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Documents sur Blâmont (54) et le Blâmontois

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Blâmont : ce curieux accent circonflexe
 


La toponymie du lieu a évolué de l'Albus Mons latin, au Blâmont actuel : si la terminologie Albus Mons se retrouve encore dans les actes de 1244, dès 1186 on voit apparaître la traduction en «  Blanmont », qui se perpétue dans les siècles suivants (avec parfois le germanique Blankenberg) ainsi que la variante «  Blammont ».

Mais quand a-t-on pris l'habitude d'écrire Blâmont avec un accent circonflexe, et pourquoi ?

1 - Cartographie

Peut-on déterminer l'apparition de «  Blâmont » en consultant cartes et gravures anciennes ? Voici les différentes versions et les références des cartes :

  • Albus Mons : Waldseemüller 1508, 1513, Gallia 1750

  • Blanmont : Hoeffnagel 1585, Furck 1618, Sanson/Mariette 1661, Riegel 1690 ?, Jaillot 1705

  • Blammont : Tassin 1638

  • Blancmont : Sanson D'Abbeville 1648

  • Blanc-Mont : Sanson D'Abbeville 1679

  • Blamont : De Jode 1593, Mercator 1596, Ortelius 1598, Merula 1605, Mercator 1608, Langenes 1609, De Clerck 1621, Le Clerc 1631, Jansson 1636, Blaeu 1640, Mercator 1648, Ortelius 1641, Merian 1645, Du Val 1670, Vischer 1681,Cantelli 1689, Jansson 1690, Riegel 1690, Homann 1702, Schenk 1705, Bourguignon 1719, Naudin 1728, Le Rouge 1743, Cassini 1754, Le Rouge 1756, De Vaugondy 1756, Santini 1776, Guetard 1780, Lattré/Bonne 1783, De Lamarche 1792, De Vaugondy 1806, Delaporte 1806, dép. de la Meurthe 1795, cadastre 1819, Guibal 1844

  • Blâmont : Etat-Major 1835

La majorité des cartes mentionne Blamont sans accent (en notant toutefois que le nom est parfois écrit en majuscules seulement, et même si les règles académiques conseillent d'accentuer les majuscules, il est très fréquent de les rencontrer sans accent); mais les variantes «  Blanmont » et «  Blammont » subsistent cependant sur les même périodes. Ce n'est finalement qu'au XIXème siècle que se prend l'habitude d'écrire Blâmont sur les cartes avec un accent circonflexe.
 

2 - L'origine de l'accent circonflexe

Peut-on déterminer l'origine exacte de cet accent ? Si au XVIème siècle, commence l'habitude de systématiser l'usage de l'accent circonflexe pour le remplacement d'un «  s » disparu (hospital, teste, fenestre...) et plus rarement le doublement d'une voyelle (aage, roole...), cet usage ne concerne pas le nom de «  Blâmont », sans «  s » ni voyelle doublée.

On peut donc avancer une très sérieuse hypothèse fondée sur le signe tilde, parfois utilisé dans le «  a tilde », «  ã » indiquant le son «  an » : on a alors Blãmont=Blanmont.

On trouve ainsi «  Blãmont » dans les textes des XVIème et XVIIème ; en voici quelques exemples :
 
  • Antiquitez de la Gaule Belgicque..., Volume 2 - Richard de Wassebourg - 1549

  • Les Estats, empires, et principautez du monde - Pierre d' Avity - 1617
  • Rerum belgicarum - Aubertus Le-Mire - 1636
    (le tilde, simple facilité d'écriture, est utilisé ici pour Henri I et Fredericus. Mais en ce qui  concerne Henri II, la césure impose l'abandon de cette facilité et le retour à "Blanmont")
  • Genealogia comitum Flandriae a Balduino Ferreo usque ad Philippum IV - Olivario Vredo - 1642

Mais durant ces siècles, la majorité des citations s'écrit tout simplement «  Blamont », et on ne trouve aucune écriture avec accent circonflexe. Il faut attendre le XVIIIème pour rencontrer «  Blâmont ». Quelques exemples :

  • Histoire ecclésiastique et politique de la ville et diocèse de Toul, Père Benoit Picard, 1707
  • Abrégé de l'histoire généalogique de la maison de Lorraine, Eugène-François de Ligniville, 1743
  • Le Grand Dictionnaire Historique, Louis Moreri, 1745
  • Mémoire sur la Lorraine et le Barrois, Durival, 1753
    etc...

Dans un article du Journal de la Société d'archéologie et du Comité du Musée lorrain (avril 1859) «  SUR L'ORIGINE DU NOM DE LA CROIX-GAGNÉE » ; Guerrier de Dumast évoque l'hypothèse du «  â » en remplacement de «  an » :
«  [...] de nos jours, à la place de cette voyelle nasale ain, qui est devenue là hors d'usage, on lit un aî circonflexe (gaine, gaînier) ; absolument tout comme la nasale an des mots ANME, BLANCMONT, FRANCMONT (anima, Albus mons, Liber mons), est remplacé maintenant par un simple à circonflexe : AME, BLAMONT, FRAMONT ».

Mais, comme on le voit d'ailleurs avec la cartographie, l'usage du XVIIIème siècle est encore souvent «  Blamont », et il faut attendre le XIXème siècle pour que se généralise «  Blâmont », alors même que la son "an" a déjà disparu depuis deux siècles. Si ce "an" est bien à l'origine de l'accent circonflexe tardif, l'explication de Guerrier de Dumast reste incomplète, puisque la graphie historique ne présente jamais d'accent circonflexe mais un tilde.

L'accent circonflexe actuel apparaît donc bien comme issu d'une lecture erronée de la notation ancienne de «  Blanmont » écrit «  Blãmont » ; les auteurs du tout début du XVIIIème siècle ont introduit «  Blâmont », seule forme qui leur semblait sans doute conforme à l'alphabet français.
Cette forme a aujourd'hui l'avantage de différencier la commune de son homonyme «  Blamont » dans le Doubs (ville dont le nom a pourtant la même origine)..

Mais la forme ancienne «  Blanmont » s'est-elle perdue oralement à travers les siècles, ou s'est-t-elle conservée mais confondue avec le «  â » très prononcé des lorrains ? Comment faut-il alors prononcer «  Blâmont » ?
 

Rédaction : Thierry Meurant

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