14 janvier 1911 - n° 2
- p. 21
Les fêtes de la semaine
[...] Jeudi, S. CANUT, roi-martyr 1086 (Rouge). - Blémerey.
18 mars 1911 - n° 11
- p. 209
Les fêtes de la semaine
[...] Lundi, S. CYRILLE (Blanc). - Domjevin.
C'est S. Cyrille, le grand Évêque de Jérusalem, l'ardent
défenseur de la divinité de Jésus-Christ, l'illustre persécuté
pour sa foi, le grand théologien de l'Eucharistie ; l'Église
l'honore comme Docteur; il mourut en 386.
25 mars 1911 - n° 12
- p. 233
Itinéraire de la tournée de la Confirmation dans
l'arrondissement de Lunéville pour 1911.
[...] Mercredi 10 mai. - Mignéville - Hablainville, Herbéviller,
Mignéville, Ogéviller.
[...] Vendredi 12 mai. - Pexonne. - Ancerviller, Neufmaisons,
Pexonne, Sainte-Pôle, vacqueville
[...] Dimanche 14 mai. - Blâmont - Amenoncourt, Autrepierre,
Avricourt, Blâmont, Barbas, Domèvre, Gogney, Verdenal, Repaix.
Lundi 15 mai. - Frémonville - Frémonville, Harbouey, Nonhigny,
Tanconville.
Mardi 16 mai. - Vého - Bénaménil, Domjevin, Manonviller,
Saint-Martin, Vého.
15 avril 1911 - n°
15 - p. 289
Les fêtes de la semaine
[...]De Lundi à Samedi, les Adorations perpétuelles ont lieu
successivement à Praisnes-en-Saintoig, Franconville, Frémonville,
Frolois et Gélacourt.
22 avril 1911 - n°
16 - p. 313
Les fêtes de la semaine
[...] Vendredi, S. Paul de la Croix, + 1775 (Blanc). - Mém. de
S. VITAL, martyr + 171 (Blanc). - Gondrexon.
29 avril 1911 - n°
17 - p. 333
Les fêtes de la semaine
[...] Samedi, Martyre de S. JEAN devant la Porte latine (Rouge).
- Halloville.
6 mai 1911 - n° 18 -
p. 353
Les fêtes de la semaine
[...] Vendredi, S.S. Martyrs NÉRÉE, ARCHILLÉE et DOMITILLÉE + 98
et PANCRACE, + 304 (Rouge). - Harbouey.
6 mai 1911 - n° 18 -
p. 357
ACTES OFFICIELS
Réunion des Comités catholiques des oeuvres d'hommes et des
patronages à Blâmont le 14 mai 1911.
Le dimanche 14 mai, les membres des Comités catholiques des
oeuvres d'hommes, des patronages et des sociétés de gymnastique
sont invités à la réunion qui se tiendra à Blâmont, pour les
doyennés de Blâmont et de Cirey, sous la présidence de
Monseigneur l'Evêque.
De 2 heures à 4 heures, à la Salle du Patronage, séance de
travail des Comités catholiques, ouverte par Messieurs les
Vicaires généraux et clôturée par Monseigneur l'Evêque qui
prendra la parole: Ecoles et patronages, presse, oeuvres
agricoles, confréries, fraternités.
A 2 h. 1/2, à l'église, Vêpres solennelles présidées par Sa
Grandeur Monseigneur l'Evêque, pour les dames et les personnes
qui s'occupent des oeuvres de zèle, de charité et de piété.
A 3 h. 1/2, séance de travail pour les dames et demoiselles qui
s'occupent ou voudraient s'occuper des oeuvres de piété, de zèle,
de charité.
A 4 heures, défilé des sociétés de gymnastique et des
patronages, précédant le cortège des hommes, vers l'église où
aura lieu l'office du soir.
A 4 h. 1/4, office du soir, procession, salut. Monseigneur
l'Evêque présidera cet office et y prendra la parole.
Les jeunes gens des sociétés de gymnastique et patronages
pourront arriver seulement pour l'office de 4 h.
13 mai 1911 - n° 19
- p. 373
Les fêtes de la semaine
[...] Jeudi, S. VENANT, martyrisé à 15 ans, en 250 (Rouge) -
Herbéviller.
20 mai 1911 - n° 20
- p. 393
Les fêtes de la semaine
[...] Vendredi, S. PHILIPPE DE NÉRI (1575). - Mémoire de S.
Éleuthère, Pape, martyrisé en 185 (Blanc). - Igney.
20 mai 1911 - n° 20
- p. 393
La Journée des Comités catholiques
A BLAMONT
BLAMONT lui aussi eut sa journée d'oeuvres ! Après les réunions
de Nancy et de Lunéville; après le « Pays-Haut », se révélant
avec une merveilleuse floraison d'oeuvres, Blâmont se devait
d'écrire à son tour une page, si modeste qu'elle fût, au livre
d'or des oeuvres diocésaines.
Le 14 mai, Monseigneur conviait à une réunion générale à Blâmont
les Comités catholiques des deux doyennés de Blâmont et de Cirey
: l'appel de Monseigneur a été entendu.
Dès le début de l'après-midi, la petite cité était envahie par
une affluence qui rappelait les jours brillants d'autrefois et
recevait avec sa bonne grâce coutumière des flots de visiteurs.
De longues files de voitures amenaient des contingents sérieux
des paroisses éloignées, cependant que la Compagnie Avricourt-Cirey
exhumait d'antiques wagons et formait deux trains spéciaux,
grande opus !
La légion St-Maurice, de Blâmont, accrue de ses contingents de
Frémonville et de Verdenal, attendait à la gare les sociétés
amies, et ce fut un superbe défilé à travers la ville : à la
suite de la Légion St-Maurice précédé d'un porte-drapeau idéal
(1 m. 95 .., sans le drapeau) venaient, dans un ordre parfait,
avec une tenue coquette et pleine de crânerie, le patronage d'Avricourt
(sans tampon) (1), La Lorraine, d'Amenoncourt et ses jeunes
artistes ; l'Union St-Bernard, de Cirey ; la légion du Bon Père,
de Petitmont; la musique de la Société cotonnière Lorraine et
les Gas du Val, et, pour terminer le défilé, la jeune et
sympathique union des « Cheminots» d'Avricourt, en groupe
complet, avec son étendard.
A la suite de ces sociétés qui s'avançaient musiques en tête, le
Tout-Blâmont se dirige vers l'église, splendidement décorée :
des faisceaux de drapeaux lorrains et français jetaient une note
vive sur la sombre ramure des sapins et des guirlandes de
verdure couraient en larges festons entre les piliers, sous les
voûtes; l'ensemble en était parfait.
Les dames se réunissent à l'église : M. le Vicaire général
Jérôme préside les Vêpres et M. le Vicaire général Ruch fait une
substantielle instruction : il invite ses Auditrices à être des
Apôtres; Femmes, elles doivent avoir au coeur une immense pitié
pour toutes les victimes de la persécution et cette compassion
se traduira par des actes. Chrétiennes, elles sont obligées de
défendre la religion qu'elles aiment et qui a tout fait pour
elles ! Françaises, elles seront les soeurs de Clotilde, Jeanne
d'Arc et des nobles femmes qui se sont dévouées jusqu'au
sacrifice pour leur foi et pour leur pays !
LA RÉUNION DES HOMMES.
Les hommes entraient à 2 heures dans la grande salle du
patronage Cette salle, elle a des complaisances, ou des
richesses insoupçonnées: M. le Doyen nous promettait 200 places
! Il se trouva que nous étions plus de 300, non compris certains
auditeurs extraordinaires, habitués d'autres réunions, venus
s'instruire chez nous à la faveur d'un bon mouvement.
