[p.486]
Par application du décret du 27 germinal [16 avril
1794, qui renvoyait les prévenus de conspiration au Tribunal Révolutionnaire
de Paris, et prescrivait l'expulsion de tous les ci-devant nobles des
sociétés populaires, comités de surveillance et assemblées communales], les
comités de surveillance et les sociétés populaires écartèrent de leurs rangs
les ex-nobles qui s'y trouvaient encore. Ceux des administrations furent
éliminés de même. A Pont-à-Mousson, l'un d'eux, Charvet, désigné par le club
pour procéder, avec deux autres commissaires, à l'inventaire des biens des
émigrés, dut, malgré son civisme, résilier ses fonctions. A Dieuze, le
service de la garde nationale fut interdit aux intéressés. Blâmont adopta
forcément un ostracisme analogue.
[p. 493]
[En avril 1794], Marie-Thérèse Marchal, femme de
Charles Jacquel, propriétaire de la manufacture de faïence de Domèvre, fut
arrêtée à Bourg-libre par le bureau d'examen des passeports, comme elle
revenait de Berne où elle était allé vendre des marchandises. On trouva sur
elle 2195 livres d'assignats faux et une correspondance louche relative à
des projets d'agiotage. D'autant plus suspecte qu'elle et son mari avaient
déjà, quelques mois plus tôt, essayé de donner en paiement à un aubergiste
de Lunéville des coupures falsifiées, elle fut envoyée au Tribunal
Révolutionnaire de Paris, qui devait la condamner à mort (*).
(*) ADM, Archives du T.C.M., non classées ; AN, W 496-517. Elle sera
condamnée le 3 ventôse an II (21 février 1795), et ses biens subiront la
confiscation.
[p. 511]
Gorgées de prisonniers de toutes catégories
sociales - le nombre total des détenus meurthois à la fin de juin [1794]
dépassait certainement 700 - les maisons de détention en perdirent une
fraction importante, à la suite du vote du décret-loi du 21 messidor (9
juillet), qui agit d'emblée comme une soupape.
Son article Ier ordonnait de libérer provisoirement, dans les communes de
plus de 1200 habitants, les laboureurs, les moissonneurs, les « brassiers »,
les artisans, etc. Cette libération de citoyens éminemment utiles, enfermés
surtout pour avoir contrevenu au maximum ou négligé les réquisitions et les
convois ou encore mal parlé, dans un moment de colère, du régime
révolutionnaire, avait été, à plusieurs reprises, été demandée par certains
des intéressés eux-mêmes ou par leurs familles, quelquefois aussi par la
municipalité de leur résidence. Quand, en ventôse an II, le Comité de
surveillance de Blâmont avait relaxé Dominique Dufour, de Montigny, il avait
bien spécifié que c'était comme cultivateur et père d'une nombreuse famille,
indispensable pour « conduire son train » et emmener des fourrages à l'Armée
de la Moselle. Quand, le 15 messidor (3 juillet), l'Administration du
district de Dieuze avait autorisé l'ex-noble Denskerken-Boroger à revenir
chez lui, à Marimont, sous la garde d'un planton et avec toutes sortes de
précautions, son but avait été de lui permettre de rentrer ses récoltes.
C'est aussi comme cultivateurs que le district de Blâmont avait élargi trois
anabaptistes, arrêtés sur l'ordre de la municipalité blâmontoise parce que
leur barbe était, selon elle, un signe extérieur du culte.
[p.513]
Le 25 messidor (13 juillet [1794]), le Comité [de
surveillance] de Blâmont élargit François Moitrier, d'Ogéviller, qui, depuis
trois mois, l'assaillait d'inutiles pétitions (*).
