Le Progrès de l'Est annonce que la soeur directrice
de l'école de Blâmont (Meurthe-et-Moselle) a été
révoquée, après une enquête administrative, pour
avoir distribué des brochures politiques à ses
élèves.
Canton de Blâmont. Le conseiller sortant,
républicain, M. Brice, maire de Blâmont, se
représente et a pour concurrent M, d'Hausen,
monarchiste.
AFFAIRES MILITAIRES
On lit dans le Serre-File :
En Alsace-Lorraine, les Allemands préparent le
terrain pour les grandes manoeuvres. Des
reconnaissances d'officiers parcourent journellement
les routes qui traversent les Vosges; des pointes,
des patrouilles battent les bois, visitent les
villages et les hameaux.
Est-il bien nécessaire de dire à nos lecteurs de
quel côté sont dirigées toutes ces reconnaissances
préparatoires de ces officiers allemands Du coté de
notre frontière, bien entendu. C'est évidemment de
chez nous que doit venir l'ennemi. Toutes les
études, tous les travaux ont donc pour objet la
frontière française.
Il est constant toutefois que le zèle des officiers
allemands les pousse quelquefois un peu loin, même à
franchir notre frontière, sans le savoir
probablement.
C'est ainsi que le mercredi 18 août, une
reconnaissance allemande composée de : un général,
le colonel du 15e uhlans, de Strasbourg, deux
capitaines, un lieutenant et six cavaliers
ordonnances, franchissait la frontière française en
avant du village de Bertrambois, près d'Avricourt.
La petite troupe avait déjà fait 600 mètres sur le
territoire français, lorsqu'un douanier, en
embuscade au bord du chemin, se dresse tout à coup
devant elle, la baïonnette en avant, et lui crie : «
Halte-là ! »
Notre brave douanier, en cette rencontre inattendue,
a dû revoir, par la pensée, dans une vision rapide,
les épisodes des jours terribles de 1870.
Un moment interdit, devant cet homme seul, bravement
campé devant lui, le général prussien crie à ses
compagnons : Zurûck ! wir sind in Franckreich !
(Demi-tour, nous sommes en France !) Sur cet ordre,
la reconnaissance tournait bride et disparaissait au
delà de la frontière, sur le territoire allemand.
Une heure après, le lieutenant qui faisait partie de
la reconnaissance, se présentait à la frontière, au
poste des douanes de Bertrambois et remettait au
brigadier, chef de poste, une lettre d'excuses de la
part au général.
Le même jour, à la même heure, une autre
reconnaissance, composée de six officiers allemands,
suivait la route qui longe la frontière, à hauteur
et en vue du village de Cogney. Tout à coup les
étrangers quittent la route et s'avancent vers une
ferme, dite la Sablière, située en territoire
français, à 600 mètres de la ligne frontière.
Ils ne trouvent dans la ferme qu'une domestique à
qui ils demandent si la Sablière est sur le
territoire français. Sur la réponse affirmative de
cette femme ils semblent hésiter, puis l'un deux dit
: « Retournons, mais passons par ici » Ce disant, au
lieu de reprendre le chemin qui les avait amenés,
ils continuent 200 mètres environ à marcher sur
notre territoire ; ce crochet leur permit de
contourner un mouvement de terrain, voisin de la
ferme, qui, sans doute, avait pour eux quelque
intérêt.
Aucun douanier n'était dans les environs ; ils n'ont
pas été aperçus ni arrêtés.
Nous n'avons pas qualité pour juger ni apprécier les
deux incidents que nous venons de signaler et dont
nous pouvons certifier l'exactitude.
Y a-t-il simple méprise, ou ces erreurs sont-elles
volontaires et cherchées ?
Nous ne savons.
6 août 1887
Les jouets allemands
Dépêche Havas ;
Nancy, 5 août.
Le préfet vient de prendre un arrêté ordonnant la
fermeture d'une fabrique de jouets allemands,
établie à Embermenil.
Cette fabrique était installée depuis six ans, sans
autorisation, dans un rayon douanier où cette
autorisation est nécessaire.
Le préfet avait pris dernièrement un arrêté
semblable pour une manufacture du même genre établie
à Maranvillers.
7 août 1887
L'affaire d'Emberménil
La correspondant berlinois du Times s'exprime ainsi
:
Il y a longtemps qu'on ne s'est montré si excité en
Allemagne. La nouvelle de la fermeture de
l'établissement des frères Weisbach, à Emberménil, a
causé un sorte d'exaspération, et le bruit court que
l'incident a donné lieu à des communications
diplomatiques. Dans certaines sphères on suppose
même que le milice de Bismarck a ajourné son départ
pour Kissingen uniquement en raison de la tension
politique que cette affaire a amenée dans les
rapports de la France et de l'Allemagne.
Le Temps publie le télégramme suivant de Berlin, 6
août :
On a voulu donner à l'ajournement du voyage de M. de
Bismarck a Kissingen un motif politique, et la
Galette de Cologne, en insérant une dépêche
annonçant que cet ajournement avait pour cause
l'incident de la fermeture par les autorités
françaises de la fabrique allemande de M. Weissbach
a Emberménil, en Meurthe-et-Moselle, a produit une
certaine sensation à la Bourse.
