Le 17ème Bataillon de
Chasseurs, est au début de la guerre un bataillon de
chasseurs à pied (BCP). Cette unité, casernée en 1914 à
Baccarat, a accueilli de très nombreux soldats du canton
de Blâmont (plus de 80 morts pour la France sur les
monuments aux morts, soit 23 % des soldats tués du
canton).
Le tableau en fin de cet article regroupe les 75 morts pour la France natifs d'une des 33 communes
du canton de Blâmont).
Les fiches d'identification des morts pour la France du
ministère de la Défense mentionnent cependant parfois «
à pied » (BCP), ou « alpin » (BCA) : car ce n'est qu'en
novembre 1917 que le bataillon prend officiellement le
nom de « alpin » (« Le 17ème bataillon de chasseurs à
pied est transformé en bataillon de type alpin ainsi que
tous les autres bataillons de la division » -
Journal de Marche du 17ème BCP, à la date du 25 novembre
1917).
Nous reproduisons ci-dessous intégralement l'Historique
du 17ème bataillon de chasseurs à pied comme témoignage de
ce qu'ont vécu les très nombreux conscrits du canton de
Blâmont.
Historique
du 17e bataillon de chasseurs à pied pendant la guerre
1914-1918
Ed. Berger-Levrault (Nancy)
Le 17e bataillon de
chasseurs était en garnison depuis plus de trente ans à
Rambervillers (Vosges) quand, au mois d'avril 1914, il
vint stationner à Baccarat (Meurthe-et-Moselle), à 20
kilomètres de la frontière. C'est de là qu'il partit en
campagne.
Le bataillon jouissait dans le 20e corps d'armée de tout
le prestige que confèrent la belle tenue et la belle manoeuvre. Commandé par des chefs tels que les SERRET,
les CARRÈRE, sa réputation s'agrandit. Au moment où la
guerre éclata, il était, pour tous les corps de l'Est,
le « bataillon de fer », le « bataillon-taureau », comme
l'appela Georges d'Esparbès.
Il devait maintenir bien haut toutes ces traditions au
cours de la campagne, et si les pertes qu'il a subies
sont, hélas ! bien lourdes, c'est qu'il a toujours tenu
ou attaqué jusqu'à l'extrême limite des forces humaines.
La couverture.
En juillet 1914, la situation politique se tendit.
L'attentat de Serajevo, la mauvaise volonté évidente de
l'Allemagne à réaliser une solution pacifique entre
l'Autriche et la Serbie, rendirent bientôt illusoire le
maintien de la paix. Songeuse, la France regardait cette
frontière du Nord-Est, sur laquelle allaient se livrer
les premiers combats.
La mission des troupes de couverture était redoutable.
Il fallait interdire à l'ennemi l'accès de la vallée de
la Meurthe, à l'abri de laquelle se rassemblaient les
Ire et IIe armées françaises. Il fallait tenir pendant
quinze jours pour permettre la mobilisation et la
concentration de ces troupes. Or, le recul de 10
kilomètres prescrit par le Gouvernement permettait à
l'ennemi d'approcher à 12 kilomètres de la Meurthe; il
fallait donc garder 12 kilomètres pendant quinze jours,
contre un ennemi dont la supériorité numérique devait se
révéler incontestable, dès le début des hostilités.
Le bataillon est alerté le 28 juillet : deux compagnies
vont garder les passages de la Verdurette, à Reherrey et
à l'est de Merviller; un détachement cycliste, sous les
ordres du lieutenant CHEVRON, patrouille dans la vallée
de la Vezouse, entre Domèvre et Blâmont. Le 29 juillet,
le bataillon est mobilisé; il reçoit ses réservistes et
part à 7 heures sur ses positions de couverture, vers
Montigny (10 kilomètres nord de Baccarat).
Le moral du bataillon, déjà si élevé en temps ordinaire,
est exalté par l'imminence du danger. Parmi les
réservistes, certains ont quitté avec deux jours
d'avance leurs villages-frontière; les patrouilles de
cavalerie ennemies ayant fait leur apparition dans le
voisinage, ces braves ont quitté leur foyer avant d'être
touchés par l'ordre d'appel, dans la crainte de ne
pouvoir rejoindre s'ils tardaient un peu. Quant aux
jeunes gens de l'active, ils partent avec la volonté
d'interdire à l'ennemi la route de Baccarat; ils
connaissent bien le terrain sur lequel ils vont se
battre, et cette circonstance contribue à augmenter leur
confiance en l'heureuse issue des combats futurs.
Les Allemands ont franchi la frontière le 2 août 1914,
pénétré dans Blâmont, Cirey-sur-Vezouse, et avancé dans
notre territoire sur une profondeur de 10 kilomètres.
Des crêtes de Montigny, on aperçoit des colonnes de
fumée qui montent des villages brûlés par l'ennemi, et
plus d'un chasseur assiste ainsi, les doigts crispés sur
son fusil, à l'anéantissement de l'oeuvre toute faite de
durs labeurs à laquelle jusqu'alors il avait consacré sa
vie.
Combat du Clair-Bois.
L'avance ennemie se fait sur deux directions aboutissant
: l'une aux ponts de Baccarat-Azerailles; l'autre au
pont de Raon-l'Étape. Le 9 août, un bataillon ennemi se
heurte à la 3e compagnie, placée en grand'garde au
Clair-Bois.
Le combat s'engage à 11 heures; l'ennemi s'efforce de
tourner le bois par les nombreux boqueteaux qui le
prolongent vers le nord, mais il est arrêté par les feux
bien ajustés qui partent du bois. Épuisées, les
compagnies de tête se terrent à 100 mètres des lisières.
Le capitaine BERNIER, commandant la compagnie, profite
de cette accalmie pour échelonner son unité en
profondeur jusqu'au hameau d'Ancervillers.
Lorsque, à 16 heures, l'ennemi se lance de nouveau à
l'attaque, après avoir été renforcé par un nouveau
bataillon, il est arrêté jusqu'à la nuit par les
résistances successives qui lui sont opposées. Il
réussit à pénétrer dans le bois, mais ne peut le
dépasser.
A la nuit, des patrouilles sont envoyées pour
reconnaître l'emplacement exact des postes allemands.
Une d'elles, commandée par le caporal DUVAL, reste
pendant la plus grande partie de la nuit au contact
immédiat des troupes ennemies, et rapporte des
renseignements précieux, sans que l'ennemi se soit
aperçu de sa présence.
Ce combat avait été sanglant pour l'ennemi : la 3e
compagnie du 17e avait deux blessés.
Combat de Saint-Maurice.
L'avance de l'ennemi en direction de Raon-l'Étape lui
avait permis de s'emparer de Badonviller et du bois des
Haies, après des combats sanglants. L'héroïque
résistance du 20e B.C.P. l'avait contraint à stopper à
la lisière du village et il n'avait pu dépasser le bois
des Haies.
Une attaque française fut montée pour reprendre
Badonviller. L'attaque principale (20e bataillon) avait
pour objectif le village, pendant que deux compagnies du
17e B.C.P. devaient attaquer le bois des Haies. L'action
s'engage le 10 août, à 7 heures; dès le début, elle
revêtit un caractère d'extrême violence. Les 3e et 4e
compagnies se déploient en tirailleurs aux lisières nord
du village de Saint-Maurice, puis, précédées de
patrouilles de combat, elles marchent sur le bois.
Elles sont accueillies par une violente fusillade
partant de la lisière; à 100 mètres du bois, les
patrouilles de combat se terrent, les tirailleurs
avancent ensuite par bonds jusqu'à leur hauteur, puis se
couchent.
A midi, toute la ligne de tirailleurs s'élance et,
malgré la fusillade, arrive à la lisière du bois
abandonnée par l'ennemi.
Le capitaine BERNIER, à cheval malgré les balles qui
pleuvent autour de lui, entraîne sa compagnie avec un
élan magnifique. Pas un seul homme ne reste en arrière.
