La Renaissance - 4 août 1917
[...]
L'offensive de la 2è armée. [1914]
L'armée Castelnau, composée des 15e, 16e et 20e corps, avait dû, d'abord, délivrer les arrondissements de Lunéville et de Nancy des troupes allemandes qui les occupaient ; puis, elle pénétra en Lorraine annexée, tant en vue de reconquérir notre ancienne province que de contenir l'ennemi sur cette partie du front et le mettre dans l'impossibilité de couler des renforts en Belgique. Une action se déroule de Nomény à Cirey-Blamont-Badonvillers, défendu, le 11 août, par le 17e d'infanterie et où l'offensive allemande fut enrayée. L'affaire de Blamont-Cirey, menée par une division du 21e corps, fut particulièrement brillante. C'est le vendredi 14 août, qu'une de nos divisions commença l'attaque.
L'ennemi était très solidement retranché par des ouvrages de campagne en avant de Blamont.
Des avant-postes furent refoulés et l'attaque s'arrêta jusqu'à la pointe du jour. A l'aube du 15, nous reprîmes l'offensive ; une action d'infanterie soutenue par l'artillerie enleva dans la matinée Blamont et Cirey.
Les forces allemandes, évaluées à un corps, d'armée, le 2e Bavarois, occupèrent alors les hauteurs qui dominent, au Nord, ces deux localités. Mais les forces françaises dessinèrent un double mouvement débordant qui détermina le corps bavarois à ramener ses colonnes en arrière dans la direction de Sarrebourg.
L'affaire fut chaude et bien conduite. Les Allemands subirent des pertes sérieuses, aussi bien dans la défense de Blamont et de Cirey que dans la défense des hauteurs de Tranconville et de Bertrambois d'où ils furent chassés le lendemain.
La Renaissance - 18 août 1917
[...]
Retraite de Castelnau.
Obligées: de battre en retraite après la défaite de Castelnau à Dieuze, et de Dubail à Sarrebourg, nos armées de Lorraine et des Vosges furent poursuivies par les Allemands avec la plus grande vigueur.
[...]
Les Allemands arrivent à Nomeny, disputé par le 279e d'infanterie ; à Arracourt, que défendent le 160e et le 146e de ligne ; les 23 et 24 août, ils sont vers Champenoux,
à Erbéviller, la Nouvelotte, Reméréville, vaillamment protégé par les 226e, 237e et 279e de ligne ; puis à Haraucourt, où lutte le 156e d'infanterie ; à Drouville, à Maixe, défendu par le 27° de. ligne et où l'on se bat avec rage ; à Crevic, où les 156°, 160° et 173° d'infanterie sont aux prises avec l'ennemi.
Les Prussiens occupent à nouveau: Blamont (1), Cirey-sur-Vezouse, Badonviller, s'emparent du fort de
Manonviller, de Gerbéviller, de Vitrimont, et, le 22, de Lunéville
[...]
[...]
[...] Défense du Grand-Couronné
[...]
Lunéville tombe en notre pouvoir le samedi matin 12 septembre
(2). Il n'y a plus un seul Allemand dans la vallée de la
Mortagne.
Les Impériaux sont repoussés partout : à Gellenoncourt,
Courbesseaux, Drouville, Serres, Cercueil, Hoéville, Reméréville,
où le 43e colonial se distingua le 11 septembre ainsi que le
360e de ligne, à Erbéviller, Arracourt, etc.