Or la dépêche de la Gazette n'était que la
reproduction tronquée d'une correspondance publiée
par la Gazette de Magdebourg dans laquelle il était
dit : « La chaleur a diminué ; la santé du
chancelier est excellente ; aussi se demande-t on
pourquoi il ne part pat pour Kissingen, et aussitôt
on cherche les motifs politiques qui peuvent le
retenir. On serait peut-être plus près de la vérité
en admettant que M. de Bismarck a retardé son voyage
pour attendre la princesse sa femme, qui doit
revenir la semaine prochaine et qui veut aller avec
lui à Kissingen. »
Dépêche Havas :
Nancy, 8 août.
Le préfet de Nancy a pris un nouvel arrêté accordant
un délai de trois mois à M. Weisbach pour la
fermeture de la fabrique de poupées d'Emberménil-
Un premier arrêté avait ordonné la fermeture
immédiate; mais il est probable que l'administration
préfectorale aura voulu accorder un délai de trois
mois à. M. Weisbach, afin d'écouler le stock de
marchandises qui se trouve en magasin.
C'est évidemment un recul du gouvernement français
devant les représentations de l'Allemagne.
Il serait a souhaiter, pour l'édification de tous.
Qu'on en fît connaître la véritable raison.
LES EXPULSES D'AVRICOURT
Dépêche Havas:
Le nombre des ménages d'employés des chemins de fer
de l'Est, expulsé. d'Avricourt, est de trente-huit,
comprenant cent personnes environ.
Depuis l'annexion, ces employés habitaient à
Avricourt, village cédé à l'Allemagne, parce que le
village en deçà de la frontière, lgney, ne compte
pas assez de maisons pour pouvoir les loger.
A la suite de leur expulsion, il est probable que
cas employés habiteront Lunéville, en attendant
qu'on ait fait des constructions à Igney pour les
recevoir.
Les expulsés d'Avricourt
Les agents de la Compagnie de l'Est en activité de
service, les retraités et les veuves d'employés qui
habitaient Deutsch-Avricourt ont été convoqués dans
la matinée du 5 août à la mairie de Deutsch-Avricourt.
Lecture leur à été donnée d'une lettre du président
du cercle de la Lorraine, aux termes de laquelle ils
devaient tous avoir quitté le territoire allemand
dans les délais que nous avons déjà fait connaître.
Nos compatriotes ont été invités ensuite à signer
cette lettre, qui avait été transcrite sur un
registre.
On lit dans la Strassburger Post, journal allemand :
Nous apprenons que le gouvernement français a
accorde l'autorisation de réouvrir la fabrique de
jouets des frères Weisbach à Emberménil, qui avait
été fermée par un arrêté du préfet de Nancy.
Nous saluons cette nouvelle avec une vive joie, tout
d'abord dans l'intérêt de nos compatriotes, ensuite
comme un indice significatif que le ministère
Rouvier a le courage de représenter l'équité et la
justice vis à vis des exigences de la presse
provocatrice.
De son côté, le Soir a publié hier la note suivante
:
Quelques-uns de nos confrères s'en prennent à M.
Flourens et blâment la délai de trois mois accordé à
l'Allemand Weissbach, l'industriel qui s'était
établi a Emberménil.
Nous devons faire remarquer que cette mesure est du
ressort du préfet de Meurthe-et-Moselle. Le ministre
des affaires étrangère n'avait pas à s'en occuper.
Le Novoié Vremia, parlant de la réouverture de la
fabrique allemande de jouets à Embermenil, dit ce
qui suit :
La comparaison du passé avec le présent ne sera pas
a l'avantage des gouvernants actuels de France.
Il serait à désirer que la ministère Rouvier, au
moins dans des questions de politique
internationale, se donne moins de peine à éviter
tout ce qui pourrait être désagréable à Berlin.
Le rôle influent que la France a recommencé à jouer
en Europe dépend exclusivement de l'absence totale
de cette peur que manifesta le gouvernement français
depuis l'arrivée du ministère Rouvier.
Le gouvernement français ne devrait pas retourner à
la politique étrangère de M. Jules Ferry. La
solution de l'incident Schnaebelé prouve
surabondamment qu'une certaine indépendance et
l'indifférence au sujet de ce que l'on dira à
Berlin, ne conduisent pas à la guerre.
Et il n'est pas encore dit que l'incident d'Emberménil
n'entraînera pas le gouvernement de Berlin à pousser
ses exigences à un point tel que le ministère
Rouvier ne pourra plus être prévoyant et disposé à
une entente sans porter un préjudice grave à la
dignité du pays qu'il gouverne.
Incendie, orage
Nancy, 7 août
Un violent incendie a éclaté dans une maison habitée
par trente ménages. Rien n'a pu être sauvé.