La prière récitée, M. le Vicaire général Barbier ouvre la
séance, adresse à tous les paroles de bienvenue et indique
l'ordre des travaux.
C'est M. l'abbé Thouvenin qui commence la séance d'études par
une conférence sur les oeuvres agricoles. M. Thouvenin parle des
syndicats, oeuvre très pratique, qui fait pénétrer partout les
connaissances scientifiques agricoles, facilite les achats,
renseigne sur une foule de lois faites pour nos laboureurs et
très peu connues, donne des consultations variées et transmet à
l'occasion ses desiderata et ses voeux aux représentants du pays.
Puis, une causerie des plus intéressantes sur les Mutuelles les
caisses rurales, caisses de dotation et de retraites : c'est
clair, précis, plus que les longues colonnes de la loi sur les
retraites ouvrières.
Cette conférence, très vivante, humoristique, a le plus grand
succès auprès des auditeurs, tous, travailleurs des champs. M.
Thouvenin reprendra sûrement la route de Blâmont. Ogéviller le
retient pour la semaine prochaine et les voisins s'inscriront à
la suite.
M. Thouvevin tend par les oeuvres agricoles à rendre les
travailleurs plus charitables, plus indépendants ; M. le vicaire
général Barbier veut faire des chrétiens, une jeunesse
chrétienne, par les oeuvres de persévérance, les Patronages et
les Fraternités.
Les patronages semblent, à première vue, moins nombreux dans la
région de Blâmont que dans certaine milieux : combien d'oeuvres
pourtant qui n'ont point de titre, ni de nom, et font cependant
le bien parmi les jeunes gens qu'elles réunissent surtout durant
les mois d'hiver !
Il faut des patronages, vrais, utiles. Ce qu'on fait au
patronage ? On joue, on prie, on travaille. Le but qu'on se
propose, c'est de faire des chrétiens ; ces oeuvres n'auraient
aucune raison d'être, si elles ne maintenaient l'idéal religieux
de la jeunesse, en lui procurant les moyens de l'atteindre. Ici,
M. le Vicaire général parle de l'abondance du coeur ; les
souvenirs personnels se pressent ; dans ce beau tableau d'un
patronage modèle, n'y aurait-il pas plus d'un trait emprunté aux
oeuvres de Saint-Mansuy.
Un dernier mot sur la fédération des patronages et une
exhortation chaleureuse à créer dans chaque paroisse une oeuvre
de persévérance.
Et les Fraternités ? Ne pourrait-on pas former des fraternités,
les greffer sur des confréries d'hommes. Comme elles seraient
puissantes pour le bien, l'union, la charité ! - L'idée est à
recueillir ; peut-être un avenir très prochain donnera-t-il
raison à M. le vicaire général Barbier.
Il est 3 h. 1/2. M. le Vicaire général Ruch termine son
instruction aux dames; il apporte son précieux concours à la
séance des hommes et parle des Comités catholiques, de la
Question scolaire et de la Presse.
Résumer le rapport, suivre M. le Vicaire général sur chacun de
ces points, serait chose difficile. Dire qu'il a été extrêmement
goûté; que son allure oratoire a provoqué les applaudissements
répétés des auditeurs ; qu'il a été persuasif dans ses
démonstrations, entraînant dans ses conclusions, c'est chose
inutile. On admire la sagesse des décisions à prendre dans la
question si complexe de l'école, les moyens de combattre le mal
par une action énergique et constante.
Je me demande ce que pensaient nos quelques lecteurs de mauvais
journaux, égarés parmi nous, pendant que M. Ruch exécutait
magistralement la presse impie, immorale, montrait ses dangers
et ses tares, flétrissait les pitoyables compromissions de ces
chrétiens pusillanimes, abonnés par crainte au mauvais journal
et n'osant rompre leur chaîne.
A ce moment, Monseigneur faisait son entrée dans la salle du
patronage. L'assemblée, électrisée par son sympathique orateur,
lui fit une longue ovation. Sa Grandeur, fatiguée par la
cérémonie de la Confirmation, voulut pourtant, malgré un
enrouement très pénible, remercier en quelques mots le
magnifique auditoire qui avait répondu à son appel : à ce moment
d'ailleurs, à la suite d'arrivées ininterrompues, on avait
envahi les couloirs, occupé les moindres coins de la salle,
escaladé les fenêtres ou de véritables grappes humaines
apparaissaient : c'est devant plus de 400 hommes que Monseigneur
donna les derniers conseils et conclut par un chaleureux appel à
l'union, à l'action chrétienne pour Dieu et pour la France.
LA RÉUNION DES DAMES
Les dames avaient eu leur réunion d'oeuvres présidée par M. le
Vicaire général Jérôme. C'est dans une salle du patronage des
jeunes filles, au milieu d'une assemblée choisie, l'élite de nos
paroisses, que se traitèrent les questions de patronages de
filles, de catéchistes volontaires et bien d'autres encore.
M. le Doyen de Cirey lut un rapport sur les oeuvres de la
paroisse : catéchistes volontaires, oeuvre de l'aiguille,
patronage ... il en dit du bien ; nous devinions plus de bien
encore, malgré la modestie du rapporteur et une discrétion
presque coupable, parce que trop grande.
De M. le curé du Val, une notice, extrêmement complète et du
plus vif intérêt sur son patronage de jeunes filles :
institution modèle, pourvue de tous les avantages matériels,
dirigée avec le dévouement le plus éclairé par Mme Veillon, son
bon ange protecteur. A noter une innovation des plus heureuse.
Ce patronage, qui prend l'enfant dès le premier âge, le reçoit
au cours des « petites » ; puis à la section des « grandes »; ne
quitte pas les jeunes filles quand elles sont mariées : un
mardi, chaque mois, elles reviennent à leur patronage,
retrouvent leur chère directrice avec ses bons avis, et
s'entretiennent dans leurs habitudes religieuses.
Parux, dans un rapport sur l'oeuvre du 1er vendredi du mois,
donne des résultats bien consolants. 60 personnes sur 200 y sont
fidèles : rien d'étonnant pour qui connaît le pasteur de la
paroisse.
Voici Blâmont, avec un rapport des plus intéressants sur le
patronage du jeudi, la surveillance de l'école, la création d'un
ouvroir, d'une école ménagère..., sans compter sa légion de
catéchistes volontaires et sa succursale dévouée de l'oeuvre des
Tabernacles.
Domèvre nous initie à la diffusion de la Bonne Presse dans cette
paroisse: initiative hardie, poursuivie per fas et ne fas avec
des moyens un peu endiablés, ... et couronné cl de succès depuis
bientôt deux ans. Les prêtres en retraite, désireux d'utiliser
leurs loisirs dans de telles oeuvres, pourront consulter
utilement M. l'abbé CropsaI.
Avricourt, une paroisse cultivée ave s tant de soin, compte dans
ses oeuvres de dames un ouvroir du jeudi, des catéchistes
volontaires ... Si la moisson répond aux efforts prodigués,
Avricourt sera bientôt un petit paradis.
N'oublions pas Xousse et son patronage de 25 jeunes filles, Et
les oeuvres d'hiver, les projections, qui ont réuni de si beaux
auditoires d'hommes ou de dames à Blâmont, à Domèvre, à Barbas
...
L'OFFICE DE CLÔTURE
Mais il est 4 heures. Les sociétés de musique, qui se sont
taillé des succès bien mérités en exécutant leurs meilleurs
morceaux sur les places de Blâmont, rentrent à l'église et
occupent l'avant-choeur. La solennité religieuse commence.
