Blâmont.
Tentative de meurtre. - Vers 11 heures 30 du matin, le facteur
Joseph Aubry, desservant plusieurs communes, suivait un chemin
de traverse sur le territoire de Verdenal, lorsqu'un travailleur
chinois, caché dans une haie, tira sur lui plusieurs coups de
revolver. Une des balles le blessa au bas des reins. Le chinois
prit aussitôt la fuite mais il est activement recherché.
LES TRAITRES DE LA GUERRE
Le maire de Vaucourt condamné en Conseil de guerre
Le conseil de guerre de la 20e région vient de juger un
vieillard de 71 ans, nommé Joseph Losson, domicilié à
Saint-Avold, mais qui était en août 1914 fermier à Vaucourt,
canton de Blâmont (Meurthe-et-Moselle).
Dans le courant de la nuit du 30 au 31 août 1914, un coup de feu
avait été tiré à Vaucourt et un soldat allemand blessé par le
projectile ; les soupçons des Allemands se portèrent sur un
cultivateur, M. Leclère, âgé de 61 ans et sur son fermier,
Joseph Losson.
Les deux hommes furent arrêtes et conduits au lieudit « Le
Moulin de Lagarde ».
Le lendemain, Leclère était fusillé tandis que Losson était
remis en liberté et nommé maire de Vaucourt par les Allemands.
Losson, qui devait de l'argent à Leclère, est accusé
d'intelligence avec l'ennemi. On lui reproche notamment d'avoir
dit aux Allemands que c'était Leclère qui avait tiré un coup de
feu.
Losson a été condamné à 5 ans de réclusion.
Tué par son fils à la chasse aux sangliers
Un terrible accident de chasse s'est produit à Saint-Martin,
petite commune du canton de Blâmont, dans la nuit du 2 au 3
juillet. M. Edouard Pierron, cultivateur, maire de Saint-Martin,
était parti vers 9 heures du soir, à l'affût aux sangliers qui
dévastaient ses propriétés, emmenant avec lui son fils Georges,
âgé de 16 ans.
Les deux chasseurs se postèrent dans une friche, à proximité de
la forêt Vannequel, près de Chazellles. Ils étaient peut-être à
50 mètres l'un de l'autre.
Vers 11 heures, ils aperçurent un énorme sanglier, mais ne
purent le tirer.
Après minuit, Georges Pierron aperçut une masse noire qui se
dirigeait vers lui. Croyant à un retour offensif du sanglier, il
épaula et tira. Ayant perçu la chute d'un corps, il cria, tout
joyeux : « -Papa, il y en a un en bas ! » Puis il s'approcha, se
baissa, palpa sa victime et soudain, se releva en -poussant un
cri d'horreur : il venait de toucher le cadavre de son père.
L'infortuné maire de Saint-Martin avait été tué raide. Le
projectile lui avait traversé la gorge, après lui avoir fait
sauter le menton.
Accident mortel d'automobile
Une automobile conduite par M. Henri Parnandeau, inspecteur à la
compagnie du chemin de fer Lunéville-Blâmont-Badonviller, et
dans laquelle se trouvait aussi M. Souquès, délégué
administratif à la commission cantonale de Blâmont, a heurté,
dans le brouillard très épais, un lourd chariot chargé de bois
d'échafaudage, au lieu dit la Descente-de-Barbézieux. M.
Parnandeau a été tué. M. Souquès en a été quitte pour de légères
contusions.
M. Parnandeau, âgé de 37 ans, était marié et venait d'être père
il y a seulement quelques semaines.
Les surprises de la guerre
Je n'ai pas pour habitude de lier conversation avec mes
compagnons de hasard - j'allais dire d'infortune - quand je
voyage en chemin de fer.
Ce matin, pourtant, attiré par la franche physionomie de mon
vis-à-vis, une de ces figures, énergiques et douces en même
temps, comme en enfante notre bonne province de Lorraine, je me
départis de mon mutisme et je n'eus pas à le regretter.
Nous parlâmes de la guerre et voici le récit émouvant que
j'entendis.
- Je fus surpris par la guerre à B. J'étais seul avec ma femme ;
mes deux fils étant au front.
Deux fois, les boches me conduisirent au poteau d'exécution sous
le seul prétexte que j'étais adjoint au maire. Pour quel motif
m'ont-ils épargné, je l'ignore.
Le 24 août, profitant de la retraite passagère des Allemands, je
parvins à m'enfuir par Baccarat et Rambervillers. Je dus faire
trente kilomètres à pied avec mon épouse presque infirme. Ce
furent de pénibles journées ; mais tout cela ne compte pas à
côté des émotions qui m'étaient réservées.
