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							Bulletin du Comité des travaux historiques et 
							scientifiques. Section d'histoire et de philologieMinistère de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts
 Année 1905
 
 ANIMAUX D'AFRIQUE À LA COUR DES DUCS DE LORRAINE AUX 
							XVe ET XVIe SIÈCLES.
 COMMUNICATION DE M. PIERRE BOYE
 Au moyen âge, les 
							souverains se faisaient un luxe de rassembler à 
							proximité de leurs résidences, ou même dans 
							l'intérieur de leurs palais, des animaux de toutes 
							sortes. Ils recherchaient surtout, pour augmenter 
							l'attrait de ces «  ménageries », dussent-ils les 
							obtenir à très grands frais, des spécimens de la 
							faune exotique, dont ils divertissaient leur 
							entourage et qu'à certains jours ils exhibaient à 
							leur peuple. Dès le début du XIIe siècle, Henri Ier 
							d'Angleterre offrait à l'étonnement de ses sujets de 
							Caen : un jeune lion, un léopard, un lynx, un 
							chameau et une autruche. Cette collection de Beauclerc rappelle un peu telle modeste baraque de 
							nos foires de petites villes. Elle n'en n'excita pas 
							moins, à l'époque, un enthousiasme général. Le 
							moine-poète Raoul Tortaire qui la vit, au cours d'un 
							voyage dans la ville normande, entre 1100 et 1115, 
							ne trouve pas, pour en célébrer les merveilles, de 
							termes assez admiratifs (1).Au XVe siècle, encore, les princes les plus riches 
							appréciaient fort les animaux rares. Ils en 
							demandaient aux contrées lointaines. Philippe le 
							Bon, entre autres, après Philippe le Hardi (2), 
							partageait cette curiosité. Pour distraire sa sombre 
							humeur, Louis XI, sur ses vieux jours, en faisait 
							quérir «  de tous costez ». De Danemark et de Suède 
							venaient pour lui les élans et les rennes, et de 
							Barbarie «  aucunes bestes sauvaiges et estranges ». 
							Parmi celles-ci, Commines cite «  une espèce de petiz 
							lyons, qui ne sont point plus grans que de petiz 
							regnards », et appelés, nous dit-il, des «  aditz » 
							(3). De toute probabilité, il faut y voir simplement 
							l'adive ou le chacal; et le silence du chroniqueur 
							laisserait à penser que les félins d'Afrique 
							n'étaient pas représentés à Plessis-lès-Tours.
 Ces grands fauves constituaient, au contraire, une 
							des attractions de la cour de Provence. La situation 
							de leurs Etats donnait aux comtes plus de facilité 
							et d'occasions de s'en procurer. Ne subvenaient-ils 
							pas de leurs deniers à l'entretien du lion qu'à 
							l'exemple de Florence et comme allusion vivante à 
							ses armoiries, la ville d'Arles était dans l'usage 
							de nourrir (4) ? Mais aucun de ses prédécesseurs, 
							aucun membre de sa maison, ne se montra plus fervent 
							amateur de cette distraction, que le bon roi René. 
							On sait que, sous son règne, les relations de la 
							Provence avec la côte barbaresque se multiplièrent. 
							Des rapports constants s'établirent avec Bône, 
							Bougie et Tunis. Outre les denrées et les produits 
							de toute nature, débarquent à Marseille, pour le 
							plaisir du maître, des bêtes féroces, toujours 
							reçues avec joie, notamment des lions pour lesquels 
							le prince paraît avoir eu une prédilection marquée. 
							A peine a-t-il quitté son duché de Lorraine pour des 
							contrées plus chaudes, que l'on voit René faire 
							élever dans ses châteaux et ses bastides, à Aix et à 
							Marseille, quelques individus de cette espèce. 
							Transportés à Angers, quand le prince se fixa dans 
							cette cité, ils y formèrent l'embryon d'une 
							ménagerie comprenant des léopards, des singes, une 
							civette, des dromadaires, des autruches, et qui, 
							sans cesse renouvelée et accrue, n'avait peut-être 
							pas sa pareille en Europe. A la fin de 1471, René se 
							retire dans son comté de Provence. La ménagerie 
							angevine périclite, puis disparaît (5). Désabusé et 
							malade, le prince n'a pas toutefois complètement 
							renoncé à son amusement favori. Sur l'état des gens 
							de son hôtel, dressé à Aix en 1478, figure toujours 
							un «  lionnier » (6).
