28 juin 1892
VEXATIONS ALLEMANDES
Strasbourg, 27 juin. - Samedi dernier arrivaient a la gare de
Deutsch-Avricourt une dizaine d'élèves des Pères du
Saint-Esprit, de Mesnières (Seine-Inférieure), qui, à la suite
d'une épidémie, avaient quitté cet établissement pour quelque
temps et se rendaient chez leurs parents, habitant l'Alsace.
A peine avaient-ils quitté le train qu'un gendarme les
questionna, prit leurs noms et s'informa du but de leur voyage ;
dès le second jour après leur arrivée, on leur notifia qu'ils
auraient à quitter l'Alsace-Lorralne dans les 21 heures ; cet
ordre fut envoyé télégraphiquement aux gendarmes par la
direction de l'arrondissement.
24 juillet 1892
A LA FRONTIERE DE L'EST
Nancy, 23 Juillet. - Un journal de Nancy publie, sous toutes
réserves, et sous le titre : « Encore un incident de frontière
», la nouvelle suivante, qu'aucun renseignement n'est venu
encore confirmer jusqu'à présent :
« A Nancy, entre Moussey et Avricourt, sur la llgne de
Château-Salins, trente soldats allemands ont passé la frontière
ce matin vendredi. Ils se sont arrêtés dans une ferme, sur le
territoire français, où ils ont séjourné un certain laps de
temps.
» Quelques Instants après, un escadron de cavalerie allemande a
dépassé également la frontière, bien marquée cependant par les
poteaux. »
Paris, 23 Juillet. - On n'a jusqu'ici aucune dépêche annonçant
cet incident ; aussi cette nouvelle. doit-elle être accueillie
sous les plus expresses réserves.
Parts, 23 juillet. - Le ministre de l'intérieur a reçu, du
préfet de Meurthe-et-Moselle, une dépêche dans laquelle ce
fonctionnaire a déclaré que la nouvelle d'une violation de
frontière française entre Avricourt et Remoncourt-Moussey est
absolument inexacte. Les gendarmes et les douaniers qui
surveillent la frontière Moussey n'ont signalé aucun fait de
cette nature.
D'autre part, une dépêche de Berlin déclare que, dans cette
ville, on ne sait absolument rien de l'incident.
Nancy, 23 juillet. - De renseignements officiels, il résulte
qu'il y a absolument rien de vrai dans la note publiée par l'Est
républicain, relative à l'incident de la frontière ; ce sont les
manoeuvres que font, depuis quinze jours, les troupes allemandes
le long de la frontière qui ont pu donner naissance à ce bruit ;
les cavaliers ont bien pénétré dans la ferme de Jamerock, entre
Raon et Moussey, communes du département des Vosges, mais cette
ferme est située à 300 mètres sur le territoire annexé. Jamais à
aucun moment les troupes allemandes n'ont franchi la frontière.
Metz, 23 juillet. - On lit dans la Metzer Zeitung :
« Grâce à l'intervention pleine de tact et d'énergie d'un
pharmacien de Metz, nous rapporte-t-on, un grave incident de
frontière a pu être évité, ces jours derniers, près d'Onville
(France). »
Nous nous réservons de donner des détails.
23 avril 1895
Samedi matin, vers 11 heures, à l'arrivée à Igny-Avricourt du
train express, venant d'Allemagne, le commissaire de police de
service à cette gare, a reconnu, parmi les voyageurs, un
anarchiste italien, nommé Borgetti, expulsé d'Allemagne et de
Suisse ; il l'a arrêté immédiatement et fait conduire à la
prison de Lunéville, en attendant qu'il soit statué à son égard.
Borgetti a déclaré qu'il se rendait à Paris. Il n'avait que très
peu d'argent sur lui.
Lundi 24 septembre 1900
INCIDENTS GROSSIS
La nouvelle racontée par plusieurs journaux d'une violation de
frontière aux dernières manoeuvres a jeté une profonde émotion à
Nancy. Seule l'autorité militaire savait à quoi s'en tenir à ce
sujet, bien qu'elle n'ait appris que tardivement le fait.
