Est-Républicain
8 juin 1926
AVRICOURT
a commémoré ses grands Morts
Avricourt est,
administrativement, la plus jeune commune de l'arrondissement de
Lunéville. Ainsi que le rappelait, avant-hier, son excellent
maire, M. Laffler : « Avricourt a 28 ans d'existence... J'en ai
32 de plus qu'elle. »
C'est après, la guerre de 1870 qu'une agglomération se forma à
cette endroit où, auparavant, l'on ne voyait que deux auberges.
Le déplacement de la frontière entraînait à sa suite des
modifications profondes et la création d'organismes spéciaux et
de nouveaux services à ce point terminus du réseau de la
Compagnie de l'Est. Avricourt connût aussitôt la prospérité. Une
gare très importante, des casernes de douanes et de gendarmerie,
maisons d'habitation, restaurants et cafés s'édifièrent de ce
côté du passage à niveau qui marquait mieux que le poteau
surmonté de l'aigle germanique, la cruelle ratification du
traité de la défaite.
En 1888, Avricourt était érigée en commune. Une mairie, un
groupe scolaire sortaient, du sol. Bientôt, le curé Blumstein,
curieuse figure d'ermite et de voyageur, construisait une
église. La petite cité vivait de sa vie propre.
En reculant, la frontière, le traité de Versailles devait porter
à Avricourt un coup redoutable. Amputée de ses importants
services, la commune végète, s'étiole. Fort heureusement, son
maire, homme de volonté, et ses habitants, Lorrains tenaces que
rien ne décourage, multiplient les efforts pour permettre à leur
chère commune, victime momentanée de notre victoire, à marcher à
nouveau vers son clair destin.
LA RÉCEPTION DES AUTORITÉS
Dimanche, Avricourt. rendait à ses glorieux enfants, morts pour
la France, un solennel hommage de reconnaissance. La population
avait édifié des arcs de triomphe et décoré les maisons. Aux
fenêtres claquaient les drapeaux. Les rues retentissaient de
l'éclat cuivré des fanfares. A la gare, M Loeffler, entouré des
membres de la municipalité et du Comité du monument, attendait
les personnalités invitées à la cérémonie.
A 10 heures, le train arrive. Un cortège se forme aussitôt et,
précédé de l'Etoile de l'Indépendance, la fanfare d'Avricourt,
(Moselle), se rend à la mairie où a lieu une réception cordiale.
Au nombre des personnalités présentes nous remarquons MM. Albert
Lebrun, ancien ministre, Vice-président du Sénat ; Georges
Mazerand. député ; Paul Bouët, sous-préfet ; fis Turckheim,
conseiller général ; Loeffler, maire d'Avricourt : Haas, adjoint
; les membres du Conseil ; Marchal, Capitaine de gendarmerie ;
Labourel, maire de Blâmont ; Adam, conseiller d'arrondissement ;
Strubhardt, maire d'Avricourt (Moselle).; Georges, maire de
Foulcrey ; Coulon, inspecteur primaire : Paul Bertrand,
président du comité du monument ; Perret ; une délégation de l'A.M.C.,
de BIâmont avec MM. Fensel et Resnick ; Colère, auteur du
monument ; Guittin et Mme Guittin, instituteur, etc.
M. le général de Brentes, qui vint remettre la Croix de Guerre à
la vaillante commune, fait son entrée, salué par la Marseillaise
exécutée par l'Industrielle des établissements Mazerand, groupée
devant la mairie.
M. Loeffler souhaite à ses hôtes une cordiale bienvenus et de
charmantes fillettes présentent aux parlementaires et au général
de superbes gerbes de fleurs, qui seront déposées à 1 heure au
pied du monument.
DEVANT LE MONUMENT
En cortège, les musiques ouvrant la marches et les enfants des
écoles, bras chargés de fleurs, on arrive devant le monument que
recouvre une toile grise. La Marseillaise vibre et le voile
tombe. Le monument est fort beau. C'est une hauts stèle de
granit, sobre en décoration, de proportions harmonieuses. Sur la
face principale du monument, cette inscription : Avricourt à ses
mort» et une croix de pierre ou bronze. Au dessous la liste des
morts, sur le soubassement, un bas-relief de bronze représentant
une phase de combat. L'oeuvre, émouvante et noble, est signé de
M. Colère, de Nancy, un artiste au goût très sûr.
M, Guittin, le dévoué instituteur, fait l'appel des morts auquel
les enfants répondent suivant la formule accoutumée.
