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Le Canton de Blâmont - E. Delorme - 1927 (6)
AMENONCOURT - AUTREPIERRE - REPAIX - CHAZELLES - VERDENAL - BARBAS - HALLOVILLE 

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Edmond DELORME
LUNEVILLE ET SON ARRONDISSEMENT
Tome II
1927
CHAPITRE XIII - LE CANTON DE BLAMONT

AMENONCOURT

Ce gros village agricole, bâti sur le versant du haut contrefort qui limite à l'Est, la région du Blâmontois, a appartenu aux Sires de Blâmont.
Les Archives ne signalent que des titres et des actes de vente relatifs à ce village, sans rappeler les vicissitudes de son histoire. A tirer de légitime déductions de son Architecture rurale, AMENONCOURT a dû souffrir du passage des bandes des XVIe et XVIIe siècles.
Pendant la guerre dernière, il était compris dans les lignes 


Mairie et Ecole d'Amenoncourt
Dessin de E. DELORME, d'après nature 

du front allemand, mais, éloigné des premières, il a subi peu d'atteintes des projectiles.
Ses maisons de grosse culture, Lien alignées, montrent de vastes engrangements.
Les portes de quelques-unes ont de nos belles ornementations «  classiques » de leurs linteaux.
La Mairie, surmontée d'une tourelle, et l'École, aux larges baies, sont de construction récente. Leurs façades traduisent des réminiscences d'architecture alsacienne.
L'Église est ancienne, sans être celle dont il est question dans. un titre de donation de Commanderie de Saint-Georges, de Lunéville, titre daté de 1200.
Une piscine obturée, dont l'ouverture l'appelle la première période ogivale; l'abside ogivale et peut-être des parties de la Tour, seraient des souvenir de la primitive Église Cette tour massive est couverte d'un toit de pierres de taille, à quatre pans, ce qui est très exceptionnel pour les Églises de notre région. Ses murs, près du toit, sont percés de séries d'ouvertures rapprochées, longitudinales. L'aspect est médiéval.
Une chaire en bois, une statue de Saint Joseph, donnée par l'Impératrice Eugénie, ne sauraient retenir longtemps l'attention. La série de cylindres de pierres, qui surmontent la table du maître-autel, cylindres qu'on ne peut s'empêcher de rapprocher d'obus dont ils ont la forme, ne paraît pas, pour originale qu'elle soit, un choix d'ornementation heureux pour un retable.
La nef est celle d'une Église «  grange».
Contre le mur du Cimetière, qui entoure l'Église, on a eu soin de fixer une croix de pierre, naïve, fruste, ancienne et intéressante, représentant le Christ entouré des Saintes femmes.
Un monolithe, élevé en Ince de ce Cimetière, commémore, comme le fait l'Église, les neuf Morts de la Grand. Guerre.
Près du village, une Croix de Mission en pierre, portant la date de 1822, sort de la banalité.
Je noterai, enfin, que, dans cette région, les Croix tombales de Chemins ne sont pas rares, alors que, par ailleurs, on ne les trouve qu'exceptionnellement,
Amenoncourt a 141 habitants. Il en a eu 280, en 1838; 246, en 1886; 225, en 1913.
Son territoire s'étend sur 723 hectares, dont 457 de terres arables, 150 de prés, 50 de bois. Il est exploité par des agriculteurs propriétaires.
Les céréales, les plantes sarclées, sont les productions du sol.

AUTREPIERRE

AUTREPIERRE, étalé sur le flanc d'un coteau, dans un petit vallon, est à 4 kilomètres de Blâmont et à 30 kilomètres de Lunéville.
Nos Archives sont avares de détails sur son histoire.
On a trouvé, dans le village, des vestiges d'une chaussée romaine. Des Archéologues ont admis qu'elle se rendait à Dieuze d'autres, qu'elle se dirigeait sur Léomont. Les guerres des XVIe et XVIIe siècles ont éprouvé Autrepierre, à en juger pas l'aspect des maisons du village, reconstruites au XVIIIe siècle, et les ornements de certaines d'entre elles si caractéristiques de cette époque.
Pendant la guerre de 1914-1918, Autrepierre a fait partie du front immobilisé. Il a été compris dans les lignes allemandes et, pendant dix mois, il a été occupé par nos ennemis. A plusieurs reprises, nos troupes y ont paru, mais elles ne s'y sont pas fixées.
Le village a conservé des restes de l'occupation allemande: un abri blindé, dans son agglomération même ; des galeries d'une longueur de 40 à 50 mètres, dans ses jardins ; des abris bétonnés, dans la forêt voisine et sur la route qui mène à Gondrexon ; mais, en fait, il a peu souffert.
Autrepierre a conservé ses maisons vastes, alignées, solidaires; sa Mairie et son École, seules, ont été reconstruites. Elles sont grandes, bien aérées et rappellent les constructions alsaciennes.
L'Église est ancienne. C'est une basilique, non compartimentée, plafonnée, avec tour massive, latérale. Son autel a un retable remarquable, avec tabernacle, en bois sculpté, du XVlIIe siècle, qui avait été déplacé au cours de la guerre. Ses niches, au moment de ma visite, étaient privées de leurs statuettes.
Autrepierre est un village agricole, qui, après avoir compté près de 300 habitants, en 1836, a vu sa population décroître, descendre à 228, en 1913, et à 147, en 1926.
Son territoire s'étend sur 755 hectares, se décomposant en terres arables, 370 hectares; prés, 130; bois, 100. Le sol est cultivé par des agriculteurs propriétaires et des fermiers.
Les céréales, le fourrage, rosier, sont ses productions.
LA MAISON-ROUGE est un écart d'Autrepierre.