Voici en quoi il se résume :
Le samedi 15 septembre, une vingtaine de soldats, appartenant
aux 1re et 3e compagnies du 37e, cantonnées à Blamont, et des 7e
et 8e, cantonnées à Repaix, passant à travers les mailles des
postes de soldats, de gendarmes et de douaniers, gagnaient
isolément et sans armes la frontière du côté de Foulcrey.
Les douaniers français en refoulèrent une dizaine, les autres
réussirent à gagner une éminence située à 200 mètres de la
frontière, d'où ils espéraient découvrir une partie de
l'Alsace-Lorraine.
Ils n'y restèrent que peu d'instants, du reste, et revinrent en
France, après s'être procuré quelques paquets de tabac étranger.
Les douaniers signalèrent le fait à l'administration
préfectorale qui ouvrit immédiatement une enquête.
De cette enquête, il résulte qu'il est absolument inexact que
des inscriptions injurieuses aient été tracées sur les
poteaux-frontières. Il est encore plus inexact que des ordures
aient été apposées sur ces poteaux.
Du reste, quelques jours auparavant, un incident de cette nature
s'était produit parmi les soldats du 132e régiment allemand qui
vinrent de Niederhoff à Bertrambois.
La libération de la classe n'a pas été ajournée, ainsi que
certains l'ont dit, car les coupables se déclarèrent dès qu'ils
apprirent que les 7e et 8e compagnies étaient consignées. Une
quinzaine d'entre eux viennent d'être punis de huit jours de
prison, deux ou trois autres de quinze jours.
L'ambassade d'Allemagne n'a eu à intervenir à aucun moment, et
l'autorité militaire n'a agi que d'après les rapports qui lui
ont été fournis par l'administration française. Voilà les faits
dans toute leur exactitude.
[...]
INCIDENTS GROSSIS
Paris, 23 septembre
Voici, d'après le Journal, en quoi consisterait l'incident de
frontière dont nous avons parlé hier :
Jeudi dernier, veille de la rentrée à Nancy de la 22e brigade
d'infanterie. le général Michel cantonnait à Blamont et Repaix.
Le 79e de ligne (1er et 3e bataillons), et le 37e étaient â
Blamont tandis que le 2e bataillon se trouvait à Repaix, petit
village de 155 habitants, situé à trois kilomètres de Blamont.
Le commandant Bader qui commande le bataillon, avait pris toutes
les précautions d'usage. Des sentinelles avaient été placées
pour empêcher les soldats de quitter le cantonnement. Malgré
toutes les précautions, d'autant plus nécessaires que Repaix est
à l'extrême frontière, il s'est passé une série d'incidents
regrettables quoique peu graves par eux-mêmes.
Tout d'abord, un certain nombre de militaires, appartenant aux
7e et 8e compagnies ont revêtu des habits civils appartenant à
leurs hôtes et ont essayé de passer la frontière pour aller
chercher du tabac en pays annexé. Reconnus par les douaniers
français, ils ont été mis en lieu sûr.
D'autres soldats en tenue, malgré la surveillance des
sentinelles ont franchi le poteau frontière et ont fait
plusieurs centaines de mètres au-delà; arrêtés par les douaniers
allemands, ceux-ci leur ont pris leurs numéros matricules placés
dans leurs képis. Les soldats ont été photographiés par les
officiers allemands en manoeuvre dans ces parages.
Enfin, troisième phase de l'incident : une dizaine de soldats
ont gravé leur nom à l'aide d'un couteau sur un
poteau-frontière.
Aussitôt ces faits connus, le commandant Bader eu référa au
colonel de Curières de Castelnau, commandant le 37e et une
enquête commença. Dès leur arrivée à Nancy, les 7e et 8e
compagnies furent consignées ; mais jamais on n'a songé à
consigner le régiment qui comme on l'a vu plus haut, était loin
d'être cantonné tout entier à Repaix. Sur ces entrefaites on
reçut la communication des photographies prises par les
officiers allemands; les douaniers allemands firent parvenir les
matricules saisis et la découverte des coupables fut facile.