A droite, le 20e bataillon reprend Badonviller. Dans
cette lutte à un contre trois; nous avons eu le dessus;
les 17e et 20e B.C.P. ont battu ce jour-là deux brigades
ennemies.
La prise du bois des Haies est le dernier combat de la
période de couverture. Malgré sa grande supériorité
numérique, l'ennemi était encore à 10 kilomètres de la
Meurthe quand, le 14 août, le 17e bataillon fut relevé
par l'avant-garde du 13e C. A.
Offensive de Lorraine.
Relevé le 4 août sur ses positions de Montigny, le 17e
B.C.P. part pour Veney, où il se repose pendant cinq
heures, puis, à 20 heures, il se dirige vers la vallée
de la Plaine par le massif forestier du Rouge-Vêtu. Il
arrive le 15 août, à 1 heure du matin, à Allarmont, où
il cantonne.
Il en repart à 5 heures du matin. La 25e brigade à
laquelle il appartient, marche sur Schirmeck, par le
Donon.
Combat du Donon.
Le formidable massif du Donon domine toute la région de
Baccarat. Les Allemands avaient là un observatoire
excellent. La possession du massif leur permettait de
descendre dans la vallée de la Meurthe sans qu'aucune
résistance appréciable pût les retenir. Par contre, en
l'occupant, nous avions la possibilité d'atteindre la
plaine d'Alsace par la vallée de la Bruche et Schirmeck.
Aussi, quoique très fatigué, le bataillon part hardiment
en tête du gros de la colonne; ce seul mot de Donon a
ranimé les énergies. A partir de Raon-sur-Plaine, les 3e
et 4e compagnies sont détachées en flanc-garde et
gravissent les pentes nord du mont.
A peine a-t-on franchi les bornes-frontière, qu'il faut
manoeuvrer prudemment; une maison forestière est là,
dominant la vallée, et sentinelle avancée du Donon; le
téléphone y est installé.
Avant qu'aucun renseignement ait pu être transmis, la 3e
compagnie est dans la maison. Le téléphone est arraché
des mains du garde et celui-ci es emmené. Il assistera
en spectateur à la prise de la plate-forme du Donon,
défendue par 200 fantassins environ; à 12 heures, tout
le massif est à nous.
A 16 heures, le 17e est poussé aux avant-postes de
Grandfontaine, sur la route de Schirmeck. A 20 heures,
un escadron de uhlans, lancés en reconnaissance vers le
Donon, se .heurte à un de nos postes aux issues, composé
d'une demi-section commandée par le sergent HOUPERT.
Celui-ci laisse approcher l'ennemi jusqu'à 20 mètres,
puis commande un feu àr épétition. Complètement surpris,
les uhlans tournent bride et fuient à toute allure,
laissant quinze morts sur le terrain et dix prisonniers.
Combat de Saint-Léon.
Le 17 août, à 7 heures, le bataillon reçoit l'ordre de
rejoindre, dans la vallée de la Sarre, une brigade
coloniale à laquelle il est affecté momentanément.
Après une marche qui dure toute la journée, le bataillon
bivouaque le soir dans les bois de Saint-Quirin. Le
lendemain, au petit jour, il part à Abreschwiller, puis
à Saint-Léon, où il stationne dans la nuit du 18 au 19.
Le 19, il appuie par le feu l'attaque d'un régiment
d'infanterie coloniale sur les crêtes nord de
Saint-Léon.
Le 20, l'ennemi commence sa contre-offensive en
Lorraine. A 15 heures, le village de Saint-Léon, tenu
par les coloniaux, est presque complètement entouré. Une
contre-attaque menée par le 17e est déclenchée pour
dégager les défenseurs du village.
Le bataillon se rassemble sous bois, exécute une courte
marche d'approche, puis se lance à corps perdu sur les
tirailleurs ennemis. Un feu terrible lui cause des
pertes cruelles, mais ne réussit pas à l'arrêter.
L'ennemi est culbuté sur ses positions du matin.
Le capitaine BERNIER est blessé au moment où il place sa
compagnie face à son objectif; le lieutenant DE
BEAUREPAIRE tué pendant l'assaut, à la tête de sa
section, après avoir abattu cinq Allemands qui
l'assaillaient.
Le lendemain 21, le bataillon reçoit l'ordre
d'abandonner Saint-Léon et de couvrir la retraite de la
brigade. Pendant trois heures, il assiste à toutes les
attaques qui sont lancées sur lui, puis se retire à son
tour sur la rive gauche de la Sarre.
Retraite de Lorraine.
Les combats furent acharnés de la frontière à la
Meurthe.
Devant Cirey, les 3e et 4e compagnies tinrent pendant
cinq heures les bois de la Haie-Renardy; à Montigny, le
bataillon, réduit à trois compagnies, résista pendant
toute la journée du 22 août sur ses anciens emplacements
de couverture. Les violents assauts de l'ennemi ne
parvinrent pas à le chasser de ses positions; les
capitaines DAVY et GARNIER furent blessés devant
Montigny, à la tête de leur compagnie.
Dans la nuit du 23 au 24, le 17e se regroupe sur
Vacqueville dont il organise la défense. Il doit tenir
là jusqu'au 24 à 10 heures, afin de permettre le
franchissement de la Meurthe à nos éléments en retraite.
Le combat s'engage à 6 heures. Il revêt dès le début un
caractère de violence extrême. L'infanterie ennemie
s'élance à l'assaut après un bombardement intense de nos
positions, elle ne peut déboucher des bois à l'est de
Vacqueville. A 11 heures, le bataillon se retire par
échelons sur Veney et Bertrichamps, passe la Meurthe au
pont de. Thiaville et se reforme à l'ouest de la
Chapelle. Dans la nuit du 24 au 25, il s'installe à
Anglemont, en réserve de division.
Le 25, à 6 heures, notre ligne de résistance passait par
Bazien, le bois de la Pêche, Sainte-Barbe. A 10 heures,
une attaque allemande rejette les troupes françaises
vers Rambervillers. Le 17e est chargé de recueillir les
troupes en retraite et de tenir le village d'Anglemont.
Le combat dure jusqu'à la nuit; les tirailleurs ennemis
ne peuvent franchir la Belvitte. Le bataillon vient
cantonner dans les casernes de Rambervillers, puis à
Housseras.
Combat de la Chipotte.
L'ennemi a franchi la Meurthe et s'est installé sur les
crêtes boisées qui séparent la vallée de la Meurthe de
celle de la Mortagne. Il occupe le col de la Chipotte,
sur la route de Raon-FÉtape à Rambervillers.
Dans la nuit du 31 août au 1er septembre, la 25e brigade
quitte la région d'Housseras pour attaquer le col de la
Chipotte; le 17e est en avant-garde. Après une marche
très pénible, le contact avec l'ennemi est pris le 1er
septembre au petit jour.
Les Allemands ont solidement organisé la position. Ils
ont construit des tranchées et des réseaux de fil de
fer.
Les tirailleurs avancent jusqu'aux défenses accessoires.
C'est uniquement un combat d'infanterie, l'artillerie ne
pouvant entrer en action dans ces bois touffus. A 10
heures, le bataillon est tout entier engagé à 60 mètres
des tranchées ennemies. Les pertes sont élevées, mais
celles de l'ennemi ne le sont pas moins. A 12 heures,
des troupes fraîches relèvent le bataillon, qui vient se
reformer au col de Barrémont, où il reste jusqu'au 3
septembre.
Des actes de magnifique bravoure ont été accomplis à ce
combat : le capitaine BERNIER, le héros de
Saint-Maurice, est tué au moment où, à genoux à 20
mètres des lignes allemandes, il secourait deux
chasseurs grièvement blessés; le sergent-major PIONNIER,
tué aussi en courant le long de la ligne de feu pour
encourager ses hommes et diriger leur tir.
