Mémoires de l'Académie de Stanislas
1889
Séance publique du 22 mai 1890
ELOGE DE JEAN-JACQUES
LIONNOIS (1)
DISCOURS DE RECEPTION
MESSIEURS,
ÉLOGE
L'Académie de Stanislas s'est toujours montrée bienveillante aux
membres de l'Université de Nancy; toujours aussi, elle a
témoigné une vive sympathie à ceux qui consacrent leur travail à
l'histoire de la Lorraine. C'est à ma qualité de professeur et à
mes études sur le passé de notre pays, que je dois le grand
honneur d'être reçu aujourd'hui parmi vous. Comment pourrais-je
mieux vous témoigner ma reconnaissance qu'en vous racontant la
vie d'un homme qu'un double mérite fera toujours vivre dans la
mémoire des Nancéiens ? Il a été l'une des gloires de votre
ancienne Université, dont il a dirigé le collège et où le
premier il a porté le titre de doyen de la Faculté des arts il a
été l'historien fidèle et enthousiaste de votre ville, il en a
décrit les monuments avec l'exactitude de l'archéologue et avec
cet amour du clocher natal qui lui faisait dire « Nancy est
l'une des plus belles villes de l'Europe qu'on puisse voir. »
Au temps du bon duc Léopold, un jeune apprenti menuisier vint de
Lyon chercher fortune à Nancy, où bientôt il s'établit comme
maître. Son nom était Claude Bouvier; mais on prit l'habitude de
le designer par son lieu d'origine: le Lionnois. Bouvier se
maria à Anne Calot que quelques-uns ont voulu rattacher à la
famille de l'illustre graveur (2), et, de cette union naquit, le
30 septembre 1730, sur la paroisse de Saint-Evre, au cœur même
de la vieille ville, Jean-Jacques Bouvier, dit Lionnois (3),
celui-là même qui sera l'objet de cet éloge. L'enfant donna, dès
son plus jeune âge, les marques d'une vive intelligence.
Quelques personnes, à la fois riches et charitables et dont nous
regrettons d'ignorer les noms, furent frappées de ses heureuses
qualités leur générosité lui permit d'entreprendre ses études
(4). Vers l'époque où Stanislas prenait possession de son duché
de Lorraine, Lionnois entra au collège des Jésuites, situé prés
de l'église de Saint-Roch, entre la rue Saint-Dizier et la rue
des Carmes il fut l'un des meilleurs élèves de cet
établissement, où se pressaient les jeunes nobles et les fils
des meilleures familles de la bourgeoisie ses succès furent la
récompense de ses bienfaiteurs. L'écolier devint de bonne heure
un maitre; il n'était encore qu'en troisième que déjà, pour
venir en aide à sa famille, il enseignait les rudiments du latin
aux enfants qu'on lui voulait bien confier; et ainsi, moitié
élève, moitié professeur, il acheva paisiblement le cours de ses
études et conquit le diplôme de maître es arts. Dès lors, il lui
fallait embrasser une carrière. Il n'eut aucune hésitation il se
fit prêtre. Ce choix lui était dicté par ses sentiments
religieux très profonds et aussi par son désir de se vouer à
l'enseignement il avait la vocation de l'instruction et vous
savez qu'au dernier siècle presque tous les professeurs
appartenaient au clergé. Lionnois fut attaché en 1755 à l'une
des églises de Toul (5) ; peu après, il fut désigné comme prêtre
habitué de Saint-Evre (6) à Nancy, et chargé de célébrer chaque
matin la messe à l'une des deux chapelles de Saint-Nicolas ou de
la Conception (7) ; tout en remplissant les devoirs de son saint
ministère, il entra comme précepteur dans quelques familles
nobles, où l'on sut l'apprécier; il dirigea ainsi l'éducation
des fils de la comtesse d'Hofflize, veuve d'un ancien président
de la cour de Lorraine, et celle des enfants de M. de Mérigny.
Le succès qu'il obtint auprès de ses élèves, le décida à tenter
une grande entreprise. L'enseignement, donné au collège des
Jésuites, ne préparait pas assez les jeunes gens à la vie active
; le latin avec ses accessoires, métaphores banales du discours,
grâces élégantes et fades du vers, cahiers de belles
expressions, y tenait presque toute la place. Le français avait
réclamé timidement ses droits au lieu de lui ouvrir les portes
toutes grandes, un les avait à peine entrebâillées comme devant
un intrus. L'histoire et la géographie étaient des sciences à
peu près inconnues; et personne ne songeait, à introduire les
langues vivantes au programme des classes. Cette éducation, dont
l'unique but semblait être de former des latinistes, ne
convenait certes pas à des gentilshommes qui, au sortir du
collège, allaient s'engager dans l'armée et conduire des
régiments sur le champ de bataille. Lionnois comprit tous les
vices de ce système et il résolut de porter remède au mal. Son
projet fut de créer une grande pension où les gens de qualité
pussent chercher une éducation mieux appropriée à leurs besoins.
Il trouva aussitôt d'illustres encouragements; ses anciens
élèves l'aidèrent de leurs conseils et de leurs deniers le roi
Stanislas dont la vive intelligence saisissait fort bien
l'utilité d'une telle réforme, promit de prendre le nouvel
établissement sous sa protection. Le dessein fut rapidement
exécuté et, en 1761 (8) à l'âge de 31 ans, Lionnois se trouva à
la tête d'une pension noble, établie dans un faubourg de la
ville, dans une maison qui porte aujourd'hui le n° 25 de la rue
de Boudonville (9). Bientôt, le pensionnat devint célèbre; aux
gentilshommes lorrains vinrent se joindre des étrangers. Les
Pedored de Saint-Martin, de Dax en Gascogne, y coudoyèrent les
rejetons des familles de Wignacourt et de Dombasle des seigneurs
anglais et allemands accoururent; le nombre des élèves s'éleva
jusqu'à cent et au delà. Ils étaient rangés en différentes
classes, sous la conduite de seize maitres beaucoup d'entre eux
avaient de plus leur précepteur particulier, comme ils avaient
un domestique attaché à leurs personnes (10). Lionnois
gouvernait toute la maison, ajoutant aux qualités de
l'administrateur les vertus du pédagogue. En effet, sa méthode
d'enseignement causa tout le succès de sa pension. J'ai sous les
yeux un programme des exercices que faisaient les élèves, avant
la distribution des prix (11). J'y vois qu'outre la classe
latine, il y a une « classe française ». J'y remarque que, dans
presque toutes les classes, les écoliers récitent des dialogues
allemands; que l'histoire et la géographie sont en grand honneur
; qu'il y a même des interrogations sur l'art de fortifier,
d'attaquer et de défendre les places. On s'aperçoit combien sont
importantes les réformes tentées par Lionnois. Mais, pour ce
nouveau système d'éducation, les livres faisaient défaut et
voilà pourquoi le directeur va se faire écrivain à l'usage de
ses maîtres et de ses élèves, il publia un cours complet
d'études par demandes et par réponses. Nous possédons ainsi de
lui un ouvrage sur L'Art militaire dans la fortification (12),
un autre sur les Principes du blason (13) où il explique
sommairement les termes un peu barbares derrière lesquels cette
science se dérobe aux profanes ; il choisit du reste tous ses
exemples dans les armoiries de la noblesse lorraine. A la même
époque, il met sous presse son Traité de la mythologie, celui de
ses ouvrages qui aura le plus de succès; il en publia cinq
éditions de son vivant (14) ; deux autres parurent après sa mort
(15) ; on en fit de nombreuses contrefaçons à l'étranger (16);
on la traduisit en plusieurs langues, même en russe et en
polonais. Le traité de Lionnois peut encore être consulté de nos
jours avec fruit, et en fait on s'en est servi à Nancy jusqu'à
ces dernières années. Il nous donne des renseignements précieux
sur la généalogie des dieux, sur leurs attributs, sur leur
culte; on y trouve tous les détails qui aident à l'intelligence
des auteurs anciens mais, pas plus que ses contemporains,
Lionnois n'a compris quelle était l'âme de cette mythologie;
selon lui, elle tirerait sa source de l'histoire sainte; après
la dispersion des peuples, la vérité, que Dieu avait révélée et
qui n'était point encore fixée par l'écriture, gardienne sûre
des faits, se serait obscurcie peu à peu la fable aurait été
créée par une sorte d'altération du culte primitif de Jéhovah.
Après la mythologie, ce fut à l'histoire que Lionnois donna le
plus de soins. Il chercha à rendre cette étude alors si nouvelle
attrayante et commode aux jeunes gens; et il composa une série
de tableaux où les faits étaient groupés et énoncés en des
formules faciles à retenir et où les principaux événements
étaient reproduits par la gravure. Sans doute il nous serait
aisé de nos jours d'y relever de nombreuses erreurs, de nous
moquer même de véritables contre-sens historiques, par exemple
de cette image exacte de la tour de Babel; mais cet essai
d'enseignement par les yeux, ces leçons de choses méritent
d'être signalées (17). Outre ces tables historiques, Lionnois a
écrit une histoire sainte (18) ; il a rédigé une histoire
profane (19) de l'antiquité où successivement il passe en revue
les Égyptiens, les Assyriens, les Grecs, les Carthaginois, etc.
Tout en amassant un grand nombre de faits, il s'inspire des
principes que Montesquieu a proclamés « L'étude de l'histoire
profane, dit-il, ne se borne pas à la stérile connaissance des
événements de l'antiquité, à la sombre recherche des dates, mais
il est d'une grande importance de connaître comment les empires
se sont établis, par quels degrés et par quels moyens ils sont
arrivés à ce point de grandeur que nous admirons, quelles ont
été les causes de leur décadence et de leur chute. » Lionnois a
encore publié, en deux volumes, une his toire de France depuis
l'origine des Francs jusqu'aux traités de 1763, qui terminèrent
la guerre de Sept ans (20). Son livre, il le reconnaît en toute
sincérité, n'a aucune valeur originale; l'auteur découpe en
tranches ou résume l'histoire de l'abbé Velly et de ses
continuateurs qui le mènent jusqu'à Charles IX; puis la
continuation que Griffet a faite de l'histoire du P. Daniel lui
sert de guide. Je sais tous les reproches qu'on a adressés à ces
œuvres et qui retombent en partie sur celle de Lionnois. Le
moyen âge n'a pas été compris ; les princes mérovingiens
ressemblent un peu trop aux souverains du XVIIe siècle ; les
longs cheveux qui retombent épars sur les épaules de Clodion
sont artistement arrangés, comme la perruque de Louis XIV. Mais
je préfère insister sur les mérites très réels de la tentative
du vicaire de Saint-Evre. A travers celle histoire, passe un
souffle libéral ; le peuple y est souvent en scène et à ces
jeunes nobles qui sont ses auditeurs et ses lecteurs habituels,
Lionnois enseigne qu'eux et le roi ne constituent pas toute la
nation, que la grandeur du pays a été faite avec l'épée du
gentilhomme, mais aussi avec le travail et les souffrances du
peuple. Le prêtre, profondément dévoué au catholicisme et
peut-être parce qu'il lui est dévoué, trouve des paroles de
blâme et de colère contre toutes les persécutions « -Les rigueurs
qu'on exerça contre les protestants, dit-il à propos de la
révocation de l'édit de Nantes, firent peu de prosélytes de
bonne foi, beaucoup de mauvais catholiques et bien des milliers
de fugitifs qui allèrent chez l'étranger chercher la liberté de
conscience qui leur manquait. Enfin, par-dessus tout, Lionnois
veut inspirer à ses élèves l'amour du devoir et de la France. «
La France, écrit-il dans sa préface, est de tous les pays celui
qui a produit le plus de grands hommes. Pour marcher sur leurs
traces, pour les surpasser même, s'il est possible, dans leur
héroïsme, il faut les connaître. » Si l'on songe que notre
histoire nationale était enseignée de la sorte à Nancy, à un
moment où le duché de Lorraine n'était pas encore complètement
uni a la France, où il était encore régi par le roi de Pologne,
votre glorieux fondateur, l'on comprendra que Lionnois n'a pas
seulement accompli une révolution dans la pédagogie ; il a, pour
son humble part, aidé à l'union intime, à la fusion entière du
pays de René Il avec celui de François 1er, de Henri IV et de
Louis XIV. Pendant huit années, Lionnois dirigea avec zèle le
pensionnat de la rue de Boudonville, et il n'avait d'autre
ambition que d'achever au milieu de ses élèves, toujours plus
nombreux, le reste de son existence. Un double événement vint
tout coup changer ses projets ce furent l'expulsion des jésuites
et le transfert à Nancy de l'Université de Pont-à-Mousson.
En novembre 1764, une déclaration royale, confirmant l'arrêt du
parlement de Paris du 6 août 1762, abolit dans le royaume de
France la Société de Jésus ; mais en vain Louis X.V demanda-t-il
à son beau-père d'imiter son exemple et de supprimer l'ordre
dans les deux duchés de Lorraine et de Bar. Stanislas se montra
reconnaissant aux jésuites des services rendus et sa large
tolérance lui interdisait de faire la guerre à des doctrines.
Cependant, en 1766, Stanislas mourut et il fallut dès lors
appliquer à la Lorraine, devenue partie intégrante de la France,
les lois du royaume. L'édit contre les jésuites fut renouvelé en
juillet 1768 (21) et enregistré à la cour de Nancy. Ordre fut
donné aux membres de la Compagnie d'évacuer dès le 1er septembre
leurs collèges, maisons et séminaires. Cette décision produisit
un grand désarroi dans le pays presque tout l'enseignement
secondaire y était distribué par l'illustre Société dans ses
cinq collèges de Nancy, de Saint-Nicolas, de Pont-à-Mousson,
d'Epinal et de Bouquenom (Saar-Union) il fallut songer à
remplacer immédiatement les anciens maîtres, afin que les
classes pussent s'ouvrir à temps, pour l'année scolaire
1768-1769. On prit aussitôt des mesures; on supprima l'ancien
collège de Saint-Nicolas, trop voisin de celui de Nancy (22) ;
on maintint les quatre autres et l'on donna à chacun d'entre eux
une organisation autonome fort curieuse. Le collège de Nancy fut
administré par un bureau, formé de l'évêque, du premier
président de la cour, du procureur général, du lieutenant
général de police, de deux notables de la ville, du recteur de
l'Université et du principal. L'État nommait le principal; mais
les professeurs et régents étaient choisis à la suite d'un
concours jugé par l'Université de Nancy. Tout le personnel
recevait des appointements sur les biens confisqués des jésuites
; l'économe-séquestre était tenu de les leur fournir en temps
opportun (23).
