Bibliothèque
de la Science sociale
La vie rurale dans la pays de Haie
Louis Adelphe
Paris - Mai et juin 1915
[Le fascicule que nous
publions aujourd'hui est dû à la plume de M. Louis Adelphe dont
nous avons annoncé la mort héroïque sur le champ de bataille de
Frescati. Quelques jours avant que la guerre éclatât, alors que
l'ultimatum de l'Autriche à la Serbie la faisait déjà prévoir,
M. Louis Adelphe était venu nous remettre l'important travail
qu'il avait rédigé sur le pays de Haie à la suite de la mission
que lui avait confiée la Société de Science sociale. Craignant
d'être appelé avant d'avoir pu achever les retouches qu'il avait
l'intention d'y apporter, il avait voulu que son manuscrit
demeurât entre nos mains, comme si un pressentiment
l'avertissait que ses jours étaient comptés. ...]
Les oseraies ont eu grand succès dans le canton de Blamont : à
Ogéviller, où M. Moitrier tient un marché d'osier et de
vannerie, à Reillon, à Donjevin, et, dans le canton de Baccarat
: à Reherrey, Merviller, Migneville, Hablainville, Glonville,
Montigny, etc. ; il arrive fréquemment à deux ou plusieurs
frères de s'associer pour l'exploitation, la fabrication, la
vente.
Voici ce qu'on écrit d'une de ces communes :
« Suivant l'avis des maires, l'osier a du commencer à se
développer dans notre région vers 1844; la vannerie s'est
répandue peu après; près de 100 communes cultivent et
exploitent. Ce travail occupe beaucoup de personnel ; les
enfants peuvent peler l'osier aussi bien que les grandes
personnes; on opère à domicile, chacun dans sa maison. Comme
vannerie, on fabrique beaucoup de manes à lessive, les paniers à
bras, les paniers couverts, les « mannequins », les voitures
d'enfants. Il y a plusieurs marchands dans la région ; ce sont
eux qui ramassent la vannerie toutes les semaines ou toutes les
quinzaines.
« Les gains laissent à désirer ; ce n'est pas que la vannerie
soit en baisse, mais les marchands qui existent s'entendent
entre eux et nous exploitent comme ils veulent. C'est surtout
pour la vente de l'osier que nous sommes exploités; il y a
quelques années, des marchands suisses venaient encore faire
leur provision eux-mêmes au moment de la vente; mais les
marchands de la région ont fait ce qu'ils ont pu pour les
empêcher de venir; ils leur adressent leur fourniture; il serait
désirable de nous indiquer des marchands d'osier auxquels on
pourrait s'adresser pour le moment de la vente.
« Migneville compte 300 habitants ; on y vend pour 50 à 60.000
francs d'osier par an ; nous plantons nous-mêmes tout l'osier
que nous récoltons. »
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