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Histoire du Blâmontois des origines à la Renaissance (6/9)
Abbé Alphonse Dedenon (1865-1940)
1931

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L'Histoire du Blâmontois des origines à la Renaissance est tombée dans le domaine public en 2010. Cette version numérique intégrale permet de faciliter les recherches, y compris dans l'édition papier publiée en 1998 par Le livre d'histoire.
Le présent texte est issu d'une correction apportée après reconnaissance optique de caractères, et peut donc, malgré le soin apporté, contenir encore des erreurs.
Par ailleurs, les notes de bas de page ont été ici renumérotées et placées en fin de chaque document.

NDLR :
L'abbé Dedenon a laissé dans ses carnets des notes manuscrites indiquant diverses corrections à apporter à ce texte.


III
Un siècle brillant pour la Maison de Blâmont
(1331-1431)

1° Henri III de Blâmont

La mort de Henri Ier fut désastreuse pour le comté de Blâmont, non seulement en arrêtant son essor, mais encore, en le soumettant à un partage qui devait le dépecer : Avant d'effectuer ce partage, il convenait de terminer les hostilités malheureuses engagées, depuis deux ans, contre l'évêque Adhémar de Monteil. Comme c'était une affaire d'amour-propre plutôt que d'intérêt, la conciliation fut facile.
L'évêque se montra bon prince. De bons conseillers : Geoffroy de Dombrot, François d'Herbéviller, Liétard de Montigny, Hermann d'Ogéviller, André de Barbas s'interposèrent. La famille de Blâmont, représentée surtout par les deux tutrices des principaux héritiers, accepta l'accord proposé. On signa la paix, en janvier 1332, sous la garantie dé : Simon, comte de Salm, et de Gaucher de Monteil, frère de l'évêque' On se tenait quitte, de part et d'autre, des dommages causés par la guerre. Les cohéritiers de Blâmont faisaient hommage à l'évêque pour les. châteaux, bourgs et terres de Blâmont, Deneuvre et Châtillon, dans les termes prévus par les ancêtres, et pour la vouerie de Vic, dans les conditions du début. De son côté, l'évêque abandonnait ses prétentions de suzeraineté sur Herbéviller, ce qui était le principal objet du litige, et devenait propriétaire de la Tour des Voués, près de Deneuvre, avec droit de la compléter par un château, autour duquel pourrait être formé un bourg. Ce fut l'origine de la Petite Baccarat, qui devint le centre de la châtellenie évêchoise de ce nom et le perpétuel antagoniste de Deneuvre.
Ceci réglé; on étudia l'affaire plus épineuse du partage. Les conseillers nommés plus haut continuèrent leur concours bienveillant et dévoué.

Une partie de l'apanage de Henri Ier n'était plus en cause, puisqu'elle avait été attribuée à ses filles déjà mariées. Ainsi Magnières était passé à Burnique de Rystes, diverses parcelles du dehors données au sire de Grancey, au sire d'Herbéviller, enfin une région proche de Blâmont laissée au sire d'Ernstein, mari d'Adélaïde : (1). D'autre part, plusieurs enfants du comte étaient morts avant lui. Ainsi Marguerite, l'aînée, décédée sans. héritier et inhumée à Beaupré (1310) avec son mari (1312). Ainsi encore les deux fils, Henri II et Eymequin, qui laissaient chacun trois enfants mineurs, sous la tutelle de leur mère. Nous avons indiqué déjà les enfants d'Eymequin. Ceux de Henri II se nommaient : Henri, Thiébaut et Cunégonde. Nous verrons les deux premiers régir successivement le comté; Cunégonde épousera Gauthier, sire de Ray, dont le fils, Jean II, se retrouvera dans la suite.
D'après le droit et les volontés de Henri Ier, le principal du comté revenait aux deux branches masculines, représentées par Henri II et Eymequin, le premier ayant, au surplus, le droit d'aînesse, représenté par une somme de cinq cents livres. Les arbitres, voulant se conformer à ces vues, proposèrent plusieurs combinaisons, Entre temps, Henri III fut déclaré majeur, en août 1332 (2). Son premier acte, signé de lui, détermine le mode de prélèvement de son droit d'aînesse. Un second acte provoque, après la Toussaint, le partage du mobilier du château. Ce fut assez facile, l'un des arbitres avait en sa garde les clés de ces immeubles; les autres n'avaient qu'à faire des parts égales (3). Mais la répartition des bâtiments était autrement délicate, surtout avec la clause d'indivision. Il y eut plusieurs tâtonnements, qui amenèrent l'arrangement définitif du mercredi après la Saint-Georges (1342), grâce à l'insistance de hauts personnages, tels que le duc de Lorraine, l'évêque de Metz. le comtes de Bar et de Luxembourg (4).
Dans l'intervalle, Marguerite de Montfaucon, mère du nouveau comte, quitta Blâmont pour convoler en secondes noces, après 1336, avec le marquis de Bade. Sa belle-soeur, Isabelle de Saint-Dizier, dut garder


Sceaux de
Marguerite de Montfaucon - Henri III de Blâmont

assez longtemps la maimbournie de ses enfants. On la verra encore à Blâmont, en 1351, avec le titre de Dame de Montenot, ayant dans son douaire une partie de la Seigneurie de Domptail.
Des circonstances modifièrent bientôt des accords si péniblement formés et rendirent au comté une unité bien inattendue.
Henri III mourut, en 1342, à de 30 ans, sans postérité, bien qu'il eût épousé Ida de Ribeaupierre, soeur de Brun, troisième mari de sa cousine, Jeanne de Blâmont Ill avait gagné la sympathie de tous et promettait de gouverner avec justice et sagesse. On ne sait la cause de sa mort ni le lieu de sa sépulture. Quatre ans plus tard (1346), mourut, à Crécy, Eymequin II, chef de la branche cadette de Blâmont. Il fut tué face aux Anglais, portant l'écu du duc Raoul. Il n'était ni chevalier, ni marié. Ainsi le comté n'avait plus à sa tête que Thiébaut, frère cadet de Henri III.

2° Thiébaut Ier de Blâmont (1342-1376)

Débuts favorables
En damoiseau qui cherche fortune, Thiébaut avait quitté le foyer paternel et s'était mis au service de son cousin, Jean l'Aveug1e, comte de Luxembourg, devenu roi de Bohême par son mariage avec Isabelle, fille de Venceslas de Bohême. Il était aventureux, audacieux et quelque peu cupide. Il réussit à être, comme son aïeul, un chevalier de grand renom, mais il fut loin de le valoir en affaires. Toujours besogneux et forcé d'emprunter, il ne put laisser, en mourant, qu'un patrimoine obéré.
Sitôt informé de la mort de son frère, il prend congé du roi de Bohême et rapporte, pour prix de ses services, mille florins de Florence, en s'engageant à rester l'homme-lige de son bienfaiteur. De fait, protecteur et protégé restèrent toute leur vie, liés d'amitié (5).
Installé à Blâmont, le jeune comte rend ses devoirs à son suzerain de Metz et au comte de Lorraine (janvier 1344) (6). Comme les trois antagonistes habituels, Lorraine, Bar et Metz, sont encore aux prises, il est appelé comme arbitre avec le roi de Bohême. Son rôle est facile. Il prépare plusieurs accords, qui se font en 1345 et 1346. Sa médiation lui attire grande considération. Un de ces accords, concernant Turquestein, lui vaudra plus tard quelque avantage. L'évêque Adhémar ayant, en effet, emprunté au duc Raoul deux mille livres de tournois, lui laisse, comme cautionnement, mais avec faculté de réachat, sa forteresse de Turquestein avec les bans de la seigneurie qui l'environne. Or, Raoul cède cette gagère à Thiébaut comme récompense de ses services. Il lui accorde aussi les revenus du ban d'Azerailles (9 août 1346) (7). Les deux fiefs rapportent de beaux deniers, au moins jusqu'en 1350. Enfin, l'héritage de son cousin, mort à Crécy, achève sa fortune (26 août 1346).
Il se voit alors maître d'un comté pareil à celui de Henri Ier, sauf Magnières et Châtillon (8). Fut-il grisé de sa puissance ? On peut le croire, quand on le voit changer toute son orientation politique.