Dix, la plupart libérables, ont été punis de soixante jours de
prison.
7 octobre 1900
VEXATIONS ALLEMANDES
Nancy, 6 octobre.
M. Camille Boehler. né à Paris (Lorraine annexée) mais habitant
Janville, banlieue deNancy, depuis douze ans, croyant que cette
longue absence du pays annexé avait suffi pour le naturaliser
Français, partait vendredi avec sa fillette pour son village où
son père, l'avait invité à venir faire les vendanges ;
malheureusement Boehler fut reconnu à la gare de Deutsch-Avricourt
et les gendarmes teutons l'arrêtèrent pour infraction à la loi
militaire allemande.
Il était immédiatement dirigé sur Metz et écroué en attendant
son renvoi, s'il est reconnu bon pour le service, dans un
régiment allemand de Poméranie. Mme Boehler a été prévenue de
l'arrestation de son mari. Elle est partie aussitôt pour
Avricourt où sa fille lui a été remise.
Dimanche 2 août 1903
Les Autos-Pyrénéens
Nous recevons de M. Le Grand, directeur de la société des «
Autos -Pyrénéens », ia lettre suivante, avec prière de l'insérer
:
Monsieur le rédacteur en chef,
On nous remet un factum adressé aux sénateurs, députés,
conseillers généraux; etc., du Gers et des Hautes-Pyrénées,
critiquant les chiffres de notre circulaire relative à
l'émission de la ligne Auch-Lannemezan.
Nous protestons contre les procédés de l'auteur, ancien
conducteur des ponts, qui prend dans notre circulaire nos
chiffres de dépenses, et met au-dessous ses chiffres de
recettes, à lui, pour arriver à dire que l'opération est
présentée de façon à induire le public en erreur, et qu'il
résultera de l'exploitation une porte annuelle de 12,430 francs
!
Vous apprécierez la loyauté de ces procédés de critique, qui
tendraient à décourager et les bonnes volontés et les
initiatives.
Quant aux arguments du factum, nous disons seulement que
l'auteur mentionne des essais infructueux tentés en 1866, par un
service automobile à vapeur... pour déclarer que des services
sur route sont condamnés aujourd'hui aux mêmes insuccès !
En France et en Algérie, les services réguliers par voitures
automobiles fonctionnent depuis longtemps. Voici plus de trois
ans que la ligne de Blamont à Lunéville - pour ne parler que de
celle-là existe.
Les véhicules de la maison de Dietrich sont trop avantageusement
connus, même dans ce pays, pour qu'il soit besoin d'en faire
l'éloge. La vitesse normale des voilures n'a rien d'excessif (20
à 25 kilomètres à l'heure). Quant, aux pannes, dont beaucoup
s'apeurent, nous réitérons que le seul moyen de les éviter,
c'est la visite fréquente des organes. C'est pourquoi, pour un
service bien établi, il faut une voiture de rechange par voiture
en service.
Afin de convaincre les hésitants, nous avons l'Intention de
commencer prochainement un service de démonstration avec une ou
deux voitures.
Nous sommes persuadés que le succès de la ligne Auch-Lannemezan,
malgré ses nombreux détracteurs, viendra récompenser la
confiance des actionnaires en notre idée.
Veuillez agréer, etc. LE GRAND
28 mars 1908
Poteau frontière dan. un fossé
Nancy, 27 mars.
Le poteau frontière situé sur la route Lagarde, territoire de
Vaucourt, a été trouvé
brisé et jeté dans un fossé
Dimanche 13 août 1911
Les incidents de Nancy. - Une interpellation du commandant
Driant
Paris. 12 août.
Le commandant Driant, député de Meurthe-et-Moselle, vient
d'informer par lettre le président du conseil qu'il se proposait
de l'interpeller dès la rentrée de la Chambre sur les punitions
auxquelles ont donné lieu les récents incidents de Nancy.
Le commandant Driant attribue ces punitions à la pression
qu'aurait exercée le préfet de Meurthe-et-Moselle sur l'autorité
militaire.
