Est
Républicain
3 octobre 1902
Crime à Lagarde
Un crime horrible a été commis dans la paisible localité. Mlle
Victorine Noyer, âgée de 75 ans, précédemment au service de M.
le curé de Maizières-les-Vic, qui vivait seule du fruit de ses
économies, à Lagarde, a été trouvée assassinée dans son lit. La
victime, qui avait été bâillonnée, gisait sur son lit dans une
mare de sang. L'assassin l'avait assommée à coups de poing. La
découverte du meurtre a produit une violente émotion dans tout
le village. Le parquet de Vic, instruit de l'affaire par
dépêche, s'est rendu immédiatement sur les lieux pour procéder à
une enquête. Il a été constaté que le vol de est le mobile du
crime; les assassins sont parvenus à enlever les titres
représentant une valeur de 18,000 fr. Mlle Victorine Noyer était
d'un naturel très paisible et sympathique, elle jouissait de.
l'estime de toute la population qui est profondément affectée et
qui désire ardemment que les meurtriers soient punis.
Est
Républicain
5 octobre 1902
Le crime de Lagarde
Les assassins présumés de Mlle Victorine Noyer (ancienne bonne
du curé de Maizières-les-Vic (Lorraine annexée), sont arrêtés.
Ce sont deux individus de Vaucourt, canton de Blâmont, les
neveux de la victime, paraît-il. On a trouvé une somme de 8,000
fr. On sait que le montant des valeurs emportées s'élevait à
18,000 fr.
Le Petit
Journal
5 octobre 1902
LES ASSASSINS DE Mlle
VICTORINE NOYER
(Dépêche de notre correspondant)
Nancy, 4 octobre.
Les assassins présumés de Mlle Victorine Noyer, ancienne bonne
du curé de Maizières-les-Vic (Lorraine annexée), sont arrêtés.
Ce sont deux individus de Vaucourt, canton de Blamont, les
neveux de la victime, parait-il. On a trouvé sur eux une somme
de 8,000 francs. Le montant des valeurs emportées s'élevait à
18,000 francs.
Gazette de
Lorraine
7 octobre 1902
Lagarde. On nous écrit le 4
octobre:
« Jeudi dernier, ont été célébrées les obsèques de Victorine
Noyer, assassinée dans les circonstances que je vous ai fait
connaître. La victime de ce forfait a été conduite à sa dernière
demeure an milieu d'une assistance nombreuse et recueillie.
Maintenant sur cet épouvantable crime quelques détails comme ils
courent le pays; il va sans dire que je vous les donne sans
avoir la prétention de vouloir rétablir exactement comment le
meurtre a été perpétré. On suppose que Victorine Noyer a ouvert
sa porte en entendant une voix amie et connue demander qu'elle
ouvrît - elle a un neveu et une nièce à Vaucourt (village
limitrophe français) - puis que la personne lui a asséné un
formidable coup de marteau, tuant ainsi net la pauvre femme. Je
vous ai dit que le meurtrier et ses complices devaient être au
courant de la topographie des lieux, et aussitôt les soupçons se
sont portés sur le neveu et la nièce de la victime. Or,
j'apprends qu'ils viennent d'être arrêtés comme étant les
auteurs présumés de ce crime abominable. Sont-ce là bien les
assassins?... J. »
DERNIERES NOUVELLES
Metz, 6 octobre. Une correspondance occasionnelle de Maizières-lès-Vic
nous apprend que la victime de l'assassinat de Lagarde,
Victorine Noyer, a été tuée à l'aide d'un marteau - le médecin
légiste aurait relevé dix coups de cette arme formidable - et
que le meurtrier, craignant d'être reconnu par la victime au
moment où il fouillait les meubles pour trouver l'argent, lui a
jeté un mouchoir de poche sur la figure. Lors des constatations
légales, la justice aurait trouvé une somme de 8000 francs qui
aurait échappé aux investigations du criminel et qui aurait été
déposée à la Caisse des dépôts et consignations à Strasbourg.
M. Hartmann, photographe à Vic, a pris des vues photographiques
de la maison, de la chambre où le crime a été commis et du corps
de la victime.
