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Les fêtes d'Ancerviller - 30 octobre 1921 (2/4)


Est-Républicain
1er novembre 1921

Une fête de l'énergie lorraine
La résurrection d'Ancerviller

Notre province a l'heureux privilège de pouvoir proclamer aujourd'hui : «  De toutes les réglons meurtries, massacrée par' l'horrible guerre, de toutes les provinces qui ont subi le choc effroyable des armées combattantes, et pendant quatre années, ont été bouleversées, martyrisées dans leur sol et, dans leur chair par la catastrophe, la Lorraine est la première qui donne à la France et au monde le spectacle magnifique d'un courage et d'une ténacité sans exemple. »
C'est en Lorraine, en effet, dans l'arrondissement de Lunéville, qu'a été célébrée hier la première fête de reconstitution d'un Village détruit, sur le front de bataille !
Le village qui s'enorgueillit, à juste titre, de ce privilège, est, Ancerviller,
Après avoir souffert les tortures de la destruction presque totale, Ancerviller a vécu, hier, une heure d'apothéose pendant laquelle des voix autorisées, des voix vibrantes de patriotique émotion, ont exalté le prodigieux labeur, la foi incomparable de ceux de ses enfants qui ont été les artisans de sa résurrection.

La réception
Nous Sommes arrivés à Ancerviller à 10 heures. Les toitures flambantes, les façades vêtues d'un crépi mauve ou crème, les rues nettes, ornées de sapins, de drapeaux, de guirlandes, d'oriflammes, les arcs de triomphe attestent la joie de la population. C'est la fêté, la grande fête d'allégresse comme jamais le joli village n'en connut, comme - souhaitons-le, - il n'en' connaîtra plus jamais.
Sur le perron de la maison commune, toute claire, le sympathique maire d'Ancerviller, entouré de son conseil municipal, reçoit les autorités et les invités : M. Duponteil, préfet de Meurthe-et-Moselle ; M. le général Pénet, commandant le 20e corps d'armée ; Mgr de la Celle, évêque de Nancy et de Toul ; MM. Louis Michel et Henri Michaut, sénateurs ; M. Georges Mazerand, député ; M. Bègue, secrétaire général à la reconstitution ; M. Paul Bouët, sous-préfet de Lunéville ; M. Préaux, chef du service rural ; M. Adrien Michaut, conseiller général ; M. Coulon, inspecteur primaire ; M. Deville, architecte départemental de la reconstitution ; M, Vercelli, entrepreneur ; M. l'abbé Thouvenin, président de l'Association des coopératives de reconstruction ; M. Delorme, architecte d'arrondissement ; le statuaire Michel-Malherbe, délégué administratif à la commission cantonale de Blâmont ; M.-Léon Thouvenot ; M. Désiré Monzein, maire de Halloville ; M. Gérard, maire de Nonhigny ; M. Liengey, maire de Mignéville ; M. Alizon, maire de Blémerey, etc...
L'excellente fanfare des Etablissements Mazerand, de Cirey ; «  l'Industrielle », sous la direction de son chef, M. Schimmer, prête à la cérémonie son dévoué concours. En casqué poli et uniforme bleu de roi tout neuf - tout brille, tout reluit, tout est neuf aujourd'hui, à Ancerviller, les maisons, les atours des jeunes filles et le coeur des hommes, - la compagnie des sapeurs-pompiers forme la haie. Devant le perron, se tiennent les jeunes filles portant les coussins sur lesquels, tout à l'heure, le général Pénet épinglera la croix des braves.

Les discours
M. Collin, maire d'Ancerviller, prononce le premier discours. Après avoir rendu aux enfants de la commune, morts pour la patrie, le pieux hommage de reconnaissance qui leur est dû. M. Collin salue M. l'abbé Fiel, qui fut l'admirable ouvrier de la reconstitution du pays. Il s'incline respectueusement devant M. le préfet de Meurthe-et-Moselle et les chefs des services de reconstitution de la préfecture qui prêtèrent à la commune l'appui d'une bienveillance sans cesse en éveil et d'un .dévouement sans bornes.