(*) Inutiles, le Comité voulant alors attendre les décisions du Comité de
sûreté générale sur les détenus (ADM, L 3158)
[p.515-516]
Depuis sa fondation jusqu'en germinal an II, le
Tribunal Criminel de la Meurthe avait eu à examiner plus de 150 affaires. Il
n'avait prononcé que 11 condamnations à mort : 5 pour crimes de doit commun,
6 pour affaires politiques : à ces dernières, le Tribunal Révolutionnaire de
Faure en avait ajouté une, celle de Louis Laugier. 42 autres procès,
rentrant plus ou moins dans la catégorie des affaires politiques s'étaient
clos par des verdicts d'acquittement ou de condamnation à l'amende, à la
prison, aux fers.
De germinal à fructidor, le Tribunal eut à connaître de 64 affaires, dont
une vingtaine seulement peuvent être considérées comme affaires politiques.
Mais alors qu'il ne condamna à la peine capitale qu'un assassin, jugé par
contumace (*), il infligea le châtiment suprême à six hommes et à une femme
pour « crimes politiques ».
(*) François Romaire, tailleur d'habits, originaire de Blâmont, condamné le
18 prairial (6 juin 1794)
p. 553
A Blâmont, le 12 [fructidor, soit le 29 août 1794,
le député J.-B. Michaud, député du Doubs, missionné dans la Meurthe par le
Comité de Salut Public pour rétablir l'ordre après l'élimination de
Robespierre en thermidor] s'informa de l'esprit régnant dans la
circonscription, visita les maisons d'arrêt, l'hospice militaire, présida la
société populaire, loua le Comité de surveillance de sa conduite antérieure
et procéda à une épuration publique des fonctionnaires, qui n'amena non plus
aucun changement. Toutes les réponses fournies à ses questions lui donnèrent
satisfaction. Il lui parut que « l'union, la fraternité, l'ordre, la
tranquillité » régnaient dans la région et que les habitants montraient un
réel attachement à la représentation nationale.
p.573
Le souci apparent que montra Michaud de s'appuyer
sur le sentiment public et de respecter la souveraineté nationale, dont les
fonctionnaires n'étaient que des émanations, donnait en apparence à ses
choix le caractère de véritables élections. Toutefois, le peuple ne
proposait pas de candidats : il approuvait seulement - ou il repoussait -
ceux qui lui étaient désignés par les Administrations. Il lui était
loisible, du reste, de suggérer spontanément certaines modifications :
ainsi, le 18 brumaire (8 novembre [1794]), la Société populaire de Blâmont
fit remarquer que l'un des juges du Tribunal du district, Vieujot-Descolin,
était de naissance noble ; Michaud qui, le 2e jour complémentaire (18
septembre), avait déjà approuvé un arrêté du District de Toul suspendant,
malgré son civisme, l'ex-noble Malcuit, juge de paix de Jaillon, n'hésita
pas à remplacer Vieujot par un suppléant, Hertz.
[p. 584]
TABLEAU DES COMITES DE SURVEILLANCE DES NEUFS
DISTRICTS APRES LEUR REGENERATION PAR MICHAUD
Comité du district de Blâmont (18 brumaire an III)
1. - J.-B. HUGNY, ancien militaire à Badonviller, ancien commandant de la
garde nationale, membre sortant - Canton de Badonviller.
2. - Joseph ERARD, ancien commis à la Force, cultivateur, électeur, membre
du conseil général de Cirey - Canton de Cirey.
3. - André LHUILLIER, ancien cultivateur, assesseur de la justice de paix -
canton d'Ogéviller.
4. - Jean-Simon DUBAS, ancien écrivain et greffier du juge de paix - canton
de Leintrey
5. - Remi JEAMBOIS l'aîné, ancien commerçant, cultivateur à Réchicourt et
assesseur de la justice de paix - Réchicourt.
6. - Nicolas CANTON - Canton de Blâmont.
7. - Claude LOMBARD, notable - Canton de Blâmont.
8. - FLORENTIN, défenseur officieux, président de l'ancien comité - Canton
de Blâmont.
9. - MEHU, commis (bientôt démissionnaire) - Canton de Blâmont.
10. - COSSON, vétéran - Canton de Blâmont.
11. - HATTON, fils - Canton de Blâmont.
12. - CHANEL, père - Canton de Blâmont.