Aventures et brigandages

La guerre de Cent-Ans promène ses horreurs en Lorraine aussi bien qu'en France. Imbu des préjugés de son temps, notre comte Thiébaut va faire bon marché de ses alliances précédentes, mépriser les devoirs du patriotisme et, sur un théâtre plus restreint, se montrer l'émule de Jean sans Peur.
Bien différent de ses aînés, les Croisés, ce chevalier ne craint pas, au lendemain de Crécy, de s'attaquer, pour un prétexte futile, à la veuve du duc Raoul, Marie de Blois, qui est devenue régente du duché. Il envahit ses terres de Lunéville et de Deuxville et les met au pillage; il tue ou blesse plusieurs habitants et ne cesse ses ravages qu'après avoir forcé la régente à promettre de tout pardonner et de ne rien réclamer «  soit à lui, soit à ses hommes et subjects, aidans, adhérans et confortans » (9). (23 mai 1347.)
Chose étrange, cette félonie, capable de le déconsidérer, servit plutôt à augmenter sa puissance. Les religieux de Saint-Rémy se mirent sous sa sauvegarde pour cinq ans, moyennant 24 quartes d'avoine (60 hectolitres); les gens de Saint-Clément, pour huit ans, moyennant un resal et demi par ménage; les moines de Senones, pour huit ans également, moyennant 40 quartes de rente annuelle (10). Une dame Laire de Longwy, femme de Ferry de Bayon, arrêtée par les gens de sa justice, doit verser pour sa rançon cinq cents écus d'or. D'autres, ayant besoin de son appui, l'obtinrent, mais en le payant grassement. Tout fut ainsi source de profit pour notre audacieux comte.
L'année 1349 fut nettement défavorable. D'abord, la peste noire y fut si violente «  qu'à Metz, de cent ne demeuraient que neuf ». Ensuite Thiébaut s'engagea dans une campagne malheureuse, où il essaya de soutenir les sires de Fénétrange contre une coalition redoutable, où étaient entrés les Messins, leur évêque, la duchesse de Lorraine et le comte d'Apremont. Il ne récolta que des désagréments (11).
L'année suivante (1350), fut celle qui fit le plus de tort à sa mémoire. Il était, cette fois, l'allié des Messins et de leur évêque, contre la duchesse de Lorraine. Nous citons la Chronique de Metz. Parti de Blâmont, l'aventurier sème la terreur à Einville, incendie Rosières, bouleverse les faubourgs de Nancy, et se trouve en face des troupes lorraines. Mais loin d'être arrêté par elles, il les oblige à reculer jusqu'à Pont-à-Mousson, où il engage la bataille. «  Il conduisait les Ardours (ceulx de Metz) qui étaient en tout 300 hommes (1200 chevaux) et encontront bien 700 hommes d'armes qui servent à pied et se combattirent à eulx et les déconfirent et en y ot bien 160 des morts de ceulx de la duchée et de la partie de Més, n'y en ot que ung tout seul, mais y en ot plusieurs des bléciés et des navrés. »
Ce beau succès plut à l'évêque Adhémar, qui accorda sans retard, à son vassal, toutes les concessions qu'il sollicitait depuis longtemps : moulin, fourche patibulaire à Baccarat, remise de dettes antérieures, et, de plus, se reconnut débiteur envers lui de deux mille florins d'or et d'autant de petits tournois. Suivant le procédé habituel, cette somme ne fut pas versée, mais le comte reçut en gage la ville de Sarrebourg, Turquestein et Saint-Quirin (12). D'autre part, la duchesse de Lorraine dut céder à son vainqueur divers fiefs qu'elle possédait à Gogney, Verdenal, Chazelles, Igney, Halloville, les voueries de Domèvre et de Bonmoutier, les bois de Voile (Blâmont), d'Ibigny, de Xermenberch et de Thiesselin, près de Cirey, et le Moulin-Neuf, entre Blâmont et Barbézieux (13). Tout compte fait, Thiébaut ne retirait de ses coups d'épée que d'encourageants profits.
Huit années suivirent dans le calme.et la paix (1350-1358). Etait-ce l'effet des circonstances ou d'un sérieux rapprochement avec l'évêque de Metz ? Peu importe, le résultat en fut heureux. Thiébaut fit alors plusieurs transactions opportunes; en 1351, pour délimiter les droits qu'il avait dans la seigneurie de Deneuvre concurremment avec Henri de

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Dimensions relevées près de la synagogue, par M. V. Cloud

Faucogney, second mari de Jeanne, sa cousine; en 1352, pour fixer le sort de Châtillon, possédé également par Jean de 8alm, mari de Marguerite, son autre cousine; en 1352 encore, pour acquérir, près de Ferryon de Marsal, de vastes terrains sur Remoncourt. Tous ces actes remédiaient quelque peu à l'inconvénient des partages.
La plus belle oeuvre du comte fut, sans contredit, la construction des murailles qui formèrent l'enceinte des bourgs de E1âmont et de Deneuvre. Par le dessin ci-contre, on comprendra facilement la structure de ces murailles, et sur notre plan de Blâmont (14), on retrouvera exactement leur circuit régulier avec l'emplacement des portes et des tours (15),
On devine que de tels travaux entraînèrent des frais considérables. Le comte les supporta d'abord seul, puis, à la longue, il laissa aux bourgeois le soin de faire les réparations que les intempéries rendaient nécessaires. A le voir faire ces dépenses utiles, on l'excusait assez volontiers de sa cupidité. C'était mieux, en effet, que de chevaucher, accompagné de vingt-quatre chevaliers, en grand équipage, avec force tumulte et scandale, comme le caprice le lui avait trop souvent suggéré.
Ainsi assagi, notre comte se concilia de plus en plus l'affection d'Adhémar de Monteil, au point d'avoir toute sa confiance jusqu'au moment de sa mort, en 1361. Chaque année, les deux personnages faisaient en même temps séjour à Baccarat. En août 1353, le comte fut créé gouverneur du Temporel épiscopal et lieutenant général de ses troupes. En raison de ces fonctions, le comte prélevait six petits messins sur chaque marc de deniers frappé à Vic ou à Marsal. Ce privilège dura de l'Assomption 1358 à la Saint-Georges 1360. Néanmoins, toujours besogneux, le comte empruntait à Poincignon Dieuamy, citain de Metz. Sa prodigalité, augmentant avec ses ressources, finit par le perdre, quand l'évêque fut disparu.
Entre temps, l'humeur belliqueuse de Thiébaut s'était réveillée à l'appel de son cousin, Robert de Bar, et nous allons le voir mener une vie plus tourmentée que jamais. De juillet à octobre 1358, il guerroie
contre l'évêque de Verdun. En 1359, il est en pourparlers avec les bourgeois de Pont-à-Mousson, qui se sont révoltés. Il ménage une trêve entre le duc et le sire de Faucogney (juin). Il revient à Pont-à-Mousson (août), à I,amarche (octobre), à Metz (décembre). Il va négocier avec le roi d'Angleterre (janvier 1360), avec le duc de Brabant (février). Il est nommé gouverneur de Saint-Mihiel, pour le compte de Robert de Bar (avril) et trouve le moyen de se mesurer avec les Anglais, avec l'aventurier Geoffroy de Lutanges, qui s'est jeté sur Norroy-le-Sec et a capturé des troupeaux (16).
Mais le pays se lasse de ces luttes meurtrières et, pour en arrêter le cours, les seigneurs imaginent de former une Ligue de la Paix (mars 1361). Cette idée généreuse n'est donc pas le propre de notre siècle. Les différends seront portés à un tribunal de cinq membres, qui leur chercheront une solution pacifique; s'ils échouent, on aura seulement recours aux armes, et encore, après des délais et des formalités fixées, comme la lettre de défiance. Les juges furent Thiébaut de Blâmont, pour l'évêque de Metz, Burckart de Fénétrange, pour le duc de Lorraine, le comte de Salm-Ardennes, pour le comte de Luxembourg, Jean de Salm, pour le comte de Bar, Olry de Fénétrange, pour les autres seigneurs. Thiébaut de Blâmont fut choisi pour président.
Mais voici un fait qui a de quoi surprendre. En 1362, Robert de Bar retarda quelque peu le payement d'une dette à son cousin de Blâmont. Bien que président de la Ligue, celui-ci fond, sans autre avertissement, sur la forteresse de La Mothe, s'en empare, la pille et massacre la garnison (27 juin). Robert riposte en envahissant Etain, qui est à Thiébaut, puis revient devant La Mothe, pour essayer de reconquérir la place. Plusieurs assauts sont infructueux, et il faut trois mois de conférences, tenues à Pompey sous la direction du duc, pour que l'affaire s'arrange. La place fut rendue au comte de Bar; mais les indemnités accordées au comte de Blâmont ne furent totalement payées qu'en 1368. Après cette expérience concluante, il ne fut jamais plus question de la Ligue de la Paix (17).
En même temps, survenaient à notre comte des échecs d'un autre genre dans le pays de Metz. La mort lui ravit un ami précieux, dans la personne de l'évêque, Adhémar de Monteil (1361), Alors le Chapitre le confirma dans sa charge de gouverneur pour tout le temps de la vacance, en lui faisant promettre de rendre compte de sa gestion au nouvel évêque.
Celui-ci se nommait Jean de Vienne et fut intronisé le 30 août 1362. Thiébaut lui présenta son mémoire, où figuraient 2.363 florins de recettes, et 12.363 de dépenses. La différence à régler parut énorme au prélat, qui paya en partie, dit D. Calmet, contesta le reste et abolit la charge de gouverneur. Toujours est-il que le comte de Blâmont se vit écarté de Metz et perdit son prestige.
Dès lors, l'existence de Thiébaut n'offrira plus qu'une suite de brigandages, tels qu'en commettaient les chefs de bandes pendant cette malheureuse époque. A partir de 1363, nous le trouvons surtout en Alsace, où il réussit peu. Trois frères, qu'il y attaque, à savoir : Louis Roder, dit Vidembach, Obrecht et Goetz d'Engenheim, le font prisonnier et en exigent une rançon de 4.000 florins. C'est pour la payer que Thiébaut devra engager à François d'Herbéviller ce qu'il possède à Montigny et, au Chapitre de Saint-Dié, ce qu'il possède à Destord (18).
L'année suivante (1364), nous le trouvons aux prises avec l'évêque de Strasbourg, dont il s'était fait l'homme-lige, sept ans plus tôt, avec le sire de Havestein dont il veut se venger, avec Jean de Salm, son cousin, qui vient de racheter au comte de Habsbourg les villages dont les noms avaient été germanisés. Comme il se trouve trop faible pour exécuter ses desseins, il appelle à son secours des bandes de Bretons, semblables aux grandes compagnies, devenues, après le traité de Brétigny, des voleurs de grand chemin. Don Calmet affirme qu'il en reçut 40,000. Le nombre est peut-être exagéré, Toujours est-il qu'à leur tête, Thiébaut accomplit une randonnée sinistre depuis Strasbourg jusqu'à Bar. Durant trois semaines, il ravage les villes et les campagnes qu'il traverse : Fénétrange, toutes les terres de Jean de Salm, Viviers, Horville, Dainville, la Tour-en-Woëvre. La forteresse de Foug est avertie, le 29 décembre, par le bailli de Bassigny, «  que le comte de Blâmont et les Bretons vont l'embler », mais elle en est quitte pour la peur, de même que La Mothe.
En janvier, le torrent s'est écoulé vers la France, et le comte de Blâmont est rentré dans sa ville (19).
Le croirait-on ? Cette triste équipée n'amoindrit pas le crédit de ce puissant seigneur et n'empêcha pas de recourir à son intervention, dans les affaires difficiles à régler. Ainsi les bourgeois de Remiremont, d'accord avec le Chapitre de ses Dames, donnent pleins pouvoirs «  à redoutey et puissant prince, Monseigneur Thiébaut de Blancmont » pour s'occuper de la fortification de leur ville et ordonner ce qui conviendra dans ce but (1366). Le duc de Lorraine le nomme «  lieutenant général de sa duchié, tant en roman payis comme en Allemaigne » et se fait représenter par lui à l'Assemblée de Vaucouleurs (1366). Il l'envoie ensuite guerroyer contre les Messins et traiter de la paix avec eux, le 2 mai 1367 (20).
Au cours de 1367 et de 1368, Thiébaut est en Bourgogne. Il y soigne d'abord les intérêts de sa femme, puis il est nommé gardien de ce comté, avec une pension de 1.125 livres. Il revient à Blâmont et reprend ses fonctions d'arbitre. Les conflits sont heureusement moins nombreux. Pourtant, en 1372, une querelle survient avec Geoffroy de Linange, qui refuse de payer une dette. Buckart de Fénétrange prend parti pour ce dernier et «  court devant la ville de Blancmont et toutes les terres et prend toutes les bestes menues et grosses et y fait des dommages en hommes, murs, prins et rançonnets comme en plusieurs autre choses qui se peuvent monter en lai somme d'environ 35.000 francs ou plus ». Tous ces détails sont contenus dans une lettre écrite, plus tard, par les petits-fils du comte pour demander à Jean de Fénétrange une réparation, qui fut accordée (21).
Une vie aussi mouvementée que celle de Thiébaut appelait une fin tragique. Elle vint, en avril ou mai 1376, mais d'une façon si étonnante que ses enfants ne la crurent pas naturelle et soupçonnèrent Marguerite de Blâmont, femme de Jean IV de Salm, de l'avoir hâtée par le poison. Le comte avait 65 ans. Aussitôt, une brouille sanglante arma, l'un contre l'autre, ces cousins rapprochés, au risque d'attrister doublement les funérailles de ce grand batailleur.

