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Presse - Gazette de Metz et de Lorraine - 1832-1846


  • 13 août 1832

Quatre maisons viennent d'être la proie des flammes, le 3 de mois, à Fremeville près Blamont ; le feu aurait exercé bien plus de ravages sans les prompts secours apportes par les habitans des communes voisines qui rivalisèrent de zèle et d'intrépidité. On cite entr'autres le maire et le curé de Domjevin ; ce dernier est un vieillard; le maire et le vicaire de Benamenil ; le maire et le curé de Blémery; le maire et le curé de Ogeviller, qui étaient accourus à la tête des habitans de leurs communes.


  • 16 décembre 1833

On nous écrit de Blâmont (Meurthe):
«  La bénédiction d'une église nouvellement construite vient d'avoir lieu au village de Verdenal. C'est peut-être la plus belle église de campagne de la province; tout y est fait avec un goût exquis. Pendant plusieurs années, les habitans ont travaillé à sa construction avec une ardeur infatigable. M. le maire, homme de probité et de foi, a toujours dirigé et activé les travaux, qui, malgré l'absence d'un pasteur dont la paroisse était privée depuis six mois, ont été heureusement terminés. C'était un spectacle attendrissant de voir cette population qui se pressait dans le nouveau temple avec des transports de joie, et recueillait avec amour la parole du prêtre qui était venu d'une commune voisine pour lui expliquer tout son bonheur ».


  • 4 juillet 1834

On nous écrit de Frémonville, près Blamont, 26 juin.
«  Nos contrées ont été menacées avant-hier d'une horrible tempête. Vers midi, la couleur du ciel est devenue d'un jaune livide, qu'on n'osait presque envisager. Un vent d'une force extraordinaire s'est élevé tout-à-coup, a précipité les tuiles du faite des maisons, a dispersé l'herbe des prairies, qui était déjà réunie en monceaux, et a même renversé et jeté à quelque distance deux voilures de foin pesamment chargées : on était dans l'attente de quelque plus grand malheur, lorsque cet ouragan s'est résolu en une forte pluie, qui a vivifié nos campagnes. L'apparence de la récolte est magnifique ».

Blâmont, 29 juin. Un événement affreux vient d'avoir lieu dans notre pays. M. P...., l'un des riches propriétaires des environs de Sarrebourg, vient de se suicider à Barchain, petit village où son frère possède une campagne. Il avait diné comme à l'ordinaire; il avait même témoigné beaucoup d'abandon et de gaîté, lorsqu'au sortir de table il s'arme de son fusil, descend dans les jardins pendant qu'on causait au salon et se fait partir la balle dans le cœur. Comme on ne soupçonnait rien, on crut qu'il avait tiré sur un oiseau; le soir arrive cependant, on le cherche, et après bien des perquisitions en arrive au jardin, où on le trouve mort sur le coup. La justice, qui fut appelée et qui fouilla scrupuleusement ses papiers, n'a rien pu découvrir qui mit sur la trace du motif de cette cruelle résolution.


  • 27 août 1834

Lundi 18 août, un violent orage a éclaté sur la ville de Blâmont ; de mémoire d'homme on n'avait vu la pluie tomber avec autant d'abondance. La foudre a éclaté sur la forêt de Gogney, et a brisé un grand chêne. On n'a pas d'autres dégâts à déplorer.

Un incendie a eu lieu, il y a peu de jours, à Domèvre, canton de Blâmont. On ne connaît pas encore à combien s'élève le sinistre.


  • 18 septembre 1834

A la suite des nombreux travaux de la campagne et des chaleurs extraordinaires de cet été, une fièvre typhoïde et dangereuse a désolé récemment les habitans de Frémonville (Meurthe). Plusieurs personnes ont succombé, mais la maladie parait avoir perdu son intensité et ses caractères alarmans. Plusieurs cas de cholérine se sont aussi déclarés à Blâmont et dans les villages voisins.


  • 8 octobre 1834

La foire de la petite ville de Blâmont a été, cette année, aussi triste que celle des villes voisines; partout on remarque peu de marchands et d'acheteurs.

On remarque, dans nos contrées, des phénomènes de végétation qui sont dûs, il faut le croire, à la beauté de la température. La treille d'un jardin, à Frémonville, présente de nouvelles grappes qui peuvent être cueillies à la fin du mois prochain. A Blâmont, on voit un pommier éclatant de blancheur et présentant des fleurs magnifiques. Il y a aussi un poirier qui est garni de poires nouvelles, et il ne faudra plus qu'un peu de chaleur pour leur donner la maturité nécessaire.


  • 23 novembre 1834

Les animaux eux-mêmes se ressentent de la saison extraordinaire que nous venons de traverser : beaucoup succombent sous le poids de maladies violentes. Dans un village des environs de Blâmont, un particulier a vu disparaître presque tout le bétail de ses écuries : deux vaches et sept chevaux.


  • 25 novembre 1834

On nous écrit de Blâmont :
«  Une cérémonie bien touchante a eu lieu dernièrement à Frémonville. Un nouvel emplacement ayant été disposé pour un cimetière, on en a fait la bénédiction solennelle, et tous les habitans se sont empressés d'y accourir. Tous, au sortir de l'église, rangés sur deux lignes, bannières en tête, s'avancèrent dans le plus grand ordre vers la terre qui allait être consacrée pour recevoir leur dépouille mortelle; tous attachaient un regard curieux sur les détails de cette imposante cérémonie. Mais, quand le pasteur élevant sa voix, leur fit entendre que ce gazon qu'ils foulaient s'ouvrirait bientôt peut-être sous leurs restes inanimés; que c'était là qu'ils viendraient attendre l'heure du jugement général; que lui aussi rendrait compte à Dieu de leurs âmes; qu'ils s'efforcent donc de lui adoucir cette tâche en vivant toujours fidèles à la religion, et que la trompette de l'ange vienne les appeler à une résurrection glorieuse, etc., un long frémissement se communiqua parmi les auditeurs et leurs visages portaient l'empreinte d'une émotion profonde : on s'en retourna dans le plus religieux silence, et daigne le Seigneur faire fructifier les grandes leçons de cette journée !... »


  • 21 décembre 1834

Blâmont, 19 décembre. Le 17 décembre, les chasseurs du pays ont fait une battue générale dans les bois de Frémonville; trois loups ont été tués, et on est à la poursuite d'un quatrième qui est grièvement blessé.