Notre correspondant nous apprend en terminant que le neveu et la
nièce de la victime, qui avaient été arrêtés, ont été remis en
liberté et que le véritable auteur du crime serait un autre
neveu, âgé de 19 ans, qui la veille de l'assassinat aurait été
voir sa tante pour lui demander de l'argent, mais sans succès,
et qui serait activement recherché.
Nous le répétons: c'est un correspondant occasionnel qui nous
transmet ces renseignements, que nous ne reproduisons que sous
les réserves les plus formelles.
Le Courrier
de Metz
11 octobre 1922
Lagarde. - Les bruits les
plus fantaisistes, dus en grande partie à la trop féconde
imagination de quelque reporter en peine de nouvelles
sensationnelles, ont été colportés au sujet du meurtre commis
dans notre localité. Je vais essayer de remettre les affaires au
point.. D'abord, l'article nécrologique qui fut en somme un
panégyrique de la victime n'est pas, quant au sens, conforme à
la vérité. Victorine Noyer n'était pas la personne serviable et
aimée de tous qu'on a dite. Dans l'intérêt de la vérité, il faut
constater que c'était une personne chez qui l'avarice
prédominait et qu'elle ne craignait nullement de faire appel à
la générosité et à la compassion de plus pauvres qu'elle. A un
neveu, père d'une nombreuse famille, elle avait toujours refusé
de venir en aide. Un exemple de sa manière de vivre: l'autopsie
a démontré en quoi avait consisté son dernier repas: elle avait
tout simplement mangé une pomme et un navet. Cette frugalité
excessive - c'est plutôt de la privation qu'elle s'imposait - ne
l'a cependant pas empêchée de vivre jusqu'é 82 ans et de
conserver dans sa vieillesse une certaine verdeur. L'opinion
publique n'est, je le répète, nullement en sa faveur.
Quant aux auteurs présumés du meurtre, dit la « Gazette », deux
neveux de Vaucourt, on a dû les relaxer, leur innocence ayant
été établie. C'est plutôt un autre neveu - Victorine Noyer en
avait toute une légion - jeune homme de dix-neuf ans, dont la
réputation est exécrable, qui serait le véritable criminel. On a
parlé de 18,000 fr. qui auraient été volés! Il y en avait 10,000
de trop, et c'est à 8000 que s'élevait la fortune de la vieille
demoiselle. L'assassin n'a d'ailleurs dérobé qu'une somme de
1000 francs, laissant les autres 7000 dans un second meuble
qu'il n'avait pas pris la peine d'éventrer. X.
Est
Républicain
12 octobre 1902
Le crime de Lagarde
Les bruits les plus fantaisistes, dus en grande partie à la trop
féconde imagination de quelque reporter en peine de nouvelles
sensationnelles, ont été colportés au sujet du meurtre commis
dans cette localité.
D'abord, l'article nécrologique, qui fut en somme un panégyrique
de la victime, n'est pas, quant au sens, conforme à la vérité.
Victorine Noyer n'était pas la personne serviable et aimée de
tous qu'on a dite. Dans l'intérêt de la vérité, il faut
constater que c'était une personne chez qui l'avarice
prédominait et qu'elle ne craignait nullement de faire appel à
la générosité et à la compassion de plus pauvres qu'elle. A un
neveu, père d'une nombreuse famille, elle avait toujours refusé
de venir en aide. Un exemple de sa manière de vivre : l'autopsie
a démontré en quoi avait consisté son dernier repas, elle avait
tout simplement mangé une pomme et un navet.
Celle frugalité excessive - c'est plutôt de la privation qu'elle
s'imposait - ne l'a cependant pas empêchée de vivre jusqu'à 82
ans et de conserver dans sa. vieillesse une certaine verdeur.
L'opinion publique n'est, je le répète, nullement en sa faveur.
Le Messin
14 octobre 1902
Bekanntmachung
Raubmord zu Lagarde
In der Nacht vom 29. zum 30. September 1902 ist zu Lagarde die
etwa 75jährige ledige Viktorine Noyer, ehemalige Pfarrersköchin,
in ihrer Wohnung ermordet und beraubt worden.