Monseigneur préside à son trône, avec de jeunes gymnastes comme
officiants ,
Ce ne sont pas les 4. 000 hommes de Nancy ... pourtant, l'église
regorge de monde. 900 hommes occupent la grande nef, combien ne
peuvent trouver place ! les dames ont pris d'assaut Ies
bas-côtés.
C'est un office improvisé qui réussit à merveille. On chante le
Credo. Les prêtres des deux doyennés (ils sont venus 24)
alternent avec les voix puissantes de la nef. Jamais, l'église
de Blâmont ne s'est trouvée à pareille fête.
Comme il est beau, ce chant des hommes, vibrant comme une prière
et traduisant les sentiments enthousiastes de tous les coeurs.
Après le cantique au Saint-Esprit, M. le Vicaire général Barbier
prononce, au nom de Monseigneur, les paroles de félicitations et
d'adieu. Il exprime la peine très vive de son évêque de ne
pouvoir, comme dans toutes les autres réunions des comités
catholiques, adresser à ces vaillants catholiques ses
félicitations et ses encouragements; mais sa gorge ne peut plus
faire entendre aucune parole. M. le Vicaire général trouve dans
son coeur d'apôtre les remerciements émus et les exhortations
chaleureuses. Etre des croyants, des pratiquants, des
conquérants ... ne pas redouter les menaces de l'avenir, quand
on sert une cause qui n'a jamais succombé, et qui ne périra
jamais ... servir la cause de Dieu quand même !
Il y a des paroles qui vont droit au coeur, on le sentait à ce
moment.
Pour finir, la procession du Saint-Sacrement. Escorté par deux
cents jeunes gens, qui formaient une garde d'honneur, précédé
des six étendards des sociétés, entouré de vingt prêtres, N.-S.
descendit au milieu des rangs des fidèles, pendant que la
musique de la Cotonnière Lorraine remarquablement dirigée jouait
une marche religieuse. La procession revenait au chant du
cantique: Nous voulons Dieu. M. le Curé de Leintrey, dont la
voix vaut un orchestre, chantait les couplets: tous les hommes
reprenaient le refrain. Il ne manquait que les acclamations à
N.-S., comme aux fêtes des Hommes de France au Sacré-Coeur. Les
trompettes sonnèrent aux champs, les étendards s'inclinèrent, la
bénédiction descendit sur les fronts courbés. La Lorraine, d'Amenoncourt,
enleva brillamment le Chant des jeunes Lorrains... personne ne
songeait à quitter l'église : ces belles cérémonies s'achèvent
toujours trop tôt !
La journée d'oeuvres de Blâmont a eu un plein succès ; nous
pouvons ajouter que le succès a dépassé l'attente de tous: on ne
se souvenait pas, de mémoire d'homme, avoir vu pareille
affluence, pareil entrain pour une réunion d'oeuvres religieuses.
Les séances d'études ont été instructives au plus haut point :
que d'oeuvres se sont fait connaître avec des initiatives et des
dévouements qui mériteraient de ne point rester dans l'ombre !
On a trouvé de quoi s'instruire, de quoi s'édifier. Une fois de
plus, la bonne semence a été jetée; plaise à Dieu qu'elle germe
rapide et prépare dans nos paroisses une moisson abondante,
L. R.
(1) Allusion à un arrêté fameux.
27 mai 1911 - n° 21
- p. 422
Les visites pastorales dans l'arrondissement de Lunéville.
Au retour des visites pastorales dans l'arrondissement de
Lunéville, après un rapide séjour dans les 19 paroisses où a été
administré le sacrement de Confirmation, une impression se
dégage: les troupes catholiques sont entrainées, vaillantes ;
les antiques traditions de respect n'ont pas faibli ; la
Séparation, après avoir éliminé les éléments douteux, a raffermi
les autres. Avec plus d'indépendance, d'initiative, les
catholiques gardent à leurs chefs, malgré tout, respect et
fidélité.
On peut dire que partout la visite de Monseigneur l'Evêque fut
considérée comme un grand honneur, souvent sollicitée par M. le
Curé lui-même au nom des paroissiens,
Pour être juste, il faudrait prendre une à une toutes les étapes
de cette campagne, d'Einville à Vého, à travers les paroisses d'Arracourt,
de Xousse, de Maixe, de Mont, de Moriviller, de Gerbéviller, de
Bayon, de Moyen, de Saint Clément, de Mignéville, de Merviller,
de Pexonne, de Badonviller, de Blâmont, de Frémonville, de Cirey.
Il faudrait faire sortir de l'ombre où ils s'obstinent à se
cacher tant d'humbles dévouements, citer à l'ordre du jour les
intrépides travailleurs qui, sous la direction de MM. les curés,
ont tressé des guirlandes, édifié les arcs de triomphe, répandu
à travers les rues de nos villages avec profusion une verdure
printanière et associé, dans une très large mesure, la nature
elle-même à leur affectueux respect pour leur évêque vénéré.
A peu près partout, des membres du conseil municipal, souvent M.
le maire, sont restés fidèles aux habitudes du passé ; comme
représentants d'une population catholique, ils ont compris leurs
devoirs vis-à-vis de Monseigneur l'Evêque.
Les conseils paroissiaux, les comités catholiques, dévoués
auxiliaires de MM. les Curés, étaient au premier rang. Les
associations de dames, de jeunes filles, sont venus ensuite. Les
jeunes gens des patronages, des sociétés de gymnastique ont
sollicité, à leur tour, la bénédiction de leur Evêque, après
avoir apporté à la préparation de la fête un actif et empressé
concours.
Les oeuvres de jeunesse se sont multipliées dans ce diocèse.
Grande est la consolation de Monseigneur, durant ses visites
pastorales, de constater que son appel a trouvé partout des
échos et de rencontrer dans un très grand nombre de paroisses,
au premier rang, une édifiante jeunesse.
Partout l'empressement des hommes a été consolant. Monseigneur a
vu avec bonheur autour de son trône, plus près de l'autel,
jusque sur les marches du sanctuaire, une nombreuse couronne de
jeunes gens et d'hommes. Les chants pleins d'entrain, exécutés
par la foule, lui ont, causé une vive satisfaction.
Monseigneur a répandu, malgré la fatigue de sa gorge, ses
encouragements, ses remerciements, ses bénédictions. Il a rendu
témoignage au zèle de MM. les Curés et de tous leurs dévoués
auxiliaires, et donné des conseils pratiques, appropriés aux
besoins de l'auditoire. Sa visite a été partout un puissant
réconfort.
MM. les curés, si admirables de zèle, ont reçu Monseigneur avec
une joie filiale et respectueuse. Sa Grandeur, au milieu des
épreuves de sa santé, a été grandement soutenue par les
témoignages de leur affection. Elle a apprécié leur dévouement.
Souvent, sur la route, malgré les fatigues d'une rude journée,
Elle a voulu s'arrêter encore, encourager et remercier ses
prêtres bâtisseurs, chefs de fanfares, tout entiers à leur
laborieux ministère; elle a voulu rendre témoignage à leur
inlassable dévouement.
En somme, il fait bon constater - les adversaires les plus
malveillants ne peuvent le méconnaitre, - il fait bon constater
aujourd'hui, à côté de regrettables défections l'union plus
parfaite des fidèles, autour de leurs évêques et de leurs
prêtres, sur le terrain de leurs croyances. Partout s'affirme le
souci de maintenir et de défendre l'idéal catholique; partout
s'accentue l'esprit de discipline. Malgré les points noirs qui
chargent l'horizon, à la vue de tant de bonne volonté, de
respect, de dévouement, il monte une impression de vie et de
résurrection.