Là famille de Thiébaut Ier

Nous n'avons encore rien dit des personnes qui composaient la famille de Thiébaut Ier. Elles firent honneur à ce chef remuant. La comtesse, nommée Marguerite, était fille de Guillaume de Vaire, sire d'Oricourt en Bourgogne. Elle porte souvent le titre de dame de Savoyeuse. Sa dot comprenait la châtellenie d'Oricourt, la terre de Gondrevaux, la seigneurie de Vellexon et même, à la fin, la seigneurie de Vaire. La gestion de ces intérêts lointains suppose des démarches nombreuses, que nous n'avons pas mentionnées et qui mirent Blâmont en rapports continus avec la Bourgogne. On place le décès de la comtesse à peu près au même temps que celui de son mari et on croit qu'ils ont eu tous deux leur sépulture à Saint-Sauveur.
Leur foyer fut débordant de vie. Sept enfants - certains disent neuf - y grandirent. Les trois filles furent : 1° Catherine. dame du Chapitre de Saint-Goëric d'Epinal, vers 1347, abbesse de ce même Chapitre, de 1393 à 1404, puis dame et abbesse de Remiremont, jusqu'à sa mort, en 1408; 2° Jeanne, qui épousa Conrad de Lichtemberg, en 1365; 3° Marguerite, qui eut en partage Turquestein, jusqu'à son rachat, et qui vivait encore, en 1408, puisque son frère Jean lui lègue mille francs pour part de sa succession.
Les fils furent : 1° Henri IV, l'aîné, qui suit; 2° Adhémar; 3° Thiébaut II, et 4° Jean. Ces trois derniers vécurent surtout en Bourgogne et n'eurent pas d'attaches avec le Blâmontois, sinon en certains points qui seront signalés, D'après des indices sérieux, deux autres frères, entrés dans les Ordres, doivent leur être adjoints; à savoir : Henry, dit Prévot, et Geoffroy. Le premier apparaît avec Adhémar dans un acte de, 1337 ; les deux frères donnent à leur aîné leur part de succession, s'ils viennent à décéder sans hoirs. Henry apparaît surtout dans les Annales de Remiremont, comblé de bénéfices et de dignités ecclésiastiques. Déjà chanoine de Besançon, de Metz, de Verdun et de Saint-Dié en 1376, il reçoit de l'insigne Chapitre de Remiremont la charge de Grand et Petit Chancelier, puis celle de Grand Prévôt. Son sceau est de 1377. Il meurt en 1378, laissant la Petite Chancellerie à son neveu, Jean II, fils de Henri IV (22).
Geoffroy fut abbé de Saint-Sauveur, entre 1383 et 1410. La liste des abbés ne mentionne pas son origine, mais un titre de 1384 le dit : «  religieux et honeste Signour ]offroy de Blâmont, par lay patience de Deu, abbé de Sainct Salvour en Vôge, au diocèse de Toulz ». On le voit aussi, le 25 mars 1403, mettre, à Deneuvre, son sceau au bas de l'acte qui contient la promesse d'entrer à Remiremont, faite par deux filles de Henri IV.
A côté de ces enfants légitimes, il faut signaler un ou peut-être deux bâtards. L'un s'appela Jean. et reçut, en 1374, dispense pour la prêtrise de Jean de Neufchâtel, évêque de Toul. Il semble le même que le successeur de Geoffroy, cité plus haut. D. Calmet le nomme Jean, dit Aubertin de Blâmont, et lui assigne les dates de 1414 à 1425. L'autre n'a pas une filiation aussi certaine, mais il tient au château un rang qui n'est pas celui d'un simple écuyer. Il se nomme Jean de la Chambre (2). Il a fait souche à Blâmont et toute sa famille a vécu dans l'intimité du château. Le testament de son fils, Richard, mentionne Geoffroy de Saint-Sauveur, cité plus haut, et lui donne la qualité d'oncle.
Une telle maisonnée, que complétait l'imposant entourage des seigneurs, des écuyers et des pages, avait de quoi former une Cour brillante aux jours de fête. Les annales ne relatent aucune de ces circonstances, mais il est permis d'en imaginer, car la vie de famille apportait souvent des diversions joyeuses aux solennités chevaleresques des châteaux.

3° Henri IV de Blâmont (1376-1421) :

Installation dans le comté

Dans la personne de Henri IV, le sang bourguignon de la mère tempérait l'humeur altière de Salm. Le jeune comte, inférieur à Henri Ier par le génie, surpassa ses devanciers en richesse et en urbanité. Il laissera un nom sympathique à la postérité.
Il avait environ trente ans et savait gouverner, quand la mort de son père le mit à la tête du comté. De plus, il était marié, depuis 1370, à Valburge, ou Valpour, fille d'Ory, sire de Fénétrange et de Faulquemont, marié lui-même à Marie d'Apremont. Les deux époux reçurent une dotation princière. Thiébaut avait assigné à sa bru une rente de 400 florins sur sa terre de Bouligny, et il avait promis de construire pour son fils une forteresse dans le Barrois (23). Olry annonçait pour sa fille une dot de 3.500 livres, ou une rente de 350 livres à prendre sur ses terres, à Bar; les cautions étaient ses trois frères, Hugues, abbé de Gorze, Jean et Brocart, chevaliers.
Vers 1371, ces clauses étaient exécutées, sauf pour la forteresse, qui ne fut jamais commencée. En attendant, les jeunes époux habitaient la maison forte de Mandres-aux-Quatre-Tours, qu'Olry tenait par engagement du comte de Bar. Ainsi pouvaient-ils gérer les possessions de la Woëvre qui venaient de leur mère; à savoir : Essey, Maizerais, Rembercourt, Bessoncourt, Xivray, Marvoisin. Les possessions blâmontaises de Piennes, Bouligny, Amermont fournissaient les 400 florins, promis en douaire. Ce bel apanage permettait d'attendre sans impatience la succession paternelle.
Cinq ans se passèrent ainsi, sans autre incident qu'une légère querelle avec VaIéran de Luxembourg, bientôt apaisée par une trêve d'abord (octobre 1374), puis par un accord, ménagé par Olry (1375) et par une prise d'armes, en 1375, pour arrêter une bande de Bretons, à la demande du comte de Bar.
Soudain arriva de Blâmont la nouvelle que Thiébaut se mourait. Le fils partit aussitôt. On sait quelle tribulation l'attendait. L'entourage du défunt accusait Marguerite de Salm, dame de Puttelange, d'avoir employé le poison, et s'apprêtait à l'attaquer. De fait, une rencontre eut lieu, dans un endroit resté inconnu; la troupe de Blâmont eut l'avantage, et les adversaires furent ramenés prisonniers au donjon (24). L'évêque de Metz et le duc de Lorraine interposèrent leur médiation, et la paix fut conclue, le 23 juin 1376. Marguerite en fit tous les frais, en abandonnant ce qu'elle avait encore à Blâmont et en versant pour ses partisans une rançon de 8.000 florins. Cette somme ayant été payée, le 9 décembre, tous les captifs recouvrèrent la liberté, en promettant de ne songer à aucune vengeance.
Henri IV, étant devenu comte de Blâmont, remplit, en septembre, ses devoirs de vassal à l'égard de Thierry de Boppart; évêque de Metz, et, durant toute la vie de ce prélat, il resta en bons termes avec lui. Une besogne délicate se présentait ensuite : fixer ses droits dans l'héritage de famille et donner sa part à chacun de ses frères et soeurs. Il voulut y consacrer le temps et les soins désirables. Un premier projet de partage fut d'abord rédigé par Etienne de Montbéliard, Henri de Viller-


