Quatre maisons viennent d'être la proie des flammes, le 3 de
mois, à Fremeville près Blamont ; le feu aurait exercé bien plus
de ravages sans les prompts secours apportes par les habitans
des communes voisines qui rivalisèrent de zèle et d'intrépidité.
On cite entr'autres le maire et le curé de Domjevin ; ce dernier
est un vieillard; le maire et le vicaire de Benamenil ; le maire
et le curé de Blémery; le maire et le curé de Ogeviller, qui
étaient accourus à la tête des habitans de leurs communes.
On nous écrit de Blâmont (Meurthe):
« La bénédiction d'une église nouvellement construite vient
d'avoir lieu au village de Verdenal. C'est peut-être la plus
belle église de campagne de la province; tout y est fait avec un
goût exquis. Pendant plusieurs années, les habitans ont
travaillé à sa construction avec une ardeur infatigable. M. le
maire, homme de probité et de foi, a toujours dirigé et activé
les travaux, qui, malgré l'absence d'un pasteur dont la paroisse
était privée depuis six mois, ont été heureusement terminés.
C'était un spectacle attendrissant de voir cette population qui
se pressait dans le nouveau temple avec des transports de joie,
et recueillait avec amour la parole du prêtre qui était venu
d'une commune voisine pour lui expliquer tout son bonheur ».
On nous écrit de Frémonville, près Blamont, 26 juin.
« Nos contrées ont été menacées avant-hier d'une horrible
tempête. Vers midi, la couleur du ciel est devenue d'un jaune
livide, qu'on n'osait presque envisager. Un vent d'une force
extraordinaire s'est élevé tout-à-coup, a précipité les tuiles
du faite des maisons, a dispersé l'herbe des prairies, qui était
déjà réunie en monceaux, et a même renversé et jeté à quelque
distance deux voilures de foin pesamment chargées : on était
dans l'attente de quelque plus grand malheur, lorsque cet
ouragan s'est résolu en une forte pluie, qui a vivifié nos
campagnes. L'apparence de la récolte est magnifique ».
Blâmont, 29 juin. Un événement affreux vient d'avoir lieu dans
notre pays. M. P...., l'un des riches propriétaires des environs
de Sarrebourg, vient de se suicider à Barchain, petit village où
son frère possède une campagne. Il avait diné comme à
l'ordinaire; il avait même témoigné beaucoup d'abandon et de
gaîté, lorsqu'au sortir de table il s'arme de son fusil, descend
dans les jardins pendant qu'on causait au salon et se fait
partir la balle dans le cœur. Comme on ne soupçonnait rien, on
crut qu'il avait tiré sur un oiseau; le soir arrive cependant,
on le cherche, et après bien des perquisitions en arrive au
jardin, où on le trouve mort sur le coup. La justice, qui fut
appelée et qui fouilla scrupuleusement ses papiers, n'a rien pu
découvrir qui mit sur la trace du motif de cette cruelle
résolution.
Lundi 18 août, un violent orage a éclaté sur la ville de Blâmont
; de mémoire d'homme on n'avait vu la pluie tomber avec autant
d'abondance. La foudre a éclaté sur la forêt de Gogney, et a
brisé un grand chêne. On n'a pas d'autres dégâts à déplorer.
Un incendie a eu lieu, il y a peu de jours, à Domèvre, canton de
Blâmont. On ne connaît pas encore à combien s'élève le sinistre.
A la suite des nombreux travaux de la campagne et des chaleurs
extraordinaires de cet été, une fièvre typhoïde et dangereuse a
désolé récemment les habitans de Frémonville (Meurthe).
Plusieurs personnes ont succombé, mais la maladie parait avoir
perdu son intensité et ses caractères alarmans. Plusieurs cas de
cholérine se sont aussi déclarés à Blâmont et dans les villages
voisins.
La foire de la petite ville de Blâmont a été, cette année, aussi
triste que celle des villes voisines; partout on remarque peu de
marchands et d'acheteurs.
On remarque, dans nos contrées, des phénomènes de végétation qui
sont dûs, il faut le croire, à la beauté de la température. La
treille d'un jardin, à Frémonville, présente de nouvelles
grappes qui peuvent être cueillies à la fin du mois prochain. A
Blâmont, on voit un pommier éclatant de blancheur et présentant
des fleurs magnifiques. Il y a aussi un poirier qui est garni de
poires nouvelles, et il ne faudra plus qu'un peu de chaleur pour
leur donner la maturité nécessaire.
Les animaux eux-mêmes se ressentent de la saison extraordinaire
que nous venons de traverser : beaucoup succombent sous le poids
de maladies violentes. Dans un village des environs de Blâmont,
un particulier a vu disparaître presque tout le bétail de ses
écuries : deux vaches et sept chevaux.
On nous écrit de Blâmont :
« Une cérémonie bien touchante a eu lieu dernièrement à
Frémonville. Un nouvel emplacement ayant été disposé pour un
cimetière, on en a fait la bénédiction solennelle, et tous les
habitans se sont empressés d'y accourir. Tous, au sortir de
l'église, rangés sur deux lignes, bannières en tête,
s'avancèrent dans le plus grand ordre vers la terre qui allait
être consacrée pour recevoir leur dépouille mortelle; tous
attachaient un regard curieux sur les détails de cette imposante
cérémonie. Mais, quand le pasteur élevant sa voix, leur fit
entendre que ce gazon qu'ils foulaient s'ouvrirait bientôt
peut-être sous leurs restes inanimés; que c'était là qu'ils
viendraient attendre l'heure du jugement général; que lui aussi
rendrait compte à Dieu de leurs âmes; qu'ils s'efforcent donc de
lui adoucir cette tâche en vivant toujours fidèles à la
religion, et que la trompette de l'ange vienne les appeler à une
résurrection glorieuse, etc., un long frémissement se communiqua
parmi les auditeurs et leurs visages portaient l'empreinte d'une
émotion profonde : on s'en retourna dans le plus religieux
silence, et daigne le Seigneur faire fructifier les grandes
leçons de cette journée !... »
Blâmont, 19 décembre. Le 17 décembre, les chasseurs du pays ont
fait une battue générale dans les bois de Frémonville; trois
loups ont été tués, et on est à la poursuite d'un quatrième qui
est grièvement blessé.
Si nous nous élevons avec force contre l'esprit irréligieux de
certains fonctionnaires sortis de la révolution de juillet, nous
devons aussi rendre hommage au courage de ceux qui, se mettant
au-dessus des préjugés du vieux libéralisme, proclament les
bienfaits de la religion en même temps que le zèle de ses
ministres pour le véritable progrès des lumières. Nous lisons
dans une lettre de Blâmont le passage suivant que nous nous
empressons de reproduire:
« M. le maire de Blâmont a cru devoir faire dernièrement une
distribution de prix aux élèves des écoles primaires. Tous les
instituteurs du canton s'y trouvaient réunis, ainsi que la
plupart des notabilités de la ville. M. le maire fit un discours
sur les avantages de l'instruction, il parla des progrès qu'elle
avait faits depuis quelques aimées parmi la jeunesse de Blâmont,
et se plut à rendre hommage au clergé, comme au véritable ami
des lumières, au fidèle gardien des lettres divines et humaines,
puisque lui seul en a sauvé le dépôt, lorsque la société était
plongée dans les ténèbres du moyen-âge. Honneur aux magistrats
qui savent ainsi comprendre leur mission et proclamer la vérité
sans craindre les préventions et l'ignorance de la haine » !