 En Lorraine, René II n'avait pas été sans entendre 
							parler de ce goût de son aïeul pour les animaux 
							étrangers. Son père, Ferri de Vaudémont, avait pu 
							l'en entretenir en connaissance de cause, lui qui, 
							depuis la Provence, se chargeait en 1464 d'expédier 
							une lionne à Angers (7). Vainqueur de Charles le 
							Téméraire au combat du 5 janvier 1477 et dès lors 
							jaloux de donner à sa capitale un éclat digne des 
							destinées qu'il entrevoit pour sa nation, le jeune 
							duc tint à posséder quelqu'un au moins de ces fauves 
							superbes dont l'éloignement où était le pays des 
							rivages méditerranéens augmentait encore la 
							singularité et la valeur.
 Le 5 septembre 1479, l'émoi dut être vif à Nancy, 
							lorsque le souverain y reçut, cadeau sans doute du 
							roi de Sicile, une panthère femelle, ce produit, 
							croyait-on vulgairement, d'un être imaginaire, le 
							pardus, et d'une lionne (8). La «  léoparde » fut 
							confiée au portier du palais ducal, moyennant 6 
							blancs par jour (9). Le prince lui fit fabriquer un 
							collier (10). Mais il ne jouit pas longtemps de sa 
							vue. La panthère fut trouvée morte le 2 juillet 1480 
							(11).
 Huit jours après s'éteignait le roi René. La réunion 
							prochaine du comté au domaine royal, suivant celle 
							de l'Anjou, allait supprimer à jamais la splendeur 
							de la cour provençale. Mais déjà, à la ménagerie 
							d'Aix a succédé celle de Nancy. Soit que son 
							petit-fils en eût manifesté le désir, soit de la 
							recommandation même du défunt, les animaux de prix 
							que le vieillard gardait encore, deux forts lions, 
							le mâle et sa femelle - la «  lyonnesse », - ont été 
							sans retard envoyés en Lorraine (12).
 Aussitôt qu'il a été assuré de cet héritage, le duc 
							s'est préoccupé d'accueillir ses redoutables hôtes. 
							Naguère, à Angers, la ménagerie s'étendait dans 
							l'enceinte du château, toute proche de la Chambre 
							des Comptes (13). De même, René II veut-il que le 
							pavillon des fauves soit compris dans sa propre 
							demeure, et est-ce pareillement aux bâtiments 
							occupés par sa Chambre des Comptes, qu'il décide de 
							l'adosser. Cette «  maison et logis » des lions, à 
							laquelle furent employés des maçons de Nancy et de 
							Chaligny, était assez importante, puisque sa 
							construction revint à 112 francs barrois 8 gros 7 
							deniers, - 2,500 francs d'aujourd'hui, - sans 
							compter quelque 3,000 tuiles que, pour la couvrir, 
							on tira des tuileries domaniales. Faite de 
							maçonnerie et de charpente, elle comprenait deux 
							parties : la «  chambre des lyons » et, séparée par 
							une porte renforcée de solides verrous, la chambre 
							de leur gardien, où étaient suspendus divers 
							instruments, une hache, un grand couteau à débiter 
							la viande. Ces deux pièces étaient planchéiées. 
							Celle que l'on réservait aux animaux, prenait jour 
							sur la cour du palais par deux vastes baies garnies 
							de barreaux de fer, et auxquelles pouvait, l'hiver, 
							s'adapter un système de fenêtres (14).
