Infanterie
territoriale 1914-1918
A la mobilisation d'août 1914, les
hommes âgés de 34 à 39 ans furent incorporés dans 145
régiments d'infanterie territoriale (et dans la réserve
territoriale pour ceux entre 40 ans et 45 ans).
Prévus à l'origine pour ne servir que de soutien aux
régiments actifs (intendance, construction, etc), les «
Pépères », selon l'appellation familière de l'époque, se
trouvèrent souvent en première ligne, principalement
dans les régions du Nord et de l'Est.
Dans notre canton ont opéré les 15e, 37e, 38e, 39e,
41e, 43e, 59e, 63e et 67e RIT.
(pour plus d'informations, se référer aux
journaux de marches des régiments cités sur la page
Combats 1914-1918 - Liste des
régiments)
Historique du 37e
Régiment d'Infanterie Territoriale
[...]
Le 11 janvier 1915, après une marche pénible, le 3e
bataillon atteint Brouville, Vacqueville, Hablainville.
Du 12 au 20 janvier, il participe avec le 370e R. I. à
la prise des avant-postes, aux travaux et aux
reconnaissances de ce secteur.
Il rentre dans ses cantonnements (nord-ouest d'Épinal)
après avoir été relevé par le 38e R. I. T.
Et le 11 février, il est passé en revue par le Président
de la République et le ministre de la Guerre Millerand,
sur le plateau de la Justice.
Le 27 février, le régiment regroupé commence un
mouvement important vers le nord ; par étapes longues et
fatigantes, il gagne le secteur Thiébauménil - Domjevin
- Laronxe - Manonviller où il prend les avant-postes.
Les bataillons, avec le concours du 172e R. I.,
organisent solidement les cotes 183, 202, 203 et 300, et
poussent en avant des lignes, avec les 6e et 10e
hussards, des reconnaissances hardies qui n'hésitent
point à livrer combat.
Ainsi, le 19 mars, la section du lieutenant Guénard (2e
compagnie) pénètre dans le village de Blémerey et tient
tête à un parti adverse auquel elle inflige des pertes.
Le 3 avril, le détachement de l'adjudant Pranger (11e
compagnie) aborde la cote 297 (sud est de Reillon) et se
maintient en observation malgré une vive fusillade.
A signaler encore les patrouilles du 1er bataillon sur
le Remabois où se distinguent le lieutenant Esmonin et
les caporaux Tupinier et Nillot.
Bientôt le secteur s'agite. L'aviation allemande devient
active ; l'artillerie bombarde régulièrement les
tranchées de la cote 300 et Vého est incendié.
Brusquement, le 17 avril, après un tir violent, l'ennemi
attaque à plusieurs reprises les lignes de la 6e
compagnie (bois des Haies d'Albe).
Les positions sont maintenues intégralement. Le sergent
Diry reçoit la Médaille militaire et le soldat ROY est
cité à l'ordre de l'armée.
Peu à peu la vie de secteur reprend, tantôt calme et
monotone, tantôt troublée et difficile. Les compagnies
se relèvent régulièrement et occupent à tour de rôle les
différents points d'appui : bois des Railleux, des Haies
d'Albe, de la Chapelle, source de la Rognelle, les
Arbres-
Jumeaux, les villages Nègre, de Saint-Martin, Vého,
Herbéviller, etc...
Le 19 juin, les 6e et 11e compagnies prennent part aux
attaques des 217e et 223e R. I. sur les positions
ennemies au nord-est de Reillon. La 11e compagnie s'y
fait remarquer particulièrement et mérite une citation à
l'ordre de l'armée.
Le général Humbert, commandant le détachement d'armée de
Lorraine, cite à l'ordre de l'armée :
La 11e compagnie du 37e R. I. T. sous le commandement du
capitaine Lancelot :
« Pendant la nuit du 21 au 22 juin et la journée du 22
juin, sous le commandement énergique de son capitaine,
les hommes de cette compagnie ont fourni un rendement
absolu, exceptionnel.