  • 21 février 1835

Si nous nous élevons avec force contre l'esprit irréligieux de certains fonctionnaires sortis de la révolution de juillet, nous devons aussi rendre hommage au courage de ceux qui, se mettant au-dessus des préjugés du vieux libéralisme, proclament les bienfaits de la religion en même temps que le zèle de ses ministres pour le véritable progrès des lumières. Nous lisons dans une lettre de Blâmont le passage suivant que nous nous empressons de reproduire:
«  M. le maire de Blâmont a cru devoir faire dernièrement une distribution de prix aux élèves des écoles primaires. Tous les instituteurs du canton s'y trouvaient réunis, ainsi que la plupart des notabilités de la ville. M. le maire fit un discours sur les avantages de l'instruction, il parla des progrès qu'elle avait faits depuis quelques aimées parmi la jeunesse de Blâmont, et se plut à rendre hommage au clergé, comme au véritable ami des lumières, au fidèle gardien des lettres divines et humaines, puisque lui seul en a sauvé le dépôt, lorsque la société était plongée dans les ténèbres du moyen-âge. Honneur aux magistrats qui savent ainsi comprendre leur mission et proclamer la vérité sans craindre les préventions et l'ignorance de la haine » !


  • 27 mars 1835

On nous écrit des environs de Sarrebourg:
«  Un violent orage a éclaté le 6 mars sur la ville de Blâmont et les villages environnans. Les éclairs et
les coups du tonnerre se succédaient avec rapidité. Mais ce qu'il y eut de remarquable, c'est que la neige tombait dans le moment même où la fondre grondait dans les nues. Un célèbre physicien d'Allemagne assure que la météorologie ne peut citer qu'un seul exemple d'un semblable phénomène, et encore c'est à Tornéo qu'il a été observé. Depuis ce temps, la température est restée constamment froide, et le vent est d'une violence extrême.

Un incendie a éclaté, le 8 mars, dans la commune de Reillon, une seule maison a été consumée, et on regarde comme un fait extraordinaire que l'incendie n'ait pas atteint les habitations voisines, malgré la force du vent.


  • 24 novembre 1835

On nous écrivait de Blâmont, à la date du 19 novembre : Le froid redouble dans nos contrées avec une intensité extrême; le sort des pauvres sera vraiment déplorable si la rigueur de la température se maintient.
Déjà nous sommes effrayés par les plus tristes accidens : le 16 novembre, le juge de paix de Blâmont a été appelé pour faire la levée du cadavre de M. Simonin, maire de Veho, que le froid a surpris non loin de St.-Martin et qui est mort gelé dans les champs.


  • 16 janvier 1836

Les rigueurs de l'hiver se sont fait cruellement sentir dans les environs de Blâmont ; lès dégels et les reprises de froid qui se succédaient avaient rendu les chemins de traverse impraticables et les routes dangereuses : là diligence a versé deux fois, heureusement les voyageurs qu'elle contenait en ont été quittes pour quelques contusions; mais d'autres accidens de ce genre ont eu des suites fâcheuses; plusieurs chevaux ont été tués ou estropiés, et dans un rayon peu étendu, on compte jusqu'à 40 personnes grièvement blessées ou qui ont eu des membres fracturés.


  • 10 mai 1836

Blâmont, 7 mai. Nous venons de voir passer le 46e de ligne qui a quitté Paris pour tenir garnison à Strasbourg; deux bataillons ont déjà traversé Blâmont; la tenue de ce corps est remarquable. Le 3e bataillon arrive demain.


  • 20 août 1836

Blâmont possède une école latine, qui jetait un assez vif éclat il y a quelques aimées, et qui a fourni plusieurs hommes distingués dans les diverses carrières de la vie sociale. M. le principal de ce collège étant appelé à d'autres fonctions, le conseil municipal d'une ville, qui s'est toujours imposé les plus grands sacrifices pour les intérêts de la jeunesse, vient de s'adresser à l'autorité épiscopale de Nancy, afin de voir un ecclésiastique placé à la tête du pensionnat. De grands avantages lui sont offerts, et des sacrifices auront encore lieu s'ils paraissent nécessaires pour exécuter tout le bien que l'administration se propose.
On est heureux d'avoir de pareils faits à constater; ils sont la preuve d'une amélioration notable dans les idées et d'une véritable intelligence des moyens qui préparent une sage éducation. Nous ne savons ce que le projet de loi sur l'instruction secondaire amènera de liberté au clergé; mais qu'il sache comprendre ses devoirs, que le prêtre se place à la hauteur des besoins intellectuels et moraux de la société, et comme le divin maître, il pourra dire à la foule: Ego reficiam vos!


  • 8 septembre 1836

La petite ville de Blâmont a offert, mardi dernier, le spectacle de ces touchantes solennités classiques dont le souvenir est toujours délicieux, et qui terminent chaque année les travaux de la jeunesse studieuse. Après un examen qui a constate de nouveau l'habileté, l'excellente méthode et l'activité des soins du principal, on a procédé à la distribution des prix, pendant laquelle trois discours ont été entendus. Le premier appartenait au chef du collège, M. Georges, qui exprima les plus tendres adieux à ses élèves, dont il allait se séparer pour occuper un autre poste honorable. M. le maire de Blâmont, un des meilleurs administrateurs du pays, éleva ensuite la voix. Il rendit compte à l'assemblée de la situation de l'établissement, donna au départ du principal tous les regrets que méritait une semblable perte, et déroulant ensuite ses espérances d'avenir, il ne craignit point de proclamer les vérités d'éternelle justice contre lesquelles certaines préventions peuvent quelquefois s'élever, mais qui sont confirmées par une expérience de chaque jour. Il montra que l'éducation ne prospérait ordinairement que sous l'influence du clergé ; que le prêtre, dégagé de tout soin de famille et recevant ses inspirations de la religion, pouvait seul diriger l'enfance dans les voies de la vertu et dans les régions de la science avec ce zèle, ce désintéressement et celle sûreté de doctrines, aujourd'hui si rares et cependant si nécessaires pour raffermir le monde sur ses bases. Il rappela ensuite que l'époque de la plus grande prospérité du collège fut précisément celle où un prêtre, l'excellent M. Lebon, présidait aux études, et qu'après avoir recueilli tous les aveux, tous les témoignages, toutes les preuves, il croyait de son devoir de demander un ecclésiastique pour ouvrir une carrière nouvelle au collège de Blâmont. Ce discours fut vivement goûté; il faisait voir que le digne magistral, pour obéir à ses convictions et procurer à la jeunesse le bienfait d'une sage et solide éducation, s'inquiétait peu des vaines clameurs ou des préjugés des hommes anti-religieux. Honneur aux administrateurs qui comprennent ainsi leur devoir et le bien qu'ils peuvent accomplir. Si notre France en comptait beaucoup de ce caractère, nous marcherions bientôt à grands pas vers le repos et le bonheur. L'ecclésiastique envoyé par l'autorité diocésaine était présent à la cérémonie ; c'est M. l'abbé Champion, Lyonnais, adressé avec confiance par Mgr. le coadjuteur lui-même, et qui est incorporé depuis quelque temps au clergé de la Meurthe. Le nouveau principal fit aussi son discours, parla de ses espérances, de ses projets de bien, et charma son auditoire par des promesses qu'il ne tardera pas, sans doute, à réaliser.
Les prix furent distribués ensuite à la grande satisfaction des enfans et de leurs bonnes mères, qui les couronnèrent en versant des larmes de joie. Précieux moment, doux triomphe qui n'excitent jamais de regrets, et qui, en particulier, aura pour le collège de Blâmont les plus heureux résultats ; car ce pensionnat mérite le choix des pères de famille par les soins et les sacrifices dont il est l'objet de la part d'une ville entière. Il serait injuste et cruel de rendre inutiles les efforts de l'administration et les nobles intentions exprimées avec tant de franchise et de noblesse par l'autorité ; que la ville de Blâmont recueille donc tout le bien et tous les avantages dont elle est digne, et que la confiance qu'elle va placer dans un ecclésiastique ne soit jamais trompée !