Sceau de Henri IV de Blâmont

sexel, Jean de Rayet Jean de Vaire, ses cousins. Puis, le 2 mars 1379, une réunion de famille groupa tous les intéressés au château de Blâmont. A cette séance assistaient Henri et Jean de Montbéliard, Gérard de Cusance, Henri de Lannoy, Jean d'Ogéviller, Henri de Barbas, Jean de Brouville et Jean de la Chambre. L'assemblée fut solennelle; deux notaires impériaux : Renaux de Clairvaux et Renier de Blâmont, rédigèrent les actes. On proclama le projet de partage, en invitant les intéressés à formuler leurs observations. Trois frères l'acceptèrent sur le champ; Thiébaut seul demanda du temps pour réfléchir, mais rapporta, le lendemain, un acquiescement complet, qu'il déposa sur l'autel de l'église. Chacun se réjouit d'un si bel accord.
Henri IV eut, dans sa part, «  les château, ville ferme, faubourgs et appartenances de Blâmont, la ville de Barbaix, le molin et étang de Wallevaçourt (Vilvacourt), la ville de Barbezuel (Barbézieux), Domèvre, la grande et la petite Herbéviller, Saint-Martin, Blémerey, Leintrey et dépendances, Autrepierre, la ville de Reppaix et Assenzey, Frémonville, les château, une ferme, faubourg et finage de Deneuvre, Fontenoy et ses dépendances, le doyenné de Merviller, comprenant Merviller, Criviller, Brouvelotte, Vaxainville, Hadomey, Reherrey, la mairie du Mesnil dessous AzeraiIles et Hablainville ».
Les trois autres frères, Thiébaut, Adhémar et Jean, devaient avoir conjointement ou divisément les forteresses de Vellexon, Oricourt et Fougerolles avec leurs dépendances en Bourgogne, les villes de Piennes, Bouligny, Amermont et leurs dépendances dans la Woëvre, la rente de Bruxelles, les voueries de Vic et de Neufchâteau, le ban de Saint-Clément comprenant Laronxe et Chenevières, le ban d'Azerailles, comprenant Gélacourt, Flin. Glonville et Badménil, la moitié de l'étang et du moulin de Blémerey, l'étang d'Albe, les deux fiefs de Rancogney (Autrepierre) et Sawesures (Saulxure) sur Leintrey, Domjevin, Gondrexon, Reillon, Chazelles, Vého, La Neuveville-aux-Bois, Remoncourt, Amenoncourt, Igney, Montigny, Petitmont, les cent florins de rente sur la saline de Moyenvic et la terre de Chalaure et de Provins »;
Marguerite eut le château de Turquestein avec ses dépendances et Catherine, chanoinesse de Remiremont, vingt florins que lui versèrent ses frères.
Cette énumération était nécessaire pour donner une idée du comté, à ce moment précis. Moins vaste, certes, qu'au temps de Henri Ier, ce petit Etat paraissait bien amoindri par le présent partage, mais il ne devait pas tarder à retrouver presque toute son intégrité, du moins pour la partie blâmontaise, quand Henri IV eut recueilli les héritages de ses frères, morts sans postérité.

Expéditions de Henri IV

Pacifique par nature, Henri IV vivait en un temps où il était difficile d'échapper à tout acte d'hostilité. Les Bourguignons et les Armagnacs étaient au plus fort de leurs luttes et les princes lorrains ne les imitaient que trop, en s'entredéchirant pour des chicanes mesquines.
En 1380, Henri IV dut, par fidélité, se ranger sous les ordres de l'évêque de Metz, pour combattre le duc Jean de Lorraine. Il remplit ses obligations et reçut, au printemps suivant, lors de la conclusion de la paix, 800 francs d'or de France, pour le dédommager de ses pertes en hommes, chevaux, harnais et le payer de ses courses parmi les forteresses messines (25).
Il fut moins bien inspiré, en prêtant main forte, la même année, à Pierre de Bar, sire de Bouconville et de Pierrefort, qui, depuis dix ans, se faisait un jeu de piller les châteaux, avec l'aide des Bretons et «  aultres mauvais chiens enragièz ». Cette fois, l'aventurier menait campagne contre le duc de Lorraine et le comte de Bar son cousin, et le comte de Blâmont lui avait envoyé une compagnie de secours. Mais le bandit fut attaqué dans son repaire de Bouconville et y périt les armes à la main, le 20 octobre. Le duc de Lorraine prononça la confiscation des terres de Bouligny et de Piennes pour punir notre comte de sa félonie. Cependant; lorsqu'il signa le traité de Condé-sur-Moselle (11 juin 1381), il revint sur sa décision et rendit les domaines saisis (26).

Fondation d'une Collégiale à Blâmont

Après ces hostilités survint une accalmie de sept années. Henri IV en profita pour réaliser un projet cher à. sa piété et à celle de sa femme : la fondation à Blâmont d'une Collégiale semblable à celle de Deneuvre, sa seconde capitale.
La charte d'érection, datée du 25 mars 1384 (27), porte que «  Henri et Valburge ont édifié «  une chapelle, dessous le nom de la Benoîte Vierge Marie en le mystère de son Assomption, en la ville ferme de Blancmont, là où était une ancienne chapelle en l'honneur de ladite benoîte Vierge ». Ils s'engagent à y entretenir le grand autel aussi bien que les autres. Ils veulent y voir six chanoines, dont un Prévôt, qu'eux et leurs successeurs auront droit de nommer. Pour constituer leur prébende, ils donnent : 1° les trois quarts des grosses dîmes de Rambervillers; 2° tout ce qu'ils ont à Verdenal : rentes, gelines, vouerie et toutes autres droictures, excepté la haute justice et le cri de la ville; 3° soixante sols de Strasbourg que devaient les Forestiers de Blâmont : 4° cinquante sols de bonne monnaie à prendre sur les rentes de Domèvre : 5° trois quartes de cire à prendre sur les fours de Blâmont; 6° trois quartes d'huile sur les débits de Vauthier; 7° vingt cinq florins sur les terres de Mandres; 8° vingt cinq florins sur la terre de Blâmont. Les chanoines pourront, en outre, faire des achats de terre dans la seigneurie, pour agrandir leur apanage.
Leurs devoirs seront de célébrer les saints offices, de tenir une école et de vivre en communauté avec les revenus de leur bénéfice (28)
Jean de Neufchâtel, alors évêque de Toul, avait donné son consentement; mais, comme il se disposait à partir pour A vignon, il ne délivra pas les lettres de confirmation. Celles-ci ne furent libellées que le 14 novembre 1407.
A l'usage, on comprit qu'il était anormal de laisser desservir l'église paroissiale par des Cisterciens de Haute-Seille, quand il y avait, tout près, des chanoines à la Collégiale nouvelle. Aussi l'évêque, Philippe de VIIIe, sollicité de donner les lettres de confirmation, proposa-t-il l'arrangement suivant (29) : L'abbé de Haute-Seille restera «  le curé principal », ayant tous les droits et toutes les charges attachés à ce titre, à savoir : Nomination du titulaire, dîmes curiales, une rente de vingt francs en argent, d'une part et entretien du choeur de l'autre; mais il cèdera toute la desserte paroissiale, en ne gardant que le privilège de venir officier à la saint Maurice et quelques autres fois dans l'année. La Collégiale, au contraire, représentée par son Prévôt, assumera toute l'administration de la paroisse et y accomplira tous les actes du ministère, à titre de «  vicaire perpétuel» de l'abbaye, sauf à percevoir les revenus attachés à ce ministère. Ainsi, prévôt et chanoines, s'entr'aidant quand il le faudra, trouveront un utile supplément d'occupations et de ressources. Ce statut fut accepté et inauguré en 1407 et observé jusque vers la fin du XVIIIe siècle.

