Décidemment, les documents
réservent parfois des surprises : nous avions évoqué le cas de
Jules Goublaire : un vagabond obstiné
- 1909-1914 dans un précédent article.
Mais en consultant le recensement de 1906 sur la ferme des
Salières à Gogney, on constate parmi les domestiques de Joseph
Rupp :
- Goublaire Jean Emile, né à la Haie des Allemands en 1868,
étranger
- Goublaire Constant, né à la Frimbolle en 1889, étranger. Il
figure déjà comme domestique sur le recensement de 1901.
En 1911, le nom de Goublaire n'apparaît plus à la ferme des
Salières.
Notre « vagabond », Jules Ferdinand Goublaire, né le 16 août
1864 à la Haie-des-Allemands (rattaché à Richeval en 1896), ne
s'obstine donc pas par hasard à rejoindre la ferme des Sallières
: il rend visite à son frère Jean Emile (né le 7 mai 1868), et
peut-être à son neveu (nous n'avons pas pu établir la filiation
de Constant Goublaire). Car malgré la séparation frontalière née
de la guerre de 1870, il n'y a qu'un peu plus d'un kilomètre en
plain champ entre la Haie des Allemands et la ferme des
Salières.
Nous avons commis la même erreur que la presse, en considérant
comme acquis que Jules Goublaire est un vagabond, alors qu'il
s'agit simplement d'une de ces tragiques séparations forcées par
le traité de Francfort.
La famille n'a donc pas opté en 1872 pour la nationalité
française : et si Jean Emile travaillant dans une ferme
française à l'autorisation de franchir la frontière, il en va
différemment pour Jules, et ses périodes d'incarcération
fréquentes (1909-1911) correspondent sans doute aux années où
son frère travaille à la ferme des Salières.
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