Journal
d'agriculture pratique. 1894 v.2.
LES ESSAIS DE MACHINES AU
CONCOURS RÉGIONAL AGRICOLE DE NANCY
IV. - Machines pour écorcer l'osier.
Ces machines sont très
intéressantes pour la région, notamment, pour l'arrondissement
de Lunéville. L'osier est cultivé à Ogéviller, canton de
Blamont, et dans vingt communes dont ce pays est le centre.
Ogéviller compte 556 habitants et est situé sur un petit
affluent de gauche de la Vezouse, en amont de Fremenil (la
Vezouse se jette dans la Meurthe en aval de Lunéville). On
estime à 550,000 fr. la valeur annuelle de la culture de l'osier
et de la fabrication de la vannerie à Ogéviller et dans une
vingtaine de villages environnants.
Une seule peleuse d'osier figurait au concours; c'était la
machine système Moisson et Page, fabriquée par M. Ch. de
Meixmoron de Dombasle. Comme le jury n'a pu procéder à des
essais, les osiers n'étant plus en sève depuis plus d'un mois,
il n'a accordé à la machine qu'une médaille d'argent en tenant
compte des renseignements qu'il a pu recueillir sur son travail.
La machine Moisson se compose
de sept petits cylindres de 0,07 de diamètre environ et de 0,07
à 0,08 de largeur ; l'osier, engagé brin par brin par le pied
dans une ouverture A (fig. 28) dont les parois flexibles forment
entonnoir, passe successivement entre les cylindres BC, DE, puis
sur une table t et enfin entre les cylindres FG et FH.
Les cylindres BDF et G sont lisses; les cylindres C et E sont à
rainures, dirigées suivant des cercles parallèles; le cylindre H
est cannelé suivant les génératrices. Les cylindres inférieurs
C, E, G et H ont des coussinets fixes, ceux du haut B, D et F
sont montés à ressorts R.
La machine comprend deux jeux de ces cylindres, entraînés par
des engrenages disposés en M. commandés par un volant manivelle
V. Il y a donc deux entrées A et A' disposées sur le même plan
horizontal. Dans l'ancien modèle il y avait 4 cylindres
supérieurs, tandis que dans le type actuel, il n'y en a que 3
comme le représente le schéma (fig. 28).
La machine occupe environ 1m,20 de hauteur, 0m,70 de longueur et
0m,45 de largeur.
La machine nous a paru exiger un travail mécanique assez élevé ;
il en a été vendu (en dix ans) une trentaine environ dans le
département et les départements voisins (Marne, Haute-Marne,
Ardennes).
Voici les renseignements recueillis sur le travail de la peleuse
d'osier.
Un chantier de quatre personnes peut peler par jour 50 bottes
d'osier de longueur moyenne.
Une botte d'osiers verts, qui a 1m,10 de tour à la grande base,
contenant 500 brins de 1m,60 de longueur, peut être blanchie en
15 minutes.
A la main, le blanchissage des osiers se paye suivant les
localités de 0 fr. 60 à 1 fr. 20 et jusqu'à 1 fr. 50 la botte.
La main-d'oeuvre (étant estimée à 4 fr. la journée de l'ouvrier,
à 2 fr. celles de chacun des 3 aides), revient à 10 fr. par
jour, pour 40 bottes, soit 0 fr. 25 par botte, plus
l'amortissement, le service et l'entretien de la machine.
La production d'une oseraie est d'environ 400 bottes à
l'hectare. Les osiers pelés en pleine sève se conservent bien,
ne jaunissent pas et ont plus de valeur commerciale que les
autres. Comme les écorces ne sont pas endommagées, mais séparées
en lanières, on peut les utiliser pour en faire des liens très
résistants pour différents assemblages et le palissage des
arbres fruitiers et des vignes.
M. RINGELMAN |