  • 22 décembre 1836

Quant à l'élection de Blâmont, il était facile d'en pressentir le résultat, et comme toujours, c'est le conseiller sortant qui a été réélu. M. Lafrogne, député en 1815, est un des plus anciens membres du conseil général de la Meurthe ; le nouvel hommage qu'il vient de recevoir est une preuve éclatante de la confiance et de l'estime qu'il a su inspirer, à toutes les époques, aux nombreux électeurs du canton de Blâmont.

On écrit de Blâmont :
«  Lundi 12 décembre, un père de famille qui revenait de Dumèvre, voulut traverser la prairie pour
retourner chez lui, au village de Dom-Martin; la Vezouze était débordée ainsi que ses affluens; le malheureux tomba dans une fosse et ne put échapper à la mort : il laisse sept enfans en bas-âge.
» Un contrebandier voulut aussi traverser la plaine de Remoncourt; pour échapper aux gendarmes, il
tomba également dans un fossé, et y périt. »

Le conseil municipal de la commune de Harboué, canton de Blâmont, vient de prouver l'intérêt qu'il
donne à l'éducation par un vote spécial qui l'honore et qu'il serait nécessaire de reproduire dans un grand nombre de localités. Il a fixé la quotité de la rétribution scolaire, non pas seulement pour la saison de l'hiver, mais pour toute l'année, avec la clause que les habitans paieraient la somme entière quand bien même ils n'enverraient pas leurs enfans à l'école. Les habilans de nos campagnes, profondément insoucians sur l'éducation de la jeunesse, ne peuvent être amenés à donner à leurs enfans le temps d'acquérir l'instruction nécessaire qu'autant qu'ils y seront d'abord forcés par des peines afflictives. Nous reviendrons bientôt sur un sujet aussi grave.


  • 24 décembre 1836

La ville de Blâmont, obérée comme tant d'autres depuis la révolution de juillet, vient d'être obligée de recourir à l'établissement d'un octroi municipal pour couvrir ses dettes et subvenir aux frais de construction de divers bâtimens d'utilité reconnue; l'ordonnance royale a été rendue, et les opérations des employés ont commencé le 1 er décembre; tout annonce que les recettes seront abondantes.


  • 28 février 1837

Dernièrement un incendie qui aurait pu avoir les conséquences les plus désastreuses, a éclaté dans la belle fabrique de MM. Martin et Horrer, a Blâmont.
80 pièces de calicot ont été plus ou moins endommagées par l'action du feu. Les secours arrivés à propos, le zèle et l'activité des habitans ont prévenu de plus grandes pertes et sauvé la ville d'un affreux sinistre.

On écrit de Blâmont, 24 février :
«  La grippe a étendu sa triste influence jusques dans nos tranquilles hameaux; c'est un concert général de toux plus ou moins pénibles, et, pour me servir des termes de l'art, le canal respiratoire, les voies muqueuses et l'appareil bronchique subissent aujourd'hui de rudes atteintes. La maladie se montre cependant assez bénigne, et à l'exception de quelques vieillards, qui ont éprouvé des symptômes graves, l'épidémie n'a causé jusqu'ici que de l'impatience et de l'ennui. »

Le village de Frémonville, canton de Blâmont, vient de faire une perle très-douloureuse. M. Haton, membre du conseil d'arrondissement et maire de sa commune, vient de mourir à 45 ans, emporté par une maladie inflammatoire. Administrateur habile, il avait mérité l'estime publique par les qualités qui font le magistrat zélé et instruit, et l'aménité de son caractère lui faisait des amis de tous ceux qui pouvaient le connaître. M. le maire de Blâmont s'est rendu l'interprète des regrets universels dans un discours remarquable qu'il a prononcé sur sa tombe.
Nous regrettons de ne pouvoir reproduire ici les paroles touchantes que lui a inspirées sa vieille et constante amitié.


  • 30 mai 1837

Blamont. La crise commerciale qui s appesantit avec tant de rigueur sur les deux mondes, et qui fait surgir tant de misères, a également laissé des traces déplorables dans la petite ville de Blâmont.
Un israélite, qui exerçait un négoce assez considérable, vient de suspendre ses paiemens. On évalue sa faillite à 50,000 fr. Beaucoup d'intérêts secondaires sont compromis, et cet événement produit une certaine sensation dans la contrée.