Les Frères de Henri IV

Après le partage de 1379, les frères de Henri IV furent surtout absorbés par le soin de leurs. intérêts en Bourgogne et nous devons relater, au moins sommairement, leurs agissements dans ce pays, mais ils eurent aussi dans le Blâmontois, des possessions dont il importe d'indiquer le sort. Disons d'abord qu'aucun ne fit souche, ce qui permit aux diverses portions blâmontaises, qu'ils détenaient, de rentrer peu à peu dans le comté.
Adhémar, nanti des terres d'Oricourt et de Bouligny, céda, peu après 1379, au comte de Blâmont, moyennant une rente de cinq cents francs, sa part de droits sur Domjevin, Vého, Chazelles, Reillon, Gondrexon et autres villages que nous avons désignés plus haut. Il mourut jeune, ayant déjà partagé son avoir entre ses frères, en 1389.
Thiébaut vécut au château de Vellexon et, néanmoins, fut assez mêlé aux affaires de son pays d'origine. Après avoir engagé à Henri, pour 1.200 florins, tout ce qu'il avait hérité d'Adhémar, il vint souvent le seconder dans les luttes que nous aurons à raconter. Il eut aussi en sa possession le château de Lagarde et ses dépendances (30), à la suite d'une convention passée avec l'évêque de Metz (31). Un motif inconnu l'indisposa contre son frère Henri, après 1395, à tel point qu'il fut aux prises avec lui et qu'il entraîna dans sa lutte son autre frère, Jean. Il fut sur le point de le déshériter et, en 1390, ne craignit pas d'engager à Jean de Fléville, bailli de Vôge, ce qu'il avait à Gondrexon, Reillon, Chazelles. Cependant l'inimitié s'apaisa. Il mourut en 1408, laissant son avoir surtout à son frère Jean.
Bien qu'il ne se fût jamais marié, il eut un fils nommé Beaudoin qui fut légitimé par le duc de Bourgogne le 6 juin 1418, et qui est cité sous le nom de bastard de Blâmont, parmi les 278 écuyers servant Guillaume de Châteauvillain, lorsqu'il assiégeait. Beauvais (31 août 1417) (32).
Jean Ier, dont nous avons détaillé plus haut la portion d'héritage, nous appartient aussi pour la meilleure part de sa vie. En 1390; il reçoit du duc de Lorraine les mille florins engagés sur Azerailles. Il engage lui-même, en 1392, le ban de Verdenal au Chapitre de Saint-Dié et ne songera jamais à le reprendre. Il recueillit la succession de son frère Thiébaut, porta les titres de sire de Vellexon et de Vaire et vint habiter Lagarde, sa propriété nouvelle. Entre temps, on le voyait fréquenter la Cour de Bourgogne et servir d'écuyer banneret à Jean sans Peur. Amené à Paris, par ce duc fameux, en août 1405, il y rencontra le sire de Beaufremont, qui lui proposa d'acheter sa vouerie de Neufchâteau. Il la vendit ainsi pour 1.200 livres. En 1407, il donnait son dénombrement pour Oricourt et, en 1408, il revenait à Lagarde. Une maladie l'emporta peu après. On a son testament, rédigé, le 28 juin, par Messire Vaultrin Walto «  curey d'Embermesny, notaire impérial» et transcrit par M. de Martimprey. Dans un long préambule, le scribe déclare que, tout d'abord, le testateur voulait déshériter le sire de Blâmont et ses fils, à cause de leurs dissensions précédentes; mais qu'il revient sur sa décision, en souvenir de leurs bons offices, pendant qu'il était prisonnier du sire de Neufchâtel. Il institue le comte son légataire universel et ne réserve que mille francs qui seront attribués à sa soeur Marguerite. Quand cet acte fut exécuté, le comté de Blâmont retrouva son intégrité première, sous la seule direction de Henri IV; mais l'héritage de Bourgogne allait subir les pires attaques, par la perfidie de Jean sans Peur (1409). Quelques années plus lard, toutes les terres de Bourgogne furent perdues pour la famille de Blâmont.

Désagréments causes par la succession de Fénétrange

La comtesse Valburge perdit son père, Olry de Fénétrange, en 1387. Ce fût pour la famille de Blâmont un deuil douloureux, surtout à cause des malheurs que déchaîna le partage qui s'ensuivit. Le défunt laissait deux fils, Jacques et Henry, et cinq filles mariées aux comtes de Blâmont, de Linange, de Salm, de Deux-Ponts et de Saarverden; tout ce monde était bien différent d'humeur. De plus, l'héritage était obéré d'une dette considérable : 40.000 florins, contractée peu de temps avant. Le règlement d'une telle succession ne pouvait être que très épineux. Ayant épousé la fille aînée, Henri IV passa pour le principal héritier et les créanciers prétendirent le rendre responsable de la plus grande partie de la dette. Cette thèse, facilement acceptée par les autres cohéritiers, ne pouvait plaire au comte de Blâmont, d'autant plus que sur la dot de sa femme il restait à payer 15.000 livres. D'autres raisons pareilles militaient en faveur de ses refus obstinés.
Comme les, pourparlers n'aboutissaient pas, on recourut à l'arbitrage, en séparant les points contestés. En 1389, le duc de Lorraine établit l'accord avec Sarverden au sujet de Weyer et d'Euzeville. En 1391, l'évêque de Strasbourg, arrangea d'autres litiges avec Jean de Lichtemberg. Entre temps (1390), le comte de Blâmont avait dû réprimer les insolences de Renaud d'Herbéviller, vassal brouillon qui l'avait «  deffié » après avoir ravagé quelques villages du comté (33). Mais, loin de s'éclaircir, les affaires allaient se charger de nouveaux nuages. Les deux frères du comte, poussés par leurs griefs personnels, se liguèrent, à la saint Georges (1391), avec les adversaires que nous connaissons et, tous ensemble, déclarèrent la guerre au sire de Blâmont «  tantost, dedans les quinze jours après la requeste échue, sans malengin ». Au fond, l'instigateur de la brouille était le comte de Salm, qui poursuivait ainsi une rivalité séculaire entre Blâmont et Salm.
Chacun des partis chercha des alliés, au risque de créer de nouvelles complications. Les coalisés de Fénétrange attirèrent à eux Jean de Vergy (34), possesseur de Chatillon. en Vôge depuis 1377; ils fournirent chacun dix hommes d'armes et envoyèrent cette troupe «  guerroyer à Badonviller, Pierre-Percée et autre part que meilleur sera, aussi près des terres dudit Blâmont ». Le château-fort inspirait donc quelque effroi. On ne sait rien des dégâts commis dans cette circonstance.
De son côté, Henri de Blâmont sollicita l'aide de Valéran de Luxembourg, comte de Ligny et de Saint-Pol. Celui-ci promit son concours, surtout contre Saarverden, mais à la condition que le comte Henri deffiera les bourgeois de Metz et même, au besoin, attaquera l'archevêque de Trèves (5 mai 1391). Cette clause, qu'il remplit, fut fatale à notre imprudent seigneur.
A peine «  deffiés », les Messins arrivent en nombre jusque vers Blâmont. La rencontre a lieu à Cirey. Après un combat sanglant, la troupe blâmontaise est mise en déroute, et les seigneurs les plus courageux du pays sont faits prisonniers, entre autres : Henri d'Ogéviller, Jean d'Herbéviller, Constantin d'Haussonville, François de Veney, François d'Autrey. Grâce à l'intervention de l'évêque de Metz et du duc de Lorraine, le confit s'apaise, l'année même. La rançon des prisonniers est payée par le comte, Jean de Vergy et Saarverden entrent en composition (35) et le calme revient dans le Blâmontois.
Mais Jacques et Henry de Fénétrange restent irréductibles, excités, peut-être, par les seigneurs qui jalousent la puissance du comte de Blâmont. Tous les hobereaux allemands s'en mêlent et même les évêques de Strasbourg et de Metz. Cinq années (1390-1395) se passent ainsi en vexations réciproques, avec des alternances de succès et de revers. A la fin, le comte de Blâmont est sur le point de succomber dans la tourmente. D. Calmet relate un combat tout près de Blâmont, sans préciser le lieu. Les troupes blâmontaises repoussent les assaillants jusque vers Sarrebourg, mais le comte est fait prisonnier de l'écuyer strasbourgeois, Hermann Eppelborn (36). Par bonheur, la nouvelle duchesse, Marguerite de Bavière, s'émeut de tous ces désordres et use de son autorité pour faire jurer à tous les belligérants qu'ils déposeront les armes et renverront leurs prisonniers sans rançon : Henri de Blâmont fut ainsi sauvé.
La reconnaissance rapprocha notre comte de Charles II de Lorraine et en fit un allié désormais fidèle. C'est ainsi qu'en 1336, la ville d'Epinal, révoltée contre le duc, fut réduite à l'obéissance par la courageuse intervention de ce nouvel ami. Il n'en fallut pas plus pour ramener la fortune et la paix au château de Blâmont.
Diverses transactions avec le comte de Bar lui valurent la possession définitive de la seigneurie de Mandres (Pâques 1398 et avril 1399). Un accommodement avec Jean de Fénétrange, devenu évêque de Strasbourg (1399), termina tous les différends relatifs à la succession de Fénétrange, qui étaient encore pendants. Tous les prisonniers furent remis en liberté, et, sauf une légère querelle, soulevée en juillet 1401, et aplanie par l'arbitrage du sire de Réchicourt, l'accord ne fut plus troublé. C'était, dira-t-on, pour un sujet futile, beaucoup trop d'agitation et de fracas. On peut, du moins, constater que ces guerres du Moyen-Age, dont les historiens font un si sombre tableau, causaient plus de peur que de mal, et se bornaient à des ravages bien inférieurs à ceux des guerres actuelles.