M. L'ABBÉ FIEL
Tout l'historique de la reconstitution d'Ancerviller tient dans le beau discours prononcé par M. l'abbé Fiel. Nous nous faisons un devoir d'en reproduire les passages essentiels :
Complètement évacués, par ordre militaire, le 15 décembre 1914, les habitants d'Ancerviller se fixèrent presque tous dans la région de Baccarat et Rambervillers.
De cette date jusqu'au il novembre 1918, les deux lignes françaises et allemande se partagèrent le territoire et les maisons elles-mêmes, sans aucune variation. Le sort des habitations fut celui de tous les villages de première ligne qui toutefois n'avaient été le théâtre d'aucune offensive. Les maisons qui n'étaient pas incendiées ou effondrées sous des obus, n'étaient plus que des squelettes en désagrégation. ,
Après les quelques jours de dépression qui suivent un long cauchemar, on décida de s'éloigner des prophètes sinistres qui annonçaient que jamais nos villages ravagés ne se relèveraient et qu'il ne fallait pas songer au concours de l'Etat pour cette oeuvre impossible. Le 28 janvier 1919, trente-cinq propriétaires répondirent à l'invitation de M. le maire et se trouvèrent ici même avec un agent de la préfecture. La neige fondue découlait de tous les côtés et démontrait que les quelques toitures non effondrées n'en valaient pas mieux. Il fut impossible de trouver une garantie contre l'eau et le froid ailleurs que dans un abri militaire : le spectacle était navrant ; on évacua de nouveau, mais la résolution était prise : la circulaire "du ministre des travaux publics, en date du 14 octobre 1917 avait rassuré les hésitants et enhardi les braves jusqu'à la témérité. Le 24 février, nous nous retrouvions au nombre de cinquante au milieu de nos ruines, et sur les débris d'une caisse de munitions américaines nous établissions l'acte constitutif d'un groupement communal qui décidait de confier à un même architecte et à un seul entrepreneur la restauration des maisons qui n'étaient pas complètement démolies. Quinze jours après une convention était signée avec M. Vercelli, entrepreneur ; et le 1er avril deux cents ouvriers commençaient les travaux.
Avec un optimisme communicatif M. Vercelli avait partagé notre confiance dans les chefs du gouvernement français qui avalent promis de réparer aux frais de l'Etat, les dommages causés par la guerre. Appuyé sur sa promesse, le comité du groupement communal garantit aux habitants que cent-vingt maisons seraient couvertes pour l'hiver. Dès le printemps l'initiative de la municipalité reçut les plus chaleureuses approbations de la préfecture de Meurthe-et-Moselle, elle fut également encouragée par M. le chanoine Thouvenin, qui, toutefois, dans sa haute expérience, souligna les inconvénients d'un groupement extra légal.
Ses réserves furent vite justifiées, et en juin notre groupement, communal devenait une coopérative de reconstruction avec les statuts proposés par M. le ministre du blocus et des régions libérées.
Désormais l'horizon, qui ne fut pas toujours au beau fixe, s'éclaircit à la lumière et à la faveur des circulaires du 8 juillet et du 13 août 1919.
Pendant que l'entrepreneur développe ses conceptions hardies sous la haute direction de nos architectes, M. Le Bourgeois et M. Deville, le conseil de l'administration de la Coopérative est en liaison étroite avec les services de la reconstitution. A Chacune de « es démarches répondaient fidèlement de précieux appuis et de chaleureux encouragements. Si vous multipliez par trois-cents, c'est-à-dire parle chiffre de communes dévastées le nombre nos démarches et de nos importunités en ajoutant que toujours et partout ce furent le même accueil, la même intelligence et le même dévouement, vous conclurez vite que la patience ne fut pas la moindre des vertus mises par les fonctionnaires départementaux au service des sinistrés. Permettez donc M. le préfet, qu'à côté de votre personne, je groupe tous vos collaborateurs d'hier et d'aujourd'hui et qu'à tous j'exprime l'hommage de la gratitude la plus franche et la plus émue.
Sous peine d'être incomplète, notre démarche doit s'étendre jusqu'à l'Union des coopératives, dont le président ne souffrirait pas que je le nommasse un grand bienfaiteur du département et aller jusqu'à la Société centrale d'agriculture, qui trouve une juste récompense dans la prospérité agricole des régions ravagées, pour atteindre ensuite MM. les parlementaires qui ont préparé la réparation des dommages de guerre et font bonne garde pour assurer son application.
Tel est, Messieurs, le secret de la rapide reconstitution des villages dévastés de Meurthe-et-Moselle. Voilà pourquoi les habitants d'Ancerviller sont déjà tous et seront tous, pour Noël prochain, dans leur installation d'avant-guerre. Voilà pourquoi, Monsieur le préfet, si vous nous allouez seulement 300.000 francs dans le programme de 12922, nous aurons fini les maisons rendues nécessaires par l'extension des familles déjà rentrées dans leur foyer.
M. l'abbé Fiel, auquel la foule fait une longue ovation, conclut en saluant son évêque et le représentant du gouvernement de la République par le cri de «  Vice la France ! ».
M. LOUIS MICHEL