3 juin 1911 - n° 22
- p. 444
Chronique des missions paroissiales
A Ogéviller, tout s'était rencontré pour faire échouer la
mission : avance de la date de ces saints exercices nécessitée
pur le changement d'un des missionnaires ; froid intense -
c'était à la fin de janvier - neige et verglas; habitudes
locales; indisposition de l'un des apôtres, le R. P. XAVIER; si
bien que M. le Curé était fort inquiet. Ses inquiétudes
heureusement furent vaines; il put constater que la foi ne
compte pas avec les intempéries. Excellente initiative : le
souvenir de la mission fut conservé en un bulletin polycopié,
distribué à toutes les familles.
17 juin 1911 - n° 24
- p. 490
Nécrologie.
M. LE VICAIRE GÉNÉRAL
DIDIERJEAN.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. le
Vicaire, général Didierjean, décédé le 11 juin 1911.
Né à Neuviller-les-Badonviller le 21 mai 1839, ordonné prêtre le
30 mai 1863, M. l'abbé Emile-Auguste Didierjean avait été
successivement professeur à Fénétrange (1863). vicaire de
Montdidier (1864), curé de Nébing (1866), de VilIers-Ies-Nancy
(1872), curé-doyen de Blâmont (1877), chanoine titulaire et
curé-archiprêtre de la cathédrale de Nancy (1885), vicaire
général titulaire (1889). Il était vicaire général honoraire
depuis le 25 avril 1907.
M. le Vicaire général Didierjean était membre de l'association
de prières.
Monseigneur l'Evêque, accompagné d'e MM. les Vicaires généraux,
a tenu chapelle pontificale aux obsèques de M. le Vicaire
général Didierjean, qui furent célébrées, mercredi 14 juin, en
l'église Saint-Léon IX, sa paroisse.
Plus de 150 prêtres étaient venus rendue à celui qui, si
longtemps, s'était dévoué à l'administration du diocèse, un
suprême devoir de respectueuse gratitude.
La levée du corps fut faite par M. le Doyen de Saint-Sébastien ;
la Messe fut chantée par M. le Vicaire général Barbier ;
Monseigneur l'Evêque donna l'absoute, et M. le Curé de
Saint-Léon IX conduisit le corps à la gare, d'où il fut
transporté à Neuviller-les-Badonviller pour y être inhumé.
M. le Vicaire général Jérôme, M. l'Archiprêtre de la Cathédrale,
M. le chanoine Charaux, vicaire général honoraire, M. le
chanoine Royer, tenaient les cordons du char.
Dans le deuil, se trouvaient M. le Directeur et les membres de
la Commission de l'Institution des Jeunes Aveugles dont le
défunt était le président, et une très nombreuse délégation des
Soeurs de Saint-Charles, dont il était le supérieur.
M. le Vicaire général Didierjean avait témoigné formellement le
désir de n'avoir ni oraison funèbre, ni notice nécrologique.
Mais nos lecteurs sauront se souvenir de lui dans leurs prières,
5 août 1911 - n° 31
- p. 613
Les fêtes de la semaine
[...] Dimanche 6 (IXe après la Pentecôte). - TRANSFIGURATION DE
N. S. - Blâmont.
Mémoire des saints XISTE, pape, FELICISSIMUS et AGAPIT, martyrs.
5 août 1911 - n° 31
- p. 630
Nécrologie
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. l'abbé
Boulangeat,
ancien curé de Manoncourt-en-Vermois, décédé le 30 juillet 1911.
Né à Rozelieures le 26 mai 1844, ordonné prêtre le 29 juin 1868,
M. l'abbé Jean-Nicolas Boulangeat avait été successivement
vicaire à Saint-Epvre (1868), curé de Chazelles (1869), et de
Manoncourt-en-Vermois (1874). Il était retiré du ministère
depuis le 10 novembre 1908.
M. l'abbé Boulangeat était membre de l'Association de prières.
19 août 1911 - n° 33
- p. 649
Les fêtes de la semaine
[...] Samedi. - Bienheureux Jean-Marie VIANNEY. - Mignéville.
Mém. de S. ZÉPHIRIN, pape et martyr.
30 septembre 1911 -
n° 39 - p. 771
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs, l'âme fie M.
l'abbé Gaillard,
ancien curé de Loromontzey, décédé le 24 septembre 1911.
Né à Ogéviller, le 31 mars 1856, ordonné prêtre le 11 juillet
1880, M. l'abbé Nicolas-Emile Gaillard, avait été successivement
vicaire à Flirey (1880), curé de Pierre-Percée (1882), de
Nonhigny (1891), à Loromontzey (1903). Il était retiré du saint
ministère depuis le 1er mars 1910.
M. l'abbé Gaillard était membre de l' Association de prières.
7 octobre 1911 - n°
40 - p. 790
M. l'Abbé Gaillard
Né a Ogéviller et élève de nos séminaires, M. l'abbé
Emile Gaillard,
devenu prêtre, se montra d'emblée tel qu'il fut toute sa vie:
zélé et laborieux. Envoyé à Flirey comme vicaire d'un vénérable
curé qui portait, avec le poids de l'âge, celui des infirmités, il se dévoua tout entier à sa tâche. Le mot tout entier appliqué
à M. l'abbé Gaillard n'est point une expression banale: il
n'entra jamais à demi dans aucune des occupations ne son labeur
sacerdotal. Il mettait toute son âme dans ses prédications, dans
ses leçons de catéchisme et dans ses visites de malades, comme
il la mettait tout entière dans la célébration du
Saint-Sacrifice et dans l'accomplissement de ses devoirs de
piété.
Si l'on cherchait une devise pour caractériser sa vie, on la
trouverait dans ce texte de saint Paul : « Labora sicut bonus
miles Christi». Dans les différents postes où le plaça la
volonté de ses supérieurs, il fut à la lettre le bon ouvrier et
le bon soldat de Jésus-Christ. Du commencement à la fin de sa
carrière, la prière, le travail et la lutte pour Dieu, la vérité
et les âmes, se partagèrent tout son temps.
A Pierre-Percée, sa première paroisse, les gens étaient un peu
façonnés à l'image de la nature qui les entourait : il y avait
en eux un peu de l'âpreté de leurs montagnes et du granit de
leurs rochers. M. l'abbé Gaillard n'en fut pas effrayé; et
convaincu que le prêtre est envoyé par le divin maître pour être
à sa suite plutôt à la peine qu'à l'honneur, il se mit à l'oeuvre
avec un entrain qui ne se démentit point. Son ministère n'y fut
point stérile; mais il ne fut pas sans soulever des
mécontentements et sans se heurter à des contradictions. Rien ne
le découragea, ni ne l'arrêta, soit qu'il crût devoir prendre
des mesures énergiques ou établir des règlements rigoureux, soit
qu'il voulût obtenir des enfants l'assistance quotidienne aux
catéchismes, sans admettre comme motif de dispense l'éloignement
des écarts ou le mauvais état des chemins. Des esprits
pusillanimes, jugeant sa méthode d'administration, la taxaient
de sévérité outrée: ils estimaient qu'avec certains
accommodements justifiés par le milieu, il aurait obtenu des
résultats non moins appréciables, Mais il avait une très haute
idée de la dignité et du prix des âmes; pour en sauver une
seule, il eût affronté toutes les fatigues et tous les dangers;
et, à ses yeux, les intérêts religieux qui dominent tous les
autres, valaient bien le prix d'un sacrifice, même coûteux, et
d'un déplacement, même long et pénible. Cette sévérité qui ne
faisait aucune acception de personnes et qui ne prit jamais des
airs de rancune ou de vengeance ne laissa pas, d'ailleurs, de
produire de bons fruits : elle contribua à maintenir et à
consolider les traditions religieuses de la paroisse.
