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1914-1918 - Récit allemand contre l'antisémitisme en 1931
 


C'est dans le journal juif allemand "Central-Verein-Zeitung", que parait en 1931 ce témoignage d'un ancien combattant, relatant une escarmouche dans une gravière entre Blâmont, Barbas et Verdenal.

Le Central-Verein-Zeitung est un hebdomadaire berlinois publié de 1922 à 1938. Journal juif le plus lu en Allemagne (il atteint un tirage à 73000 exemplaires en 1926), il cesse de paraître après les pogroms de 1938.

L'événement relaté n'est ni daté, ni situé, même si on peut le situer dans le triangle Blâmont-Barbas-Verdenal, sans doute a proximité de Domèvre (Barbezieux ?), zone qui restera assez indécise durant toute la durée du conflit.

Central-Verein-Zeitung
Heft 9 September 1931

Lebenserfahrungen
Christliche Leser unserer Zeitung schreiben uns

Ein Polizeibeamter : Die von Ihnen mir regelmäßig zugesandte Zeitung habe ich jederzeit mit besonderem Interesse gelesen und sage hier für meinen besten Dank. Als Polizeibeamter soll ich mich zwar in der Politik „ neutral " verhalten, vielfach sind mir dadurch die Hände gebunden, meinen berechtigten Empfindungen freien Lauf zu lassen, doch müßte ich mich als „unehrlich“ bezeichnen, wenn ich auch hier schweigen würde.
Bitte nehmen Sie folgendes zur Kenntnis, für das ich, ohne nur ein unwahres Wörtchen hinzuzusetzen, jederzeit gern einstehen werde.
Während ich mich am vergangenen Sonnabend, anläßlich des hier stattfindenden „Nazi - tages" in Zivil (ich habe diese Woche Urlaub), auf dem Wege zu einem hiesigen Bade befand, liefen vor mir zwei noch jugendlich aussehende Nazis in ihrer Uniform. Aus ihrer ziemlich lauten Unterhaltung merkte ich bald heraus, daß sie die Juden beschimpften und einer von den Burschen sagte : „Diese Schweine, die haben überhaupt feilten Schützengraben zu sehen bekommen !" Mich ekelte dieses rüpelhafte Benehmen an, und ich versuchte nun mehr, die durch ihre Führung irregeleiteten Schäfchen zurechtweisen, da dieses dort fruchtlos war, hole ich hiermit folgendes wahre Erlebnis nach :
... Kurz vor dem Waffenstillstand lag ich mit einer Abteilung des bayr. Sturmbatl. 15 in der seinerzeit ruhigen Stellung Barbas - Blamont - Verdinal ; wir wurden zur Unterstützung, Zwecks Erkundungsdienst, dem Inf.- Regt. 244 zugeteilt. Als Stoßtruppführer war uns 15 Mann der Vizefeldwebel Maikowsky zugeteilt. Ein Kamerad, der mit uns auch den letzten Nest seines Brotes teilte. Wir wurden um Mitternacht zur Erkundung einer vor unserer Stellung zwischen Blamont - Verdinal liegenden Kiesgrube eingesetzt. Während ich mit meinem leichten M.- G. und der Abteilung ausgeschwärmt und in gebückter Stellung nach dem bezeichneten Orte zulief, war Maikowsky einige Meter vor uns. Plötzlich wurden wir durch eine gegnerische Abteilung überrascht, beschossen und zersprengt. Laute Schreie, Hilferufe zeugten davon, daß von unseren Kameraden einige verwundet, wenn nicht gar tot sein mußten. Während ich mit zwei Kameraden in einem mit Wasser gefüllten Granattrichter zunächst Deckung suchten und verzweifelt die linke Flanke verteidigten, kam Maikowsky herangekrochen, seine linke Hand glich einem Blutpatzen. Schnell und notdürftig würde er verbunden. Ich sah, daß die Binde wenig nützte, sie war gleich wieder vom Blute getränkt. „ Geht sichernd Zurück, ich komme nach, ich hole nur noch unseren Hahn-Bäck (einen älteren verheirateten Mann mit Namen Hahn und Bäcker von Beruf ), der muß schwer verwundet sein ", sagte M. und kroch auf dem Erdboden dahin. Sein schmerzerfülltes Gesicht kann ich nie vergessen. Maikowsky war wieder fort, vereinzelt fielen noch einige Schüsse. Da uns die Rückkehr Maikowskys mit Hahn und den anderen Kameraden Zu lange dauerte, gingen wir drei auf die Suche. Hinter dem Gestrüpp eines Ginstergebüsches lag der tote Hahn. Ueber seiner Brust gebeugt lag Maikowsky, ebenfalls tot. In seiner rechten Hand hielt er noch ein Verbandpäckchen, mit den Zähnen wollte er die Schnur von diesem lösen, da er seine linke Hand nicht mehr verwenden konnte. Obwohl Maikowsky selbst schwer verwundet war, vergaß er sein eigenes „ Ich " und wollte den anscheinend erst noch lebenden Hahn verbinden. In dieser Hilfsstellung ist Maikowsky durch einen Kopfschuß gefallen. Er zeigte eine Gesinnung, die man als wahr es Christentum zu bezeichnen pflegt, und war ein Führer, wie ich sie ganz selten antraf. Ich weiß, er war ein gläubiger Jude.
Mögen seine Gebeine, vielleicht auch sein Hügel schon Zerfallen sein, so lange ich lebe, muß ich an die „ beste Tat " meines getreuen Führers Maikowsky denken. Er starb dort für uns.
Hätten wir nur mehr Führer gehabt, wie mein guter jüdischer Kamerad Maikowsky, so wäre uns eine bessere Zukunft beschieden. Daß ich es nach diese Erlebnis für meine Pflicht halte, mich dem schoflen Judenhaß überall, wo ich ihm begegne, entgegenzustellen, werden Sie verstehen.

