Fastes de la Légion-d'honneur : biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de
l'ordre
par MM. Liévyns, Verdot et Bégat.
1844-1847
Légionnaires de droit
- Nominations du 1er vendémiaire an XII
FAVIER (FRANCOIS), né le 17 janvier 1773, à Blamont (Meurthe), entra au service, comme volontaire, le 18 avril 1793, dans le 8e bataillon de la Meurthe, devenu par amalgame et par organisation 29e demi-brigade et 29e régiment d'infanterie de ligne; il fit avec distinction toutes les guerres de la République et de l'Empire, depuis 1793 jusqu'en 1809, et se distingua surtout le 8 floréal an II, à l'affaire de Pont-à-Bouvenes où il reçut un coup de feu à la hanche droite. Dans la nuit du 29 au 30 nivose an III, accompagné de 10 grenadiers, il s'empara, sur la route de Bommel à Gorcum, d'une redoute armée de 5 pièces de canon et défendue par 200 Hollandais, et fit prisonnier le commandant de la redoute et plusieurs canonniers. Caporal le 16 messidor an V, et sergent le 11 nivose an VII, il reçut un fusil d'honneur par arrêté du 28 fructidor an X. Pendant son séjour au camp de Boulogne, Favier fut nommé sous-lieutenant par décret impérial du 29 prairial an XIII. La conduite de ce brave officier, pendant les campagnes d'Autriche, de Prusse et de Pologne, avait attiré sur lui l'attention de ses chefs et de ses camarades. Il fut nommé lieutenant à l'élection, le 22 novembre 1807, et confirmé dans ce grade par décret impérial du 1er avril 1808. Appelé à l'armée d'Allemagne en 1809, il y combattit avec une rare valeur, fut blessé mortellement le 5 juillet, veille de la mémorable bataille de Wagram, et expira quelques jours après.
SIMONIN
(Augustin), né le 17 septembre 1767, à Blamont (Meurthe).
Soldat au bataillon de chasseurs des Ardennes le 16 décembre
1784, il fut successivement nommé caporal le 26 août 1785,
sergent le 17 mars 1789, sergent-fourrier le 30 novembre
suivant, sergent-major et enfin adjudant-sous-officier les 22
mai et 1er octobre 1791. Promu au grade de lieutenant le 15 juin
1792, il fit la campagne de cette année à l'année des Alpes.
Entré à l'embrigadement dans la 11e demi-brigade d'infanterie
légère, devenue 10e demi-brigade et 10e régiment de même
arme, il servit avec honneur à l'armée du Rhin pendant les
guerres de 1793, ans II et III. Le 17 mai 1793, en avant de
Rheinsaberg, il fut blessé de deux coups de feu, en s'emparant,
à la tête de 20 tirailleurs, de la redoute de Rilsheim, défendue
par 400 hommes de l'armée de Condé. Le 20 septembre suivant,
à la tête de 25 hommes de bonne volonté, il s'établit dans
Vircheim, à deux lieues en avant de Strasbourg, en chassa les
300 émigrés du corps de Rohan qui défendaient ce poste, et
leur fit 40 prisonniers. Capitaine le 12 brumaire an II, il
continua de mériter, par sa-belle conduite, l'estime de ses
chefs et de ses camarades. Employé à l'armée de
Rhin-et-Moselle pendant les ans IV et V, il se signala encore
par son intrépidité le 4 brumaire en IV à la retraite des
lignes de Mayence, où il reçut un coup de feu et plusieurs
coups de sabre. Il fut fait prisonnier dans cette journée, et
resta en captivité chez les Autrichiens jusqu'au 1er brumaire
an V. En l'an Vi, il était à l'armée d'Angleterre, en l'an
VII à celle du Danube, où il fit mettre bas les armes à un
parti ennemi composé de 120 hommes d'infanterie et de 25
hussards qui défendaient l'approche de Markdorff. Il fit
prisonnier le major commandant et son ordonnance, et, quelques
instans après, il prit encore 60 hussards. Il fit ensuite les
campagnes des ans VIII et IX à l'armée du Rhin. C'est surtout
pendant ces dernières guerres que le capitaine Simonin, qui
commandait les carabiniers de l'aile droite de l'année du Rhin,
se fit remarquer par des traits de courage et d'audace peu
communs. Le 30 vendémiaire an VIII, avec ses 3 compagnies de
carabiniers, il effectua le passage de la Limath, après avoir
culbuté 250 grenadiers et pris 2 pièces de canon. Dans la même
journée, il s'empara d'un camp occupé par les Russes, qui
laissèrent en son pouvoir 4 pièces de canon. Le 15 floréal