Fin pénible de Henri IV

Tout joyeux d'avoir retrouvé la paix, le comte de Blâmont se rendit à Bruxelles, en compagnie de ses deux fils, pour réclamer le payement de la rente accordée à son bisaïeul et laissée en souffrance depuis vingt-cinq ans. Les arrérages dus faisaient un joli total de 7.500 livres. Jeanne, duchesse de Luxembourg et de Brabant, qui était la débitrice, reçut favorablement la réclamation et promit de s'acquitter de sa dette dans les six mois. Elle tint parole (37). En revenant, Henri IV s'arrêta chez son cousin, Edouard de Bar, laissa près de lui son fils Olry et regagna Blâmont.
Six années de calme s'écoulèrent, pendant lesquelles le comté fut florissant. Puis, le cri de guerre éclata soudain, répété par tous les échos de Lorraine. Bourguignons et Armagnacs se retrouvaient aux prises, Nancy était menacé par le duc d'Orléans, les comtes de Nassau, Saarverden, Salm, Boulay et autres. Charles II convoqua tous ses preux pour conjurer le péril. Par un traité du 22 février 1407, Henri de Blâmont mit sa personne, ses fils, ses forteresses, au service de son duc, moyennant 2.400 florins et la reconnaissance de ses droits sur Frémonville et Fontenoy-la-Joute.
On sait qu'une grande bataille s'engagea, le 18 juin, presque sous les murs de Nancy. Henri de Blâmont accomplit force prouesses aux côtés de Charles II et reçut, dix jours après, 500 florins. Mais la maladie le guettait, et ce fut la fin de ses exploits guerriers. La goutte, dit-on, annihila le reste de sa vie et le retint dans sa demeure, comme en un tombeau anticipé. Force lui fut de confier le soin de ses affaires à ses trois fils, sous l'oeil vigilant de Henri de Barbas, son voisin dévoué et fidèle.
Nous verrons plus loin que, pendant ce repos forcé, les intérêts de la famille de Blâmont, en Bourgogne, eurent beaucoup à souffrir. Dans notre région, au contraire, douze années s'écoulèrent dans une tranquillité relative. L'histoire n'y relate que deux petites attaques à main armée, qui furent vite repoussées.
En 1417, Jean de Créhange voulut se venger de Thiébaut, fils aîné du comte, mais celui-ci l'apaisa et le sang n'eut pas à couler. En 1419, des seigneurs alsaciens envahirent les terres de Blâmont et firent le siège du château, mais Henri de Barbas les dispersa et fut assez heureux pour capturer Henri de Molberg et Martin Münch de Vildsberg, deux insolents, qui ne sortirent du donjon qu'après avoir payé les dégâts commis. Le comte fut généreux envers son sauveur, puisqu'il lui versa 200 florins pour sa peine et ses pertes en chevaux et harnais (38).
Si Henri IV avait eu pleine santé, notre comté aurait montré une brillante prospérité, tant il présentait d'animation et d'aisance. La petite Cour qui se rendait aux châteaux de Blâmont et de Deneuvre pour y remplir ses offices, avait même bravoure et même distinction que son chef. Henri de Barbas ou de Lannoy, nommé bailly de Blâmont, tenait le premier rang; c'était l'homme des loyaux services, qui inspirait toute confiance. Les sires d'Herbéviller, d'Ogéviller, de, Brouville, de Montigny, étaient des chevaliers tout fiers de leur importance. Au-dessous étaient des écuyers, des hommes-liges que divers contrats attachaient à la famille du comte et qui séjournèrent plus ou moins dans ses châteaux, comme : Guillaume de Montby en Bourgogne (1376), Jean de Marsal (1377), Geoffroy de Sampigny (1381), Henri de Morhange, Collignon de Vic (1387), Jean d'Haussonville (1389), Hartung et ses fils Hanus et Vary de Turquestein (1389), Jean Wyss de Gerbéviller (1395), Goffé Quinquever de Sarrebourg (1405), Jean, dit Xelme de Fénétrange (1409), Hartung de Wangenherg (1411) (39). Tout ce monde, en allant et venant, n'avait pas manqué d'accroître le bourg et de lui amener de nombreux habitants. C'était l'heure, pour la communauté grandissante de se donner des institutions propres sous l'oeil bienveillant de son maître, en accord avec les coutumes déjà établies. Aussi le château pourra disparaître et la cité, sortie de ses langes, sera capable de vivre par ses propres moyens.
Miné depuis si longtemps par la maladie, le comte Henri finit par s'éteindre. La date exacte de sa mort n'est pas connue. Suivant le témoignage de Ferry d'Abocourt, voué de Deneuvre, elle doit être placée entre le 28 avril 1421 et le 20 janvier 1422. Le défunt reçut l'inhumation dans la collégiale de Blâmont, fondée par lui. Deux ans après, sa femme, Valburge, le rejoignait dans la tombe (40).

Famille de Henri IV

Sept enfants naquirent au foyer de Henri et de Cunégonde.
Citons d'abord les filles, au nombre de quatre. Trois entrèrent en religion. Ce furent Valburge et Jeanne, que leur tante attira près d'elle à Remiremont, et Adélaïde, qui fut, dès 1422, abbesse de Saint-Pierre-aux-Nonains de Metz. Les deux premières n'avaient que 14 et 15 ans, lorsqu'elles quittèrent leur famille. Elles firent, en passant à Deneuvre, en 1403, un acte de renonciation à leurs droits, en faveur de leurs frères, et ne gardèrent qu'une rente viagère s'élevant à quinze livres. Valburge fut plus tard abbesse du Chapitre noble d'Epinal, de 1420 à 1439.
Henriette, seule, resta dans le monde, et épousa Bernard de Thierstein, sire de Pfeffingen et Belfort. Sa dot fut portée à 400 florins d'or, gagés sur la saline de Salin, à condition qu'elle renoncerait, comme ses soeurs, à sa part d'héritage (1420). Elle dut mourir avant 1434, et ne laissa qu'une fille, Suzanne, à qui Marguerite de Lorraine, sa tante, remboursera une rente de 200 florins d'or.
Les trois fils, Thiébaut, Olry et Jean, nous sont déjà connus. Thiébaut, en sa qualité d'aîné, fut envoyé par son père en Bourgogne pour gérer les intérêts de la famille de Blâmont, quand ses oncles furent disparus (1409). Le père souffrant mande à Jean-sans-Peur, qui est suzerain des terres d'Oricourt et de Vaire, que «  veu et attendu l'infirmité de son corps qui est telle que ses jambes ne peuvent plus le porter, et aussi qu'il peut être mieulx servy de son fis que de Iuy », il le prie d'agréer l'hommage de son fils au lieu du sien (10 août) (41). Comme réponse, le duc de Bourgogne, retenu à Paris, donna l'ordre à son favori, Guillaume de Vienne, d'assiéger les forteresses de Vellexon et d'Oricourt, qui appartenaient au sire de Blâmont, sous prétexte que celui-ci s'en servait pour exercer des pillages. Vellexon fut d'abord investi et attaqué avec tous les moyens alors en usage. Thiébaut s'y défendit vaillamment, depuis le 22 septembre 1409 jusqu'au 22 janvier suivant Mais, dit l'auteur anonyme de l'Histoire de Bourgogne, la place dut se rendre et elle fut rasée. Thiébaut put s'enfuir avec quelques compagnons et alla se réfugier à Vaire, autre forteresse appartenant aussi à son père; la garnison fut décapitée ou pendue, ou, tout au moins, expulsée sous bonne garde. A Vaire, Thiéhaut subit un nouvel assaut, que lui livrent 400 chevaliers ou écuyers, tandis qu'il commande une troupe infime. Il s'échappe encore, le 22 février, et laisse ses partisans se rendre à discrétion. Mais son frère Olry est venu à son secours. Une troisième place leur reste, Oricourt.
Ils s'y enferment, sont encore assaillis et, pour la troisième fois, obligés de s'échapper.
Pourtant leurs droits sont incontestables. Renonçant à les défendre par les armes, les deux frères essayent de parlementer avec Guillaume de Vienne et recourent à un arbitrage. Une sentence, rendue peu après, règle que les fiefs. contestés de Bourgogne resteront à la famille de Blâmont, mais qu'elle payera, pour les recouvrer, mille florins d'or (42). La remise des fiefs souffrit encore quelques difficultés, cependant tout était arrangé pour le 14 août 1411, grâce à l'intervention de la duchesse de Lorraine.
Les deux frères qui avaient subi tant de malheurs, furent rappelés près de leur père, et les possessions bourguignonnes devinrent, dès lors, l'apanage de leur troisième frère, Jean II. Pourvu d'un canonicat à la Cathédrale de Toul, celui-ci avait aussi reçu du Chapitre de Remiremont la charge de Grand Prévôt (29 juillet 1403). Une dispense d'âge lui fut accordée et son père devint sa caution. Au commencement, le jeune Prévôt remplit ses fonctions avec zèle, mais bientôt il donne aux Chanoinesses sujet de plaintes sérieuses, qu'elles adressèrent à son père. Celui-ci vint à Remiremont (1404) et promit de combler le déficit causé par la mauvaise administration de son fils, mais ne se hâta pas de tenir parole. Les religieuses portèrent leurs doléances jusqu'au Pape, ce qui occasionna un procès qui durait encore en 1430. Pour en finir, Thiébaut, successeur de Henri IV, dut laisser au Chapitre noble la possession de Destord.
:Mais, dès 1411, Jean II avait eu soin de renoncer aux dignités ecclésiastiques, et avait accepté, pour sa part, les possessions de Bourgogne.
Il épousa sa cousine, Jeanne de Vergy, fille de Guillaume, dont nous avons parlé plus haut. Il en eut Claudine de Blâmont, qui sera la femme de Jean de Toulongeon. On éprouve quelque déplaisir à voir ce rejeton de Blâmont associé désormais à tous les tenants de la cause bourguignonne et anglaise contre la cause française, ami peut-être de ce Jean de Luxembourg, qui devait, en 1430, vendre au duc de Bourgogne la douce héroïne Jeanne d'Arc.
Olry Ier vécut moins longtemps. Il avait fait ses premières armes chez le comte de Bar et avait été, par lui, armé chevalier, en 1395. Ses qualités furent telles que son protecteur n'hésita pas à en faire son écuyer banneret. Nous avons dit plus haut qu'à son retour de Bruxelles, il fut retenu à Bar et emmené à Paris dans l'escorte du puissant chef du Barrois. Comme il en revenait et se dirigeait vers Blâmont, pour retrouver son père, il apprit à Saint-Mihiel qu'une troupe de malandrins, commandée par un sire de 1Courgirons, faisait le siège d'Herbéviller. Vite, il franchit la distance qui le séparait de ce lieu, fondit sur les assaillants, les dispersa et les poursuivit au delà de Saint-Martin (1401)
Sa vaillance égalait son ardeur et sa fougue. Il ne sut pas résister à l'élan qui emporta tant de chevaliers lorrains vers les champs d'Azincourt, en 1415. Il y combattit aux côtés d'Edouard de Bar et y trouva la mort. C'est, du moins ce que donne à entendre la chronique du doyen de Saint-Thiébaut. Il n'avait que quarante ans et ne fut jamais marié. Son frère, Thiébaut, recueillit son avoir et se trouva seul à la tête du comté de Blâmont.

