L'actualité inspire souvent
les romanciers. Les problèmes frontaliers, notamment avec la loi
des passeports en 1888, ont certainement inspiré Léo Trezenik
(pseudonyme de Léon Pierre Marie Épinette, 1855-1902) dans cet
extrait d'une nouvelle en 1891.
La Plume, revue de
littérature
N° 54 - 15 juillet 1891
CES FEMMES-LA !
[...] - Mais, interrogea le jeune homme chez qui le calme était
revenu instantanément avec la certitude que la catastrophe était
irréparable et qui s'intéressait maintenant aux pourquois, d'où
vient cette préparation à déclarer la guerre ?
- Vous ne savez dont pas ce qui s'est passé.
- Je ne sais rien. fit Guy.
- Hier, à cinq cents mètres de Blamont, une contestation
insignifiante mettait aux prises, sur
la frontière même un douanier français et un douanier allemand.
Tout à coup, a une réplique un peu vive du Français, l'Allemand
tire son sabre et le plonge dans le ventre du Français qui a
juste le temps de crier « à moi » avant de mourir. Tout le poste
de douaniers français accourt, les Allemands ne sont pas moins
prompts, et voilà qu'on se fusille de part et d'autre. Les coups
de feu trouvent de l'écho de chaque côté de la frontière. Depuis
le temps que deux cent mille soldats sont la à se mesurer de
l'oeil, vous pensez bien que les cerveaux sont montés. Les fusils
partirent tout seuls. La frontière était en feu avant presque
que le télégraphe eut apporté à Paris la nouvelle de
l'assassinat du douanier français.
[...]
Léo TRÉZENIK
|