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Histoires criminelles du Blâmontois (19)
Gogney - 1955

Voir aussi Histoires criminelles

 


Est-Républicain
25 octobre 1955

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Né d’un motif futile, un crime fait trois orphelins
Un manœuvre de 18 ans tue le camarade de régiment de son oncle

LUNEVILLE (de notre rédaction). - A Gogney, petit village de 130 habitants, situé à quelques kilomètres de Blâmont (M.-et-M.), un meurtre commis dans la nuit de dimanche à lundi a provoqué une vive émotion, d’autant plus grande que, jusqu’alors, aucune dissension n’existait entre la victime et celui par lequel il fut frappé. L’émotion est encore accentuée par le fait que cet acte regrettable touche un foyer où il y a trois jeunes enfants, un quatrième étant attendu.
M. Raymond Nuss, 24 ans, plâtrier, est domicilié avec sa famille, depuis deux ans, à Gogney, rue de Repaix. Alors qu’il effectuait son service militaire à Metz, il avait fait la connaissance de François Burckhardt, demeurant actuellement à Niderhoff (Moselle), et qui se trouvait dimanche chez son frère, habitant Gogney. Les deux hommes se rencontrèrent et François Burckhardt invita son ancien camarade à passer la soirée dans sa famille.

Souvenirs militaires

Vers 20 heures, M. Nuss se rendit au domicile de la famille Burckhardt, à proximité du carrefour de la route de Sarrebourg. La conversation débuta par l’évocation de souvenirs militaires, tandis que se levaient les verres pour marquer cette rencontre. Puis on plaisanta et on se divertit, mais, à un certain moment, la bonne entente devait cesser. M. Nuss fut pris à partie par son ami de régiment qui le jeta dehors.
En compagnie de son épouse, venue le chercher, mais qui n’était pas entrée dans la maison, M. Nuss prit la direction de son domicile. S’étant arrêté au café de la localité, il y trouva André-Pierre Gérard, 18 ans, manœuvre, neveu de François Burckhardt et beau-fils du frère de celui-ci, qui était venu s’approvisionner en boisson. Ce dernier lui demandant pourquoi il n’était pas resté « là- haut », M. Nuss le mit au courant de l’altercation qui était survenue, alors que Gérard était parti au débit.

D'un coup de serpette

En compagnie d’un habitant de la commune, M. Lucien Mangin, les époux Nuss regagnèrent ensuite leur demeure. Il était environ 22 heures. Quelques instants plus tard, Gérard était devant la porte d’entrée de la grille servant de clôture au jardinet situé devant la maison de la famille Nuss.
« Raymond, cria-t-il, viens voir, mon père veut te parler. »
M. Nuss sortit de chez lui. Après qu’il eut franchi l’entrée du jardin, Gérard le frappa à la gorge d’un coup de serpette de vannier. Le plâtrier eut encore la force d’appeler son épouse qui, avec M. Mangin, gagna la rue, où son époux gisait inanimé. On avisa un docteur de Blâmont et la victime fut transportée à l’hôpital de Lunéville, où elle décédait, peu après 1 heure du matin, des suites de sa grave blessure.

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Les gendarmes de la brigade de Blâmont étaient en même temps alertés et, sous la conduite de l’adjudant Schuster, commençaient leur enquête. A 3 heures du matin, ils arrêtaient le meurtrier qui, tout simplement, était allé se coucher une fois son forfait accompli.