suivant, à l'affaire de Moeskirch, à la tête de ses
carabiniers, il mit l'ennemi en déroute, se rendit maître de
sa position et s'y maintint malgré tous les efforts qui furent
faits pour la reprendre. Le 8 messidor de la même année, à
l'affaire de Neubourg, secondé par une douzaine de carabiniers,
il sauva une pièce de canon qui se trouvait compromise, dégagea
une compagnie cernée par 300 ennemis, et seul il fit prisonnier
un officier et 10 soldats. Le même jour, a la tête de 250
hommes, il attaqua et poursuivit jusque sous leurs retranchemens
2 escadrons du régiment autrichien des dragons de la Tour, et
reçut, dans cette affaire, un coup de feu qui lui traversa les
deux épaules. Au combat de Neresheim, il commandait le 2e
bataillon de sa demi-brigade. Enveloppé par 600 fantassins et
par 400 hussards hongrois, il parvint non-seulement à se débarrasser
d'eux, mais encore il les mit dans la plus complète déroute,
et, prenant à son tour l'offensive, il attaqua d'autres troupes
auxquelles il fit perdre 200 manteaux-rouges. Le 16 messidor an
X, le premier Consul décerna un sabre d'honneur au brave
capitaine Simonin, qui fut nommé chef de bataillon le 16
germinal an XI dans le même corps on il était entré comme
simple soldat vingt ans auparavant. En l'an XII et en l'an XIII,
il était à l'armée des cotes de l'Océan et y fut créé
officier de la Légion d'Honneur le 25 prairial an XII. Il fit
encore les campagnes de l'an XIV en Autriche, avec la grande armée,
et périt glorieusement, les armes à la main, le 11 frimaire,
sur le champ de bataille d'Austerlitz.
Nominations du 19 frimaire an XII
KLEIN (DOMINIQUE LOUIS ANTOINE, Comte)
né à Blamont (Meurthe), le 24 janvier 1761, servit dans les gardes de la porte depuis le 20 juin 1777 jusqu'au 1er octobre 1787, époque du licenciement de ce corps. Il rentra au service le 12 janvier 1792 comme premier lieutenant au 83e régiment, et le quitta le 20 mai suivant pour passer au 11e de chasseurs à cheval et, dans la même année, il se trouvait aux affaires des environs de Givet et des bords de la Sambre, au combat du camp de la Lune et à la bataille de Jemmapes; il remplissait les fonctions d'aide-de-camp du général Bouvet. Nommé adjoint à à
l'adjudant-général Desbureaux le 2 octobre 1793, et adjudant-général chef de brigade le 16 frimaire an II, il se distingua à la levée du blocus de Maubeuge, à la bataille de Fleurus, aux combats livrés sur la Meuse, l'Ourthe et l'Avaïle. Il commanda ensuite l'avant-garde de l'aile droite de l'armée de Sambre-et-Meuse, sous les ordres de Marceau, et se signala de nouveau au passage de la Roêr, à la prise de Brunn, d'Audernach et de Coblentz. Fait générai de brigade le 16 frimaire an III, il soutint, en avant de Diest, le 5e jour complémentaire, le choc de l'ennemi, et, à la tête de la 7e demi-brigade de dragons et de la 87e demi-brigade d'infanterie, le battit et le mit en fuite. Chargé pendant cette affaire de trouver un gué pour passer la Lahn, il fut entraîné par le courant et il eût infailliblement péri s'il n'eût été secouru par le frère du général Soult. Au second passage de la même rivière, alors qu'il commandait à l'armée de Sambre-et-Meuse l'avant-garde de la division Championnet, il culbuta le 21 messidor an IV, à
Butzbach, l'arrière-garde du général autrichien Werneck, s'empara, le 6 thermidor, de Wurtzbourg, et, concurremment avec Ney, pénétra, le 17 du même mois, dans Bamberg, où, suivi seulement de 50 dragons, il fit des prodiges de valeur pour se dégager d'un nombre considérable d'impériaux qui l'avaient entouré. Il se fit remarquer encore aux attaques des villages de Langfeld, d'Abersmandost, de Voffsbach et au combat de Weillbourg. En l'an V, pendant l'engagement qui eut lieu le 7 brumaire à la droite de l'armée française depuis Creutznach jusqu'à Kaiserlautern, il fit, avec moins de 6,000 hommes, battre en retraite la cavalerie autrichienne forte de 11,000, et à la bataille de Neuwied, gagnée le 28 germinal, il enleva avec ses dragons la redoute d'AItenkirchen et détruisit le régiment de hussards autrichiens de Barco. Le lendemain, il repoussa une