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Abandon du projet de voie ferrée Blâmont-Héming - 1921
 



Rapports et délibérations - Conseil général du Département de la Meurthe et Moselle
Séance du Lundi 2 mai 1921

RAPPORT DE M. LE PREFET

Au cours de votre dernière session, vous avez émis le voeu qu'il soit fait une étude sommaire du prolongement jusqu'à Héming de la ligne Lunéville-Blâmont.

J'ai prié le Service du Contrôle de procéder à cette étude et j'ai l'honneur de vous donner ci-après communication du rapport qu'il vient de me faire parvenir.
Dans sa séance du 19 août 1920, le Conseil général a demandé qu'il soit fait une étude sommaire du prolongement de la ligne Lunéville à Blâmont jusqu'à Héming.
Cette étude à laquelle nous venons de procéder a fait reconnaître la possibilité de réaliser, dans des Conditions très satisfaisantes au point de vue technique, le tracé d'une ligne mettant en relations la gare de Blâmont, de la ligne à voie métrique Lunéville-Blâmont-Badonviller :
1° Avec la station d'Héming de la ligne Paris à Strasbourg;
2° Avec le canal de la Marne au Rhin.
Les déclivités ne dépassent pas 17 millimètres par mètre, sauf aux abords de la gare de Blâmont où l'on en rencontre une de 20 millimètres, mais elle ne règne que sur 100 mètres. Les rayons des courbes ne descendent pas en dessous de 150 mètres.
Le tracé étudié prend son origine au droit de l'axe du bâtiment principal de la gare aux marchandises de Blâmont et remonte la vallée du réseau de Voise en passant sous la ligne Avricourt-Blâmont-Cirey. Après avoir atteint le faîte à 1 kilomètre au delà d'Ibigny, il descend le versant opposé en se dirigeant sur le village de Saint-Georges, à partir duquel deux solutions peuvent être envisagées pour rejoindre la station d'Héming, soit en passant par Gondrexange, soit en suivant la vallée du ruisseau de Neuf-Moulin, par Landange et Neuf-Moulin. Ces deux itinéraires ont exactement la même longueur, mais le premier (par Gondrexange) est plus-économique parce qu'il comporte des terrassements moins importants et un ouvrage d'art en moins. La longueur totale du tracé est de 20km 150, non compris le raccordement avec la voie navigable, lequel pourrait atteindre 350 à 400 mètres au plus de développement. La plus grande partie de la ligne, 13km 900 sur 20km 150, est située dans le
département de la Moselle.
Les ouvrages d'art les plus importants sont : un pont de 30 mètres sur la Vezouse, à Blâmont; un passage inférieur sous la ligne Avricourt-Blâmont-Cirey et un pont de 24 mètres sur le canal de la Marne au Rhin.
Les localités desservies sont :
1° En Meurthe-et-Moselle, Blâmont et Gogney;
2° Dans la Moselle, Ibigny, Saint-Georges.
Et, à partir de là, Gondrexange et Héming ou Landange, Neuf-Moulin et Héming suivant qu'on adopte l'un ou l'autre des deux tracés dont il a été parlé plus haut.
La dépense totale de premier établissement, calculée aux prix actuels des matériaux et de la main-d'oeuvre, ne serait pas inférieure à 6 millions de francs.
C'est une somme fort élevée que ne semble pas justifier l'exécution d'une ligne dont l'utilité est fort contestable.
En effet, Héming et Blâmont sont déjà reliés par la voie large suivant un parcours qui n'est que de 24 kilomètres; le raccourci ne serait donc que de 4 kilomètres au plus. D'un autre côté, la région traversée est purement agricole et la population y est peu dense. Reste le trafic pouvant naître du raccordement avec le canal de la Marne au Rhin; a priori, il ne semble pas devoir être important puisque l'industrie est inexistante ou à peu près, que les massifs boisés sont trop éloignés et que la
région de Blâmont est déjà mise en communication avec le canal à Einville, par les lignes Lunéville-Blâmont et Lunéville-Einville.
Quoi qu'il en soit, il appartient au Conseil général de décider s'il y a lieu ou non de pousser plus loin l'étude de l'affaire. Dans le cas de l'affirmative, il doit être bien entendu qu'avant d'entreprendre de nouvelles études, il sera indispensable de soumettre l'affaire au département de la Moselle qui est de beaucoup le plus intéressé dans la question, à l'effet de provoquer son avis sur l'utilité de la ligne en ce qui le concerne.
Nous proposons de transmettre l'étude ci-jointe au Conseil général de Meurthe-et-Moselle pour qu'il se prononce sur la suite qu'il entend donner à l'affaire.