REPAIX 

Ce village, qui a été dénommé parfois Repas, Repax, est bâti au revers d'un coteau, dans un site agréable d'aspect. Une halte du Chemin de fer Avricourt-Blâmont-Cirey le dessert, mais elle est assez éloignée de celle localité. La belle route de Blâmont à Sarrebourg traverse REPAIX. Trois kilomètres le séparent de Blâmont.
Nous possédons bien peu de documents sur lui. Le plus ancien titre qui le concerne ne remonte pas au delà du XIVe siècle. Il faisait partie de l'ancien Blâmontois ; il dépendit ensuite du Duché de Lorraine
Pendant la Grande Guerre, il a été, comme ses voisins, compris dans les lignes allemandes, mais n'a pas été fortement endommagé. C'est son Eglise et sa Mairie qui ont eu le plus dé dégâts.
Repaix a aujourd'hui 138 habitants, 31 maisons, 42 ménages. Il avait 207 habitants, en 1836; 222, en 1886, et 136 en 1913.
Son territoire comprend 486 hectares, dont 394 sont en terres labourables, 45 en prés, 35 en bois (Statistique de 1926).
Les productions sont les céréales. On fait, à Repaix, l'élevage des chevaux, des bovins, des moutons.
Repaix a, comme écart, le Château du Baron de Turckheim.

CHAZELLES

Ce petit village de 61 habitants et de 18 maisons (1) est, comme beaucoup d'autres du Canton de Blâmont, éloigné des centres et des voies de communication. 5 kilomètres le séparent, en effet, de Herbéviller, station du L.-B.-B., et 6 de Blâmont, station de la même ligne et de celle d'Avricourt à Cirey.
Ce que nos Archives nous apprennent de CHAZELLES est sans intérêt et, par ailleurs, bien courte est son histoire. Ce qu'on en dit, c'est que les Cartes de Lorraine les plus anciennes l'ont remarqué, qu'il était enclavé dans le Bailliage de Blâmont, qu'il fut réuni au Duché au XVe siècle et fit partie du Marquisat de Grandseille (GROSSE).
La guerre de 1914-1918 lui a ouvert une bien triste page. Compris dans la zone rouge, il a été, pour ainsi dire, totalement détruit (2). Mon dessin, tiré d'une photographie traduit son état de ruine. Il n'est pas, aujourd'hui, reconstitué dans son état primitif ; la place de maintes maisons reste vide.

Ruines de Chazelles - Abri allemand dans une cave
Dessin de E. DELORME, d'après une photographie de M. Bastien

L'Église, édifiée sur un terrain naturel, est d'aspect sobre, mais avantageux. Elle est construite en pierres de taille, avec une porte romane.
La Mairie et l'École, réunies dans le même bâtiment proche de l'Église, sont modestes et bien adaptées à leur rôle, sans luxe déplacé et sans menace de grosses dépenses pour l'avenir.
Chazelles a eu plusieurs des Siens morts à la Grande Guerre.
Le territoire s'étend sur 339 hectares, dont 190 de terres labourables, 46 de prés, 74 de bois.