Cette entreprise exigeait un administrateur assez zélé pour ne
pas négliger le moindre détail, assez intelligent pour
comprendre l'importance et la grandeur de sa tâche. L'intendant
de la Lorraine, M. de La Galaizière, jeta les yeux sur Lionnois
et nul choix meilleur ne pouvait être fait. Il souleva pourtant
bien des colères dans les rangs de cette fraction du clergé qui
regrettait les jésuites (24) ; les reformes que Lionnois avait
tentées dans son pensionnat le rendaient suspect on l'accusait
d'être « enfariné de philosophie (25) »; on lui lançait à la
tête l'épithète de janséniste La Galaizière eut le mérite, et il
lui en faut savoir gré, de passer outre. L'évêque de Toul
surtout, Mgr Drouas, - un digne prêtre d'ailleurs -, se montra
tout à fait hostile. N'ayant point réussi à empêcher la
nomination de Lionnois, il se décida à faire concurrence au
collège ; il fonda dans la ville de Toul le petit séminaire de
Saint-Claude, qui conduisait les jeunes gens de la sixième à la
rhétorique ; il voulait, disait-il « leur faire sucer, comme
avec le lait, à l'abri des scandales et de la perversité du
siècle, l'horreur du vice, l'amour de la vertu, le zèle du culte
de Dieu, cette ferveur de son service qui est le fruit précieux
de l'innocence conservée (26). »
Avec sa charge de principal, Lionnois acquérait une autre
dignité, il devenait doyen de la Faculté des arts de Nancy.
L'Université de Pont-à-Mousson avait, vécu ; elle avait eu, au
XVIe et au début du XVIIe siècle, sa période de splendeur; mais,
depuis les épouvantables malheurs que la guerre de Trente ans
avait causés en Lorraine, elle était tombée dans une profonde
décadence. On songea à lui donner une nouvelle vie, en la
transportant dans une autre ville plus active. Stanislas déjà
avait préparé les voies. Par différentes lettres patentes de
1760 et de 1761, il avait agrégé à l'Université le collège de
Nancy ; il y avait transféré de Pont-à-Mousson la chaire de
mathématiques ; il y avait créé deux chaires nouvelles de
philosophie, une d'histoire et de géographie (27). Après la mort
du roi de Pologne, on voulut dédommager Nancy, déchue de son
rang de capitale ; un Lorrain qui avait vu le jour sur la place
de la Carrière, le duc de Choiseul, était au pouvoir ; tous ces
motifs expliquent les lettres du 3 août 1768, qui enlevèrent à
Pont-à-Mousson son Université et la donnèrent à Nancy (28),
malgré les plus énergiques et les plus éloquentes protestations
de la petite ville qui se mourait. Les professeurs de
rhétorique, de philosophie, d'histoire et de mathématiques du
collège de Nancy constituèrent désormais la Faculté des arts de
cette Université, à l'exclusion des régents des classes
inférieures qui n'appartenaient qu'au collège; le principal,
Lionnois, se trouvait naturellement le doyen de cette Faculté.
Autrefois, en effet, les Facultés des arts n'étaient composées
que des professeurs des hautes classes, dans les collèges
universitaires; il n'y avait pas dans les Universités de France
d'enseignement supérieur des lettres et des sciences; au sortir
du collège, il semblait qu'on n'eût plus rien à apprendre, ni
des littératures anciennes, ni des mathématiques ou de
l'histoire. Il y avait pourtant une exception, l'Université
protestante de Strasbourg, qui aurait dû servir de modèle aux
autres établissements (29).
Le titre de doyen de la Faculté des arts assurait à Lionnois des
honneurs beaucoup plutôt que des charges; il lui donnait l'un
des premiers rangs aux processions et dans les autres cérémonies
où les autorités se trouvaient rassemblées ; en revanche, sa
situation de principal du collège lui causait bien des soucis
(30). Tout était à créer : le local, les maîtres et même les
élèves. Les bâtiments de l'ancien collège des jésuites qui
tombaient en ruines furent abandonnés à la Faculté de droit; le
nouveau collège fut transporté au noviciat des jésuites, qui
jadis avait eu la gloire de compter Bourdaloue parmi ses élèves;
c'est là, près de la porte Saint-Nicolas, dans les maisons
occupées de nos jours par l'hôpital de Saint-Stanislas, au coin
de la rue Saint-Dizier et de l'ancienne rue étroite et fort
irrégulière de Paille-Maille (maintenant rue des Fabriques), que
les Nancéiens ont fait leurs classes de 1768 à 1790 (31).
Lionnois surveilla l'installation avec une grande vigilance.
J'ai toujours admiré ces hommes qui s'arrachent à leurs études,
pour descendre aux plus humbles détails du ménage; mais combien
ces détails sont relevés, quand il s'agit de la santé et du
bien-être des jeunes gens qu'un leur a confiés comme un dépôt
sacré.
Lionnois trouva des maitres dignes de lui ; ils étaient au
nombre de dix (32), presque tous prêtres séculiers; ils
logeaient dans une maison du collège, appuyée dans la rue
Paille-Maille sur les vieilles fortifications de la ville. Ils
étaient ainsi a côté de leurs élèves, toujours prêts à les
conseiller aussi bien pour leurs devoirs classiques que pour la
direction morale. Ces élèves étaient assez nombreux ; Lionnois
sut retenir ceux des anciens jésuites et en attirer de nouveaux.
On l'avait laissé libre de créer un pensionnat dans le collège ;
il profita de cette licence, il fit, pour loger ses
pensionnaires, de nouvelles constructions fort coûteuses sur la
cour intérieure du noviciat, on le remboursa en partie avec le
produit de la vente des bâtiments des jésuites, situés prés de
Saint-Roch ; mais jamais il ne put recouvrer toutes les sommes
qu'il avait dépensées.
Pendant huit ans, de 1768 à 1776, il resta à la tête du collège
et le dirigea avec une sagesse à laquelle ses adversaires mêmes
rendirent justice. Tout absorbé qu'il était par les travaux de
l'administration, il surveilla le cours des études et
introduisit dans les classes d'utiles réformes grâce à lui, le
grec fut enseigné pour la première fois à Nancy. On se plaignait
des anciennes grammaires latines, trop touffues, trop chargées
de citations il écrivit un traité élémentaire sur les principes
de cette langue (33) ; cet ouvrage lui coûta bien des labeurs et
il choisit cette épigraphe
Fronte exile negotium
Et dignum pueris putes :
Agresses labor arduus (34).
Mais les services qu'il rendit à la jeunesse furent une
récompense suffisante pour ce Lhomond de Nancy. En même temps
que la grammaire, les autres traités qu'il avait composés pour
son pensionnat étaient mis entre les mains des élèves du collège
; seulement Lionnois eut, au sujet de ces livres, bien des
ennuis. Il les avait fait imprimer à ses dépens, puis il avait
cédé le fonds de son magasin, moyennant 8,000 livres au cours de
France, au sieur Henry, libraire dans notre cité. Henry
prétendait avoir été trompé lors du marché ; il publia contre le
principal un mémoire fort vif auquel celui-ci fut obligé de
répondre (35). Le libraire prouva ses torts, en partant pour la
Russie, sans naturellement solder ses comptes. Il y emporta
presque toute l'édition des Tables historiques ; ce fut pour
l'abbé Lionnois une très grande perte d'argent d'abord, puis de
réputation; car ces tables, qui se propageaient en Russie,
demeuraient ignorées en France.
Les études du collège de Nancy étaient fécondes: mais bientôt
l'argent vint à manquer. Sur les biens confisqués des jésuites
il fallait payer les pensions des anciens membres de l'ordre, le
traitement des principaux et professeurs des collèges,
différentes rentes, des indemnités de logement au recteur de
l'Université, à des professeurs de la Faculté de droit et de
médecine. Les revenus de ces biens ne furent bientôt plus
suffisants pour couvrir les dépenses; l'on vendit un certain
nombre de maisons, mais on sacrifia de la sorte l'avenir au
présent. Bientôt l'économe-séquestre fut obligé de déclarer
qu'il lui était impossible de pourvoir aux dépenses des
collèges. Il fallait prendre une mesure ; alors, en 1776, se
présenta une congrégation riche et puissante, celle des
chanoines réguliers de Nôtre-Sauveur qu'avait créée au XVIIe
siècle le bienheureux Pierre Fourier; elle offrit de diriger les
collèges de Nancy, de Pont-à-Mousson, d'Épinal et de Bouquenom,
à l'unique condition qu'on la laisserait jouir des biens de
l'ancienne société de Jésus ; on accepta ce marché, tout en
stipulant que sur ces biens continueraient de peser un certain
nombre de charges (36). Une pension devait être donnée aux
professeurs qui allaient quitter le collège ; Lionnois obtint
pour sa part 200 livres. C'était une faible compensation pour
toutes les sommes qu'il avait affectées au pensionnat, pour huit
années de labeurs et de soucis incessants. Il réclama vivement
auprès du Conseil d'Etat; et on fit droit à sa requête le 26
septembre 1777 (37). Le Conseil d'État lui conserva tous les
honneurs et privilèges dont il était en possession dans
l'Université de Nancy, le nomma doyen honoraire de la Faculté
des arts; enfin, il lui accorda, outre les 200 livres dont nous
venons de parier, 1,600 autres livres de pension viagère, comme
indemnité des dépenses faites par lui au collège; cette
indemnité, comme la précédente, devait être soldée par la
congrégation de Nôtre-Sauveur.
Au 1er septembre 1776, Lionnois avait quitté le collège dont les
chanoines réguliers prirent possession. Il se trouvait assez
riche il avait, outre sa pension, quelques maisons à Nancy;
l'hôtel d'Olonne, au n° 27 de la rue de la Source, était sa
propriété; une autre demeure sur la place de Grève (le n° 7 de
la place de l'Académie), deux maisonnettes de la rue Derrière
(aujourd'hui rue Jacquard) dépendaient encore de lui (38). Il
fixa pourtant sa résidence ailleurs; le 10 novembre 1777, il se
rendit acquéreur de la maison qui porte aujourd'hui le n° 41 de
la Grande-Rue; le 27 du même mois, il recevait les clefs des
mains du notaire Pierson, montait dans la chambre du premier
étage, allumait dans la cheminée un paquet de chanvre nu (39) ;
dès lors il en était légitime propriétaire. Il vécut là jusqu'en
l'année 1802, allant pourtant chercher lors de la belle saison
quelque fraicheur et quelque repos à sa maison de campagne de la
Calaine. Elle était située sur la côte Sainte-Catherine et elle
touchait par une de ses extrémités au ruisseau de Boudonville
(40); Lionnois parle d'elle dans son Histoire de Nancy (41) avec
un véritable amour ; près de là se dressaient les somptueuses
villas d'Auxonne et de Montbois; mais je suis bien sur que
l'ancien principal préférait son humble demeure aux riches
lambris qui décoraient les châteaux de ses voisins.
Au moment où Lionnois était condamné d'une façon inattendue à la
retraite, il était dans la force de l'âge; ses fonctions de
vicaire à Saint-Evre qu'il reprit ne suffirent pas pour
l'occuper; et dès lors, il entreprit une série de travaux
historiques. A la prière de quelques-uns de ses élèves du
pensionnat, il rechercha quelles étaient les lointaines origines
de leurs maisons et il reconstitua leur arbre généalogique. Dès
1777, il donna un catalogue de toutes les pièces qui
concernaient la branche des marquis du Hautoy de Clémery, depuis
l'an 1454 jusqu'à son époque (42) ; la même année, il fit un
travail analogue et plus important pour la maison de Raigecourt
dont l'antiquité était plus reculée, puisqu'elle remontait en
1243 (43). Un peu plus tard, à la prière du comte de Saintignon,
seigneur de Puxe et autres lieux, lieutenant général au service
de l'Autriche, il catalogua les archives de cette maison et il
publia sur elle un gros ouvrage, fort estimé de tous ceux qui
s'occupent de nos anciennes familles de la Lorraine et des
Trois-Ëvechés (44). Mais ces livres, tout précieux qu'ils
soient, étaient trop particuliers et trop arides pour faire
pénétrer son nom dans la foule ; aussi résolut-il d'employer ses
loisirs à l'histoire même de la ville qu'il habitait et à la
description des monuments qui s'y dressaient. Voici comment
l'idée d'un tel projet se présenta à son esprit.