Adoptant les conclusions du rapport qui précède, j'ai l'honneur, Messieurs, de vous prier de vouloir bien en délibérer.

RAPPORT DE LA COMMISSION
Dans sa séance du 19 août 1920 le Conseil général a demandé qu'il soit fait une étude sommaire du prolongement éventuel de la ligne Lunéville à Blâmont jusqu'à Héming.
Il résulte de cette étude faite par le service de M. l'ingénieur en chef que la dépense totale de premier établissement de cette ligne serait, aux prix actuels, de 6 millions, somme très élevée alors que l'utilité de cette ligne est fort contestable, puisque les communes de Héming et de Blâmont sont déjà reliées par une voie large dont le parcours n'a que 4 kilomètres de plus et que la région ainsi desservie à grands frais est purement agricole et de population peu dense.
Votre Commission est d'avis de ne pas pousser plus loin l'étude d'un projet qui, d'après les renseignements du service du Contrôle n'a pas l'utilité qu'elle semblait présenter au premier abord.

DELIBERATION
M. MAZERAND. - Je rappelle au Conseil général qu'avant la guerre il avait été décidé de prolonger la ligne jusqu'à Val-et-Châtillon et Cirey. Val-et-Châtillon n'est pas desservi, c'est une région boisée et il y a un gros trafic de bois. Ce prolongement avait du reste été admis par le Conseil général; je demande que l'étude en soit reprise.
M. DIDION. - Ce serait une autre ligne qui serait à l'étude, passant par Val-et-Châtillon, et qui irait plus loin que Héming, directement sur Sarrebourg ?
M. MAZERAND. - C'est cela. C'est un autre projet; je demande qu'il ne soit pas perdu de vue. Il faudrait prier M. le Préfet de vouloir bien reprendre l'affaire.
M. CASTARA. - Je désirerais savoir si le Conseil général est saisi d'une demande qui a été faite par un certain nombre de communes intéressées de la vallée du Sanon, au sujet de l'étude d'une ligne de chemin de fer allant d'Einville jusqu'à Moussey.
M. DIEUDONNÉ. - Je croyais, en effet, qu'un certain nombre de communes de la vallée du Sanon avaient envoyé à M. le Préfet des délibérations demandant le prolongement du tramway d'Einville. Cela a peut-être été retenu à la sous-préfecture de Lunéville.
M. le PRÉFET. - Je pourrai vous répondre avant la fin de la session.
M. DIEUDONNÉ. - Pour mon compte, j'ai reçu copie de la délibération du conseil municipal de...
M. DIDELON. - Les propositions faites au Conseil général qui sont prises en considération, lorsqu'il s'agit pour l'avenir de prévoir des travaux à exécuter, engagent toujours des dépenses. Or, je veux appeler l'attention du Conseil général sur ce point : c'est que les chemins de fer départementaux sont la ruine du budget départemental, qu'il faut s'engager là très prudemment et ne construire que les lignes qui sont absolument nécessaires parce qu'elles ne rapportent jamais rien.
M. le PRÉSIDENT. - Sous le bénéfice les diverses observations qui viennent d'être échangées, les conclusions de la Commission sont adoptées.

 

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