IL Y A CENT ANS
LES FÊTES EN L'HONNEUR DU ROI DE ROME DANS LE DÉPARTEMENT DE LA MEURTHE
y a cent ans, la France se préparait à célébrer le baptême de, l'héritier si attendu du grand Empereur dans tout l'Empire, des fêtes étaient projetées pour commémorer dignement l'heureux événement. A Paris, le 20 mars, des distributions de vin et-de victuailles eurent lieu., et beaucoup de Parisiens glorifièrent le Roi de Rome en s'enivrant le plus possible. Il nous a paru curieux de rechercher ce qu'avaient fait les Lorrains à cette occasion; comme on le verra, ils ne rivalisèrent point avec Paris pour les orgies. [...]
Le 13 avril, dans une lettre au ministre de l'Intérieur, Napoléon, fixa au 2 juin le baptême de son fils, qui sera célébré à Notre-Dame; il ordonne un Te Deum dans tout l'Empire pour ce jour-là ; le ministre adressera
« des instructions aux maires des communes, en fixant les sommes qu'ils pourront dépenser à ces fêtes. Vous me présenterez la note des mariages que chacune des principales villes pourrait faire en dotant des filles pauvres et orphelines et en les unissant à des anciens militaires. [...] »
[...]
Dans le département, eurent lieu des fêtes à peu prés identiques, chaque commune ayant tenu à manifester sa joie et sa fidélité. L'arrêté du préfet, baron Riouffe, en date du 11 mars 1811, avait prescrit des sonneries de cloches dans
chaque ville ou village aussitôt qu'y parviendrait la nouvelle de la naissance du roi de Rome
; la volée d'une commune servira d'avis aux communes voisines.
Nous avons des renseignements particuliers pour Lunéville. Dans une lettre adressée le 26 mars au préfet de la Meurthe. le sous-préfet annonce qu'au jour de l'arrivée du courrier du porteur de l'heureuse nouvelle, il a vu
« toutes les
marques possibles de l'enthousiasme public ». Le soir de ce jour, il y eut illumination les musiciens des deux régiments dé carabiniers donnèrent un concert et
« les sons de la musique se confondaient avec les cris d'allégresse des
assistants ».
Lunéville fut autorisée à dépenser 4.200 francs, dont 3.000 pour fêtes dans la ville et 1.200 pour frais de mariage.
« Le conseil municipal vota une somme de 600 francs pour servir de dot à une rosière et témoigna ses regrets que les ressources dé la ville ne lui permissent pas d'en doter deux. Il arrêta le programme de la fête du 2 juin (qui devint celle du 9 juin) les dépenses prévues ne devaient pas dépasser 421 francs. C'était trop peu pour célébrer l'heureux
événement qui assurait à jamais « le repos de l'Empire dans l'héritier de la gloire et des hautes destinées du grand NapoIéon ». Aussi le préfet annula la délibération du conseil, et ouvrit au maire un crédit de 4.200 francs (1.200 fr.
pour la dot de deux orphelines et 3.000 pour la fête du 2 juin).
Les mariage lunévillois eurent lieu entre 1° André Courrier, ancien chasseur au 7e d'infanterie légère, et Marguerite-Françoise Rolland, et 2° Sébastien Thiébaut, ancien canonnier au 5e d'artillerie à pied, qui épousa Catherine Chol.
Le sous-préfet déclare « qu'on n'a rien' épargné de ce qui pouvait contribuer à la solennité et favoriser la manifestation de l'allégresse publique » dans son compte-rendu au préfet. C'est tout ce que nous savons sur Lunéville.
Dans l'arrondissement, Blâmont et Gerbéviller célébrèrent aussi des mariages.
A ce propos, voici une chose curieuse qui se passa à Blâmont. Le conseil municipal de cette commune déclara qu'il ne pouvait fournir une dot de 600 francs
; en échange, il propose des fêtes dont la dépense atteignait 855 francs; le sous-préfet déclara au maire de Blâmont qu'il doterait une fille de 600 francs, et dépenserait 55 francs pour les fêtes, suivant l'état approximatif qu'il indiquait et où on relève, entre autres Distribution de pain et de viande
aux pauvres, 80 fr. ; bal et musique, (les frais de rafraîchissement pouvant être faits par les citoyens aisés), 40 fr. ; illumination des édifices publics : Hôtel-de-Ville et une ou deux fontaines, 60 fr ; poudre à tirer, 12 fr. ; jeux, achats
de prix, mâts de cocagne, 30 fr., etc.
Indépendamment des cérémonies religieuses et Te Deum qui n'entraînèrent aucune dépense pour la ville.
Nous n'avons aucun renseignement sur Gerbéviller, qui a dû se soumettre sans discuter à l'arrêté préfectoral. |