Le Lien - Union nationale des amicales de
prisonniers de guerre
Septembre 1988
UN FRANC-PARLER
« Avant 1914, Emile Bernard était marchand de vins à
Blamont (Meurthe-et-Moselle). A l'occasion, il livrait ses clients à domicile.
Pour ce faire, il avait une voiture spéciale tirée par un cheval.
Il rayonnait dans tout le canton, poussant jusqu'à Avricourt. Ce bourg était
alors en partie annexé à l'Allemagne. Nouvel-Avricourt était le côté français et
Avricourt-Deutsch le côté allemand.
Pour avoir les bonnes grâces des douaniers allemands, il les « arrosait »
parfois de vin de France... Aussi, à chaque passage, les fonctionnaires teutons
saluaient le marchand de vin de façon très militaire. Mon oncle, lui, se levait
de son siège et leur rendait leur salut avec courbette en disant bien haut et en
patois du coin : «Bar no qui, sacri porc-mâle ! (Baise mon cul, sacré
gros cochon (ou verrat) ».
C'est une histoire que ce bon vivant aimait redire dans les réunions de famille,
toujours joyeuses, et que son neveu Gilbert Frézet, de Jarville, en
Meurthe-et-Moselle, a racontée pour les lecteurs de la Revue Populaire Lorraine
(n° 67, décembre 1985). Merci à son gérant, M. Jean-Marie Cuny, d'en avoir
autorisé la reproduction. En donnant aussi son approbation, M. Frézet nous
indique : « En ce temps 1924-1928, les réunions de famille commençaient par un
pâté lorrain, se terminaient par la tarte à la mirabelle arrosée de quetsch et
par... cette éternelle histoire».
Transmis par P. DURAND, Pont-à-Mousson.
Emile BERNARD, né à Autrepierre en 1874, est indiqué
marchand de fourrages, rue du Pont à Blâmont lors du recensement de 1911.
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