  • 22 août 1837

Blâmont, 16 août. Dans la nuit du 15 au 16 août vers dix heures du soir, un horrible incendie a éclaté dans la commune de Frémonville. A peine le cri d'alarme était-il jeté, que déjà deux maisons se trouvaient enflammées, sans qu'il fut possible de songer à les préserver d'une ruine entière. Ce ne fut qu'après deux heures de fatigues inouies qu'on se rendit maître du feu, en sauvant quelques habitations voisines, également menacées d'une catastrophe imminente. Deux bâtimens considérables sont entièrement consumés, ainsi qu'un immense corps-de-logis, employé depuis long-temps comme fabrique de calicots. On peut difficilement se faire une idée des torrens de feu qui s'élevaient à une hauteur considérable, du milieu de ces métiers embrasés, de ces pièces de coton, de cet amas de fil, de ces monceaux de foin, de paille et de blé, fraîchement rentrès après la moisson. La rapidité de l'incendie était si grande, que les malheureux propriétaires n'ont pu sauver que très-peu d'objets de leur mobilier, et ont échappé eux-mêmes avec peine à la voracité des flammes : on n'a pas encore évalué la perte causée par ce sinistre.
Les villages voisins se sont empressés d'accourir; nous avons particulièrement à citer les habitans de Cirey, et parmi eux les ouvriers de la verrerie! Il nous est doux de rendre un juste hommage de reconnaissance au zèle de M. Eugène Chevandier, et à l'adresse, au courage, au sang-froid intrépide de M.Bernard Chaux, architecte, dont les efforts et les conseils méritent les plus grands éloges. Les pompiers de Blâmont sont également venus en toute hâte avec la brigade de gendarmerie, les autorités de la ville et un grand nombre d'individus de Harboué, de Gogney, de Repaix et Halloville. Tous ont rivalisé de zèle, et à quatre heures du matin on en voyait encore à la chaine ; il est à regretter seulement que l'arrivée des secours de Blâmont ait provoqué des scènes de désordre qui ne sont pas toutes à la gloire de cette bourgade. Nous mentionnerons parmi les travailleurs les plus intelligens et les plus infatigables MM. Thouvenel, notaire; Horrer, Stenger, Collesson et M. le vicaire de Blâmont.
Un homme s'est distingué entre tous les autres, c'est un pauvre charpentier de Frémonville, nommé Lhôte qui, par son étonnante hardiesse, sa force et son courage dans plus d'une circonstance aventureuse, s'est acquis un certain renom dans la contrée. Toujours le premier sur la brèche, aux endroits les plus périlleux, il bravait la flamme et se trouvait la où il y avait quelque danger à courir. Ce genre d'intrépidité a quelque droit à une récompense, et le pompier Lhôte, qui n'en est pas à son premier exploit en ce genre, mérite l'attention et les encouragemens de l'autorité, avec d'autant plus de raison qu'il est pauvre et qu'il a une famille nombreuse.
S'il était permis de terminer ces longs détails par quelque réflexion morale, nous dirions que c'est dans ces tristes occurrences qu'on peut juger ce qu'on a fait du peuple depuis qu'on lui a ôté sa conscience et sa foi. On ne peut se former une idée de la dégradation où il est descendu ; mais dans cette chaîne formée par la masse des habitans qui accouraient de la ville et des villages voisins, nous avons entendu des propos, nous avons vu des actions, il y avait tant d'impudeur dans ces hommes et ces filles, on avait sous les yeux un tel spectacle d'ivrognerie et de corruption parmi tous ces étrangers, que plusieurs fois nous avons répété ces graves paroles du Journal des Débats: malheureux peuple, malheureuse France! En effet, si l'avenir est entre les mains d'une populalion aussi abrutie, qui ne connaît plus que l'instinct et les appétits de la brute, et si la religion ne vient pas retremper de pareilles âmes, il y a de quoi trembler devant la catastrophe qui menace la patrie! !
L'abbé A. E. R.


  • 29 août 1837

BLAMONT, 26 août. Nous recevons à l'instant quelques nouveaux détails sur le malheureux incendie de Frémonville, et nous leur donnons volontiers la place qu'ils réclament. Non content de s'être distingué à la tête des ouvriers de la verrerie, M. Eugène Chevandier, a encore adressé une somme de 30 fr. à la famille qui a le plus souffert de ce désastre. La charité publique s'est glorieusement signalée dans une circonstance aussi déplorable ; des collectes ont été faites, et de larges aumônes réalisées dans la paroisse même, ont adouci les premiers et les plus indispensables besoins des victimes. Nous citerons en particulier M. Bridey, propriétaire à Frémonville, qui a recueilli chez lui une vache qui appartient à un des incendiés, et qui a promis de la nourrir gratuitement jusqu'à la fenaison de l'année prochaine.
De pareils traits consolent des misères que nous avons retracées dans un précédent article ; ils sont la preuve que toutes les âmes ne sont pas encore fermées aux inspirations de la vertu, et que la charité, cette première loi du ciel, exerce encore un empire incontestable. Puissions-nous être chaque jour témoins de ses prodiges, et voir les populations se retremper sans relâche dans ces doctrines de foi et d'amour, qui sèment la terre de bienfaits et qui établissent entre l'affligé et celui qui le soulage, une chaîne de reconnaissance et de bonnes œuvres, dont le dernier anneau doit se rattacher, dans une meilleure patrie, au trône même de Dieu !
L'abbé E. A. Rosenbach.


  • 17 février 1838

BLAMONT. Un incendie très-considérable vient de réduire en cendres le presbytère du Val-de-Bon-Moutier, arrondissement de Sarrebourg. Le feu s'est communiqué au plafond de l'appartement par une poutre transversale placée au-dessus du poêle, et qui a résisté pendant la nuit entière. A cinq heures du matin, M. le curé du Val ouvrit la porte de cette chambre, et l'incendie se développa tout-à-coup avec une effrayante intensité; c'est à peine si le digne prêtre put s'échapper à moitié vêtu, il eut les cheveux et les mains brûlés en voulant arracher quelques objets à la voracité des flammes. Ce funeste accident lui enlève presque tout son mobilier. La maison presbytériale n'était point assurée, et la valeur mobiliaire que le feu a dévorée est évaluée à 5,000 fr.

Une battue vient d'être faite dans les bois qui avoisinent Cirey : deux loups de forte taille ont été tués.

II y a quelques jours, on avait jeté dans les champs qui avoisinent Harbouey, un porc énorme qui venait de périr; le lendemain, on trouva étendu à côté de cet animal un loup qui, après en avoir dévoré une partie, était probablement mort de gloutonnerie.


  • 8 mars 1838

Si le carnaval amène périodiquement des joies fugitives et trop souvent de brûlantes orgies, il sème aussi quelquefois d'amères douleurs. Un père de famille traversait Blâmont, le 24 février, monté sur un cheval fougueux, qu'il destinait à un jeune homme de cette ville pour une prochaine cavalcade. L'ombrageux animal, effrayé de quelque bruit soudain, s'emporte avec fureur, se rue violemment et précipite sur le pavé de la rue le malheureux écuyer, qui tombe écrasé sous sa monture. Cet homme habitait un village voisin,; il n'a survécu que peu d'instans à son horrible chute, et a laissé de nombreux enfans.
On regrette que, par un sentiment de convenance, la cavalcade n'ait pas été contremandée après un événement aussi triste.


  • 21 juillet 1838

Ce n'est pas seulement parmi les habitans de nos grandes cités que l'on rencontre des victimes de la brûlante saison qui nous dévore, mais les plus humbles hameaux ont aussi de graves imprudences à déplorer. Le fils d'un riche meunier de l'Alsace venait de s'établir pour quelque temps à Frémonville (Meurthe). Dans la soirée du samedi 14 juillet, il voulut se baigner dans la fosse du moulin quoiqu'il ne sut pas nager et s'y noya: son corps ne fut retrouvé, après les plus minutieuses recherches, que dans la journée du lundi ; sa famille est inconsolable.
A Blamont, un enfant de 10 ans s'est également noyé dans la Vezouze.


  • 3 septembre 1839

M. Barthélemy, instituteur primaire à Blâmont, vient de recevoir la médaille d'argent, la seule qui ait été accordée, cette année, dans le département de la Meurthe. C'est une juste récompense due à son zèle et à son habileté.