On nous écrit des environs de Sarrebourg:
« Un violent orage a éclaté le 6 mars sur la ville de Blâmont et
les villages environnans. Les éclairs et
les coups du tonnerre se succédaient avec rapidité. Mais ce
qu'il y eut de remarquable, c'est que la neige tombait dans le
moment même où la fondre grondait dans les nues. Un célèbre
physicien d'Allemagne assure que la météorologie ne peut citer
qu'un seul exemple d'un semblable phénomène, et encore c'est à
Tornéo qu'il a été observé. Depuis ce temps, la température est
restée constamment froide, et le vent est d'une violence
extrême.
Un incendie a éclaté, le 8 mars, dans la commune de Reillon, une
seule maison a été consumée, et on regarde comme un fait
extraordinaire que l'incendie n'ait pas atteint les habitations
voisines, malgré la force du vent.
On nous écrivait de Blâmont, à la date du 19 novembre : Le froid
redouble dans nos contrées avec une intensité extrême; le sort
des pauvres sera vraiment déplorable si la rigueur de la
température se maintient.
Déjà nous sommes effrayés par les plus tristes accidens : le 16
novembre, le juge de paix de Blâmont a été appelé pour faire la
levée du cadavre de M. Simonin, maire de Veho, que le froid a
surpris non loin de St.-Martin et qui est mort gelé dans les
champs.
Les rigueurs de l'hiver se sont fait cruellement sentir dans les
environs de Blâmont ; lès dégels et les reprises de froid qui se
succédaient avaient rendu les chemins de traverse impraticables
et les routes dangereuses : là diligence a versé deux fois,
heureusement les voyageurs qu'elle contenait en ont été quittes
pour quelques contusions; mais d'autres accidens de ce genre ont
eu des suites fâcheuses; plusieurs chevaux ont été tués ou
estropiés, et dans un rayon peu étendu, on compte jusqu'à 40
personnes grièvement blessées ou qui ont eu des membres
fracturés.
Blâmont, 7 mai. Nous venons de voir passer le 46e de ligne qui a
quitté Paris pour tenir garnison à Strasbourg; deux bataillons
ont déjà traversé Blâmont; la tenue de ce corps est remarquable.
Le 3e bataillon arrive demain.
Blâmont possède une école latine, qui jetait un assez vif éclat
il y a quelques aimées, et qui a fourni plusieurs hommes
distingués dans les diverses carrières de la vie sociale. M. le
principal de ce collège étant appelé à d'autres fonctions, le
conseil municipal d'une ville, qui s'est toujours imposé les
plus grands sacrifices pour les intérêts de la jeunesse, vient
de s'adresser à l'autorité épiscopale de Nancy, afin de voir un
ecclésiastique placé à la tête du pensionnat. De grands
avantages lui sont offerts, et des sacrifices auront encore lieu
s'ils paraissent nécessaires pour exécuter tout le bien que
l'administration se propose. On est heureux d'avoir de pareils faits à constater; ils sont la
preuve d'une amélioration notable dans les idées et d'une
véritable intelligence des moyens qui préparent une sage
éducation. Nous ne savons ce que le projet de loi sur
l'instruction secondaire amènera de liberté au clergé; mais
qu'il sache comprendre ses devoirs, que le prêtre se place à la
hauteur des besoins intellectuels et moraux de la société, et
comme le divin maître, il pourra dire à la foule: Ego reficiam
vos!
La petite ville de Blâmont a offert, mardi dernier, le spectacle
de ces touchantes solennités classiques dont le souvenir est
toujours délicieux, et qui terminent chaque année les travaux de
la jeunesse studieuse. Après un examen qui a constate de nouveau
l'habileté, l'excellente méthode et l'activité des soins du
principal, on a procédé à la distribution des prix, pendant
laquelle trois discours ont été entendus. Le premier appartenait
au chef du collège, M. Georges, qui exprima les plus tendres
adieux à ses élèves, dont il allait se séparer pour occuper un
autre poste honorable. M. le maire de Blâmont, un des meilleurs
administrateurs du pays, éleva ensuite la voix. Il rendit compte
à l'assemblée de la situation de l'établissement, donna au
départ du principal tous les regrets que méritait une semblable
perte, et déroulant ensuite ses espérances d'avenir, il ne
craignit point de proclamer les vérités d'éternelle justice
contre lesquelles certaines préventions peuvent quelquefois
s'élever, mais qui sont confirmées par une expérience de chaque
jour. Il montra que l'éducation ne prospérait ordinairement que
sous l'influence du clergé ; que le prêtre, dégagé de tout soin
de famille et recevant ses inspirations de la religion, pouvait
seul diriger l'enfance dans les voies de la vertu et dans les
régions de la science avec ce zèle, ce désintéressement et celle
sûreté de doctrines, aujourd'hui si rares et cependant si
nécessaires pour raffermir le monde sur ses bases. Il rappela
ensuite que l'époque de la plus grande prospérité du collège fut
précisément celle où un prêtre, l'excellent M. Lebon, présidait
aux études, et qu'après avoir recueilli tous les aveux, tous les
témoignages, toutes les preuves, il croyait de son devoir de
demander un ecclésiastique pour ouvrir une carrière nouvelle au
collège de Blâmont. Ce discours fut vivement goûté; il faisait
voir que le digne magistral, pour obéir à ses convictions et
procurer à la jeunesse le bienfait d'une sage et solide
éducation, s'inquiétait peu des vaines clameurs ou des préjugés
des hommes anti-religieux. Honneur aux administrateurs qui
comprennent ainsi leur devoir et le bien qu'ils peuvent
accomplir. Si notre France en comptait beaucoup de ce caractère,
nous marcherions bientôt à grands pas vers le repos et le
bonheur. L'ecclésiastique envoyé par l'autorité diocésaine était
présent à la cérémonie ; c'est M. l'abbé Champion, Lyonnais,
adressé avec confiance par Mgr. le coadjuteur lui-même, et qui
est incorporé depuis quelque temps au clergé de la Meurthe. Le
nouveau principal fit aussi son discours, parla de ses
espérances, de ses projets de bien, et charma son auditoire par
des promesses qu'il ne tardera pas, sans doute, à réaliser.