Après le combat de Neuf-Étang, où une section de la 3e
compagnie commandée par le sergent-major LÉONARD,
agissant en liaison avec un bataillon d'infanterie,
entraîna par son exemple les fantassins à l'assaut du
village, le 17e est embarqué, le 3, à Darnieulles, pour
aller coopérer à la bataille de la Marne.
A la suite des combats continus livrés pendant la
retraite, l'ennemi, épuisé, ne songe plus à attaquer. Le
front est stabilisé.
La Marne.
Le bataillon débarque à Joinville (Haute-Marne); il
cantonne à Vaux et Montreuil-sur-Blaise, où il stationne
pendant deux jours.
Le 6, il part en marches forcées vers le camp de Mailly;
il arrive le 8, à midi, aux environs de la ferme de la
Folie. A 14 heures, il est engagé et il s'empare du
signal de l'Ormet.
Le 9, il continue sa marche en avant et livre un combat
sanglant à une arrière-garde allemande, sur la voie
ferrée de Sommesous à Sompuis. L'ennemi se replie
pendant la nuit.
Du 10 au 13, il s'engage à marches forcées à la
poursuite de l'ennemi. Le 13 septembre, à 23 heures, il
se- heurte aux organisations ennemies sur la route de
Souain à Perthes-lès-Hurlus, les compagnies se déploient
et attaquent, mais elles sont obligées de se terrer à
100 mètres de l'ennemi retranché.
La guerre de position commence. Du 13 au 28 septembre,
le bataillon organise le terrain sous un bombardement
continuel. Il repousse une violente attaque allemande
visant Souain. Installé dans des tranchées pour tireur à
genou, il perd le tiers de son effectif, mais inflige de
telles pertes à l'ennemi que celui-ci, après deux heures
de lutte, s'enfuit vers ses tranchées abandonnant ses
armes et laissant de nombreux cadavres sur le terrain.
Lille.
Partis de Saint-Hilaire-au-Temple le 1er octobre, le 17e
débarque à Armentières le 3, à 2 heures du matin. Après
un repos de trois heures, le bataillon part dans la
direction de Lille.
Les renseignements manquent. Les habitants d'Armentières
prétendent que de la cavalerie allemande est signalée à
Lille, mais ces dires ne sont pas contrôlés.
Quoi qu'il en soit, la mission du bataillon est la
suivante : s'installer aux avant-postes aux débouché, de
Lille à Fiers, Kélemmes, Mons-en-Baroeul; une brigade
territoriale l'appuiera à droite, et il sera en liaison
à gauche avec le 20e B.C.P. Il s'agit d'interdire à
l'ennemi l'accès de Lille et de couvrir le débarquement
du 21e corps à Armentières.
Le bataillon arrive à Lambersart, faubourg de Lille, où
il est acclamé par la population, dont l'inquiétude
était grande depuis quelques jours. Pendant toute la
traversée de la ville, ce ne sont qu'ovations
délirantes. Mais le tableau change à l'arrivée sur les
remparts.
La 1re compagnie, marchant en avant-garde, est
accueillie par une violente fusillade partant du talus
de la voie ferrée et de la gare centrale. Elle
s'installe sur les remparts et ouvre le feu sur l'ennemi
qui tente de déboucher de Fives.
En un instant, le plan d'attaque est dressé par le
commandant CARRÈRE. La 2e compagnie (capitaine JOLY)
attaquera la gare; la 3e compagnie (lieutenant MARCHAND)
prendra comme objectif la partie des remparts situés
entre la Porte Louis XIV et la Porte de Valenciennss, et
s'emparera du pont du chemin de fer sur lequel passe la
route reliant Lille à Fives. La 1re compagnie assurera
la liaison entre les 2e et 3e compagnies; le reste du
bataillon est en réserve près de la Porte de Tournai.
L'attaque part à 10 heures et, d'un bond, la 2e
compagnie s'empare de la gare ; plusieurs fourgons du
détachement ennemi sont capturés. Ils contiennent la
caisse d'un régiment, soit près de 30.000 marks. A
droite, la 3e compagnie attein le pont de Fives et
s'installe sur la voie ferrée L'ennemi est refoulé dans
Fives, dont il commence à incendier quelques maisons.
Le 5, les patrouilles envoyées par la 1re compagnie
signalent que l'ennemi s'est retiré. Le bataillon
s'installe alors sur ses emplacements de couverture : la
1re compagnie à Kélemmes, la 2e à Fiers, la 6e à
Mons-en-Baroeul, la 3e en réserve à la sortie de Fives.
L'ennemi ne réagit pas.
Le 8 octobre, sans que rien ait fait prévoir une attaque
ennemie, le bataillon est alerté; il s'embarque en
camions à Hambourdin, à 2 heures, et débarque à
Vermelles, à 35 kilomètres de Lille. Une grande
offensive allemande sur le front Arras-Lens avait motivé
ce brusque mouvement vers le sud. Un nouveau théâtre
d'opérations était ouvert : l'Artois.
Artois.
Les opérations du bataillon en Artois peuvent se diviser
en trois périodes :
Période du 9 octobre 1914 au 9 mai 1915, pendant
laquelle le bataillon organise le terrain, améliore ses
positions par des coups de main et les garde en
repoussant les contre-attaques ennemies ;
Période du 9 mai à fin octobre 1915 où, par des attaques
continues, menées sur le plateau de
Notre-Dame-de-Lorette, le 17e participe à notre avance
en direction de Souchez;
Période de novembre 1915 à février 1916 : le bataillon
organise et défend le secteur des crêtes de Vimy (cotes
119 et 140).
1re Période.
Le 10 octobre, le bataillon quitte Vermelles et arrive
vers midi à Bully-Grenay.
Il s'agit d'arrêter l'ennemi dans sa marche sur Béthune.
Depuis trois jours, celui-ci multiplie ses attaques sur
Angres, la Fosse Galonné, Notre-Dame-de-Lorette. Les
troupes qui lui sont opposées sont exténuées par ces
combats incessants, et vers Lens de nombreux renforts
allemands sont signalée.
En trois jours, le bataillon organise les trois crêtes
successives qui s'étendent de la route Aix-Noulette-Bully
à la route Noulette-Angres. Il tente des reconnaissances
sur Angres et des patrouilles aux environs du village.
Après quelques jours d'escarmouches, le calme renaît.
Sur ce point l'ennemi est fixé ; il n'en est pas de même
sur le plateau de Notre-Dame-de-Lorette où, après s'être
emparé de la chapelle, l'ennemi domine nos positions de
la plaine.
Les 16, 17, 18, 19 décembre, des attaques françaises
sont prononcées contre les positions allemandes. Elles
tendent au rétablissement de notre ligne sur la crête et
à l'enlèvement des observatoires ennemis. Le 17e
bataillon attaque à l'aile gauche, sur le versant nord
du plateau.
De ces attaques, les quelques chasseurs ayant survécu à
cette guerre peuvent seuls décrire l'épouvantable
simplicité et l'admirable grandeur. Les assaillants
partaient du bois de Bouvigny où, pendant vingt-quatre
heures, ils s'étaient abrités des balles et des obus
derrière les troncs des arbres à demi fauchés. Il n'y
avait pas de parallèle de départ et, depuis quinze
jours, les pluies avaient transformé le sol en bourbier.
A l'heure H, s'arrachant de la boue dans laquelle ils
sommeillaient, épuisés, ils partirent, et ce fut un
spectacle surhumain. Enfonçant dans la boue gluante
jusqu'aux chevilles, culbutant dans les trous d'obus
inondés, ils avançaient par bonds sous la fusillade
d'une extrême violence. Le mécanisme du fusil, rempli de
terre, leur interdisant l'action par le feu, c'est à la
baïonnette qu'ils enlevèrent les deux tranchées formant
leur objectif.