 Le 28 octobre 1480, les carnivores avaient pris 
							possession de leur nouveau gîte. Ils étaient 
							accompagnés de leur valet habituel, un nommé 
							Anthonelle ou Anthoynelle, que les documents 
							qualifient tour à tour de «  lyonnier », de «  maistre 
							des lyons », ou de «  gouverneur des lyons ». Les 
							gages d'Anthonelle que l'on habilla d'une livrée en 
							drap de Bar, furent fixés à 12 francs 10 deniers par 
							trimestre. Cet homme avait droit, en outre, à 3 gros 
							1 denier par jour pour sa dépense de table, tandis 
							que la nourriture des félins, fournie par un boucher 
							de Nancy, lui était payée à raison de 5 gros 
							quotidiens. Le «  norrissement et gouvernement» des 
							deux bêtes tient, de cet instant, une place 
							importante dans les registres du cellérier. Des 
							rubriques spéciales sont consacrées à ces débours. 
							Il n'est pas rare, aussi, de rencontrer çà et là, 
							aux endroits où l'on s'y attendrait le moins, 
							diverses mentions concernant nos fauves. A côté de 
							réparations aux appartements de Mademoiselle, sont 
							signalées celles effectuées dans la «  chambre des 
							lyons » (15).
 Grâce au régime sagace combiné par Anthonelle, ces 
							animaux eurent un meilleur sort que la panthère. A 
							Angers, en dépit de soins assidus et d'une 
							nourriture abondante, les lions vivaient à peine un, 
							deux ou trois ans, au bout desquels il ne restait au 
							roi de Sicile qu'à en faire «  habiller et mectre en 
							couroy le cuyr », quitte à recommencer, avec une 
							persévérance méritoire, ces essais d'acclimatation 
							(16). A Nancy, le couple prospéra et se reproduisit. 
							Il eut d'abord deux petits que, le 17 mars 1483, 
							Anthonelle et un domestique conduisirent au comte 
							palatin (17). L'année suivante, autre portée, mais 
							de trois lionceaux, que René II offrit au jeune roi 
							Charles VIII. Des ouvriers nancéiens 
							confectionnèrent la charrette qui servit à cet 
							envoi, et nous savons que le véhicule coûta 9 livres 
							19 sols (18).
 Cinq ans plus tard, le lion et la lionne vivaient 
							encore (19). Nombre de fois le duc et ses familiers, 
							traversant la cour du palais, s'étaient arrêtés 
							devant leurs barreaux; et, à diverses reprises sans 
							doute, aux jours de fête, les habitants de la ville 
							avaient été admis à les contempler. Mais il n'est 
							pas de plaisir dont, à la longue, on ne se blase. 
							Les gens de la Chambre des Comptes de Lorraine, qui 
							finissaient par trouver le voisinage immédiat de ces 
							animaux incommode, nous ont laissé une preuve de 
							leur lassitude. Le 21 novembre 1488, la Compagnie, 
							président en tête, juge opportun de réduire et 
							l'ordinaire des fauves, et le traitement du lionnier. 
							Anthonelle désormais «  aura et emportera tant pour 
							ses gaiges, despens, que pour le norissement desdits 
							lyons, chacun jour v gros pour tout »; ce qui, 
							d'ailleurs, faisait encore, en notre monnaie 
							actuelle et si l'on tient compte du pouvoir de 
							l'argent, une rétribution mensuelle de 290 francs 
							environ (20). En Anjou ou en Provence, le roi de 
							Sicile, sentimental et doux, se contentait de 
							retenir captifs les animaux qu'il rassemblait, quels 
							qu'ils fussent. Ses ancêtres, cependant, prisaient 
							fort les combats de bêtes féroces, et René II avait 
							dans les veines du sang de ce bisaïeul, Louis II, 
							qui choyait dans son château un bélier jadis 
							vainqueur d'un lion (21). En quête d'émotions 
							neuves, le duc résolut donc d'utiliser, de sacrifier 
							au besoin ses félins, pour varier les 
							représentations, mystères, soties ou moralités, que, 
							presque chaque année, il donnait à son peuple (22). 