seconde fois la cavalerie ennemie à Steinberg. En récompense de ces services et de ceux qu'il rendit pendant la campagne de l'an VI, le Directoire, par son arrêté du 17 pluviose an VII, le nomma général de division et l'envoya à Strasbourg, où, le 11 prairial, il mit en fuite et poursuivit dans les montagnes Noires, vers Kuiébis et Biberach, un parti qui s'était présenté devant le fort de Kehl. Chargé quelque temps après par Masséna des fonctions de chef d'état-major de l'armée du Danube, il contribua, en messidor, à la déroute du général russe Korsakow et au succès de la bataille de Zurich. Au mois de frimaire an VII il fut appelé au commandement général de la cavalerie sur le Rhin, et seconda, en occupant Kehl, les opérations de Moreau qui marchait sur Vienne. Mis en non-activité le 1er vendémiaire an X, employé dans la république italienne le 1er vendémiaire an XI, inspecteur-général de cavalerie et des dragons les 10 frimaire et 6 fructidor de la même année, le général Klein commandait la 1re division de dragons dans le département de la Somme, lorsque, le 19 frimaire et le 25 prairial an XII, il fut nommé membre et grand-officier de la Légion-d'Honneur.
Envoyé à la grande armée en l'an XIV, il se distingua principalement au passage du Danube, à Donawert, à Wertingen et à Albueck, força le major Werneck à rendre la ville de Mersheim ; à Nuremberg, il fit mettre bas les armes à 6 bataillons. En 1806, après la bataille d'Iéna, l'Empereur l'ayant envoyé à la poursuite des débris de l'armée prussienne, il occupait le village de Weissensée quand un corps, de 6,000 chevaux se présenta pour le traverser. Le général prussien, qui ne s'attendait pas à cette rencontre, voulant éviter un engagement, affirma sur son honneur au général français que Napoléon venait d'accorder un armistice. Klein, qui croyait impossible qu'un officier pût faussement engager sa parole, laissa passer le détachement, et ce ne fut que lorsque cette erreur devint irréparable qu'il reconnut avoir été dupé par le général Blücher. Il s'en vengea le lendemain à Neresheim, en chassant de cette position l'ennemi auquel il enleva 2 drapeaux et fit 1,000 prisonniers dont un
officier-général. Le 24 décembre de la même année, lui et le général Nansouty remportèrent un avantage signalé en avant de Kursomb, en Pologne, sur les Cosaques et d'autres corps de cavalerie qui avaient franchi l'Wrka. Deux jours âpres, au combat de Golymin, il se montra digne de sa réputation.
Il la soutint non moins glorieusement, le 7 février 1807, veille de la bataille d'Eylau lors de l'attaque par le maréchal Soult du plateau en avant de cette ville. 2 régimens russes, qui le défendaient, avaient été
repoussés; mais un bataillon du 18e régiment avait été mis en désordre par une colonne de cavalerie. Le général Klein, s'apercevant de la situation critique de ce bataillon, livra pour le dégager un combat des plus meurtriers dans les rues d'Eylau, qui demeura en son pouvoir. Sa division, par les charges les plus heureuses, eut une grande part à la déroute d'un corps de 20.000 Russes qui, dans sa fuite, abandonna son artillerie. Entré au Sénat, te 14 septembre 1807, le général Klein, créé comte de l'Empire, fut nommé gouverneur du palais impérial en 1808, et obtint sa retraite te 11 décembre. Toutefois, appelé à l'armée le 8 mars 1809, la campagne terminée, Napoléon le récompensa de ses services par une dotation de 25,000 francs sur les domaines de Médiagen et d'Oldestadt, situés en Hanovre. Il rentra au Sénat le 21 septembre de la même année, et ne figura plus sur la scène politique de l'Empire que pour remplir les fonctions de commissaire extraordinaire dans la 26e division militaire et pour adhérer en 1814 aux actes du Sénat qui rappelaient au trône la maison de Bourbon. Fait pair de France le 4 et chevalier de Saint-Louis le 27 juin, le comte Klein a constamment voté avec l'opposition jusqu'à la chute de la monarchie restaurée. Ayant aquiescé aux événemens de 1830, il a conservé son siège au Luxembourg, et a été promu, le 29 avril 1834, grand'croix de la Légion-d'Honneur.