Les prix furent distribués ensuite à la grande satisfaction des
enfans et de leurs bonnes mères, qui les
couronnèrent en versant des larmes de joie. Précieux moment,
doux triomphe qui n'excitent jamais de regrets, et qui, en
particulier, aura pour le collège de Blâmont les plus heureux
résultats ; car ce pensionnat mérite le choix des pères de
famille par les soins et les sacrifices dont il est l'objet de
la part d'une ville entière. Il serait injuste et cruel de
rendre inutiles les efforts de l'administration et les nobles
intentions exprimées avec tant de franchise et de noblesse par
l'autorité ; que la ville de Blâmont recueille donc tout le bien
et tous les avantages dont elle est digne, et que la confiance
qu'elle va placer dans un ecclésiastique ne soit jamais trompée
!
Quant à l'élection de Blâmont, il était facile d'en pressentir
le résultat, et comme toujours, c'est le conseiller sortant qui
a été réélu. M. Lafrogne, député en 1815, est un des plus
anciens membres du conseil général de la Meurthe ; le nouvel
hommage qu'il vient de recevoir est une preuve éclatante de la
confiance et de l'estime qu'il a su inspirer, à toutes les
époques, aux nombreux électeurs du canton de Blâmont.
On écrit de Blâmont :
« Lundi 12 décembre, un père de famille qui revenait de Dumèvre,
voulut traverser la prairie pour
retourner chez lui, au village de Dom-Martin; la Vezouze était
débordée ainsi que ses affluens; le malheureux tomba dans une
fosse et ne put échapper à la mort : il laisse sept enfans en
bas-âge.
» Un contrebandier voulut aussi traverser la plaine de
Remoncourt; pour échapper aux gendarmes, il
tomba également dans un fossé, et y périt. »
Le conseil municipal de la commune de Harboué, canton de
Blâmont, vient de prouver l'intérêt qu'il
donne à l'éducation par un vote spécial qui l'honore et qu'il
serait nécessaire de reproduire dans un grand nombre de
localités. Il a fixé la quotité de la rétribution scolaire, non
pas seulement pour la saison de l'hiver, mais pour toute
l'année, avec la clause que les habitans paieraient la somme
entière quand bien même ils n'enverraient pas leurs enfans à
l'école. Les habilans de nos campagnes, profondément insoucians
sur l'éducation de la jeunesse, ne peuvent être amenés à donner
à leurs enfans le temps d'acquérir l'instruction nécessaire
qu'autant qu'ils y seront d'abord forcés par des peines
afflictives. Nous reviendrons bientôt sur un sujet aussi grave.
La ville de Blâmont, obérée comme tant d'autres depuis la
révolution de juillet, vient d'être obligée de recourir à
l'établissement d'un octroi municipal pour couvrir ses dettes et
subvenir aux frais de construction de divers bâtimens d'utilité
reconnue; l'ordonnance royale a été rendue, et les opérations
des employés ont commencé le 1 er décembre; tout annonce que les
recettes seront abondantes.
Dernièrement un incendie qui aurait pu avoir les conséquences
les plus désastreuses, a éclaté dans la belle fabrique de MM.
Martin et Horrer, a Blâmont.
80 pièces de calicot ont été plus ou moins endommagées par
l'action du feu. Les secours arrivés à propos, le zèle et
l'activité des habitans ont prévenu de plus grandes pertes et
sauvé la ville d'un affreux sinistre.
On écrit de Blâmont, 24 février :
« La grippe a étendu sa triste influence jusques dans nos
tranquilles hameaux; c'est un concert général de toux plus ou
moins pénibles, et, pour me servir des termes de l'art, le canal
respiratoire, les voies muqueuses et l'appareil bronchique
subissent aujourd'hui de rudes atteintes. La maladie se montre
cependant assez bénigne, et à l'exception de quelques
vieillards, qui ont éprouvé des symptômes graves, l'épidémie n'a
causé jusqu'ici que de l'impatience et de l'ennui. »
Le village de Frémonville, canton de Blâmont, vient de faire une
perle très-douloureuse. M. Haton, membre du conseil
d'arrondissement et maire de sa commune, vient de mourir à 45
ans, emporté par une maladie inflammatoire. Administrateur
habile, il avait mérité l'estime publique par les qualités qui
font le magistrat zélé et instruit, et l'aménité de son
caractère lui faisait des amis de tous ceux qui pouvaient le
connaître. M. le maire de Blâmont s'est rendu l'interprète des
regrets universels dans un discours remarquable qu'il a prononcé
sur sa tombe.
Nous regrettons de ne pouvoir reproduire ici les paroles
touchantes que lui a inspirées sa vieille et constante amitié.
Blamont. La crise commerciale qui s appesantit avec tant de
rigueur sur les deux mondes, et qui fait surgir tant de misères,
a également laissé des traces déplorables dans la petite ville
de Blâmont.
Un israélite, qui exerçait un négoce assez considérable, vient
de suspendre ses paiemens. On évalue sa faillite à 50,000 fr.
Beaucoup d'intérêts secondaires sont compromis, et cet événement
produit une certaine sensation dans la contrée.
Blâmont, 16 août. Dans la nuit du 15 au 16 août vers dix heures
du soir, un horrible incendie a éclaté dans la commune de
Frémonville. A peine le cri d'alarme était-il jeté, que déjà
deux maisons se trouvaient enflammées, sans qu'il fut possible
de songer à les préserver d'une ruine entière. Ce ne fut
qu'après deux heures de fatigues inouies qu'on se rendit maître
du feu, en sauvant quelques habitations voisines, également
menacées d'une catastrophe imminente. Deux bâtimens
considérables sont entièrement consumés, ainsi qu'un immense
corps-de-logis, employé depuis long-temps comme fabrique de
calicots. On peut difficilement se faire une idée des torrens de
feu qui s'élevaient à une hauteur considérable, du milieu de ces
métiers embrasés, de ces pièces de coton, de cet amas de fil, de
ces monceaux de foin, de paille et de blé, fraîchement rentrès
après la moisson. La rapidité de l'incendie était si grande, que
les malheureux propriétaires n'ont pu sauver que très-peu
d'objets de leur mobilier, et ont échappé eux-mêmes avec peine à
la voracité des flammes : on n'a pas encore évalué la perte
causée par ce sinistre.
Les villages voisins se sont empressés d'accourir; nous avons
particulièrement à citer les habitans de Cirey, et parmi eux les
ouvriers de la verrerie! Il nous est doux de rendre un juste
hommage de reconnaissance au zèle de M. Eugène Chevandier, et à
l'adresse, au courage, au sang-froid intrépide de M.Bernard
Chaux, architecte, dont les efforts et les conseils méritent les
plus grands éloges. Les pompiers de Blâmont sont également venus
en toute hâte avec la brigade de gendarmerie, les autorités de
la ville et un grand nombre d'individus de Harboué, de Gogney,
de Repaix et Halloville. Tous ont rivalisé de zèle, et à quatre
heures du matin on en voyait encore à la chaine ; il est à
regretter seulement que l'arrivée des secours de Blâmont ait
provoqué des scènes de désordre qui ne sont pas toutes à la
gloire de cette bourgade. Nous mentionnerons parmi les
travailleurs les plus intelligens et les plus infatigables MM.