4° Thiébaut II :

Sa carrière écourtée

On ne voit pas que Thiébaut II soit retourné en Bourgogne, après 1411 (43), tant ses malheurs l'avaient contristé. Cependant son court séjour dans ce pays plantureux suffit à lui inspirer le goût de la bonne chère, et il introduisit à Blâmont des moeurs faciles qui énervèrent sa race à bref délai et étouffèrent en lui l'âpre énergie de Salm. Par contre,



Sceaux de
Thiébaut II de Blamont - Marguerite de Lorraine

il apporta une science de la guerre plus approfondie, et, après avoir éprouvé les effets puissants des armes qui faisaient parler la poudre, il se hâta de vulgariser tous les engins dont ses ennemis avaient usé contre lui. Ses insuccès servirent peut-être à sa réputation, en mettant son courage en relief. Aussi, lorsqu'il fut question d'instituer, sous les auspices du cardinal Louis de Bar, un Ordre de chevalerie, dont le but était de s'opposer aux guerres intestines, tous les yeux se portèrent sur le jeune comte de Blâmont, pour en faire le roi de la confrérie (44).
Cette haute renommée aida puissamment Thiébaut dans l'affaire de son mariage. Admis dans la famille de Ferry, comte de Vaudémont, il obtint, sans peine, la main de sa fille Marguerite. On sait les prétentions à la succession du duché qu'émit le frère de cette princesse, sous prétexte que Charles II n'avait que des filles. Peut-être, entraîné par sa femme, Thiébaut se montra-t-il trop favorable à cette thèse ambitieuse; le duc lui fit savoir qu'il avait agi «  à son grand déplaisir ». Le temps n'était plus où un comte de Blâmont se croyait l'égal du duc. Thiébaut fit des excuses et s'engagea par écrit à ne jamais s'allier aux adversaires de son suzerain, à publier les ordonnances ducales, à faire circuler dans ses domaines les monnaies de Lorraine, à défendre à ses bourgeois de prêter serment à un nouveau comte, tant que celui-ci n'aurait pas rendu hommage au duc. L'évêque de Toul et Thierry d'Ogéviller apposèrent leur sceau à cette convention (22 septembre 1422) (45). Jamais Thiébaut n'essayera plus de s'y soustraire.
Dans ses débuts, le comte de Blâmont montra un grand esprit de conciliation. Il accorde aux chanoines de Deneuvre la liberté de tester, moyennant le payement d'un florin pour remplacer le droit qu'il avait
d'hériter d'eux (1422). Il fait la même faveur aux chanoines de Blâmont (1428) (46). Il règle à l'amiable son partage de famille (1423) en laissant à son frère Jean II, toutes les possessions de Bourgogne, et en gardant les châtellenies de Blâmont, de Deneuvre, de Mandres, d'Amermont, de Piennes, de Lagarde et de Turquestein, les voueries de Vic et de Neufchâteau, les bans d'Azerailles et de Saint-Clément, les rentes de Rosières, Bruxelles, Luxembourg et Hainaut.
Bientôt après, l'évêque de Metz, Conrad Bayer de Boppart, lui propose le rachat de Lagarde. Le marché est conclu. Le château qui tombait en ruines est restauré, et ce lieu devient pour l'évêque «  celui des terres où il s'ayme le plus, à cause que la chasse y est fort belle» (47).
Bien qu'il soit muni d'un armement redoutable, le château de Blâmont n'écarte pas toutes les attaques. En 1424, un certain Liétard de Raon-sur-Plaine vient y insulter le comte, mais lui fait bientôt des
excuses. En 1425, Jean de Milhenheim se montre plus insolent et il se voit enfermer au donjon, jusqu'à ce qu'il paye sa rançon. En 1426, l'évêque de Strasbourg est sur le point de l'attaquer à son tour, quand
le duc de Lorraine arrive pour apaiser le conflit (48).
Voici une affaire plus grave. Le 14 juillet 1427, l'évêque de Metz, mécontent, envoie un «  cartel » en règle, appuyé des lettres de «  Deffiance » de trois seigneurs : Conrad et Henry Bayer, neveux de l'évêque, Ferry de Bacourt, sire de Créhange. «  Des gens de Thiébaut, sortant de Deneuvre, ont faict, sans cause ny raison, en plusieurs manières, vilenies, injures et dapmaiges aux gens de Backarat, Brouville, Vathiménil; de même, de son sceu et consentement, les dits subjects ont faict enlever de Backarat aulcuns des gens de l'évesque et faict mener iceux en prison au lieu de Durkestein, et les ont mis au fond de tours en fers et ceps et mis en gehenne et grands tourments de leur corps en manière qu'on faict à malfaiteurs notoires; des habitants de Brouville furent navreits, battus, tellement que l'ung d'eux en aist été mort et avec ecu, les griefs


Ecu de Conrad Bayer de Boppart

faicts à plusieurs de VathiméniL. de quoy nous en avons escrit en vous priant et requérant que cette vilonie nous fut amendée, comme le cas le désire.. » (49).
Quand cette plainte arriva, Thiébaut voulut la braver et attendit ses adversaires. Mais le duc l'apprit et, pour éviter un malheur, il dépêcha au comte son sénéchal, Jean d'Haussonville, assisté d'un écuyer, Jean de Fléville, qui le prièrent de donner satisfaction à l'évêque. Tous deux étaient bien choisis pour cette mission; le premier surtout, car il passait pour le grand argentier de ce temps, et il venait d'acheter Châtillon au sire de Vergy. A force d'instances, ils réussirent à retirer de Thiébaut le gant de l'évêque et s'empressèrent de le rapporter à Vic, en suppliant le prélat de se prêter à une entente. Leur démarche ne fut point vaine : l'accord fut signé.
Après ce danger, un autre se présenta (1429). Thiébaut fut surpris chez lui par Didier d'Einville et le sire de VoIfemberg. L'attaque fut si imprévue que plusieurs hommes du comte furent pris et tués. La riposte fut vigoureuse et les assaillants promptement reconduits aux frontières, L'année suivante, c'était au comte à jouer le rôle de pacificateur, en réconciliant le duc de Lorraine avec les Messins, qui l'accablaient de vexations, depuis quatre ans. Cette année même, Jeanne d'Arc délivrait Orléans et conduisait Charles VII à Reims pour le faire sacrer.
En janvier 1431, mourait le duc Charles II. Le comte et la comtesse de Blâmont notifièrent à la Cour lorraine qu'ils n'opposaient aucune revendication vis-à-vis du duché. Cette déclaration loyale les rangeait nettement dans le parti de René d'Anjou et condamnait les menées d'Antoine de Vaudémont. On sait ce qui advint. Antoine demanda l'appui du duc de Bourgogne et prit les armes pour enlever de vive force la couronne ducale. De son côté, René d'Anjou fit appel à ses alliés. L'évêque de Metz, le maire de Toul les ducs de Bavière et de Bade, le sire de Baudricourt, le brave Barbazan, envoyé par le roi de France, amenèrent chacun leur contingent. Thiébaut de Blâmont se joignit à tout ce monde avec sa compagnie de quarante cavaliers et quatre-vingts pages. Une bataille sanglante fut livrée à Bulgnéville, le 2 juillet 1431. Cette journée, comparable à celles de Crécy et d'Azincourt pour le nombre des victimes - deux mille Lorrains, dit-on, tués ou blessés - n'eut d'autre résultat que de faire prisonnier le chef des Lorrains, René d'Anjou, sans profit pour la cause de son adversaire. On releva parmi les morts Jean de Salm, seigneur d'Ogéviller, partisan résolu de René. Thiébaut de Blâmont reçut une blessure qui ne l'empêcha pas de regagner son château, mais qui le fit mourir, le 2 septembre suivant. Il fut inhumé dans la Collégiale et, sur son mausolée, on grava ces simples mots : «  Cy-gist noble sire, Messire Thiébaut, seigneur de Blâmont, qui trespassa l'an de grâce 1431» (50).
On n'élève aucun doute sur la bravoure de ce chevalier, mais on reste quelque peu sceptique à l'endroit de ses talents d'administrateur. Thiébaut dépensait sans compter pour les fêtes qu'il donnait ou les voyages qu'il entreprenait. La dot de sa femme, portée à six mille livres, fut longue à venir. Il fallut pressurer les sujets. Une enquête faite, en 1432, dans la châtellenie de Turquestein, après que l'évêque de Metz l'eut rachetée, constate que les villages en étaient ruinés par les exigences des comtes de Blâmont, leurs maîtres depuis 1405.
Il fallut aussi emprunter, et par conséquent engager des portions du comté. Mais comme la clause de réachat ne fut pas exécutée, ces portions furent perdues. Jean d'Haussonville, grand bailleur de fonds, put ainsi se faire, dans la Vôge, un petit Etat, qui prit le nom de «  Pays des Baronnies » (51). Châtillon en fut le premier centre. Turquestein y fut ajouté, en 1433, après un achat laborieux près de l'évêque de Metz. Puis Lorquin et même Saint-Georges viendront le compléter au siècle suivant.

