Feldpostbrief von Paul aus Grand Seille an Unbekannt vom 10. Oktober 1914
Grand Seille, den 10.X.1914
[...] „Der Nebel steigt, es fällt das Laub“ - wie oft haben wir's gesungen im frohen Kreis. Jetzt sitze ich auf einsamer Feldwache und sehe den Oktobernebel steigen. Da muss ich an die l[ieben] Freunde in der Heimat denken und an die gemeinsam verlebten schönen Stunden vergangener Tage. Das wäre hier so ein Fleckchen zum Genießen der Herbstschönheit. Meine Komp[anie] liegt heute wie auch vorgestern in einem wundervollen Schlößchen, das leider innen völlig verwüstet ist, auf Vorposten. In dem schönen Parke blühen die letzten Herbstblumen, der Wald hat sein buntes Kleid angelegt. Vorgestern lag die Landschaft in leuchtendem Sonnengold. Wie könnte man die Natur genießen, wenn nicht Krieg wäre. Eben erst war ich im Dörfchen vor mir (Chazelles) und habe einem gestern erschossenen franz[ösischen] Patrouillenführer (Reiter) einen Strauß letzter Rosen aus dem Park auf die Brust gelegt. Wie manches Grab habe ich in den Vogesen im tiefen Walde oder auf einsamer Heide gesehen, auf dem ein schlichtes Holzkreuz, eine gekreuzte gebrochene Lanze mit einem Helm drauf oder eine schmucklose Inschrift verkündete: „Hier ruht ein deutscher Soldat.“ Ach wie viele ruhen schon in französischer Erde, friedlich neben dem Feind gebettet! Der Tod versöhnt
alles. [...] [S. 1]
Stadtarchiv Erfurt, 5/156-6, Bd. 1 (maschinenschriftliche
Abschrift)
Lettre de Paul, de Grand-Seille, destinataire inconnu, du 10
octobre 1914
Grand Seille, le 10.X.1914
[...] "Le brouillard se lève, le feuillage tombe" - combien de fois l'avons nous chanté dans un cercle heureux. Maintenant, je suis assis
à un avant-poste isolé et je vois se lever le brouillard d'octobre. Là, je dois penser aux amis chers à la maison, et aux belles heures vécues
ensemble dans les jours passés. Quel endroit cela serait pour profiter de la beauté
de l'automne. Ma compagnie séjourne aujourd'hui, comme avant hier aussi, dans un magnifique château, qui est malheureusement complètement détruit à l'intérieur, aux avant-postes. Dans le
joli parc fleurissent les dernières fleurs d'automne, la forêt a revêtu sa robe colorée. Il y a deux jours le paysage s'étalait sous un soleil d'or lumineux. Quelle meilleure façon de profiter de la nature, s'il n'y avait pas la guerre. Tout à l'heure
j'étais dans le petit village devant moi (Chazelles) et j'ai déposé un bouquet des dernières roses du parc sur la poitrine d'un chef de
patrouille française qui a été abattu hier (cavalier). Combien en ai-je vu de tombes dans les Vosges, dans les forêts profondes ou sur une lande solitaire, avec au-dessus une simple croix en bois, une traverse de lance brisée surmontée d'un casque, ou annoncées d'une simple inscription : "Ici repose un soldat
allemand." Oh, combien reposent déjà en terre française, nichés paisiblement à côté de l'ennemi ! La mort nous réconcilie tous. [...] [P. 1]
Archives de la ville d'Erfurt, 5/156-6, vol 1 (copie dactylographiée)
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