Je vous l'ai dit : j'avais deux fils sur le front. En octobre
1915, j'appris par des camarades de l'un d'eux qui était
capitaine, que ce pauvre enfant avait été tué en Artois. Cette
fatale nouvelle m'arriva dans la Creuse où je m'étais réfugié.
Quelques semaines plus tard, je recevais du Ministère son acte
de décès.
Je ne vous dirai pas les souffrances morales que nous endurâmes,
ma femme et moi.
Pendant six mois, nous portâmes son deuil.
Pendant six mois ! Car un jour je reçus la visite d'un officier
qui me persuada que celui que nous pleurions n'était pas mort.
Et comme je lui montrais l'acte de décès de mon fils, cet
officier me mis sous les yeux deux lettres récentes de notre
enfant. Sur l'une d'elles, il priait son camarade de rechercher
ses parents à qui il avait écrit maintes fois, à Blâmont, sans
succès.
Vous comprenez, n'est-ce pas, les boches se souciaient peu de
faire parvenir aux autorités françaises les lettres de mon fils.
Je ne vous dirai pas quelle fut mon émotion en lisant ces deux
lettres. La secousse fut plus violente encore que lorsque
j'avais appris sa mort.
Mon enfant vivait ! Et j'en eus la preuve formelle, peu après
quand je reçus sa première lettre d'Allemagne où il était
prisonnier...
Aujourd'hui, il est encore capitaine. Il devrait être commandant
ou colonel ; mais prisonnier de la première heure, il n'eut de
ce fait aucun avancement.
Aujourd'hui, monsieur, je suis veuf. Mon épouse n'a pu résister
à de tels assauts. Mais il y a deux choses que je garderai
toujours sur moi, qui ne me quitteront jamais : c'est l'acte de
décès de mon fils et la lettre par laquelle, six mois plus tard,
j'appris qu'il était encore vivant.
Et ce brave homme, avec des larmes plein les yeux, me déplia ces
deux bouts de papier si précieux et qu'il conserve comme de
pieuses reliques.
P. R.
UN INCONCEVABLE CRIME
EN PLEIN JOUR, UN PRÊTRE EST ASSASSINE
dans un train
Vendredi, à l'arrivée, à Saint-Dié, du train quittant Epinal à 4
h. 55, le surveillant trouvait, dans un compartiment de
troisième classe, le corps inanimé d'un prêtre tombé en travers
du parquet. Du sang couvrait le visage, et la soutane était
toute maculée. La mort avait fait son œuvre.
Immédiatement, l'employé prévint le commissaire spécial qui
téléphona au parquet et à la gendarmerie de Saint-Dié. Il était
7 heures du matin.
Quelques minutes plus tard, gendarmes et parquet étaient sur les
lieux et constataient qu'on était bien en présence d'un crime
commis peu avant, car le corps n'était pas encore complètement
refroidi et la blessure -à la tête révélait un coup de revolver
tiré à bout portant.
Une chasse à l'homme
Tandis que le juge d'instruction procédait à ces constatations
et faisait garer le wagon, l'adjudant de gendarmerie Pasquier
mobilisait tous ses hommes et organisait les recherches.
Lui-même, avec le gendarme Guyot, partait en side-car, battant
toute la région entre Saulcy, Coinches et les Rouges-Eaux. En
gare de Saulcy, il apprenait par un employé qu'un individu avait
été aperçu, descendant à contre-voie, du train en marche et que
cet individu, après une chute assez brutale, s'était enfui à
travers champs.
Un faucheur, M. Mangin, donnait son signalement. « J'ai vu,
dit-il, un jeune homme, habillé d'un complet gris-noir et coiffé
d'un chapeau de feutre mou, s'enfuir à toutes jambes. » « Tu es
donc, bien pressé, dit le faucheur. - Oui, répondit le fuyard,
je viens de ramasser une s... buche. »
L adjudant Plasquier communiqua immédiatement à Saint-Dié les
renseignements qu'il avait recueillis. Le chef de brigade Fair
envoya alors, dans la direction indiquée, les gendarmes Petiet
et Egard qui partirent à bicyclette. Il était exactement 7
heures 50.
Pendant ce temps-là, la brigade de Fraize se joignait à celles
de Saint-Dié pour renforcer la battue.
Avec un flair digne du plus fin limier, le gendarme Petiet se
dirigea sur Sainte-Marguerite. Arrivé à la hauteur du pont, il
aperçut, suivant une voiture, un jeune homme dont le signalement
correspondait, assez vaguement d'ailleurs, à celui qu'avait
donné M. Mengin. Il remarqua la tenue débraillée de l'individu
qui avait caché le col de sa chemise sous celui de son veston.