Un ecclésiastique du diocèse de Nancy nous adresse la lettre suivante :
Blâmont, le 29 août 1839.
Monsieur le rédacteur,
Les pacifiques triomphes obtenus dans les collèges royaux et dans nos pensionnats les plus renommés, ont retenti dans la France entière : nous connaissons le nom des jeunes lauréats dont le front s'est couvert d'une auréole de cette gloire si douce et si pure que donnent les éludes classiques. Rien de plus flatteur et de plus sage que ce concert d'acclamations qui vient, chaque année, saluer le mérite naissant et raviver l'ardeur des intelligences qui s'entr'ouvrent à la science et à la vertu.
Mais si les centres les plus brillans d'éducation publique ont des échos nombreux qui répètent leurs succès, ne faut-il pas aussi une parole d'encouragement et d'éloge à ces institutions plus modestes qui distribuent également à l'enfance les doctrines du savoir humain? Il me semble, M. le rédacteur, que votre excellent journal ne refuserait point de réparer à cet égard les coupables omissions qui existent, et c'est ce qui m'engage à vous transmettre quelques détails inspirés par la solennité littéraire dont je viens d'être témoin.
Le collège de Blâmont, placé récemment sous la direction de M. l'abbé Marsal, parait désormais engagé dans une voie prospère. Les examens soutenus par les élèves, attestent le développement et la force des études : les langues anciennes, l'allemand, les mathématiques, les arts d'agrément ont été cultivés dans un degré de perfection que cet établissement avait rarement atteint, et les applaudissemens qui ont signalé la distribution des prix, s'adressaient, à la fois, aux jeunes vainqueurs et aux ecclésiastiques habiles qui les conduisent, avec tant de zèle, dans la route de la sagesse et de la science.
La ville de Blâmont a sa place marquée au premier rang parmi les cités qui se préoccupent sérieusement des progrès de l'instruction et de la diffusion des lumières. Nulle part, peut-être, on a fait autant de sacrifices pour les écoles primaires et pour le maintien d'un pensionnat qui rivalise aujourd'hui avec les plus redoutables collèges de la contrée. Ce dernier établissement a été transféré dans les magnifiques bâtimens occupés par la gendarmerie, et cet échange a nécessité des constructions nombreuses devant lesquelles l'administration n'a point reculé.
Grâces à l'habile gestion d'un des meilleurs magistrats du pays, Blâmont s'enrichit de monumens et d'institutions vraiment recommandables; son excellent maire, M. Lafrogne, n'a rien omis pour attacher à ces créations les vues les plus nobles et les plus généreuses. Ainsi, l'enfant du pauvre est non seulement admis dans les écoles; mais s'il montre quelque talent, il peut suivre gratuitement les cours du collège, et se présenter encore, aux frais de la ville, à l'entrée des diverses carrières industrielles: on paie son apprentissage, ou bien on le suit dans toutes les phases de son éducation. Des ecclésiastiques, en grand nombre, n'ont dû qu'au collège de Blâmont les moyens de parvenir au terme de leurs espérances, et j'ai lieu de penser que de pareils résultats ont le même droit à être publiés, que les discours et les cérémonies pompeuses qui terminent l'année scolaire dans nos grandes cités.
Agréez, M. le rédacteur, la vive expression de tous mes sentimens d'estime et de dévouement
L'abbé E. G


  • 30 juin 1840

On nous écrit de Blâmont :
«  Au moment où certains hommes que le flot des révolutions a portés au pouvoir, se distinguent par leurs tracasseries hostiles et par leur haine aveugle contre l'enseignement chrétien, il est beau de voir un magistrat suivre une route opposée et manifester hautement l'énergie de sa volonté, pour que, dans les diverses communes soumises à sa juridiction, la religion prenne la plus large place dans l'éducation publique. M. le sous-préfet de Lunéville, dont le zèle et l'intelligente activité ont déjà reçu les plus justes éloges, vient de s'honorer encore par le noble langage qu'il a fait entendre à toutes les autorités municipales, réunies à Blâmont, pour le tirage de la conscription militaire. Après divers avis relatifs à quelques détails d'administration, M. Nicolas St.-Dizier a fortement recommandé aux maires de visiter les écoles et de ne pas se contenter d'une certaine discipline extérieure, ni d'une moralité vague et sans base réelle, mais d'exiger avant tout que les enfans fussent élevés en chrétiens, parce que la foi seule peut offrir une garantie assez durable de sagesse, de vertu, d'ordre et de bonheur pour l'avenir. Le digne fonctionnaire a insisté, à plusieurs reprises, sur la nécessité indispensable de former la jeunesse d'après les règles de la religion, et nous ne pouvons qu'applaudir à ces paroles éloquentes et vraies qui ont paru produire sur l'assemblée une impression salutaire et qui peuvent offrir quelques sujets de réflexions à une foule de campagnards enrichis dont la vie s'écoule dans l'oubli de toutes les croyances divines. Honneur au magistrat qui sait ainsi comprendre sa mission et le bien qu'il doit opérer dans la sphère des attributions qui lui sont confiées! »
Nous avons déjà eu occasion de vanter le zèle éclairé des magistrats de Blâmont (Meurthe) pour le
développement de l'instruction dans les rangs de la jeunesse de cette ville. Aujourd'hui, nous en trouvons une preuve nouvelle dans la paisible et touchante solennité qui vient d'avoir lieu en faveur des écoles primaires. Après un examen où les progrès des élèves ont été suffisamment constatés, et après un relevé consciencieux des notes méritées par chacun des enfans, sous le rapport de la conduite et des travaux quotidiens dans les différentes classes, une distribution générale des prix a été faite en présence des familles réunies à l'hôtel-de-ville, et on a pu se convaincre alors des soins actifs et intelligens qui sont donnés par les maitres, par les excellentes sœurs de la doctrine chrétienne dont l'enseignement embrasse toutes les améliorations, et par l'habile et sage administration municipale qui acquiert chaque jour tant de titres à la reconnaissance publique.


  • 22 mars 1842

La petite ville de Blâmont vient aussi de se distinguer par une œuvre semblable à celle que nous avons signalée à Metz dans notre dernier numéro. Le jeudi 5 mars, a eu lieu le tirage d'une charmante loterie, sous la présidence des autorités municipales ; et au milieu d'une affluence que la solennité avait attirée de toutes parts. Le nombre des billets placés dans la localité, dans les environs, s'élevait à 1,100, tandis qu'on ne comptait que 150 numéros avec bénéfice. M. le maire a ouvert la séance par une courte allocution, qui est une prouvé des nobles sentimens et de la sagesse des vues de ce magistrat. Les caprices du sort ont souvent égayé l'honorable assistance au moment de la proclamation des bulletins gagnans; ainsi les colifichets les plus élégans de la toilette féminine étaient quelquefois le partage des prêtres, pendant que des objets grotesques ou d'un usage impossible arrivaient à l'adresse des demoiselles. On comprend que dans celle bonne oeuvre, la place du clergé n'a pas été la dernière ; M. le curé de Blâmont a non seulement pris des billets, mais encore a voulu fournir plusieurs lots d'une valeur assez grande pour contribuer au succès d'une entreprise aussi louable. Il est doux d'avoir à signaler de pareils actes de bienfaisance dans notre âge d'égoïsme. Honneur à l'administration qui n'oublie pas les immenses besoins des malheureux, et sait, en offrant aux classes plus élevées de la société une occasion de goûter les jouissances de la charité,
verser, en même temps, dans la main du pauvre, l'aumône qui peut lui rendre plus supportables quelques-uns des maux de la vie.