Dans un terrain complètement découvert, balayé par les
balles et par un violent bombardement, après avoir
transporté toute la nuit du matériel, ont ravitaillé en
plein jour et malgré des pertes sensibles plusieurs
bataillons engagés pendant la nuit et fixés dans les
tranchées ; leur ont porté l'eau, les vivres, les
munitions qui leur manquaient et ont de plus contribué
au relèvement des blessés. »
Le 10 juillet, le 37e R. I. T., rattaché à la 74e D. I.
(148e brigade), occupe les sous-secteurs Fréménil,
Reillon et Vého.
Le 15 juillet, à 10 heures, l'ennemi déclenche sur les
tranchées un tir d'artillerie intense (150, 305,
torpilles).
A 17 heures, il lance une vigoureuse attaque : la 8e
compagnie la brise net. A 18 h.30, une colonne d'un
bataillon débouche de la lisière sud de Remabois en
masse compacte.
Un feu violent l'accueille qui l'éprouve sévèrement ;
cependant des groupes audacieux réussissent à pénétrer
dans les réseaux de fils de fer et arrosent les
tranchées de grenades.
Un violent combat se livre qui dure jusqu'à 1 heure du
matin, le 16.
Vers 2 heures, une nouvelle attaque est repoussée.
L'ennemi est définitivement arrêté et les positions si
courageusement défendues demeurent intactes.
Il ressort de l'interrogatoire d'un prisonnier que le
37e R. I. T. aurait été attaqué par quatre bataillons
ennemis.
« Nous ne pouvions pas supposer, dit-il, qu'un être
humain puisse rester dans une tranchée
sans abri par un bombardement aussi violent que celui
auquel vous étiez soumis. »
Blessé, le lieutenant Clamens a refusé d'être évacué
avant la fin du combat.
Il est cité à l'ordre de l'armée ainsi que le
sous-lieutenant Fèvre et le sergent Mothère.
L'année 1915 se termine sans autre événement important,
bien que la vie de secteur soit devenue de plus en plus
périlleuse.
C'est ainsi que le 28 novembre, le capitaine Natali (9e
compagnie) est tué avec 12 hommes de sa compagnie.
1916
Le 37e R. I. T., par un travail considérable que ni la
fatigue, ni les intempéries, ni les fusillades, ni les
tirs d'artillerie ne parviennent à entraver, fait du
coin de la frontière confié à sa garde un secteur
solidement défendu, chaque jour mieux aménagé.
Cependant, si les opérations se bornent à des
patrouilles agressives de part et d'autre et à des
escarmouches aux avant-postes, les pertes sont sévères
car il n'est pas de jour que l'ennemi ne bombarde
violemment les positions.
Le capitaine Herpin est frappé mortellement le 28
février.
Le 7 mai, le lieutenant-colonel Brossin de Saint-Didier
est promu officier de la Légion d'honneur.
Le régiment, « qui a organisé un secteur difficile et
s'y est maintenu depuis plus d'un an malgré les efforts
de l'ennemi », est récompensé dans son chef de toutes
les qualités d'endurance, de ténacité et de courage
qu'il n' a cessé de déployer.
Le 20 mai, le point d'appui nord de la Rognelle, occupé
par la 6e compagnie, est entièrement
bouleversé par les obus. L'attaque ennemie suit
aussitôt, menée avec violence.
Les pertes sont lourdes (30 tués). Le sous-lieutenant
Moiron, un fusil à la main, se jette audacieusement sur
un groupe d'Allemands.
Il est cité à l'ordre de l'armée. Le 21, le général
Riberpray, commandant la 128e D. I., rend un hommage à
la vaillance des occupants aux obsèques des morts, et la
6e compagnie obtient 64 citations individuelles.
Le 4 juin, le lieutenant-colonel Brossin de Saint-Didier,
terrassé par la maladie, est évacué.
Le 8, le lieutenant-colonel Brusselet prend le
commandement du 37e R. I. T.
Le 5 juillet, à 3 h.30, l'ennemi tente un coup de main
sur le point d'appui des Haies d'Albe.
Il réussit à pénétrer dans quelques éléments de
tranchées. Une contre-attaque énergique l'en chasse
immédiatement.
Un Allemand est capturé.