De plus, bien qu'il fît très sec, les vêtements étaient mouillés
ainsi que les chaussures.
L'arrestation du criminel
Félicitons le gendarme Petiet de son esprit de décision grâce
auquel le criminel ne put échapper aux poursuites. Donc,
apercevant cet individu suspect, M. Petiet et son collègue
descendirent de bicyclette.
Sans explications, ils le saisirent et crièrent : « Haut les
mains ». L'individu obéit et fut fouillé. Il fut trouvé porteur
d'un revolver à barillet chargé des cinq cartouches. Dans ses
poches, 18 autres cartouches.
Ce n'était sans doute pas une preuve de sa culpabilité, nous dit
M. Petiet. Car, ici, trop de jeunes gens, malheureusement, ne
sortent qu'armés d'un revolver. Mais le nombre des cartouches
trouvées sur cet homme me laissa rêveur.
En effet, il me dit avoir acheté une boîte de cartouches. Or, il
y en a 25 par boîte. Il en manquait donc deux. Où étaient-elles
passées ? L'individu que nous venions d'arrêter ne put me
fournir d'explication. J'étais sûr de tenir le criminel, je
l'amenai à la gendarmerie de Saint-Dié, dans une automobile que
M. Ménette, maire de Remomeix, mit gracieusement à ma
disposition. Il était huit heures 15.
Donc, en 25 minutes, les gendarmes Petiet et Egard avaient
arrêté l'homme en fuite. Etait-ce l'assassin du prêtre ?
Confrontation
Interrogé d'abord à la gendarmerie, l'individu déclara sa nommer
Demangel Victor Jules, 19 ans, conscrit de La classe 24,
jardinier, demeurant chez ses parents, rue de la Vigne-Henry, à
Saint-Dié. Il était porteur, en outre du revolver et des
cartouches que nous avons signalées, d'un portefeuille contenant
131 francs. Ses mains portaient encore des traces de sang. A son
veston, de nombreux insignes et cocardes de conscrit. II avait
passé le conseil de révision mardi dernier.
Energiquement. Demangel nia être l'auteur du crime. Devant son
attitude, le juge d'instruction décida de le confronter avec la
victime. Demangel étendit la main dans la direction du prêtre et
jura qu'il n'était pas coupable.
Ce ne fut que dans l'après-midi que, pressé de questions, il
avoua et donna du crime une version fantaisiste à laquelle on ne
peut prêter aucun caractère de véracité.
« - J'étais, dit-il, seul dans un compartiment quand un prêtre y
prit place à Lavaline. A peine était-il installé, qu'un voyageur
voulut y entrer ; mais, apercevant un prêtre, il se retira non
sans avoir adressé au prêtre une parole désobligeante qui mit ce
dernier de fort méchante humeur.
« Voulant, me mettre à la portière, je fis involontairement
tomber la sacoche de mon compagnon de voyage. Une discussion
s'éleva, je fus gifflé. C'est alors que je sortis mon revolver
mais sans avoir l'intention de tirer. Le coup partit malgré moi
et la balle se perdit dans la portière. Affolé, je me mis à
genoux pour implorer le pardon du prêtre ; mais celui-ci me prit
à la gorge : c'est alors que je lirai et m'enfuis ».
Telle est la version du criminel. Elle est d'autant plus
invraisemblable que le prêtre était doué d'une force herculéenne
: il mesurait 1 m. 93. De plus, Demangel n'explique pas comment
on retrouva
la sacoche du prêtre sur la voie, au passage de Clongoutte, ni
comment cette sacoche fut lancée par la portière, comme
l'affirme un témoin.
C'est entre les gares de St-Léonard et de Saulcy que fut
perpétré le crime. Plusieurs coups de feu furent entendus, à cet
endroit, par les voyageurs.
Quelques secondes plus tard, on vit un homme sauter du train en
marche. Celui-ci arrivait à hauteur des établissements de
Tissot.
La victime
La victime était très connue et très estimée dans les Vosges.
C'est M. l'abbé Auguste Hans, 52 ans, curé de Repaix, près de
Blâmont (Meurthe-et-Moselle). L'abbé Hans avait fait ses
premières études à l'école Trempsal, à Saint-Dié où ses
camarades avaient conservé de lui le meilleur souvenir. L'abbé
Hans avait pris, vendredi, le premier train de Gérardmer où il
était allié voir son frère, industriel. Il se rendait à Saint
Dié, dans sa famille.
C'est à Laveline qu'il monta dans le train fatal.
Troils balles furent tirées. Une traversa le chapeau du prêtre
et alla se loger dans la portière. Une deuxième en dessous de
l'oreille gauche et la troisième au cou.