Traduction approximative :

Expériences de vie
Les lecteurs chrétiens de notre journal nous écrivent
Un policier : J'ai lu le journal que vous m'envoyez régulièrement avec un intérêt tout particulier et je vous en remercie beaucoup. En tant que policier, je suis censé me comporter comme "neutre" en politique ; dans de nombreux cas mes mains sont liées pour ne pas laisser libre cours à mes sentiments justifiés, mais je devrais me décrire comme "malhonnête" si je devais rester silencieux ici aussi.
S'il vous plaît, prenez ce qui suit, dont je me porterai volontiers garant à tout moment, sans ajouter un seul mot faux.
Alors que j"étais en route samedi dernier, à l'occasion du "Nazi Tages" qui se déroule ici, en civil (J'ai des vacances cette semaine) dans un établissement balnéaire local, deux nazis d'apparence jeune dans leurs uniformes ont couru devant moi. De leur conversation assez bruyante, j'ai vite remarqué qu'ils insultaient les Juifs et l'un des garçons a dit: "Ces cochons, ils n"ont vu les tranchées que dans les film !" J'étais dégoûté par ce comportement tapageur, j'essayais alors de corriger les petits moutons induits en erreur par leur formateur, et comme cela n'a pas réussi là-bas, je compense ici par la véritable expérience suivante:
... Peu avant l'armistice, je résidais avec une division du Bataillon d'assaut bavarois n° 15 dans la position alors tranquille Barbas - Blamont - Verdenal ; nous avons été affectés pour soutenir, à des fins de reconnaissance, le régiment d"infanterie n° 244. En tant que Stoßtruppführer, le sergent adjoint Maikowsky nous a été affecté comme 15ème homme. Un camarade qui a partagé avec nous sa dernière corbeille de pain.
A minuit, nous avions été chargés d'explorer une gravière située devant notre position entre Blamont et Verdenal. Alors que je me dirigeais vers l'endroit désigné dans une position voûtée avec ma M.G. légère et le détachement, Maikowsky était à quelques mètres devant nous. Soudain, nous avons été surpris, mitraillés et dispersés par un détachement ennemi. De forts cris et des appels à l'aide ont montré que certains de nos camarades devaient être blessés, voire morts. Alors que deux camarades et moi-même cherchions un abri dans un trou d'obus rempli d'eau et défendions désespérément le flanc gauche, Maikowsky arriva en rampant, sa main gauche ressemblant à une tache de sang. Il fut rapidement bandé de façon improvisée. J'ai vu que le pansement ne servait pas à grand chose, il s'est aussitôt imbibé de sang. «  Retourne en sécurité, je te suivrai, je vais juste chercher notre Hahn-Bäck (un homme marié plus âgé nommé Hahn et boulanger de profession), il doit être grièvement blessé », a déclaré M., avant de ramper sur le sol. Je ne pourrai jamais oublier son visage. Maikowsky était de nouveau parti, quelques coups de feu ont été tirés. Comme le retour de Maikowsky avec Hahn et les autres camarades nous paraissait prendre trop de temps, nous sommes partis tous les trois à leur recherche. Derrière le sous-bois d'un buisson d'ajoncs gisait Hahn, mort. Maikowsky était penché sur sa poitrine, également mort. Dans sa main droite, il tenait toujours un paquet de bandages, dont il voulait détacher le cordon avec ses dents, car il ne pouvait plus utiliser sa main gauche. Bien que Maikowsky ait lui-même été grièvement blessé, il a oublié son propre "je" et a voulu panser Hahn apparemment toujours vivant. Dans cette assistance, Maikowsky a reçu une balle dans la tête. Il a montré ce qu'on appelle le vrai christianisme, et était un chef comme j"en ai rarement rencontré. Je sais qu'il était un juif fervent.
Ses os, peut-être aussi son monticule, peuvent bien s"être déjà effondrés, tant que je vivrai, je dois penser à la «  meilleure action » de mon fidèle chef Maikowsky. Il y est mort pour nous.
Si seulement nous avions eu plus de dirigeants comme mon bon camarade juif Maikowsky, ainsi nous aurions un avenir meilleur. Vous comprendrez qu'après cette expérience, je considère qu'il est de mon devoir de m'opposer à la haine effrénée des Juifs partout où je la rencontre.

Rédaction : Thierry Meurant

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