  • 5 juillet 1842

MEURTHE. Nous éprouvons une grande satisfaction à mentionner aujourd'hui la fête nouvelle que la ville de Blâmont vient de célébrer avec tant de solennité. Depuis que la tempête révolutionnaire avait amoncelé les ruines sur les églises catholiques, une cloche était restée dans la tour paroissiale, et répandait au loin sa voix solitaire pour annoncer la mort du chrétien ou les plus brillantes cérémonies de la religion. Les habitans fatigués de ce veuvage réclamaient une sonnerie qui fut vraiment digne d'une localité aussi importante ; mais les ressources de la commune et celles de la fabrique ne pouvaient être distraites pour une acquisition qui allait absorber une somme considérable. Animé du zèle ardent de la maison de Dieu (1), M. le curé de Blâmont s'est chargé lui-même de réaliser une souscription volontaire ; il a visité chaque famille pendant une partie de l'hiver, et, reçu partout avec le respect qu'il mérite, il a recueilli environ cinq mille francs, qui sont le résultat spontané de la générosité du riche et de la modeste offrande du pauvre !
Alors deux autres cloches ont été commandées, et le mardi 21 juin, elles ont été bénies au milieu de l'immense concours des habitans de la ville et des paroisses d'alentour, qui étaient accourus pour assister à ces touchantes cérémonies. M. le maire de Blâmont, qu'on est toujours sur de rencontrer dans toutes les bonnes œuvres, et M. le docteur Lahalle, qui jouit d'une réputation méritée comme médecin et comme numismate, ont voulu remplir les fonctions de parrains ; la charge de marraines a été acceptée également par deux dames aussi distinguées par leurs qualités que par leur position sociale.
Maintenant la tour de l'église qui provoquait autrefois le sourire du voyageur, a été restaurée sous une forme convenable ; trois cloches, dont la plus faible est du poids de 800 kilog., et qui offrent un total de 7,200 livres, se balancent majestueusement dans les airs ; leurs tintemens graves et sonores planent sur la ville, et viennent expirer, à travers les forêts, dans les premières vallées de nos montagnes.
Elles vont imprimer aux solennités de la religion ce sentiment de grandeur indéfinissable qui pénètre l'âme et la transporte au-dessus des réalités pénibles de ce monde, en lui rappelant le souvenir d'une vie plus durable et plus heureuse !

(1) Cette année encore M. le curé de Blâmont a exécuté, à ses frais, des-réparations dans son église pour une somme assez forte.


  • 24 janvier 1843

ACCORD PARFAIT ET HARMONIE DES CLOCHES
d'église.
Nouveau procédé pour y parvenir, par M. l'abbé Etienne, curé du Ban-de-Sapt.
Un de nos abonnés nous adresse sur cette importante découverte les observations suivantes:
» Permettez-moi de réclamer contre un oubli qui me semble injuste, et que je pourrais appeler aussi la conjuration du silence, à l'égard d'un prêtre modeste et habile dont les services ont un droit si évident à la plus honorable publicité!
Votre excellent journal a déjà pavé son tribut d'éloges au digne curé de Garsch qui vient de se révéler au monde savant par un nouveau système d'horlogerie. C'est avec joie que je signale aujourd'hui une autre découverte précieuse, qui est due à un ecclésiastique des Vosges, et qui est appuyée sur les expériences les plus incontestables et les plus heureuses.
M. l'abbé Etienne, curé du Ban-de-Sapt, dans le canton de Senones (1), a souvent employé ses loisirs à des travaux de mécanique et de physique expérimentale ; il s'est particulièrement appliqué à la théorie du son dans ses rapports avec les cloches de nos paroisses. Cet excellent prêtre, doué d'une sorte d'instinct musical et d'une aptitude merveilleuse à deviner tous les secrets de l'art, est parvenu a connaître un moyen vraiment infaillible pour amener un accord parfait dans les joyeux carillons de nos églises. Aidé d'un instrument qu'il a perfectionné, et qui n'est autre chose qu'un monocorde indiquant les intervalles de ton, avec une précision admirable, il s'élève au diapason de chacune des cloches; il note exactement les différences qui les séparent, et, dans une opération dont il possède la mesure, et qu'il appelle buriner (2), il atteint le résultat désiré, c'est-à-dire, qu'il établit non seulement l'accord, mais une harmonie parfaite.
Au moment où je lui adresse avec bonheur cet hommage public,, M, l'abbé Etienne a déjà rendu à soixante cloches, la majestueuse alliance de sons qui fait le charme de leur, musique aérienne. On peut dire qu'il a entièrement sauvé les cloches de Blâmont et celles de St.-Gengoulf, à.Toul : il était question de les refondre, lorsque M. le curé du Ban-de-Sapt est arrivé comme un génie tutélaire, et après quelques heures de travail, il a pu replacer, dans la tour de l'église les instrumens les plus sonores et les plus agréables.
La Gazette de Metz a rendu compte de la bénédiction solennelle qui naguère a attiré à Blâmont un immense concours. Là ou avait suspendu à côté d'une cloche magnifique de 1,750 kilogrammes deux autres cloches, l'une de 1,250 et l'autre de 800 kilogrammes dont le timbre était, pour ainsi dire, aussi mâle, aussi vigoureux que celui de la première. Entre l'ancienne et la moyenne, il n'y avait qu'une faible nuance de ton, et lorsque le carillon se faisait entendre, il en résultait une mélodie qui déchirait les oreilles les plus insensibles. On conçoit la désolation et les regrets de la ville entière qui s'était imposé de généreux sacrifices. M. Etienne arrive, et après avoir saisi les intonations des trois cloches, il opère sur chacune, leur imprime la trace intelligente de son burin, et les remet à leur place avec un succès merveilleux.
Aujourd'hui, Blâmont possède une des plus belles sonneries du département de la Meurthe ; il y a non seulement accord entre les cloches, mais une harmonie qui remue délicieusement le cœur; l'habile artiste leur a donné un ton mineur dont l'effet devient plus agréable que celui des notes pleines. Aux heures de silence, quand la nature est calme, et que les majestueux accens des cloches planent sur la ville, oo sont apportées, dans le lointain, par la brise du soir, à travers les profondeurs des vallées, vous croiriez entendre les arpèges d'une lyre sonore ou les doux soupirs d'une harpe éolienne. Rien ne peut rendre dignement l'impression qu'on éprouve en écoutant cette mélodie qui parle du ciel et qui semble en descendre.
Or, Monsieur le Rédacteur, c'est là un des mille résultats obtenus par M. l'abbé Etienne ; il est donc
juste de lui en faire hommage et de révéler au public une découverte qui peut offrir une ressource précieuse à un grand nombre de nos paroisses catholiques, au lieu de s'imposer d'énormes dépenses pour refondre les cloches, il suffira de les buriner d'après le procédé de M. le curé du Ban-de-Sapt, et on trouvera ainsi le moyen d'acquérir, à peu de frais (3), une sonnerie délicieuse qui appelle vraiment à la prière !
Plaise à Dieu que le clergé continue à répondre par de semblables bienfaits au reproche d'ignorance que lui adresse trop souvent l'orgueil de notre siècle.
L abbé E. G.