							Les pièces comptables du cellérier mentionnent, en 
							1487, une somme de 5 livres 12 sols remise au grand 
							veneur «  pour le vin de ceux qui ont pris un sangle 
							vif à faire combattre les lyons » (23). Ce spectacle 
							dut plaire au prince et à ses sujets, car il fut 
							renouvelé en janvier 1488, cette fois plus 
							palpitant, sous la forme traditionnelle en honneur 
							dans le Midi. A cet effet, un «  échafaud », 
							semblable à celui sur lequel se jouaient les farces, 
							mais construit en énormes madriers, fut érigé. On le 
							surmonta d'une vaste cage qui, de la sorte, était 
							visible pour toute la foule se pressant alentour. Un 
							boucher de Lunéville eut charge de «  chercher par le 
							pays un fort thoreau » pour entrer en lice contre 
							les lions. Il le trouva à Herbéviller (24), et le 
							paya 7 francs barrois. Le combat fut acharné. 
							Plusieurs broches de fer furent brisées. De cette 
							épreuve les lions sortirent sains et saufs (25). En 
							1489, maître Didier, chapelain de Madame de Saverne, 
							ne dédaigne pas de s'employer à découvrir un taureau 
							plus redoutable. Son choix se fixa sur une bête 
							puissante, achetée à Pulnoy (26) moyennant 5 francs. 
							Six hommes furent nécessaires pour la conduire à 
							Nancy. Au début de mars, néanmoins, les lions 
							triomphèrent encore de cet adversaire. En marge de 
							son registre, le cellérier précise que «  ledit 
							thoreau fut tué et mengé par le lyon » (27). Blessée 
							peut-être, la «  lyonnesse » mourut au mois de juin 
							(28). Anthonelle en défaveur, ne touchant plus que 3 
							gros par jour, repartit pour la Provence le 4 mai 
							1491. Confié à la garde timide du portier de 
							l'hôtel, Godefroy Hocquellet, le lion enfin, dernier 
							survivant de la ménagerie du roi René, ne tarda pas 
							lui-même à périr (29).
 La reconstruction de son palais empêcha René II de 
							songer à remplacer ces animaux encombrants. Depuis 
							quatorze années, on n'avait plus vu à Nancy un seul 
							spécimen de la faune africaine, lorsque, le 20 
							septembre 1505, arrivèrent, dans la capitale, des «  
							compagnons » porteurs de deux civettes qu'ils 
							destinaient au prince, et que l'on installa aussitôt 
							dans une pièce de la demeure ducale restaurée (30). 
							Les documents n'indiquent pas la provenance de ces 
							civettes. Ce devait être, de toute probabilité; la 
							civette d'Afrique, de la taille d'un renard et à 
							robe tachetée (Viverra civetta), qui, d'ailleurs, 
							tout comme la civette d'Asie (Viverra zibetha), plus 
							petite et à robe rayée, s'élève fort bien en 
							captivité. Quoique cet animal ait été de bonne heure 
							domestiqué en Egypte et en Abyssinie, on le 
							regardait alors dans l'Europe occidentale comme une 
							véritable rareté. Le roi René n'en avait possédé 
							qu'un seul. Le couple était chose magnifique. Rien 
							ne parut trop beau, ni trop délicat, pour les deux 
							bêtes. Il faut croire que Grand Jehan, concierge de 
							l'hôtel, chargé d'une façon toute spéciale de 
							veiller sur elles, de même. qu'autrefois le 
							tapissier Ridet sur la civette d'Angers (31), prit 
							prétexté des recommandations qu'on ne manqua pas de 
							lui faire, pour augmenter ses émoluments, car il 
							fournit à ses voraces pensionnaires, ou fut censé 
							leur fournir, du 20 septembre au 31 décembre, cent 
							trente-cinq gigots de mouton, six poulets et trois 
							gelines, de la graisse de veau ou de mouton, sans, 
							compter le riz et les «  chandoilles ». Bois de 
							quartier et fagots sont achetés «  pour faire du feu 
							jour et nuyct en la chambre où sont lesdites, bestes 
							». Afin de les plus douillettement coucher, on 
							agence d'amples coffres que l'on capitonne de drap 
							gris et que l'on garnit de coussins (32). Bref, en 
							trois mois et dix jours, on dépensa à leur occasion 
							37 francs 7 gros 3 deniers, à peu près 625 francs 
							d'aujourd'hui (33). Leur entretien et le salaire du 
							portier furent ensuite taxés à 80 francs barrois par 
							an (1,500 francs) (34).