Il ajoute : « Vous expliquerez en même temps au Parlement
comment huit jours après les ordres rigoureux interdisant aux
militaires de Nancy de se mêler aux gymnastes des patronages
catholiques, on avait pu lire au rapport d'un régiment de cette
même garnison que, contrairement aux instructions précédentes
données, les militaires étaient autorisés à participer au
concours des patronages laïques de Blamont le 13 août
« Comment aussi les officiers ont pu, l'un d'eux même comme
rapporteur, assister en tenue au Congrès des jeunesses laïques
de Verdun le 6 août dernier.
« Comment enfin ces tolérances si nettement prohibées ailleurs
se concilient avec les prescriptions diverses interdisant
formellement aux militaires de prendre part aux manifestations
politiques de quelque nature qu'elles soient ; vous voudrez bien
dire surtout au pays, qui ne comprend pas de pareilles
différences de traitement, si c'est ainsi qu'en République il
faut concevoir la liberté d'opinion et l'égalité des citoyens
devant la loi. »
Lundi 21 août 1911
CHOSES MILITAIRES
TARTUFERIE
Vérité en deçà, erreur au delà ! (Pascal, Pensées)
Tartuferie !... Voilà un titre qui n'a rien de militaire... Nous
l'employons cependant pour parler de l'« incident de Nancy »,
où, comme on sait, la préfecture a joué le rôle de tartufe.
On connaît cet « incident ». Phénoménal ! Phé-no-mé-nal !!!
Reprenons toutes choses ab ovo... pour ceux qui pourraient
ignorer encore la genèse de l'« incident ».
Les 30 et 31 juillet, se sont tenues, à Nancy, les assises de la
première grande fête nationale et internationale de la
Fédération gymnastique et sportive des patronages de France.
Tout d'abord, permettez-nous de vous en présenter l'apôtre.
C'est M. le docteur Michaux, chirurgien en chef des hôpitaux de
Paris.
Nous n'avons pas l'honneur de connaître M. le docteur Michaux,
ou plutôt nous ne le connaissons que par sa réputation, qui est
grande, et par le but qu'il se propose.
Ce but - assez original par ces temps de pacifisme à outrance,
d'antipatriotisme et d'antimilitarisme laïques - est de
développer, par l'emploi rationnel de la gymnastique et des
sports athlétiques, les forces physiques et morales de notre
jeunesse ouvrière et de préparer ainsi au pays des générations
d'hommes robustes et de vaillants soldats. »
Idée « originale »... nous l'avons dit, mais Idée aussi heureuse
que patriotique... De là son originalité.
Donc, aux dates indiquées, 250 sociétés, avec leurs drapeaux et
leurs fanfares, venues de tous les coins de la France,
d'Alsace-Lorraine. de Tunisie, du Canada et d'ailleurs,
présentant un effectif de plus de 7.000 gymnastes - s'étaient
donné rendez-vous à Nancy.
Deux généraux du cadre de réserve, MM. de Nonancourt et de
Morlaincourt - se dévouèrent pour organiser les détails de cette
fête grandiose. D'autre part, la municipalité nancéenne,
d'accord avec tous les habitants, fit des prodiges pour recevoir
- comme il convenait à une grande et noble cité - les gymnastes,
les nourrir, les coucher, etc., etc. Bref, tout allait pour le
mieux... mais les Loges veillaient !
Elles veillaient... parce que, à ce concours de gymnastique, il
y avait des sociétés et des patronages... catholiques... Horesco
reterens !
Des patronages catholiques !... Sous la République troisième du
nom. il existe un distinguo entre une gymnastique « cléricale »
et une gymnastique « laïque ».
Il ne suffit pas. en effet, de se livrer, avec plus ou moins
d'ensemble et de souplesse, à des exercices divers : sauts en
hauteur et en longueur, barres parallèles, trapèze, anneaux...
de faire des effets de thorax et de biceps, de manier des
haltères, etc., etc., il faut que tous ces exercices soient «
laïques » ! Pourquoi ?