De Pierre-Percée, M. l'abbé Gaillard fut nommé à la cure de
Nonhigny. Nonhigny, paroisse pieuse, lui réservait des combats
d'un autre genre qu'il allait soutenir avec la même constance et
la même inflexibilité. Certaines âmes timorées, portées aux
élans mystiques, s'étaient laissé gagner par les extravagances
d'une femme illuminée dont les prétendues visions firent quelque
bruit. A Nonhigny, les dupes furent relativement nombreuses : et
comme il n'arrive que trop souvent, ces personnes, dont la bonne
foi avait été surprise, s'obstinaient dans une erreur qui
plaisait à leur piété plus sincère que bien équilibrée.
L'Autorité diocésaine s'émut de cette situation et traca une
ligne de conduite à M. le Curé qui la suivit ponctuellement,
sans se permettre la plus légère déviation. Pendant des années, le zèle du pasteur n'eut d'égal que l'entêtement des égarés.
Dans ces conjonctures, M. l'abbé Gaillard encourut encore
quelques critiques : on ne le trouvait pas assez diplomate. Il
eût été plus sage et plus avisé, disait-on, de traiter par
simple prétérition cette petite Eglise de chrétiens abusés; on
leur donnait trop d'importance, en attirant sur eux. l'attention
publique; il n'y avait en tout cela qu'une exaltation factice et
passagère qui tomberait d'elle-même. - M. l'abbé Gaillard, qui
n'a jamais été l'homme des habiletés, laissait dire : il
pensait, non sans apparence de raison, qu'en observant le
silence il s'exposerait à passer pour indifférent ou pour
complice. Il persista dans la lutte ouverte et loyale, essayant
de convaincre par le raisonnement ou d'effrayer par la menace
des censures ecclésiastiques, jusqu'à ce que le temps et les
circonstances, travaillant pour lui et avec lui, finirent par
vaincre les résistances.
Il ne faudrait pas s'imaginer que M l'abbé Gaillard fût tout
entier dans cette rigidité et dans ces procédés absolus. Pour
lui, sans doute, les principes n'admettaient pas de tempérament;
et quand les droits de Dieu et le salut des âmes étaient en jeu,
rien n'était capable de le faire transiger. Par contre, il ne
négligeait rien de ce qui pouvait mener à bien l'oeuvre de Dieu :
il n'épargnait aucune démarche; il multipliait visites et
exhortations et il attendait patiemment que les esprits vinssent
à se calmer et les oppositions à s'émousser. Il savait que le
véritable zèle, comme la charité d'où il procède, ne précipite
rien ; et, pour gagner les coeurs, il comptait surtout sur
l'action de la grâce divine, ne s'adjugeant d'autre rôle que
celui de la seconder par la prière et le travail dans la
doctrine et dans la patience, « in omni patientiâ et doctrinâ ».
Au surplus, dans les relations privées, il était l'homme bon,
conciliant et serviable, au coeur et au dévouement de qui on ne
fit jamais un vain appel.
Sa sollicitude constante fut de préparer et d'assurer l'avenir
religieux de ses différentes paroisses par la formation de
générations chrétiennes. Le meilleur de ses soins était pour Ies
enfants. Il ne se contentait pas de les réunir journellement à
ses leçons de catéchisme ; il les convoquait encore
régulièrement aux exercices d'une retraite mensuelle où, sous
une forme plus vivante et plus immédiatement pratique, il les
initiait aux devoirs de la vie chrétienne, les disposait à
l'absolution et les acheminait par petites étapes au grand acte
de la première communion.
Ce travail persistant, ces luttes parfois énervantes avaient peu
à peu miné sa constitution délicate. Sur l'ordre du médecin M.
l'abbé Gaillard dut interrompre le ministère paroissial et
demander au repos et au grand air le rétablissement de sa santé
ébranlée. Après quelques mois de séjour au sanatorium de
Lay-Saint-Christophe, ses forces parurent renaître ; et ne
pouvant se résigner à une retraite prématurée que condamnaient
son zèle et son besoin d'activité, il pria Monseigneur l'Evêque
de le replacer au poste du travail et du combat. Il fut envoyé à
Loromontzey, où il continua, comme précédemment, à se dépenser
pour Dieu et pour les âmes.
Le bon ouvrier de Jésus-Christ n'était pas à bout d'intrépidité;
mais il fut bientôt à bout de forces. Le mal inexorable qui le
tenait depuis longtemps le cloua un jour sur son lit, paralysant
ses membres, enchaînant ses mouvements : l'athlète était
terrassé. Il lui fallut renoncer à tous les actes de sa charge
pastorale, sans qu'il cessât d'être le bon curé toujours zélé et
vigilant. Il ne pouvait plus agir pour ses paroissiens; il
remplaça l'action par la souffrance, la supportant avec une
résignation héroïque et l'offrant généreusement à Dieu. A force
de soins, une certaine amélioration vint à se produire : ses
jambes retrouvèrent quelque vigueur et lui permirent de
reprendre le chemin de son église. Le bon curé se croyait
rétabli ; hélas ! son illusion fut de courte durée. Il dut
bientôt se rendre à l'évidence et déposer définitivement les
armes : le vaillant soldat du Christ était blessé à mort.
Obéissant aux désirs de ses supérieurs il fut heureux de se
rendre à la Maison de retraite de Bon-Secours où il devait
terminer sa carrière. Il y était installé à peine depuis
quelques mois que la paralysie le ressaisissait pour ne plus
lâcher prise. Depuis, tous ses jours et toutes ses nuits se
passèrent dans l'inaction forcée et ce fut pour lui un long et
douloureux martyre. Mais le prêtre ferme que n'avaient rebuté,
ni les fatigues ni les tristesses, ne fut ni récalcitrant, ni
maussade envers la souffrance. Il subit la maladie avec une
sérénité et une bonhomie souriantes qui firent l'admiration de
son entourage et de ses visiteurs. Accueillant et affable
toujours, il pensait aux autres plus qu'à lui, s'enquérant des
affaires et des intérêts de ses amis, surtout s'ingéniant de
mille façons à consoler et à réconforter sa chère et digne soeur
qui lui prodiguait ses soins. Jamais une plainte ne sortit
délibérément de ses lèvres; et quand la violence de la douleur
lui arrachait un soupir ou un cri, vite il se ressaisissait pour
étouffer ce cri et ce soupir instinctifs dans un bon rire ou
dans un mot plaisant.
M. l'abbé Gaillard avait toujours professé pour la Sainte-Vierge
une piété très vive et très tendre, et dans ses diverses
paroisses il l'avait prise pour sa collaboratrice. Il aimait à
lui confier ses embarras, et il lui était infiniment doux de
parler de ses gloires et de sa bonté et de répandre son culte.
Plusieurs fois, il avait fait le pèlerinage de Lourdes et ces
visites à la roche des apparitions avaient été le
rafraîchissement de son âme. Comme au retour de son dernier
pèlerinage, il avait ressenti les premières atteintes du mal qui
devait le conduire à la tombe, il exprima le désir de revoir la
grotte bénie, disant plaisamment que, puisque la Sainte-Vierge
lui avait fait contracter à Lourdes ses rhumatismes, il irait à
Lourdes les lui reporter, pour qu'elle les reprît.
