas de secrets pour lui. On nous dit qu'il a laissé sur
Saint-Nicolas en particulier des notes qui, nous l'espérons,
seront un jour livrées à la publicité. Elles doivent êtres bien
intéressantes, si elles sont écrites avec les qualités
précieuses que M. Bastien faisait briller dans sa conversation.
C'était un charmant et agréable conteur.
Quel plaisir il y avait à l'entendre ! Avec quelle facilité et
quelle grâce, il mêlait dans ses entretiens, l'anecdote aux
réflexions saisissantes, le fait édifiant aux jugements précis,
la chronique avec ses mille détails aux vues d'ensemble et
toujours exactes !
Il n'était pets moins versé dans les sciences ecclésiastiques et
souvent il put donner avec netteté son avis sur les questions
les plus difficiles de la théologie.
Si sa voix l'avait mieux servi, s'il ne lui avait pas été très
agréable de rester à Fléville, où il faisait un bien
appréciable, où il savait tout l'attachement qu'on avait pour
lui, surtout dans une noble famille dont il resta toujours l'ami
et dans laquelle il fut accueilli jusqu'à la tin, avec la plus
exquise bonté, M. Bastien aurait certainement été appelé à un
des postes les plus considérables du diocèse.
Pour le dédommager, pour rendre hommage à son talent et à ses
vertus, aussi bien que pour répondre à des voeux discrets et
distingués. Mgr Menjaud le nomma chanoine honoraire en 1852.
Cette flatteuse distinction qui vint le surprendre dans son
humble presbytère, ne fit que mieux ressortir la modestie, la
simplicité et l'affabilité qui ont toujours été le fond de sa
vie.
Pendant les années de sa retraite, que sa santé l'obligea à
prendre à un âge où d'ordinaire on peut encore travailler
directement au bien des âmes, il aimait à rendre service ; et
une de ses plus douces consolations était d'être utile et
agréable à tous les prêtres de Saint-Nicolas et des environs
qui, pour une chose ou une autre, avaient recours à son
obligeance.
Depuis deux ans, ses infirmités avaient sensiblement augmenté.
S'il conservait toute la lucidité de son esprit, les forces du
corps l'abandonnaient de jour en jour. Sa vue s'affaiblissant,
il dut remplacer l'office divin par la récitation du chapelet.
Il dut aussi, dans cette dernière saison, renoncer aux visites
annuelles qu'il faisait avec tant de bonheur au château de
Fléville. A la fin, ses souffrances devinrent intolérables; il
les supporta avec le calme le plus édifiant et la résignation la
plus sacerdotale. La mort est venue le délivrer samedi, à
l'heure même où la cloche des tours de Saint-Nicolas tintait l'Angelus.
C'est lundi qu'ont eu lieu les funérailles du vénérable
chanoine.
Pour répondre au voeu chrétien ce sa famille et aux pieux désirs
des nombreux amis de M. Bastien, un premier service religieux a
été célébré dans la basilique de Saint-Nicolas qui le comptera
désormais parmi ses bienfaiteurs.
M. le chanoine Pierre, ancien aumônier de Ludres et vieil ami du
défunt, l'a conduit de l'Hospice à l'église; M. le doyen a
chanté la messe et M. Hoffmann a fait l'absoute.
Le corps de M. Bastien a ensuite été transporté à Fléville, où
il avait demandé d'être inhumé à côté de sa vénérable mère.
Tous ses anciens paroissiens allèrent processionnellement le
recevoir à l'entrée du village. M. le curé de Fléville a fait la
levée du corps et l'a introduit dans l'église, ornée comme aux
plus grands jours de fête; M. le curé de Lupcourt a chanté la
messe; M. le Supérieur de la Malgrange a fait l'absoute, et M.
Geoffroy a récité les dernières prières. Avant il avait, du haut
de la chaire, adressé un dernier adieu au cher défunt.
Après avoir remercié la paroisse de Fléville pour le témoignage
de vénération qu'elle donnait à son ancien pasteur, M. le doyen
a rappelé les qualités précieuses de l'esprit et du coeur de M.
Bastien. Il a insisté sur la patience qu'il a montrée dans sa
cruelle maladie et sur sa reconnaissance pour les soins dont
l'ont toujours entouré les bonnes Soeurs de l'hospice. Il a
retracé avec une émotion qui a gagné tout l'auditoire les
derniers moments du bon prêtre que tous regrettaient. Il a dit
la grâce de la bénédiction envoyée au malade par Monseigneur,
les attentions délicates d'une noble famille dont M. Bastien ne
parlait qu'avec un coeur ému.
Aux approches de la dernière heure, ajouta M. le doyen, il eut
un moment d'effroi. « Voici donc l'heure solennelle,
répétait-il, voici le moment où je vais être jugé ! » et il
levait vers le ciel ses mains suppliantes ! Mais on lui répéta
ces paroles de saint Augustin, que lui-même avait si souvent
dites à d'autres: « Si vous avez peur de Dieu, jetez-vous dans
les bras de sa miséricorde. « C'est en qu'il fit, et il rendit
son âme à Dieu avec une pleine confiance et une tendre piété.