La politique (mise à toutes les sauces) a des raisons que la.
raison connaît peut-être, mais qu'elle n'arrivera jamais à
comprendre.
Il paraît, néanmoins, qu'il n'est pire danger, péril plus grave,
plus sombre menace pour la prospérité et la sécurité de la
nation française, qu'une gymnastique convaincue de...
cléricalisme.
Ce bon docteur Michaux n'avait certes pas songé à tout cela ;
personne autre non plus... Seul, le subtil préfet de
Meurthe-et-Moselle avait pressenti le... danger !
Le dimanche 30 juillet, sur le terrain de Blandan, lieu du
concours, toutes les forces policières avaient, par son ordre,
été mobilisées. Elles avaient pour mission de surveiller et de
signaler tous les militaires qui commettraient le crime de
lèse-patrie de se mêler aux groupes de gymnastes catholiques...
A tout prix, il fallait, pour la centième fois au moins, sauver
la République et la défense nationale !... Songez donc que Nancy
est une ville frontière...
Quelques braves petits soldats, inconscients des dangers qu'ils
pouvaient faire courir à la République et à la... défense
nationale (car nous nous refusons à les croire traîtres à la
patrie), avisant des pays dans les rangs des gymnastes «
cléricaux », ne purent résister au plaisir d'aller leur serrer
la main.
Du coup, ils... écopèrent. Trente jours de Prison !
A ce « prix », comme « pékin », partant électeur, on peut tout
chambarder.
A Nancy, la stupéfaction fut grande... Nul ne peut encore (nous
écrit un vieux camarade) s'expliquer cet excès de sévérité.
Le commandant Driant - le vaillant député de Nancy - réclame au
président du conseil. On lui répond que « les militaires punis
sont ceux-là seuls qui, malgré l'interdiction formelle de leurs
chefs, ont pris part aux manifestations et concours des
gymnastes catholiques ».
Dare-dare, le député de Nancy réplique « qu'il entend prouver
que les militaires punis sont uniquement coupables d'avoir serré
la main à des gymnastes catholiques, sans prendre aucunement
part à leurs exercices ».
Comme on le voit, l'incident n'est pas clos, mais, en attendant,
les soldats punis, sur le rapport du préfet de
Meurthe-et-Moselle, font mieux que de la « trouver mauvaise ».
Pitou et Dumanet ne pourront jamais se fourrer dans la
boussole... que « serrer la main d'un pays », - même clérical,
- vaut de la prison. Sans se l'expliquer, ils pourront se dire
que nous vivons sous un régime de liberté...
Mais il y a mieux. - oui, il y a mieux encore. Dès le lendemain
même du concours, paraissait un « ordre du corps d'armée »
rappelant aux militaires de tous grades les nombreuses
prescriptions leur interdisant formellement de prendre part aux
manifestations politiques... de fréquenter les centres de
réunion ayant un caractère confessionnel, etc.. etc.
Mais voici le mieux annoncé.
Le 7 août - donc six jours seulement après l'« incident », le
rapport d'un régiment d'infanterie, tenant garnison à Nancy
contenait ce passage :
« Contrairement aux instructions données jusqu'ici, et seulement
pour le cas spécial du concours de gymnastique de Blamont, les
commandants de compagnies sont autorisés à porter sur leur
situation-rapport les demandes des militaires sous leurs ordres
désireux de participer à ce concours, le colonel étant délégué
pour statuer. »
Ayant eu l'honneur de servir longtemps sous les drapeaux, nous
n'ignorons certes pas que l'existence militaire se compose «
d'ordres et de contre-ordres »... Mais, dans l'espèce - que le
lecteur veuille bien nous pardonner cet aveu - nous sommes
épaté. Oui, littéralement é-pa-té !
Ah ! ça, que deviennent donc les « ordres formels » ?... «
Vérité en deçà, erreur au delà » a écrit Pascal.
Pour expliquer toutes choses, y compris les plus inexplicables,
il faut savoir que le concours de Blamont est organisé par les
Amicales laïques du département. Un point, c'est tout !
