2 février 1935 - n° 5 - p. 68
Nécrologie
Monseigneur le Vicaire capitulaire recommande aux prières du
clergé et des fidèles du diocèse, l'âme de M. l'abbé
Justin COLIN, décédé
le 27 janvier 1935.
Né à Frémonville, le 9 octobre 1862, ordonné prêtre le 18 août
1886, M. l'abbé Justin Colin avait été successivement :
professeur à La Malgrange (1886), vicaire à Frémonville (1887),
vicaire à Nomeny (1888), curé de Gézoncourt (1889), curé de
Barbas (1907), aumônier de l'hôpital à Lunéville (1919),
chapelain d'honneur de la cathédrale (1932).
M. l'abbé Colin était membre de l'Association de Prières.
16 mars 1935 - n° 11
- p. 178
Prochaines journées cantonales de la Ligue F.A.C.F.
Une nouvelle série de journées cantonales de la Ligue aura
lieu fin mars : mercredi 20, à Lunéville; jeudi 21, à Einville;
vendredi 22, à Nomeny; lundi 25, à Badonviller; mardi 26, à
Cirey; mercredi 27, à Blâmont; jeudi 28, à Gerbéviller; vendredi
29, à Baccarat.
Le dimanche 24 mars, à Baccarat également, journée cantonale des
Jeunes de la Ligue.
6 avril 1935 - n° 14
- p. 223
Itinéraire de la tournée de confirmation de 1935 dans les
arrondissements de Lunéville de Nancy et de Lunéville
[...]
Samedi 1er juin. - MATIN, 9 heures : Blâmont, Amenoncourt,
Autrepierre, Avricourt, Barbas, Chazelles, Gogney, Harbouey,
Leintrey, Repaix, Vaucourt, Vého, Verdenal, Xousse.
SOIR, 15 heures : Cirey-sur-Vezouze, Bertrambois, Frémonville,
Parux, Petitmont, Tanconville, Val-et-Châtillon.
[...]
Mardi 4 juin [..]
SOIR, 15 heures : Mignéville, Blémerey, Brouville, Hablainville,
Reherrey, Saint-Martin.
13 avril 1935 - n°
15 - p. 249
La seconde série des journées cantonales de la Ligue Féminine
d'Action Catholique Française
Le comité départemental de la Ligue, de concert avec les
comités cantonaux, poursuit la réalisation du plan d'action qui
a été prévu pour 1935.
C'est ainsi que, du mercredi 20 au vendredi 29 mars, eut lieu
une nouvelle série de journées cantonales à Lunéville, Nomeny,
Badonviller, Cirey, Blâmont, Gerbéviller et Baccarat.
Le dimanche 24 mars avait été réservé pour la « Journée des
Jeunes » du canton de Baccarat. Et pour profiter au maximum du
passage de la conférencière de Paris, Mlle de CHATEAUROCHER, la
réunion mensuelle des présidentes de sections de Nancy et de la
banlieue avait été reportée au samedi 23.
Il y avait lieu, nous disait-on, de garder quelque inquiétude au
sujet du succès de ces réunions g6nérales, à la campagne du
moins, alors que chaque journée a son prix et que les premières
manifestations du printemps sont guettées pour faire passer
avant tout le soin des jardins. Il n'en Iut rien.
Et cette fois encore, il convient de souligner l'empressement de
nos ligueuses à venir entendre parler du groupement auquel elles
restent si attachées.
A Blâmont, 25 comités sur 28 étaient présents [...]
On compta 200 ligueuses environ à Lunéville et à Badonviller ;
plus de 150, à Nomeny, Cirey, Blâmont et Baccarat; une centaine
à Gerbéviller et à Einville.
11 mai 1935 - n° 19
- p. 914
HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE Bibliographie lorraine
Chanoine FIEL. La reconstruction des régions dévastées en
Lorraine (1).