Thouvenel, notaire; Horrer, Stenger, Collesson et M. le vicaire
de Blâmont.
Un homme s'est distingué entre tous les autres, c'est un pauvre
charpentier de Frémonville, nommé Lhôte qui, par son étonnante
hardiesse, sa force et son courage dans plus d'une circonstance
aventureuse, s'est acquis un certain renom dans la contrée.
Toujours le premier sur la brèche, aux endroits les plus
périlleux, il bravait la flamme et se trouvait la où il y avait
quelque danger à courir. Ce genre d'intrépidité a quelque droit
à une récompense, et le pompier Lhôte, qui n'en est pas à son
premier exploit en ce genre, mérite l'attention et les
encouragemens de l'autorité, avec d'autant plus de raison qu'il
est pauvre et qu'il a une famille nombreuse.
S'il était permis de terminer ces longs détails par quelque
réflexion morale, nous dirions que c'est dans ces tristes
occurrences qu'on peut juger ce qu'on a fait du peuple depuis
qu'on lui a ôté sa conscience et sa foi. On ne peut se former
une idée de la dégradation où il est descendu ; mais dans cette
chaîne formée par la masse des habitans qui accouraient de la
ville et des villages voisins, nous avons entendu des propos,
nous avons vu des actions, il y avait tant d'impudeur dans ces
hommes et ces filles, on avait sous les yeux un tel spectacle
d'ivrognerie et de corruption parmi tous ces étrangers, que
plusieurs fois nous avons répété ces graves paroles du Journal
des Débats: malheureux peuple, malheureuse France! En effet, si
l'avenir est entre les mains d'une populalion aussi abrutie, qui
ne connaît plus que l'instinct et les appétits de la brute, et
si la religion ne vient pas retremper de pareilles âmes, il y a
de quoi trembler devant la catastrophe qui menace la patrie! !
L'abbé A. E. R.
BLAMONT, 26 août. Nous recevons à l'instant quelques nouveaux
détails sur le malheureux incendie de Frémonville, et nous leur
donnons volontiers la place qu'ils réclament. Non content de
s'être distingué à la tête des ouvriers de la verrerie, M.
Eugène Chevandier, a encore adressé une somme de 30 fr. à la
famille qui a le plus souffert de ce désastre. La charité
publique s'est glorieusement signalée dans une circonstance
aussi déplorable ; des collectes ont été faites, et de larges
aumônes réalisées dans la paroisse même, ont adouci les premiers
et les plus indispensables besoins des victimes. Nous citerons
en particulier M. Bridey, propriétaire à Frémonville, qui a
recueilli chez lui une vache qui appartient à un des incendiés,
et qui a promis de la nourrir gratuitement jusqu'à la fenaison
de l'année prochaine.
De pareils traits consolent des misères que nous avons retracées
dans un précédent article ; ils sont
la preuve que toutes les âmes ne sont pas encore fermées aux
inspirations de la vertu, et que la charité, cette première loi
du ciel, exerce encore un empire incontestable. Puissions-nous
être chaque jour témoins de ses prodiges, et voir les
populations se retremper sans relâche dans ces doctrines de foi
et d'amour, qui sèment la terre de bienfaits et qui établissent
entre l'affligé et celui qui le soulage, une chaîne de
reconnaissance et de bonnes œuvres, dont le dernier anneau doit
se rattacher, dans une meilleure patrie, au trône même de Dieu !
L'abbé E. A. Rosenbach.
BLAMONT. Un incendie très-considérable vient de réduire en
cendres le presbytère du Val-de-Bon-Moutier, arrondissement de
Sarrebourg. Le feu s'est communiqué au plafond de l'appartement
par une poutre transversale placée au-dessus du poêle, et qui a
résisté pendant la nuit entière. A cinq heures du matin, M. le
curé du Val ouvrit la porte de cette chambre, et l'incendie se
développa tout-à-coup avec une effrayante intensité; c'est à
peine si le digne prêtre put s'échapper à moitié vêtu, il eut
les cheveux et les mains brûlés en voulant arracher quelques
objets à la voracité des flammes. Ce funeste accident lui enlève
presque tout son mobilier. La maison presbytériale n'était point
assurée, et la valeur mobiliaire que le feu a dévorée est
évaluée à 5,000 fr.
Une battue vient d'être faite dans les bois qui avoisinent Cirey
: deux loups de forte taille ont été tués.
II y a quelques jours, on avait jeté dans les champs qui
avoisinent Harbouey, un porc énorme qui venait de périr; le
lendemain, on trouva étendu à côté de cet animal un loup qui,
après en avoir dévoré une partie, était probablement mort de
gloutonnerie.
Si le carnaval amène périodiquement des joies fugitives et trop
souvent de brûlantes orgies, il sème aussi quelquefois d'amères
douleurs. Un père de famille traversait Blâmont, le 24 février,
monté sur un cheval fougueux, qu'il destinait à un jeune homme
de cette ville pour une prochaine cavalcade. L'ombrageux animal,
effrayé de quelque bruit soudain, s'emporte avec fureur, se rue
violemment et précipite sur le pavé de la rue le malheureux
écuyer, qui tombe écrasé sous sa monture. Cet homme habitait un
village voisin,; il n'a survécu que peu d'instans à son horrible
chute, et a laissé de nombreux enfans.
On regrette que, par un sentiment de convenance, la cavalcade
n'ait pas été contremandée après un événement aussi triste.
Ce n'est pas seulement parmi les habitans de nos grandes cités
que l'on rencontre des victimes de la brûlante saison qui nous
dévore, mais les plus humbles hameaux ont aussi de graves
imprudences à déplorer. Le fils d'un riche meunier de l'Alsace
venait de s'établir pour quelque temps à Frémonville (Meurthe).
Dans la soirée du samedi 14 juillet, il voulut se baigner dans
la fosse du moulin quoiqu'il ne sut pas nager et s'y noya: son
corps ne fut retrouvé, après les plus minutieuses recherches,
que dans la journée du lundi ; sa famille est inconsolable.
A Blamont, un enfant de 10 ans s'est également noyé dans la
Vezouze.
M. Barthélemy, instituteur primaire à Blâmont, vient de recevoir
la médaille d'argent, la seule qui ait été accordée, cette
année, dans le département de la Meurthe. C'est une juste
récompense due à son zèle et à son habileté.
Un ecclésiastique du diocèse de Nancy nous adresse la lettre
suivante :
Blâmont, le 29 août 1839.
Monsieur le rédacteur,
Les pacifiques triomphes obtenus dans les collèges royaux et
dans nos pensionnats les plus renommés, ont retenti dans la
France entière : nous connaissons le nom des jeunes lauréats
dont le front s'est couvert d'une auréole de cette gloire si
douce et si pure que donnent les éludes classiques. Rien de plus
flatteur et de plus sage que ce concert d'acclamations qui
vient, chaque année, saluer le mérite naissant et raviver
l'ardeur des intelligences qui s'entr'ouvrent à la science et à
la vertu.
