| Est-Républicain11 août 1925
 DOMÈVRE-SUR-VEZOUZEa célébré ses Morts et fêté sa Reconstitution
 Nous avons assisté aux 
				successives étapes de la résurrection de Domèvre-sur-Vezouze, 
				dont à l'armistice il ne restait pas une maison debout. Une 
				première fois, nous accompagnâmes dans le pays envahi par les 
				ouvriers et peuplé d'échafaudages, M. Alexandre Millerand, à 
				cette époque président du conseil.Il y eut une réception dans la salle d'école et l'on passa sous 
				un arc de triomphe décoré de trophées de drapeaux aux couleurs 
				françaises et italiennes. Le .pauvre et vaillant Vercelli était 
				là, plein d'enthousiasme, débordant d'activité généreuse...
 Plus tard, nous vînmes avec M. Reibel, ministre des régions 
				libérées. Déjà, la chrysalide s'était muée en papillon, et de 
				nombreuses maisons, aux claires et élégantes façades, abritaient 
				les familles.
 Dimanche, c'est dans un village splendide, décoré de verts 
				sapins, fleuri de guirlandes, tapissé de verdures sombres, orné 
				d'arcs de triomphe, un village qui resplendissait comme un bijou 
				neuf sous le brasillement du soleil torride, que nous avons reçu 
				de la municipalité de Domèvre ressuscité, le plus cordial 
				accueil.
 Dimanche 9 août ! Tragique anniversaire. Il y a onze ans, le 
				dimanche 9 août, la première patrouille allemande foulait le sol 
				de Domèvre, amenant à sa suite la formidable cohorte de toutes 
				les barbaries déchaînées, le feu, le pillage, l'assassinat, la 
				destruction et la misère.
 Ce n'est pas là pure coïncidence. La municipalité a tenu, en 
				fixant au 9 août l'hommage à ses morts et la fête de sa 
				reconstitution, donner tout son sens profond à l'émouvante 
				solennité.
 
 La réception
 A 9 heures, une nombreuse affluence se pressait dans la nouvelle 
				église, à la cérémonie
 funèbre, M. l'abbé Renaud, curé de St-Pierre de Nancy, ancien 
				curé de Domèvre, donna le sermon et les sociétés musicales, la 
				fanfare l'Industrielle et la chorale des jeunes filles des 
				établissements Mazerand, la fanfare de la Sportive Lorquinoise 
				se firent entendre. Le clergé procède ensuite à la bénédiction 
				du monument.
 A 10 heures et demie, arrivent successivement MM. Carau, 
				vice-président du conseil de préfecture, remplaçant M. le préfet 
				; M. Georges Mazerand, député. Ces messieurs sont reçus de la 
				plus gracieuse façon par l'aimable maire de Domêvre, M. 
				Voissement, entouré des membres de son conseil municipal et de 
				MM. de Turckheim, conseiller général ; Adam, maire de Fréménil, 
				et Liengey, maire de Mignéville, tous deux conseillers 
				d'arrondissement ; Labourel, maire de Blâmont ; le maire de 
				Lorquin ; Albert Collin ; Weisslinger, ancien maire ; le docteur 
				Henriot ; Auclair ; Colin, maire d'Ancerviller ; George, maire 
				de Reclonville ; Piot, instituteur ; les abbés Munier et Renaud 
				; Lafontaine, ingénieur du génie rural ; le statuaire
 Michel-Malherbe ; le docteur Parisot ; Auclair et Bobis, des 
				services de la reconstitution ; Villemont, architecte de Domèvre 
				; Feunette, président de la section des médaillés militaires de 
				Lunéville, accompagné d'une délégation et du porte-drapeau de la 
				section ; l'adjoint au maire de Lorquin, etc., etc.
 En face de la mairie, ont pris place l'Industrielle et la 
				chorale des établissements Mazerand ; la société des trompettes 
				de Blâmont-Domèvre ; la fanfare de Lorquin. Les pompiers, sous 
				le commandement de leur lieutenant, M. Baptiste, forment la 
				haie.
 M. Voissement souhaite à M. Carau uni cordiale bienvenue. Il dit 
				notamment :
 «  Le 7, lors de votre passage à Domèvre, visitant les pays 
				envahis, mon prédécesseur, M. Veislinger, vous disait : «  Nous 
				sommes à la veille du but que nous nous étions assigné : la 
				reconstitution de notre cher pays. »
 «  Eh bien ! monsieur le préfet, ce but est atteint, Domèvre est 
				entièrement reconstruit, toute trace de la guerre a presque 
				disparu.