(Les 5 premiers avaient été proposés par le conseil du district le 24
fructidor (10 septembre). Il n'avait été proposé personne pour le canton de
Blâmont)
[p.609]
Michaud n'avait pas seulement entr'ouvert les
prisons. Il s'était intéressé, du moins pour celles de Nancy, à leur
organisation intérieure et à la vie de leurs occupants.
Un relâchement sensible s'était produit dans les maisons de détention depuis
la fin de thermidor [1794]. Le personnel trahissait parfois la confiance
mise en lui. Le citoyen Vary, cuisinier et concierge de la maison d'arrêt de
Dieuze - une des mieux tenues, cependant - s'était fait rappeler à l'ordre
par le comité de surveillance pour y avoir laisser entrer des personnes non
autorisées. Les geôliers de celle de Pont-à-Mousson, Remy et Grosjean,
toléraient les mêmes abus. A Blâmont, où la prison, nouvellement construite,
joignait la solidité à la salubrité, la garde des détenus laissait fort à
désirer (*).
(*) ADM, L 638 : 8 détenus dans la deuxième décade de thermidor, dont un
noble et un prêtre suspect.
[p.619]
La vente des biens des émigrés, ou biens de
deuxième origine, mis à la disposition de la Nation par un décret du 9
février 1792 dans un triple dessein : procurer des rentrées au Trésor,
frapper irrévocablement les émigrés dans leur fortune, déplacer la
propriété, avait commencé dans une partie du département dès le début de
l'an II, sans que fût terminée, à beaucoup près, celle des biens de première
origine (*).
(*) Ainsi, dans le district de Blâmont, les ventes des biens de 1re origine,
disséqués en nombreux petits lots (décrets des 2 frimaire et 4 nivôse an II)
furent encore actives de vendémiaire à germinal an III. Et c'est seulement
le 11 brumaire an IV (2 novembre 1795) que l'abbaye de Haute-Seille
(bâtiments, église, quartier abbatial, vergers et potagers en dépendant)
trouva des acquéreurs : estimée 70.000 livres, elle fut adjugée pour
1.132.000 livres à Jean-Charles-François Bourguignon, de Bénaménil, aux
Jacoby et aux Fabry de Strasbourg et de Sarreguemines (ADM, Q 69 et Q 70).
[p.629]
[...] Se trahissait encore, presque chaque jour,
l'existence tenace du « fanatisme » [...] Celui-ci, en effet, s'acharnait à
vivre, à Nancy, non moins que dans les communes rurales. Dans les derniers
jours de l'an II, l'agent national du district de Vézelise trouvait que,
depuis un mois environ, des décades étaient moins chômées, que les efforts
des « missions apostolaires » de la Société populaire semblaient en recul,
que l'habitude du repos dominical se réinstallait : on chantait vêpres et
mâtines dans certains villages et la « culture des citoyennes » -comme
disait un anonyme de son district - recommençait à prospérer. Son collègue
de Blâmont jugeait « l'esprit public » assez contaminé par une propagande
sournoise pour réclamer à cor et à cri la diffusion parmi ses administrés
des oeuvres de Thiébaut, comme l'Almanach du Peuple, le Catéchisme des
Adolescents, les Instructions d'un père à son fils, et le Conseil général du
district consentait à un achat massif, payable sur les sous additionnels.
[p.633]
A en croire l'agent national du district de
Blâmont, le peuple aurait accueilli « sans la plus légère émotion » l'arrêté
du 26 fructidor [12 septembre 1794 dans lequel Michaud ordonnait la
destruction des chapelles et l'éloignement des prêtres à plus de 4 lieues
des communes où ils exerçaient des fonctions pastorales] : et cette
approbation tacite constituait une preuve évidente de « l'élévation de son
esprit ».