Voici la liste glorieuse ;
Vogin Henri ; Orth Jean-Ernest : Pierre Auguste ; Loeffler
Frédéric ; Davillé Félicien ; Roos Eugène ; Krebs Louis ;
Schoenherr Henri ; Rondelle Henri ; Chambrey Hubert ; Aubert
Félix ; Arborgast Théophile : Camaille Auguste ; Antoine
Céiestin ; Baccard Raoul ; Faivre Henri ; Hiebel Edmond :
Goubler Marcel ; Marchal René ; Massée Gaston ; Orth Emile ;
Quertal .Jules ; Louis Marcel ; Jacquiet Ferdinand,
LES DISCOURS
Le président du Comité
Il nous est impossible de reproduire intégralement les discours
prononcés au cours de la cérémonie et nous nous en excusons,
C'est M. Paul Bertrand, président, du comité du monument, qui
commence en évoquant, avec une communicative émotion, le
souvenir de ses anciens camarades.
Il remercie ensuite les personnalités présentes et toutes les
personnes dont la participation généreuse contribua à la
manifestation d'aujourd'hui. Levant les yeux vers la funèbre
liste inscrite au fronton de la stèle, M. Bertrand conclut ;
« ces nom» désormais immortels, écrits sur cette pierre, élevée
au sein même du village, marquent, un peu comme le retour des
chefs disparus au terroir. Qu'elle soit honorée, vénérée de tou
s, cette pierre du souvenir, dans cette intention que, nous
membres du comité, vous la confions, Monsieur le Maire et à
vous tous mes chers concitoyens. »
M. le Maire
M. le Maire répond au président, accepte la garde du monument
qui sera de la part de la municipalité l'objet de soins pieux et
constants.
Depuis 50 ans qu'Avricourt existe, une population flottante,
douaniers, agents de la compagnie s'est souvent renouvelée.
Aussi, combien de noms ne faudrait-il pas ajouter aux tablettes
glorieuses, si, de tous les enfants nés à Avricourt, l'on
n'avait perdu la trace de beaucoup !
M. Loeffler évoque, avec une émotion difficilement contenue, le
souvenir de tous ces enfants qu'il connut. Il rappelle ensuite
les journées douloureuses vécues par Avricourt au cours de la
guerre et termine par des paroles de patriotique espérance, en
acclamant la France et la République
La foule a applaudit et les enfants des écoles interprètent,
remarquablement, une cantate.
M. de Turckheim
Le conseiller général de Blâmont rappelant les mois glorieux et
joyeux de novembre 1918. constate avec regret que les espérances
sont loin d'une France relevée par les paiements des pays
vaincus...
« Il faut, dit-il, que notre moral, notre union patriotique nous
aide comme a la Marne, à nous redresser... »
Ayant fait appel à l'union, l'honorable conseiller général,
déclare que l'union française demande un chef
« Il faut un chef pour sauver la France. » C'est évidemment une
opinion. Mais cette opinion, publiquement exprimée dans une
cérémonie de commémoration, semble beaucoup inopportune. Il en
résulte un certain malaise.
M, Georges Mazerand
Fort heureusement, la cérémonie se poursuit et les jeunes filles
de la chorale des établissements Mazerand, accompagnés par
l'Industrielle exécutent à leur tour une cantate Puis M. Georges
Mazerand prend la parole. Ayant félicité la commune de le pieuse
pensée de rendre à sas morts un hommage mérite, le dévoué député
de Meurthe-et-Moselle donne d'intéressants détails sur le long
martyr d'Igney-Avrienurt et c'est une émouvante page d'histoire
locale.
« Après la guerre de 1870-1871, Ignev avait failli devenir
allemand.
« Ainsi que naquit la Meurthe et Moselle du morcellement de la
Meurthe et de la Moselle, Igney-Avricourt fut formé des
parcelles de territoire agglomérées autour de la gare dite d'Igney-Avicourt,
à quelque 300 mètres de Deutsch-Avricourt, élevé par nos
vainqueurs ! Cependant la vitalité d'Igney-Avricourt fut telle
que la population atteignait, en moins de 20 ans, un millier
d'habitants.
« En 1898, Avricourt fut séparé d'Igney et devint bientôt la
deuxième commune du canton de Blâmont.