 «  Ces magnifiques résultats sont dus à l'effort constant et 
				soutenu de ceux qui ont contribué à la résurrection du pays ; la 
				Coopérative, habilement dirigée, l'architecte, toujours prêt à 
				seconder les sinistrés, et enfin l'Etat par ses libéralités.
 «  Et, maintenant débarrassés de nos soucis matériels, mes 
				collaborateurs et moi, profondément dévoués au gouvernement de 
				la République, travaillons dans l'union et d'un commun accord à 
				bien administrer les intérêts qui nous ont été confiés, à 
				obtenir tous les avantages possibles pour le bien de la commune 
				et celui de la France. »
 M. Carau répond en félicitant la vaillante population de Domèvre 
				et en l'assurant de la constante sollicitude des pouvoirs 
				publics. On applaudit et l'on se rend devant le monument.
 Les personnalités officielles prennent place sur l'estrade.
 
 Devant le monument
 Devant le monument, la foule est considérable. Aux premiers 
				rangs, les enfants des écoles portent dans leurs petits bras des 
				gerbes de fleurs.
 MM. Carau et Mazerand viennent déposer au pied du monument les 
				magnifiques gerbes qui, tout à l'heure, leur ont été offertes.
 Edifié entre la mairie et l'église, le monument, dû à 
				l'artistique conception de M. Deville, est une table de grès 
				rose décorée des armes de Domêvre et de la croix de guerre. En 
				son centre, une plaque de bronze porte les noms des enfants de 
				la commune morts pour la patrie. L'ensemble se recommande par 
				son originalité et la noblesse de ses lignes.
 Les trompettes sonnent à l'étendard et M. Piot, instituteur, 
				fait l'appel des morts.
 A chaque nom des soldats ou des victimes civiles, les enfants 
				répandent «  Mort pour la France ».
 Voici la liste funèbre et glorieuse :
 Agelot Aimé, Bain Auguste, Bajolet Alexandre, Colin Charles, 
				Colin Léopold, Comminetti Ernest, Cotelle Pierre, Courtois Léon, 
				Dévot Jean, Dubas Joseph, Dubois Gaston, Fourmann Armand, 
				Fourmann Henri, Fresse Auguste, Galland Auguste Houviaux Lucien, 
				Jacquot Georges, Janin Jules, Pagny Joseph, Receveur Louis, 
				Thomas Camille, Thomas Louis.
 Victimes civiles : Claude Adolphe, Claude Auguste, Claude 
				Maurice, Dubois Paul.
 Les trompettes ferment le ban et M. Voissement, maire, prend la 
				parole.
 
 Les discours
 
 M. LE MAIRE DE DOMÊVRE
 M. le maire dit toute sa fierté de se trouver devant une aussi 
				nombreuse assistance, venue de tous côtés pour rendre un pieux 
				hommage à la mémoire des enfants de Domèvre morts pour la 
				France, pour honorer leur souvenir, en leur témoignant 
				l'admiration et la reconnaissance qui leur sont dues et pour 
				donner à leurs familles une marque émouvante de sympathie et de 
				respect.
 «  Jamais on ne dira tout ce que nous devons à ces héros qui ont 
				donné leur vie pour défendre le sol de la patrie...
 «  Sur ce monument, où le nom des martyrs est gravé et qui est le 
				symbole de leur sublime sacrifice, en présence des anciens 
				combattants et en face de la générations futures, promettons de 
				continuer à être dignes d'eux et de garder pieusement dans notre 
				coeur leur souvenir, de rester forts et unis et de travailler 
				dans la concorde à la grandeur de la patrie.
 «  Ce monument, élevé au centre du village près de l'église, qui 
				rappelle à chacun de nous les dates heureuses et pénibles de son 
				existence, sera une leçon vivante de notre pays. »
 S'étant adressé aux enfants des écoles pour les exhorter à 
				s'inspirer toujours de l'exemple des grands morts. M. Voissement 
				conclut ainsi : «  Morts de Domêvre, je vous salue bien bas. 