Mais les pertes furent lourdes ! Le lieutenant POUZOT
fut tué dans la tranchée ennemie au moment où il criait
: « Vive la France ! » Le sous-lieutenant GATRIOT fut
frappé mortellement pendant l'assaut et 100 chasseurs
tombèrent en héros au cours de ces combats.
Nos positions de Notre-Dame-de-Lorette étaient de
nouveau solidement établies.
Après avoir assuré la garde du front entre les pentes
des collines d'Artois et de la Fosse-Calonne, le 17e
vint, en février 1915, occuper les tranchées de
Notre-Dame-de-Lorette. Là, les organisations françaises
et alliées sont séparées par une distance variant de 10
à 100 mètres. C'est la guerre d'usure avec toutes ses
surprises et ses longues nuits de veille.
Le plateau a 800 mètres de large et 4 kilomètres de
long. Il descend à pic, au nord, sur les bois de
Noulette et la route de Béthune à Arras; au sud, sur les
villages d'Ablain-Saint-Nazaire et de Souchez. La lutte
d'artillerie y est continuelle ; c'est que ce point du
front est ardemment convoité par les belligérants. Du
plateau, on a des vues sur Arras, Béthune et l'immense
plaine des Flandres, et toute attaque ayant un objectif
situé dans les plaines flamandes ou artésiennes est
prise à revers par cette formidable position.
Le 17e bataillon tient le secteur du 6 février au 9 mai
1915, et il organise solidement le terrain. C'est le
premier hiver de guerre; il pleut sans arrêt et, comme
tout est à créer, la vie se passe dans l'eau et dans la
boue. Les chasseurs qui assurent la garde des bois de
Noulette restent pendant quatre jours dans l'eau
jusqu'aux genoux, recouverts d'une boue argileuse qui
passe entre les vêtements, pénètre dans le mécanisme des
fusils ; c'est avec la baïonnette que furent repoussés
deux coups de main ennemis. Un exemple typique fera
connaître la situation matérielle des troupes de ce
secteur : pour aller du bois de Bouvigny, par le « boyau
de crête », aux premières lignes, il fallait une heure
de marche; or le parcours à effectuer n'était que d'un
kilomètre !
Parmi les actions locales qui agitèrent ce secteur, les
plus violentes sont celles des 20 et 21 mars.
Dans la nuit du 19 au 20 mars, les 1re, 2e, 3e
compagnies venaient occuper le grand éperon de
Notre-Dame-de-Lorette ; la relève était à peine terminée
quand une attaque ennemie, partant de
Notre-Dame-de-Lorette (chapelle) et du village d'Ablain-Saint-Nazaire,
aborda nos tranchées avant que les emplacements de tir
de chacun fussent complètement reconnus.
Rassemblant en hâte quelques hommes autour de son poste
de commandement, le capitaine DE FALVELLY, commandant la
3e compagnie, le fusil à la main, debout sur le parapet
de sa tranchée, arrête l'ennemi pendant une demi-heure ;
il est tué au moment où il encourage de la voix les
hommes exténués. A l'autre extrémité du point d'appui,
le sous-lieutenant LACROIX subit le même sort, dans des
circonstances semblables.
Les 5e et 6e compagnies, au repos à Bouvigny, furent
alertées et chargées de reprendre la tranchée et le
boyau perdus. La 5e compagnie, commandée par le
lieutenant MARCHAND, devait attaquer par le boyau de Falvelly; la 6e, commandée par le capitaine CHEVRON,
devait appuyer le mouvement de la 5e en s'emparant de la
partie gauche de la tranchée perdue.
Le 20 mars, à 20 heures, la 5e compagnie part; en cinq
minutes, le boyau est pris, mais la tranchée ne peut
être abordée; dans la nuit, très noire, il ne peut être
question de reformer l'attaque, car les sections sont
enchevêtrées. Le sergent MENGIN et le caporal TISSERANT
sont tués.
Le 21 mars, à 22 heures, une nouvelle attaque a lieu;
elle nous donne la tranchée ennemie en entier. L'action
a duré dix minutes, malgré la violente résistance
allemande. Le fait suivant montrera bien quels étaient
les hommes du début de la guerre : au cours de
l'attaque, le caporal MENGIN aperçut à ses pieds le
corps de son frère, tué la veille. Il tressaille
violemment; mais, voyant la charge furieuse, il s'écrie
: « France d'abord! » et court à la mitraille. Nommé
sergent à la section que commandait son frère, ce brave
devait tomber le 10 juin 1915 sur ce plateau sanglant,
non loin du lieu où son aîné avait été mortellement
frappé.
2e Période.
Le 9 mai 1915, une attaque française de grande envergure
est déclenchée à midi. L'effort principal est porté
entre Ablain-Saint-Nazaire et Arras, le 21e corps doit
permettre l'avance aux ailes en s'emparant du plateau de
Notre-Dame-de-Lorette.
Au début de l'action, le 17e bataillon est en réserve de
division. 11 entre en ligne le 10 mai, à 3 heures du
matin ; il a comme objectif les tranchées allemandes
dominant le « fond de Buval ».
Les 4e et 5e compagnies (capitaine BOUDET et lieutenant
MARCHAND) sortent de la parallèle de départ avant le
jour et, de trous d'obus en trous d'obus, arrivent à 20
mètres des ouvrages ennemis. A 5 heures, elles
s'élancent sous un feu extrêmement violent et s'emparent
de la tranchée Brücker.
L'organisation du terrain commence aussitôt.
Complètement bouleversée, la ligne ennemie ne présente
aucun abri; c'est cette circonstance qui occasionnera
les plus lourdes pertes que nous ayons subies
jusqu'alors.
A 7 heures, un ouragan de mitraille s'abat sur nos
lignes; il dure toute la journée du 10 et celle du 11,
ensevelissant dans un même linceul les vivants et les
morts. Trois fois l'infanterie ennemie s'élance à
l'assaut; elle est repoussée par la poignée de
survivants qui, çà et là, ont aménagé les trous d'obus
qui servent d'abri.
Parmi les morts de ces horribles journées : le
commandant RENOUARD, tué dans la tranchée de première
ligne au moment où il dirigeait le feu d'une escouade
dont le chef avait été mortellement frappé; l'adjudant
LETTRON, tué pendant l'assaut.
Épuisé, ayant plus des trois quarts de son effectif tué
ou blessé, le 17e est relevé, dans la nuit du 12 au 13,
par un bataillon du 109e R.I.
Il remonte en secteur le lendemain 14 mai et reçoit
mission d'organiser les positions conquises sur le
plateau de Notre-Dame-de-Lorette. Pendant six jours, les
chasseurs organisent le terrain bouleversé; mal
ravitaillés, car les cuisiniers sont tués ou blessés,
sans abri sous le bombardement incessant, ils
travaillent au milieu des cadavres dont le nombre
s'accroît chaque jour. Le capitaine BOUDET, mortellement
blessé le 17 mai, refusa de se laisser évacuer; il
voulut mourir dans la tranchée que ses chasseurs avaient
construite sous sa direction.
Les trois dernières journées sont particulièrement
terribles : le ravitaillement ne peut se faire, le
bombardement nivelle les quelques éléments de tranchées
à mesure qu'ils sont construits, et, malgré cela, pas un
murmure ne se fait entendre !
Après un court repos, le bataillon remonte en lignes;
cette fois, c'est pour attaquer.
L'ennemi se cramponne sur l'arête est du plateau; il y a
construit une série de fortins qui, fortement tenus,
entravent notre progression. Un de ceux-ci est
particulièrement dangereux car il prend d'écharpe toutes
nos lignes : c'est le fortin des sacs à terre.
Depuis trois jours, des attaques sont menées contre lui;
elles ont toutes échouées. Le général DE BOUILLON,
commandant la 13e D. I., charge alors le 17e d'enlever
les sacs à terre.