Dans l'ancienne église du noviciat des Jésuites avait jadis de
enterrée une princesse de Lorraine, fille du duc François Ier et
décédée en 1621 ; on y avait dépose aussi les cœurs de la
princesse Antoinette, duchesse de Clèves et de Juliers, + 1610 ;
du cardinal Charles de Lorraine, évêque de Metz et de
Strasbourg, + 1607 ; des grands ducs Charles III, Charles V,
Léopold; du prince Clément, fils de Léopold, ravi a l'affection
de son père en 1723 et trompant par sa mort les espérances des
Lorrains. Quand le collège fut installé au noviciat, quand
l'église en fut affectée à la paroisse Saint-Nicolas, on songea
à transférer ces vénérables reliques à la Chapelle ronde, au
couvent des Cordeliers. La cérémonie eut lieu le 25 mars 1772
(45) ; Lionnois fit remise des cœurs et des ossements ; les
gentilshommes les plus nobles de l'ancienne chevalerie lorraine
se disputèrent l'honneur de tenir les coins du poêle; l'évêque
de Tout, Mgr Drouas, prononça l'oraison funèbre (46). Cette
solennité fit sur l'esprit du principal une impression profonde
: ces princes dont la poussière était transportée sous la
coupole des Drouin, avaient jadis rempli le monde du bruit de
leurs exploits. Ne devait-on pas raconter à la postérité quel
était le lieu de leurs sépultures; ne fallait-il pas recueillir
pour elle les épitaphes gravées sur leurs tombeaux ? Le 25 mars
1772, Lionnois avait déjà formé dans sa tête le plan de ses
Essais sur la ville de Nancy
Lorsque plus tard Lionnois eut quitté le collège, d'autres
considérations le vinrent fortifier dans son dessein. Le comte
de Saintignon lui avait remis un recueil manuscrit des épitaphes
de l'ancienne abbaye de Saint-Paul à Verdun. Ce recueil avait
été fait sur l'ordre de l'évêque, Nicolas Psaume, au moment où
Charles-Quint menaçait la ville de Verdun et où l'on détruisit
la célèbre abbaye (47). Lionnois le livra à la presse (48), et
il se dit: « Sans la sage précaution de Psaume, toutes ces
inscriptions, si précieuses pour l'historien, auraient à jamais
péri. Qu'arriverait-il, si un accident frappait l'église des
Cordeliers ? Ne devons-nous pas imiter l'exempte donne par le
prélat de Verdun. » Et voilà pourquoi avec les épitaphes
recueillies à Saint-Paul de Verdun, il fit imprimer celles des
ducs de Lorraine qui reposaient sous les dalles de la chapelle
ronde. Puis, il se fit cet autre raisonnement : « Une simple
copie de ces épitaphes de nos ducs peut ne pas présenter
d'intérêt pour le lecteur, ne lui faut-il pas apprendre ce
qu'étaient, ces anciens princes, lui résumer l'histoire de leurs
exploits ? Sans doute aussi, il serait utile d'ajouter aux
épitaphes la description des tombeaux, à la description des
tombeaux celle de l'église qui les contient, à la description de
l'église celle de la ville où elle s'élève. » De ce raisonnement
sortirent les Essais sur la ville de Nancy publiés encore en
l'année 1779, à la Haye (49). Nous venons d'en faire l'éloge et
aussi un peu la critique. L'ouvrage est des plus précieux pour
la topographie de Nancy au XVIIIe siècle; de plus, on y trouve
une foule de renseignements sur le passé de la ville, sur les
transformations qu'elle a subies au cours des siècles, sur les
changements des noms des rues mais Lionnois est parti, si j'ose
dire, d'un mauvais côté; il s'est placé à un point de vue trop
humble; il a décrit la ville moins pour elle-même que pour les
épitaphes qu'elle renferme; s'il en admire la beauté, c'est
plutôt de confiance, par patriotisme local, que par véritable
sentiment artistique.
Les Essais furent dédiés à Charles-Alexandre, fils puîné du duc
Léopold et frère de l'ancien empereur d'Allemagne François Ier.
Charles qui gouvernait les Pays-Bas au nom de Marie-Thérèse, fut
très sensible à cette attention. Il fit sans doute imprimer le
volume à ses frais; il envoya à Lionnois son portrait et une
magnifique tabatière d'or, remplie d'or. Il le pria de se rendre
à Bruxelles et, quand l'ancien principal eut accepté
l'invitation, il lui donna les témoignages de la plus vive
amitié (50).
Dans les Essais, il n'était question que de la ville vieille.
Lionnois avait promené tour à tour son lecteur des Cordeliers à
Notre-Dame, des Dames Pècheresses à Saint-Evre et à
Saint-Michel; un nouveau volume devait décrire les sanctuaires
de la ville neuve, et les beaux monuments civils dont Stanislas
venait d'embellir la cité. Ce second tome était achevé en 1788
(51) et nous en avons conservé le manuscrit, de la main de
Lionnois (52). Mais des difficultés pécuniaires empêchèrent
l'auteur de l'imprimer son protecteur, le prince Charles, était
mort, et, à Nancy, peu de personnes s'intéressaient au passé de
leur ville et à ces institutions que la Révolution allait
emporter.
Il nous est resté peu de traces de la vie de Lionnois dans les
dix années qui précèdent le cataclysme. Il refit deux nouvelles
éditions de sa Mythologie ; quand le siège épiscopal de Nancy
eut été crée, il publia pour les fidèles du nouveau diocèse un
Bref perpétuel pour la récitation l'office divin (53) ; enfin,
il se montra plein de charité et de miséricorde envers les
pauvres et tous ceux qui souffraient. J'ai plaisir à vous
raconter un trait de sa vie, peu connu et qui lui fait le plus
grand honneur.
L'hiver de 1783 à 1784 avait été particulièrement dur; le froid
était fort vif, la neige ne cessait de tomber, la misère des
pauvres gens était extrême; une série de semblables hivers
allaient se succéder et ils expliquent en partie la Révolution.
La charité alla au-devant des malheureux ; on vit un seigneur
anglais, résidant à Nancy, faire distribuer chaque jour du vin,
du bouillon et de la viande à dix-huit pauvres de la paroisse de
Saint-Evre. Mais, dans ce concours de bonnes volontés, Lionnois
se distingua entre tous. Il alla quêter de porte en porte; il
écrivit aux officiers du régiment du Roi, infanterie, pour leur
demander leur aide et ces braves gens, aussi généreux que
courageux, lui envoyèrent chaque matin 600 livres de pain. Les
officiers de Royal-Auvergne et du régiment d'Artois, dragons, ne
restèrent pas en arrière; ils suivirent l'exemple donné par
leurs camarades. Lionnois adressa aussi des requêtes à tous les
corps constitués le Parlement, la Chambre des comptes, le
chapitre de la Primatiale, l'Université, le Présidial,
l'Hôtel-de-Ville, les juges-consuls, les fonctionnaires du
domaine, la communauté des Juifs lui votèrent des subsides ; il
réunit ainsi des sommes assez considérables et il créa des
ateliers de charité ; les femmes et les enfants furent employés
à balayer les rues couvertes d'une épaisse couche de neige.
Lionnois, en procurant du travail aux malheureux, soulagea leur
misère sans les humilier; il rendit en même temps service aux
habitants de Nancy, qui purent s'aventurer hors de leurs
demeures. Sa conduite lui valut les justes félicitations de
l'évêque, Mgr de Fontanges, et de l'intendant, M. de la Porte
(54).
Cependant la Révolution éclatait, et bientôt, les rapports entre
l'Église et l'État se tendirent. Les biens du clergé furent mis
à la disposition de la nation ; l'Etat s'empara définitivement à
Nancy des revenus des jésuites qu'administraient les chanoines
réguliers et sur lesquels était payée la pension de Lionnois.
Lionnois se trouvait ainsi privé, aux approches de la
vieillesse, du fruit de son travail ; ses libraires l'avaient
trompé; puis, comme il comptait toucher toute sa vie sa rente de
1,800 livres, il s'était lancé dans d'aventureuses constructions
« Il avait, nous dit son biographe Psaume, deux passions
extrêmement dispendieuses, celle de se faire imprimer et celle
de bâtir. » Ses dettes déjà alors étaient considérables ; aussi
!e décret de l'Assemblée constituante fut-il pour lui plus que
la ruine ; il le réduisit dans une situation fort voisine de la
misère ; à partir de ce jour, Lionnois ne vécut plus que
d'expédients; il vendit une à une ses propriétés; il se défit
même de sa maison de la Calaine qu'il aimait tant ; il lui
adressa, plus tard, un touchant adieu (55), semblable à celui
que Casimir Delavigne dira à sa belle campagne de la Madeleine
Je pars, il le faut, et je cède;
Mais le coeur me saigne en partant.
Qu'un plus riche qui te possède
Soit heureux où nous l'étions tant !
La situation devint encore plus grave pour Lionnois, le jour où
l'Assemblée nationale eut voté la constitution civile du clergé,
et celui où elle exigea de tous les prêtres, en fonction dans
les églises, le serment de maintenir de tout leur pouvoir la
nouvelle loi ecclésiastique. Il avait salué avec enthousiasme
l'avènement de la Révolution ; les principes de justice et
d'égalité qu'elle proclamait étaient les siens (56). Mais la
constitution civile du clergé blessait profondément la
conscience du pieux prêtre ; elle était en contradiction avec
les dogmes de l'Eglise ; elle créait un véritable schisme. Aussi
ne voulut-il pas prêter le serment, et il quitta sa charge de
vicaire général de Saint-Evre que depuis 1776 il remplissait
sans aucune rétribution.
L'abime entre la Révolution et le clergé se creusait chaque jour
plus profond. Le 29 novembre 1791, la Législative exigea le
serment, même des ecclésiastiques non fonctionnaires, s'ils ne
voûtaient pas perdre les pensions qui leur avaient été
maintenues ; Lionnois fit encore la sourde oreille et peut-être
fut-il privé à ce moment des pensions dont il avait joui sous
l'ancien régime. C'était faire preuve d'abnégation et même de
courage : car ne menaçait-on pas déjà alors de la déportation
les prêtres réfractaires ?
Cependant quand la Législative eut suspendu Louis XVI de ses
pouvoirs, elle modifia la formule autrefois imposée aux prêtres
; elle n'exigea plus d'eux un assentiment à la constitution
civile, mais seulement un serment à la liberté et à l'égalité.
Cette fois-ci, Lionnois n'hésita pas à le prêter; il jura, dans
la sincérité de son coeur, en septembre 1792, d'être fidèle à la
liberté et à l'égalité. Comme on attaquait vivement sa conduite,
comme on lui reprochait de ratifier toutes les mesures violentes
que la Convention prenait à ce moment même, il se défendit avec
une très grande vivacité et une véritable éloquence. Une
religieuse de Metz qui avait prêté le même serment éprouvait des
remords ; elle demanda conseil à Lionnois et celui-ci la
rassura. « Moi aussi, lui dit-il, dans une lettre rendue
publique, j'ai juré fidélité à la nation, à la liberté, à
l'égalité j'ai juré de mourir en les défendant. J'y suis bien
résolu et déterminé, parce que je crois dans le fond de mon âme
que ces sentiments sont bons, que j'en connais les avantages
pour les autres et pour moi, que d'ailleurs les choses qui en
sont l'objet sont justes et légitimes. » Il repoussa ensuite le
reproche d'être schismatique et il termina par ces paroles: «
Voila les principes qui nous ont déterminés à faire le serment
en question. Que ceux qui l'ont refusé nous montrent non par des
visions et des injures, mais par des raisons solides que nous
nous sommes trompés; bien loin de résister, nous recevrons leur
avis avec reconnaissance et rétracterons tout ce que la
faiblesse humaine aurait pu nous faire adopter de contraire à la
foi... On ne manquera pas de nous accuser de jansénisme. C'est
le grand cheval de bataille de tous ceux qui n'ont point de
raison à donner aux ignorants et aux idiots qui veulent bien les
écouter. A cette imputation calomnieuse qui ne fait plus de
sensation, outre le mentiris impudentissime que nous pourrions
opposer, nous répondrons qu'il n'est point question ici de
jansénisme, mais de préceptes très importants de l'Evangile et
de maximes très claires de la morale (57). » La conduite de
Lionnois fut en somme très nette; il repoussa toujours avec
véhémence tout serment, qui impliquait une adhésion à la
constitution civile du clergé, contradictoire avec les maximes
du catholicisme mais sa conscience ne lui défendait point de
jurer des serments politiques qui attestaient sa fidélité au
gouvernement établi.
Combien Lionnois était attaché à son culte et à ses devoirs de
prêtre, il le montra aux sombres jours de la Terreur. Le 18 août
1793, il fut mis sur la liste des citoyens qui devaient rester
en surveillance ; il se cacha dans la cave de sa maison de la
Grande-Rue; mais, tous les matins, il montait dans le cabinet du
premier étage et y disait sa messe. On voit encore aujourd'hui
une fenêtre fort étroite, au-dessus de la porte d'entrée : elle
éclaire la petite salle où Lionnois, au péril de sa vie, offrait
le saint sacrifice en 1793 et en 1794. Parfois aussi, l'abbé
s'échappait de sa demeure, pour porter au dehors quelque
consolation à un fidèle (58). Son dévouement le rendit de plus
en plus suspect ; à cinq reprises il réclama des autorités un
certificat de civisme ; à cinq fois il lui fut refusé (59).
De meilleurs jours allaient se lever. Dès 1795, prêtres
assermentés comme prêtres réfractaires revinrent d'exil ou
sortirent de leurs retraites (60). Les premiers s'emparèrent des
élises, et y célébrèrent l'office divin; à Nancy, grâce aux
soins d'un comité ou presbytère qui remplaçait l'évêque élu
démissionnaire, la cathédrale fut de nouveau consacrée au culte
du Christ. Les prêtres réfractaires, de leur coté, tenaient de
nombreuses réunions; les fidèles se pressaient autour des uns et
des autres; il y eut alors une véritable renaissance de la vie
religieuse. Malheureusement, entre les deux fractions du clergé,
les haines étaient fort vives. On le vit bien quand, en 1797, il
fut décidé qu'un grand concile national, destiné à organiser
l'Eglise sortie des persécutons, se réunirait à Paris. L'évêque
métropolitain de la Marne avisa le presbytère de la Meurthe de
ce projet dont l'honneur revint en grande partie à l'ancien curé
d'Emberménil, Grégoire, devenu le chef du clergé
constitutionnel. Il l'invita à être un représentant, et à réunir
le clergé du département en synode diocésain, pour qu'à son tour
celui-ci choisit un délégué (61). L'assemblée synodale fut fixée
au 26 juillet (62); mais cette annonce causa une vive colère au
camp des prêtres assermentés. Lionnois fut parmi les plus
exaltés. Lui qui s'accommodait si bien du régime de la
République, qui avait même pour lui de secrètes sympathies,
nourrissait contre l'Église constitutionnelle une vive haine; à
la lettre circulaire lancée par le presbytère de la Meurthe, il
répondit par une brochure anonyme qui eut dans notre cité le
plus grand retentissement (63). Il montra que l'Église
constitutionnelle était schismatique, et, pour faire cette
preuve, il se borna à citer les rétractations des anciens
évêques et vicaires élus en 1791, telles que les enregistraient,
avec complaisance les Annales catholiques, journal opposé par le
parti réfractaire aux Annales de la religion, inspirées par
Grégoire. Il termina en disant « Nous prêtres catholiques du
diocèse de Nancy érigé par bulle expresse du souverain pontife,
nous sommes unis à notre évêque, qui l'est au pape, à qui se
réunissent comme au centre commun toutes les Églises catholiques
de l'univers. Messieurs du presbytère nous citent dans leurs
lettres un métropolitain de la Marne et un évêché de la Meurthe.
