333ème régiment d'infanterie
- 1915
Historique du 333e régiment d'infanterie.
Guerre de 1914-1918
Éd. Impr. Louis Chaduc 1921
Les attaques de Vého-Reillon
(JUIN-NOVEMBRE 1915.)
Cette
période relativement tranquille est en effet terminée.
Le 333e quitte ce secteur en pouvant s'enorgueillir
d'avoir avancé ses lignes chaque fois qu'il en a reçu
l'ordre et de n'avoir jamais cédé un pouce de terrain
devant les attaques ennemies. C'est une tradition et une
gloire pour le Régiment de n'avoir jamais reculé d'un
pas durant toute la campagne.
On sent qu'une attaque se prépare. Aussi le 333e, qui
doit être de la fête, va-t-il se reposer du 16 Mai au 13
Juin à Maixe et Sommervillers. Il est ensuite envoyé en
cantonnement dans la région de Croismare, Raville,
Marainviller où il forme la réserve du Détachement
d'Armée de Lorraine (D. A. L.)
Le 19 Juin, le Général Varin Commandant la 2e D. C.
attaque l'ennemi dans le secteur Veho-Leintrey-Reillon-Gondrexon.
L'opération réussit tout d'abord, mais bientôt est
enrayée. Pour la mener à bonne fin, le 333e tiré de sa
réserve, est mis à la disposition du Général. |
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Il se porte sur Veho-Reillon, sous
les ordres du Lieutenant-Colonel Franchet d'Esperey,
remplaçant le Lieutenant-Colonel Lamiable parti vers de
nouvelles gloires avec ses vieilles troupes d'Afrique.
L'attaque est commencée depuis deux jours.
En pleine nuit, sans avoir pu faire la moindre
reconnaissance pour se mettre au courant de la situation
et du terrain, le 333e est engagé. Son élan n'en est que
plus farouche, les difficultés l'excitent au lieu de le
rebuter.
Les tranchées allemandes entre la route de Veho à
Leintrey et le ruisseau de Leintrey sont enlevées à la
baïonnette sous un feu meurtrier d'artillerie et
d'infanterie.
Les 23 et 24, une certaine nervosité se manifeste de
part et d'autre, les attaques se succèdent,
principalement au Nord de Veho (Ouvrages 6 et 7), menées
par le 6e Bataillon (Commandant Sauzet), qui se lance
plusieurs fois à l'assaut de tranchées ennemies solides
et bien garnies, - car Les Boches se sont ressaisis
avant l'arrivée du 333e. - Les abords du Remabois, vaste
forteresse défendant la direction d'Avricourt, sont
atteints et les crêtes de Veho dépassées. La brèche
faite dans les lignes allemande est sérieuse et la zone
libre autour de Lunéville sensiblement élargie, tandis
que le Boche voit avec anxiété nos lignes menacer chaque
jour d'avantage le noeud de voies ferrées d'Avricourt,
L'offensive terminée, le Régiment reprend travaux et
gardes d'abord dans le secteur de Valhey-Bathelémont au
Nord de la forêt de Parroy, puis dans les secteurs de
Reillon-St-Martin-Herbéviller.
Mais les Allemands, inquiets de notre dernière avance,
ont décidé de nous arracher nos gains. En Juillet, ils
attaquent, au Nord de Reillon, le bois Zeppelin, que
nous avions enlevé en Juin. Le Régiment qui tenait ce
bois, ou plutôt ce que fut ce bois, doit se replier.
Mais des éléments du 333e, amenés en toute hâte, sous
les ordres du Commandant Braquet, commandant le 5e
Bataillon, contre-attaquent la nuit même et rétablissent
intégralement la ligne.
Le 6 Octobre, l'ennemi fait au même endroit un effort
plus sérieux. Après un bombardement intense par obus
asphyxiants, il attaque avec de gros effectifs. Le
Régiment qui tenait la position, accablé, cède du
terrain. Le Colonel Franchet d'Esperey prend aussitôt le
commandement du secteur, car c'est encore le 333e qui
rétablira la situation. Le 5e Bataillon (commandant
Deleuze) et deux compagnies du 6e Bataillon, sont de
suite amenés sur les lieux, et, en pleine nuit se ruent
à l'assaut des tranchées perdues. Le 5e Bataillon subit
de fortes pertes du fait du bombardement et du feu des
nombreuses mitrailleuses installées déjà par l'ennemi.
Un bataillon de Chasseurs Bavarois, troupe d'élite,
tient le bois Zeppelin. Il le conserve, mais perd tous
ses abords. La nuit même, toute la position, sauf
quelques éléments de tranchées, est enfin reprise.
Les jours suivants, des éléments des corps voisins
viennent renforcer le 333e; mais l'ennemi s'est
solidement organisé et les efforts de tous, s'ils
permettent de conserver les gains du 333e, ne peuvent
faire continuer la progression. Jusqu'au 11, la lutte se
poursuit dans des conditions particulièrement
difficiles.
Il faut monter une véritable attaque, avec sérieuse
préparation d'artillerie. L'attaque a lieu du 15 au 18.
Le 5e Bataillon et 2 compagnies du 6e y prennent encore
part.
Trois jours de lutte âpre, meurtrière, dans laquelle le
333e joue un rôle prépondérant, nous rendirent la
majeure partie du terrain perdu. A la suite de ces
combats acharnés, les. lignes se reformèrent de part et
d'autre, parfois distantes de moins de 30 mètres.
Au milieu de ce terrain bouleversé, sont ébauchées des
organisations défensives. Une période extrêmement
pénible commença alors. Les travaux construits
hâtivement pendant la nuit étaient détruits de jour par
de violents bombardements. Dès la nuit tombante, les
grenades volaient d'une tranchée à l'autre, rendant
toute réfection difficile. Par surcroît, le mauvais
temps se mit de la partie : tout s'écroulait, et les
boyaux ne furent bientôt plus que des ruisseaux de boue,
où les hommes s'enlisaient. Les communications devinrent
impossibles, le séjour presque intolérable. Ce fut le
pénible apprentissage de la guerre de position, qui
n'amoindrit pas un instant le moral du 333e.
Le service de secteur reprit pour le régiment dans la
zone Reillon-Blémerey-St-Martin, les bataillons
alternant entre eux; le terrain fut tenu sans faiblesse,
en dépit des pertes.
Le Général commandant l'Armée adressa des félicitations
à la troupe et accorda des citations pour les nombreux
faits d'arme accomplis pendant cette dure période. |
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