Dans la nuit du 9 au 10 juin, le bataillon est amené par
le commandant JOLY dans les trous d'obus qui forment
ligne de- départ.
A 5 heures, le bataillon s'élance sous une fusillade
d'une formidable intensité; en un instant, il perd 6
officiers, 50 chasseurs.
Il est obligé de se terrer à 50 mètres du fortin.
Le 13 juin, l'attaque est reprise. En une ruée furieuse,
tous les objectifs sont enlevés. Le sous-lieutenant
DOERR, voyant tomber le sous-lieutenant LAURENT
commandant la 4e compagnie, prend spontanément le
commandement de cette unité et, sabre au clair, dans sa
tenue de cavalerie aux couleurs, voyantes, il charge à
la tête de la 4e compagnie.
Il est tué sur le parapet de la tranchée ennemie, que
ses chasseurs furieux débarrassent de ses occupants. Cet
officier d'élite est une des plus belles figures du
bataillon.
Le brillant succès obtenu par le 17e est immédiatement
connu du commandement.
Le 13 au soir, la 13e division exploitait ce résultat en
s'emparant da la gare de Souchez.
Le 25 septembre, deux attaques furent lancées en
Champagne et en Artois. Le bataillon assura la liaison
entre les troupe; françaises et l'armée britannique en
tenant la Fosse Calonne devant Angres et Loos. A partir
du 30, il tient les secteurs de Souchez, cote 109, cote
140, sur les crêtes de Vimy.
3e Période.
La possession des collines de Vimy permet de commander
tout le front d'Artois ; aussi la lutte y est-elle âpre.
Les troupes qui montent en secteur y séjournent pendant
quinze jours, dans la boue, sans abri, en butte à un
bombardement continu.
Elles vont au repos à 20 kilomètres en arrière, car les
villages conquis depuis le 9 mai sont complètement
détruits.
Les Allemands multiplient les attaques pour s'emparer
dela crête militaire dominant la plaine de Carency.
Chaque semaine plusieurs mines éclatent.
Le 13 février 1916, à midi, une violente attaque
allemande prend comme objectif les tranchées tenues par
la 6e compagnie; elle est repoussée à coups de grenades.
Debout sur le parapet de la tranchée, l'adjudant DURAND
fait place nette devant lui. Après avoir subi de très
lourdes pertes, l'ennemi regagne ses lignes.
Le commandant JANNOT, commandant le bataillon, fut
blessé dans le boyau menant aux premières lignes, en se
rendant sur le lieu de combat.
Le 23 février, le 33e corps est relevé et part au repos
à Tricot, près de Montdidier.
Il quitte définitivement l'Artois.
Verdun.
Le 16 mars 1916, le 17e monte en secteur entre les forts
de Vaux et de Douaumont. Son séjour dans la région
comprend : l'attaque du village de Vaux et la garde des
tranchées situées .sur les pentes du fort de Douaumont.
Le 19 mars, après avoir cheminé toute la nuit en terrain
découvert sous le bombardement, le bataillon attaque le
village. La 3e compagnie sort de ses tranchées avant
l'heure H et s'avance sans bruit jusqu'aux réseaux de
fil de fer ennemis.
A 3 heures du matin, elle s'élance et s'empare de deux
lignes ennemies, faisant de nombreux prisonniers. Notre
attaque avait devancé une offensive adverse qui ne put
avoir lieu.
Le bataillon occupe ensuite les tranchées conquises; il
éprouve de grosses pertes du fait du bombardement,
repousse une contre-attaque ennemie et est relevé le 28
mars à 3 heures du matin.
La Somme.
Du 26 mai au 22 juillet, le bataillon occupe le secteur
de Flirey-Bois de Mortmare. Un coup de main dirigé avec
maîtrise par le sous-lieutenant MARTIN nous donne
quelques prisonniers devant la corne nord-est du bois du
Jury.
Le 3 septembre, le bataillon est en ligne devant Barleux.
Il attaque le 9 septembre les Carrières ; il pénètre
dans les tranchées allemandes, mais aux ailes, l'assaut
ne peut déboucher.
Le lieutenant DEBET s'avance alors suivi de quelques
chasseurs et tente d'élargir la conquête; il est tué en
sautant dans une tranchée ennemie.
Le 29 octobre, le bataillon est en ligne devant Biaches
et la Maisonnette quand, à 7h 30, l'ennemi déclenche
subitement un formidable tir de destruction qui dure
toute la journée; les communications sont interrompues
en un instant, et toutes les tranchées comblées, quand,
à 17 heures, l'infanterie ennemie attaque nos positions.
De Biaches à la Maisonnette, les survivants jaillissent
de leurs trous d'obus et refoulent à la grenade les
vagues d'assaut ennemies; mais les Allemands réussissent
à s'emparer de la Maisonnette, où le lieutenant MUSY est
tué. La situation est critique; la liaison est
complètement perdue à droite, où un grand vide existe
entre la compagnie de droite du bataillon et les
éléments du régiment voisin. La 4e compagnie réussit à
organiser le terrain menacé et à enrayer toutes les
tentatives faites par l'ennemi pour exploiter son
succès.
Le bataillon est relevé le 1er novembre à 1 h 30 et part
au repos pour Domart-sur-la-Luce.
Avec l'artillerie d'assaut.
Le 3 janvier 1917, en vertu d'un ordre du général
commandant en chef, le 17e B.C.P. était mis à la
disposition du général ESTIENNE, commandant l'artillerie
d'assaut (les tanks). Il venait cantonner à Gilecourt,
près du camp de Champlieu, servant de. terrain de
manoeuvre aux nouveaux engins de guerre.
Jusqu'au mois d'avril, il coopéra à l'élaboration des
principes et des procédés de combat de l'infanterie
attaquant, en liaison avec les chars d'assaut. La
méthode fut appliquée au combat du Cornillet (avril) et
du Moulin de Laffaux (5 mai).
L'offensive française du 17 avril visait la prise du
massif de Nogent-l'Abbesse par deux attaques partant :
l'une de la région de l'Aisne, l'autre de l'est de
Reims, dans la région des Monts. Des chars d'assaut
étaient affectés aux troupes d'attaque. Le 17e devait
accompagner trois groupes d'A.S. dans l'attaque menée à
l'est de Reims.
Dans la nuit du 16 au 17, le bataillon quitte l'arsenal
de Mourmelon où il était cantonné et se rend à ses
emplacements d'attaque.
La 4e compagnie part aux lignes; elle doit bondir avec
les vagues d'assaut et aménager des passages pour les
chars sur les tranchées ennemies. Le reste du bataillon
est en réserve au bois des Cuisines, à 2 kilomètres en
arrière.
L'attaque a lieu à 5 heures Les vagues d'assaut sont
arrêtées à la deuxième ligne ennemie presque intacte par
de violents feux de mitrailleuses et un bombardement
très intense. La 4e compagnie est en première ligne.
A 9 heures, après un bombardement d'une extrême
violence, l'ennemi contre-attaque vigoureusement.
Quittant l'outil pour le fusil, les chasseurs de la 4e
arrêtent net ce retour offensif. Le sous-lieutenant
BOUTHONNIER est tué en nettoyant à la grenade les trous
d'obus dans lesquels l'ennemi s'est terré.
Les chars d'assaut devaient s'engager après la prise de
la 2e position. L'échec de l'offensive ne permit pas
leur entrée en ligne et le bataillon revint à Mourmelon
dans la nuit du 17 au 18 avril.
Il devait s'illustrer quinze jours plus tard au cours de
l'attaque du Moulin de Laffaux. Dans la nuit du 4 au 5
mai, il venait occuper les quelques abris situés en
arrière de notre première ligne; trois groupes de chars
d'assaut devaient marcher en première vague, escortés
par les chasseurs du 17e bataillon.