Cet exposé, paru d'abord dans le Pays lorrain, est mieux qu'un
poème à l'honneur des administrations publiques, de nos
vaillantes populations lorraines, du clergé des régions
dévastées et surtout du génial organisateur, de l'animateur
ardent et tenace et de l'incomparable administrateur, que' fut
le tant regretté Mgr Thouvenin. - C'est une relation méthodique,
précise, documentée, écrite par un collaborateur assidu de Mgr
Thouvenin, éclairée par des chiffres impressionnants et par des
photogravures judicieusement choisies, de ce qui fut, dans les
trois départements ,lorrains d'avant-guerre, et plus
particulièrement en Meurthe-et-Moselle, le travail colossal de
la reconstruction des villages dévastés, de la restauration
totale ou partielle des églises, écoles et mairies sinistrées,
de la remise en train des usines saccagées, de la reconstitution
des terres cultivables, du repeuplement des forêts, etc.,
travail si rapidement mené chez nous, grâce aux lois sur les «
Dommages de guerre », en dépit de certains abus, et grâce au
fonctionnement des Coopératives de Reconstruction, créées en
majeure partie par Mgr Thouvenin, guidées toutes et stimulées
par ses exhortations et ses conseils, et fonctionnant dans une
féconde « union sacrée» des maires, des curés, des instituteurs,
des agents du Génie rural, et de l'administration préfectorale
(2).
M. le chanoine Fiel vient ainsi d'écrire un chapitre émouvant de
l'histoire de notre cher pays lorrain et, après avoir lu cet
exposé sommaire, mais substantiel, il n'est personne qui ne
souscrive à cette conclusion de l'Auteur : « Sentinelle avancée
aux marches de l'Est, la Lorraine mutilée avait fait, pendant
quarante-quatre ans, une garde vigilante, silencieuse et digne,
autour de l'impitoyable poteau-frontière. Avec la même
intrépidité que nos aïeux avaient mise au service de nos ducs
dans les batailles pour leur indépendance, le Lorrain, qui a
puisé l'amour de la grande patrie dans le culte de la petite,
lutta d'héroïsme avec ses frères des autres provinces, quand il
fut appelé an secours de la France injustement attaquée. Après
les joies de la victoire et l'enivrement du baiser à ses frères
retrouvés, il se pencha aussitôt sur ses ruines. Par leur
courage et leur confiance, par le génie du grand reconstructeur
à la mémoire duquel je dédie filialement ce tableau d'ensemble,
les descendants des soldats des ducs de Lorraine furent encore à
l'avant-garde de la reconstitution de leur sol meurtri, du
relèvement de leurs usines, de leurs foyers et de leurs autels.
»
Un moment Mgr Thouvenin et M. Fiel avaient eu le projet d'écrire
l'histoire de la Coopérative de reconstruction des églises
sinistrées du diocèse de Nancy, de dresser la statistique des
édifices rebâtis ou restaurés par elle, et de mettre en regard,
par des photographies avec notices architectoniques, l'ancienne
église en ruines et la nouvelle, prise à l'extérieur et à
l'intérieur. Ce projet n'a pu être réalisé, et c'est
profondément regrettable. Laissons, au moins, parler les
chiffres qu'apporte M. Fiel, dans l'exposé dont nous avons dit
l'intérêt historique et documentaire : la Coopérative de
reconstruction des églises sinistrées de chez nous a relevé 107
églises du diocèse, avec un capital engagé de 54.148.526 francs;
Mgr Thouvenin n'espérait, d'abord, que pouvoir relever la nef et
la munir du mobilier strictement essentiel. Or, avec les 25
millions que lui ont fourni deux emprunts, il a trouvé le moyen
non seulement de rebâtir les églises, clocher compris, de les
pourvoir d'un mobilier complet, de faire monter trois cloches
dans leurs tours, de garnir leurs fenêtres de vitraux d'art, etc
... N'avions-nous pas raison de noter qu'il fut un
administrateur incomparable ? Il avait mis au service de son
zèle sacerdotal et de son dévouement social, sa rare compétence
d'ancien professeur de Mathématiques spéciales à l'Ecole Saint-Sigisbert.
Plaise à Dieu que la France ait beaucoup d'administrateurs aussi
industrieux, aussi désintéressés !
E. M.
(1) Editions du Pays lorrain, in-4°, 28 pages, illustrées.
(2) M. le comte Antoine DE MAHUET (Mémoires de l'Académie de
Stanislas de 1934-35 : Les liquidations des Coopératives de
reconstruction ... ) se rencontre avec M. Fiel, dans cet éloge
de Mgr Thouvenin, des Curés et de nos populations lorraines.
25 mai 1935 - n° 21
- p. 342
Chronique des missions paroissiales
[...]
Domèvre-sur-Vezouze et Herbéviller, son annexe de fait, méritent
tous deux ces lignes que M. er Curé était heureux de leur
adresser dans son B. P. de mars :
« JI est des événements dont one ne peut redire l'intégrale
histoire. Ceux-là seuls qui les ont intensément vécus peuvent
les revivre en leur mémoire ou en leur coeur. Tels sont les dix
jours inoubliables de notre mission - dix jours dans chaque
paroisse.
