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israélites
1844
Paris, le 11 juin 1844
Monsieur le Rédacteur,
Veuillez avoir la bonté de m'accorder quelques lignes dans votre
estimable journal, pour exprimer mon admiration à l'aspect de
l'ordre et du recueillement que j'ai remarqués en entrant dans
le temple israélite de la petite ville de Blamont (Meurthe) ;
dans cette petite communauté, qui compte à peine quarante
familles, on est parvenu à faire les deux réformes les plus
urgentes : je veux parler de la prière en silence et de
l'abolition de l'ignoble vente de mitswoth: en effet, y a-t-il
quelque chose de plus révoltant que ces cris, ce commerce
détestable, où le plus souvent (et dans les grandes villes
surtout) les riches seuls ont la faveur d'obtenir des honneurs
qui devraient appartenir à tout le monde.
En parlant de la synagogue de Blamont, je ne dois pas oublier
surtout M. Lévy, jeune ministre officiant: son instruction et
son talent comme chantre lui donnent droit à une place dans une
communauté plus considérable.
J'ai l'honneur d'être, etc.,
Aron Lion, de Metz,
Sous officier dans la garde municipale, à Paris.
19 novembre 1885
On nous écrit de Lunéville, à
la date du 13 novembre:
Aujourd'hui ont eu lieu, au milieu d'une affluence considérable,
les obsèques d'un de nos coreligionnaires les plus dévoués et
les plus distingués : M. Isidore Spire, ancien président de la
Communauté israélite de Blamont. Cette mort plonge dans le deuil
une des familles les plus notables de la Lorraine israélite. Le
regretté défunt avait habité Blamont, sa ville natale, jusqu'en
ces dernières années où il était venu se retirer à Lunéville. Le
zèle de M. Spire pour les affaires Israélites était infatigable,
et M. le rabbin Maurice Aron s'est fait, sur la tombe,
l'interprète ému et éloquent des vifs et unanimes regrets qu'il
laisse, et qui aideront sa veuve et ses filles à supporter cette
perte douloureuse.
16 novembre 1888
- Une lettre particulière de
Blamont nous apprend que le sympathique rabbin du ressort, M.
Maurice Aron, notre collaborateur, retenu accidentellement dans
cette ville le samedi 3 novembre, y a prononcé, en présence de
toute la Communauté, l'éloge funèbre du grand rabbin Isidor, et
nous en communique des fragments d'une haute éloquence, que,
faute d'espace, nous ne pouvons reproduire. Citons seulement un
souvenir biographique peu connu, plus la fin de celle
correspondance :,
Avec quelle émotion M. le rabbin, pénétrant plus avant dans la
carrière active et féconde de M. Isidor, nous a rappelé le rapt
Mortara, flétri, avec une généreuse indignation, dans un des
plus beaux sermons de l'éminent pasteur, et qui avait pour objet
« Notre prosélytisme »!
... Nous connaissions depuis des années le rabbin de Lunéville
comme l'un des orateurs les plus en vue du jeune rabbinat
français; samedi, il s'est révélé à nous comme conférencier
plein de charme. Notre Communauté gardera longtemps le souvenir
de celle cérémonie, simple mais imposante, à laquelle M. Aron
l'a conviée...
Jeudi 8 mars 1906
- Nous avons appris, avec un
vif regret, la mort d'un de nos coreligionnaires les plus
distingués de Nancy qui s'était fait dans la vaillante cité
lorraine une place à part par la loyauté et l'aménité de son
caractère, son dévouement aux intérêts publics, sa science des
affaires et su fidélité aux -doctrines de la liberté et de la
tolérance; M. Edouard Spire, manufacturier, membre de la Chambre
de commerce, ancien membre du Conseil municipal, conseiller du
commerce extérieur, etc., décédé, il y a un peu d'un mois, à
l'âge de 69 ans.
Né à Blamont, après avoir fait ses études de droit à Strasbourg,
Edouard Spire était devenu notaire à Rambervillers. A la suite
de son mariage avec Mlle Nathan Picard, fille d'un grand
industriel ce Nancy, il s'établit dans cette dernière ville et
entra comme associé dans la manufacture de chaussures de son
beau-père qu'il dirigea depuis, seul. Républicain de la première
heure, ses concitoyens l'appelaient à siéger au Conseil
municipal, dès 1874, et il fut constamment réélu jusqu'en 1900,
époque à laquelle il renonça à demander le renouvellement de son
mandat. Son libéralisme éclairé, allié à un grand respect des
convictions d'autrui lui avait conquis la sympathie même de ses
adversaires politiques. Le journal nationaliste de Nancy lui a
consacré un article ému où il rend hommage aux vertus de ce
ferme républicain. Ses obsèques célébrées le 2 février ont
revêtu, malgré leur grande simplicité, le caractère d'une
démonstration publique. Toutes les notabilités nancéennes, tout
le personnel de l'usine Spire, les élèves de l'école supérieure
du commerce, de nombreux coreligionnaires ont fait cortège à la
dépouille de cet homme de bien qui laisse de si vifs regrets que
M. le Grand Rabbin Bloch a exprimés avec une sobre et émouvante
éloquence. Nous adressons à sa digne veuve, à ses fils dont
l'aîné est auditeur de 1e classe au Conseil d'Etat, ns
sympathiques condoléances. |