 Savait-on, à la cour de Lorraine, que ces animaux 
							peuvent être dressés à présenter d'eux-mêmes leur 
							poche odorifère ? Grand Jehan vidait-il 
							périodiquement cet organe avec une cuiller, et, 
							pétri dans de l'huile, leur zibeth entrait-il comme 
							antispasmodique dans la pharmacopée ducale ? Nous 
							l'ignorons.
 L'une des civettes mourut en décembre 1507 (35). 
							L'autre vivait encore en 1513, sous le règne du duc 
							Antoine, date à partir de laquelle il n'en est plus 
							question (36). Sur le désir réitéré du prince, une 
							nouvelle civette fut amenée à Nancy en septembre 
							1516. On réussit à l'y conserver en vie jusqu'à la 
							fin de l'année 1521 (37).
 Le léopard, les lions et les civettes de René II 
							furent, sans doute, les premiers individus de ces 
							types que l'on put admirer dans le Duché. Le reste 
							du XVIe siècle et tout le XVIIe s'écouleront sans 
							qu'il soit fait mention, dans les archives locales, 
							d'aucun animal d'Afrique, à l'exception des singes, 
							si communs déjà à la fin du XVe siècle, qu'en 1491 
							le duc abandonnait le sien à un bateleur (38). Ce 
							fut un événement, soigneusement relaté par les 
							contemporains, quand, le 8 juin 1751, sous 
							Stanislas, on promena dans Lunéville un lion (39).
 De nos jours, les combats de taureaux ont été 
							introduits dans l'est de la France. Nancy, 
							dernièrement, eut les siens. Mais combien fades ces 
							spectacles, savamment réglés et sans imprévu, en 
							comparaison des luttes cruelles, rappelant les jeux 
							du cirque, qui eurent lieu de 1487 à 1490 dans la 
							capitale lorraine, alors que les auditeurs de la 
							Chambre des Comptes discutaient gravement de la 
							pitance des fauves, délibéraient au rugissement du 
							roi du désert, et que la «  ménagerie » nancéienne 
							fournissait de lionceaux les cours de France et 
							d'Allemagne.
 
 
 (1) Ep. IX, Ad Robertum. - Cf. Eugène 
							DE CERTAIN, Raoul Tortaire, dans la Bibliothèque de 
							l'École des Chartes, 4° série, t. Ier, année 1855, 
							p. 508 et sq., 513 et sq.
 (2) Mis DE LABORDE, Les ducs de Bourgogne, t, Ier, 
							p. 7, n° 35.
 (3) Cf. Mémoires, édit. Mlle DUPONT (Soc. hist.de 
							France), t. II, p. 232-234.
 (4) VILLENEUVE-BARGEMONT (DE), Histoire de René 
							d'Anjou, roi de Naples, duc de Lorraine et comte de 
							Provence. Paris, 1825, 3 vol. in-8°; t. Ier, p. 244, 
							note.
 (5) A. LECOY DE LA MARCHE, Extraits des comptes et 
							mémoriaux du roi René, pour servir à l'histoire des 
							arts au XVe siècle. Paris, 1873, in-8°; nos 82 à 
							156, passim, - ID., Le roi René, sa vie, son 
							administration, ses travaux artistiques et 
							littéraires. Paris, 1875, 2 vol. in-8°; t. Ier, p. 
							219, 480 et sq.; t. II, p. 14-20, 50.
 (6) Archives des Bouches-du-Rhône, B. 698.
 (7) «  Le vendredi benist XXIXe jour de mars [ccc]clxiij 
							avant Pasques, fut amené une lyonne, laquelle 
							Monsieur de Vaudemons envoya de Prouvence par Jehan 
							Gentilz. » (Extraits des comptes et mémoriaux du roi 
							René, j. cit., n° 130.)
 (8) Hune creat in torva parvi genitura leaena ;
 Velox inde feras saltibus exsuperat;
 a dit Raoul Tortaire (op. cit.). - En réalité, le 
							mot latin pardus, dans son ancienne acception, 
							désigne la panthère mâle, par opposition à pardalis, 
							panthère femelle.