» Nous avions, comme prédicateur, le R. P. Louis, oblat, un
héros du ministère des âmes, un religieux au sens averti, à
l'expérience incomparable, à la volonté indomptable, dans lequel
on ne sait ce qu'on doit davantage admirer : ou du profond
esprit surnaturel qui préside à tous ses efforts, ou de
l'entraînement de sa prédication, ou des industries de son zèle
aussi intelligent que conquérant.
» Nous louons Dieu que, sur beaucoup (je devrais dire sur tous
l) soient tombées en abondance des pluies de lumières et de
grâces. La pure et sainte doctrine catholique leur a été
surabondamment distribuée, sans que rien leur fût caché, ni de
ses justes austérités, ni de ses obligations. Nous nous
réjouissons que bien des idées fausses se soient redressées et
que plus d'une obscurité se soit dissipée en des esprits
volontairement faussés ou malicieusement trompés.
» Quelles splendides fêtes sont venues, au cours de la mission,
nous détendre, nous rajeunir, nous édifier, nous instruire ! Une
mission est un tout merveilleux, où l'humain s'allie au divin,
où les âmes sont attirées vers les sommets, non seulement par
les prédications, mais encore par les chants, les prières
publiques, l'éclat extérieur de toute la poésie chrétienne
répandue à profusion dans nos cérémonies cultuelles.
» Les pieux exercices de la mission sont finis, notre
missionnaire est parti; les bienfaits demeurent, la mission
continue, non certes en ses manifestations extérieures, mais en
ses résolutions. Notre catholicisme a retrouvé son idéal et ses
forces ; nous devons le vivre intégralement désormais. Nos idées
se sont modifiées et corrigées; il ne faut plus qu'elles se
paganisent, se laïcisent. Nos pratiques se sont affermies : il
importe que la montée se poursuive inlassablement.
» Prières régulières et quotidiennes, messe dominicale et
sanctification loyale du jour du Seigneur, communion fréquenté
sont et demeurent les résolutions salutaires et nécessaires à
nos avancements spirituels : il n'est pas, en dehors d'elles, de
vie surnaturelle possible. »
15 juin 1935 - n° 24
- p. 392
Chronique des missions paroissiales (Suite)
A Ancerviller, le R. P. JEANNIN, rédemptoriste, commença la
mission le 10 février, pour la continuer quinze jours durant. La
grippe, le froid, la neige, les averses, les bourrasques,
semblaient s'être concertées, notamment pendant la première
semaine, pour décourager les bonnes volontés quelque peu
hésitantes. « Malgré cela, note M. le Curé, les exercices furent
bien suivis, même par les habitants du « Hameau» (distant de
l'église d'un kilomètre au moins). Les dames et les demoiselles
étaient nombreuses à. la messe et à l'instruction du matin; un
bon groupe d'entre elles se retrouvait à l'église, à deux
heures, pour la « supplique à Notre-Dame du Perpétuel-Secours»,
et l'office du soir réunissait une très grande partie de la
paroisse.
» En des instructions solidement charpentées, riches de doctrine
et de conclusions pratiques, ne cachant rien de la vérité,
illustrées de comparaison frappantes et d'exemples bien choisis,
le zélé missionnaire jeta à profusion la lumière dans les âmes,
pour les éclairer sur les grandes vérités de la religion et sur
les grands devoirs de la vie chrétienne.
» La mission se clôtura le dimanche 24 février, par une
imposante communion d'hommes et par deux belles cérémonies, au
cours desquelles le Révérend Père prodigua, à ceux qu'il venait
d'évangéliser, les plus sages avis, pour assurer leur
persévérance.»
22 juin 1935 - n° 25
- p. 399
Retraites ecclésiastiques
La première retraite pastorale, prêchée par le R P.
BOULANGER, O.P., aura lieu au Grand Séminaire de Bosserville, du
lundi 22 juillet, à 17 heures, au samedi matin 27 juillet. Sont
convoqués à cette retraite :
MM.
[...] Corbeil, de Repaix.
[...] Goné, de Mignéville.
[...] La seconde retraite pastorale, qui sera prêchée par le R.P.