L'emplacement des blessures laisserait plutôt, croire que l'Abbé
somnolait ou lisait quand il fut assailli.
La victime fut transportée, par les soins de la police, à la
morgue du cimetière de Foucharupt.
Quant à l'assassin, il est écroué a la maison d'arrêt de
Saint-Dié.
Si nos souvenirs sont exacts, l'abbé Hans fut mobilisé dans
l'artillerie à Epinal au début de la guerre et fut attaché
quelque temps à l'hôpital de Golbey, pour être ensuite affecté à
l'hôpital de Baccarat.
Nous nous associons à la douleur de sa famille que nous prions
d'agréer nos vives condoléances.
Un prêtre est assassiné dans un train
Vendredi, à l'arrivée, à Saint-Dié, du, train quittant Epinal à
4 h 55, le surveillant trouvait, dans un compartiment de
troisième classe, le corps inanimé d'un prêtre tombé en travers
du parquet. Du, sang couvrait le visage, et la soutane était
toute maculée. La mort avait fait son œuvre.
La victime était M. l'abbé Auguste Hans, 52 ans, curé de Repaix,
près de Blâmont (Meurthe-et-Moselle).
L'abbé Hans avait pris vendredi, le premier train de Gérardmer
où il était allé voir son frère, industriel. Il se rendait à
Saint-Dié, dans sa famille.
C'est à Laveline qu'il monta dans le train fatal.
Trois balles furent tirées. Une traversa le chapeau du prêtre et
alla se loger dans la portière. Une deuxième en-dessous de
l'oreille gauche et la troisième au cou.
Le parquet, avisé immédiatement, alerta la gendarmerie qui se
mit aussitôt à la recherche de l'individu. Vers huit heures, les
gendarmes Petiet et Edgar arrêtèrent dans les environs de
Sainte-Marguerite un jeune homme aux allures étranges, dont les
vêtements étaient mouillés et la chemise ensanglantée. Cet
individu qui se nomme Jules Demangel, et appartient à une
honorable famille de Saint-Dié, est conscrit de la classe 1924.
Apres avoir nié, il finit par avouer être l'auteur du crime, et
donna de son forfait une explication qui parait invraisemblable.
Il déclara qu'entre Saint-Léonard et Saulcy, il avait eu une
discussion avec l'abbé au sujet d'un paquet qu'il aurait fait
tomber. Pour en imposer au prêtre, il aurait alors sorti son
revolver. Mais le prêtre, qui était taillé en hercule, aurait
saisi le jeune homme à la gorge. Celui-ci aurait tiré une
première baille qui au rait traversé le chapeau de sa victime,
puis une seconde qui l'atteignit au cou et le fit tomber. Alors,
froidement, comme un criminel endurci, Demangel lui tira une
troisième balle derrière l'oreille pour l'achever.
Remiremont
Tribunal Correctionnel
AUDIENCE DU MERCREDI 9 OCTOBRE
Machine en ballade. - Le nommé Robert Drant, 26 ans, originaire
de Blâmont, mécanicien-chauffeur aux Tramways des Vosges,
faisait le service du dernier train qui arrive en gare de
Remiremont, vers cinq heures et ne repart que le lendemain.
C'est à cette condition que Drant fut embauché.
Cette obligation de manger et de coucher à Remiremont, coûtait
cher au mécanicien, qui est -marié, père de trois enfants et à
son domicile à Gérardmer. A plusieurs reprises, il avait demandé
qu'on lui trouvât un local, mais on en sait la rareté à
Reminemont. Drant passa plusieurs nuits dans un wagon et une
après-midi qu'il quittait le dépôt de Gérardmer pour conduire le
train à Remiremont, il déclara tout net à M. Amell, chef du
dépôt, que s'il ne trouvait ou si on ne lui avait pas trouvé une
chambre à Remiremont, il reviendrait sur sa machine à Gérardmer,
pour coucher.
Le chef de dépôt ne répondit pas a ces paroles qu'il ne prit
point au sérieux. Mais ayant; conduit son train à Remiremont et
comme on ne lut avait pas trouvé de chambre, Drant rentra sur sa
machine, haut-le-pied, à Gérardmer. Le comble, c'est que le
premier train du matin quitta la gare de Remiremont avec une
heure de retard, du fait que Drant n'avait pas pris ses-
dispositions pour arriver avec sa machine à Remiremont, en temps
voulu.
On voit tout le comique de cette affaire de contravention à un
arrêté préfectoral et au règlement des Tramways des Vosges dont
Drant était inculpé. Il a été condamné à une amende de 16
francs.
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