Nous connaissons les rivières de la Marne et de la Meurthe ;
mais nous n'avons encore trouvé dans aucune carte ecclésiastique
ni dans l'histoire d'aucun peuple catholique l'érection
canonique de ces évêchés. Où peut-on en être instruit ? »
Lionnois avait refusé toute adhésion à ceux qui se rattachaient
à l'ancienne Église constitutionnelle. Pourtant lorsque, à
quelque temps de là, eut. éclaté le triste coup d'État du 18
fructidor, lorsque le Directoire eut exigé de tous les prêtres
serment de haine à la royauté et à l'anarchie, d'attachement et
de fidélité à la République et a la Constitution de l'an III, il
n'eut aucun scrupule à obéir, poussé par les mêmes motifs qui
l'avaient déterminé en 1792. Il publia, cette fois encore, une
brochure pour justifier sa conduite (64). Il passa en revue
chacun des termes du serment imposé et démontra qu'ils ne
pouvaient blesser une conscience catholique : « L'attachement et
la fidélité à la République, dit-il, ne peuvent être refusés par
aucun Français catholique, à plus forte raison par ceux qui
enseignent les préceptes de cette sainte religion. Saint Paul
n'a-t-il pas dit: Que toute personne soit soumise aux puissances
supérieures? `? On doit de même respect à la Constitution,
librement votée et adoptée par les Français. Quel catholique ne
déteste pas l'anarchie ? Mais, objectez-vous, vous ne pouvez pas
jurer haine à la royauté, Lionnois répond : « Que veut donc le
gouvernement nous faire haïr dans la royauté ? Ce qui mérite,
comme dans l'anarchie, d'être haï, c'est-à-dire le crime. Pour
faire détester l'anarchie, et conclure unanimement qu'on peut
lui jurer la haine, il n'a fallu qu'en donner la définition.
Pour inspirer aujourd'hui en France pour la royauté le même
sentiment à tous ceux qui professent la religion chrétienne, il
ne faut que leur montrer la puissance existante actuellement, et
le crime que commettrait la faction qui voudrait la renverser en
rétablissant le trône. »
Grâce à ce serment et à son âge déjà avancé (il était presque
septuagénaire), Lionnois échappa aux persécutions dont l'Église
de France fut de nouveau victime à la fin de 1797 et au début de
1798 (65). Au milieu des soucis de tous genres qui
l'assaillaient, il songeait souvent à son histoire de Nancy,
complètement achevée et qu'il lui était impossible de publier
faute de ressources. En 1797, on lui demanda pour un almanach
quelques pages sur l'État ancien et actuel de la ville: à défaut
de son grand ouvrage, il mit sous presse une brochure (66) où il
compare le Nancy de cette date au Nancy d'avant la Révolution.
Les divers régimes qui s'étaient succédé depuis 1789, avaient
imposé des noms divers aux places et aux rues de notre cité; la
place des Dames s'était tour à tour appelée place Marat et place
des Vétérans; la Petite-Carrière était devenue petite place de
la République, après avoir été place Philopœmen; un titre
nouveau avait été imposé à chacune des portes qui embellissent
notre ville: au lieu de porte Sainte-Catherine, on disait porte
de la Garde nationale ; au lieu de porte Saint-Nicolas, porte de
la Constitution, etc. De toutes ces mutations il était résulté
que Nancy était devenue aussi inconnue à ses anciens habitants
qu'aux étrangers. Lionnois voulut bien leur servir de guide à
travers la nomenclature révolutionnaire, et aujourd'hui que ces
noms sont retombés dans l'oubli, il nous conduit notre tour à
travers le Nancy de cette époque, théâtre de tant de scènes à la
fois tragiques et comiques, sublimes et grotesques.
Cependant, après l'organisation du Consulat, la situation
devenait meilleure pour le clergé. Lionnois se remit au travail
et remania entièrement sa Mythologie. La conquête de l'Égypte
par Bonaparte avait mis les savants de l'Europe en face d'une
civilisation jusque-là à peu près ignorée. Le mystère des
hiéroglyphes piquait vivement la curiosité, tandis que la
grandeur des monuments du désert frappait les imaginations. On
ne douta point que ces caractères, que ces gigantesques
pyramides étaient autant de symboles qui cachaient quelque
vérité astronomique ou bien quelque enseignement moral. On
soutint que le sens symbolique avait été peu à peu oublié,
qu'insensiblement on avait pris l'habitude de regarder ces
monuments comme des divinités et de leurs rendre hommage on fit
ainsi remonter à l'Egypte l'origine de la mythologie et de la
fable. Lionnois développa cette thèse avec force détails dans la
quatrième édition de sa Mythologie, parue en 1801 (67) Il nous
explique avec beaucoup d'assurance les mystères qui se dérobent
sous les symboles égyptiens. Voulez-vous savoir ce que veut dire
le sphinx, cette figure composée d'une tête de jeune fille et du
corps d'un lion couché ? Lionnois vous le dira: « Cela
signifiait qu'il fallait rester oisif sur les terrains élevés de
l'Égypte, tant que l'inondation du Nil durerait, et qu'elle
continuerait au moins pendant deux mois dans sa force, savoir,
tout le temps que le soleil parcourrait les signes du Lion et de
la Vierge (68) ». On oublia, d'après Lionnois, ce sens ; on
considéra le sphinx non plus comme un signe, mais comme un
monstre, comme un être vivant; de l'Égypte, il émigra en Grèce
et ainsi est née la fable d'Œdipe. Tous les mystères de
l'antiquité ont une origine analogue. Le livre classique que
Lionnois avait écrit dans sa jeunesse pour les élèves de son
pensionnat devenait de la sorte un gros ouvrage à thèse, à la
très grande gloire du Premier Consul ; la Mythologie se
terminait par une description de l'Egypte, « la contrée la plus
féconde du monde entier » : elle se remplissait de flatteries à
l'adresse « du très prudent et très heureux Bonaparte ». Sur le
titre même, on lit « Dès la deuxième année de son consulat,
Bonaparte donne la paix à l'Europe entière. Que ne fera-t-il les
années suivantes (69) ? »
Mais l'ouvrage n'enrichit pas son auteur. La situation de
Lionnois devenait de plus en plus obérée et il lui fallut
bientôt se résoudre à quitter sa maison de la Grande-Rue, où il
vivait depuis 35 années. Le 2 floréal an X (22 avril 1802), il
la vendit à Anne-Marie Breton (70); le prix servit à
désintéresser ses créanciers et, quand toutes les dettes furent
réglées, il ne lui resta qu'une fort petite somme et quelques
meubles; pourtant de son naufrage il avait sauvé un trésor: sa
bibliothèque, ses chers livres qu'il aimait tant, qui avaient
été sa consolation dans le malheur et qui vont lui rendre plus
doux ses derniers moments (71). Lionnois se retira au n° 17 de
la rue de l'Opéra (72); il vécut encore quatre années dans sa
nouvelle demeure, située à côté de celle où devait mourir plus
tard l'illustre savant Braconnot.
Le malheur fondait sur Lionnois à un moment où le poids de l'âge
était déjà fort lourd et où les maladies commençaient à le
saisir. Peut-être quelque allégement eût-il été apporté à sa
misère, si ses concitoyens lui avaient témoigné la juste estime
qu'il méritait. Mais on lui reprochait d'avoir été favorable à
la Révolution, en prêtant les serments d'égalité et de haine à
la royauté ; ce modéré qui avait pris une position si originale
entre les deux partis était maintenant repoussé partout. En
particulier, votre Compagnie l'oublia. Dissoute comme toutes les
autres institutions de l'ancien régime en 1793, l'Académie de
Stanislas s'était reconstituée en juillet 1802 sous le titre de
Société libre des sciences, lettres et arts de Nancy. Cette
restauration était surtout l'œuvre des professeurs de l'École
centrale Mollevault, de Haldat, Coster, qui enseignaient les
langues anciennes, la physique, l'histoire. La Société qui se
plaça sous le protectorat du vainqueur de Marengo, qui mit
aussitôt au concours un éloge du 18 Brumaire (73), ne pouvait
accueillir, malgré la nouvelle édition de la Mythologie, le
prêtre qui avait juré en fructidor. Il se trouva pourtant un
homme pour réclamer: ce fut un ami intime de Lionnois, Étienne
Psaume, le seul citoyen de Nancy qui vota contre les projets de
Bonaparte (74). Il écrivit dans une lettre adressée à M.
Mollevault et qu'il répandit dans la ville : « Les membres
résidants de la nouvelle Société m'ont paru tous des hommes d'un
mérite connu. J'ai pourtant regretté de n'y point voir d'autres
hommes recommandables et entre autres un vieillard estimable,
qui a consacré son existence et ses talents à l'instruction
publique et qui a publié divers ouvrages élémentaires sur cette
matière. Mais un de ses premiers titres à la dignité
d'Académicien de Nancy, c'est qu'il a débrouillé le chaos des
antiquités de cette ville, dans quelques ouvrages depuis
longtemps publics, et dans d'autres qu'il se propose de publier
encore. J'aime donc à croire que cette légère omission sera
réparée dans une de vos prochaines séances (75) » Psaume
réclamait en outre le titre de membre national pour Palissot,
dont la querelle avec Jean-Jacques Rousseau avait jadis fait
beaucoup de bruit. La Société des arts fit droit à cette
dernière demande, Palissot fut élu. Mais Lionnois mourut sans
avoir reçu satisfaction. La Compagnie ne lui rendit justice que
lorsqu'il ne fut plus là. Dans la séance du 22 novembre 1806,
elle souscrivit à l'Histoire de Nancy, alors sous presse (76)
;et, aujourd'hui, à 84 années de distance, je lui fais, en votre
nom, les honneurs de votre assemblée.
Psaume montra bientôt, d'une autre façon encore, la tendre
amitié qu'il professait pour Lionnois, la haute estime dans
laquelle il le tenait. Depuis 1788, l'ancien vicaire de
Saint-Evre avait achevé son histoire de la Ville-Neuve de Nancy
qui devait faire pendant aux Essais sur la Ville-Vieille parus
en 1779. Cette histoire devenait d'autant plus précieuse que
beaucoup des monuments qui y étaient décrits avaient disparu
dans la tourmente révolutionnaire. Psaume songea à la publier ;
c'était contribuer à la gloire de Lionnois, c'était aussi une
manière fort délicate de lui venir en aide. Une souscription fut
ouverte au début de 1803 (77) ; elle fut accueillie avec
beaucoup d'indifférence. Psaume eut beau faire insérer des avis
dans le Journal de la Meurthe (78) ; il eut beau multiplier les
démarches : les promesses de paiement furent, rares. Le zèle
pour les études historiques s'était refroidi, à une époque qui
fournissait à l'historien de si grands événements et une si
belle matière. En 1805 pourtant, grâce aux encouragements de
Psaume, un volume parut; seulement, sur la demande de quelques
souscripteurs, Lionnois commença son ouvrage par la
Ville-Vieille (79), reprenant ses anciens Essais de 1779 et les
complétant, indiquant aussi les graves modifications survenues
dans la période de la Révolution. Il fit d'abord l'historique de
la ville, puis seulement passa aux monuments ; brisant le cadre
trop étroit des Essais, il insista davantage sur la beauté des
édifices et multiplia les digressions sur les grandes cérémonies
dont jadis ils virent la pompe. L'histoire de la Ville-Neuve
suivit la description de la Ville-Vieille; là s'arrête le
premier volume. Lionnois n'eut plus la joie de voir paraître les
deux autres, où sont énumérées les rues, les places, les églises
de la cité de Charles III : ils furent publiés longtemps après
sa mort, en 1811 (80), grâce à Psaume, à l'éditeur Haener et à
un ancien magistrat de la cour, Michel-Hubert Oudinot. On a
accusé parfois Oudinot d'avoir tronqué l'oeuvre de Lionnois,
d'avoir fait notamment des coupures dans le troisième volume
(81); mais ces reproches tombent si l'on compare l'édition avec
le manuscrit retrouvé et déposé aujourd'hui à la Bibliothèque
publique de Nancy (82). Les deux derniers volumes, comme le
premier, ont été composés par Lionnois; c'est l'ouvrage même tel
qu'il était écrit en 1788 (83). Seulement la dernière main de
l'auteur n'y a pas été mise l'on s'aperçoit que Lionnois n'était
plus là. Ces deux tomes contiennent des emprunts trop visibles à
des histoires antérieures, notamment à Dom Calmet (84); ils
renferment, de nombreuses redites. Ces taches auraient disparu
si Lionnois avait encore pu les revoir.
Mais Lionnois n'était plus là : le 14 juin 1806, il s'était
éteint à l'âge de 76 ans, après deux années de souffrances
physiques, dans son humble demeure de la rue de l'Opéra (85) ;
et la mort fut pour lui une délivrance. Il avait supporté son
malheur avec grande résignation. Un contemporain rend de lui ce
témoignage « Il avait dans l'indigence je ne sais quoi de
vénérable qui ajoutait encore au respect qu'il inspirait (86). »
Pourtant, il fut heureux quand vint l'heure dernière, celle où
il allait jouir au ciel de la récompense d'une vie consacrée
tout entière au travail, au bien, à l'accomplissement à la fois
rude et doux du devoir.
Il fut enterré au cimetière des Trois-Maisons, à la place où
s'élève de nos jours l'une des grandes imprimeries de notre
ville. Un commerçant de Nancy, poète à ses heures, lui composa
une épitaphe un peu prétentieuse (87).
Ce savant vertueux, au sein de sa Patrie,
Sans se plaindre, expira sous le poids du malheur ;
O vous qu'il chérissait jusqu'à l'idolâtrie,
Pleurez-le, Nancéiens, il vous légua son coeur.
A quelque distance de l'endroit où reposait Lionnois, avaient
été déposés en 1793 les restes des anciens ducs de Lorraine ils
avaient été transportés là par les soins de l'administration
municipale, après qu'on eut brisé les cercueils de la Chapelle
ronde (88). Ainsi l'historien dormait tout près des héros dont
il avait raconté les exploits: près de René II, l'heureux
vainqueur du Téméraire, près de Charles V, jadis si redoutable
aux Turcs (89) !