« La guerre allait lui causer de mortelles alarmes : Dès le 27
juillet 1914, l'Avricourt de Lorrains annexée était occupé par
les ulans. Le 31 juillet la gare d'Igney-Avricourt était
évacuée, et le 1er août, au moment de la mobilisation générale,
votre maire dirigeait vers l'intérieur, 48 heures avant le délai
normal, les chevaux et tout ce qui pouvait être réquisitionne
par une armée.
« Le 3 août, une patrouille de ulans remontait vers le bois d'Igney,
et des douaniers commettaient l'imprudence de tirer, bien
vainement, un coup de revolver dans leur direction ! La commune
aurait pu être ravagée par représailles : Il n'en fut rien, mais
le maire d'Igney, M. Gadel fut fait prisonnier.
« Le 5 août, ce fut, l'occupation par différents corps bavarois,
insolents et remplis d'exigences.
« Cependant, par un hasard miraculeux de graves incidents furent
toujours évités : les passages de troupes se succédaient sans
discontinuer jusqu'au 15 août ; Ce jour-là, vous aviez l'immense
bonheur de revoir les nôtres. Hélas ! ce ne fut qu'un court
répit et l'occupation allemande allait réapparaitre jusqu'à la
fin des hostilités.
« Une évacuation presque totale des habitants eut lieu par la
Suisse le 15 avril 1915 ; le 19 mars 1918 les derniers, - une
quarantaine - s'acheminent à leur tour vers l'exil.
« Au lendemain de l'armistice votre maire reprenait sa place dès
le 18 novembre et, en
réorganisant en hâté les principaux services, accélérait,
singulièrement le retour des habitants disséminés. Les mesures
prises pour le ravitaillement immédiat ont beaucoup contribué à
amener ce résultat.
Dès lors, l'activité de tous, décuplée par l'orgueil de la
victoire et la joie de voir reporter bien loin à l'arriéré le
poteau frontière a permis qu'Avricourt reprit bien vite sa
prospérité et son développement ;
« Les conséquences du nouvel état des choses n'ont cependant pas
toujours été favorables à vos intérêts particuliers, et
cependant vous on avez pris votre parti, pour l'instant, ne
voyant avant tout que l'intérêt supérieur de la patrie
victorieuse : c'est un sentiment d'abnégation qui vous a
toujours guidé et a maintenu vos âmes à la hauteur des
circonstances, bonnes ou mauvaises, que vous avez traversées. »
« C'est ce sentiment que le gouvernement a voulu récompenser, en
vous attribuant la croix de guerre.
« Et en ce jour de deuil et de gloire, permettez-moi, avant de
terminer, d'associer le souvenir de ceux que nous célébrons, à
l'oeuvre de relèvement financier actuellement entreprise, d'un
seul coeur, par tout le pays et à laquelle coopèrent si
heureusement l'esprit traditionnel et le foi patriotique de nos
compatriotes, en vue d'assurer les destinées prospères et
pacifiques de la patrie ! » (Applaudissements)
M. le sous-préfet
« II faut évoquer, dit M. Paul Bouët . ici plus peut-être que
partout ailleurs les journées angoissantes de cette fin juillet
1914.
Tandis que la nature, indifférente aux querelles d'ici-bas
répandait les trésors magnifiques d'un radieux été, les
poitrines humaines étaient haletantes, oppressées : Etait-ce
donc la guerre que présageaient ces nouvelles sinistres et
troubles venant de l'Europe orientale ? Quoi : des causes si
lointaines, si étrangères à la plupart d'entre nous, pourraient
déchaîner la catastrophe ? Mais, un matin, ceux qui croyaient
encore à la paix quand même furent éclairés : les uhlans
patrouillaient de notre côté, comme on disait alors, et tout
[...] : bientôt ils furent remplacés par la [...] infanterie
casquée qui alignait ses [...]eaux sur la conventionnelle
frontière : la volonté belliqueuse de l'Empire était affirmée.
Messieurs, à cette époque, c'est, à peine [...] quelques
semaines s'étaient écoulées depuis que les Français avaient,
dans leurs [...]ices, exprimé leur tendances politiques; mais
sitôt la menace de guerre était-elle [...]revue que toutes les
divergences d'idées philosophiques, de doctrines sociales,
étaient refoulées au plus profond de chacun !