Sa prédiction était plus juste qu'il ne le croyait. Le
pèlerinage fut décidé et le voyage s'effectua sans incident
fâcheux. Le pieux pèlerin ne cacha pas son bonheur de se
retrouver sur cette terre des bénédictions et des miracles,
d'assister de sa voiturette aux processions du Saint-Sacrement
et de se plonger dans l'eau des piscines. Contrairement à son
attente, il ne fut point guéri. Mais la Sainte- Vierge attendait
son retour, pour lui reprendre ses rhumatismes, ainsi qu'il
l'avait dit et pour le prendre lui-même. Il avait réintégré son
lit de souffrances depuis quelques jours à peine que subitement
son mal s'aggrava. Le malade toujours résigné, comprenant
l'avertissement de sa céleste Protectrice, demanda les derniers
sacrements qu'il reçut avec une angélique piété. Puis, il
attendit la mort sans frayeur et sans impatience, comme on
attend une visite annoncée, priant et faisant prier, promenant
son long regard du Crucifix et de l'image de la Sainte- Vierge à
sa soeur éplorée qui dissimulait mal son chagrin. Comme on lui
disait que la Sainte-Vierge accomplirait peut-être à Nancy le
miracle qu'il avait vainement espéré à Lourdes : « Oh ! non,
dit-il, la Sainte-Vierge ne me fera pas le mauvais tour de
retarder ma mort: je suis prêt ». Cette fois, son attente ne fut
point trompée. Le pieux malade vit la mort s'avancer à pas
lents, sans rien perdre de son calme, ni de sa présence
d'esprit. Il s'éteignit doucement, en la fête de Notre Dame de
la Merci.
Ses funérailles furent célébrées à N.-D. de Bon-Secours, puis à
Ogéviller. De nombreux prêtres, parmi lesquels MM. les vicaires
généraux Barbier et Ruch, des amis, des délégations de ses
anciennes paroisses se pressèrent autour de son cercueil. A
Ogéviller surtout, la cérémonie d'enterrement fut imposante.
Devant une affluence considérable d'ecclésiastiques et de
fidèles, M. le Chanoine Florentin, un ami personnel, en des
termes touchants et avec des accents émus, fit ressortir les
grands traits de cette vie édifiante et il en tira pour
l'assistance de salutaires leçons. Bien des larmes, coulèrent et
ces larmes traduisaient mieux que des paroles la sincérité et la
vivacité des regrets de tous pour le bon prêtre qui consuma son
existence au service de Dieu et des âmes,
L. PIERRON.
21 octobre 1911 - n°
42 - p. 821
Les fêtes de la semaine
[...] Mardi, S. RAPHAEL (Blanc). - Verdenal.
C'est l'Archange qui a guidé Tobie et dont le nom signifie
remède de Dieu.
28 octobre 1911 - n°
43 - p. 841
Les fêtes de la semaine
Dimanche 29 octobre (XXIe après la Pentecôte). FÊTE DES SAINTES
RELIQUES conservées dans le Diocèse (rouge). - Avricourt.
4 novembre 1911 - n°
44 - p. 875
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M l'abbé
Richard, membre de la Maison de retraite de Bon-Secours décédé
le 2 novembre
Né à Vergaville le 23 février 1835, ordonné prêtre le 2 juin
1860, M. l'abbé Charles-Auguste Richard avait été successivement
vicaire à Rosières aux Salines (1860), à la Cathédrale de Toul
(1863), curé de Blanche-Eglise (1864) et de Crévic (1867). Il
était membre de la Maison de retraite de Bon Secours depuis le
29 mai 1903.
M. l'abbé Richard faisait partie de l'Association de prières.
11 novembre 1911 -
n° 48 - p. 885
Les fêtes de la semaine
Jeudi, S. DIDACE (Blanc). - Amenoncourt.
Vendredi, S. GRÉGOIRE LE THAUMATURGE, évêque de Césarée, au IIIe
siècle (Blanc). - Ancerviller.
2 décembre 1911 - n°
48 - p. 955
M. l'abbé Richard, ancien curé de Crévic
Le 6 Novembre dernier, les paroissiens de Crévic venaient
recevoir à l'entrée du village la dépouille mortelle de leur
ancien curé, M. l'abbé Richard, et le lendemain, après la Messe
qui fut chantée par M. le chanoine Mouchette, ancien curé de la
paroisse natale du défunt, ils accompagnaient au cimetière le
cercueil de celui qui avait voulu reposer au milieu d'eux; c'est
au milieu d'eux qu'il avait passé la plus grande partie de sa
vie, pour eux qu'il avait combattu le bon combat; pour eux qu'il
avait connu les joies de l'apostolat, el aussi les douleurs et
les amertumes: sa dernière pensée fut aussi pour eux.
L'abbé Richard ne fit guère que passer dans les autres postes
qu'il occupa. Professeur au collège de Blâmont; vicaire à
Rosières-aux-Salines, avec l'abbé Hochefort, qui lui avait donne
les premières leçons de latin à Vergaville; vicaire à la
cathédrale de Toul, et curé de Blanche-Eglise. Ce n'est guère
qu'à Crévic, où il exerça le ministère pastoral pendant 36ô ans,
qu'il se fit connaître, comme homme et comme prêtre
Le curé de Crévic était une de ces figures que l'on s'imagine
volontiers appartenir à l'Ancien-Régime. Il avait une altitude
toujours digne et correcte, un air noble, sans cependant avoir
rien de contraint et de cérémonieux très réservé, il paraissait
dur - un peu janséniste, et cependant il ne l'était pas - mais
aussitôt que la conversation s'était engagée, ses yeux
s'animaient, un sourire malicieux fusait de ses lèvres et venait
dérider cette figure à laquelle les souffrances physiques et
morales avaient donné une apparence de dureté et de tristesse. -
C'était un esprit caustique et primesautier ; qualités qu'il
tenait sans doute de famille, - par sa mère, il était le cousin
germain d'Edmond About - il savait manier l'ironie, chatouiller,
égratigner tout au plus, mais jamais blesser, et si quelquefois
dans ses relations avec ses confrères ou dans ses luttes avec
ses paroissiens, il lui était arrivé de dépasser la mesure, une
parole charitable venait bientôt et discrètement réparer
l'offense.
C'était en même temps un esprit très judicieux et très avisé: il
avait le sen des réalités; sa devise était: écouter et observer
avant d'agir, ayant da prendre une décision ; et ses décisions
étaient toujours prises avec prudence et exécutées avec fermeté.
C'est grâce à cette tactique qu'il sortit vainqueur des
difficultés que lui suscita pendant longtemps une municipalité
hostile. On est tenté de sourire, en lisant le récit de ces
tracasseries qu'eut à subir un curé sous le Concordat. Les
difficultés du ministère sacerdotal varient suivant les époques;
l'abbé Richard en connut que nous n'expérimentons plus ! pendant
longtemps, le conseil municipal refuse d'approuver son budget de
fabrique : les dépenses sont critiquées ; les réparations les
plus urgentes proposées pour l'entretien du presbytère ou de
l'église, jugées inutiles ; tout y est occasion à des réflexions
désobligeantes à des critiques acerbes, à des insinuations
malveillantes. Une année, son budget lui est renvoyé non
approuvé, parce que « un crédit destiné à couvrir les frais
d'une mission est jugé inopportun et serait plus utilement
employé à l'entretien du presbytère. » Mais l'abbé Richard ne se
laissait pas décourager: il savait que la victoire appartient
aux silencieux: il parlait peu de ses misères, en chaire jamais,
en conversation privée rarement, juste pour éclairer ceux qu'il
devait éclairer, leur montrer qu'il se tenait dans la stricte
légalité et qu'il avait l'approbation de ses supérieurs.
