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Rapatriement des soldats américains tués en France - 1920


A la fin de la guerre, plusieurs tombes de soldats américains existaient encore, tant dans la zone du front nord du Blâmontois (secteur de Domjevin), que dans la zone sud (front de Baccarat), notamment à Ancerviller où les données officielles recensent 6 tombes : 5 tombes américaines 1918
Ancerviller - 6 tombes américaines 1918

Location of graves and disposition of bodies of American soldiers
War department
15 janvier 1920

American buried in french military cemeteries
Ancerviller - Meurthe et Moselle - 6

Nous ignorons quand les corps ont été rapatriés, mais il semble qu'ils étaient encore présents en 1921 selon la source suivante :

1921 - MEMORIAL DAY IN FRANCE
Ed. Fraternité franco-américaine. - Paris 7e

N° XXXI. - Extract of a letter of the Mayor of Ancerviller.
Department of Meurthe-et-Moselle
District of Lunéville
Commune of Ancerviller
(538 inhab.).
Upon leaving church, this morning, the war orphans accompanied by their mothers, went to lay flowers on the American tombs which still exist in their particular Cemetery, and have prayed for the repose of the souls of those who defended our Country.
Signed : The Mayor, P. COLIN.
[...]
N* XXXI. - Extrait d'une lettre du Maire d'Ancerviller.
Département de la Meurthe-et Moselle
Arrondissement de Lunéville
Commune d'Ancerviller (538 hab.).
A l'issue de la messe, ce matin, les Orphelins de Guerre accompagnés de leurs mamans sont allés déposer des fleurs sur les tombes américaines encore existantes au Cimetière spécial et ont prié pour le repos de l'âme de ces défenseurs tombés sur notre sol.
Signé : Le Maire, P. COLIN.

Car le rapatriement aux Etats-Unis des corps des soldats américains a donné lieu à de longs débats.
Pour les autorités françaises, les soldats américains devaient rester inhumés en France, sur la ligne de front, près de leurs camarades de combats tombés avec eux.
Cette position était aussi, aux Etats-Unis, celle de l'association American Field of Honor, et des ex-présidents, William Howard Taft, et Theodore Roosevelt, dont le fils Quentin, aviateur abattu en juillet 1918, était inhumé en France (et repose toujours en Normandie au cimetière américain de Colleville-sur-Mer).

Cependant cette position n'était pas partagée par de nombreux américains, et l'on cite souvent cette lettre d'une mère au secrétaire d'Etat Robert Lansing : “You took my son from me and sent him to war, and now you must as a duty of yours bring my son back to me”.
En 1919, se crée l'association au nom sans ambiguïté de Bring Home the Soldier Dead League : cette association affirme que la France retient abusivement les corps des soldats américains (il semble effectivement que le gouvernement français ait souhaité reporter la question jusqu'en 1922), et réclame que les Etats-Unis organisent rapidement le retour des corps.
Le polémique enfle jusqu'au début de 1920, chaque association organisant des meetings en faveur de ses positions, sans hésiter à recourir à des cautions morales, comme l'évêque Charles H. Brent qui se prononce pour que les corps restent en Europe (voir la lettre au secrétaire Baker, reproduite par exemple dans le New-York Times du 16 janvier 1920)

Pour répondre à la polémique le Département de la guerre contacte 74 770 familles. Un article de The Denisson Review du 18 février 1920 nous apporte les précisions suivantes :

  • le département de la guerre a obtenu 63 708 réponses : 43 909 pour un retour des corps aux Etats-Unis, 19 499 pour leur maintien en Europe, et 300 pour un réinhumation dans un pays autre que les Etats Unis.

  • en décembre 1919, on relève 73 591 tombes réparties sur 8 pays européens :
    En France, dans la zone des armées : 51 001
    Dans la zone intérieure : 17 506
    Dans les Iles britanniques : 2 519 (1 812 en Angleterre, 680 en Ecosse, 26 en Irlande, 1 au Pays de Galles)
    En Allemagne 1 207
    En Belgique : 1 015
    Au Luxembourg : 154
    Au nord de la Russie, Archangel : 111
    En Italie : 76
    En Espagne : 2

Devant cette expression majoritaire pour le retour aux Etats-Unis, le Département de la Guerre annonce, le 8 mars 1920, que le gouvernement assure le rapatriement des corps, et que le bureau War Risk Insurance prend en charge jusqu'à concurrence de 100 dollars les frais de funérailles, incluant l'achat d'une concession funéraire.
Concernant les accords avec les autorités françaises, un télégramme de l'Ambassadeur américain Wallace à Paris précise le 20 mars 1920 :
“The Franco-American conference, which met to arrange for removal of the American dead from France, agreed unanimously in its first session to recommend to the French government that the bodies of all the American dead, wherever buried in France, whether in the zone of the armies or In the zone of the Interior, be eligible for return to the United States, and this at such time as the regions where they lie are reached in the course of its operation by the American graves registration service.”

Les familles américaines eurent ainsi à opter entre rapatrier le corps de leur défunt, ou le laisser reposer en Europe : l'American Legion, principale association des vétérans, et l'association American Field of Honor,
- réclamèrent l'établissement des cimetières outre-Atlantique et proposèrent aux familles de les aider à organiser les enterrements définitifs sur le front ;
- fournirent une assistance aux familles ayant opté pour le rapatriement dans un cimetière militaire national ou une tombe familiale civile.

Les rapatriement des corps aux Etats-Unis s'échelonna à compter de 1921, et au final, un peu plus de la moitié des corps furent rapatriés. Les autres corps furent regroupées dans des cimetières militaires en Belgique, Angleterre et France, gérés à compter de 1923 par l'American Battle Monuments Commission.
 

Rédaction : Thierry Meurant

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