Famille de Thiébaut II

En mourant si tôt, Thiébaut II laissait six enfants sous la tutelle de Marguerite de Lorraine, sa veuve. L'aîné, Ferry II, fut déclaré majeur en 1437 et prit la succession de son père. Olry II entra, plus tard, dans les Ordres, et mourut évêque de Toul. Thiébaut III, le dernier né, mourut vers 1465, sans postérité, n'ayant jamais quitté Blâmont. Valburge épousa Jacob de la Petite-Pierre et, pour sa dot, reçut 400 florins de rente sur la saline de Dieuze. Marguerite mourut avant 1469. Isabelle, épousa Jean de la Haye, sieur de Passavant, Montaigu et Chevillé.
Un bâtard, du nom de Jean, doit être mentionné à côté des précédents. Reconnu par le comte, il vécut près du château et se vit à la tête d'une jolie fortune, que lui légua Lorette de la Chambre, veuve de Jean Fontoy, dernière survivante de la famille de la Chambre. Il reçut en outre des biens à Montigny, Chazelles, Leintrey, Gondrexon, Repaix, Reillon, Gogney, Barbas et Autrepierre (52). En 1412, son mariage lui fit abandonner le pays de Blâmont pour celui de Nomeny, et laisser toutes ses terres à la Collégiale, sauf sa maison, qui fit retour au château. Sa première femme, Jeanne de Nomeny, ne lui donna pas d'enfant, mais la seconde, Alix ou Isabelle de Chérizey, lui donna Jean II, qui fut seigneur de Phlin, Gembrecourt et Liocourt. Le fils de ce dernier, Jean III, épousa Marguerite de Craincourt et eut une fille, Jacquette de Blâmont, la dernière du nom, qui fut mariée à Hector de Gennes (53).
Pour une descendance aussi nombreuse, l'avenir semblait plein de promesses, et pourtant il était sur le point d'apporter l'extinction fatale
.


Cliché Bernhardt.
Enseigne de tonnelier à Deneuvre (1496)
L'inscription doit se lire apparemment : Ich mare ai cennem ? Moi, marc de cennem.

(A suivre)


(1) Adélaïde est appelée, au partage de 1311, Alois d'Assois (Alsace), On sait qu'en Lorraine. l'Alsace fut longtemps appelée Assai; Aussay ou même Azie. Le mari d'Adélaïde, en bon allemand, eut soin de germaniser les noms des lieux où sa femme eut des possessions, On eut ainsi : Fremetingen (Frémonville), Herboytingen (Harboué), Syrretingen (Cirey), Gutnwunster (Bonmoutier), Haleweiler (Halloville), etc... Cela dura peu. Rodolphe de Habsbourg, descendant d'Adélaïde, revendit, en 1363, tout ce qui venait de son aïeule à Jean de Salm et à Marguerite de Blâmont, qui l'unirent à leur domaine de Châtillon.
(2) Il dut naître après 1312. On a de lui un sceau où il est seulement écuyer (1327), il fut chevalier en 1335 et son sceau, comme tel, est de 1336. Le sceau d'Eymequin, son cousin (1346), avait un écu aux armes de Blâmont à la bordure engrelée. B. 580-63.
(3) B. 574-87.
(4) Cet arrangement, pour nous sans intérêt se trouve dans la pièce B. 574. n° 97
(5) B. 590-72,
(6) B. 574.
(7) B. 575
(8) A Magnières furent rattachés Mazelures, Jolivet, Chanteheux, Maixe et Mortagne. Avec Châtillon, Marguerite, femme de Jean de Salm, gardait le faubourg du Vieux Marché, à Blâmont.
(9) B. 575-102.
(10) B. 576-166, 892.
(11) H. 575 et 690.
(12) B. 575 et 580. Turquestein, retombé ainsi sous la puissance de Thiéhaut, resta dans la famille de Blâmont jusqu'en 1385. Cette seigneurie fut gérée, pendant ce temps. par un écuyer du comte, nommé Hartung, qui fut la souche d'une famille, dite de Turquestein que nous retrouverons plus loin. La somme gagée fut remboursée par l'évêque Pierre de Luxembourg. et la vieille forteresse messine rentra, momentanément du moins, dans l'avoir épiscopal.
(13) Ce moulin, alors tout récent, est encore connu sous le nom de moulin des champs, Il a été transformé en forge ou taillanderie vers 1820,
(14) Histoire de Blâmont dans les temps modernes, p. 85.
(15) L'accès dans la ville ferme n'était possible que par la porte d'en haut ou porte de Voise, par la porte d'en bas nommée aussi porte d'Azie, par la porte Saint-Thiébaut ouvrant sur le jardin, et par une poterne au dessus du moulin.
(16) B. 575-120.
(17) B. 798 65-68-69.
(18) B. 575-902.
(19) SERVAIS : Annales historiques du Barrois.
(20) D. CALMET : Histoire de Lorraine, II, p. 557.
(21) B. 689-70.
(22) Archives des Vosges, G. II, 250 et 1685
(2) Il y a plusieurs lieux appelés La Chambre. Celui qui semble ici en cause est un quartier de Metz, qui a gardé le nom de Chambille.
(23) B. 575-128.
(24) M. de Martimprey cite les noms de ces prisonniers, parmi lesquels se trouvaient cinq chevaliers et vingt-quatre écuyers, tous de la partie allemande du duché. - H. 575, 149 et 167.
(25) Du Fourny, III, p. 69.
(26) SERVAIS : Annales du duché de Bar et B, 798-39.
(27) Cette pièce, ainsi que les autres concernant la dite collégiale, se trouve aux Archives départementales d'Epinal., série G.
(28) On peut voir le règlement imposé aux chanoines de Deneuvre, dans l'ouvrage de M. Bernhardt : Deneuvre et Baccarat, p. 61. Celui des chanoines de Blâmont lui ressemblait.
(29) Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, H, 566 à 570.
(30) Ce château, construit par l'évêque Adhémar de Monteil, était le centre d'une châtellenie qui comprenait vingt villages. H. LEPAGE : Le département de la Meurthe.
(31) B. 575-177.
(32) Archives départementales de la Côte-d'Or, vol. 16, p. 95.
(33) Comme Henri de Blâmont était pris par d'autres soucis, un de ses lieutenants, Thiébaut de Faucogney, se chargea de rappeler à l'ordre le turbulent seigneur; il le battit, le ramena prisonnier dans le donjon et ne le lâcha qu'après avoir exigé 20.000 florins et l'abandon d'une maison qu'il possédait à Blâmont, près du château. - B. 575-176.
(34) Il était fils de Guillaume de Vergy, sire de Fouvens, Port-sur-Saône, et d'Ysabeau de Ribeaupierre, issue elle-même du troisième mariage de Jeanne de Blâmont; il était sénéchal de Bourgogne et avait acquis Châtillon de Marguerite de Salm. Antoine de Vergy, son second fils, occupa Châtillon après lui, et Jeanne, sa fille, épousa Jean II, sire de Blâmont. Voir DUCHESNE, Histoire de la maison de Vergy.
(35) L'Entrecours est rétabli, comme auparavant, entre les seigneuries de Blâmont et de Châtillon. Les sujets de Jean de Vergy, émigrés à Turquestein ou à Blâmont, sont rendus; l'étang de Gresson est laissé à Blâmont. Par un traité suivant, de 1403, Cirey et Bonmoutier deviennent mitoyens entre les deux seigneuries nommées ci-dessus, (B. 575-177 ; 576-18. - D. CALMET, t. II, 723.)
(36) D. CALMET, t. II, col 660. - Digot croit ces détails fabuleux, t. II, p. 304. En effet, l'autorité de Chevrier, qui les rapporte. est très contestée. Du moins, le fond est certain. - B. 575-195.
(37) B. 576-4.
(38) B. 580-86.
(39) B. 576, 577. 580.
(40) B. 576, 580. - E. DE MARTIMPREY, IX, pièce justificative.
(41) B. 576-19. - E. DE MARTIMPREY, VIII, pièce justificative.
(42) B. 346-168.
(43) Sceau de Thiébaut II, 1422. Ecu penché aux armes de Blâmont, Sans brisure; au dessus, deux léopards tenant un casque de profil; orné d'une couronne à trois fleurons, de laquelle sort une longue pointe, accompagnée de deux saumons renversé et terminée par une boucle et un panache. B. 576-33.
(44) Cet ordre, dit de la Fidélité, institué en 1416, comptait 20 chevaliers et 25 écuyers. L'insigne était un collier portant la devise : «  Tout un ». On croit que l'ordre de Saint-Hubert fut la continuation de l'ordre de la Fidélité. Son insigne fut une croix à quatre branches, émaillée de blanc, bordée d'or, qui se portait à la boutonnière suspendu à un ruban vert, bordé de deux rangs rouges. Il avait un grand-maître, six grand'-croix, trente commandeurs et des chevaliers en nombre illimité. Il n'admettait que des nobles. Il fut supprimé en 1824. LAROUSSE : Grand Dictionnaire.
(45) B. 576-33..
(46)BH. 644-36 et 576-46.
(47) MEURISSE; : Histoire de Metz, p. 546.
(48) B. 575-199, 576-37.
(49) B.345-110.
(50) Cette épitaphe a été trouvée par M. Germain de Maidy, dans un document du XVIe siècle.
(51) En 1427, Jean d'Haussonville acquit la seigneurie de Châtillon près d'Antoine de Vergy, la moitié de Hattigny près du comte Thiébaut de Blâmont, le quart de Domjevin (rue Haute), la moitié de Halloville et de Harbouey près du même Thiébaut (H. 576-44. 48. 40). - En 1430, autres acquisitions à Halloville (Haute rue) à Harbouey et à Vala. (M.S.A.L., 1886, p. 139). -M. E, Ambroise a laissé de substantielles notices sur ce pays des Baronnies, publiées dans les Mémoires de l'Académie Stanislas, 1911, et dans le Bulletin de la Société d'Archéologie lorraine, 1914, 1919, 1920, 1921.
(52) B. 576-56 et 91. - Archives départementales des Vosges. G. 5.
(53) H. LEPAGE : Les Communes de la Meurthe. art. Phlin.
 

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