[p.634-635]
Pour les [prêtres bannis par l'arrêté du 26
fructidor] septuagénaires et les infirmes, qui s'empressèrent de rédiger des
pétitions, les Administrations des districts recueillirent, avant de se
prononcer, l'avis des Comités de surveillance ou des Conseils municipaux :
ceux-ci s'informèrent à leur tour de l'âge, de l'état de santé et du civisme
des intéressés. Sur 16 pétitions qui lui furent ainsi soumises dans la
première décade de vendémiaire, le Comité de surveillance de Blâmont donna
15 apostilles favorables, ne refusant même pas d'appuyer celles de deux
ecclésiastiques qui avaient, momentanément et à la prière des habitants,
exercé leur ministère à Blémerey et à Vého : le seul réprouvé fut l'ex-curé
d'Amenoncourt, coupable de n'avoir prêté serment qu'à la dernière extrémité
et de s'être toujours bien gardé de manifester un attachement quelconque à
la Révolution. Mais le District [de Blâmont] se montra nettement plus
sévère. Il refusa aussi de transmettre à Michaud une requête des prêtres
exilés à Dijon : à quoi bon, puisque l'arrêté du 26 fructidor mettait
obstacle, de toute manière, à leur retour dans leur commune ?
[p.637]
Il arriva, d'autre part, que plusieurs agents
nationaux essayèrent, dans quelques cas, d'étendre les atténuations
apportées par Michaud à son arrêté primitif. Celui de Blâmont demanda au
représentant si la présence, dans ses murs, d'un ex-prêtre, ayant exercé à
moins de 4 lieues et toujours attaché à la Révolution, ne pouvait continuer
à être tolérée
[p.644]
Wulliez, déjà maire de Nancy, protesta-t-il à la
Société populaire de Sarrebourg, ainsi qu'il en fut accusé, contre la
tiédeur des nouvelles Administrations des districts de Blâmont et de
Lunéville ? Ce n'est pas sûr, et Michaud n'ayant pas de preuves, refusa d'y
croire.
[p. 684]
Les prisons meurthoises s'étaient donc, en somme,
presque complètement vidées [au début de l'année 1795]. Au début de ventôse,
il n'y avait plus de détenus à Blâmont, ni à Dieuze, ni à Lunéville. Il en
restait trois à Toul. A Nancy, les maisons des Prêcheresses et des
Cordeliers furent fermées dans le courant de frimaire ; les Tiercelins et
les Carmélites en nivôse ou en pluviôse. Le Refuge l'était déjà depuis
brumaire. On ne garda que la Monnaie et la Conciergerie, pour les
prisonniers de droit commun et pour les détenus politiques.
[p. 685]
Sur les prisons des autres villes après la
libération des suspects, cf : ADM, L 1463 (Baccarat), L 1208, L 1463
(Bayon), L 552, L 759 (Blâmont), L 943, L 1017 (Dieuze), L 1195, L 1208, L
1436, L 1463 (Lunéville), L 2321 (Phalsbourg), L 1802, L 1815
(Pont-à-Mousson), L 2088 bis, L 2287, L 2321 (Sarrebourg), L 2362, L 2363, L
2368 (Toul), L 2530 (Vézelise).
[p.688]
Une « cabale aristocratique et fanatique »,
dirigée par le tailleur Jean Voinson, organisait à Ancerviller des services
religieux, annoncés par des sonneries de cloches : un officier municipal et
le fils du greffier avaient « chanté les obsèques » de feu Nicolas Drouot. A
Badonviller, autre commune du district de Blâmont, l'instituteur
Louis-François Ory se mettait à la tête des catholiques, faisait le prêtre,
récitait des patenôtres et des oremus, etc. Non loin de là, à Herbéviller,
les trois angelus quotidiens étaient tintés comme sous l'Ancien Régime, les
cadavres portés à l'église et inhumés avec force litanies et chants de
psaumes (*). A Foulcrey, à Réchicourt, et en beaucoup d'autres villages
voisins d'Avricourt, la population féminine consacrait une partie des
dimanches à des cérémonies cultuelles (**). Le comité de surveillance de
Blâmont s'efforçait de connaître et d'interroger les coupables et les
témoins ; ceux-ci confirmaient ; ceux-là niaient ou tiraient argument de
leur impuissance à résister aux sollicitations de leurs compatriotes : à
Badonviller, c'étaient les femmes et les filles qui avaient replacé sur
l'autel « des saints et des saintes », fourni des linges pour habiller « les
Vierges », apporté un devant d'autel, de la cire, de l'huile - et
l'instituteur Ory n'avait pu, à l'entendre, s'y opposer. Aux moins
coupables, le comité infligea une « mercuriale » ; aux plus responsables,
une courte détention (***).