Ce fut surtout pendant la guerre de 1870 que l'abbé Richard se
montra ici prêtre charitable et dévoué qu'il resta toujours; en
cette année terrible, plus de 60 de ses paroisiens furent
atteints de la variole ou du typhus ; l'unique médecin d'Einville
ne pouvait suffire à la tâche ; le curé se met à sa disposition
et se transforme en infirmier-major ; il suit la visite, prend
des notes, administre les remèdes prescrits, prend la
température, et le docteur, à sa prochaine visite, n'a qu'à
passer en courant chez chaque malade; il a confiance dans le
dévouement et l'intelligence de son infirmier « auquel un bon
nombre de malades sont redevables de la vie ».
Prêtre dévoué, il fut aussi catéchiste éminent; profondément
convaincu de l'ignorance religieuse dont souffrait déjà le
peuple à cette époque, il en vit le remède dans les catéchismes,
plus encore que dans la prédication : et il fit son catéchisme
régulièrement, sans se décourager, sachant que le résultat ne
vient pas toujours couronner immédiatement nos efforts et que
c'est souvent un autre qui récoltera ce que nous aurons semé. Et
cependant, il eut une récompense ici-bas : la joie qu'il éprouva
da la conversion de toute une famille protestante, le père, la
mère et quatre enfants, le consola de l'insuccès apparent de son
enseignement auprès de quelques autres.
L'abbé Richard se montra aussi, à Crévic, administrateur habile:
à son arrivée, il trouva une fabrique endettée, un presbytère en
ruine, et une église délabrée; son ingéniosité dut lui faire
trouver des ressources étonnantes; car il remit tout en ordre,
répara et entretint le presbytère, fit polychromer le choeur de
l'église, installer une tribune, tondre trois magnifiques
cloches, placer des vitraux à toutes les fenêtres, restaurer les
boiseries de la nef, et finalement reconstruire le chapelle de
N.-D. de Pitié, où il avait obtenu la permission d'aller dire la
Messe tous les samedis et qui, grâce à son zèle, est redevenue
un lieu de pèlerinage très fréquenté dans la région. Malgré
toutes ces dépenses, il laissa à son départ une situation
financière très prospère; et l'on comprendra le grand mérite de
ce prêtre qui accomplit toutes ces oeuvres dans le silence,
malgré l'hostilité des uns, la froideur et l'indifférence des
autres, et quelquefois l'abandon de ses amis.
En 1903, sentant ses forces s'affaiblir, il se retira à la
Maison de retraite de Bon Secours : et là, s'il ne devait plus
connaître cette souffrance morale, qu'il avait endurée si
patiemment, il n'en devait pas moins continuer à souffrir
physiquement. Des crises de rhumatisme aigu dont il se
plaignait, depuis longtemps, redoublèrent de fréquence et
d'intensité. Ce ne fut qu'après une longue agonie de près d'une
semaine qu'il rendit son âme à Dieu, offrant ses souffrances
pour ses anciens paroissiens, priant pour eux et regrettant « de
ne pas être tombé au milieu d'eux, comme un soldat sur le champ
de bataille».
Sa famille possède un caveau à Vergaville; mais, par
patriotisme, il ne voulut pas être enterré dans une terre
devenue étrangère : c'est à Crévic, sa seconde patrie, en terre
française qu'il voulut reposer. Les anciens paroissiens pourront
ainsi venir prier souvent sur sa tombe et, comme le leur
rappelait M. le Curé-doyen d'Einville, le jour des funérailles,
en même temps qu'ils accompliront un devoir de reconnaissance,
ils feront un pieux pèlerinage : le prédicateur y fera défaut ;
mais leur mémoire leur rappellera les sages avis, les conseils
discrets et les pressantes exhortations de celui qui fut
vraiment leur ami et véritablement leur père.
F. FEDRY.
2 décembre 1911 - n°
48 - p. 958
Nécrologie
Nous recommandons aussi aux prières de nos lecteurs l'âme de M.
l'abbé Babon,
curé de Bertrichamps, décédé Ie 29 novembre.
Né à Hudiviller le 13 mai 1848, ordonné prêtre le 29 juin 1872,
M. l'abbé Joseph-Léopold Babon avait été successivement vicaire
à Gerbéviller (1872), curé de Lindre-Basse (1872), d'Autrepierre
(1873). Il était curé de Bertrichamps depuis le 1er mars 1884.
M. l'abbé Babon était membre de l'Association de prières.
9 décembre 1911 - n°
49 - p. 974
M. l'abbé Babon.
Tout le diocèse connaissait le prêtre si grand et si pieux que
Bertrichamps pleure et que nous avons enterré à Hudiviller.
Sa taille et sa corpulence s'imposaient à l'attention et au
respect ; sa voix et sa vigueur corporelle dont il essayait de
retenir les éclats et les élans, se gravaient dans le souvenir.
Son oeil, détail étrange, étant toujours voilé et son regard
brumeux, sauf dans certains moments, rares, de vivacité et
d'émotion. Il aimait la compagnie, recevait avec joie; il ne
dédaignait les histoires qui détendent et reposent, les écoutait
ou les narrait volontiers, penchant un peu la tête, puis
laissait jaillir les fusées de son rire ou les boutades
primesautières. Il s'était créé un cercle d'amis, non seulement
dans le clergé paroissial, mais chez messieurs les professeurs,
chez les religieux, même parmi les gens du monde. Et ces
amitiés, très chaudes et très dévouées, lui restèrent fidèles.
Fidélité sans mérite, car M. l'abbé Babon était l'ami le plus
affectueux et le plus dévoué.
Il y avait en lui des trésors insoupçonnés et inépuisables de
charité ; il était bon jusqu'à l'obstination, jusqu'à l'oubli de
lui-même. Il donnait aux pauvres plus que ne le comportait son
budget personnel, obéré, jusqu'à la fin, par de très lourdes
charges de famille ; et, afin de ne pas être ennuyé par des
remontrances importunes, il faisait remettre ses aumônes, par
des tiers. Il avait, pour les malades, des prévenances d'une
délicatesse touchants ; il les visitait avec assiduité,
s'occupait de leur santé comme un véritable père, prévenait
lui-même le médecin ; il trouvait dans son coeur les paroles qui
consolent et fortifient. Souvent, il restait, même pendant la
nuit, des heures entières auprès des agonisants, priant à leur
chevet, leur réitérant l'absolution, ne les abandonnant que
quand il avait récité, sur le cadavre tout chaud, les dernières
prières. Quand il craignait qu'un malade ne refusât les
sacrements, il demandait des prières à ses paroissiens et à ses
amis les plus pieux; lui-même, dans cette intention, s'imposait
de dures pénitences corporelles et des adorations
supplémentaires au pied du tabernacle,
Pourtant, ses prières habituelles étaient déjà bien longues.
Dès 4 heures du matin, en été, et 4 heures 1/2 en hiver, il
était à l'église; après la prière, la méditation, la récitation
du bréviaire, il faisait le chemin de croix, disait la Messe et
faisait son catéchisme. Il sortait de l'église à 8 heures, et y
revenait, pendant l'après-dîner, pour une adoration qui durait,
presque toujours, une heure entière. Quoi d'étonnant, après des
colloques mystiques, si longs et si multipliés, que cette âme,
fût comme imprégnée des choses du ciel. Aussi, il était bien
rare, si, dans la conversation, ne se glissait point une pensée
pieuse, et si, dans ses lettres, la pensée ne s'élevait, d'un
coup d'aile, vers le bon Dieu ou la Sainte Vierge.