				Gloire et honneur à vous, vous ne serez pas oubliés. Reposez en 
				paix ! »
 
 M. DE TURCKHEIM
 «  La population de Domèvre, dit en substance le conseiller 
				général du canton, a stoïquement supporté les deuils et les 
				misères de la tourmente. En concentrant son effort, vers la 
				reconstitution, après la guerre, elle a bien interprété la 
				volonté des morts. »
 M. de Turckheim prêche l'union dans la paix.
 
 M. GEORGES MAZERAND
 L' «  Industrielle » et la Chorale des jeunes filles interprètent 
				avec une prenante émotion une cantate et le sympathique député 
				de Meurthe-et-Moselle prend la parole.
 Il félicite chaleureusement, les habitants.de Domèvre d'avoir 
				associé à la résurrection du village, aux embellissements de la 
				commune, le culte de leurs disparus, martyrs de la liberté, 
				sauveurs de la patrie, artisans de la victoire !
 Ayant rappelé la date du 9 août 1914, premier anniversaire 
				tragique pour la commune M. Mazerand continue :
 «  D'autres dates apparaissent en traits de feu dans ce long 
				calvaire : les 14 et 15 août après un combat, ces premières 
				troupes se replient, et vous avez la joie de voir le 8e corps 
				français traverser Domèvre, se dirigeant vers Sarrebourg. Hélas 
				! ce même corps repassait le 22 août en retraite après la 
				funeste bataille de Morhange.
 «  Le 23 août, autre journée sombre : c'est l'invasion suivie 
				bientôt par l'incendie et le pillage du village. Le 24 août, 136 
				maisons étaient la proie des flammes ! Les exodes avaient 
				commencé et malheureusement aussi les fusillades, les 
				arrestations d'otages ! La bataille de la Marne ne nous donna 
				qu'un court répit : Domèvre reste entre les lignes, tour à tour 
				aux mains des Allemands ou des nôtres.
 Le 5 octobre, le clocher incendié par les ennemis, sous le 
				prétexte qu'il avait pu servir d'abri à nos mitrailleuses, 
				s'effondre. Le 16 novembre, l'ordre d'évacuation dans un délai 
				de trois heures est imposé aux habitants terrorisés.
 Quelques vieux du village s'entêtent à demeurer et ce n'est que 
				le 15 février 1915 que s'en va seul à pied vers les lignes 
				françaises, Pierre- Saltzmann, un vieillard de 94 ans - départ 
				combien pathétique ! - Puis c'est quatre années durant, la 
				transformation du sol familier en champ de bataille hérissé de 
				forteresses, de blockhaus, sillonné de tranchées ; c'est, quatre 
				années durant, des réseaux de fil de fer barbelés formant sur ce 
				qui était naguère Domèvre, une zone infranchissable entre deux 
				armées ! Mais dès l'armistice, et sans qu'un instant ait été 
				perdu, la longue patience de nos agriculteurs allait rendre à la 
				vie laborieuse ce chaos impénétrable, véritable coin d'enfer !
 «  Votre maire a éloquemment dépeint les efforts de tous pour 
				relever les ruines, pour défricher ce soi bouleversé.
 «  Les pertes matérielles étaient immenses ! Si considérables 
				qu'elles fussent, cependant, elles n'auraient rien été si tant 
				de deuils ne les avait accompagnées !
 «  Toutes les étapes de la guerre ont été plus ou moins 
				sanglantes pour vous, en raison du sort de vos chers mobilisés, 
				mais c'est surtout au début des hostilités que furent commis ces 
				assassinats inexpiables, suscités par la rage satanique des 
				envahisseurs.
 «  Vers ces. innocentes victimes s'élèveront en premier lieu nos 
				regrets apitoyés : Auguste Payeur, de Manonviller, tué le 9 août 
				1914 par une patrouille ; Adolphe et Auguste Claude, assassinés 
				pendant l'incendie des 23 et 24 août ; le jeune Maurice Claude, 
				blessé mortellement par des officiers qui venaient de dîner chez 
				son père Charles Claude ; un enfant Paul Dubas, tué par un 
				Allemand par ce qu'il jouait «  au soldat » sur le talus du 
				chemin de fer !
 «  Combien d'autres, brutalisés sauvagement comme le maire M. 
				Albert Colin, ou pris en otages, ainsi que ce fut le cas de MM. 
				Bretot et Gabord, ont pu par la suite se ressent-il de ces 
				mauvais traitements ; combien même ont pu disparaître dans des 
				circonstances plus ou moins suspectes ! Peut-on dépeindre les 
				angoisses ressenties par les familles séparées à l'improviste, 
				et la douleur de celles que les crimes allemands mettaient en 
				deuil !