Oui, les discussions des citoyens font partie du grand murmure
sonore de la patrie, mais qu'elle soit en danger, cette patrie
adorée de tous, il ne s'élève plus du tumulte de la vie
nationale que des voix harmoniques qui lancent à travers le
monde l'immortelle proclamation de la solidarité française !
Et pendant ces heures où les bruits pa-[..]ques du travail
étaient peu à peu assourdis sous le fracas des armes
[...]éparées, le traité de Francfort s'imposait à tous les
esprits ! Ah ! comme il avait [...]né ceux qui, généreusement,
dans notre pays cherchaient avec peine les formules de paix
définitive ! Oui, cette charte empoisonnée avait été, pendant
près d'un demi-siècle, le tourment de la conscience humaine !
Aussi à ces heures de fièvre, nous pensions : si on allait
pouvoir l'effacer ! Dans notre deuil persistant, nous avions
gardé de silencieuses espérances et voici qu'elles de
dégageaient comme un merveilleux essaim d'abeilles dorées
s'élançant dans les feux du soleil de Messidor !
Les Français de l'un et l'autre côté, survivants de la Terrible
Année et enfants élevés dans le culte de la patrie unique,
songeant que l'heure annoncée par les représentants de l'Alsace
et de la Lorraine au Corps législatif allait peut-être sonner :
- Nous proclamons, avaient-ils dit, nous proclamons à jamais
inviolable le droit des Alsaciens et des Lorrains de rester
membres de la nation française. Nous attendrons avec une
confiance entière dans l'avenir que la France régénérée reprenne
le cours de sa grande destinée. »
L'épreuve fut dure; il nous fallut vivre des moments terribles
où le destin, semblait hésiter, mais enfin il se décida en
faveur du Droit... le traité de douleur fut déchiré et les
frères retrouvés purent envoyer à leur Parlement de France des
représentants successeurs de ces aînés qui, les larmes aux yeux,
avaient du quitter l'Assemblée Nationale. »
La chaîne des temps était resserrée, et le sous-préfet souligne
que c'est à ces morts qu'il faut en rendre hommage et, au nom du
gouvernement de la république, il s'inclina devant les familles
inconsolées.
Pour terminer, il montre la nécessité de travailler dans l'union
pour tirer tout le profit possible de la victoire. Malgré
certaines apparences temporaires, qu'il est préférable de ne pas
[...]oquer dans une manifestation de solidarité nationale comme
celle de ce jour, la France est forte, riche, prospère. L'avenir
lui appartient. (Appt.)
M. ALBERT LEBRUN
C'est M. Albert Lebrun, ancien ministre, vice-président du
Sénat, qui termine la série des discours par une allocution
magnifique qui produit dans l'assistance une impression
profonde. De cette improvisation enflammée, où la richesse du
verbe le dispute à l'élévation de la pensée, à la noblesse des
sentiments, nous ne pouvons dans un résumé que donner un pâle
reflet.
« Nous sommes venus ici pour accomplir un double devoir :
apporter l'hommage de notre reconnaissance aux morts, déposer
aux pieds des familles l'expression renouvelée de nos
condoléances. Nous voulons aussi méditer, sur les grands
intérêts de la patrie et rechercher entre nous, tous les moyens
de remplir notre devoir envers elle.
Auparavant, M. Lebrun brosse un saisissant tableau des heures
heureuses d'avant-guerre. Puis c'est la catastrophe avec son
interminable cortège de souffrances, de misères, de revers et de
victoires.
L'orateur insiste sur le caractère de la victoire obtenue par
les soldats de France. Grâce à leur sacrifice, la France vit.
Sans eux, notre pays eût connu la plus lamentable des destinées.
Nous sommes libres, nous sommes restés Français; cette frontière
qui se trouve à cent mètres d'ici a disparu.
Mais nous, ne sommes pas quittes envers nos morts par ce geste
qui immortalise leur mémoire à travers les âges. Le devoir que
nous dicte leur sacrifice est de rester profondément unis dans
les principes d'ordre et de discipline sociale qui inspirent les
lois de la Réplique.
II faut que la France conserve sa grande figure dans le monde;
il faut que nous puissions résoudre les problèmes de l'heure
présente. Pour cela, il est indispensable que les citoyens
fassent tout leur devoir, travaillent avec acharnement,
consentent à tous les sacrifices, si durs qu'ils soient,
réclamés par le pays, sachant subordonner constamment les
intérêts privés aux intérêts supérieurs de la patrie.