Nach den bisherigen Ermittlungen scheint eine Summe von
2400-3200 mark (3000-4000 fr.), vermutlich in deutschem Golde,
zu fehlen. Fiir die Untersuchung ist von besonderer Wichtigkeit
zu wissen, welche Personen die Ermordete am 29. September 1902
und an den vorhergehenden Tagen, insbesondere am 28. September,
dem Patronsfeste zu Lagarde, besucht haben, insbesondere ob und
welche Verwandten aus Frankreich bei ihr waren. Ebenso ist es
wichtig zu erfahren, welche Personen ihr in letzter Zeit oder
früher Geldgeschäfte besorgt und ihr insbesondere auch Geld
gewechselt haben.
Auf die Ermittlung des Thäters wird eine Belohnung von 500 Mark
ausgesetzt.
Personen, die Angaben zur Sache machen können, werden gebeten,
dem Bürgermeister ihrer Gemeinde oder einem Gendarmen Mitteilung
zu machen.
Metz, den 11. Oktober 1902.
Der Kaiserl. Erste Staatsanwalt : KIEFFER.
AVIS
Le crime de Lagarde
Dans la nuit du 29 au 30 septembre dernier, la nommée Victorine
Noyer, âgée de 75 ans, célibataire, ancienne cuisinière, a été
trouvée assassinée en son domicile à Lagarde. L'enquête
judiciaire a relevé qu'une somme d'environ 2400 à 3200 Mk. (3000
à 4000 fr.) en or allemand avait été volée par le ou les
assassins. Il est de la plus grande importance pour
l'instruction judiciaire de connaître les personnes qui ont
fréquenté la victime le 29 septembre ou les jours précédents,
notamment le 28 septembre, jour de la fête patronale de Lagarde
et, particulièrement, de savoir lesquelles de ses parents
habitant la France sont venus la voir. Il importe, en outre,
d'être renseigné sur les personnes qui, surtout dans les
derniers temps, ont placé ou changé de l'argent pour elle.
Une prime de 500 Mark sera accordée pour la découverte du
meurtrier.
Toutes les personnes qui pourront donner des renseignements
relatifs au crime sont priées d'en informer le maire de leur
commune ou la gendarmerie.
Metz, le 11 octobre 1902.
Le procureur impérial, KIEFFER.
Gazette de
Lorraine
16 octobre 1902
Lagarde. Les assassins de la
demoiselle Victorine Noyer restent toujours introuvables. Le
parquet de Metz invite les personnes qui ont- fréquenté la
victime Je 29 septembre-ou les jours précédents, notamment le 28
septembre, jour de la fête patronale, à se faire connaître. Une
récompense de 500 Mk. est promise à la personne qui, par ses
déclarations, permettra de faire mettre la main sur le ou les
coupables.
Gazette de
Lorraine
22 octobre 1902
Lagarde. On nous écrit le 18
octobre: « Un voile mystérieux et impénétrable recouvre toujours
le crime commis dernièrement dans notre localité. On sait que le
parquet a promis une récompense de 500 Mk. à la personne qui
parviendrait à découvrir l'auteur du meurtre. Mais jusqu'ici
rien! On a procédé lundi dernier à la vente des meubles de
Victorine Noyer. Cette vente a amené une très importante
découverte: dans un vieux bahut, on a retrouvé, entouré de
chiffons, le marteau ayant servi à assassiner la vieille fille.
Cet instrument portait des taches de sang caillé et des débris
de matière cérébrale. On s'étonne que la police n'ait pas
découvert cette pièce à conviction dès la première perquisition.
On a trouvé dans la garde-robe de la victime des bas d'enfants.
Célestine Noyer, qui avait toute une légion de neveux et de
nièces en bas âge, s'était bien gardée de leur donner ces
chaussettes - signe irréfutable de son avarice sordide.
Les 8000 francs que Célestine Noyer avait fait retirer de
Lunéville, où ils étaient en dépôt avaient, de la façon
suivante, donné naissance à la légende de sa grande richesse.
C'est un commissionnaire qui avait été chargé de rapporter le
magot à sa propriétaire, et il avait ensuite répandu le bruit
que la vieille cuisinière était riche et bonne à occire. La
police lui a fait de sévères remontrances. J. |