M. Bastien faisait partie de l'Association de prières.
20 août 1887 - n° 34
- p. 665
DIOCÈSE.
ACTES OFFICIELS.
Nominations.
Par décision de Monseigneur l'Evêque, ont été nommés:
[...]
Curé de Vého, M. l'abbé
LEBON, précédemment vicaire à Baccarat;
27 août 1887 - n° 35
- p.687
DIOCÈSE.
ACTES OFFICIELS.
Nominations.
Par décision de Monseigneur l'Evêque, ont été nommés:
[...]
Curé à Domêvre-sur-Vezouze, M. l'abbé
THISSERANT, précédemment curé de Crion;
p. 690
Pèlerlnage lorrain à Notre-Dame de Lourdes.
Souscription. en faveur des malades. 7° liste.
Dressée à Lourdes, le dimanche 21 août.
[...] - Une personne de Nonhigny, 2 fr. - Mme Mestelhut, à
Blâmont, 5 fr. - [...]
Nota. - Les bienfaiteurs des malades ont été publiquement
recommandés aux prières devant la Grotte.
Vidimus mirabilia hodie (Luc, V, 26).
Lourdes, 21 août, jour de la fête de saint Joachim, après la
splendide procession du soir.
17 décembre 1887- n°
51 - p. 1006
Nécrologie.
Monsieur l'abbé V. Demange.
Né à Merviller, le 5 février 1831, Monsieur l'abbé
Victor DEMANGE fut successivement vicaire à Château-Salins
(1855-1856), curé d'Angomont (1856-1864), et enfin curé de
Frémonville (1864-1887) : c'est là que nous l'avons vu à
l'oeuvre, et c'est là qu'il vient de rendre à Dieu son âme
sacerdotale.
Son ministère de vingt-trois ans à Frémonville semble n'avoir
été que la constante mise en pratique, de la maxime : « Le bien
ne fait pas de bruit, et le bruit ne fait pas de bien. »
Doué de talents plus qu'ordinaires, mais plutôt solides que
brillants, l'abbé Demange se distinguait par une intelligence
pénétrante, un jugement droit, un ferme bon-sens et une mémoire
heureuse, qu'il ne cessa de développer par un travail méthodique
et assidu.
De prime abord, le coeur ne se reflétait pas à travers une
enveloppe un peu froide, et à laquelle une santé de tout-temps
délicate donnait un air ascétique. Mais en réalité, chez ce bon
curé, les qualités du coeur ne le cédaient en rien aux qualités
de l'esprit : ses confrères, aussi bien que ses paroissiens,
poussés par une confiance qui ne s'y trompait pas, ont cent fois
trouvé dans le digne ministre de J.-C. attention sympathique au
récit de leurs peines, attendrissements pleins de larmes,
conseils marqués au coin d'une prudence supérieure, consolations
opportunes et discrétion inviolable.
Homme de talent et de coeur, le curé de Frémonville était plus
encore un homme de foi, de prière et de recueillement ; régulier
comme un chartreux dans l'accomplissement de ses devoirs de
piété, imposant le respect du lieu saint par son attitude au
saint autel ; d'ailleurs modeste parmi les modestes, et partout
uniquement préoccupé du désir de passer inaperçu.
Prêtre avant tout, sa passion maîtresse, pendant le quart de
siècle qu'il a passé au milieu de nous, a été « la splendeur du
temple de son Dieu : Dilexi decorem domûs tuae. »
Pour édifier les temples que Dieu préfère, les âmes, l'abbé
Demange ne s'épargna jamais ni fatigues, ni recherches
laborieuses : jusqu'au jour où son mal le terrassa, tous ses
catéchismes furent préparés avec un soin minutieux, et ses
prédications écrites d'un bout à l'autre. La clarté, la
précision, la conviction qu'il mettait dans l'enseignement de la
religion le rendaient éloquent, et vraiment il excellait à
instruire, et à former les consciences.
Aux âmes son temps, ses sueurs et sa santé ; - à sa chère église
de Frémonville, son argent. Certes, le bon curé n'était pas
riche; mais, grâce à une grande simplicité de goût, grâce à une
frugalité qui n'a certainement pas contribué à relever sa pauvre
santé, fort entendu d'ailleurs à régler son petit train de
maison, il parvenait de temps à autre à réaliser des économies
assez sérieuses sur son modeste budget. Avait-il réuni une
douzaine ou une quinzaine de cents francs : il n'en soufflait
mot à personne ; mais, à la première réunion du conseil de
fabrique, il proposait adroitement quelque projet
d'embellissement pour son église. Le projet accepté, toujours
les frais de réalisation dépassaient de moitié ou des deux tiers
les ressources de la caisse, et les prévisions des marguilliers,
- jamais les prévisions du pasteur, qui ne s'était avancé que
parce qu'il était en mesure de finance. Aussi, si jamais les
paroissiens de Frémonville venaient à oublier leur généreux
curé, ils retrouveraient son nom écrit sur les murs, sur les
dalles et aux voûtes de leur église.