Messieurs, d'autres citoyens de Nancy ont un renom plus grand
que Lionnois; mais leur gloire est, si j'ose dire, plus générale
; ils appartiennent à la Lorraine ou à la France; Lionnois
appartient tout entier à Nancy. Son nom est intimement uni à
celui de notre cité et voilà pourquoi sa mémoire ne périra pas,
tant que nos magnifiques monuments resteront debout, tant que
Nancy tiendra une place brillante dans les sciences, dans les
lettres ou dans la politique, tant qu'elle méritera la
réputation d'une des villes à la fois les plus belles et les
plus polies de l'Europe ce sont là, certes, des garanties
d'immortalité.
APPENDICE
I.
La bibliothèque publique de
Nancy possède deux lettres autographes de Lionnois, l'une
adressée à M. Villemet, et datée du 30 avril 1805 ; il en a été
question à la page LXXII, note 2. Nous donnons ici le texte de
la seconde, qui nous donne quelques renseignements assez curieux
sur le pensionnat de Lionnois
A Monsieur Breton, lieutenant général au bailliage royal de
Pont-à-Mousson.
A Nancy, 3 mai 1766.
J'ai chez moi un jeune homme nommé Chardard, théologien depuis 4
ans, que l'on dit être déclaré fuiard, pour ne pas s'être
présenté lors du tirage à la Milice dans votre ville permettez,
Monsieur, que j'aye l'honneur de vous observer que ce jeune
homme avoit obtenu un passe-port pour Luxembourg, dez le mois de
février; que cette ville ne lui ayant pas fourni les ressources
qu'il espéroit, il me fit demander si je pouvais le recevoir
chez moi en qualité de précepteur: sur le bien que j'en avois
ouï dire, je priai son père de me l'envoyer en conséquence, il
revint à Pont-à-Mousson, où la mort de sa mère le retint
quelques jours, et de suite chez moi, avant la publication de la
Milice dans votre ville; il doit donc être censé de Nancy,
puisqu'il y a établi sa demeure. On ne peut donc le revendiquer
que dans la capitale, où il a joui de l'exemption accordée à ma
maison, où l'on n'est pas même venu inscrire. Un seigneur qui
mettroit dehors un de ses domestiques la veille de la
publication de la Milice pour en reprendre un autre, exempteroit
ce dernier, par le droit que le Roi lui accorde. Je pense.
Monsieur, que c'est ici le même cas. Le Roi en m'accordant sa
protection, de même que M. l'intendant et l'hôtel de ville ont
bien voulu m'accorder tout ce qui étoit nécessaire pour n'être
pas troublé dans mes études. Dans le nombre d'enfants qui sont
dans ma maison, il en est plus de 40 qui ont droit d'avoir un
précepteur et un domestique. Dans les 14 maîtres que j'ai, il
n'en est que trois qui par leur état ne soient pas exempts; je
ne pense pas qu'on puisse dire que c'est par fraude que j'ai
pris ce jeune homme. D'ailleurs, il n'a fait qu'en remplacer un
qui m'a quitté. J'espère donc, Monsieur, que vous voudrez bien
avoir égard à ce que j'ai l'honneur de vous représenter dans la
plus grande vérité. Si cependant vous croiez ne pouvoir agir en
sa faveur pour quelque raison que j'ignorerois, je vous prierois
de vouloir m'en faire avertir, pour en faire part à M.
l'intendant, qui voudra bien m'accorder cette nouvelle grâce. Je
suis bien flatté que cette occasion me procure l'avantage de
vous assurer que personne n'est avec plus de respect, Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
J.-J.Lionnois, prêtre.
II.
Voici la liste des
professeurs du collège qui furent remplacés en 1776 par les
chanoines de Notre-Sauveur. (D'après les comptes de pension,
aux. Archives de Meurthe-et-Moselle. H. 2302.)
Desvillers, prêtre, sous-principal.
Marc, professeur de philosophie, plus tard curé d'Imling (auj.
canton de Sarrebourg).
Guillot, professeur de philosophie.
Crud, professeur de mathématiques, né à Chatel-d'Abondance dans
le Chablais, plus tard professeur à Chambéry (Savoie).
Larcher, professeur d'éloquence, plus tard supérieur du petit
séminaire de Châlons-sur-Marne.
Maillete, professeur de géographie.
Ferlet, régent de seconde, plus tard secrétaire de l'archevêque
de Paris et chanoine de Saint-Louis du Louvre.
Massieu, régent de troisième, plus tard curé de Cergy (auj.
canton de Pontoise, Seine-et-Oise), et député à l'Assemblée
nationale.
Maigret, régent de quatrième, plus tard curé d'Azincourt (auj.
canton de Parcq, Pas-de-Calais).
Therrin, régent de cinquième, avocat au parlement de Nancy.
Thourelle. régent de sixième, plus tard curé d'Ailly (auj.
canton de Saint-Mihiel, Meuse).
III.
Extrait des registres du
Conseil d'État du roy, accordant pension de 1,600 livres à
Lionnois. (Archives de Meurthe-et-Moselle H. 2286.)
Le roy s'étant fait représenter en son Conseil les Requêtes et
Mémoires du Sr' Lionnois, ci-devant Principal du Collège de
Nancy, l'état des dépenses qu'il a été autorisé à faire pour
monter le pensionnat dud. Collège de Nancy, ensemble l'avis du
s. Intendant et Commissaire départi en la Province de Lorraine
que Sa Majesté a chargé de vérifier lesd. dépenses, et Sa
Majesté étant informée du zèle et des talents dont led. s.
Lionnois a donné des marques dans l'exercice de ses fonctions,
elle a jugé convenable en lui conservant les honneurs et
privilèges dont il étoit en possession dans l'Université de
Nancy en qualité de Principal dud. Collège de lui assurer un
dédommagement proportionné à ses dépenses à quoi voulant
pourvoir, oui le rapport, Sa Majesté étant en son Conseil a
accordé et accorde au s. Lionnois pour indemnité des dépenses
qu'il a été autorisé à faire pour l'établissement du pensionnat
de Nancy seize cents Livres de pension viagère qui lui seront
payées de six mois en six mois sur ses simples quittances par la
Congrégation des Chanoines réguliers du Sauveur auxquels Sa
Majesté a accordé la régie et administration des biens des
Collèges de Lorraine et sera lad. pension viagère payée aud. s.
Lionnois compter du premier octobre prochain. Veut aussi Sa
Majesté que led. s. Lionnois jouisse à l'avenir du titre de
Doyen honoraire de la Faculté des arts de l'Université de Nancy
et de tous les honneurs, privilèges et exemptions qui peuvent
être attachées à lad. qualité et sera le présent arrêt transcrit
sur les Registres. L'université de Nancy a notifié de l'ordre de
Sa Majesté à qui il appartiendra. Fait au Conseil d'État du Roy,
Sa Majesté y étant, tenu à Versailles le vingt-six septembre mil
sept cent soixante dix sept.
LE PRINCE DE MONTBAREY.
IV.
L'évoque Grégoire avait pour
Lionnois la plus vive estime. Son correspondant à Nancy, le
bibliothécaire Fachot, l'entretint souvent des travaux de
l'ancien principal. Nous détachons des lettres adressées par
Fachot à Grégoire et conservées à la Bibliothèque publique de
notre ville (Manuscrit n° 534, n° 958 du catalogue Favier) les
passages suivants :
Nancy. 28 fructidor an XII - « M. l'abbé Lyonnois vient de faire
paraître le premier volume de son Histoire de Nancy. Il vous
l'enverra incessamment. Il a eu la bonté de me faire passer les
feuilles au fur et à mesure qu'elles étaient tirées Je vous
assure que j'y ai trouvé des anecdotes peu connues et
très-curieuses. J'ai taché de concourir à la perfection de son
ouvrage en lui communiquant les pièces originales dont je suis
possesseur. M. Lyonnois se plaint avec raison de l'insouciance
de la plupart des anciennes familles lorraines, quoiqu'il ait
multiplié les avis et les prospectus. Les souscripteurs ne se
présentent pas en foule. Apparent rari nantes in gurgite vasto»
2 frimaire an XIII. - « Malgré les grandes occupations que nous
a données l'organisation des cinq bibliothèques, la 1re pour la
cour d'appel, la 2e pour M. l'évêque, la 3e pour le lycée, la 4e
pour la mairie et la 5e pour la préfecture, je ne perds pas de
vue la promesse que je vous ai faite de pousser à la découverte
des ouvrages qui vous manquent pour completter votre précieuse
Bibliothèque. Si jusqu'à présent mes recherches ont été
infructueuses, je ne me décourage pas pour cela. J'espère qu'une
occasion favorable me mettra dans le cas de vous prouver que je
mérite votre confiance dans la partie bibliographique. Vous avez
dû recevoir le 1er volume de l'Histoire de Nancy écrite par M.
l'abbé Lyonnois. Ce digne ecclésiastique à qui j'ai communiqué
l'article de votre dernière lettre qui le concerne, a promis
qu'il vous enverrait incessamment ce premier volume. Le second,
qui est maintenant sous presse, s'exécutera avec plus de
promptitude. Il sera encore plus intéressant que le premier à
cause d'un grand nombre d'anecdotes curieuses et peu connues que
l'auteur a sçu y répandre.... »
26 juin 1806. - « Nous venons de perdre deux estimables
ecclésiastiques, M. Sanguiné, curé de Saint-Epvve, et M. l'abbé
Lyonnois, principal émérite de l'ancien collège de l'Université
de Nancy. Ce dernier, mort d'une maladie qui lui a causé les
plus grandes douleurs, n'a pas eu la satisfaction de voir son
Histoire des villes vieille et neuve de Nancy entièrement
imprimée. M. de la Baye, son imprimeur, promet que sur la fin de
cette année, l'ouvrage sera définitivement sorti de ses presses.
Chargé par les parents de M. l'abbé Lyonnois de dresser le
catalogue de ses livres, je me suis acquitté gratuitement et
avec plaisir de cette occupation. Pendant le cours de mon
travail, j'ai trouvé dans les manuscrits de ce sçavant historien
plusieurs cahiers concernant l'histoire de notre pays. Je les ai
remis avec soin à l'imprimeur. Je vous ferai parvenir avec les
mémoires dont je viens de parler un Éloge historique de M.
Lyonnois, il est sous presse. C'est une fleur qu'un de mes amis
jette sur sa tombe. »
7 décembre 1809. -« Quant à l'ouvrage de M. l'abbé Lyonnois sur
la ville de Nancy, l'imprimeur pourra bientôt le livrer au
public le second volume est fort avancé. J'en corrige les
épreuves. »
20 mars 1810. « L'impression de l'histoire de Nancy touche à sa
fin, j'en corrige les épreuves et la 500e page du second volume
est déjà imprimée. J'ai prévenu M. de la Haye, l'imprimeur, que
vous désiriez vous en procurer un exemplaire. Je pense que
l'ouvrage sera terminé lors de votre prochain voyage à Nancy.
Cette histoire sera accueillie à cause des faits curieux et
intéressants que l'auteur y rapporte. Mais il eut été bien à
désirer que le bon abbé Lyonnois eut emprunté votre plume
éloquente pour l'écrire. De longues phrases où il faut chercher
le point à la fin de la page, des détails minucieux qui
n'intéressent pas même nos bons Lorrains, voilà ce qu'on trouve
assez fréquemment dans cette histoire. Si l'auteur avait eu le
don de l'analyse, il nous aurait donné une bonne histoire en un
petit volume in-12. Cependant nous devons lui avoir la même
obligation qu'à Dom Calmet, il nous a présenté de précieux
matériaux dont nos neveux tireront le meilleur parti en
éloignant les choses inutiles. »
RÉPONSE DU
PRÉSIDENT M. DRUON
AU RÉCIPIENDAIRE
MONSIEUR,
S'il en est, dans cette assemblée, qui soient venus sans savoir
d'avance quels mérites vous avaient désigné à nos suffrages,
j'ose assurer qu'après vous avoir entendu, tous sortiront d'ici
bien persuadés de l'incontestable valeur du jeune confrère que
nous nous sommes donné. A tous les titres que vous possédiez
déjà, voici que vous venez d'en ajouter un nouveau. L'historien
de Nancy était digne d'avoir lui-même son histoire. Je vous
remercie de l'avoir écrite. Elle est fort intéressante, la vie
de ce fils d'un humble artisan, qui, par son intelligence et ses
travaux, attire de bonne heure sur lui les regards, se voue tout
à la fois au ministère sacré et aux fonctions de l'enseignement,
ouvre une maison où affluent bientôt les fils des plus nobles
familles, pressent les besoins de l'avenir et introduit dans
l'école des méthodes nouvelles, s'élève jusqu'à la considération
publique et même aux honneurs car le jour où on le met à la tète
de l'Université lorraine, on fait de lui un personnage, et un
personnage fort en vue.
Mais après avoir connu les années heureuses, Lionnois voit
fondre sur lui toutes les infortunes il est une des victimes de
cette tourmente révolutionnaire qui bouleverse tant
d'existences; on refuse à ses derniers jours les témoignages
d'estime qui auraient pu le consoler il mourra dans l'isolement
et dans l'indigence.
Avait-il donc mérité ses malheurs ? Dans les temps de crises
politiques, quand toutes les passions sont surexcitées, il n'est
personne qui doive compter sur l'impartiale équité de ses
contemporains. Lionnois en fit la dure expérience. Voyait-il
d'un œil satisfait les transformations qui s'étaient opérées en
France ? Je l'ignore, mais je ne puis m'empêcher d'en douter.
Admis dans l'amitié de quelques princes, il avait été assez bien
traité par le régime qui venait de tomber, pour ne pas ressentir
peut-être quelques regrets en le voyant disparaître. Il y
perdait d'ailleurs la meilleure partie de sa fortune. Mais
quelles que pussent être ses préférences secrètes, pour obéir au
précepte de l'apôtre, il sacrifia ses opinions personnelles,
parce qu'elles n'étaient que des opinions, mais il ne voulut pas
sacrifier ses convictions religieuses, sa foi. Citoyen, il avait
pu jurer d'être fidèle à la liberté, à l'égalité; prêtre, il
refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé, et
ce refus pouvait entraîner pour lui les plus terribles
conséquences. Plus tard, quand la réaction se fit contre les
excès des précédentes années, réaction excessive elle-même, si
l'on ne pardonna pas a Lionnois l'espèce d'adhésion qu'il avait
donnée aux idées républicaines, est-ce lui qu'il faut plaindre,
ou ceux qui ne furent pas assez justes pour reconnaître combien
il avait montré de courage, de Fermeté, de dévouement ? Lionnois,
sans doute, ne vécut pas assez pour voir tomber de regrettables
préventions, et s'entendre absoudre de tout reproche. Mais vous
avez vengé sa mémoire, et si l'honneur d'appartenir à l'Académie
lui a manqué, il vient d'avoir l'honneur plus grand d'être, dans
l'Académie, l'objet d'un éloge public.