 (9) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7551 [compte 
							du cellérier de Nancy pour 1478-1479], fol. 27; B. 
							7552 [compte du même officier pour 1479-1480], fol. 
							62.
 (10) «  Payé encore à un homme, le cellerier de 
							Nancy, pour ung neuf colier qu'il a fait pour ladite 
							beste parce que la vice estoit tout desrompu : iij 
							gr. xij d.» (Ibid., B. 7522, fol. 62.) - 
							Pareillement, Raoul Tortaire (op. cit.) montrait le 
							léopard de Henri Beauclerc, qui :
 Colla vohebatur, nexibus implicitus.
 (11) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7522, fol. 
							62.
 (12) Il n'est pas spécialement question de ces 
							animaux dans le testament du roi René, rédigé en 
							1474. Le prince y donne à sa seconde femme, Jeanne 
							de Laval, ses bastides d'Aix et de Marseille, «  
							ensemble tous tes meubles estans esdictz lieux pour 
							en joyr sa vie durant seulement ». Cf. Cte DE 
							QUATREBARBES, Oeuvres complètes du roi René, Angers, 
							1845-1846, 4 vol. in-4°; t. Ier, p. 90.
 (13) LECOY DE LA MARCHE, Extraits, des comptes et 
							mémoriaux du roi René, j. cit., nos 39, 73, 78, 106, 
							128 et 132. - ID., Le roi René, j. cit., t. II, p. 
							14.
 (14) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7552, fol. 
							88; B. 7553 [compte du cellérier de Nancy pour 
							1480-1481], passim.
 (15) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7553, 
							passim; B. 7555 [compte du cellérier de Nancy pour 
							1482-1483], passim; etc. - B. 981 [compte du 
							receveur général de Lorraine pour 1483-1484], fol. 
							489.
 (16) LECOY DE LA MARCHE, Extraits des comptes et 
							mémoriaux du roi René, j. cit., nos 97, 100,101, 
							107, 112, 119, 120, 121, 140, 149 et 152. - ID., Le 
							roi René, j. cit., t. II, p. 16.
 (17) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7555, fol. 
							71-72.
 (18) Ibid., B. 981, fol. 487 v°.
 (19) Les noms donnés à ces deux animaux ne nous sont 
							pas parvenus. Nous savons, au contraire, que Martin, 
							Dauphin et Marsault comptèrent parmi les hôtes de la 
							ménagerie d'Angers.
 (20) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7558 [compte 
							du cellérier de Nancy pour 1488-1489], fol. 108.
 (21) VILLENEUVE-BARGEMONT (DE), Histoire de René 
							d'Anjou, j. cit., t. Ier, p. 244, note.
 (22) Chr. PFISTER, Histoire de Nancy, t. Ier, édit. 
							de 1902, p. 675-676.
 (23) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7559 
							[acquits servant aux comptes du cellérier de Nancy 
							pour 1487-1489].
 (24) Meurthe-et-Moselle; arr. de Lunéville, cant. de 
							Blâmont.
 (25) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7559, 
							passim.
 (26) Canton de Nancy-Est.
 (27) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7558, fol. 
							109; B. 7559, passim.
 (28) lbid., B. 7558, fol. 108 v°.
 Ayant nous, MM. Emile DUVERNOY (Notes sur le palais 
							ducal au XVe et au XVIe siècle, dans le Journal de 
							la Société d'archéologie lorraine, t. XLVII, année 
							1898, p. 88) et Chr. PFISTER (op. cit., p. 676) ont 
							signalé, quoique plus sommairement, la présence à 
							Nancy de ces lions. Parlant des combats d'animaux 
							ordonnés par René II, M. DUVERNOY écrit : «  
							C'étaient bien là les spectacles qui convenaient à 
							ces rudes hommes de guerre dont Charles le Téméraire 
							avait éprouvé la valeur.» Et M. PFISTER : «  Ainsi, à 
							côté des mystères qui rappelaient les scènes de la 
							vie du Christ ou les morts glorieuses des martyrs, à 
							côté des soties qui corrigeaient l'homme en le 
							faisant rire; se donnaient de sanglantes 
							représentations du cirque; et je m'imagine que les 
							dernières étaient attendues avec plus d'impatience 
							que les premières et mettaient aux joues des 
							spectateurs une fièvre plus ardente.»