Mais si les centres les plus brillans d'éducation publique ont
des échos nombreux qui répètent leurs succès, ne faut-il pas
aussi une parole d'encouragement et d'éloge à ces institutions
plus modestes qui distribuent également à l'enfance les
doctrines du savoir humain? Il me semble, M. le rédacteur, que
votre excellent journal ne refuserait point de réparer à cet
égard les coupables omissions qui existent, et c'est ce qui
m'engage à vous transmettre quelques détails inspirés par la
solennité littéraire dont je viens d'être témoin.
Le collège de Blâmont, placé récemment sous la direction de M.
l'abbé Marsal, parait désormais engagé dans une voie prospère.
Les examens soutenus par les élèves, attestent le développement
et la force des études : les langues anciennes, l'allemand, les
mathématiques, les arts d'agrément ont été cultivés dans un
degré de perfection que cet établissement avait rarement
atteint, et les applaudissemens qui ont signalé la distribution
des prix, s'adressaient, à la fois, aux jeunes vainqueurs et aux
ecclésiastiques habiles qui les conduisent, avec tant de zèle,
dans la route de la sagesse et de la science.
La ville de Blâmont a sa place marquée au premier rang parmi les
cités qui se préoccupent sérieusement des progrès de
l'instruction et de la diffusion des lumières. Nulle part,
peut-être, on a fait autant de sacrifices pour les écoles
primaires et pour le maintien d'un pensionnat qui rivalise
aujourd'hui avec les plus redoutables collèges de la contrée. Ce
dernier établissement a été transféré dans les magnifiques
bâtimens occupés par la gendarmerie, et cet échange a nécessité
des constructions nombreuses devant lesquelles l'administration
n'a point reculé.
Grâces à l'habile gestion d'un des meilleurs magistrats du pays,
Blâmont s'enrichit de monumens et
d'institutions vraiment recommandables; son excellent maire, M.
Lafrogne, n'a rien omis pour attacher à ces créations les vues
les plus nobles et les plus généreuses. Ainsi, l'enfant du
pauvre est non seulement admis dans les écoles; mais s'il montre
quelque talent, il peut suivre gratuitement les cours du
collège, et se présenter encore, aux frais de la ville, à
l'entrée des diverses carrières industrielles: on paie son
apprentissage, ou bien on le suit dans toutes les phases de son
éducation. Des ecclésiastiques, en grand nombre, n'ont dû qu'au
collège de Blâmont les moyens de parvenir au terme de leurs
espérances, et j'ai lieu de penser que de pareils résultats ont
le même droit à être publiés, que les discours et les cérémonies
pompeuses qui terminent l'année scolaire dans nos grandes cités.
Agréez, M. le rédacteur, la vive expression de tous mes
sentimens d'estime et de dévouement
L'abbé E. G
On nous écrit de Blâmont :
« Au moment où certains hommes que le flot des révolutions a
portés au pouvoir, se distinguent par leurs tracasseries
hostiles et par leur haine aveugle contre l'enseignement
chrétien, il est beau de voir un magistrat suivre une route
opposée et manifester hautement l'énergie de sa volonté, pour
que, dans les diverses communes soumises à sa juridiction, la
religion prenne la plus large place dans l'éducation publique.
M. le sous-préfet de Lunéville, dont le zèle et l'intelligente
activité ont déjà reçu les plus justes éloges, vient de
s'honorer encore par le noble langage qu'il a fait entendre à
toutes les autorités municipales, réunies à Blâmont, pour le
tirage de la conscription militaire. Après divers avis relatifs
à quelques détails d'administration, M. Nicolas St.-Dizier a
fortement recommandé aux maires de visiter les écoles et de ne
pas se contenter d'une certaine discipline extérieure, ni d'une
moralité vague et sans base réelle, mais d'exiger avant tout que
les enfans fussent élevés en chrétiens, parce que la foi seule
peut offrir une garantie assez durable de sagesse, de vertu,
d'ordre et de bonheur pour l'avenir. Le digne fonctionnaire a
insisté, à plusieurs reprises, sur la nécessité indispensable de
former la jeunesse d'après les règles de la religion, et nous ne
pouvons qu'applaudir à ces paroles éloquentes et vraies qui ont
paru produire sur l'assemblée une impression salutaire et qui
peuvent offrir quelques sujets de réflexions à une foule de
campagnards enrichis dont la vie s'écoule dans l'oubli de toutes
les croyances divines. Honneur au magistrat qui sait ainsi
comprendre sa mission et le bien qu'il doit opérer dans la
sphère des attributions qui lui sont confiées! »
Nous avons déjà eu occasion de vanter le zèle éclairé des
magistrats de Blâmont (Meurthe) pour le
développement de l'instruction dans les rangs de la jeunesse de
cette ville. Aujourd'hui, nous en trouvons une preuve nouvelle
dans la paisible et touchante solennité qui vient d'avoir lieu
en faveur des écoles primaires. Après un examen où les progrès
des élèves ont été suffisamment constatés, et après un relevé
consciencieux des notes méritées par chacun des enfans, sous le
rapport de la conduite et des travaux quotidiens dans les
différentes classes, une distribution générale des prix a été
faite en présence des familles réunies à l'hôtel-de-ville, et on
a pu se convaincre alors des soins actifs et intelligens qui
sont donnés par les maitres, par les excellentes sœurs de la
doctrine chrétienne dont l'enseignement embrasse toutes les
améliorations, et par l'habile et sage administration municipale
qui acquiert chaque jour tant de titres à la reconnaissance
publique.
La petite ville de Blâmont vient aussi de se distinguer par une
œuvre semblable à celle que nous avons signalée à Metz dans
notre dernier numéro. Le jeudi 5 mars, a eu lieu le tirage d'une
charmante loterie, sous la présidence des autorités municipales
; et au milieu d'une affluence que la solennité avait attirée de
toutes parts. Le nombre des billets placés dans la localité,
dans les environs, s'élevait à 1,100, tandis qu'on ne comptait
que 150 numéros avec bénéfice. M. le maire a ouvert la séance
par une courte allocution, qui est une prouvé des nobles
sentimens et de la sagesse des vues de ce magistrat. Les
caprices du sort ont souvent égayé l'honorable assistance au
moment de la proclamation des bulletins gagnans; ainsi les
colifichets les plus élégans de la toilette féminine étaient
quelquefois le partage des prêtres, pendant que des objets
grotesques ou d'un usage impossible arrivaient à l'adresse des
demoiselles. On comprend que dans celle bonne oeuvre, la place
du clergé n'a pas été la dernière ; M. le curé de Blâmont a non
seulement pris des billets, mais encore a voulu fournir
plusieurs lots d'une valeur assez grande pour contribuer au
succès d'une entreprise aussi louable. Il est doux d'avoir à
signaler de pareils actes de bienfaisance dans notre âge
d'égoïsme. Honneur à l'administration qui n'oublie pas les
immenses besoins des malheureux, et sait, en offrant aux classes
plus élevées de la société une occasion de goûter les
jouissances de la charité,
verser, en même temps, dans la main du pauvre, l'aumône qui peut
lui rendre plus supportables quelques-uns des maux de la vie.