« J'ai coupé Nuss ! »

Au début de la matinée, le Parquet de Lunéville se rendait à son tour sur les lieux. M. Roch, procureur de la République, avait à ses côtés MM. Girardet, juge d’instruction ; Besancenet, greffier ; le capitaine de gendarmerie Ravey et M. Claude, maire de la commune.
Interrogé, Gérard ne fit aucune difficulté pour entrer dans la voie des aveux.
Revenant du café où il était allé chercher de la boisson, il apprit par sa famille que la dispute avec M. Nuss était due au fait que celui-ci avait « cherché après sa sœur », âgée de 17 ans.
« Je vais aller le soigner moi- même ». décida-t-il, et il partit, après avoir pris une serpette de vannier placée sur un buffet, ceci malgré les avis des membres présents de sa famille qui l’auraient incité, selon lui, à ne pas mettre son projet à exécution.
On sait ce qui arriva. A son retour à la maison, en jetant l’arme du crime sur la table de la cuisine, le coupable déclara ; « J’ai coupé Nuss ». « Tu auras les gendarmes », lui aurait fait remarquer son beau-père qui lui conseilla de ranger la serpette. Ce que fit Gérard, avant de gagner son lit.
Le meurtrier assure d’ailleurs avoir agi seul, sans avoir été poussé par un membre de son entourage.

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« Dans cinq minutes tu auras ton affaire »

Selon Mme Nuss, lors de l’altercation à la demeure Burckhardt, son mari aurait déjà reçu un violent coup de poing de son camarade de régiment.
Lorsque Gérard sortit du café, les habitants du village l’entendirent déclarer : « Dans cinq minutes tu auras ton affaire », et lorsqu’il traversa à nouveau la localité, après le drame, il criait : « Il est mort pour la patrie ».
Originaire de Repaix (M.-et M.), M. Raymond Nuss appartenait à une famille de 14 enfants, dont il était le second. Il était marié depuis quatre ans avec Mlle Jacqueline Goublaire, actuellement âgée de 24 ans, dont la famille est honorablement connue et dont les parents sont gardes-barrière au passage à niveau coupant la route nationale entre Blâmont et Saint-Georges. Trois enfants étaient nés de leur union : René, 3 ans, Sylviane, 2 ans, et Eliane, 1 an et demi et une quatrième naissance est attendue pour décembre. Réputé comme un homme travailleur, M. Nuss était employé à la plâtrerie Rapinne, de Gogney.
Ce foyer avait déjà été très éprouvé le 11 novembre 1954, à la suite d’un incendie qui s’était déclaré dans une dépendance de leur habitation et au cours duquel leur bois de chauffage et les lapins qu’ils élevaient avaient été la proie des flammes.
Le meurtrier appartient à une famille de vanniers dont la réputation n’est pas tout à fait sans reproche. Le frère de son beau-père, Vincent Burckhardt, purge actuellement une peine de dix ans de travaux forcés pour avoir brutalisé une enfant de six mois qui devait succomber aux suites de ces brutalités. La mère du criminel est hospitalisée dans un établissement psychiatrique.

Cause réelle : la boisson

A la suite du coup d» serpette, M. Nuss a eu la carotide coupée, ce qui lui fit perdre beaucoup de sang et ce ne permit pas de le sauver. Le Dr Derenne, de Nancy, pratiquera l’autopsie du corps ce matin et la reconstitution du crime aura lieu prochainement, après l’audition de plusieurs témoins, la police judicaire ayant été chargée de poursuivre l’enquête.
La boisson paraît être la cause réelle d’une vengeance dont le point de départ fut un incident bénin.
Un mandat de dépôt a été délivré contre André-Pierre Gérard qui sera écroué à la maison d’arrêt de Nancy.

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Est-Républicain
27 octobre 1955

Après le meurtre de Raymond Nuss
LUNEVILLE (de notre rédaction). - Le corps de M. Raymond Nuss, 24 ans, la malheureuse victime du crime de Gogney, a été transporté hier dans son village, où aura lieu l’inhumation.
L’autopsie avait été pratiquée à l’hôpital de Lunéville par M. le docteur de Renne, de Nancy en présence de M. Girardet. Juge d’instruction, et de M. Besancenet, greffier de chambre.
Cette formalité a confirmé que M. Nuss avait bien eu la carotide coupée par la serpette du meurtrier, André-Pierre Gérard. 18 ans, qui l’avait atteint sur la gauche de la gorge. L’artère avait été sectionnée.

 

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