VERDENAL

VERDENAL est à 3 kilomètres de Blâmont, à 1.200 mètres d'une station du L.-B.-B.
Bâti dans un vallon arrosé par un ruisseau appelé le Danube, ce village a appartenu aux Évêques de Metz. En 1725, sa terre fut érigée en Marquisat. Pendant les guerres du XVIIe siècle, il fut ruiné et dépeuplé. En 1645-46 il n'y avait plus un seul habitant avec le Maire (LEPAGE).
Pendant la dernière guerre, il a été en presque totalité détruit ; il était compris dans la zone rouge. Il est reconstitué aujourd'hui, mais beaucoup de ses anciens habitants n'y sont pas revenus,
L'Église, inspirée du roman, a bel aspect.
Le bâtiment de la Mairie et de l'École est simple et a des dimensions en rapport avec la population du village.
Ses maisons sont au nombre de 50, logeant 161 habitants.
En 1913, il en avait 223 ; en 1838, 376. Il venait de traverser, il est vrai, une ère de rénovation. L'Église avait été rebâtie et la plupart de ses habitations paraissaient nouvellement reconstruites (Grosse).
Son territoire comprend 637 hectares, dont 100 de, prés. Les forêts, qui en couvraient une bonne partie, soit sur une étendue de 208 hectares, sont actuellement dévastées.
Quand on atteint Verdenal, on venant de Grandseille, on traverse le Bois de Domèvre et, à l'orée de ce Bois, on découvre un panorama des plus étendus, qui charme littéralement le regard.
Sur le territoire de Verdenal, à 1 kilomètre à l'Ouest de village, se trouvent le hameau de Grandseille et son Château.
L'important CHÂTEAU DE GRANDSEILI.E représente une construction rectangulaire, prolongée par deux tours carrées. L'ornementation est discrète et inspirée du style Louis XV, sains en avoir la légèreté. Il date du XVIIIe siècle. Les dégâts qu'il avait subi au cours de la guerre dernière, sont actuellement réparés.
Dans l'enceinte du Château est une Chapelle gothique neuve.
Tout à côté, contre la route, est un blockhaus allemand, bétonné, dont les meurtrières sont tournées vers Chazelles. On a cherché à le détruire, mais les dépenses qu'eût occasionnées sa destruction ont sans doute détourné de la poursuivre. Cet ouvrage mérite d'être conservé.


Château de Grandseille (XVIIIe sîècle) bombardé pendant la grande Guerre
Dessin de E. DELORME, d'après une photographie 

La terre de Grandseille et son Château ont été élevés en Marquisat, en 1722, en faveur de Rémy du Châtelet, seigneur de Cirey-sur-Vezouze.

BARBAS

Ce gros village agricole, distant de 2 kilomètres de Blâmont, bâti sur le Vacon, affluent de la Vezouze, a une origine très anciennes, puisque les Archives parlent de lui au Xe siècle : mais détruit, à deux reprises, pendant les guerres, il a dû, par deux fois, être complètement rebâti.
Au Moyen Age, BARBAS avait une Seigneurie. La Famille de Barbas, d'origine ancienne, joua un rôle dans l'Histoire de Lorraine. Plusieurs de ses membres avaient leur sépeulture à l'Abbaye de Saint-Sauveur. Au XVIe siècle, elle possédait la moitié de Herbéviller et sa Tour, Montreux, Montigny, Nonhigny.
Lepage a consacré un long article aux servitudes qui liaient les habitants de Barbas au Sire de Blâmont : guet, service de guerre dans la Place, corvées, réparations de la chaussée de l'étang de Vilvaucourt, etc.(3) Le village avait un Château-Fort, que les Suédois incendièrent, ainsi que les maisons, et BARBEZIEUX, localité proche, subit le même sort. Seul, un Moulin, en bordure de la route de Blâmont, rappelait avant la grande-Guerre, le souvenir de Barbezieux ; aujourd'hui il est en ruines. En 1710, barbas n'avait encore récupéré que 28 habitants.
Pendant l'incendie de barbas, non seulement ses Archives furent détruites, mais furent aussi perdues celles de Blâmont, qui avaient été transportées dans son Eglise (LEPAGE).
Par sa position avancée, Barbas a été des premières localités victimes de l'Invasion allemande. Il fut occupé par nos ennemis, pendant toute la durée des hostilités, Il a connu les épreuves, les vexations, les cruautés, les privations de leur système de terreur. Plusieurs de ses habitants ont été fusillés, sous le prétexte fallacieux et mensonger qu'ils avaient tiré sur leurs troupes.(4) Jusqu'à la fin de la guerre, il a été bombardé, et, en dernier lieu, ses habitants ont été déportés en Belgique.
Actuellement, le village est reconstruit, ses champs ensemencés et «  malgré les vides nombreux qu'on y compte, ses habitants ont fourni un effort tel qu'on pourrait à peine deviner que la guerre a passé par là. » (HINZELIN)
La Mairie et l'École ne présentent rien à signaler. L'Église, neuve, reconstruite à la place de l'ancienne, a bel aspect. Elle dérive de notre type lorrain. On peut y remarquer un confessionnal du XVIIIe siècle et, sur le retable d'une Chapelle, à droite de l'entrée, une scène sculptée, originale et curieuse, représentant le Jugement Dernier.
Près de l'Église, un monolithe important l'appelle les noms de dix-sept Soldats de la commune morts à la Grande-Guerre dont plusieurs de la même famille, et ceux de trois Civils.
Barbas a actuellement 248 habitants, logés dans 78 maisons, On y comptait 357 âmes, en 1913; 353 en 1836, et 30 maisons.
Le finage s'étend sur 733 hectares : 368 sont en terres arables, 35 en prés, plus de 100 en bois.
Vingt agriculteurs propriétaires cultivent le sol, lequel produit des céréales, des pommes de terre, des betteraves, des fourrages. On fait, à Barbas, l'élevage des porcs et du bétail, et on y récolte de l'osier. Le village a conservé des ouvriers de métier ; il a des apiculteurs.
Un Château moderne y a été construit par les de Mirbeck.

