Le 4 juillet 1915 à Mareuil
(Pas-de-Calais), l'abbé
Jean Joseph Hilaire Edmond Henry, natif de Blémerey
et aumônier de la 11ème Division
d'Infanterie, est tué par l'explosion d'un obus.
Le journal de marches et opération des services de santé
de la 11ème division d'infanterie mentionne à
la date du 4 juillet, avant l'indication d'une citation
de l'abbé Henry à l'ordre de l'armée : « La relève de
la division commence le 4 juillet. 2 régiments quittent
le front. La section du groupe de brancardiers reçoit
l'ordre de quitter Mareuil pour Hte Avesnes, mais avant
son départ le bombardement fait encore une victime dans
le groupe et tue l'abbé Henry, aumônier de la 11ème
division ».
Dieu et
patrie - 1er août 1915
DIOCESE DE NANCY
Une nouvelle victime sacerdotale de la guerre P
Le 5 juillet Monseigneur le Coadjuteur écrivait à
Monseigneur l'archevêque :
Cher et Vénéré Monseigneur,
Dieu vient de nous demander un nouveau sacrifice. Hier
soir, dimanche, aux environs de X..., M. l'abbé Edmond
Henry, vicaire à Saint-Joseph, aumônier de la ...e
division, est tombé à son poste, le corps broyé par des
éclats d'obus. Il avait passé presque tout son temps
depuis le 9 mai dans cette localité soumise à un très
violent bombardement, jour et nuit. Depuis quinze jours,
il aurait pu la quitter, le travail des brancardiers
étant devenu moins intense, des prêtres-soldats étant
toujours parmi eux et un aumônier régimentaire se
trouvant sur les premières lignes. Mais puisqu'il y
avait du danger à courir, M. Henry voulait donner
l'exemple et encourager par sa présence les
brancardiers. Hier soir à dix heures, il était dans
chambre quand un obus éclate non loin de lui. L'abbé
Salm, vicaire à Pompey, prêtre-brancardier, et lui,
entendant du bruit, craignant que le projectile n'ait
fait des victimes, sortent immédiatement pour aller au
secours des blessés. Un second, un troisième obus
arrivent. M. Salm est épargné. M. Henry est tué net par
les éclats du projectile tombé à deux mètres de lui. Le
cher aumônier était horriblement mutilé. MM. les abbés
Salm et Chomé donnèrent à sa dépouille glorieuse les
premiers soins.
Je ne vous ferai pas l'éloge de cet excellent prêtre;
vous l'avez connu à Saint-Joseph. En campagne, il avait
été tel que vous l'aviez toujours connu : homme du
devoir C'était la conscience même. Il a eu l'honneur
d'être frappé dans l'exercice du devoir, à sa place.
Prêtres, officiers et soldats avaient pour lui une très
grande estime. Ce soif, nous lui accorderons les
honneurs de la sépulture à X... Martyr de la charité
fraternelle et sacerdotale, il nous protégera du haut du
ciel.
Et le 8 juillet, dans une seconde lettre, Monseigneur le
Coadjuteur disait à Monseigneur l'Archevêque :
Cher et Vénéré Monseigneur,
Je n'ai pas eu le temps d'écrire une seule lettre depuis
que je vous ai raconté la mort du très cher abbé Henry.
Les funérailles, à Z... ont été très dignes. Le lundi
soir (car nous craignions que sa formation ne dût
s'éloigner la nuit), nous lui avons rendu les derniers
devoirs. Tous les médecins et officiers, tous les
prêtres qui étaient dans la paroisse, étaient présents à
la cérémonie. Les honneur étaient rendus par les hommes
du groupe. Le général X... commandant la division, le
directeur dru service du corps d'armée, le médecin
principal divisionnaire étaient présents. J'ai en
quelques mots fait revivre la physionomie morale du
défunt, homme d'une conscience exemplaire.
Le lendemain, comme la formation n'était pas partie, une
messe a été chantée par M. l'abbé Salm.
J'ai fait faire un cercueil solide et une croix de bois
sculpté avec attributs sacerdotaux.
Le service qui fut chanté, en l'église Saint-Joseph, le
lundi 12 juillet pour le repos de l'âme du regretté
défunt fut également très émouvant.
La paroisse était là tout entière, unissant son deuil à
celui des infortunés parents, exilés de Blémerey, qui
n'ont même plus de foyer pour pleurer leur fils. M. le
général Schneider, chef du Service sanitaire de Nancy,
en uniforme, représentait l'Hôpital militaire, et un bon
nombre de prêtres étaient venus donner un témoignage de
suprême affection à ce confrère modeste qui passa
discrètement en faisant un bien considérable.
La Chorale paroissiale dont M. l'abbé Henry était le
directeur aimé, et le Choeur des Chanteuses exécutent les
chants, avec cet art et cette piété qui furent tant
appréciés aux représentations de la Passion.
Monseigneur l'Archevêque, accompagné de M. le Vicaire
généra! Barbier, donna l'absoute, offrant au Seigneur ce
nouveau et douloureux sacrifice que le Seigneur lui
avait demandé, à lui et à sa famille sacerdotale qu'il
forma, avec, tant de sollicitude et sur laquelle il
plaçait tant d'espérances.
Plaise à Dieu que le sang de M. l'abbé Edmond Henry soit
le dernier versé par nos prêtres, en cette interminable
guerre, qui a déjà fait de si terribles ravages en nos
rangs !
Né à Blémerey, le 7 janvier 1882, ordonné prêtre le 9
juillet 1905, M. Jean-Joseph-Hilaire-Edmond Henry avait
été nommé vicaire à Saint-Joseph, de Nancy, après son
ordination. Il était, en même temps, aumônier de
l'Hôpital militaire de Nancy.
Prêtres aumôniers et brancardiers
Monseigneur le Coadjuteur, en donnant à Monseigneur
l'Archevêque les détails que nous venons de lire sur les
funérailles de M. l'abbé Henry, ajoute que M. l' abbé
Henry a été cité à l'ordre du jour de l'armée, ...
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