Il est une louange qui vous est due, Monsieur, et je me croirais
inexcusable de ne vous la point donner. Autant que personne, je
suis frappé du talent de l'écrivain qui nous mène, à la suite de
Lionnois, dans la petite chambre où, chaque matin, ce proscrit
(car il a du se cacher) monte pour célébrer les saints mystères,
et dans ces réduits où il va, au péril de sa vie, porter
quelques consolations à des fidèles. Mais ce qui me frappe
encore plus, c'est l'évidente sympathie du narrateur pour ce
prêtre réfractaire. Je me souviens qu'un jour, comme je causais
avec un partisan décidé de la Révolution « Oh ! si j'avais vécu
dans ce temps-là, me dit-il, je n'aurais pas été de ceux qui
poursuivaient, qui traquaient ces fanatiques ; je les aurais
dédaignés, jusqu'à les laisser tranquilles. Mais pour les
plaindre et les admirer, il faut être de leur église. » Eh bien
! non, il n'est pas nécessaire d'être de leur église, et nous
venons d'en avoir la preuve. Il vous a suffi, pour vous
intéresser à Lionnois, pour l'honorer, pour l'aimer, de le
trouver fidèle à ce qu'il considérait comme un devoir sacré ; il
a obéi à la voix de sa conscience et vous êtes, en quelque
sorte, entré en communion d'idées et de sentiments avec le
prêtre catholique. Cette impartialité, dont j'ai rencontré de
fréquents exemples, je le dis tout de suite, dans tout ce que
vous avez écrit, est une des qualités maîtresses de l'historien.
C'est aux études historiques en effet que vous appelait votre
vocation. Pour la mieux préparer, vous avez ambitionné le titre
d'élevé de l'École normale supérieure. Vous aviez raison.
L'Ecole normale. je n'ose, et vous le comprenez aisément, la
louer autant que je le voudrais. Mais il est au moins permis à
l'un des plus humbles, parmi ceux qu'elle a formés, de rappeler
qu'elle a fourni, qu'elle fournit, tous les jours, des
professeurs distingués aux lettres, à la philosophie, à
l'histoire, aux sciences ; qu'elle a donné, qu'elle donne a la
presse ses critiques et ses publicistes les plus éminents ;
qu'elle a envoyé plus de quatre-vingts de ses élèves à
l'Institut; que parmi les hommes qu'elle a produits beaucoup se
sont fait un nom, plusieurs même sont promis à la gloire ; je ne
veux citer ici qu'un Victor Cousin, un Augustin Thierry, un
Jules Simon, et cet autre illustre, dont on a pu dire qu'il
n'était pas seulement un grand savant, mais aussi l'un des
bienfaiteurs de l'humanité, notre incomparable Pasteur. Oui.
vous aviez raison, Monsieur, d'aspirer à cette école, où
l'esprit doit se fortifier et s'étendre grâce aux leçons
d'excellents maîtres, mais grâce aussi à cette vie commune avec
des condisciples, tous passionnés pour l'étude, avides de
savoir, et qui n'ont pas de plus grande joie que de remuer, que
d'agiter entre eux toutes les questions d'ordre intellectuel. Oh
! que d'idées suscitent ces controverses, vives, ardentes
parfois, mais sincères et amicales toujours !
Ce que vous avez été à l'École normale, Monsieur, votre succès à
l'agrégation d'histoire nous le dit assez : en effet, vous êtes
sorti de ce concours avec le premier rang. Mais ceux qui savent
le plus sont ceux qui ne croient pas en savoir assez. Vous avez
voulu compléter encore votre instruction : une année passée à
l'Ecole pratique des hautes études vous a permis d'acquérir un
trésor de nouvelles connaissances : c'est ainsi que vous avez
été jugé, quand vous n'aviez que vingt-six ans, déjà mur pour
l'enseignement supérieur.
Vos anciens maîtres attendaient beaucoup de vous. Vous avez
justifié leur attente en présentant à la Faculté des lettres de
Paris un savant ouvrage. L'Etude sur le règne de Robert le Pieux
dépasse de beaucoup, dans sa portée, le titre modeste, trop
modeste, que vous lui avez donne. C'est, en réalité, une
histoire politique, religieuse, intellectuelle, c'est-à-dire une
histoire complète de la France, pendant trente-cinq ans. Le plan
de l'oeuvre est large, l'ordonnance simple et lumineuse. Avant
de nous montrer le roi vous nous montrez l'homme. Nous assistons
à son éducation, qui ne se fait pas au fond d'un palais, mais à
l'école épiscopale de Reims, ou son père, Hugues Capet, l'envoie
suivre les leçons du premier des maitres du temps, du fameux le
futur Silvestre II. Et à ce propos vous entrez dans de piquants
et instructifs détails sur l'organisation de l'enseignement
public au XIe siècle. Dans des pages tout à fait originales vous
nous faites connaître les différentes espèces d'écoles avec leur
discipline plus ou moins sévère, avec leurs programmes, comme
nous dirions aujourd'hui, plus ou moins élevés. Robert arrive à
l'âge viril ; il est temps qu'il prenne femme : avec vous nous
sommes témoins de ses divers mariages et de leurs suites
fâcheuses car ils furent cause surtout des difficultés dans
lesquelles se débattit pendant tout son règne ce prince qu'on
pourrait presque nommer le mal marié. Mais ce n'est pas le récit
même des faits qui tient la plus grande place dans votre livre :
vous pénétrez surtout dans l'intime esprit, dans le caractère
même du temps, dans ce fond qui ne se révèle qu'à des
investigations patientes et perspicaces. Grâce à vous, nous
pouvons nous rendre un compte exact de l'autorité royale, telle
qu'elle existait alors, de sa nature, de son étendue des
rapports du roi avec la société laïque, avec l'Église.
Je ne donne là que des indications fort sommaires, Monsieur;
mais si je voulais signaler tout ce qui est à signaler dans
votre livre, cela m'entraînerait trop loin. Il faut vous lire
pour voir tout ce que vous ajoutez à ce que nous savions déjà ;
je dirai aussi tout ce que vous retirez à ce que nous pensions
savoir. Les légendes, de quelque part qu'elles viennent, même
les plus accréditées, ne trouvent pas grâce devant vous quand
elles se substituent à l'histoire véritable. Par exemple, cette
croyance que le monde allait finir en l'an mille, cette immense
terreur s'emparant de toute l'Europe à mesure qu'approchait la
date fatale, n'ont pas été, à beaucoup près, vous nous le
prouvez, aussi générales qu'on nous l'avait dit, et surtout
n'ont pas été propagées par le clergé, tout au contraire ; car
il les a combattues, au lieu d'en profiter pour obtenir des
populations tremblantes de nouveaux avantages. Il est, difficile
de contester vos informations, car tous les témoignages sont
consultés, rapprochés, discutés par vous. Quel que soit le sujet
que vous traitiez, je le dis une fois pour toutes, vous
commencez par nous indiquer toutes les sources où vous puisez.
Vos contradicteurs, si vous en aviez, n'auraient pas à se mettre
en quête des documents vous leur en fournissez vous-même la
liste complète.
Qu'après la discussion publique de ce beau travail, un juge
éminent, dont l'histoire déplore la perte récente (90) vous ait
dit, et dans sa bouche ces expressions avaient une grande valeur
: « Monsieur, vous avez le cœur et l'esprit d'un historien »,
c'est un éloge qui ne pouvait, à ce qu'il semble, être surpassé.
Et cependant, il l'a été. Entre les couronnes que distribue
l'Institut, il en est de plus particulièrement enviables : deux
Académies décernent des récompenses, instituées par le même
fondateur, pour les ouvrages les plus distingués sur quelque
partie de l'histoire de la France. Notre Compagnie comptait déjà
deux lauréats du prix Gobert à l'Académie française (91); avec
vous, elle a un lauréat du prix Gobert à l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres. Vous le voyez, Monsieur, nous
vous avons offert, dans la personne de ces deux confrères, une
société digne, sous tous les rapports, et de vous et d'eux.
Les règlements du doctorat ès lettres vous imposaient
l'obligation d'écrire une thèse en latin. Le sujet pris par vous
n'a été que la continuation de vos études sur Robert. Vous aviez
vu, parmi les condisciples de ce roi à Reims, Fulbert, qui
devint lui-même l'un des maitres les plus renommés de son temps.
Il brilla si bien par ses talents et par ses vertus, qu'il fut
appelé, malgré son humble extraction, a s'asseoir sur le siège
épiscopal de Chartres, qu'il occupa pendant plus de vingt ans.
En vous lisant, Monsieur, on voit quelle était la vie d'un
évêque dans ces époques troublées. L'évêque d'alors n'a pas
seulement à enseigner les fidèles, mais aussi à les protéger, a
les défendre, au milieu de toutes ces guerres que se font les
princes et les seigneurs. Au pouvoir spirituel, il joint le
pouvoir temporel, et il devra souvent, avec toutes les armes
dont il dispose, soutenir ses droits, pour ne pas laisser
déchoir en sa personne l'Eglise elle-même. Parfois même, son
action s'étend bien au delà de son diocèse : les évêques sont
fréquemment les conseillers des rois; ils sont appelés a jouer
un rôle politique et mêlés à toutes les affaires du temps. C'est
ainsi que dans une assemblée tenue par Robert en 1026, il fut
décidé, sur les insistances éloquentes de Fulbert, et malgré les
menées de la reine Constance, que la couronne devait passer de
plein droit à l'aîné des fils du roi. En faisant régler ainsi
l'ordre de succession, Fulbert épargnait sans doute à la France,
dans l'avenir, de dangereuses compétitions et beaucoup de
malheurs.
J'avais cru jusqu'ici, Monsieur, sur la foi de plusieurs
historiens et de certains calendriers, que Fulbert avait été
canonisé. Vous assurez qu'il n'en a rien été. Soit; vous
soumettez les faits à un examen si scrupuleux que l'on peut s'en
rapporter à votre affirmation. Mais il est un point, me
permettez-vous de vous le dire, sur lequel il m'est vraiment
difficile d'être de votre avis : un dissentiment avec vous est
si rarement possible, que je puis bien indiquer celui-là en
passant ; et si j'ai tort d'ailleurs, je vous aurai au moins
donné une preuve de ma franchise. Tous les saints, dites-vous,
brillent sans doute de gloire et de vertu mais entre tous il y a
une grande ressemblance, une ressemblance qui va jusqu'à
l'uniformité. Or, Fulbert est une figure fort originale qui sort
du commun et peu s'en faut que cette originalité ne soit à vos
yeux la raison qui aurait mis obstacle à la canonisation de
Fulbert. L'uniformité des saints ! Je vous avouerai, Monsieur,
que je ne m'en suis jamais aperçu. Sans doute ils ont tous, et à
un haut degré, la sainteté ; sans cela ils ne seraient pas des
saints ; mais dans cette sainteté, j'en ai toujours été frappé,
quelle infinie diversité ! Diversité d'âges, de conditions,
d'éducation, de vie, de travaux, d'épreuves, d'esprit, de
caractères, de vertus même. M. Renan (et j'invoque là une
autorité qui n'est pas suspecte), M. Renan a écrit quelque part
que, s'il était condamné à vivre dans une prison perpétuelle, et
qu'on lui laissât, pour adoucir les heures de sa captivité, le
choix d'un livre, d'un seul livre, celui qu'il demanderait
serait la Vie des saints, par les Bollandistes, « et je ne
m'ennuierais pas ! », ajoute-t-il. Je suis tenté de penser, en
cela, comme M. Renan.
Quoi qu'il en soit, Monsieur, de ce léger désaccord sur un
détail, j'ai éprouvé à lire votre Fulbert un grand plaisir. Un
grand plaisir ! Oui, je ne m'en dédis point; et pourtant il faut
que je vous fasse un aveu. Vous preniez, pour nous l'exposer,
une époque où les coutumes, où les institutions, où les idées,
ne ressemblent plus du tout aux coutumes, aux institutions, aux
idées de l'ancienne Rome. Nous sommes là dans un tout autre
monde. Aux choses nouvelles il faut des termes nouveaux, je le
sais bien. Mais enfin toutes ces expressions qu'un Romain n'a
jamais connues, tout ce vocabulaire du moyen âge introduit dans
l'idiome de Cicéron, ne laissent pas que de m'importuner quelque
peu. Vous, Monsieur, vous avez manié et remanié les chroniques,
les cartulaires, les diplômes du Xe et du XIe siècle, écrits
dans cette langue, que l'on continue d'appeler encore la langue
latine, quoique pourtant... Ces mots, ces tours de phrases ne
vous étonnent plus ; je le conçois ; vous avez dû vous y
habituer; le fond vous rend indulgent pour la forme. Mais
pardonnez à un ancien professeur de latin, s'il a la faiblesse
de regretter que vous n'ayez pas pris un sujet où vos qualités
de latiniste auraient pu mieux se déployer; un de ces sujets où
il ne soit pas difficile, impossible même, de mettre d'accord
les choses de l'histoire avec les exigences de la grammaire et
la pureté du lexique. D'autre part, votre travail est si curieux
! Ce serait grand dommage que vous ne l'eussiez pas fait.
Voyons, ne pourriez-vous tout concilier ? Pourquoi ne
consentiriez-vous pas à le mettre en français ? Soyez à
vous-même votre traducteur. Permettez au public de connaître un
livre vraiment digne d'être connu : j'ose vous promettre
beaucoup de lecteurs.