(*) ADL, L 3159
(**) ADM, L 3166
(***) ADM, L 628, L 3159
[p.689]
Les messes aveugles ou les vêpres laïques
continuaient à se célébrer, avec le concours des maîtres d'école (*) ; les
angélus, à être sonnés au moyen des cloches conservées (**) ; les morts, à
être enterrés avec le vieux cérémonial*** ; les fidèles, à se rassembler
pour prier ou chanter des cantiques.
(*) Exemples : à Foug (ADM, L 3421) ; à Réclonville (ADM, L 3165).
(**) Exemple : à Ogéviller (ADM, L 3165)
(***) Exemple : à Ogéviller (ADM, L 3165)
[p. 690]
Mais les fêtes civiques nouvellement crées -fête
du Malheur et de l'Indigence, le 30 brumaire (20 novembre) (*), fête de
l'anniversaire de la juste punition du dernier roi des Français, le 2
pluviôse (21 janvier) - et les cérémonies décadaires ne rencontraient guère,
en dehors des villes, qu'indifférence ou dédain.
(*) Décrets du 22 floréal et du 8 messidor an II (11 mai et 26 juin 1794).
Dans le district de Nancy, riches et pauvres avaient fraternisé (ADM, L 1513
[...]). A Blâmont, un repas de 116 couverts (taux : 5 francs par tête) fut
offert par le District à ceux des citoyens des villages inscrits sur le
livre de la Bienfaisance nationale, qui furent amenés ce jour-là au
chef-lieu (ADM, L 526)
[p. 703]
Blâmont était dénoncé pour avoir interdit la
sortie des grains [réquisitionnés pour alimenter Nancy] et risqué ainsi de «
créer par l'isolement un nouveau système de fédéralisme ».
[p.707]
Même les Administrations de district qui n'étaient
pas tenues d'approvisionner Nancy avaient leurs embarras. Dieuze s'acharnait
surtout à poursuivre révolutionnairement et à incarcérer les maires et les
agents nationaux d'une trentaine de communes dont les habitants refusaient
soit de livrer des fourrages à l'Armée de la Moselle, soit de conduire les
bois destinés aux salines (ADM, L 940, L 941). - Blâmont, frappé de
réquisitions par le représentant Neveu pour l'Armée de la Moselle, ne
parvint pas à les satisfaire, malgré ses efforts contre le « rétisme » des
cultivateurs (AN, F11 349 ; ADM, L 628).
[p.714]
On ne doutait pas, dans les milieux modérés, que
Mazade [député de la Haute-Garonne, représentant de la Convention, missionné
dans le département de la Meurthe de février à mai 1795] ne menât à bien et
ne fortifiât l'oeuvre commencée par son prédécesseur [le représentant
Genevois] en terminant l'épuration des autorités constituées.
Sauf à Nancy et à Dieuze, cette épuration restait à réaliser. Les modérés y
tenaient essentiellement. Selon eux, quelques terroristes avaient trouvé le
moyen de se maintenir aux postes officiels dans les autres districts -
Pont-à-Mousson et Salins-libre exceptés -, et il fallait les en chasser.
Pour « opérer en connaissance de cause », Mazade décida d'aller partout et
de se faire accompagner par Régnier à Lunéville, à Blâmont et à Sarrebourg,
par Mallarmé à Toul, par Demange à Vézelise et même à Dieuze. Il se rendrait
seul à Pont-à-Mousson et à Salins-libre, où la tâche était plus facile. A
cet effet, l'Administration départementale lui acheta une carte
topographique de la Meurthe.