MEURTHE. Nous éprouvons une grande satisfaction à mentionner
aujourd'hui la fête nouvelle que la ville de Blâmont vient de
célébrer avec tant de solennité. Depuis que la tempête
révolutionnaire avait amoncelé les ruines sur les églises
catholiques, une cloche était restée dans la tour paroissiale,
et répandait au loin sa voix solitaire pour annoncer la mort du
chrétien ou les plus brillantes cérémonies de la religion. Les
habitans fatigués de ce veuvage réclamaient une sonnerie qui fut
vraiment digne d'une localité aussi importante ; mais les
ressources de la commune et celles de la fabrique ne pouvaient
être distraites pour une acquisition qui allait absorber une
somme considérable. Animé du zèle ardent de la maison de Dieu
(1), M. le curé de Blâmont s'est chargé lui-même de réaliser une
souscription volontaire ; il a visité chaque famille pendant une
partie de l'hiver, et, reçu partout avec le respect qu'il
mérite, il a recueilli environ cinq mille francs, qui sont le
résultat spontané de la générosité du riche et de la modeste
offrande du pauvre !
Alors deux autres cloches ont été commandées, et le mardi 21
juin, elles ont été bénies au milieu de l'immense concours des
habitans de la ville et des paroisses d'alentour, qui étaient
accourus pour assister à ces touchantes cérémonies. M. le maire
de Blâmont, qu'on est toujours sur de rencontrer dans toutes les
bonnes œuvres, et M. le docteur Lahalle, qui jouit d'une
réputation méritée comme médecin et comme numismate, ont voulu
remplir les fonctions de parrains ; la charge de marraines a été
acceptée également par deux dames aussi distinguées par leurs
qualités que par leur position sociale.
Maintenant la tour de l'église qui provoquait autrefois le
sourire du voyageur, a été restaurée sous une forme convenable ;
trois cloches, dont la plus faible est du poids de 800 kilog.,
et qui offrent un total de 7,200 livres, se balancent
majestueusement dans les airs ; leurs tintemens graves et
sonores planent sur la ville, et viennent expirer, à travers les
forêts, dans les premières vallées de nos montagnes.
Elles vont imprimer aux solennités de la religion ce sentiment
de grandeur indéfinissable qui pénètre l'âme et la transporte
au-dessus des réalités pénibles de ce monde, en lui rappelant le
souvenir d'une vie plus durable et plus heureuse !
(1) Cette année encore M. le curé de Blâmont a exécuté, à ses
frais, des-réparations dans son église pour une somme assez
forte.
ACCORD PARFAIT ET HARMONIE DES CLOCHES
d'église.
Nouveau procédé pour y parvenir, par M. l'abbé Etienne, curé du
Ban-de-Sapt.
Un de nos abonnés nous adresse sur cette importante découverte
les observations suivantes:
» Permettez-moi de réclamer contre un oubli qui me semble
injuste, et que je pourrais appeler aussi la conjuration du
silence, à l'égard d'un prêtre modeste et habile dont les
services ont un droit si évident à la plus honorable publicité!
Votre excellent journal a déjà pavé son tribut d'éloges au digne
curé de Garsch qui vient de se révéler au monde savant par un
nouveau système d'horlogerie. C'est avec joie que je signale
aujourd'hui une autre découverte précieuse, qui est due à un
ecclésiastique des Vosges, et qui est appuyée sur les
expériences les plus incontestables et les plus heureuses.
M. l'abbé Etienne, curé du Ban-de-Sapt, dans le canton de
Senones (1), a souvent employé ses loisirs à des travaux de
mécanique et de physique expérimentale ; il s'est
particulièrement appliqué à la théorie du son dans ses rapports
avec les cloches de nos paroisses. Cet excellent prêtre, doué
d'une sorte d'instinct musical et d'une aptitude merveilleuse à
deviner tous les secrets de l'art, est parvenu a connaître un
moyen vraiment infaillible pour amener un accord parfait dans
les joyeux carillons de nos églises. Aidé d'un instrument qu'il
a perfectionné, et qui n'est autre chose qu'un monocorde
indiquant les intervalles de ton, avec une précision admirable,
il s'élève au diapason de chacune des cloches; il note
exactement les différences qui les séparent, et, dans une
opération dont il possède la mesure, et qu'il appelle buriner
(2), il atteint le résultat désiré, c'est-à-dire, qu'il établit
non seulement l'accord, mais une harmonie parfaite.
Au moment où je lui adresse avec bonheur cet hommage public,, M,
l'abbé Etienne a déjà rendu à soixante cloches, la majestueuse
alliance de sons qui fait le charme de leur, musique aérienne.
On peut dire qu'il a entièrement sauvé les cloches de Blâmont et
celles de St.-Gengoulf, à.Toul : il était
question de les refondre, lorsque M. le curé du Ban-de-Sapt est
arrivé comme un génie tutélaire, et après quelques heures de
travail, il a pu replacer, dans la tour de l'église les
instrumens les plus sonores et les plus agréables.
La Gazette de Metz a rendu compte de la bénédiction solennelle
qui naguère a attiré à Blâmont un
immense concours. Là ou avait suspendu à côté d'une cloche
magnifique de 1,750 kilogrammes deux autres cloches, l'une de
1,250 et l'autre de 800 kilogrammes dont le timbre était, pour
ainsi dire, aussi mâle, aussi vigoureux que celui de la
première. Entre l'ancienne et la moyenne, il n'y avait qu'une
faible nuance de ton, et lorsque le carillon se faisait
entendre, il en résultait une mélodie qui déchirait les oreilles
les plus insensibles. On conçoit la désolation et les regrets de
la ville entière qui s'était imposé de généreux sacrifices. M.
Etienne arrive, et après avoir saisi les intonations des trois
cloches, il opère sur chacune, leur imprime la trace
intelligente de son burin, et les remet à leur place avec un
succès merveilleux.
Aujourd'hui, Blâmont possède une des plus belles sonneries du
département de la Meurthe ; il y a non seulement accord entre
les cloches, mais une harmonie qui remue délicieusement le cœur;
l'habile artiste leur a donné un ton mineur dont l'effet devient
plus agréable que celui des notes pleines. Aux heures de
silence, quand la nature est calme, et que les majestueux accens
des cloches planent sur la ville, oo sont apportées, dans le
lointain, par la brise du soir, à travers les profondeurs des
vallées, vous croiriez entendre les arpèges d'une lyre sonore ou
les doux soupirs d'une harpe éolienne. Rien ne peut rendre
dignement l'impression qu'on éprouve en écoutant cette mélodie
qui parle du ciel et qui semble en descendre.