Un jour, l'abbé Demange avait pu thésauriser jusqu'à deux mille
francs : cette fois, la somme économisée ne prendra pas le
chemin de l'église, mais servira à faire surgir un Bureau de
bienfaisance, qui n'existait pas, et qui restera l'instrument
des libéralités du cher curé; envers les nécessiteux des âges
futurs. Ainsi, la mort, qui mettra un terme à sa vie, n'en
mettra point à sa chrétienne charité; ainsi, quand il sera sur
le point de mourir, cet intelligent bienfaiteur, préalablement
dépouillé de tout, sera dispensé de faire un testament.
C'est dans cette chrétienne imprévoyance du lendemain, qu'un mal
inexorable vint frapper Monsieur le curé de Frémonville : dans
l'après-midi du 8 décembre 1886, fête de l'immaculée-Conception,
il se trouva subitement fort mal. Revenu à lui, sans se faire la
moindre illusion, il se condamna a brève échéance, et sans plus
tarder se prépara à la mort. Préparation immédiate, et qui
pourtant dura trois-cent-soixante-cinq jours, dont chacun fut
marqué par un dépérissement insensible du corps, mais aussi par
de merveilleux accroissements de ferveur et de résignation. Pas
un seul jour le malade ne manqua de réciter, souvent plusieurs
fois de suite, le Dies irae : c'était sa prière favorite, dans
ses longues insomnies. Quand l'extrême faiblesse le rendit
incapable de lire son Bréviaire, il dédommagea son âme
sacerdotale, en méditant ou en répétant presque sans
interruption, des tirades entières de l'Evangile ou des Epîtres
de saint Paul, des versets du Psautier, ou de préférence encore
une foule de prières, courtes et substantielles, dont sa mémoire
était peuplée de longue date. En voici une qu'il affectionnait
particulièrement : « Credo, Domine : credam firmius ! Spero,
Domine : sperem fortius! Amo, Domine: amem ardentius ! Doleo,
Domine : doleam vehementius ! » .
Prévoyant avec une assurance calme et souriante le moment où son
corps inanimé serait mis en bière, il redit à plusieurs reprises
aux prêtres qui le visitaient :
« Souvenez-vous que Monseigneur n'aime ni les couronnes autour
de nos cercueils, ni les éloges sur nos pauvres vies. Des
cierges, à la bonne heure ! Et surtout des prières : pour mon
compte, soyez persuadés que j'en aurai plus besoin, que de
louanges. » Dernières et touchantes expressions d'une humilité
et d'une déférence filiale, qui ne se démentirent jamais !
Dans la dernière huitaine, le malade acquit une étonnante
lucidité pour comprendre les« réponses de mort », que lui
faisait son corps de plus en plus exténué, et pour calculer la
durée du peu de vie qui lui restait. « La fête de
l'Immaculée-Conception approche, répéta-t-il plusieurs fois ;
c'est ce jour-là, que j'espère mourir. »Et plein de cette
pensée, la veille de la fête, le mercredi, il voulut recevoir
l'Extrême-Onction, et désigna pour ce suprême service le jeune
auxiliaire qui lui devait d'être prêtre, et qui en échange,
allait l'aider à mourir. Le dernier sacrement une fois reçu,
Monsieur l'abbé Demange se fit réciter successivement le Te
Deum, le Magnificat et le Nunc dimittis. Et le lendemain, il
rendait à Dieu sa belle âme, comme il l'avait prédit, le jour et
à l'heure où l'Eglise chante « Immaculata Conceptio est hodie
Sanctae Mariae Virginis. » Tombé malade le jour de
l'Immaculée-Conception 1836, c'est le jour de
l'Immaculée-Conception 1887 qu'il est mort: cette coïncidence,
avec la prédiction qui l'accompagne, vaut au moins la peine
d'être constatée.
Le surlendemain, samedi 10 décembre, eurent lieu les funérailles
d'un prêtre aimé de ses confrères, accourus fort nombreux, les
funérailles d'un prêtre chéri de ses paroissiens, tous présents.
- Monsieur le curé-doyen de Blâmont aurait trompé l'attente
générale, s'il n'avait adressé quelques mots de condoléance à la
paroisse consternée, et quelques paroles d'adieu à un confrère
si universellement apprécié : il l'a fait en termes excellents,
et avec l'accent d'une émotion contenue, qui a fait monter les
larmes à tous les yeux.
Et maintenant, le corps de Monsieur l'abbé Demange repose au
centre du cimetière de Frémonville, à une place d'honneur que la
municipalité reconnaissante lui a spontanément destinée. Mais
autour de la fosse béante, chacun exprimait tout haut le ferme
espoir qu'un « prêtre si bon, si vertueux et si dévoué, a déjà
dû recevoir près de Dieu une place bien plus belle. »
Comme on revenait du cimetière, les cloches de la paroisse, à
peine reposées d'avoir sonné la volée funèbre, se sont mises à
carillonner l'Angelus, pour annoncer la solennité de
l'Immaculée-Conception. Ce joyeux carillon, à pareil moment,
ressemblait singulièrement au Laetetus sum d'un candidat sur le
point d'être admis au ciel.
Monsieur l'abbé Demange était membre de l'association de
prières.
L'abbé CHAZEL.
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