(1) Le Ban-de-Sapt, ancienne dépendance de la seigneurie de Teintrux, est une paroisse composée de sept à huit villages épars, et pour lesquels il n'y a que deux églises.
(2) Buriner, c'est enlever de la cloche, dans son contour, du métal en quantité suffisante pour lui donner le ton nécessaire.
(3) M. l'abbé Etienne a toujours utilise ses travaux et son secret avec le désintéressement le plus généreux; il n'accepte aucun honoraire, et permet à peine qu'on songe à ses frais de voyage.


  • 13 mai 1843

Le Journal de la Meurthe vient d'entretenir ses lecteurs de l'apparition d'un météore dans la nuit
du 4 mai : ce phénomène a été visible sur la route de Nancy à Metz. Or, dans la nuit même, et pour ainsi dire à la même heure, les habilans de Domèvre-sur-Vezouze ont été réveillés par une commotion subite qui a ébranlé leurs maisons et qui leur a fait craindre un tremblement de terre. La secousse a duré quelques secondes et a été produite, selon toutes les suppositions les plus vraisemblables, par l'explosion d'un globe enflammé qui est tombé dans le voisinage. Vers deux heures du matin, la diligence de Strasbourg précipitait sa course rapide sur la route de Blâmont à Lunéville; tous les voyageurs ont été éblouis par une clarté subite qui a effrayé les chevaux ; un météore immense parcourait les régions supérieures à une faible distance de la terre; le ciel avait paru s'entr'ouvrir, et plusieurs jeunes gens qui avaient devancé pédestrement la voiture, étaient saisis d'une si grande frayeur, qu'ils n'osaient plus continuer leur marche nocturne. Il serait curieux de constater par les investigations de la science si le phénomène qui a brillé un instant sur la route de Metz est le même qui a effrayé le village de Domèvre, et ce qu'il faut penser des causes ou de la nature de ces prodiges célestes qui deviennent si fréquens aujourd'hui.


  • 20 mai 1843

La petite ville de Blâmont vient de perdre un de ses meilleurs et de ses plus utiles citoyens, le docteur Lahalle, médecin, membre du conseil d'arrondissement, est mort le 6 mai, dans un âge qui pouvait lui laisser espérer encore une longue existence. L'affluence des personnes qui sont venues lui rendre les derniers devoirs tant de Sarrebourg que de Lorquin, de Réchicourt-le-Château et même de Lunéville, témoigne hautement de m'estime dont était entouré le docteur Lahalle, et le concours des ouvriers, des pauvres, les regrets qu'ils donnaient à sa mémoire étaient le témoignage le plus vrai et le plus touchant de la reconnaissance qu'avait inspirée une vie remplie de bonnes œuvres et du dévouement le plus courageux.
Au moment où la terre allait se refermer sur ses restes vénérés, M. Gérard, ancien maire de Blâmont et son ami de tous les temps, a pris la parole, et, dans les adieux tombés de ses lèvres avec une sensibilité chrétienne, il a provoqué de toutes parts une émotion profonde. M. le juge de paix a offert également au défunt le tribut de la douleur commune; enfin, M. le docteur Marchal, un des jeunes médecins les plus recommandables de la contrée, s'est approché du cercueil, et penché sur la fosse, a fait entendre un discours que nous aurions désiré pouvoir reproduire, car il renfermait la biographie la plus digne de l'étude et de l'admiration des jeunes gens qui se consacrent au soulagement des misères physiques de l'humanité.
M. le docteur Lahalle, qui fit comme chirurgien militaire la campagne d'Italie et assista à la bataille de Marengo, avait été l'ami et le collaborateur du célèbre docteur Bichat, auteur du Traité d'anatomie générale et des Recherches physiologiques sur la vie et la mort, et l'une des gloires de la médecine française. M. Lahalle, qui ne se contentait pas de prodiguer aux malheureux les secours de l'art, mais qui les soulageait encore dans leur détresse par d'abondantes aumônes, a légué à l'hôpital de Blâmont une rente annuelle de 500 fr. pour être appliquée en secours aux indigens ; inutile de dire que ce vertueux citoyen est mort en bon chrétien après avoir appelé lui-même les consolations de la religion.


  • 24 juin 1843

De nouveaux renseignemens nous sont parvenus sur la rixe malheureuse qui s'est élevée à Blâmont le lundi de la Pentecôte. Ce jour-là, plusieurs jeunes gens de Foulcrey étaient venus à la ville ; quelques mauvais sujets prirent le parti de les attaquer, et les maltraitèrent si cruellement, qu'un de ces pauvres villageois mourut pour ainsi dire entre leurs mains. Un autre est encore aujourd'hui dans un état qui inspire les plus vives inquiétudes. Trois des misérables agresseurs ont été conduits en prison, où ils ont affecté un cynisme vraiment honteux ; ils ont même insulté un ecclésiastique respectable, qu'ils doivent suffisamment connaître puisqu'il est principal du collège. Voilà un des résultats de plus des habitudes de corruption et de débauche qu'on inspire au peuple ! En lui apprenant à violer hardiment les lois divines et à profaner les dimanches ou les fêtes religieuses par des excès hideux, on le prépare insensiblement à commettre ces actes de brutalité sauvage qui viennent démentir les progrès de civilisation dont le siècle est si fier !


