1915 - Halloville
- Parcours d'une famille évacuée
Mémoires de l'Académie de
Stanislas
Académie de Stanislas (Nancy).
1er janvier 1921
RAPPORT SUR LES PRIX DE VERTU
Par M.. MALGRAS (René D'AVRIL)
[...]
L'envahissement, par l'ennemi, de la terre
lorraine a créé, pour les malheureux habitants
de nos villes et de nos villages, des conditions
d'existence particulièrement dures, épreuve ou
plutôt suite d'épreuves où se trempa l'acier des
âmes vraiment courageuses. Le village d'HaIloville
en Meurthe-et-Moselle fut occupé par les
Allemands, dès le début des hostilités. La
famille Démange, composée de neuf personnes : le
père, la mère et sept enfants vivants, y
habitait. Mme Henri Demange fut emmenée en
captivité et retenue prisonnière, huit jours, au
camp de Rastadt. Elle fut rapatriée par la
Suisse, mais son mari resta en terre étrangère
comme otage civil. La mère était donc seule pour
subvenir aux besoins de sept enfants dont l'aîné
n'avait pas quatorze ans. A Marseille où elle se
réfugia tout d'abord, puis à Tarascon, ce furent
des années de lutté pénible. Mme Demange
travailla sans relâche jusqu'à l'extrême limite
de ses forces.
En février 1918 le père était enfin rapatrié et
en juillet 1919 toute la famille, regagnait
HalloviIIe. On y trouvait saccagé le petit bien,
mais courageusement tous, le père et les deux
aînés en tête, se mirent au travail avec une
ardeur que stimulait la joie du retour. Deux des
fils sont employés à la reconstruction du
village, presque entièrement démoli. L'énergie
dont fit preuve Mme Demange pendant là captivité
de son mari, la façon dont elle a élevé ses
enfants, au milieu des traverses nombreuses de
leur existence de réfugiés (ainsi qu'en témoigne
tout particulièrement une lettre de
l'instituteur de la commune, M. Lorin), l'ont
désignée à votre attention. Ce dévouement
maternel du temps de guerre aura dans la paix sa
récompense avec une part de 200 francs du prix
Pister. |
Le 16 janvier 1901,
Charles Henri Edmond DEMANGE (né le 8 janvier 1866 à
Halloville) épouse à Halloville Joséphine Augustine
ALAIN (née le 8 janvier 1877 à Halloville).
Au début de la guerre, la famille comporte sept enfants
: Adrien Félicien Jean-Baptiste (24 novembre 1901),
Pierre Charles Auguste (28 mai 1903), Henri Joseph
Sylvestre (30 mars 1905), Edmond Louis Jean Christophe
(27 février 1907), Geneviève Marie Marguerite (25
juillet 1909), Sigisbert Félix Georges (30 janvier
1911), Georges Lucien (8 juin 1913).
Le 2 mars 1915, la famille entière est évacuée vers le
camp de Rastatt (Grand Duché de Bade), mais si l'épouse
et les enfants sont rapatriés au bout d'une semaine en
France, Henri reste prisonnier en Allemagne. Il a alors
49 ans, et s'il n'est incorporable ni dans l'armée, ni
dans l'armée de réserve, ni même dans l'armée
territoriale, il reste incorporable dans la réserve de
l'armée territoriale, qui regroupe les hommes âgés de 46
à 49 ans, c'est-à-dire nés entre 1868 et 1865 (ce qui
démontre d'ailleurs que si la fiche du Comité
international de la Croix-Rouge indique comme date de
naissance erronée « 7 janvier 1863 », les Allemands
connaissaient l'année réelle de1866). |
Fiche du Comité
international de la Croix-Rouge de Charles Demange |
La trace du retour
en France d'Augustine et des enfants apparait
dans la liste au 25 mars 1915 du Bulletin de
Meurthe-et-Moselle.
Le même bulletin,
dans sa liste arrêtée au 1er avril 1917, indique leur
adresse :
« Demange (Augustine, Adrien, Pierre, Henri, Edmond,
Geneviève, Félix, Georges) (Le mari Henri, prisonnier
civil en Allemagne) - Tarascon, hôpital de la Charité. »
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