Continuant à avancer, nous avons repris; Manonviller, Xurès,
Coincourt, Embermenil, Igney jusqu'à Avricourt. Un combat s'y
livre le 20 septembre ; en voici le récit résumé, d'après un
officier d'artillerie :
« Dans; la nuit qui précéda l'attaque d'Avricourt, les positions
allemandes furent bombardées par les canons lourds du fort de
Manonviller, éloigné d'environ 15 kilomètres. L'officier
commandant avait décidé de faire une attaque de flanc et ne
laissa au centre qu'un rideau de troupes avec quatre batteries
de canons. Le gros de nos troupes s'avança dans la direction du
canal de la Marne au Rhin, sur le, flanc gauche de l'ennemi. Les
hommes avaient reçu l'ordre formel de ne pas dire un mot, de ne
pas fumer et s'avançaient en tenant avec leurs mains le fourreau
de leur baïonnette, de façon à ne pas faire de bruit. Derrière
nous, le fort de Manonviller continuait à tonner. L'opération
était favorisée, par une nuit noire. Une pluie légère tombait et
une brume semblable à la ouate s'élevait dû sol. L'artillerie,
la cavalerie et l'infanterie s'avançaient sans bruit ; enfin,
nous arrivâmes au canal. La pluie avait cessé et nous fîmes
halte peu: après, Le soleil se leva et Avricourt surgit à notre
droite. Au loin, le fort de Manonviller ne cessait pais de
tirer, faisant croire aux ennemis que nous allions attaquer de
front.
« Tout d'un coup, nous entendons au centre le son de notre
artillerie de campagne, ce qui est le signal convenu pour
commencer l'action. En moins de cinq minutes, les canons sont
mis en position et nous commençons à tirer, en surveillant
l'effet de notre feu avec nos jumelles. Nous voyons les ennemis
abandonner l'une après l'autre leurs lignes de tranchées.
Pendant ce temps, notre infanterie s'était glissée à l'avant.
Nous apercevons alors, au loin, une colonne d'ennemis dans la
principale rue du village. Ils se retiraient de l'autre côté de
la frontière. Nous avions repris Avricourt sans perdre un seul
soldat et, en quelques minutes, notre infanterie occupait de
nouveau les postes de la frontière. ».
Les arrondissements de Nancy et de Lunéville, sauf quelques
communes, et celui de Saint-Dié sont presque entièrement
délivrés des Prussiens, à la date du 25 septembre.
(1) Le prince de Bavière commandant le 1er corps bavarois était installé, à Blamont, dans le château d'un chocolatier suisse, M. Burrhus. Il obtint de son hôte des milliers de kilos de sucre et de cacao en échange de la promesse que l'usine du chocolatier serait respectée. Mais le prince ne s'embarrassa pas pour si peu. Lorsqu'il eût mis en sûreté les marchandises qu'il avait demandées, il fit mettre le feu à l'usine de M. Burrhus et, comme celui-ci lui rappelait sa promesse, le prince de Bavière le menaça du peloton d'exécution.
(2) Les Allemands abandonnèrent
Lunéville samedi matin 12 septembre ; leur mouvement de retraite
se dessina dans la nuit. Dès les premières heures du jour, toute
la garnison était, partie. I.a population respirait. Dans la
matinée, le sous-préfet, qui était resté là pendant
l'occupation, se dirigeait vers Nancy par la forêt de Vitrimont,
pour rendre compte au préfet de Meurthe-et-Moselle de la
situation. Pendant ce temps, M. Georges Keller, maire de
Lunéville, qui défendit Jes intérêts de ses concitoyens avec la
plus vaillante énergie, s'occupait sur les lieux mêmes de
remédier autant que possible aux maux causés par cette
occupation de vingt et un jours, pendant lesquels Lunéville fut
privée de toute communication avec le reste du pays. La
sous-préfecture fut brûlée par les obus français ; l'hôtel de
ville, incendié par les Allemands, non pas par un bombardement,
mais par le feu mis à la main : quatre-vingts maisons environ
furent brûlées ou bombardées. On n'avait plus ni gaz, ni
électricité, ni pétrole. Pour s'éclairer, il fallait user des
bougies. Trente sacs de farine par jour
devaient servir à nourrir la population. Depuis une quinzaine de
jours, on n'avait plus de viande. Les habitants de Lunéville ont
réellement souffert. Aussi, leur joie était grande le samedi
matin 12 septembre. Le préfet se rendit, le samedi après-midi, à
Lunéville. Le commandant, d'armes reprit aussitôt ses fonctions
dans la soirée.
|