L'éloquence chaleureuse du sénateur de Meurthe-et-Moselle va droit au cœur de ses grands amis, les agriculteurs.
Si toujours son succès est grand lorsqu'il leur adresse la parole, rarement, nous devons le reconnaître, M. Louis Michel prononça une allocution plus heureusement inspirée.
En sa qualité de président de la Société centrale d'agriculture, M. Louis Michel exprime toute la fierté qu'il ressent de cette résurrection quasi miraculeuse après l'effroyable tourmente. «  Nous, agriculteurs, dit-il, nous sommes fiers des agriculteurs de cette région, fiers des villages reconstruits, fiers des terres ensemencées qui sont la vie de la nation, fiers du pays lorrain et de l'exemple de travail discipliné et fécond qu'il donne à la France. »
Il y a quelques jours, un sénateur de l'Aisne, rencontrant M. Michel au Sénat, lui demandait «  Est-ce qu'il y a, dans votre département, des fermes reconstruites ? » Oui, répondit-il, presque toutes. » Le sénateur de l'infortunée région qui a, hélas ! beaucoup plus souffert encore que la nôtre, ne voulait pas ajouter foi à cette déclaration.
M. Michel expose l'étendue de la tache magnifique accomplie par M. l'abbé Fiel, secondé avec une sollicitude incomparable par M. Duponteil et les Services de reconstitution de la préfecture.
Avec une bonhomie charmante, notre dévoué sénateur exprime ce vœu : « Quand votre village sera complètement reconstruit, vous trouverez, mes chers amis, un petit bout de rue, et ce petit bout de rue, vous l'appellerez la rue du Chanoine Fiel ! »
De frénétiques applaudissements saluent tette péroraison et M. Georges Mazerand prend, à son tour, la parole.

M. GEORGES MAZERAND
Le dévoué député de Meurthe-et-Moselle rappelle ses souvenirs personnels.
Vous ne serez pas surpris, si la cérémonie qui nous réunit aujourd'hui à Ancerviller me cause une émotion particulière. Certes, déjà avant la guerre, j'avais parcouru la région, mais au cours de la campagne j'eus l'occasion d'y séjourner dans des conditions un peu spéciales, il faut l'avouer. C'était en février 1915, ma division prenait possession des lignes, aux abords immédiats du village, jusque la zone neutre entre les deux camps mais qui venait d'être coupée en deux par les tranchées ennemies et les nôtres. Presque chaque jour et chaque nuit je traversais le village, vide de ses habitants, tous les jours un peu plus dévasté et présentant un inoubliable spectacle de désolation ! Vous m'excuserez si ces souvenirs personnels montent tout naturellement de mon coeur à mes lèvres : au moment où nous avons la joie de voir la résurrection d'Ancerviller devenir un fait accompli, comment n'aurai-je pas évoqué, comme vous-mêmes, les épreuves qui se sont appesanties cruellement sur vous, et dont je fus un instant le témoin navré !
Rappellerai-je les étapes de ce long martyr ? D'abord l'envahissement presque immédiat, qui dura du 8 au 14 août, puis le recul des Allemands - éphémère hélas - marqué d'incendies et d'exactions, puis de nouveau la bataille et l'occupation jusqu'à la victoire de la Marne ! Ancerviller aurait pu être délivré définitivement comme le fut Lunéville, mais le sort en décida autrement. Il devait être deux fois encore occupé par l'ennemi, servir d'enjeu à d'incessants combats et finalement partagé entre nos adversaires et nous, situation tragique qui dura de 1915 à l'armistice !
Et pendant ce temps, que devenaient les habitants ? Leur conduite fut simplement et constamment admirable. Dès le début, ils cachent et ravitaillent, malgré la présence des Allemands, vingt-cinq chasseurs qui purent rejoindre nos lignes à Montigny ! Une poignée d'hommes, de femmes, d'enfants aussi, éteignent avec des moyens de fortune les incendies allumés par les Allemands ou suscités par les obus !
Les notables, au risque de leur vie, tels l'ancien maire et le curé, essaient de s'opposer aux exigences de l'ennemi vainqueur.
Pendant toute la guerre, l'entraide réciproque, le dévouement à nos blessés, la poursuite des travaux agricoles en pleine zone de bataille furent les traits d'héroïsme quotidiens dont vos compatriotes, Monsieur le maire, ont donné l'admirable exemple !
Pour ces braves gens le moment le plus pathétique fut sans doute l'évacuation devenue un instant nécessaire : ordonnée le 11 novembre 1014, elle ne fut exécutée que le 13 décembre, commentaire le plus élogieux de l'esprit de sacrifice qui animait la population toute entière !
M. Mazerand donna lecture des belles citations à l'ordre de l'armée d'Ancerviller et de Halloville et commente éloquemment le miracle de sa résurrection.
Détachons ce passage à l'honneur de M. l'abbé Fiel :
Par un sentiment de délicatesse dont tous lui ont su gré, il n'a pas voulu que le représentant du culte parut favoriser l'église au détriment d'un autre monument public ou même d'une humble demeure, et il décida que l'église serait élevée la dernière. Nous rendons de tout coeur, à M. l'abbé Fiel, l'hommage que méritent son labeur, son dévouement. Plus que tout éloge, aujourd'hui, le spectacle que nous avons sous les yeux est pour lui la récompense de ses efforts.
La restauration du village a été accomplie dans des conditions d'aménagement bien supérieures à celles qui existaient autrefois, grâce à l'initiative combinée de la Coopérative de reconstruction et de l'entrepreneur Vercelli.
Tous les cultivateurs (dont le nombre s'est accru) possèdent leur outillage d'avant-guerre, perfectionné encore par l'usage des machines à moteur électrique. Actuellement, il y a à l'étude n projet d'adduction d'eau de la montagne, avec les villages de St-Maurice et de Ste-Pôle (auxquels viendront sans doute s'en ajouter d'autres encore), qui rendrait à la population toute entière les plus grands services, et marquerait un progrès considérable pour l'hygiène et la salubrité.
M. Mazerand montre ensuite les mérites des autres communes qui recevront toute l'heure la croix de guerre et, longuement acclamé par la population, conclut en ces termes :
Quand sera assurée la sécurité des frontières par l'exécution stricte du traité de Versailles, quand l'équilibre budgétaire aura été rétabli, en tenant compte de la restauration des régions dévastées, objet de nos premières préoccupations, alors, nous assisterons à une période de prospérité économique merveilleuse et nous récolterons toute la moisson de gloire promise par la victoire à notre chère patrie.