 Je m'excuse de leur remémorer aujourd'hui ces heures affreuses 
				et c'est avec une sincère affliction que je les prie de recevoir 
				mes condoléances émues.
 Ce que je dois dire aussi, c'est l'admirable fermeté d'âme 
				témoignée par tous au milieu de ces épreuves. Hommes, enfants, 
				vieillards, ont subi la mort et l'exil stoïquement et les femmes 
				(que les Allemands avaient enfermées dans un hangar) ont été 
				épargnées par la mort, elles n'en ont pas moins souffert 
				moralement tous les supplices et la rouge vision de l'incendie 
				et du meurtre ; elle furent toujours à la hauteur des événements 
				dramatiques qui eurent leur village natal pour théâtre ! Les 
				larmes que devaient leur coûter bientôt les maris, les frères, 
				les fiancés, aux armées depuis le premier jour de la 
				mobilisation, ne leur enlevèrent jamais une parcelle de courage 
				et du jour où le retour au pays fut possible ne 
				coopérèrent-elles pas vaillamment à l'oeuvre de reconstruction ?
 «  Mais vous avez vidé jusqu'à la lie la coupe de fiel... Pendant 
				que Domèvre était anéanti, que ses habitants étaient massacrés 
				ou dispersés, vos mobilisés, incorporés pour la plupart au 20e 
				corps, donnaient l'exemple des vertus militaires dans ces 
				régiments d'élite, toujours exposés aux premiers rangs, là où 
				était le péril, là où était la gloire ! Vos soldats ne 
				ménagèrent, eux non plus, ni leurs peines, ni leur sang dont ils 
				ont arrosé maints champs de bataille... Ce ne fut pas en vain : 
				Ils nous donnèrent la victoire, ils contribuèrent pour leur 
				modeste part à reculer cette frontière que sa proximité avait 
				rendue dangereusement fatale à vos foyers !»
 M .Mazerand rend un vibrant hommage à la mémoire des héros. Il 
				rappelle ensuite la glorieuse citation décernée a Domèvre, le 30 
				octobre 1920 :
 «  A été presque entièrement détruite par l'ennemi, qui a fusillé 
				plusieurs habitants et incendié la plupart des maisons ; a fait 
				preuve, au cours de ces douloureuses épreuves, d'un courage et 
				d'une dignité admirables.
 A l'école enfin, les instituteurs, qui furent eux-mêmes de si 
				magnifiques combattants, exalteront les jeunes générations au 
				récit de tant d'exploits et de tant de malheurs ! Ainsi se 
				perpétuera le culte de ceux que la guerre a couchés au tombeau 
				prématurément ! Mais ce culte serait vain, s'il se réduisait a 
				des formules de souvenirs, à des manifestations de regrets. Il 
				comporte avant tout un enseignement : éviter lte retour de 
				semblables calamités !
 «  Pour cela, il ne suffit pas de montrer un visage résolument 
				pacifique, ainsi que la République s'en glorifie, d'ailleurs à 
				juste titre sans se laisser dominer par les séductions 
				trompeuses de l'idéologie la France doit rester vigilante et ne 
				rien compromettre des moyens de défense nationale dont elle peut 
				disposer ! Au moment où il va discuter une fois de plus, à 
				Londres, la rédaction du pacte dit, «  de sécurité », notre 
				ministre des affaires étrangères, M. Aristide Briand, s 
				inspirera de ces considérations de patriotisme clairvoyant, en 
				dehors desquelles il ne serait pas possible à notre cher pays 
				d'accomplir ses destinées de grande nation victorieuse et amie 
				de la paix, à la tête du progrès démocratique dans le monde. » 
				(Vifs applaudissements.)
 
 M. CARAU
 Désigné par M. le préfet- de Meurthe-et-Moselle empêché, pour 
				représenter le gouvernement à la cérémonie de Domèvre, M. Carau 
				prononce un discours très complet, de belle langue, et plein de 
				fortes pensées.
 M. Carau parle longuement, mais l'on ne saurait, à l'entendre, 
				éprouver la moindre lassitude. Son émouvante éloquence pénètre 
				au plus profond de la pensée et du coeur.
 M. Carau retrace, avec un saisissant relief, les événements qui 
				se sont déroulés depuis la terrible année 1914 : l'agression 
				inqualifiable suivie des horreurs dont nos populations lorraines 
				furent les témoins et les victimes, la longue suite de revers et 
				de combats heureux, puis enfin la victoire, si longuement 
				attendue, si chèrement payée, et, la guerre terminée, le 
				magnifique courage de nos gens, attelés au labeur formidable de 
				la reconstitution.