Or, Monsieur le Rédacteur, c'est là un des mille résultats
obtenus par M. l'abbé Etienne ; il est donc
juste de lui en faire hommage et de révéler au public une
découverte qui peut offrir une ressource précieuse à un grand
nombre de nos paroisses catholiques, au lieu de s'imposer
d'énormes dépenses pour refondre les cloches, il suffira de les
buriner d'après le procédé de M. le curé du Ban-de-Sapt, et on
trouvera ainsi le moyen d'acquérir, à peu de frais (3), une
sonnerie délicieuse qui appelle vraiment à la prière !
Plaise à Dieu que le clergé continue à répondre par de
semblables bienfaits au reproche d'ignorance que lui adresse
trop souvent l'orgueil de notre siècle.
L abbé E. G.
(1) Le Ban-de-Sapt, ancienne dépendance de la seigneurie de
Teintrux, est une paroisse composée de sept à huit villages
épars, et pour lesquels il n'y a que deux églises.
(2) Buriner, c'est enlever de la cloche, dans son contour, du
métal en quantité suffisante pour lui donner le ton nécessaire.
(3) M. l'abbé Etienne a toujours utilise ses travaux et son
secret avec le désintéressement le plus généreux; il n'accepte
aucun honoraire, et permet à peine qu'on songe à ses frais de
voyage.
Le Journal de la Meurthe vient d'entretenir ses lecteurs de
l'apparition d'un météore dans la nuit
du 4 mai : ce phénomène a été visible sur la route de Nancy à
Metz. Or, dans la nuit même, et pour ainsi dire à la même heure,
les habilans de Domèvre-sur-Vezouze ont été réveillés par une
commotion subite qui a ébranlé leurs maisons et qui leur a fait
craindre un tremblement de terre. La secousse a duré quelques
secondes et a été produite, selon toutes les suppositions les
plus vraisemblables, par l'explosion d'un globe enflammé qui est
tombé dans le voisinage. Vers deux heures du matin, la diligence
de Strasbourg précipitait sa course rapide sur la route de
Blâmont à Lunéville; tous les voyageurs ont été éblouis par une
clarté subite qui a effrayé les chevaux ; un météore immense
parcourait les régions supérieures à une faible distance de la
terre; le ciel avait paru s'entr'ouvrir, et plusieurs jeunes
gens qui avaient devancé pédestrement la voiture, étaient saisis
d'une si grande frayeur, qu'ils n'osaient plus continuer leur
marche nocturne. Il serait curieux de constater par les
investigations de la science si le phénomène qui a brillé un
instant sur la route de Metz est le même qui a effrayé le
village de Domèvre, et ce qu'il faut penser des causes ou de la
nature de ces prodiges célestes qui deviennent si fréquens
aujourd'hui.
La petite ville de Blâmont vient de perdre un de ses meilleurs
et de ses plus utiles citoyens, le docteur Lahalle, médecin,
membre du conseil d'arrondissement, est mort le 6 mai, dans un
âge qui pouvait lui laisser espérer encore une longue existence.
L'affluence des personnes qui sont venues lui rendre les
derniers devoirs tant de Sarrebourg que de Lorquin, de
Réchicourt-le-Château et même de Lunéville, témoigne hautement
de m'estime dont était entouré le docteur Lahalle, et le
concours des ouvriers, des pauvres, les regrets qu'ils donnaient
à sa mémoire étaient le témoignage le plus vrai et le plus
touchant de la reconnaissance qu'avait inspirée une vie remplie
de bonnes œuvres et du dévouement le plus courageux.
Au moment où la terre allait se refermer sur ses restes vénérés,
M. Gérard, ancien maire de Blâmont et son ami de tous les temps,
a pris la parole, et, dans les adieux tombés de ses lèvres avec
une sensibilité chrétienne, il a provoqué de toutes parts une
émotion profonde. M. le juge de paix a offert également au
défunt le tribut de la douleur commune; enfin, M. le docteur
Marchal, un des jeunes médecins les plus recommandables de la
contrée, s'est approché du cercueil, et penché sur la fosse, a
fait entendre un discours que nous aurions désiré pouvoir
reproduire, car il renfermait la biographie la plus digne de
l'étude et de l'admiration des jeunes gens qui se consacrent au
soulagement des misères physiques de l'humanité.
M. le docteur Lahalle, qui fit comme chirurgien militaire la
campagne d'Italie et assista à la bataille de Marengo, avait été
l'ami et le collaborateur du célèbre docteur Bichat, auteur du
Traité d'anatomie générale et des Recherches physiologiques sur
la vie et la mort, et l'une des gloires de la médecine
française. M. Lahalle, qui ne se contentait pas de prodiguer aux
malheureux les secours de l'art, mais qui les soulageait encore
dans leur détresse par d'abondantes aumônes, a légué à l'hôpital
de Blâmont une rente annuelle de 500 fr. pour être appliquée en
secours aux indigens ; inutile de dire que ce vertueux citoyen
est mort en bon chrétien après avoir appelé lui-même les
consolations de la religion.
De nouveaux renseignemens nous sont parvenus sur la rixe
malheureuse qui s'est élevée à Blâmont le lundi de la Pentecôte.
Ce jour-là, plusieurs jeunes gens de Foulcrey étaient venus à la
ville ; quelques mauvais sujets prirent le parti de les
attaquer, et les maltraitèrent si cruellement, qu'un de ces
pauvres villageois mourut pour ainsi dire entre leurs mains. Un
autre est encore aujourd'hui dans un état qui inspire les plus
vives inquiétudes. Trois des misérables agresseurs ont été
conduits en prison, où ils ont affecté un cynisme vraiment
honteux ; ils ont même insulté un ecclésiastique respectable,
qu'ils doivent suffisamment connaître puisqu'il est principal du
collège. Voilà un des résultats de plus des habitudes de
corruption et de débauche qu'on inspire au peuple ! En lui
apprenant à violer hardiment les lois divines et à profaner les
dimanches ou les fêtes religieuses par des excès hideux, on le
prépare insensiblement à commettre ces actes de brutalité
sauvage qui viennent démentir les progrès de civilisation dont
le siècle est si fier !
Un fait assez étrange vient de mettre en émoi la ville de
Blâmont (Meurthe). Le dimanche 16 juillet, on conduisait au
cimetière un vieillard âgé de quatre-vingt-quatre ans. Lorsque
les consolantes prières de la religion furent terminées, et que
déjà les premiers gazons de la terre consacrée roulaient dans
les profondeurs de la fosse, on crut entendre un bruit sourd qui
partait du cercueil. Toutes les oreilles furent tendues et on
put se convaincre qu'il s'opérait une percussion réelle contre
les parois de la bière. On décida qu'il fallait prévenir
l'autorité ; celle-ci demanda l'avis du médecin, et en attendant
les plus intrépides prenaient la fuite. Cependant la nouvelle de
cette résurrection inattendue avait parcouru la ville, et comme
la rumeur devenait menaçante, on se détermina enfin à visiter le
mort encore une fois. L'opération eut lieu à trois heures du
matin, et le vieillard était enterré depuis la veille à quatre
heures du soir; aussi le trouva-t-on immobile dans son linceul
funèbre et sans apparence qu'il eût essayé de changer de place.