C'est cette piété qui déjà avait conquis les habitants de Lindre-Basse,
sa première paroisse; aussi, quand, après quelques mois, les
Allemands exigèrent le départ de ce prêtre français, la
séparation fut douloureuse; et M. le curé-doyen d'Einville fut
vraiment poignant, lorsque, dans le discours si ému et si
distingué qu'il prononça à Hudiviller, il raconta les regrets de
Lindre-Basse et les regrets du pasteur obligé de quitter des
paroissiens qu'il appréciait déjà et qu'il aimait.
A Autrepierre, M. l'abbé Babon arrivait dans une église un peu
délabrée et dans une paroisse peu fervente. Son activité et son
zèle recueillirent les ressources pécuniaires nécessaires ; sa
parole et. ses exemples, ainsi que les prédications qu'il
faisait souvent donner par ses amis inséparables, les
Rédemptoristes, ramenèrent bientôt la piété et les pratiques
chrétiennes. Après 11 ans de ce labeur modeste, il fut nommé à
Bertrichamps. La paroisse était importante; il y fallait de la
vigueur physique et de l'énergie morale ; forces du corps et du
coeur, le curé les dépensa sans compter.
Il eut la joie de constituer, dans cette paroisse, une véritable
élite de jeunes filles et de dames pieuses, de jeunes gens
dévoués et d'hommes convaincus. Il ne se contentait pas d'avoir
des congréganistes ordinaires ; mais, parmi elles, il avait
discerné des âmes plus délicates qu'il poussait hardiment vers
la perfection ; il demandait à ces choisies des communions
quotidiennes, des oraisons fréquentes, des adorations
nombreuses, li trouvait parmi elles des catéchistes volontaires,
au zèle inlassable, des sacristines généreuses et dévouées, ces
confidentes discrètes de ses charités. Il les admirait et
parfois disait : « Ah ! si j'avais cette générosité d'âme et cet
amour pour Notre-Seigneur ! » Quel bel éloge, dans une telle
bouche !
Il aimait aussi ses jeunes gens de la Légion Saint-Maurice; il
était fier de leur entrain, louait leur soumission, leur talent
artistique, leur force gymnique, et nous pouvons dire qu'il
n'exagérait point, nous qui avons vu ces jeunes gens dans les
concours, et qui avons été touché de leur bonne tenue et de
leurs larmes le jour de l'enterrement.
Enfin, M. l'abbé Babon avait organisé un véritable bataillon
d'hommes ardents, disciplinés, qu'il chérissait comme des frères
d'armes. Il était sûr du les trouver, au moindre appel, rangés
autour de lui, obéissant a ses paroles et écoutant ses avis; et
quand tous ces hommes pendant les services chantés à
Bertrichamps et à Hudiviller, passaient à l'offrande et jetaient
de l'eau bénite sur le cercueil, il semblait qu'ils voulaient,
une dernière fois encore, défiler devant leur chef, qu'ils
pleuraient comme des enfants. .
Avec le concours de tant de bonnes volontés, M. le curé de
Bertrichamps fit dans sa paroisse oeuvre vraiment féconde. S'il
se réjouissait d'avoir pu réparer et orner l'église matérielle,
d'y avoir fait poser des vitraux, des statues, un calvaire, un
calorifère, il pouvait surtout s'estimer heureux d'avoir pu
garder son troupeau de toute erreur el de toute compromission.
Dans ce but, il dut batailler; il le fit, sans acrimonie, mais
avec une énergie indomptable, dressant, contre tout empiètement,
sa haute stature et son âme fière.
Ah ! ces luttes autour de la loi de Séparation, quelles
tristesses elles ont laissées dans l'âme des curés ! Il fallait
éclairer ces paroissiens qu'une presse habile essayait d'égarer;
il fallait montrer que nous soutenions non seulement les
intérêts du clergé, mais ceux du pays; que résister aux
inventaires, c'était résister au vol qui s'organisait
subrepticement ; que ce patrimoine de l'Eglise était sacré
puisqu'il était la propriété de tous; qu'en défendant ces
fondations, nous protégions les droits des faibles et des morts.
Les curés ne manquèrent pas à leur devoir; mais, comme dans les
villages, les luttes d'idées se compliquent toujours de
compétition de personnes, d'intérêts, et de partis, ils
s'attirèrent parfois des haines féroces, irréductibles, qui,
nous l'avons vu, le jour du service à Bertrichamps ne
fléchissent point, même devant la mort.
M. l'abbé Babon fut de ceux que la persécution atteignit le plus
cruellement. Pour la location du presbytère, on voulait lui
imposer des clauses mesquines et ridicules que la dignité d'un
prêtre ne saurait accepter: il dut déménager. Les soirs
d'élection, des bandes venaient, sous ses fenêtres, conspuer la
« calotte » ; parfois, il était menace de procès-verbal: procès
pour avoir remis dans l'église les statues enlevées au moment de
l'inventaire, procès parce qu'il voulait rétablir un système
ingénieux de sonnerie en mort, procès - et ce, ii y a trois
mois. - parce qu'il refusait pour un enterrement civil le drap
mortuaire de l'église. Il déclinait son nom et prénom, les noms
et prénoms de son père et de sa mère; puis se taisait sachant
bien que ces procès ridicules seraient annulés, et laissant au
temps et à la réflexion le soin de calmer les esprits.
Mais il souffrait de cet état de tension, et de ces insultes. ll
se minait. Huit jours avant sa mort, il me disait: « J'ai trop
compté sur mes forces! J'ai été jusqu'au bout; maintenant, je ne
suis plus qu'une loque ... J'en ai trop enduré ! ... Si
seulement ils comprenaient que je n'en veux qu'à leurs idées !
Quelle joie, pour moi, s'ils le comprenaient, avant ma mort ! »
Ils ne lui donnèrent pas cette consolation; mais, sans doute,
entendront-ils les enseignements de cette mort ; peut-être, les
échos de la parole si chaude et si éloquente de M. le curé-doyen
de Baccarat, sont-ils allés jusqu'à eux, pour les convaincre que
leur curé « fut la bonté même .. et que son désir fut toujours
de racheter l'injure par le pardon, et la haine par l'amour ! »
Les consolations toutefois ne manquèrent point à M. l'abbé Babon
pendant sa maladie ; il fut réconforté par ces témoignages de
vive sympathie qui, nombreux, lui vinrent de sa paroisse, de ses
amis, de l'évêché lui même. M. le Vicaire général Ruch le
visita, Monseigneur lui écrivit pour l'encourager, le bénir, et
lui permettre de dire la Messe au presbytère. Fortifié par ces
gages d'affection ; aidé, dans l'administration de la paroisse,
par M. le chanoine Florentin, par M. le curé de Hudiviller et
par un Révérend Père Oblat, M. le curé de Bertrichamps venait de
surmonter, en octobre et novembre, les crises cardiaques les
plus dangereuses ; il se reprenait à espérer.
Le 29 novembre, il avait dit sa Messe et avait préparé les
ornements pour la Messe du lendemain; par un mystérieux dessein
de la Providence, il devait, ce 29 même, faire son heure
d'adoration des prêtres-adorateurs : il satisfit à cette
obligation dans la matinée et traça une croix sur son carnet,
pour bien marquer que ce devoir était rempli. Il dina, très gai,
remonta dans sa chambre ; puis, tout à coup, on entendit un
grand cri; le Révérend Père Oblat se précipita : il eut juste le
temps de lui donner l'absolution ...
Ce coeur si bon, et qui avait tant souffert, ne battait plus.
J. BOULANGER.
23 décembre 1911 -
n° 51 - p. 1005
Les fêtes de la semaine
[...] Mardi, St ÉTIENNE, premier martyr. Mémoire de tous les
Martyrs (Rouge). - Chazelles.
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