Historique
du 11e régiment de hussards : 1914-1918
Éd. Berger-Levrault (Nancy)
[...] Il serait
difficile de citer tous les traits de valeur militaire
qui furent alors à l'honneur du 11e hussards; beaucoup
d'ailleurs demeureront toujours inconnus. Il en est qui
sont encore présents à la mémoire de tous les anciens du
régiment et qu'ils racontent volontiers à leurs
camarades plus jeunes pendant les longues heures
d'attente des tranchées comme au cantonnement. C'est
ainsi que certaines reconnaissances d'officiers sont
restées célèbres parmi la troupe. C'est au lieutenant
CHIAPPIFI, du 2e escadron, que revient l'honneur d'avoir
conduit, le 3 août, la première de toutes. Parti en
reconnaissance sur Avricourt avec sept cavaliers, il
essuie le feu des uhlans qui occupent le bois de Repaix
et salue joyeusement du sabre ces premières balles
allemandes. Grâce à son sang-froid et à sa rapidité de
décision, il revient sans autres pertes qu'un cheval
tué. Mais son cavalier, le hussard PRUNET, réussit à se
sauver à pied, non sans avoir enfoui lui-même son
harnachement et ses armes.
On se souvient de la reconnaissance du lieutenant
CHARNOZ, du 1er escadron, sur Avricourt également, parti
le 4 août et rentré le 5 août sans aucune perte. Elle ne
s'est pas effectuée sans escarmouches avec l'ennemi. Au
cours de. l'une d'elles, le brigadier PEREZ tue le gradé
qui commande la patrouille allemande, cependant que le
hussard PIN enlève un cheval du 4e chevau-légers
bavarois, après avoir culbuté le cavalier qui le
montait. Le 7 août, le lieutenant DE PERCIN part dans la
direction de Blâmont avec une vingtaine de cavaliers du
3e escadron. Cette reconnaissance s'engage, aux portes
de Blâmont, contre l'infanterie ennemie. Quatre de nos
chevaux sont blessés si grièvement qu'il faut les
abattre. Nos hommes s'emparent en échange de quatre
chevaux appartenant à un régiment de chevau-légers.
Toutes nos reconnaissances n'étaient pas aussi
heureuses. La journée du 26 août, le lendemain de
Rozelieures, nous fut particulièrement funeste. Ce
jour-là, le sous-lieutenant DE PHILIP, envoyé sur
Remenoville, est blessé ainsi que le maréchal des logis
PEREZ et deux hommes. Tous les chevaux sont tués ou
blessés.
Le sous-lieutenant BROSSET-ECKEL, du 1er escadron,
envoyé avec six hommes à Giriviller, est tué presque à
bout portant d'un coup de feu jailli soudain d'une
maison. Le hussard GUERINI, du 1er escadron, est
également tué.
D'autres fois, les aventures et les péripéties s'en
mêlaient. C'est le cas pour une reconnaissance partie le
24 août pour Chenevières, sous les ordres du lieutenant
SICARD, du 4e escadron. Le lendemain 24, elle était
renforcée par un demi-peloton avec ordre de se porter
par Vého et Autrepierre sur Foulcrey. Cette
reconnaissance faisait connaître par un renseignement, à
10 heures, que le pont de la Meurthe était libre à
Chenevières. Puis on restait sans nouvelles jusqu'au 26
août. Un télégramme du fort de Manonviller annonçait ce
jour-là que le lieutenant SICARD, l'aspirant GuiCHARD,
un brigadier et quatre hommes avaient réussi à gagner ce
fort. Ils devaient y être faits prisonniers peu après.
Le reste de la patrouille réussissait à rejoindre, non
sans danger, à travers de multiples aventures. Les
maréchaux des logis GEPT et FAVRE DE THIERRENS, en
particulier, séjournaient à Lunéville pendant toute la
durée de l'occupation de cette ville par les Boches. Ils
réussissaient à se cacher sous des habits civils en se
faisant passer pour des ouvriers italiens ; GEPT en
effet parlait couramment l'italien. Ils rejoignaient le
régiment, le 19 septembre, quand la victoire de la Marne
eut libéré Lunéville. [...] |