C'est la dernière affaire un peu chaude de l'année. Le
31 décembre 1916, après avoir été affecté aux diverses
divisions qui se sont succédé dans le secteur, le 37e R.
I. T. fait partie de la 146e brigade.
1917 - 1918
Au commencement de l'année 1917, à la suite d'un
remaniement du front, le 2e bataillon passe au
sous-secteur de Reillon, où il tient un centre de
résistance à côté de deux bataillons de l'active,
période de ligne particulièrement pénible en raison de
la saison, de la faiblesse des effectifs qui ne permet
que six jours de repos par mois et des attaques
fréquentes des Allemands sur l'ouvrage « le Zeppelin ».
Le 1er bataillon passe, à la même époque et dans les
mêmes conditions, au sous-secteur de Mignéville, le 3e
reste au sous-secteur de Saint-Martin.
Cette situation dure jusqu'au printemps de 1917. Le 37e
R. I. T., qui n'avait pas eu de repos véritable depuis
août 1914, est alors envoyé à Lunéville pour une période
prévue de trois semaines.
Historique du 38e
Régiment d'Infanterie Territoriale
[...]
Pendant quatorze mois, le 38e régiment d'infanterie
territoriale tiendra les tranchées de première ligne en
avant de Baccarat : deux compagnies du 3e bataillon au
Grand-Bois, deux compagnies du 1er bataillon à
Ancerviller et deux compagnies du 2e bataillon au Bois
Lecomte ; trois compagnies sont en cantonnement d'alerte
à Sainte-Pôle, Montigny et Migneville, soumis à des
bombardements assez intenses ; les autres compagnies
sont au demi-repos à Vacqueville, Merviller et Reherrey.
Le 1er et le 3e bataillons coopèrent à la défense avec
le 221e régiment d'infanterie et le 2e bataillon par
alternance avec le 217e régiment d'infanterie et le 309e
régiment d'infanterie ; ils sont au point de vue
tactique sous les ordres des lieutenants-colonels
commandant ces régiments.
Les relèves ont lieu en moyenne tous les six jours. Tous
se font remarquer par leur courage, leur endurance et
leur mépris du danger.
Dans la nuit du 19 juin, l'adjudant Boisseau, 9e
compagnie, réussit à capturer un prisonnier ; il est
cité pour ce fait à l'ordre du régiment.
Le sous-lieutenant Sorre, blessé deux fois, est cité à
l'ordre du régiment le 15 septembre 1915 et à l'ordre de
la brigade le 19 novembre suivant.
Le soldat Sotteau, de la 1re compagnie, reçoit le 5
janvier 1916 la Médaille militaire et la Croix de guerre
avec palme pour blessure et amputation.
A compter du 8 janvier 1916, le dispositif varie :
Un bataillon aux avant-postes dans le sous-secteur de
droite : Grand-Bois et Ancerviller ;
Un bataillon dans le sous-secteur de gauche : Bois
Lecomte et Bois Banal :
Un bataillon au repos ; relève tous les six jours.
Le commandement désirant voir les bataillons
territoriaux prendre un repos complet, ce repos est pris
à Glonville, sur la rive gauche de la Meurthe : dix
jours pour le 2e bataillon, vingt jours pour le 1er
bataillon et quinze jours pour le 3e bataillon.
L'état-major et la compagnie hors rang y cantonnent
également du 30 janvier au 7 mars 1916.
La relève de la 3e compagnie, dans la nuit du 30 au 31
janvier, à Ancerviller, se fait sous un violent
bombardement ; leur attitude vaut aux sergents Noble,
Parde et Terrien, au caporal Loup et aux soldats
Berthiet et Loum, de cette compagnie, une citation à
l'ordre du régiment à la date du 15 février.
La période de repos partiel est terminée le 7 mars et,
après quelques fluctuations, les trois
bataillons reprennent leurs anciens emplacements d'avant
janvier.
La Médaille militaire et la Croix de guerre avec palme
sont conférées à la suite de blessures graves :
Le 10 février 1916, au caporal Evezard, de la 9e
compagnie ;
Le 27 mars 1916, au soldat Garnier, de la 6e compagnie ;
Le 4 avril, au soldat Voland, de la 9e compagnie ;
Le 27 avril 1916, au soldat Yvon, de la 6e compagnie.