A 5 heures, après un copieux bombardement des lignes
allemandes, mais auquel l'ennemi répond par un tir de
barrage intense, les chars d'assaut s'ébranlent.
Bondissant par-dessus les tranchées ennemies, les
chasseurs achèvent à coups de grenades l'oeuvre des
tanks, et leur créent des passages aux endroits
impraticables; ce travail est particulièrement pénible
car les engins sont autant de centres d'attraction du
feu ennemi et si les servants, abrités à l'intérieur, se
rient des mitrailleuses adverses, il n'en est pas de
même de ceux qui, à l'extérieur, les accompagnent au
combat.
Aussi, les pertes sont élevées : le lieutenant LECHIEN,
le sous-lieutenant CRÉPIN sont tués pendant l'assaut:
blessé grièvement au début de l'action, le lieutenant
GUÉPRATTE ne consent à se faire évacuer qu'après avoir
conduit sa section jusqu'à la première tranchée ennemie.
Partout le bataillon force l'admiration des groupes qui
combattent à ses côtés. Après la relève, les généraux
ESTIENNE et MAISTRE félicitent le 17e pour la maîtrise
et le brio de sa coopération au cours de cette première
opération avec l'artillerie d'assaut.
Le bataillon reste à l'A.S. jusqu'à la fin juin, puis
rejoint le 33e corps au Chemin des Dames.
Au Chemin des Dames.
Le 10 juin, le bataillon monte en secteur à l'épine de
Chevregny. La situation tactique est mauvaise; les
Allemands ont réussi à s'emparer, il y a deux jours,
d'une grande parie de notre première ligne. Le quartier
affecté au 17e est le plus dangereux car il comprend la
partie de notre ancienne ligne que l'ennemi n'a pu
prendre, le bataillon est donc en flèche, avec, sur les
côtés, des groupes allemands extrêmement actifs; il n'y
a pas de postes d'écoute, car la ligne ennemie se trouve
à 15 mètres de la nôtre. En huit jours, la situation est
transformée : une tranchée continue relie notre ancienne
première ligne à nos organisations nouvelles. Ce travail
exécuté à 20 mètres de l'ennemi n'était possible qu'à la
condition d'acquérir ascendant sur lui; ce fut
l'occupation du bataillon pendant les quarante-huit
heures qui suivirent la montée en ligne. A coups de
grenades, de fusil, tout Allemand montrant la tête était
abattu; ce régime sévère permit aux compagnies de
réserve du bataillon de venir travailler, sans de
grosses pertes, à la construction de la nouvelle
tranchée.
Le 21 juin, le bataillon est relevé et va au repos à
Chavanne ; le 23, il remonte par alerte, l'ennemi ayant
pris une partie des tranchées que nous avons quittées
l'avant-veille. La 2e compagnie contre-attaque et, en
une heure, reprend tout le terrain perdu.
Après un second séjour dans le secteur de la ferme de la
Royère, qu'il organise offensivement sous le
commandement du capitaine adjudant-major DU TEMPS, le
bataillon quitte la région et part pour l'armée
d'Alsace.
Le 27 juillet, le commandant MARCHANT, venu du 104e R.I.,
prend le commandement du bataillon.
En Alsace.
Après avoir assuré la garde du secteur Schönholz, depuis
le 10 septembre, le 17e bataillon est chargé d'enlever
les positions ennemies qu'il a en face de lui et dont
ses patrouilleurs ont percé quelques secrets.
Les organisations allemandes sont formidables;
construites sous bois à grand renfort de béton, elles
ont été sans cesse améliorées par leurs occupants.
Depuis deux ans, le calme règne dans ce secteur, les
travaux ont donc pu être complétés.
En fait, la partie du bois occupée par les Allemands est
couverte de fortins protégés par d'épais réseaux de fil
de fer.
L'attaque est fixée au 7 novembre; une compagnie du 17e
attaquera la position ennemie dans sa partie la plus
large; elle agira en liaison avec le 60e B.C.P. qui
marchera à sa gauche. Une formidable préparation
d'artillerie est annoncée.
A 13h 30, la compagnie d'assaut (la 4e) prend place dans
la parallèle de départ. Elle se trouve aussitôt en butte
à un très violent tir de contre-préparation qui lui fait
perdre quelques tués et de nombreux blessés. Le
sous-lieutenant JELSCH est mortellement frappé à la tête
de sa section quelques instants avant l'heure H.
A 14 heures, malgré le tir allemand qui se fait de plus
en plus violent la 4e compagnie sort en chantant. Deux
lignes de fortins sont franchies d'un bond. Le
commandant MARCHANT, la cigarette à la main, donne la
direction. Les abris dépassés sont immédiatement
nettoyés; le lieutenant GERVAIS descend seul dans un
fortin et capture douze prisonniers; les chasseurs
tiennent tout le bois, tuant tout ce qui tente de
résister.
Le commandement avait prévu un arrêt d'une heure au
premier objectif, mais la 4e compagnie fonce sur la
ligne fixée comme objectif final et s'en empare malgré
une résistance acharnée. Le sous-lieutenant SICARD est
tué en sautant dans un fortin; le sous-lieutenant GUYARD
est blessé à la fin de l'attaque, au moment où il donne
ses ordres pour l'organisation du terrain. Complètement
désemparé, l'ennemi ne réagit pas.
Le bataillon reste en secteur pendant trois jours pour
organiser le terrain, puis il est relevé par le 21e B.C.P. Il avait fait, au cours de cette attaque, 120
prisonniers.
Ce fait d'armes lui valut sa première citation à l'ordre
de l'armée.
Le. 13 novembre, le bataillon est affecté à la division
BRISSAUD-DESMAILLETS (66e D.I.). Il va la rejoindre dans
la région de Villersexel.
Un mois plus tard, il part pour l'Alsace, où il va tenir
le secteur compris entre Thann et le ballon de
Guebwiller. La région la plus dure de cette partie du
front est constituée par le Südel et
l'Hartmannswillerkopf. Là, le bombardement est
continuel; les boyaux n'existent pas, les tranchées sont
continuellement effondrées et les postes d'écoute
séparés des abris par des pistes longues de 50 mètres
constamment battues par les torpilles de 240; aussi,
c'est le quartier classique des coups de main.
Le 13 février 1918, l'ennemi bondit sur nos petits
postes après un bombardement d'une extrême violence avec
torpilles de 240. Les sentinelles des 2e et 4e
compagnies ont réussi à franchir la zone de barrage et
ont donné l'alerte; contre-attaqué à coups de grenades,
l'ennemi s'enfuit, abandonnant dans nos lignes le
matériel et les munitions qu'il avait apportés pour
faire sauter nos abris.
Le 26 mars, le bataillon est relevé; il quitte l'Alsace
pour participer à la grande bataille qui se livre dans
la Somme depuis le 21 mars.
Secteur Sénécat- Moreuil.
Le 17e entre en secteur le 4 mai; il occupe les trous
d'obus qui jalonnent notre première ligne entre les
villages de Hailles et de Castel. La bataille pour
Amiens est dans sa période, active; en s'emparant de
Moreuil et de Morisel, les Allemands, se sont rendus
maîtres d'une importante tête de pont sur la rive gauche
de l'Avre, et une nouvelle avance de leur part
menacerait sérieusement Amiens vers le sud.
Il fallait tout organiser dans ce secteur. En accord
avec les autres bataillons de la division, le 17e se mit
résolument à la tâche. Il reste en secteur pendant cent
jours, ne prenant que quelques jours de repos dans les
bivouacs de Guyencourt. Malgré les gaz, la très sérieuse
épidémie de grippe, le bataillon fit un tel travail
qu'une magnifique citation vint récompenser ses efforts.
Mais là ne se borna pas son activité.