« Pendant la guerre, aux heures les plus noires, j'ai vu venir à
moi beaucoup de nos malheureux compatriotes réfugiés. Ils me
demandaient quand viendrait le terme de leurs, souffrances,
quand ils pourraient regagner leur village délivré ? Je leur
disais toujours : patience, courage, confiance !
« C'est, aujourd'hui encore, le viatique que je vous apporte.
Patience et courage. Confiance dans les destinées éternelles de
la France républicaine. »
Une ovation enthousiaste est faite à notre éminent compatriote.
REMISE DE LA GROIX DE GUERRE
M. le sous-préfet remet alors à M. Haas adjoint an maire d'Avricourt,
la croix de chevalier du Mérite agricole et à M. Loeffler,
maire, les palmes académiques.
Très droit, étonnamment jeune, le général de Brantes apporte le
salut de l'armée à la population d'Avricourt et commande ; «
Ouvrez le ban! » Les clairons sonnent. Le général donne lecture
de la citation de la commune à l'ordre de l'armée et épingle la
croix de guerre sur un coussin de satin blanc rehaussé de
broderies d'or
La foule applaudit. La cérémonie est terminée.
LE BANQUET
Un banquet, présidé par M Lebrun, réunissait à midi, au
restaurant Knaebel, 70 convives. Déjeuner excellent, joliment
servi.
Au champagne, M. le maire, dans une allocution familière,
remercia tous ses hôtes et, faisant appel aux souvenirs qui
peuplent sa mémoire fidèle, retraça par le menu les vicissitudes
que connut Avricourt au cours de sa brève existence, son
développement administratif, sa prospérité commerciale,
brusquement interrompue par la guerre. Il exprime le voeu que la
compagnie des chemins de fer de l'Est consente à établir les
raccordements qui faciliteront l'établissement d'industries
futures.
« Avricourt ne doit pas tomber ; Avricourt ne tombera pas. »
Le sympathique maire lève son verre à la France et à la
République,
M. de Turckheim, qui lui succède, porte la santé des cheminots
et retraités du chemin de fer, nombreux à Avricourt.
M. Coulon, inspecteur primaire, dans une allocution de belle
venue, tire de la cérémonie d'aujourd'hui une haute leçon de
morale, d'instruction civique et aussi, après avoir entendu le
discours de M. le maire, une leçon d'histoire.
« Avec Lebrun, dit-il, la population a entendu la voix même de
la France ».
M. Georges Mazerand félicite la municipalité et les
organisateurs de la cérémonie et salue les anciens combattants..
Depuis la guerre, des progrès ont été réalisé à Avricourt
L'électricité est installée partout. La commune va avoir de
l'eau. Ce qu'il importe, maintenant, et en ceci notre dévoué
député est absolument d'accord avec le maire, c'est que des
industries viennent s'installer à Avricourt. Pour cela, il faut
que le compagnie de l'Est leur facilite cet établissement si
désirable à tous égards. Il demande aussi que la compagnie rende
plus faciles à la population des communications avec Lunéville
et avec Nancv.
Très acclamé, M.. Georges Mazerand boit, à la prospérité
retrouvée d'Avricourt.
M. le sous-préfet rend un chaleureux hommage à M. Loeffler qui a
tant fait pour son excellente commune. Il porte le toast loyal
au président de la République
Avec une infinie délicatesse de touche, M. Lebrun termine la
série des toasts. Il parle, non sans mélancolie, de la victoire
qui domine et conditionne notre avenir. Sans doute, elle n'a pas
donné tout ce que l'on en attendait. Mais nous devons ignorer le
découragement,
M. Lebrun déclare que, tout de même, il semble, grâce à la
Société des Nations, qu'une grande idée de justice et de droit
s'élève aujourd'hui au-dessus de la violence et de la barbarie.
Il conclut en buvant à Avricourt et à la France.
Sur les places, des concerts donnés par « L'Industrielle », la
chorale des établissements Mazerand et la musique d'Avricourt
attirent une foule considérable.
Bientôt, les personnalités officielles sortent de la salle du
banquet et, musique en tête, vont faire une visite au
sympathique maire d'Avricourt reconquis.
Puis c'est l'heure du retour et les vivats à l'adresse de nos
parlementaires redoublent au départ du train, tandis que, sur le
quai, planent au-dessus du gai tumulte les accents d'une
dernière « Marseillaise ».
Fernand ROUSSELOT. |