Nominations du 25 prairial an XII
ANDRE (CLAUDE), naquit le 7 mars 1777 à Hattigny (Meurthe). Soldat dans le régiment royal-infanterie (24e devenu 23e), depuis le 17 mars 1790 jusqu'au 1er janvier 1793, il passa en qualité de hussard dans la légion des Alpes, devenue 14e régiment de chasseurs a cheval. Il fit la campagne de cette année à l'armée de Sambre-et-Meuse, et celles des ans II et III à l'armée des Pyrénées-Orientales. Le 13 vendémiaire an II à l'affaire de Villelongue, il reçut un coup de feu à la jambe droite, et fut nommé brigadier le 20 germinal suivant. Passé en l'an IV à l'armée de l'Ouest, il servit en l'an
V au camp de Grenelle, et fit les guerres des ans VII, VIII et IX en Italie. Maréchal-des-logis le 27 thermidor an VII, il se signala le 14 brumaire an VIII devant
Fossano, où il reçut un coup de sabre sur l'épaule droite. Après la cessation des hostilités, il tint successivement garnison à Alexandrie, à Voguere et à Rimini de l'an X à l'an XIII, devint sous-lieutenant le 10 pluviose an XII, et membre de la Légion-d'Honneur le 25
prairial suivant. Il fit la campagne de l'an XIV à l'armée d'Italie, celle de 1806 à l'armée de Naples, et celles de 1807, 1808 et 1809 à la grande armée.
Du 10 avril de cette dernière année à la fin de 1810 il servit en Illyrie, où le grade de lieutenant lui fut conféré le 31 octobre 1809. Il combattit en Espagne pendant les années 1811 et 1812, et fut atteint d'un coup de feu à l'épaule gauche près de la Nava del Rei le 18 juillet 1812. Nommé capitaine au 4e régiment de chasseurs à cheval le 9 février 1813, il fit avec ce corps la campagne de France en 1814. Maintenu à son régiment à la nouvelle organisation de l'armée après le retour des Bourbons, et nommé officier de la Légion-d'Honneur le 17 mars 1815, il se trouvait aux environs de Paris avec les escadrons de guerre à l'époque du retour t!e Napoléon. Il fit la campagne des Cent-Jours avec la 3e division de cavalerie du 3e corps de l'armée
du Nord, et à Mont-Saint-Jean, le 18 juin, reçut un coup de feu dans le côté droit. Il suivit l'armée sur la Loire, obtint sa retraite le 30 décembre de la même année, et se retira à Blamont (Meurthe), où il réside encore aujourd'hui
LAFROGNE
(SÉBASTIEN-LOUIS), né le 14 janvier 1772 à Harbouey (Meurthe), s'engagea comme volontaire le 28 août 1791 dans le 3e bataillon de la Meurthe (35e et 106e demi-brigades, puis 106e régiment de ligne), fut fait caporal le 3 mai 1792, fourrier le 10 mai 1793, sergent le 14 pluviôse an II et sous-lieutenant le 8 floréal de la même année. Employé aux armées du Nord, de Rhin-et-Moselle, de Sambre-et-Meuse et d'Allemagne, il tomba au pouvoir des Autrichiens le 16 germinal an VII, fut nommé lieutenant, pendant sa captivité, le 16 germinal an VIII, et rentra en France le 24 ventose an IX. Membre de la Légion-d'Honneur le 25 prairial an XII, il servit à l'armée d'Italie en l'an XIV, en 1806 et en 1807, et obtint la solde de retraite le 30 janvier 1809. Il habite Blamont (Meurthe).
Voir
aussi CLAUDE AMBROISE RÉGNIER, Duc de
Massa
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