 (29) Le 27 août suivant. - Archives de 
							Meurthe-et-Moselle, B. 7560 [compte du cellérier de 
							Nancy pour 1490-1491], fol 81. - La liasse B. 7559 
							contient vingt-sept quittances en règle du lionnier, 
							pièces oblongues d'une fort belle conservation. 
							Voici, à litre d'exemple, la teneur de l'une d'elles 
							: «  En présence de moy Cugnin Bayon, clerc juré de 
							Saint-Nicolas et tabellion de Monsr le duc, 
							Anthonelle lyonnier a cognu avoir eu et receu de 
							George des Moynes, celerier de Nancey, la somme de 
							huict frans quatres gros, xij gros pour franc, pour 
							la despense des lyons par les xx premiers jours de 
							novembre dernier passé, à la raison de v gros par 
							jor au taux du passé et jusques au xxj jour dudict 
							mois, que ledit lyonnier a reprins en charge et 
							gouvernement iceulx lyons et qu'ilz lui ont esté de 
							nouveau baillié en gouvernement à la raison de v 
							gros par jor tant pour iceulx son gouvernement et 
							gaiges, desquels viij fr. iiij gr. il s'a tenu 
							content et en acquite ledit celerier et tous autres. 
							Tesmoing mon seing manuel ici mis le Xe jor de 
							février mil iiije iiijxx viij. BAYON.»
 (30) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7573 [compte 
							du cellérier de Nancy pour 1504-1505], fol. 94 v°. - 
							«  A Nicolas de Metz, hoste demeurant à Nancey, pour 
							despence faicte en son hostel pour deux compaignons 
							et un cheval qui ont amené et apporté lesdites 
							cyvettes audit sieur roy... 7 fr. 8 gr.» (Ibid.).
 (31) Sur cette civette, voir : LECOY DE-LA MARCHE, 
							Extraits des comptes et mémoriaux du roi René, j. 
							cit., nos 96 et 147. - Id., Le roi René, j. cit., t. 
							II, p. 17-18.
 (32) «  A un sellier pour avoir mis et clouer une 
							couverte de drap gris sur des coffres où sont 
							lesdites bestes et fait deux orrilliers pour les 
							reposer dessus, pour ce... vj gr. - A Nicolas Valet 
							pour quinze aulnes et demi de drap grys qu'il a 
							fourny pour faire ladite couverte, à raison de iiij 
							gr. jd. l'aune... v fr. vij gr. j d. - À Didier de 
							Germiney, serrurier, pour avoir ferré le grant 
							coffre que l'on a fait tout neuf à mectre lesdites 
							bestes et y faire une tenaille... ij fr. ij gr.» 
							(Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7573, fol, 94 
							v°.) - Sur le compte de l'année suivante, figure une 
							dépense de 2 francs pour drap gris acheté à un 
							marchand de Nancy, afin de, confectionner de 
							nouveaux «  cusenets pour reposer lesdites cyvettes, 
							à cause que les autres estoient desja tout pourry.» 
							(Ibid., B. 7575, fol. 99 v°.)
 (33) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7573, fol. 
							94 v° et 97.
 (34) Ibid., B. 7575, fol. 99 v°.
 (35) Ibid., B. 7676 [compte du cellérier de Nancy 
							pour 1607-1608], fol. 87.
 (36) Voir notamment : Ibid., B. 7677, fol. 98 v°; B. 
							7579, fol. 103; B. 7582, fol. 87; B. 7584, fol. 89. 
							- Cette civette avait été confiée successivement, 
							après la mort de Grand Jehan (1607), à Thouvenin le 
							Masson, lieutenant de concierge, et à Henri de 
							Bervault, portier de l'hôtel, qui touchaient à cet 
							effet 40 francs barrois par an.
 (37) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 7691, fol. 
							65 v°; B. 7592, fol. 65; B. 7593, fol. 88 v°; B. 
							7594, fol. 87 v°; B. 7596, fol. 80 v°.
