14 août 1870 : l'état major
prussien entre à Blâmont. Mais on découvre au fil des documents
qu'il est accompagné de nombreux observateurs britanniques.
Après le colonel Charles Pyndar
Beauchamp Walker, le journaliste irlandais
William Howard Russell, voici Lord
Ronald Gower (1845-1916), politicien libéral écossais, sculpteur
et écrivain, plus jeune fils du second duc de Sutherland.
Il cite d'ailleurs aussi la présence de « Lord Adair »
(correspondant militaire du « daily telegraph ») et l'article en
bas de page cite encore bien d'autres observateurs anglais. Nous
ignorons combien sont passés par Blâmont, mais il reste sans
doute bien des témoignages à découvrir.
Records and
reminiscences selected from "My reminiscences"
Lord Ronald Sutherland Gower
Ed. Londres 1903
Phalsburg lay below, the
shells bursting over the town, which was returning the fire of
the Prussian and Bavarian batteries placed on our front and to
our left. The town was on fire in several places. It was a
curiously entrancing sight, and a difficult one to leave; but we
had a long ride that afternoon before us, and after watching
heroic little Phalsburg for about an hour, we turned our horses'
heads in the direction of Blamont, which place we reached at six
in the evening. We had ridden some thirty-six miles, and our
poor steeds seemed almost knocked up when we arrived.
At Mons. Keller's house, in Luneville, 15th August. - We are
here in the most luxurious of quarters, in great contrast to
some which we have been in lately; instead of being crowded in a
small, ill-smelling room, with perhaps a bed in a cupboard, or a
sofa, and a shake-down of straw, as at Soultz or at Obermorden,
we have here separate rooms. Russell's looks out on a beautiful
garden, and on a bosquet of fine old horse-chestnuts, which
remind one of the gardens of the Tuileries. The house we are in
might, in fact, be in the Faubourg St Germain, so stately are
its saloons and its decorations à la Louis XVI. But Mons.
Keller's house has already been turned into something like a
barrack, having been full of German officers yesterday, and will
probably be as full of them again to-night. For the first time
since our arrival at Soultz we drove instead of riding here from
Blamont yesterday - most of the way in a small machine which we
had hired there. This we had to do in order to give our horses a
rest after our thirty-six miles' ride of the previous day.
As we were leaving Blamont, a short, swarthy young Englishman
wearing glasses came up to us. He turned out to be Lord Adair,
who, after coming out all this way, is refused leave to proceed
with the Crown Prince." (He, however, saw a good deal later on
of the war, and described what he saw with great success.) "It
seems an odd proceeding, arriving here and walking into a
strange gentleman's house, and asking, as if it were a matter of
daily occurrence, first where the stables are, and then for our
rooms ! But I think the proprietor prefers us to the German
officers that he has had to see so much of lately.
As far as one can observe, the Prussians seem to be treating the
people with great humanity and kindness. Of course there must be
black sheep in this as in any other army, and often those who
least deserve it get the credit of the deeds of these
ne'er-do-weels.
As we passed through several villages between Blamont and
Luneville the bells of the churches were ringing merry peals, it
being the Emperor's fête day-'une triste fete,' as our coachman
remarked, for Napoleon and the French people. France, Mons.
Keller says, cannot recover the effects of this war for ten
years to come; ruin is all round already. [...]
La France et
l'Europe pendant le siège de Paris
Pierre Maquest
Ed. Paris 1874
Dimanche 15 janvier 1871
Les reporters anglais à la suite des armées prussiennes. - Voici
de curieux renseignements que nous donne la presse allemande sur
les journalistes étrangers qui suivent les opérations militaires
dans le camp prussien:
« Tandis que nos correspondants s'exposent aux fatigues de la
guerre par dévouement patriotique, la plupart des reporters
anglais y voient une affaire d'ambition personnelle ou des
aventures attrayantes. Parmi ces derniers, il faut ranger le
colonel Pemberton, et surtout lord Adair, qui, malgré sa
brillante fortune, ne dédaigne pas d'être le correspondant
militaire du journal à un penny, le Daily Telegraph, et la
société anglaise, loin d'en être choquée, lit ses rapports avec
un intérêt plein d'estime. En qualité de dessinateur, il faut
citer : H. Sidneysale pour la feuille illustrée The Graphie, et
M. Landelle pour l'Illustrated News. Ce dernier jouit au
quartier général du prince royal du meilleur accueil, et ses
relations avec les sommités militaires remontent à la campagne
du Schleswig et à la guerre de Bohême. M. Skinnes, le
correspondant de Versailles du Daily News, est en haute faveur,
mais, last not least, M. Russell, le correspondant du Times, est
naturellement le plus haut placé dans l'estime du quartier
général, du moins à ce que croient ses lecteurs. On sait que
l'autorité dont il jouit date de la guerre de Crimée, à cause de
ses rapports que toute la presse a reproduits, et plus encore à
cause de ses révélations impitoyables concernant les vices de
l'administration militaire de l'Angleterre. M. Russell est âgé
de 50 à 60 ans, il est chamarré de décorations, qu'il exhibe a
toute occasion; il a à sa disposition six chevaux et de nombreux
domestiques. Irlandais de naissance, il possède une solide
instruction et la gravité réfléchie de l'Anglais et la vivacité
et la faconde du Celte. En dépit de toutes les oscillations de
son journal versatile, il sait conserver, même dans les régions
les plus hautes, sa position personnellement respectable. La
plupart des correspondants anglais et américains, et peut-être
tous, ont des chevaux et sont ainsi dans la situation heureuse
de pouvoir se porter sur tous les points. Le plus infatigable
d'entre eux est M. Fortes, qui, monté sur son petit alezan,
trotte sans cesse dans les lignes de l'armée de la Meuse. M.
Fortes est Ecossais; grand, blond, portant toute sa barbe; les
bribes d'allemand qu'il sait l'aident à faire la connaissance
des officiers au Cabino, dans les replis, aux avant-postes, chez
les autres correspondants ; et il trouve partout un gîte pour la
nuit. Le terrain qu'il étudie le plus volontiers est celui de
notre ligne d'investissement, que le canon des forts incommode
le plus, et les obus français, qui tombent un peu partout, sauf
à Versailles, semblent avoir une prédilection pour les routes
que suit le capitaine Forbes. » |