Le 10 février, le corps passe au 7e bataillon du 85e
régiment d'infanterie territoriale (bataillon d'étapes)
ses pères de cinq enfants et veufs avec quatre enfants,
et le 30 mars les militaires des classes 1890, 1891 et
1892 sont envoyés au 87e régiment d'infanterie
territoriale en échange des militaires des classes 1893
à 1897.
Le 15 avril 1916, le lieutenant-colonel de Linière
quitte le commandement du corps pour être remplacé, à la
date du 25 avril, par le lieutenant-colonel Lubet.
Le lieutenant-colonel de Linière commandait le 38e
régiment d'infanterie territoriale depuis dix ans.
Le 16 avril 1916, constitution d'une deuxième compagnie
de mitrailleuses, sous les ordres du lieutenant Galliot.
Du 27 mai au 3 juin 1916, le corps est retiré par
bataillon du front de la 71e division pour être mis, au
nord de Lunéville, à la disposition de la 6e division de
cavalerie (3e corps de cavalerie).
Le général commandant la 71e division d'infanterie veut
bien, par témoignage du 28 mai 1916, exprimer sa
satisfaction au régiment pour l'esprit de discipline et
l'endurance dont il a fait preuve, tant dans le service
des tranchées que dans l'exécution des travaux souvent
pénibles dont il a été chargé dans un secteur soumis à
de fréquents bombardements.
Le colonel commandant la 142e brigade exprime au
régiment ses regrets de le voir partir ; il constate que
le 38e régiment d'infanterie territoriale a montré les
plus solides qualités de discipline, de dévouement et de
bravoure ; que, constamment en première ligne, il s'est
fait remarquer par sa conscience et sa compétence dans
l'organisation des travaux défensifs.
« Beaucoup, ajoute-t-il, sont tombés héroïquement en
faisant leur devoir et tous, officiers, cadres et
soldats, ont largement payé de leur personne, montrant
que l'âge n'intervient pas lorsqu'il s'agit de défendre
son pays. »
Le régiment quitte ce coin de Lorraine où il a vécu
quinze mois, résolu, suivant l'ordre du
lieutenant-colonel commandant, du 1er juin, à conserver
sa maturité d'esprit, son sang-froid, sa volonté ferme
en même temps que l'allant, l'entrain et la bonne humeur
qui sont qualités de tous les âges.
Historique du 39e
Régiment d'Infanterie Territoriale
[...]
Le 17 mars 1917, le régiment, mis à la disposition de la
73e D. I., se met en route pour relever le 37e
territorial dans le secteur Reillon-Veho.
En secteur a Reillon-Vého
Le secteur que le régiment allait tenir a le même aspect
que la partie ouest du secteur de Badonviller, tenu
naguère par le régiment ; les deux secteurs, d'ailleurs,
se touchent ; les bois, moins nombreux, sont beaucoup
plus grands, le relief est caractérisé par de longues
rides nord-sud.
Dans la nuit du 3 au 4 août, vers 1 heure, une brutale
attaque allemande se produisit sur le 3e bataillon, qui
occupait les centres de résistance du Remabois, de
Belgique et de Gimel, dans le secteur de Veho.
Les Allemands, à l'effectif d'environ six compagnies,
pourvus de grenades asphyxiantes et de lance-flammes,
poursuivirent leur effort pendant 3 heures, mais ils ne
purent pénétrer que dans le centre de résistance de
Belgique.
Cette attaque nous coûtait 69 hommes. Le capitaine
Fauvelle, commandant la compagnie, a trouvé la mort dans
son abri incendié.
Le général Gérard, commandant la VIIIe armée, a cité à
l'ordre de l'armée : le capitaine Fauvelle, le caporal
Trioreau Ernest, les soldats Berget Michel et Ruelle
Ernest, qui se firent tuer après une défense opiniâtre.
Dissolution du régiment
Peu de jours après, le 20 août 1917, le régiment relevé
quittait le secteur et était rassemblé à Lunéville.
Par ordre du général commandant en chef, le 39e
territorial était dissous (20 août 1917). |