BOULANGER, P. P., commencera, au Grand Séminaire de Bosserville,
le lundi 29 juillet, à 17 heures, et se terminera le samedi
matin 3 août. Sont convoqués :
MM.
[...] Barbier, doyen de Blâmont
[...] Demoyen, de Vaucourt
|...] Huel, de Saint-Martin
[...] Klein, de Leintrey.
[...] Munier, de Domèvre-s.-V.
[...] Pertusot, de Verdenal.
[...] Rouyer, de Nonhigny.
13 juillet 1935 - n°
28 - p. 451
Distinctions honorifiques
A M. le chanoine FIEL et à M. l'abbé ROLIN, curé-doyen de
Nomeny, viennent d'être attribués des prix de l'Académie
française : le premier, pour son ouvrage « Le Chapitre de Latran
et la France », dont nous avons dit l'intérêt; le second, pour
son livre : « La Défense du Couronné de la Seille : Nomeny,
Sainte-Geneviève et le Xon », qui fait suite, en quelque sorte,
à son précédent exposé : « La Bataille qui sauva Nancy.
Champenoux », déjà honoré d'une distinction analogue.
Nos cordiales félicitations à l'un et à l'autre Lauréats !
13 juillet 1935 - n°
28 - p. 452
Chronique des missions paroissiales (Suite)
Vaucourt, Xousse et Remoncourt son: actuellement des annexes
de fait d'EMBERMENIL. Ces localités ont été successivement
évangélisées, chacune durant une semaine, du 3 au 24 mars, par
M. l'abbé GONÉ, curé de Saint-Germain; à toutes les trois
convient ce que, dans son rapport officiel, M. le Curé d'Emberménil
écrit de Remoncourt : « Les dames et les jeunes filles ont
montré beaucoup de piété, d'entrain, d'excellent esprit ; et le
missionnaire a également constaté une rare bonne volonté chez
Ies hommes et les jeunes gens. »
A VAUCOURT (123 âmes), il y eut, à la messe, une assistance de
30 à 40 dames et demoiselles ; grossie, le soir, par une
vingtaine d'hommes; les communions pascales dépassèrent la
soixantaine,
A XOUSSE, (149 âmes), mêmes proportions, ainsi qu'à REMONCOURT
(98 âmes).
L'après-midi, pendant la semaine de mission, eut lieu le pieux
exercice du Chemin de la Croix, qui fut assidûment suivi.
Congrégations ou confréries, Ligue féminine d'Action catholique,
Union catholique, oeuvres de presse, reçurent un nouvel élan.
12 octobre 1932 - n°
41 - p. 636
Congrès de catéchisme et itinéraire pour la visite des
doyennés [...]
JOURS DE VISITE
Octobre. - 23 : Doyenné de Cirey; 24 : Doyenné de Blâmont ; 29 :
Doyenné de Badonviller; 30 : Doyenné de Baccarat.
28 décembre 1935 -
n° 48 - p. 747
Récollections sacerdotales
Grâce au dévouement du R. P. Picard, dont la parole est si
appréciée de notre clergé, toutes les régions du diocèse ont pu
profiter du bienfait d'une première récollection. Nous donnons
ci-dessous l'ordre des journées qui auront lieu en janvier :
8 janvier : Colombey. - 10 janvier : Toul. - 13 janvier :
Longuyon. - 14 janvier : Briey. - 15 janvier : Labry. - 17
janvier : Pont-à-Mousson. - 20 janvier : Nancy. - 21 janvier :
Manonville. - 22 janvier : Bayon. - 24 janvier : Lunéville. - 27
janvier : Vézelise. - 28 janvier : Blâmont.
28 décembre 1935 -
n° 48 - p. 817
Union Lorraine des Syndicats Agricoles
L'Union Lorraine des Syndicats Agricoles a tenu son
assemblée .qénérale, le 2 décembre. Le compte rendu vient d'être
publié par le Bon Grain. Voici un extrait du Rapport que
présenta M. l'abbé JACQUES, sur la vie de l'Union, pendant
l'année 193!5. Il est réconfortant.
L'activité de notre Union s'est surtout déployée en des visites
et journées rurales.