En plaquant ici ce « point », il nous revient à la mémoire le
texte d'une « planche » de la Loge Cosmos :
« Du danger de former une jeunesse militaire et chauvine...
Orateurs inscrits : F.-, général Peigné, ex-commandant de corps
d'armée ; F.-. Christman, vén. de la Loge Alsace-Lorraine ;
F. Chéron. président de l'Union des sociétés de préparation
militaire... »
Que d'autres « planches » nous pourrions citer pour bien marquer
que le Grand-Orient, association de métèques, cherche, par tous
les moyens, à détruire l'esprit militaire dans la jeunesse
française.
Quand on voit, d'autre part, comme à Nancy et ailleurs, des
évêques, des laïcs, des directeurs de patronages catholiques,
jeter sur les foules le verbe ardent de leur patriotisme, lancer
à tous les échos le cri de : « Vive la France ! », mille et
mille fois répété par une jeunesse enthousiaste, bien française,
prête à verser son sang pour la défense du sol sacré de la
Patrie, on est en droit de se demander pourquoi cette belle
jeunesse, bien patriote, est traitée en paria... parce que «
catholique » !
Aux FF.:., à la Libre-Pensée, toutes les faveurs ; aux
catholiques, les gémonies, et à leurs amis (des pays !), la
prison !... C'est trop !!!
D'un côté, des prohibitions impitoyables, basées sur des
règlements que nous ne voulons pas discuter ici ; de l'autre,
une extrême tolérance en ce qui concerne des cas identiquement
semblables, mois qui se présentent dans une autre... Église...
Voilà ce que notre faible intellect ne peut admettre... car il
se refuse à comprendre les distinguo subtils de l'hypocrisie et
de la tartuferie qui sont à la hase de tous les actes de notre
gouvernement de francs-macons.
La statue de la Résignation, elle-même, ne tiendrait pas devant
le sectarisme disons le mot, l'imbécillité des néo-jacobins.
Et l'on s'étonne que de « vieilles barbes » se détachent de la
R. F. ! - C'est bien le contraire qui serait surprenant.
Commandant A. HUBAULT
Samedi 16 septembre 1911
L'Incident de Lunéville
Paris. 15 septembre.
Le ministère de la guerre nous communique la note suivante :
« Contrairement aux bruits répandus, il est (inexact qu'un
peloton de uhlans ait franchi la frontière. »
Paris, 15 septembre.
La Patrie revient aujourd'hui sur l'alerte qui se serait
produite hier à Lunéville et qu'elle avait annoncée par une
édition spéciale.
Elle maintient que les renseignements fournis sur ce fait, qui a
produit une émotion bien compréhensible, étaient formels et
précis.
» On indiquait le nombre des cavaliers allemands, leur tenue, la
tenue des sous-officiers, le nom de leur régiment, l'emplacement
exact de leur stationnement.
» Un brigadier forestier aurait affirmé devant plusieurs témoins
qu'il avait vu les soldats Allemands, mais que l'ordre était
donné, sous peine de révocation, de ne plus parler de
l'incident.
» Les cavaliers auraient été vus, dit encore la Patrie, par un
employé de chemins de fer et par un caporal cycliste de
chasseurs à pied qui était venu apporter lui-même la nouvelle,
après l'avoir contrôlée, à la préfecture de Meurthe-et-Moselle.
»
Toujours d'après notre confrère, on aurait reconnu l'exactitude
du fait, mais on aurait prié la presse d'atténuer et de dire
qu'il ne s'agissait que dune escapade de déserteurs.
Le démenti officiel publié hier, n'aurait été expédié par le
préfet que sur un ordre venu de Paris.
La vérité, selon la Patrie, et nous la publions sous réserves, c'est qu'un détachement allemand a passé la frontière.
Il avait sans doute pour consigne de se montrer et rentrer
aussitôt.
Dès que l'officier de uhlans a vu qu'il était reconnu et
signalé, il a tourné bride et est rentré au galop.