Le 14 mai, après une courte mais violente préparation
d'artillerie, le bataillon enlève les observatoires
ennemis de la cote 100. L'action a duré vingt minutes
environ; menée par les 1re, 2e et 3e compagnies, elle
nous donne 60 prisonniers et des observatoires sur la
vallée de l'Avre et nous vaut, une citation à l'ordre du
corps d'armée.
Au début de l'attaque, le commandant MARCHANT se montre
le chef qui s'est révélé au Schönholz : debout sur la
ligne de départ, il accompagne les vagues d'assaut
jusqu'à leur objectif. Le lieutenant GERVAIS, commandant
le groupe d'engins d'accompagnement, est grièvement
blessé en manoeuvrant lui-même ses engins pour remplacer
un de ses servants tué.
Enfin la 4e compagnie relie en une nuit par des boyaux
notre ancienne ligne et notre ligne actuelle.
Le 27 juin, la 4e compagnie attaque, à la corne nord-est
du bois Sénécat, l'ouvrage ennemi dit « le nid à Boches
». Elle s'en empare sans coup férir, faisant 30
prisonniers. Le lieutenant BROUILLON est grièvement
blessé en repoussant à coups de grenades une
contre-attaque ennemie.
Enfin, le 2 juillet, la 2e compagnie, sur l'initiative
de son chef, le capitaine BARBARIN, nettoie complètement
les trous d'obus situés en avant de nos nouvelles
lignes. Ces opérations valent au bataillon une citation
à l'ordre de l'Armée et a fourragère aux couleurs de la
croix de guerre.
Le bataillon est relevé le 8 août et part au repos à
Lornilly, dans la région de Courtey.
Dans l'Aisne.
Le 29 août, à 2 heures, le bataillon monte en ligne dans
la ferme de Montécouvé. Il reçoit l'ordre d'attaquer les
positions ennemies qui s'étendent jusqu'à la route de
Soissons à Béthune sur une profondeur de 3 kilomètres;
cette route constitue son objectif final.
Ici, ce n'est plus la guerre de tranchées, et ce n'est
pas encore la guerre de mouvement. Les troupes de
première ligne sont çà et là dans des trous d'obus; les
réserves s'abritent tant bien que mal dans les ravins.
Les Allemands ont installé des mitrailleuses dans les
entonnoirs produits par l'éclatement des obus de gros
calibre, et cette façon de procéder ne permet pas à
notre artillerie de faire des tirs précis. D'autre part,
la configuration du terrain né permet pas l'emploi des
chars d'assaut ; c'est donc par leur propre moyen que
les troupes d'attaque vont opérer contre un ennemi qui
est sur ses gardes, car le 29 une offensive française
est venue se briser sur les premières lignes adverses.
Le 31 août, à 16 heures, le bataillon sort des trous
d'obus qu'il occupait. Il est aussitôt accueilli par un
feu d'une violence inouï qui oblige les vagues d'assaut
à se terrer après avoir subi de très lourdes pertes.
On voit alors un spectacle magnifique d'héroïsme; sans
ordre, quelques chasseurs se relèvent, puis vingt, puis
tous les survivants du bataillon.
Tous se ruent vers la ligne des mitrailleuses ennemies,
tuent les servante et, par d'habiles manoeuvres,
tournent les résistances ennemies. A 18 heures, le
bataillon atteint la route de Béthune. Le butin de cette
journée s'élevait à quatre canons et un nombre de
mitrailleuses qui ne put être complètement fixé; des
centaines de prisonniers restaient entre nos mains.
Mais les pertes furent élevées : le 17e perdit dans
cette seule journée seize officiers tués ou blessés.
Les jours suivants, l'attaque fut continuée par les 28e
et 68e bataillons, le 17e en réserve, et nos lignes, le
6 septembre, sont à Vauxaillon au pied du plateau du
Mont-des-Singes.
Notre situation dans ce ravin est défavorable. En tenant
les pentes ouest du plateau, l'ennemi domine le ravin de
Vauxaillon et gêne considérablement notre ravitaillement
et nos travaux. Une attaque est montée le 7 septembre;
le 17e doit s'emparer de la ferme Moisy, point culminant
de la région.
A 16 heures, l'attaque est déclenchée, le
sous-lieutenant GUITARD est mortellement frappé au
moment où il sauté par-dessus les murs de la ferme dans
les ouvrages ennemis. Ses hommes le vengent en
exterminant tous les occupants. C'est des emplacements
enlevés par le bataillon que devait partir l'offensive
qui, quelques semaines plus tard, emporta Laon.
Le bataillon reste en secteur jusque dans la nuit du 16
au 17. Il organise le terrain conquis sous un
bombardement perpétuel, mal ravitaillé. Une troisième
citation à l'ordre de l'Armée lui est décernée.
Offensive de la Somme.
Le 17 octobre 1918, le 17e est en ligne vers Seboncourt.
Il a relevé, dans la nuit du 16 au 17, quelques unités
du 12e R.I. Il attaque le 17, à 5h 30, et surmonte
toutes les résistances successives qui lui sont
opposées. Deux heures après le commencement de
l'attaque, il est au Petit Verly, à 3 kilomètres au delà
de son point de départ.
La ligne ennemie est complètement disloquée par ce
formidable coup de boutoir. Aussi, le 18, dès le petit
jour, les Allemands exécutent un repli de 6 kilomètres
et reculent derrière le canal de la Sambre.
La 1re compagnie du 17e s'est particulièrement
distinguée au cours de l'offensive. Voyant l'ennemi fuir
au sud de Petit Verly, elle partit résolument en avant
sous le commandement du capitaine RENARD et s'empara
d'une partie des objectifs fixés pour le lendemain.
Ce combat valut au bataillon sa troisième citation à
l'ordre de l'Armée.
Le 4 novembre fut livré le dernier combat du bataillon,
l'un des plus sanglants de la grande guerre et peut-être
celui qui nécessita le plus de mordant et d'habileté
dans la manoeuvre.
Depuis quinze jours, nos premières lignes étaient fixées
sur la berge ouest du canal de la Sambre, devant Oisy,
l'ennemi tenait la berge est. Le canal qui séparait les
belligérants avait 20 mètres de large, une profondeur de
6 à 10 mètres; les ponts étaient coupés.
Le 2 novembre, à minuit, le bataillon gagne ses
emplacements de départ. Des passerelles et radeaux
construits par le génie sont amenés à pied d'oeuvre.
C'est avec ce matériel que le bataillon devra franchir
le canal sous le feu des mitrailleuses ennemies postées
sur la berge opposée.
Le 4, à 6 heures, sous un barrage d'artillerie et de
mitrailleuses d'une extrême intensité, le 17e lance des
radeaux, réussit à franchir le canal et se rue sur la
berge est dont il s'empare. C'est la victoire, car le
plus dur est fait. Poursuivre l'ennemi désemparé par la
prise du canal qu'il devait conserver à tout prix, le
chasser des points d'appui dont il tente désespérément
la défense, tout cela n'est qu'un jeu après l'assaut du
début.
Cette journée magnifique dans ses résultats est un grand
jour de deuil pour le bataillon. Dès le début de
l'action, le commandant MARCHANT fut mortellement
blessé. Alors que, selon son habitude, il était en tête
de son bataillon, donnant ses derniers ordres pour
l'assaut, un obus vint éclater à ses pieds. Ce fut parmi
les spectateurs un moment d'émotion indescriptible; se
précipitant vers leur chef, tous voulaient le secourir,
mais il leur interdit de l'amener. Il rendit le dernier
soupir dans la ligne de départ, face à l'ennemi, avec un
courage stoïque. L'obscur artilleur qui le tua ne se
doutera jamais qu'il a privé l'armée française d'un de
ses plus brillants chefs.
Ici se terminent les fastes de guerre du 17e bataillon
de chasseurs. Placé sous les ordres du commandant VIAL
depuis février 1919, il montre en pays rhénans la même
discipline, la même ardeur dans les diverses missions
d'ordre qui lui sont confiées.