Trois journées rurales se sont déroulées au cours de l'automne,
la première à Ogéviller, pour la région de Lunéville; la seconde
à Ménil-la-Tour, pour le Toulois; la troisième à Arraye-et-Han,
pour la Seille. Toutes les trois, avec le cachet caractérisé de
chaque tempérament et de chaque terroir particulier, out été
admirablement suivies et réussies. Toutes ont groupé à la
réunion de l'après-midi près de 200 auditeurs. Il faut dire, à
l'adresse des organisateurs, que rien n'avait été négligé et
que, à Ogéviller, avec M. Largentier, président, et M. l'abbé
Duhaut, secrétaire; à Ménil-la-Tour, avec MM. Burté père et fils
et Jean Harrouard; à Araye-et-Han, avec M. de Mahuet, MM.
Charles Louis, président, et Marchal, secrétaire, tout avait été
envisagé jusque dans les plus petits détails. Les conférences
d'ailleurs, avaient été bien adaptées à la région. A Ogéviller,
M. Lucas, professeur d'agriculture et adjoint aux services
agricoles, dans une causerie bien documentée, traita la question
de l'osier, production du pays. A Ménil-la-Tour, MM. Louis
Laroppe et Brunotte, directeur du génie rural, donnèrent, à la
satisfaction de tous, deux conférences sur la question délicate
et brûlante de la meunerie et boulangerie coopérative. A Arraye-et-Han,
M. Lucas, de nouveau, devant un auditoire qui réagissait, aborda
la douloureuse et passionnante question du lait.
28 décembre 1935 -
n° 48 - p. 819
HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE
Bibliographie lorraine
La bière en Lorraine.
Dans une érudite communication, sur « la bière en Lorraine,
sous l'Ancien Régime», parue dans le Pays lorrain, en 1932, M.
le chanoine FIEL constatait que l'origine de la « cervoise »,
premier état de la bière, se perd dans la nuit des temps et
citait nombre d'exemples historiques, tirés des archives ou des
chroniques. Il mentionnait, ensuite, que les Cordeliers, de
Nancy, dès leXVIe siècle; les Chanoines réguliers, de Domèvre-sur-Vezouze,
au XVIIe siècle, et, sans doute, d'autres communautés
religieuses, fabriquaient de la bière, au moins pour leur usage,
et il rappelait les différentes mesures, prises par les ducs de
Lorraine, pour favoriser l'industrie de la bière, considérée
comme une précieuse ressource contre la « stérilité des
vendanges ».
Et il n'avait garde d'omettre que des Bénédictins anglais,
chassés de leur pays par la. persécution et réfugiés à
Dieulouard, au début du XVIIe siècle, s'étaient créé des
ressources et acquis une grande renommée, en fabriquant une
bière excellente, d'après une méthode et une formule importées
par eux de Grande-Bretagne.
Cette histoire de « la bière des Bénédictins anglais de
Dieulouard » - et de leur abbaye - a été reprise, en 1933, avec
de très intéressants détails, de nombreuses illustrations et un
plan du monastère, en une brochure in-8 °, de 50 pages, par M.
l'abbé CLANCHÉ, curé de Dieulouard (1).
« A l'époque actuelle, où la bière de Lorraine est reine partout
et où l'on en boit tant, écrit l'Auteur, dès les premières
lignes, il ne sera pas sans intérêt de rappeler que c'est ici
même (à Dieulouard) une réapparition. Durant deux siècles, en
effet, au XVIIe et au XVIIIe, la « double bière de Dieulouard »
a eu, sur toutes les autres, la priorité, la célébrité, non
seulement dans la province, mais aussi dans les contrées
avoisinantes.
» La présente petite étude aura la prétention de nous en dire le
pourquoi, tout en nous montrant comment des moines étrangers se
trouvaient chez nous, loin de leur mère-patrie, fabriquaient et
donnaient grand renom à un liquide fermenté, dont certainement
saint Benoit n'avait pas parlé dans ses constitutions. »
Quand M. Clanché parle de Lorraine, à propos de Dieulouard, il a
soin de faire remarquer, en bon érudit qu'il est, que c'est là
un terme régional, car Dieulouard et sa banlieue appartenaient
au temporel de l'évêché de Verdun. C'est un princier de la
Cathédrale de Verdun, Dudon, qui, en 997, à l'ombre de
l'important château que les évêques de cette ville possédaient
en ce bourg, établit sur les ruines d'un ancien monastère
bénédictin, un collégiale, dédiée par lui à saint Laurent.
Cette collégiale, en 1602, fut absorbée dans la dotation de
l'insigne chapitre-primatial de Nancy - dont nous avons publié,
l'an dernier, la monographie ici-même, dans la Semaine
Religieuse (2). Mais la bulle pontificale stipulait que l'office
divin y serait maintenu.
