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Poème de guerre - 1915
 


WAR POEMS
IN FRENCH AND ENGLISH
By Fleming TUCKERMAN
Ed. 1917

NOTE DE L'AUTEUR.
Ces quelques vers ont été écrits par moi, ému comme je l'ai été par les divers actes de courage, d'abnégation et d'héroïsme dont les Français ont fait preuve pendant les temps terribles que nous traversons. Ces qualités n'appartiennent pas seulement aux soldats mais aussi aux civils, aux femmes et aux enfants. Quelquefois ces qualités sommeillent, attendant l'occasion favorable de se manifester, mais ceux qui n'ont pas le privilège de se battre, peuvent montrer leurs nobles impulsions par des actes de générosité. Ma grande admiration jointe à mon affection pour la France et ma haine contre ses ennemis, m'ont poussé à faire un effort qui venant de la part d'un étranger pourrait paraitre audacieux. II ne faut pas oublier que ces vers ont été écrits principalement pour être récités dans les hôpitaux et les soirées organisées pour aider les blessés. La bonté avec laquelle ils ont été acceptés par les soldats est ma récompense.
Avec tous les bons Américains, je crie
Vive la France !
F. T.

La Fleur d'Emberménil, Avril 1915

LA FLEUR D'EMBERMENIL

Pièce en Trois Scènes: Le Crime, La Prière, Le Miracle.

«  Parmi les crimes de cette guerre le drame d'Emberménil ressort comme l'un des plus terribles. Les allemands avaient été surpris et chassés du petit village de l'Est de la France après avoir été informés, prétendirent-ils, par quelques habitants qu'il n'y avait plus de soldats français dans le voisinage. Revenant plus tard en force, lis menacèrent de mort une trentaine de personnes si les coupables ne se livraient eux mêmes en leurs mains. Une jeune femme mariée, Madame Masson qui bientôt allait devenir mère, déclara qu'elle était la seule coupable mais elle avait été elle-même déçue, croyant que tous les soldats français étaient partis. En réalité ils s'étaient cachés pour surprendre les allemands. Malgré les protestations des habitants et d'un abbé, on fusilla cette femme. »

I. Le Crime. (L'Après-midi.)

Midi sonne à la grande place,
Les barbares sont revenus,
Mais cette fois ils sont en masse,
Français, qu'êtes-vous devenus.
Sans accorder aucune grâce,
Renversant légumes et fruits,
Le marché dans un court espace
Est détruit avec ses produits.
Et maintenant trente habitants
Sont mis au centre tous en ligne,
Les uns tremblants genoux pliants,
Les autres fiers et défiants.
On fait silence et sur un signe
Parle un de ces gros allemands.
'Le mois dernier, entrant ici'
Dit-il s'adressant a la foule,
'Des gens nous avaient prévenus
Que les français n'y étaient plus;
Dépêchez-vous le temps s'écoule,
Qui donc nous a trahis ainsi?
Par cette ruse malveillante
On gagna nos positions.
Nous allons fusilier ces trente
Ou livrez-nous les espions.'
Un moment passe et puis s'avance
Une femme disant, 'C'est moi,
Je croyais en toute innocence
Nos soldats partis, sur ma foi !
Pourquoi serais-je soupçonnée?
J'ai vu nos troupes s'en allant,
La place était abandonnée
Au moins trois jours auparavant.'

'Emmenez la femme coupable,'
Commande un officier major,
'La trahison abominable,
Elle paiera de sa mort !'
'Avant Noël je serai mère,'
Répondit elle simplement,
Les larmes aux yeux, un peu fière,
'Vous ne punirez pas l'enfant !
Ayez pitié, je vous supplie,
Attendez, Monsieur, qu'il soit né,
Et puis je donnerai ma vie
Si ce petit est épargné.
Dîtes-moi que vous êtes père,
Qu'un enfant prie au lit lointain,
Que sous cette uniforme austère
II bat un coeur qui est humain !'

Hélas ! les martyrs aux arènes,
Devant les lions affamés,
Avaient des chances plus certaines,
Que chez ces boches malfamés !
Bousculant la foule en jurant,
Cette pauvre femme on l'entraine.
L'abbé proteste en implorant
D'une voix presque sans haleine,
'Elle a dit vrai je certifie,
Ce crime, vous le défendrez,
Vous ne demandiez qu'une vie,
Ca fera deux que vous prendrez !
Le soldat doit toujours tenir
Parole, laissez-la partir !'
Repoussé, le pauvre abbé crie,
'Ton âme à Dieu je la confie.'
A peine un instant, puis des coups
De fusils se faisaient entendre,
'C'est Dieu' dit on 'qui va la prendre,'
Et tous tombèrent a genoux.

II. La Prière. (Le Soir.)

Le soir même de cet outrage
L'angélus sonne au jour l'adieu;
L'abbé priant devant l'image
De la Haute Mère de Dieu :
"Mère de Jésus, si clémente,
N'excusez point l'assassinat
De la jeune femme innocente,
Le brigand n'est pas un soldat !
On lit dans la sainte écriture,
'Vengeance à Moi, dit le bon Dieu,
L'Eternel punira l'injure !'
Ces prédictions auront lieu,
Vous O Mère qui pardonnez,
N'exercez point votre clémence,
Car nous vous prions, punissez!
N'ignorez pas leur grande offense.
Sainte Vierge Consolatrice,
Sancta Mater Dolorosa,
Au nom du Christ et son supplice
Que sur la croix l'on imposa,
Donnez nous un gage visible
Que le Ciel n'oubliera point;
Pour l'Eternel tout est possible,
Invoquez Son secours divin."

C'est l'angélus qui recommence.
La cloche répète un refrain,
Ce message sonne en cadence,
'Tu le sauras demain, demain.
Le Ciel écoutant ta prière,
Enverra son emblème saint,
A tous sans péché ce mystère
Sera montré demain, demain !'

La cloche cesse, vient la nuit,
Le sol est mouillé. Jour funeste !
Mais agenouillé l'abbé reste.
Car Dieu Lui seul, est notre appui.

III. Le Miracle. (Le Lendemain.)

Des l'aube en allant vers l'église,
L'abbé s'arrêta stupéfait,
Des cris joyeux et de surprise
Venaient du champs qu'il traversait.
Une belle fleur bleue et blanche
Auprès du tombeau fleurissait,
Etendant une grande branche
Où la victime reposait.
Vers la mystérieuse plante
De jeunes enfants s'empressaient.
De sa tige si transparente,
Des feuilles ils s'extasiaient.
S'approchant de la fleur sans crainte,
Emerveillés, levant les mains,
'Blanc et bleu de la Vierge Sainte !'
Criaient ils en joyeux refrains.

'Ces gamins dans le cimetière,'
Demande un officier prussien,
'Qu'est-ce qu'ils regardent par terre ?
Nos soldats n'aperçoivent rien!'

L'abbé content avait appris,
Qu'entre les crimes de ce monde
Et la vengeance au paradis,
S'ouvre une crevasse profonde.
Chacun, s'il a bien maintenu
L'emblème blanc de la croyance,
Sera plus tard le bienvenu
Dans le ciel bleu de l'espérance.
Oublies pour l'éternité
Sont ceux qui par leur violence
Outragent toute humanité,
Comme les allemands en France.
 

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