On aurait pu croire que le succès de vos recherches sur Robert
le Pieux et sur Fulbert allait vous retenir dans le moyen âge et
dans l'histoire de France proprement dite. Vos études ont pris
cependant une autre direction, je n'en suis pas surpris. Il est
un sentiment auquel vous avez sans doute obéi. Quand des
personnes qui nous étaient chères nous sont enlevées, nous
aimons a parler d'elles, à nous les rendre encore présentes par
la pensée. Vous aussi, Monsieur, vous portez un deuil, le deuil
de la Patrie perdue. Nous ne vous saurions pas l'un des fils de
cette province qui nous a été violemment arrachée, que nous
pourrions le deviner au choix des sujets que vous traitez, et
parfois aussi à la manière dont vous les traitez. Ce qui vous
attire maintenant, c'est l'histoire de votre chère et
malheureuse Alsace, et de cette voisine, de cette sœur de
l'Alsace, victime comme elle d'une guerre néfaste, car elle en
est sortie mutilée. L'Alsace-Lorraine, tel est donc maintenant
l'objet de vos travaux. Je ne peux m'y arrêter comme je le
désirerais, car le temps me presse. J'aurais voulu cependant
parler avec vous de cet historien de l'Alsace, Schoepflin, qui
méritait un biographe tel que vous ; car vous et lui, avez le
même amour pour l'histoire, vous et lui, unissez dans un même
culte la Patrie alsacienne et la Patrie française et Schoepflin
ne fait qu'exprimer vos sentiments lorsqu'il écrit, c'est vous
qui nous citez ses paroles « Si la nature a été prodigue envers
l'Alsace, il faut convenir que parmi les biens dont l'Alsace a
été accablée, l'on regardera comme l'un des plus grands le
bonheur d'avoir appartenu à la nation française. » Hélas ! ce
qui était pour Schoepflin un bonheur présent, n'est pour vous
qu'un souvenir, tout au plus une espérance toujours persistante.
J'aurais encore voulu vous suivre dans le comté de Horbourg et
la seigneurie de Riquewihr, dont l'histoire et l'organisation
sous l'ancien régime sont vraiment curieuses, et que vous mettez
sous nos yeux avec un soin où se décèle cette affection toute
particulière que l'on garde pour le pays natal. Mais il faut
passer.
Votre étude, sur les légendes de S. Dié et de S. Hidulphe, et
celle sur monument de Mercure, mériteraient aussi mieux que la
simple mention, a laquelle je suis forcé de me borner. Mais on
me saurait, sans doute, fort mauvais gré de ne pas dire, au
moins quelques mots, de ces leçons à la Faculté, de ces
conférences à la Société de géographie, si appréciées de tous
vos auditeurs, pour la solidité des recherches, pour la justesse
de la critique, pour la largeur des vues, en même temps que pour
l'ordre, la netteté et l'élégante simplicité de l'exposition.
Dans la chaire que vous occupez, votre enseignement a eu,
jusqu'ici, pour objet, l'histoire de l'Alsace vous êtes remonté
jusqu'à ces temps mystérieux, qui n'ont laissé, de leur passage,
que des monuments figurés ces monuments, vous les avez
interrogés vous avez pénétré dans les cavernes, vous êtes
descendu dans les tombeaux, pour percer le mystère des siècles
anciens. C'est ainsi que vous avez fait revivre des générations
disparues, des générations pour lesquelles vous avez un respect
filial : car ces antiques habitants, ils n'étaient pas de la
race germaine, comme le prétendent, là-bas, ceux qui voudraient
justifier les conquêtes de la force par les raisons de la
science : c'étaient des Celtes, c'étaient des Gaulois et César,
Strabon, Tacite ne se trompaient pas quand ils disaient : Ce qui
sépare la Germanie de la Gaule, c'est le Rhin. L'Alsace germaine
au moyen âge, c'était déjà l'Alsace envahie, usurpée. En la
restituant, au nom de l'histoire, à ses premiers, à ses
légitimes possesseurs, vous avez fait œuvre, non pas seulement
d'historien, mais de patriote.
Poursuivez vos travaux, Monsieur. Le temps ne vous est pas
strictement mesuré, comme à ceux qui sont au déclin de la vie.
Des jours nombreux vous sont encore promis ; prenez donc le long
espoir et les vastes pensées. Dans cette académie il n'y a point
de rangs sans doute, nous sommes tous égaux; mais enfin, il est
peut-être permis à l'un des anciens d'âge d'adresser un conseil,
ou plutôt un encouragement, au plus jeune de tous les membres,
et je vous dirai: Vous pouvez, vous devez donc vous attacher à
une œuvre considérable, je le sais, mais qui ne l'est pas trop
pour vos forces. Cette histoire de l'Alsace, que Schoepflin
lui-même a plutôt préparée, en rassemblant de nombreux
matériaux, qu'il ne l'a vraiment édifiée; cette histoire,
donnez-nous-la nous l'attendons de vous. D'un pareil travail
accompli, il vous reviendra beaucoup d'honneur, Monsieur; et il
en reviendra un peu aussi à l'Académie, à l'Université, à cette
école qui nous est chère, et dont tous les élèves, nourris des
mêmes traditions, formés aux mêmes disciplines, peuvent se
regarder comme des condisciples malgré la distance que mettent
entre eux les années. Hoc erat in votis. Et comme dernier vœu
que je forme et pour vous et pour notre compagnie, quand
arrivera le jour où, à cette place, vous aurez à votre tour à
recevoir un nouvel élu, puisse vous échoir la même bonne fortune
qu'à moi, de souhaiter la bienvenue à l'un de ces condisciples
dont je parlais, et de n'être que juste en louant en lui
beaucoup de savoir uni à beaucoup de modestie.
(1) De nombreuses suppressions ont été faites à ce discours à la
séance publique
(2) Lionnois fut plus tard un grand collectionneur des oeuvres
de Callot. Cf. (Husson) Éloge historique de Callot, noble
lorrain, célèbre graveur. Bruxelles, 1756, fol. XXXIX, note.
(3) Courbe, Promenades historiques, p. 251. En général, on
l'appelle Jean-Joseph mais l'acte de baptême porte bien
Jean-Jacques (il est du 1er octobre 1730) ; le parrain fut
Jean-Jacques Lemaire, marchand, et la marraine Catherine Joly,
épouse d'un maitre lanternier. Une année avant la naissance de
Jean-Jacques, jour pour jour, ses parents avaient perdu leur
fille Barbe, née le 15 octobre 1728.
(4) Psaume, Éloge de M. l'abbé Lionnois, ci-devant principal du
collège de l'Université de Nancy. Cet éloge, auquel nous
empruntons beaucoup, a été imprimé après la mort de Lionnois en
1806. Haener. s. d, 17 p. Psaume n'y a pas mis son nom. Une
seconde édition signée a été ajoutée en 1811 au troisième volume
de l'Histoire des villes vieille et neuve de Nancy, de Lionnois.
(5) Il y fut ordonné prêtre le samedi saint. Voir la note de M.
Charlot, citée par l'abbé Thiriet dans la Semaine religieuse de
Nancy (30 septembre 1883), t. XX, 778. Chatrian, dans son
journal cité par Courbe, Promenades historiques, p. 252, affirme
qu'il devint prêtre à Toul en septembre 1756.
(6) C'est le titre qu'il se donne lui-même sur le titre de ses
ouvrages.
(7) Lui-même (Histoire de Nancy, t. 1, p. 233) nous apprend que
des prêtres habitués étaient attachés à ces deux chapelles.
(8) Psaume, Éloge de Lionnois ; Charlot, note parue dans la
Semaine religieuse de Nancy; numéro du 30 septembre 1883 voir
aussi la note que consacre à Lionnois M. de Gironcourt, dans son
Histoire manuscrite de Nancy, à la bibliothèque de notre ville,
et l'article Lionnois dans la Biographie de Didot ; il est dû à
M. Lamoureux ainé.
(9) Louis Lallement, les Maisons historiques de Nancy, 1859, p.
10,n° 1.
(10) Voir la lettre que nous publions en appendice et qui est
empruntée à la collection des autographes de la bibliothèque de
Nancy.
(11) Il appartient à la bibliothèque du Musée lorrain; il a été
imprimé chez Pierre Antoine; il a 9 pages in-4°.
(12) L'Art militaire dans la fortification, l'attaque et la
défense des places, in-4°, sans date ni lieu, imprimé avec
encadrement, cf. Catalogue des collections de Noël, n° 6586.
(13) Principes du blason. Nancy, chez Pierre Antoine et Pierre
Barbier, in-8°, 47 pages avec encadrement. 3 planches (l'une
représente les armoiries des ducs, duchesses, villes et
plusieurs gentilshommes de Lorraine), pas de nom d'auteur.
(14) 1re édition. Traité de la mythologie ou de l'histoire
poétique. Nancy, chez Haener, in-4°, 69 pages avec encadrement,
pas de nom d'auteur. 2° édition. Traité de la mythologie, Nancy,
chez Henry Haener, 1782, 1 vol. in-8°, 194 pages (180 gravures
en taille-douce). - 3° édition, Nancy, chez Henry Haener, 1788
(conforme à la précédente). - 4° édition. Explication de la
fable par l'histoire et les hiéroglyphes des Egyptiens,
véritable source de la fable. Nancy, Guivard, 1800, in-12, 5
parties réunies en 3 volumes (planches). - 5° édition. Traité de
la mythologie ou explication de la fable par l'histoire et les
hiéroglyphes des Egyptiens, véritable source de la fable,
Nancy, Haener et Delahaye, an XIV-1805, 1 vol. in-8°, 543 pages
(116 gravures).
(15) 6° édition (conforme à la précédente), Nancy, Haener et
Delahaye, 1816. - 7° édition (conforme aux précédentes). Paris,
Lecointe, 1829, introduction de xxxvi pages, .540 de texte.
(16) La bibliothèque de Nancy possède une édition de la
mythologie, imprimée à Mannheim en 1798. C'est un in-8° de 180
pages, qui porte « troisième édition »
(17) Ces tableaux ont été gravés et imprimés à des époques
différentes. Les plus anciens portent la date de 1765. Chacun
est dédié à un personnage différent: l'un à M. de Chaumont,
marquis de La Galaizière; l'autre à M. de Choiseul, archevêque
de Besançon un troisième au prince de Condé, etc. Lionnois fit
successivement tirer 28 tableaux a environ 1,500 exemplaires. En
1770, il vendit ce qui lui restait au libraire Georges Henry,
sur les trottoirs, proche la porte royale (on verra plus loin la
suite de cette histoire). Henry réunit les 28 tables en 1 volume
sous le titre : Tables historiques, généalogiques et
géographique, contenant l'histoire du peuple de Dieu, de la
France, de la Lorraine, de l'Autriche, de l'Egypte, des
Assyriens, des Babyloniens, des Caldéens, 1771.
(18) Histoire sainte depuis la création jusqu'à Jésus-Christ, 1
vol. in 4°, Nancy, Charlot, sans date ni nom d'auteur.
(19) Histoire profane, 1 vol. in-4°. 145 pages. Nancy, Charlot,
sans date ni nom d'auteur. (Les deux histoires ont été aussi
imprimées à la suite l'une de l'autre. Voir Catalogues de Noël
n° 5979)
(20) Histoire de France depuis l'établissement de la monarchie
jusqu'au règne de Louis .XV, à l'usage des jeunes gens de
qualité. Francfort-sur-le-Mein, Verduren, 1767, 2 vol. in-8° de
309 et 400 p.
(21) Recueil des ordonnances et règlements de Lorraine t. XI, p.
370.
(22) Ibid., p. 390.
(23) Ibid., p. 393
(24) Psaume, Éloge de Lionnois.
(25) L'expression est de Chatrian dans son Essai d'une histoire
du clergé du diocèse de Nancy pendant la Révolution, ms. du
grand séminaire, citée par M. Thiriet (Semaine religieuse de
Nancy, 30 septembre 1883, t. XX, p. 779).
(26) Mandement du 17 avril 1769, in-4°. Voir la collection de
mandements de la bibliothèque de Nancy.
(27) Recueil des ordonnances et règlements de Lorraine t. X, p.
57 et 135.
(28) Recueil des ordonnances, t. XI, p. 404. Voir la lettre du
duc de Choiseul à Mgr l'évêque de Metz, exposant les motifs qui
ont décidé le roi à transférer à Nancy l'Université de
Pont-à-Mousson. (Journal d'archéologie lorraine, t. XXV, 18769,
p. 79)
(29) Cf. Liard, l'Enseignement supérieur en France, t. I, p.64.
(30) La rentrée put avoir lieu en 1768, après un peu de retard,
le 3 novembre. Recueil des ordonnances, XI, p. 422. Cette date
devint du reste la date de rentrée ordinaire; les vacances
commençaient le 25 août pour les élèves de physique et de
mathématiques, le 8 septembre pour la logique et l'histoire, le
jour de la Saint-Matthieu (21 septembre) pour la rhétorique et
les autres classes. Voir le très intéressant règlement vote en
1770. (Recueil des ordonnances, XII, 109.)
(31) Voir la description détaillée de ces bâtiments, faite par
Mique en l'année 1776, au moment où les chanoines de
Nôtre-Sauveur en prirent possession Archives de
.Meurthe-et-Moselle, H. 2223. Voir le plan dressé par le même,
ibid. H. 2260.
(32) Voir l'appendice II.
(33) Les principes de la langue latine, mis dans un ordre très
clair, divisés en six parties, 1 vol. in-8°. Nancy, Leclerc,
1771 (sans nom d'auteur).
(34) L'épigraphe est empruntée à Terentianus Maurus.
(35) Nous n'avons pu retrouver le mémoire de Henry mais nous
avons sous les yeux celui de Lionnois il est intitulé Réponse au
Mémoire instructif pour Georges Henry, marchand-libraire à
Nancy, contre M. Lionnois, principal du Collège-Université, 11
p. in-4°. Nancy, Pierre Antoine et Pierre Barbier. Il résulte de
ce mémoire qu'outre les ouvrages que nous avons énumérés,
Lionnois a fait imprimer un Nouveau Testament, et plusieurs
livres classiques par extraits.
(36) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. XIII, p. 614.
(37) Nous publions l'acte en appendice, d'après les Archives de
Meurthe-et-Moselle.
(38) Courbe, Promenades historiques, p. 38-39.
(39) Voir l'acte de prise de possession dans Courbe, p. 442-413.
Le 21 mars 1883, on a posé sur cette maison une plaque
commémorative, rappelant qu'elle avait appartenu à Lionnois, et
une autre, rappelant que le défenseur des naufragés de Calais,
Prugnon, y a habité et y est mort en 1828. Les inscriptions de
ces plaques sont dues à Courbe et les frais en ont été couverts
par M. Gouy, Lucien Wiener, Louis Lallement, Meaume, Bretagne et
M. Amédée Lepage.
(40) La maison, aujourd'hui détruite, se trouvait en face de
l'église Saint-Mansuy.