 (38) Ibid., B. 7560, fol. 82 v°.
 (39) Cf. Journal de Nicolas DURIVAL (Ms. n° 863 de 
							la Bibliothèque publique de Nancy), d. cit.
 
 
							Histoire des ménageries de l'antiquité à nos joursGustave Loisel
 Ed. Paris O. Doin, 1912
 [...]LES MÉNAGERIES DE LORRAINE
 III. Il y avait donc, à cette époque, dans les 
							domaines des ducs de Bourgogne, des collections 
							d'animaux plus variées et plus nombreuses que celles 
							des autres châteaux du moyen âge; et déjà l'on peut 
							prévoir, par là, l'influence que cette cour aura sur 
							le développement des ménageries en France. Pourtant, 
							l'habitude de garder uniquement un lion, un ours, ou 
							quelqu'autre bête, persistera encore longtemps chez 
							les princes et dans les villes.
 Il en fut ainsi, par exemple, dans un duché voisin, 
							celui de Lorraine. On sait que le fils de Philippe 
							le Bon, Charles le Téméraire, s'était emparé de la 
							Lorraine en 1475; on sait également que, peu de 
							temps après, ce prince trouvait la mort sous les 
							murs de Nancy, la capitale du duché. Le duc légitime 
							de Lorraine, René II de Vaudémont, reprenait alors 
							possession du domaine de ses ancêtres.
 Un de ses premiers soins fut de rendre hommage aux 
							Bernois, qui l'avaient aidé dans sa lutte contre le 
							Téméraire, en faisant nourrir, près de lui, un ours, 
							l'animal symbolique de ses alliés ; pour cela il 
							faisait construire une fosse que nous retrouverons 
							encore à Nancy, au XVIIIe siècle. En même temps, il 
							faisait élever une « Maison des lions » qui lui 
							coûta 112 francs barrois, 8 gros, 7 deniers (1), 
							sans compter quelques milliers de tuiles pour la 
							couverture, qu'on tira des tuileries domaniales.
 Cette maison comprenait deux pièces planchéiées : la 
							« chambre des lyons », qui prenait jour sur la cour 
							du palais par deux vastes baies grillagées, pouvant 
							être fermées par des fenêtres pendant l'hiver, et la 
							chambre du gardien qui communiquait avec la 
							précédente par une porte renforcée de solides 
							verrous. C'est le 28 octobre 1480 qu'elle reçut ses 
							premiers habitants : un couple de beaux lions qui 
							venaient du château d'Aix, en Provence. Le « 
							lyonnier », Anthonelle, qui les accompagnait, fut 
							habillé d'une livrée en drap de Bar; ses gages 
							furent établis à 12 francs 10 deniers par trimestre, 
							et il reçut, en plus, 3 gros et 1 denier par jour, 
							pour sa dépense de table et 5 gros pour celle de ses 
							bêtes.
 Les lions prospérèrent à ce régime, car ils se 
							reproduisirent; le 17 mars 1483 en effet, Anthonelle 
							porta deux jeunes lionceaux au comte Palatin ; 
							l'année suivante, ce furent trois autres lionceaux 
							que René II offrit au jeune roi de France Charles 
							VIII. Cinq ans plus tard, le lion et la lionne de 
							Nancy vivaient encore, mais il faut croire que leur 
							voisinage incommodait fort ces messieurs de la Cour 
							des comptes, car nous les voyons, le 21 novembre 
							1488, réduire l'ordinaire des fauves et le 
							traitement du lionnier. Anthonelle, désormais « aura 
							et emportera tant pour ses gaiges, despens, que pour 
							le norissement desdits lyons, chacun jour V gros 
							pour tout » ; ce qui d'ailleurs, calcule Boyé, 
							faisait encore une rétribution mensuelle de 290 
							francs environ.
 Le duc de Lorraine ne se contentait pas de venir 
							admirer ses lions ; il s'en servait pour donner à sa 
							cour le spectacle de combats d'animaux. On 
							construisait alors un
 
 (1) Environ 2.500 francs 
							d'aujourd'hui. Ce renseignement est pris dans des 
							Comptes de dépenses publiés par Boyé, p. 238.
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