M. LE PREFET
Dans une improvisation vibrante, M. Duponteil dit sa joie de s'associer à cette fête de la renaissance, la première qui sera suivie de bien d'autres, jusqu'à la reconstitution totale de notre pays.
De jour en jour, les plaines, les vallons les coteaux s'égaieront de maisons neuves et cela sera notre réponse au barbare qui disait que nous entretenions à dessein des plaies béantes pour attirer la sympathie des autres nations et maintenir la haine de l'ennemi.
C'est la France qui, avec ses seules ressources, a supporté jusqu'ici les charges accablantes de la reconstitution ; ces charges, elle les supporte vaillamment fraternellement. Et devant le travail accompli dont nous sommes aujourd'hui les témoins émerveillés, le souvenir des fautes et des erreurs commises, doit disparaître. Mais, ne nous endormons pas sur le mol oreiller de la satisfaction : nous savons tout ce qui reste à faire.
M. le Préfet célèbre les bienfaits de l'organisation, de cette Association des coopératives appelée à rendre de si grands services à ses collaborateurs zélés et à l'assemblée départementale qui ne lui a jamais ménagé conseils et critiques bienveillantes. Il salue les apôtres de la reconstitution d'Ancerviller, ainsi que la population, revenue sur le sol maternel, avec sa foi inébranlable dans un avenir réparateur. Dans une superbe envolée, M. Duponteil déclare que l'oeuvre de la reconstitution apparaîtra bientôt comme le chef-d'oeuvre collectif des énergies d'une race, comme le chef-d'oeuvre de la ténacité lorraine.
Les applaudissements crépitant pendant de longs instants, jusqu'à ce que M. Crémel, le vénérable instituteur d'Ancerviller, donne la liste glorieuse des morts de la commune.