(41) T. I, p. 388.
(42) Preuves de la branche des marquis du Hautoy de Clemery; 56
pages in-fol. Nancy, Pierre Barbier, 1777 (sans nom d'auteur).
(43) Maison de Raigecourt, 1 vol. in-fol. Préface et table
cxxiii p., texte 227 p. Preuves des XV autres lignes de MM. les
marquis de Raigecourt, p. C.; tableau généalogique. Nancy, veuve
Leclerc, 1777 (sans nom d'auteur).
(44) Maison de Saintignon, 1 vol. in-fol. Préface cccxii p.,
texte 360 p., 1 feuille d'additions et corrections, 3 planches.
Nancy, veuve Leclerc, 1778 (sans nom d'auteur).
(45) Nous avons sous les yeux une copie manuscrite du
procès-verbal du cette translation. Ms. du Musée lorrain, n°
253, fol. 174, une lettre de Mory d'Elvange où il raconte cette
cérémonie au prince Charles de lorraine, gouverneur des
Pays-Bas. Même ms., fol. 192.
(46) Imprimé à Nancy, chez Claude Lescure, 10 pages in-8°.
(47) Voir à ce sujet Frizon, Petite bibliothèque verdunoise, t.
V. p. 183
(48) Recueil des sépultures anciennes et épitaphes de Saint-Paul
de Verdun, fait en 1552, par ordonnance de M. Psaume, Évêque de
Verdun, des ducs, duchesses et autres nobles inhumés en l'église
des RR. P. Cordeliers de Nancy. Nancy, 1779, in'8", sans nom
d'auteur. Cette brochure a été réimprimée à Nancy en 1865, par
Cayon-Liébaut.
(49) Essai sur la ville de Nancy, dédiés a son Altesse Royale
Mgr Chartes-Alexandre. À la Haye, aux dépens de la Compagnie,
M.DCC.LXXIX, 1 vol. in-8°, II-475 pages avec plans de l'ancien
palais de Nancy et du premier étage du nouveau palais (sans nom
d'auteur).
(50) Psaume, Eloge de Lionnois.
(51) Voir le prospectus de Psaume de 1803. Cf. infra.
(52) A la Bibliothèque publique de Nancy.
(53) Bref perpétuel pour la récitation de l'office divin,
conforme aux bréviaire et missel de Toul, adoptée par Mgr
l'évêque et primat de Nancy pour son diocèse, à l'usage des
fidèles qui fréquentent leurs paroisses, Nancy, Lescure, 173.
Voir Catalogue de Noël, n° 3667.
(54) Voir Courbe, les Promenades historiques, p. 25. Courbe y
reproduit un article du Journal littéraire de Nancy, année 1784,
t. XIII, p. 89, qui nous fait connaître ce fait.
L'Hôtel-de-Ville vota 1,000 livres. M. Lepage (Archives de
Nancy, t. III, p. 18) a cru à tort que cette somme était
destinée à Lionnois lui-même.
(55) Au t. I de son Histoire de Nancy.
(56) Parmi les gardes nationaux les plus enthousiastes se
trouvait un certain Lionnois. Quand on apprit à Nancy la
nouvelle de la fuite du roi, il partit aussitôt pour Varennes,
afin de renseigner au plus vite le conseil général de la
commune. Séance du 23 juin 1791. Procès-verbaux manuscrits aux
Archives municipales. Plus tard, ce même Lionnois sera accusé
d'être un modéré et menacé d'être traduit en jugement. Nous
ignorons s'il était parent de l'abbé Lionnois; mais nous ne le
pensons pas. Il y avait au commencement du XVIIIe siècle à Nancy
un père de famille, du nom de Nicolas Lionnois, qui avait épousé
Anne Deblois. (Registres de la paroisse de Saint-Evre.)
(57) Réponse d »un religieux du département de la Meurthe à une
religieuse de Metz qui demandait avis sur le serment qu'elle a
prêté au mois de septembre 1792, avec un entretien sur le
serment, le schisme et l'excommunication, 39 p. in-8°. M.
Thiriet (Semaine religieuse de Nancy, 30 septembre 18S3) cite
une note de M. Chariot, qui prouve suffisamment que Lionnois est
l'auteur de cette brochure.
(58) Courbe, Histoire des villes vieille et neuve de Nancy, par
le sieur J.-J. Lionnois, p.7.
(59) On lit dans les procès-verbaux du corps municipal de Nancy,
à la date du 17 frimaire an III (17 décembre 1794). Le maire
donne lecture d'une lettre de Lionnois, ci-devant prêtre,
demandant pour la cinquième fois les motifs de refus en
certificat de civisme. Renvoyé au bureau de sûreté pour répondre
définitivement. » Le jour suivant, 18 frimaire, le conseil
général de la commune opposait à cette demande un nouveau refus.
(Communication de M. Rousselle.)
(60) Gazier, Études sur l'histoire religieuse de la Révolution
française, p. 261 et suivantes.
(61) Lettre de l'évêque métropolitain de la Marne au presbytère
de la Meurthe, broc. in-4°, dans la collection des mandements de
la bibliothèque publique de Nancy.
(62) Lettre circulaire du presbytère de la Meurthe à tous les
ecclésiastiques exerçant des fonctions du saint ministère, ibid.
(63) Note citée de M. Chariot. Le titre exact de la brochure est
; Réponse des prêtres catholiques de Nancy à la lettre
circulaire du presbytère de la Meurthe du 11 juillet 1797, par
la bouche même des évêques constitutionnels, vicaires
épiscopaux, curés, prêtres et religieux qui, comme le
presbytère, ont juré la constitution civile du clergé et ont
reconnu qu'elle ne donne qu'un ministère de mort er de
séduction, brochure in-8° de 24 pages. Une autre brochure, où
l'on trouve la même idée, fut publiée au même moment à Nancy. Au
haut on lit les lettres de l'évêque de la Marne et du presbytère
de la Meurthe, indiquées nos 1 et 2 de la page LXI ; au bas on
lit : Réponse des prêtres catholiques ; Rétractation de
François-Thérèse Panisset, évêque constitutionnel du Mont-Blanc,
in-4°, 16 pages. Une série d'autres libelles furent lancés dans
le public à propos de la convocation de ce synode diocésain : un
membre du presbytère, Darail, vicaire épiscopal, répondit par
les Éclaircissements sur un libelle diffamatoire diffusé et
colporté au nom des prêtres catholiques, pour réponse à la
lettre de l'évêque métropolitain de Reims et à celle du
presbitère de la Meurthe. Brochure de 7 pages in-8°. Nancy,
Vigneulle.
(64) Elle porte le titre : Question sur le serment exigé des
prêtres par l'article 25 des lois du 19 fructidor an V.
Plaquette in-8° de 8 pages, sans date ni nom d'auteur. L'abbé
Charlot (note citée) nous est garant qu'elle a été écrite par
Lionnois.
(65) Sur les persécutions qui éclatèrent alors, voir de
Pressensé, l'Eglise et la Révolution française, p- 313.
(66) Etat ancien et actuel de Nancy, 52pages in-8°.L'exemplaire
de la bibliothèque de Nancy ne porte pas de couverture, par
suite pas de nom d'imprimeur. Cf. Justin Lamoureux, Mémoire pour
servir à l'histoire littéraire du département de la Meurthe,
Nancy an XI (1893), p.8S-89.
(67) Voir plus haut, p. XXXVII. note 3. (note renumérotée 14)
(68) T. II, p. 196.
(69) On attribue Lionnois la rédaction de l'Annuaire du citoyen
pour le département de la Meurthe, qui parut pendant la
Révolution. Si le fait est exact, l'ancien principal est
l'auteur de cet éloge du 18 Brumaire qu'on lit dans l'Annuaire
de l'an XI: « Le lendemain, 19 Brumaire, la Révolution française
a été finie sans effusion de sang. Une commission consulaire
investie de la plénitude du pouvoir directorial a réduit au
silence toutes les factions : elle a rétabli l'ordre dans toutes
les parties de l'administration. »
(70) Courbe, Promenades historiques p. 443. L'acte de vente
énonce comme faisant partie de l'immeuble « une tapisserie
peinte sur toile, laquelle est dans la chambre occupée par le
vendeur ». Le 14 février 1802, Lionnois avait encore célébré
dans sa chapelle domestique de la Grande-Rue un mariage
religieux, en vertu du pouvoir à lui accordé par le légitime
curé de Saint-Evre, pendant son absence. (Journal de la Société
d'archéologie et du Musée lorrain, t. VIII, 1859, p. 31.)
(71) Psaume, Notice citée.
(72) Aujourd'hui rue Braconnot. Courbe, Promenades historiques,
p. 253.
(73) Procès-verbaux de l'Académie de Stanislas, à la
bibliothèque publique de Nancy.
(74) Michel, Dictionnaire de l'ancienne province de Lorraine,
article Psaume.
(75) Lettre au citoyen Mollevault père, à Nancy, chez l'auteur,
an XI (1803) - Plaquette de ii-19 pages.
(76) Procès-verbaux de l'Académie de Stanislas.
(77) Un prospectus rédigé par Psaume fut distribué à cette date.
Il a été réimprimé dans une brochure de Ch. Courbe, Histoire des
villes vielle et neuve de Nancy, par le sieur J.-J. Lionnois,
Nancy, 1883, 39 p. Courbe a fait connaître en outre la liste des
souscripteurs, d'après un vieux registre à souches. Le .Journal
de la Société d'archéologie et du Musée lorrain (VIIe année,
1858, p. 202) a publié une lettre que Lionnois adressa à l'un
des souscripteurs, M. Mathieu, en lui adressant Je tome Ier.
Elle est datée du 9 nivôse an XIII. L'un des hommes qui
témoignèrent le plus d'intérêt à la publication de Lionnois fut
l'évêque Grégoire. Voir Appendice IV.
(78) Numéro du 29 thermidor an XI (15 août 1803).
(79) Histoire des villes vieille et neuve de Nancy depuis leur
fondation jusqu'en 1788, 200 ans après la fondation de la
ville-neuve, par J.-J. Lionnois. Nancy, Haener fils et Delahaye,
an XIII-MDCCCV, vol. in-8° XIII-639 p. avec 2 plans (l'ancien
plan de 1611 et un plan moderne dû à Mique, ancien architecte du
roi de Pologne, constructeur des casernes de Sainte-Catherine).
Lionnois, dans un besoin d'argent, avait vendu la planche de
Mique à un papetier de la ville, M. Dorvasy. M. Oudinot, ancien
magistrat, en racheta les tirages de ses propres deniers et en
fit cadeau à l'ancien principal. Voir Dictionnaire de Michel,
art. Oudinot.
(80) Les tomes second et troisième portent les mêmes titres que
le premier. Les épreuves en furent corrigées par le
bibliothécaire Fachot. Voir Appendice IV. Le second volume a
XXII-595 pages, le troisième 326 pages. Il est suivi de l'éloge
de Lionnois par Psaume, qui s'étend sur 12 pages, et d'une table
des matières de XII p. Comme l'ouvrage complet est un peu
confus, une table analytique était indispensable, pour qu'on put
s'y retrouver aisément. Cette table a été dressée en 1855, par
M. Paul Digot, Nancy, Hinzelin, brochure de 40 p. in-8°.
(81) C'était l'opinion de Courbe, il l'a exprimée dans sa
brochure sur l'Histoire de Lionnois, p- 12.
(82) Ce manuscrit en deux volumes a été retrouvé chez
l'imprimeur et donné à la bibliothèque de Nancy par M. P. Guyot.
Il est coté n° 50:3 (886-887 dans le catalogue dressé par M.
Favier). Le tome du manuscrit et le début du tome Ier jusqu'à la
page 74 correspondent au tome II de l'Histoire imprimée. On a
transporté aussi au tome Il de l'imprimé (pages 137 et ss.) la
dissertation sur les jetons de la ville de Nancy qui est à la
fin du tome II du manuscrit, et cela sur les indications de
Lionnois lui-même. Le tome III de l'imprimé est conforme au
reste du tome II du manuscrit.
(83) Voilà pourquoi on n'y trouve aucune indication sur les
changements survenus pendant la Révolution, comme dans le
premier volume.
(84) Noël, dans son Catalogue n° 1126, dit: « Tout ce que cet
auteur rapporte de Catherine de Lorraine, abbesse de Remiremont
(t. III, p. t48 et ss.) est pris mot pour mot dans Dom Calmet,
Bibliothèque de Lorraine, et sans que cet auteur soit cité. Le
fait est exact mais il faut se souvenir que souvent il y a dans
le manuscrit de 1788 de simples notes, que Lionnois se proposait
de mettre plus tard en œuvre.
(85) Courbe, l. l. Sur les souffrances physiques de Lionnois,
voir une lettre qu'il écrivit à son « bon protecteur » M.
Villemet, directeur du Jardin botanique, professeur de l'École
centrale, à la date du 30 avril 1805. Elle est conservée dans la
collection d'autographes de la bibliothèque de Nancy.
(86) Psaume, Éloge de Lionnois.
(87) L'épitaphe est reproduite en entier à la fin de l'éloge
fait par Psaume. Le Musée lorrain possédait un portrait de
Lionnois; il a été égaré depuis; mais il a été reproduit par M.
Auguin dans la Lorraine illustrée p.445.
(88) Voir Lepage, le Village de Saint-Dizier-lés-Nancy (Mémoires
de la Société d'archéologie lorraine, IIIe série, t. IX, 1881,
p. 46-47.)
(89) Les ossements des anciens ducs lorrains demeurèrent au
cimetière des Trois-Maisons jusqu'en 1826 ; ils furent exhumés
le 26 octobre de cette année, transportés à la Cathédrale, puis
réintégrés solennellement le 9 novembre dans le caveau de la
Chapelle ronde. Voir Procès-verbal de la translation des
dépouilles mortelles des anciens souverains, princes et
princesses de l'auguste maison de Lorraine, in-4°de 30 pages.
(90) M. Fustel de Coulanges.
(91) M. Mourin et M. l'abbé Mathieu.
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