Or, à ce moment, des Bénédictins anglais chassés de leur île par
la persécution, cherchaient un asile, sur le continent, en pays
catholique. Le cardinal Charles de Lorraine, premier primat, les
accueillit dans les bâtiments de la collégiale; ils y entrèrent,
en 1608 et, pour se procurer une boisson et aussi des
ressources, ils se mirent à fabriquer, d'après la méthode et la
recette qu'ils avaient importées de Grande-Bretagne, une bière
excellente.
M. Clanché cite nombre de documents, lettres, passages
d'histoires ou de chroniques, qui prouvent combien cette « bière
de Dieulouard » était renommée.
Ouvrons ici une parenthèse, pour dire, qu'en une piqûre de 8
pages, M. Clanché a rappelé comment saint Arnould, évêque de
Metz, devint le patron des brasseurs. Lors de la translation des
reliques de ce Pontife, né à Lay-Saint-Christophe et tige de la
dynastie carolingienne, alors que l'escorte épuisée de fatigue
par une chaleur torride, n'avait pour étancher une soif ardente
qu'une cruche de cervoise, cette cruche, à la suite d'une prière
au Saint, dont on portait les reliques, se trouva inépuisable.
Comme Jésus, à Cana, avait multiplié le vin, saint Arnould avait
multiplié la bière.
Tout en faisant l'histoire de la brasserie des Bénédictins
anglais de Dieulouard, M. l'abbé Clanché narre l'histoire et
donne la description de leur monastère, qui fut fermé pondant la
Révolution et dont une aile subsiste encore. La communauté
rentra en Angleterre, et, après quelques tentatives
d'établissement, elle se fixa définitivement à Ampleforth, au
diocèse de Middlesbrough, dans le comté d'York. En 1900, le «
prieuré Dieulouard-Ampleforth. » fut érigé en abbaye, par Léon
XIII. Le collège que ses moines y ont ouvert, en 1838, est
aujourd'hui l'un des plus florissants d'Angleterre.
Le premier prieur de Dieulouard fut Guillaume Gifford, qui,
après avoir été élève à l'Université de Pont-à-Mousson, tout à
ses débuts, quitta pour la bure bénédictine le rectorat de
l'Université de Reims, fit profession à Dieulouard, en 1609, et
fut aussitôt élu prieur de la communauté. Demandé pour
auxiliaire, par le Cardinal de Guise, il mourut archevêque de
Reims, en 1629.
Un autre profès des premiers temps du prieuré de Dieulouard, fut
le bienheureux Alban Roë, dont nous avons dit, en notre
livraison du 20 octobre 1934, que M. Clanché avait entretenu ses
paroissiens, dans son Bulletin paroissial, et dont il a parlé,
voici quelques mois, aux lecteurs de la Revue des Saints.
Le protestant Barthélemy Roë, né en 1583, dans le comté de
Suffolk, abjura l'hérésie, étudia au collège anglais de Douai,
et prit l'habit et le nom d'Alban, à Dieulouard. Après avoir
fait sa profession solennelle, en 1612, et avoir été ordonné
prêtre, l'année suivante, il demanda à être envoyé en
Angleterre, au service des Catholiques persécutés.
Pris une première fois, puis relâché, il fut arrêté de nouveau
et, après une captivité de dix-sept années, il fut condamné, en
1642, à être pendu. Il fut du nombre des cent-trente-six martyrs
anglais que S. S. Pie XI béatifia, le 15 décembre 1929. On les
fête le 21 janvier.
Que M. le Curé de Dieulouard nous permette de le féliciter
cordialement du zèle érudit qu'il apporte à rendre ses
paroissiens fiers de leur passé, et à les attacher, ainsi, par
des liens bien chers, à leur petite et noble patrie.
E. M.
N. B. - Dans son bulletin paroissial, M. CLANCHÉ a fait une
érudite et judicieuse revue critique des rues et lieux-dits de
Dieulouard. - Travail intéressant, qui pourra suggérer à des
confrères, l'idée d'en faire autant.
(1) La Bière des Bénédictins anglais de Dieulouard. Nancy,
Vagner, 1933.
(2) Cette monographie de l'insigne Chapitre de la Primatlale de
Lorraine, a été tirée à part, en une brochure de 142 pages. -
Prix, 6 f rancs ; franco, 6 fr. 50. S'adresser à l'Imprimerie
Vagner.
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