 L'orateur insiste sur le mauvais vouloir de l'ennemi vaincu dans 
				l'exécution des clauses du traité de paix et nous montre la 
				France, obligée de compter à peu près uniquement sur elle-même, 
				pour obtenir un minimum de réparations et de justice.
 Il rend un éloquent hommage aux glorieuses victimes de la grande 
				épopée, aux mutilés, aux combattants, aux victimes civiles, 
				nombreuses hélas ! en Lorraine, et termine en adressant aux 
				soldats qui combattent au Maroc, pour la cause de la France et 
				de la Civilisation un souvenir ému et reconnaissant.
 La foule applaudit longuement et la cérémonie officielle étant 
				terminée, un cortège se forme, toutes les musiques et drapeaux 
				en tête, pour parcourir les rues du village ressuscité.
 Maintes fois, nous avons dit ce que nous pensions de la 
				reconstruction de Domèvre, actuellement un de nos plus jolis et 
				séduisants villages lorrains. Nous n'y insisterons pas.
 A midi et demi, tout le monde se rend à la salle des fêtes de la 
				mairie, spacieuse et superbe, pour assister au banquet. Dommage 
				que la porte d'entrée massive, inélégante et faisant songer à 
				l'entrée d une lourde villa munichoise dépare singulièrement ce 
				monument.
 
 Le banquet
 Dans la salle, une centaine de convives sont réunis. A la table 
				d'honneur ont pris place les personnalités précédemment citées.
 Pendant le repas servi avec une inégalable maîtrise, par le 
				maître-hôtelier Godard la fanfare l'Industrielle et la chorale 
				des établissements Mazerand se font frénétiquement applaudir. 
				Même accueil a la fanfare de Lorquin. Au champagne M. le maire 
				se lève et célèbre l'abnégation de ses concitoyens dans l'effort 
				de reconstitution de leur village et de leur sol. Il remercie 
				ensuite toutes les personnalités présentes et rend hommage à 
				toutes les bonnes volontés qui se sont unies en un magnifique 
				faisceau, pour l'organisation de cette double fête, d'hommage 
				aux morts et de salut à la vie et à la prospérité renaissantes; 
				Aucun des artisans de la résurrection n'est oublié, et la ville 
				de Lorquin, venue aider spontanément Domèvre au lendemain de 
				l'armistice, moins que tout autre.
 M. de Turckheim fait ensuite un appel en faveur de la 
				pouponnière de Blâmont. Applaudi à tout rompre et acclame aux 
				cris de «  Vive Mazerand ! Vive notre député », M Georges 
				Mazerand se lève. Il est un vieil ami de Domèvre et, mieux que 
				personne, connaît. la vaillance de ses habitante, la foi ardente 
				qu'ils n'ont cessé d'avoir au coeur, dans les destinées de la 
				patrie. Quand on voit ce qu'ont fait les habitante de nos 
				villages lorrains, ceux de Domèvre en particulier on est 
				doublement fier d'être français et Lorrain et l'on ne saurait 
				jamais désespérer du pays.
 Ayant fait un délicat éloge de la femme lorraine M. Mazerand 
				adresse à son auditoire un vigoureux appel en faveur du nouvel 
				emprunt. Echanger les Bons du Trésor contre l'emprunt 4 % est un 
				strict devoir de patriotisme. A l'appel de la patrie, tous les 
				Lorrains répondront «  Présent ! »
 M. l'abbé Renaud boit ensuite a I administration préfectorale 
				qui a si puissamment aidé les habitants de Domèvre dans la 
				reconstruction de leur Village. M. Lafontaine, ingénieur du 
				génie rural, remercie l'abbé Renaud et montre que l'oeuvre de la 
				reconstitution fut avant tout une oeuvre de solidarité 
				française. M. Carau termine la série des toasts par d'éloquentes 
				paroles d'union fraternelle et de patriotisme clairvoyant. Puis 
				il porta le toast loyal à M. Painlevé, président du Conseil, et 
				à M. Gaston Doumergue, président de la République.
 Le soir, de superbes illuminations et des réjouissances 
				publiques montrèrent qu'après les injustes désastres la volonté 
				de vivre et de prospérer s'affirmait et que Domèvre, sans 
				oublier les tristesses et les détresses glorieuses de son passé, 
				entendait marcher avec un courage renouvelé vers l'avenir.
 F. R.
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