« Il n'y a pas de dernier effort », disait son ancien
chef, le général SERRET. Cette devise pourrait être
celle de tous les braves qui ont compté à ce bataillon
d'élite. Elle sera celle des jeunes générations qui leur
succéderont à l'ombre de son glorieux fanion !
CITATIONS
COLLECTIVES OBTENUES PAR LES GRANDES UNITÉS AUXQUELLES
COMPTAIT LE 17e B.C.P. ET DÉCERNÉES AU 17e B.C.P.
ORDRE GÉNÉRAL N° 67
DE LA Xe ARMÉE, DU 17 MAI 1915
Le général commandant la Xe armée cite à l'ordre de
l'armée :
La 13e division d'infanterie.
« Sous l'impulsion de son chef, le général de CADOUDAL,
a enlevé de haute lutte la position de
Notre-Dame-de-Lorette et s'y est maintenue avec un
courage héroïque sous un bombardement ennemi d'une
intensité exceptionnelle. »
Signé : D'URBAL.
ORDRE GÉNÉRAL DE LA Xe ARMÉE N° 111, DU 11 JUILLET 1915
Le général commandant la Xe armée cite à l'ordre de
l'armée :
« Le 21e corps d'armée ainsi que les 48e et 58e
divisions qui, sous le commandement du général MAISTRE,
ont fait preuve au cours d'attaques renouvelées pendant
plusieurs semaines consécutives et sous un bombardement
intense et continu de jour et de nuit de l'artillerie
ennemie, d'une ténacité et d'un dévouement au-dessus de
tout éloge. »
Signé : D'URBAL.
ORDRE GÉNÉRAL DE LA Xe ARMÉE N° 111, DU 30 SEPTEMBRE
1915
Le général commandant la Xe armée cite à l'ordre de
l'armée :
La 26e brigade d'infanterie.
« Qui sous le commandement de son chef, le colonel
SCHMIDT, a enlevé d'un seul élan plusieurs lignes de
tranchées formidablement organisées, a fait tomber les
résistances que l'ennemi avait accumulées dans la partie
nord du village de Souchez, a pris pied sur la crête et
dans les ouvrages du bois de Givenchy, faisant plusieurs
centaines de prisonniers et menant pendant cinq jours de
progrès incessants, le combat le plus acharné qui se
puisse imaginer. »
Signé : D'URBAL.
ORDRE GÉNÉRAL N° 63 bis DE LA VIIe ARMÉE, DU 30 NOVEMBRE
1917
Le 17e bataillon de chasseurs à pied.
« Corps d'élite remarquable par sa discipline et sa
valeur guerrière.
Après plus de trois années de luttes glorieuses en
Lorraine, en Artois, à Verdun, sur la Somme et au Chemin
des Dames, a attaqué, le 7 novembre 1917, une position
ennemie considérée comme particulièrement difficile et,
après avoir subi dans ses tranchées de départ un
bombardement des plus meurtriers, s'est élancé à
l'assaut derrière son héroïque chef, le commandant
MARCHANT, a enlevé quatre lignes de tranchées, trois
fortins bétonnés, conquis plus de 500 mètres de terrain
en profondeur, des prisonniers, du matériel, a maintenu
sans faiblir sa conquête pendant les deux journées
suivantes sous un feu violent d'artillerie et de
mitrailleuses, »
ORDRE GÉNÉRAL N° 66 DU 5e C. A., DU 17 JUIN 1918
Le 17e bataillon de chasseurs à pied.
« Après s'être particulièrement distingué à
l'Hartmannswillerkopf pendant l'hiver 1917-1918 en
repoussant deux attaques préparées par de violents
bombardements d'obus à ypérite, vient encore, le 14 mai
1918, sous les ordres de son valeureux chef, le
commandant MARCHANT, entraîneur d'hommes de premier
ordre, d'affirmer sa vieille réputation de troupe de
choc, en emportant d'assaut d'une façon splendide les
précieux observatoires à l'est du bois Sénécat, sur un
front de 1.000 mètres et une profondeur de 4000 mètres.
Après un rapide corps à corps, a infligé à l'ennemi des
pertes considérables lui capturant 33 prisonniers, 3
mitrailleuses, a repoussé une contre-attaque et ne s'est
laissé relever que cinq jours après, une fois le terrain
conquis complètement organisé. »
ORDRE GÉNÉRAL DE LA Ire ARMÉE N° 80, DU 4 AOUT 1918
Le 17e bataillon de chasseurs alpins.
« Bataillon d'élite qui ne cesse de donner des preuves
de sa maîtrise dans l'attaque et la manoeuvre. Après le
brillant fait d'armes du 14 mai 1918 vient de se
signaler à nouveau en exécutant, à partir du 27 juin,
sous la conduite de son chef, le commandant MARCHANT,
une série d'opérations qui ont définitivement dégagé un
bois, brisant dé violentes contre-attaques ennemies,
opérations qui se sont terminées magnifiquement le 2
juillet par l'enlèvement en plein jour des deux derniers
postes allemands existant encore en vue de la lisière. »
ORDRE GÉNÉRAL DE LA Xe ARMÉE N° 346 DU 1er NOVEMBRE 1918
Le 17° bataillon de chasseurs alpins.
« Superbe bataillon qui, sous les oidres du commandant
MARCHANT blessé et resté à son poste de combat, a fait
preuve une fois de plus d'une ténacité, d'un mordant
remarquable Au cours d'une lutte acharnée contre les
meilleures troupes allemandes, a constamment poussé de
l'avant entraînant toute une ligne de bataille. A
conquis de haute lutte tous les objectifs qui lui
étaient assignés. Après six jours de combat
ininterrompus, a enlevé, à un ennemi bien décidé à la
conserver à tout prix, une position puissamment
organisée, s'y est maintenu malgré de nombreuses
contre-attaques, infligeant à l'ennemi des pertes
considérables. A capturé du 31 août au 8 septembre 1918,
9 canons, près de 100 mitrailleuses, 350 prisonniers.
ORDRE GÉNÉRAL N° 816 DE LA 66e DIVISION, DU 7 JUIN 1918
Le général commandant la 66e division cite à l'ordre de
la division :
Le 8e groupe de chasseurs commandé par le
lieutenant-colonel LECLÈRE et comprenant :
Le 17e bataillon de chasseurs alpins.
« Héritant d'une situation de fin de combat sur un
terrain dépourvu d'organisations défensives, a fourni un
effort exceptionnel durant un mois de dur labeur, a
culbuté l'ennemi en lui enlevant des observatoires d'une
importance capitale. Grâce à un labeur inlassable malgré
les fatigues résultant d'une très sérieuse épidémie et
en dépit de violents bombardements par obus toxiques, a
organisé le terrain conquis et en a fait à la fois un
centre de résistance de premier ordre et un tremplin
offensif parfaitement outillé. Par une lutte d'usure de
tous les instants a pris et conservé l'ascendant sur le
Boche, supprimant en lui toute velléité de réaction et
lui infligeant des pertes telles que ce dernier a dû
être relevé à trois reprises.
« Magnifique faisceau d'énergie, de vaillance et de
dévouement. »
ORDRE GÉNÉRAL DE LA 66e DIVISION N° 878, DU 11 SEPTEMBRE
1918
Le 8e groupe de chasseurs comprenant :
Le 17e bataillon de chasseurs alpins.
« S'est affirmé une fois de plus troupe de choc
incomparable par son esprit offensif, sa souplesse
manoeuvrière, son inlassable ténacité, son .esprit de
sacrifice illimité. Engagé le 29 août, sur une partie du
front particulièrement résistante, a entamé les lignes
ennemies dès le premier choc, a poursuivi ensuite ses
succès par un effort ininterrompu de jour et de nuit
soutenu pendant douze journées, réalisant une avance de
plus de 10 kilomètres à travers une succession
d'organisations puissantes énergiquement défendues. » |