Un orage accompagné de grêle a dévasté Blamont et
les environs ; les grêlons avaient la grosseur d'oeufs
de pigeon ; en un instant, toutes les réooltes ont
été compromises ; les pertes réparties sur douze
villages, atteignent 400,000 fr. La consternation
est générale dans le pays.
Sur la frontière
Il y a trois jours, un nommé Marchal, habitant
Blamont (arrondissement de Lunéville), connu pour
ses habitudes de braconnage, pénétrait armé sur le
territoire annexé.
Deux douaniers allemands l'ayant aperçu,
s'embusquèrent pour l'arrêter. Ne pouvant y
parvenir, ils tirèrent chacun un coup de fusil,
Marchal, revenu sur le territoire français se
retourna vers les douaniers et tira les deux coups
de son fusil de chasse.
La gendarmerie française a ouvert une enquête.
Marchal nie, mais il y a plusieurs témoins contre
lui.
Lunéville, 2 septembre.
Ce matin, a commencé le service du poste sanitaire
établi à Avricourt contre le choléra, sous la
direction des docteurs Henriot et Zimmermann de
Blamont. Ces médecins sont assistés de deux internes
de Nancy, de deux infirmiers, d'une infirmière et
d'un employé,
Une étuve à désinfection pour les linges sales et
pour les bagages a été installée.
Un lazaret en bois a été construit par la Compagnie
des chemins de fer de l'Est pour les malades; quatre
lits fournis par la Société des femmes de France de
Cirey y ont été placés.
Aucun cas de choléra n'a été constaté jusqu'ici.
Le service sanitaire est assuré pour les arrivées
par voie d'eau à Xérès.
MEURTHE-ET-MOSELLE
Lunéville, 2 juin. - Nos bons notaires. - Un notaire
de Blamont, M. Vanier, qui est mort la semaine
dernière, laisse un déficit supérieur à un million.
Encore un fou assassin
On mande de Lunéville :
Un nommé Charles Antoine, de Domèvre, près Blamont,
s'est constitué prisonnier hier matin, à la
gendarmerie de Lunéville, s'accusant d'avoir
étranglé sa femme trouvée en effet morte sur son
lit.
Antoine est un fou paraissant avoir agi sous
l'empire de la jalousie.
On nous écrit de Nancy :
Un déserteur du 67e régiment d'infanterie en
garnison à Metz, nommé Jacob Andrès, s'est présenté
en uniforme et en armes à la gendarmerie de
Mars-la-Tour, venant à pied de Metz ; il s'était
tenu caché dans les bois pendant la journée pour ne
pas tomber entre les mains des gendarmes et
douaniers embusqués le long de la frontière.
Ce déserteur a été amené devant le commissaire
spécial de Conflans-Jarny, qui l'a fait conduire au
bureau de recrutement de Verdun pour signer un
engagement dans la légion étrangère.
C'est pour se soumettre aux mauvais traitements que
ce jeune homme a déserté.
Le nommé Charles Gretz, déserteur du 97e régiment
d'infanterie en garnison à Sarrebourg, est venu en
tenue militaire se rendre à la gendarmerie de
Blâmont où il a demandé à contracter un engagement
pour la légion étrangère. Ce déserteur se plaignait
lui-même d'être maltraité par ses officiers.
D'autre part le nommé Adolphe Bredai, déserteur du
23e régiment d'infanterie, en garnison à Bourg, est
venu se présenter volontairement à la gendarmerie de
Blamont venant d'Alsace-Lorraine.
Il était absent de son corps depuis deux ans et
demi.
Accident d'automobile
Avricourt. - Le prince de Saxe-Weimar, accompagné du
baron Van der Hoeven, avait passé la frontière à 2
heures du matin, se rendant à Paris en automobile.
Un sérieux accident lui est survenu près de
Barbas-Blamont.
L'automobile s'est jetée contre un haut talus. Le
prince et te baron ont été projetés hors de la
voiture.
Le chauffeur a été sérieusement- blessé. La voiture
est brisée.
Habiles escrocs
Lunéville, 30 septembre,
Sur une plainte déposée par l'ambassade des
Etats-Unis en France, le parquet a fait procéder à
une enquête sur des violences dont avait été victime
le colonel Nutting, de l'armée américaine.
Cet officier, passant en automobile près de Domèvre-sur-Vezouze,
le 30 juillet dernier, vers six heures du soir, se
vit barrer la route par des ouvriers terrassiers et
dut verser 250 francs pour pouvoir continuer sa
route, les ouvriers ayant prétendu qu'un de leurs
camarades avait été renversé par l'automobile. Un
garde champêtre, coiffé de son képi, prit la somme
et fit livrer passage aux excursionnistes. L'enquête
établit que les ouvriers en question avaient simulé
un accident et toute la mise en scène qui suivit :
l'un d'eux s'était muni d'un képi galonné, dans le
but de faire « chanter » les automobilistes. Deux
des coupables ont été retrouvés et auront à répondre
devant les tribunaux des escroqueries auxquelles ils
ont participé. |