  • 25 juillet 1843

Un fait assez étrange vient de mettre en émoi la ville de Blâmont (Meurthe). Le dimanche 16 juillet, on conduisait au cimetière un vieillard âgé de quatre-vingt-quatre ans. Lorsque les consolantes prières de la religion furent terminées, et que déjà les premiers gazons de la terre consacrée roulaient dans les profondeurs de la fosse, on crut entendre un bruit sourd qui partait du cercueil. Toutes les oreilles furent tendues et on put se convaincre qu'il s'opérait une percussion réelle contre les parois de la bière. On décida qu'il fallait prévenir l'autorité ; celle-ci demanda l'avis du médecin, et en attendant les plus intrépides prenaient la fuite. Cependant la nouvelle de cette résurrection inattendue avait parcouru la ville, et comme la rumeur devenait menaçante, on se détermina enfin à visiter le mort encore une fois. L'opération eut lieu à trois heures du matin, et le vieillard était enterré depuis la veille à quatre heures du soir; aussi le trouva-t-on immobile dans son linceul funèbre et sans apparence qu'il eût essayé de changer de place. Il parait que les planches étaient d'un bois sec, et que l'eau qui se trouvait dans la fosse les aurait fait éclater: c'est ce qui a occasionné le craquement ou les coups répétés qu'on avait entendus. Cette version a laissé des incrédules, et le cimetière a été longtemps encombré par la foule des habitans. Avis au public pour les inhumations précipitées.

[NDLR : il s'agit de l'inhumation de Christophe Royer, décédé le 14 juillet 1843]


  • 19 mars 1844

Un garçon boulanger, ancien militaire du 5e d artillerie, perdu de dettes à la suite de débauches, s'est suicidé vendredi, rue d'Alger, près d'une maison de prostitution, en se tirant un coup de pistolet: il était, dit-on, originaire de Blâmont.


  • 13 septembre 1845

L'abondance des matières nous a empêché de reproduire jusqu'alors les détails d'une véritable-fête de famille qui a donné, dans ces derniers temps, une animation inaccoutumée à la petite ville de Blâmont, il s'agit de la distribution des prix aux élèves du collège communal :
Avant la proclamation des élèves lauréats, M. le maire de Blâmont a constaté les progrès de cet établissement et rendu un juste hommage aux maîtres qui le dirigent ; mais ce magistrat n'a pas oublié les anciens fondateurs du pensionnat ; il a payé un tribut de reconnaissance au vénérable abbé Roger qui, en remplissant les modestes fonctions de vicaire, assemblait les premiers élémens du collège. «  M. l'abbé Lebon, si digne de son nom, a dit M. le maire, remplaça M. Roger dans la carrière de l'enseignement, lorsque celui-ci périt, en 1815, victime de sa charité en soignant nos soldats atteints du typhus ; M. Roger fit pendant 20 ans un bien incroyable dans le pays et prépara la vocation au sacerdoce d'un grand nombre de prêtres du diocèse de Nancy ; vint ensuite M. George, enlevé à la fleur de l'âge, au milieu des regrets de tous ses élèves, et enfin les ecclésiastiques qui composent l'administration actuelle et qui se sont acquis des droits à la reconnaissance publique en élevant la prospérité de l'établissement à un degré encore plus remarquable. »
M. le maire de Blâmont a conclu de la situation actuelle du collège de Blâmont, que la ville pouvait attendre avec patience une loi sur l'enseignement secondaire, et il a hautement déclaré, en termes qui lui font honneur, que cette loi ne devait être que l'expression franche et impartiale des promesses de la charte sur la liberté d'enseignement.
Après la lecture de compositions littéraires de deux élèves, l'une sur l'amour de la patrie, l'autre sur la prise de possession de la ville de Blâmont par le duc René d'Anjou après la cession que lui en avait faite le comte Olry, évêque de Toul et dernier héritier du nom et de la seigneurie de Blâmont, les prix ont été distribués aux applaudissemens du public et à la grande joie des parens des lauréats
Les examens préliminaires avaient prouvé la force des éludes et leur bonne direction quant aux auteurs anciens sous le rapport de l'enseignement des langues italienne et allemande, enfin au point de vue religieux qui domine l'enseignement du collège de Blâmont ; mais on a encore remarqué avec grand plaisir, lors de l'exécution d'une symphonie militaire de la composition du maître de musique, les progrès des élèves pour la partie vocale et instrumentale.
Cette touchante cérémonie, qui n'aurait dû laisser que de doux souvenirs parmi les assistans, a été attristée par un déplorable événement : M. Lafrogne, ancien député, membre du conseil général, l'un des assistans, a été frappé d'une apoplexie foudroyante à laquelle il a succombé au bout de quelques heures. M. Lafrogne, qui avait rendu des services à l'arrondissement et qui avait pris part à tous les travaux des conseils généraux depuis leur fondation, avait, dit-on, dans les dernières années de sa vie, considérablement modifié ce que ses opinions et ses idées pouvaient avoir d'exclusif.


  • 20 septembre 1845

Ce n'est pas M. Roger, mais M. l'abbé Royer qui a fondé le collège de Blâmont dont nous parlions dernièrement : M. Lebon lui a succédé, et ce vertueux prêtre, aujourd'hui retire à la collégiale de Bon-Secours de Nancy, n'a pas cessé de faire le bien, pendant 20 ans, dans la paroisse et au collège de Blâmont.


  • 21 août 1846

Le dimanche soir, 16 août, un incendie a éclaté à Blâmont (Meurthe). Six maisons contenant 20 ménages ont été la proie des flammes. On ignore encore la cause de ce sinistre.


  • 27 novembre 1846

Vendredi 20 novembre, une sorte d'émeute a éclaté sur le marché de Blâmont (Meurthe), à cause du haut prix des céréales. Les autorités de la ville sont accourues sur la place, et après quelques pourparlers assez orageux, force est restée à la loi. On a procédé à l'arrestation de quelques femmes.


  • 18 décembre 1846

Lundi matin, 12, un incendie s'est déclaré avec violence à Frémonville, près Blâmont (Meurthe). Toute la population est accourue aux premiers sons du tocsin, et chacun a rivalisé de dévouement et d'activité malgré la rigueur du froid; les plus jeunes enfans déployaient une ardeur admirable. Après une heure de travail, on s'est rendu maître du feu, qui a consumé une maison entière et la majeure partie du mobilier. Parmi les victimes du sinistre se trouve un pauvre journalier, père de quatre enfans, que ce malheur rend plus digne que jamais de la commisération publique. On attribue cet accident au mauvais état d'une cheminée.
Les pompiers, de Frémonville ont donné dans celte circonstance de nouvelles preuves de leur courage et de leur adresse (1); ils sont parvenus à préserver la maison voisine. Les habitans des villages environnans se sont également distingués par leur zèle. M. Eugène Chevandier était accouru des premiers, de Cirey, à la tête de ses nombreux ouvriers et accompagné de trois pompes. MM. Mena et Haumant, de Cirey, les pompiers et les gendarmes de Blâmont, et une foule d'autres habitans de cette ville, ceux de Harbourg qui n'avaient pas craint de s'exposer dans des chemins impraticables, étaient venus aussi offrir leurs services.
Cet événement fait désirer plus que jamais à Frémonville la présence de l'abbé Paramelle. Car ce village, éloigné de la Vezouze d'un kilomètre, n'a pas une seule fontaine.

(1) Il y a peu de temps qu'ils ont sauvé d'une destruction complète la ferme de Salières, appartenant à M. Collasson, de Blâmont.

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