HALLOVILLE

Ce petit village offrait, autrefois, cette particularité d'être divisé en deux parties en deux parties, qui appartenaient à deux Seigneurs différents. L'une, la partie dite haute, relevait du Duché de Lorraine après avoir dépendu des Sires de Blâmont, et la partie basse, dont les maisons répondaient au vallon, était la propriété des Évêques de Metz.
Ce village fut dévasté pendant les guerres du XVIIe siècle. Il mit longtemps à se reconstituer, et voilà qu'à plus de deux cent ans de distance, le même sort vient de l'atteindre ! Sa partie haute a été ruinée et sa partie basse fort endommagée.
Les Allemands, qui occupaient le village dès septembre 1914 jusqu'à la fin des hostilités, avaient transforme les maisons en blockhaus, utilisé maintes des caves comme réduits, en augmentant la résistance des voûtes, et des souterrains faisaient communiquer les maisons entre elles, parfois au loin.
Mon dessin, pris en 1924, représente un blockhaus que les Allemands avaient établis dans des maisons de Halloville. Ce blockhaus est aujourd'hui détruit.
Le village, incessamment bombardé par notre artillerie, avait perdu 194 de ses immeubles sur 401. Il est aujourd'hui reconstitué, mais les maisons de la partie haute n'ont pas été reconstruites dans la partie basse. Seule, la Marie, l'École et l'Église ont été réédifiées sur la hauteur. (5)

La Mairie et l'École occupent un bâtiment élégant, dérivé du type adopté, et dont l'importance est adéquate à celle de la population.
L'Église, qui regarde le bâtiment de la Mairie, a bel aspect. Pour sa construction, on n'a abandonné les conceptions traditionnelles que pour leur apporter plus de légèreté (Architecte DEVILLE).
Sa Tour carrée, surmontée d'une haute flèche, présente, sous celle-ci, des frontons triangulaires, qui abritent des cadrans d'horloge; un porche, recouvert d'un toit à pans, protège l'entrée. J'ai donné le dessin de cette église dans le Tome I., p. 214
La disposition intérieure, les vitraux, le mobilier, ne présentent rien de particulier à signaler.
Près de l'Église et de la Mairie, on vient d'édifier un Monument commémoratif aux dix habitants de la commune (8 militaires) morts à la guerre.
Sur la Côte, qui, à distance, domine HALLOVILLE, se voit, creusé dans un tertre, un gros abri allemand ; d'autres dans le village, ont disparu.
Ce village a aujourd'hui 86 habitants et. 27 maisons. Il avait 130 habitants, en 1913; 142, en 1883, et 169, en 1836, avec 31 maisons.
Ses 393 hectares, dont 100 de terres labourables, 80 de prés, 100 de bois, sont exploités par des agriculteurs propriétaires. Avec eux, comptent des vanniers.
Halloville est à 6 kilomètres de Blâmont.


(1) Il avait 98 habitants, avant guerre ; 190, en 1838 (GROSSE).
(2) A propos de Verdenal et de Grandseille, je signalerai le blockhaus allemand, qui, à un moment donné, a menacé Chazelles.
(3) Quand les gens de Barbas faisaient des charrois pour la réparation de la chaussée de Vilvacourt, ils avaient, comme rémunération, six jeunes poissons pour chaque voiture et le et le travail journalier était payé deux jeunes poissons (LEPAGE). L'Etang était situé entre Barbas et Nonhigny.
(4) Des soudards avinés ont fusillé un fils avec son père et, par un raffinement de cruauté sauvage et inouï, ils ont forcé la mère et la fille à venir contempler leur ouvrage (HINZELIN, maire de Barbas).
(5) La population valide de Halloville fut, en 1915, emmenée prisonnière en Allemagne et les femmes, les enfants, les vieillards évacués sur la Suisse.

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