Les noms des héros et victimes
M. l'abbé Lefèvre, curé d'Ancerviller, ancien aumônier à l'hôpital Maringer; Denis Joseph, lieutenant au 1er régiment colonial ; Durand Camille, sous-lieutenant au 226e R.I.. ; Blaise Emile, du 20e B.C.P. ; Jacquot Joseph, sergent au 17e B.C.P.; Denis Louis, caporal au 17e B.C.P.; Colin Auguste, du 26e R.I.; Colin Joseph., .du 57e C.A.P. ; Colin Emile, du 17e C.A.P. ; Hachon Louis, du 20e C.A. P. ; Martin Jean, du 405e R. I. ; Lhôte Charles, du 275e R.I. ; Munier Paul, du 10e C.A.P. ; Troché Joseph, du Z26e R. I. ; Dévot Marcel, du 140e R I. ; Jacquot Eugène, du 17e chasseurs à cheval ; Klein Charles ; Michel Joseph, du 168e R.I. ; Georges Charles, du 252e R.I. ; Dieudonné Henri, du 69e R.A.L.
Les enfants répondent à l'appel des noms et entonnent ensuite le chant des Girondins, puis les clairons ouvrent le ban et M. le général Pénet donne lecture des citations d'Ancerviller, Halloville, Blémerey, Mignéville et Nonhigny. La croix est ensuite remise à chacun des maires : remises, également, plusieurs décorations à titre posthume, La Légion d'honneur à la mémoire du sous-lieutenant Durand ; la médaille militaire à la mémoire des chasseurs Blaise Charles, Munier Paul, du caporal Colin Joseph.

La bonne Française
Mais voici qu'un mouvement se produit dans la foule. Tout le monde s'écarte respectueusement pour laisser passer Mme Denis, qui doit recevoir la médaille de la Reconnaissance française.
Mme Denis, mère de 13 enfants, dont deux ont été tués à la guerre, a été l'objet d'une citation magnifique pour avoir, pendant l'occupation d'Ancerviller par les Allemands, recueilli, soigné et caché pendant quatre jours deux soldats français blessés. Et les deux soldats qu'elle a sauvés au péril de sa vie, sont venus pour lui faire honneur. Ils encadrent la bonne vieille maman et, pendant que le général Pénet lui donne l'accolade, de grosses larmes roulent sur son visage.
Une ovation enthousiaste est faite à la vaillante Française qui, très émue, et les bras chargés de fleurs, regagne le groupe émouvant formé par ses enfants et petits-enfants.

La première pierre de l'église
L'industrielle jour la Marseillaise et la foule se rend à l'emplacement de la nouvelle église où un autel a été dressé, surmonté d'un tableau représentant le futur édifice.
Après un sermon de Mgr de la Celle, la cérémonie de la pose de la première pierre a lieu. Le procès-verbal en latin, écrit sur parchemin, est introduit dans une cavité ménagée dans la pierre. En voici la traduction
POUR PERPETUELLE MEMOIRE
Sachent tous que l'an de N.S. 1921, le dimanche 30 octobre, tous les paroissiens d'Ancerviller et d'autres personnes de distinction état présents, la première pierre de cette nouvelle église, érigée comme l'ancienne qui fut détruite par les Allemands dans le cours de la grande guerre, sous le vocable de Saint-Martin-des-Tours, a été posée par M. Edm. Duponteil, préfet de Meurthe-et-Moselle, et bénite solennellement par sa Grandeur Mgr Hippolyte de la Celle, évêque de Nancy et de Toul.
Les assistaient : l'abbé A. Jacquot, curé de la paroisse ; Pierre Colin, maire de la commune et tous les conseillers municipaux ; le chanoine Thouvenin, président de la Société coopérative de Nancy, l'abbé Paul Fiel, enfant du lieu, secrétaire de la même Société ; M. Deville, architecte, et M. Vercelli, entrepreneur, qui ont assumé la tâche de construire cet édifice.
Afin que le présent acte, écrit su parchemin, et revêtu de la signature de chacun d'eux, perpétuât le souvenir de cette solennité, on renferma le dit parchemin dans une ampoule de verre qui fut déposée et scellée à l'intérieur même de la pierre bénite.

Le banquet
La messe terminée, les personnalités officielles ont visité le village. A midi et demi, un charmant et délicieux banquet servi par le restaurateur Louis, d'Ancerviller, un banquet lorrain par la qualité des mets et l'exquise cordialité qui les assaisonne, réunit à la maison commune les invités de la municipalité.
Des toasts y sont prononcés par M. le Maire, M. Henri Michaut et M. le préfet qui fait acclamer le président de la République.
A deux heures et demie, nous remontons en voiture pour assister à la cérémonie d'Halloville, dont nous rendons compte demain.
Une heure plus tard, en repassant à Ancerviller, nous nous rappelons l'admirable formule que Robert de Flers voudrait que l'on accolât désormais à Verdun, devenu nom commun. La première commune ressuscitée de notre province ne pourrait-elle pas, elle aussi, devenir nom commun et se glorifier de cette définition.
«  Ancerviller : persévérance dans le prodigieux effort, foi inébranlable dans les destinées de la Patrie. »
Fernand ROUSSELOT


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