Il parait que les planches étaient d'un bois sec, et que l'eau
qui se trouvait dans la fosse les aurait fait éclater: c'est ce
qui a occasionné le craquement ou les coups répétés qu'on avait
entendus. Cette version a laissé des incrédules, et le cimetière
a été longtemps encombré par la foule des habitans. Avis au
public pour les inhumations précipitées. [NDLR : il s'agit de l'inhumation de Christophe Royer, décédé le 14 juillet 1843]
Un garçon boulanger, ancien militaire du 5e d artillerie, perdu
de dettes à la suite de débauches, s'est suicidé vendredi, rue
d'Alger, près d'une maison de prostitution, en se tirant un coup
de pistolet: il était, dit-on, originaire de Blâmont.
L'abondance des matières nous a empêché de reproduire
jusqu'alors les détails d'une véritable-fête de famille qui a
donné, dans ces derniers temps, une animation inaccoutumée à la
petite ville de Blâmont, il s'agit de la distribution des prix
aux élèves du collège communal :
Avant la proclamation des élèves lauréats, M. le maire de
Blâmont a constaté les progrès de cet établissement et rendu un
juste hommage aux maîtres qui le dirigent ; mais ce magistrat
n'a pas oublié les anciens fondateurs du pensionnat ; il a payé
un tribut de reconnaissance au vénérable abbé Roger qui, en
remplissant les modestes fonctions de vicaire, assemblait les
premiers élémens du collège. « M. l'abbé Lebon, si digne de son
nom, a dit M. le maire, remplaça M. Roger dans la carrière de
l'enseignement, lorsque celui-ci périt, en 1815, victime de sa
charité en soignant nos soldats atteints du typhus ; M. Roger
fit pendant 20 ans un bien incroyable dans le pays et prépara la
vocation au sacerdoce d'un grand nombre de prêtres du diocèse de
Nancy ; vint ensuite M. George, enlevé à la fleur de l'âge, au
milieu des regrets de tous ses élèves, et enfin les
ecclésiastiques qui composent l'administration actuelle et qui
se sont acquis des droits à la reconnaissance publique en
élevant la prospérité de l'établissement à un degré encore plus
remarquable. »
M. le maire de Blâmont a conclu de la situation actuelle du
collège de Blâmont, que la ville pouvait attendre avec patience
une loi sur l'enseignement secondaire, et il a hautement
déclaré, en termes qui lui font honneur, que cette loi ne devait
être que l'expression franche et impartiale des promesses de la
charte sur la liberté d'enseignement.
Après la lecture de compositions littéraires de deux élèves,
l'une sur l'amour de la patrie, l'autre sur la prise de
possession de la ville de Blâmont par le duc René d'Anjou après
la cession que lui en avait faite le comte Olry, évêque de Toul
et dernier héritier du nom et de la seigneurie de Blâmont, les
prix ont été distribués aux applaudissemens du public et à la
grande joie des parens des lauréats
Les examens préliminaires avaient prouvé la force des éludes et
leur bonne direction quant aux auteurs anciens sous le rapport
de l'enseignement des langues italienne et allemande, enfin au
point de vue religieux qui domine l'enseignement du collège de
Blâmont ; mais on a encore remarqué avec grand plaisir, lors de
l'exécution d'une symphonie militaire de la composition du
maître de musique, les progrès des élèves pour la partie vocale
et instrumentale.
Cette touchante cérémonie, qui n'aurait dû laisser que de doux
souvenirs parmi les assistans, a été attristée par un déplorable
événement : M. Lafrogne, ancien député, membre du conseil
général, l'un des assistans, a été frappé d'une apoplexie
foudroyante à laquelle il a succombé au bout de quelques heures.
M. Lafrogne, qui avait rendu des services à l'arrondissement et
qui avait pris part à tous les travaux des conseils généraux
depuis leur fondation, avait, dit-on, dans les dernières années
de sa vie, considérablement modifié ce que ses opinions et ses
idées pouvaient avoir d'exclusif.
Ce n'est pas M. Roger, mais M. l'abbé Royer qui a fondé le
collège de Blâmont dont nous parlions dernièrement : M. Lebon
lui a succédé, et ce vertueux prêtre, aujourd'hui retire à la
collégiale de Bon-Secours de Nancy, n'a pas cessé de faire le
bien, pendant 20 ans, dans la paroisse et au collège de Blâmont.
Le dimanche soir, 16 août, un incendie a éclaté à Blâmont
(Meurthe). Six maisons contenant 20 ménages ont été la proie des
flammes. On ignore encore la cause de ce sinistre.
Vendredi 20 novembre, une sorte d'émeute a éclaté sur le marché
de Blâmont (Meurthe), à cause du haut prix des céréales. Les
autorités de la ville sont accourues sur la place, et après
quelques pourparlers assez orageux, force est restée à la loi.
On a procédé à l'arrestation de quelques femmes.
Lundi matin, 12, un incendie s'est déclaré avec violence à
Frémonville, près Blâmont (Meurthe). Toute la population est
accourue aux premiers sons du tocsin, et chacun a rivalisé de
dévouement et d'activité malgré la rigueur du froid; les plus
jeunes enfans déployaient une ardeur admirable. Après une heure
de travail, on s'est rendu maître du feu, qui a consumé une
maison entière et la majeure partie du mobilier. Parmi les
victimes du sinistre se trouve un pauvre journalier, père de
quatre enfans, que ce malheur rend plus digne que jamais de la
commisération publique. On attribue cet accident au mauvais état
d'une cheminée.
Les pompiers, de Frémonville ont donné dans celte circonstance
de nouvelles preuves de leur courage et de leur adresse (1); ils
sont parvenus à préserver la maison voisine. Les habitans des
villages environnans se sont également distingués par leur zèle.
M. Eugène Chevandier était accouru des premiers, de Cirey, à la
tête de ses nombreux ouvriers et accompagné de trois pompes. MM.
Mena et Haumant, de Cirey, les pompiers et les gendarmes de
Blâmont, et une foule d'autres habitans de cette ville, ceux de
Harbourg qui n'avaient pas craint de s'exposer dans des chemins
impraticables, étaient venus aussi offrir leurs services.
Cet événement fait désirer plus que jamais à Frémonville la
présence de l'abbé Paramelle. Car ce village, éloigné de la
Vezouze d'un kilomètre, n'a pas une seule fontaine.
(1) Il y a peu de temps qu'ils ont sauvé d'une destruction
complète la ferme de Salières, appartenant à M. Collasson, de
Blâmont.
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