D'autre part, une dépêche de Lunéville annonce que, suivant un
bruit qui circule dans cette ville, un maréchal des logis du 18e
chasseurs aurait informé son colonel qu'en traversant la forêt
de Paroy il aurait vu hier soir des cavaliers qui auraient
disparu à son approche.
D'après la même dépêche, des recherches effectuées cette nuit
par des gendarmes et des douaniers, n'ont permis de découvrir
aucune trace du passage de ces prétendus cavaliers.
Au ministère de l'intérieur, on déclare n'avoir pas connaissance
de ce bruit et on est convaincu qu'il n'est pas plus fondé que
celui qui avait couru hier.de la présence des uhlans en
territoire français.
L'Impartial de l'Est et l'Est Républicain, tous deux de Nancy,
recueillent ces bruits divers :
L'Impartial dit qu'un mécanicien du train arrivant de Lunéville
et venant de Blamont aurait vu hier matin vers 6 h. 1/4, en
territoire français, le long de la forêt de Paroy, non pas des
cavaliers, mais une section d'infanterie allemande.
Ce n'est que plus tard, à 9 h. 1/2, que l'on parle du peloton de
vingt-cinq uhlans qui aurait été vu a 3 kilomètres de Lunéville.
C'est cette dernière version que reproduit l'Est Républicain ;
tous ces bruits causent à la frontière dans les circonstances
actuelles une surexcitation extrême.
14 octobre 1912
Fermons la porte
Il est question d'un prochain décret qui imposera aux officiers
allemands entrant en France la formalité de la déclaration
préalable.
Il n'est point de fête à Nancy sans que ces messieurs y
accourent en foule. Demandez au commissaire d'Igney-Avricourt ;
il les connaît bien et vous les désignera par leur nom et leur
grade.
Vendredi 15 août 1913
Faits divers
UN INCIDENT A NANCY ENTRE UN DOUANIER FRANÇAIS ET TROIS
ALLEMANDS
Avricourt, 13 août.
Un incident s'est produit la nuit dernière entre un douanier d'Avricourt
et trois voyageurs allemands qui se trouvaient dans le train
express quittant Paris à 17 h. 17 et se dirigeant sur
Strasbourg.
Alors que le douanier allait, en gare de Nancy, monter dans le
train, il crut remarquer qu'un des voyageurs le regardait, d'un
air narquois et échangeait en langue allemande avec ses
compagnons des réflexions désobligeantes ; il fit en termes
plutôt vifs une observation à laquelle un des étrangers répliqua
en français :
- Vous êtes un grossier personnage ; je me plaindrai à mon
gouvernement. »
Le douanier, rentré à Avricourt, négligea d'informer ses chefs
et ce n'est que ce matin qu'on apprit, l'incident lorsqu'il fut
convoqué à la direction de Nancy pour y fournir des
-explications.
La police spéciale de Nancv a ouvert une enquête en attendant la
plainte, si plainte il y a, des voyageurs allemands.
30 novembre 1913
En Alsace-Lorraine - Arrestation d'un espion
Nancy, 29 novembre.
La police mobile vient d'arrêter et de mettre à la disposition
du Parquet de Lunéville un employé des carrières de Vacqueville,
nommé Hermann, ancien sous-officier de l'armée allemande et
habitant en France depuis plusieurs années.
On a trouvé, dans un portefeuille lui appartenant, au cours
d'une perquisition faite à son domicile, les plans de la ligne
du chemin d'intérêt local Lunéville-Blamont-Manonviller, ainsi
que les indications des ouvrages d'art de cette région, avec
annotation indiquant remplacement de leur trou de mine.
Hermann a été écroué et maintenu au secret le plus absolu.
Jeudi 5 février 1914
2 UHLANS A CHEVAL ET EN ARMES EN FRANCE. - ILS AVAIENT DÉSERTÉ
Nancy, 4 février.
La population de Blamont fut fort surprise, hier après-midi, de
voir arriver deux uhlans
à cheval et en armes, qui demandèrent la gendarmerie, où ils se
constituèrent prisonniers.
Les deux déserteurs ont quitté leur régiment à la suite des
mauvais traitements dont ils avaient été victimes.
|