[p.724-725]
Les comités de surveillance avaient été l'une de
ces institutions fondamentales [de la République]. Ils étaient honnis des
thermidoriens, qui oubliaient leurs éminents services pour s'arrêter à leurs
maladresses ou à leurs excès. Leurs jours étaient comptés depuis la chute de
la Montagne. La mission de Mazade coïncida, dans la Meurthe, avec leur
disparition, qui fut brutale et sans gloire.
Les suprêmes manifestations d'activité auxquelles se livrèrent ceux qui
subsistaient encore n'offrirent rien d'inédit. Un des plus zélés, celui de
Blâmont (*), trouva dans la répression du fanatisme l'aliment unique de ses
délibérations (**).
(*) Un de ses membres, Méhu, nommé chef des bureaux militaires à Lunéville,
le quitta le 6 ventôse (24 février 1795).
(**) ADM, L 3165.
[p.726-727]
[...] le décret du 1er ventôse an III (19 février
1795) [...] sonnait le glas de presque tous les comités [de surveillance]
encore existants en décidant la suppression, à partir du 1er germinal
suivant (21 mars), de ceux des villes ayant moins de 50.000 âmes. Comme la
population des neuf chefs-lieux des districts meurthois était inférieure à
ce chiffre, leurs comités devaient donc disparaître.
Les derniers jours du mois de ventôse se passèrent d'ordinaire à en
inventorier sommairement les papiers, les effets et les titres, comme
l'ordonnait un arrêté de Mazade, prix le 15 à Lunéville. Pièces comptables,
registres, correspondances et mobilier furent confiés aux Administrations
des districts, qui durent intégrer les papiers, jusqu'à nouvel ordre, dans
leurs propres archives. Le Comité de Blâmont fut sans doute le seul à les
remettre de mauvaise grâce.
La dissolution eut lieu le 29 ou le 30 ventôse (19-20 mars). Jusqu'au bout,
les membres touchèrent l'indemnité de 5 francs par jour de « travail ». On
se sépara avec quelque mélancolie. Tous les présents signèrent la page du
registre, clos pour toujours, où était transcrit le procès-verbal de la
dernière réunion. A Nancy, le 29 ventôse, le président Barbiche et le
secrétaire Wilhelm apposèrent simplement leurs paraphes au bas du
procès-verbal de la séance de dissolution. A Blâmont, avant de recueillir
les signatures, le président Florentin demanda « pour grâce à ses collègues
le bonheur de leur donner l'accolade la plus fraternelle en témoignage de la
reconnaissance la plus sensible à l'union, à la concorde et au sincère
attachement qui ont régné entre tous les membres du comité depuis le moment
de leur établissement jusqu'au moment de leur dissolution, les invitant du
fond de son coeur à vouloir toujours luy accorder une part dans leur estime ;
que quand à luy sa reconnoissance est gravée sur l'airain et ne se perdra
qu'à sa mort ».
[p. 739-740]
La législation thermidorienne était déjà venue ou
allait encore venir en aide aux ennemis de la Montagne vaincue. Les lois du
22 nivôse sur les émigrés et du 3 ventôse sur la liberté des cultes
pouvaient provoquer le retour de nombreux émigrés et prêtres déportés. Dans
la Meurthe, il est vrai, on n'avait pas, comme ailleurs, abusivement
interprêté la première puisque 4 individus seulement en invoquèrent le
bénéfice : Antoine Bentz, ouvrier à la verrerie de Harreberg, François Bentz,
magasinier à Lauterbourg - tous deux sortis après le 25 octobre 1793 - ;
Lyon-Marx, juif de Bourscheid, boucher aux armées françaises, emmené par
l'ennemi lors de l'invasion du Bas-Rhin, et Barbe Hennequin, servante à
Blâmont, dont les papiers étaient d'ailleurs insuffisants.
[p. 744]
Tandis que le Conseil général de Nancy s'en
remettait à son bureau de sûreté du soin d'opérer le désarmement ordonné
[par le décret du 21 germinal, ou 10 avril 1795, rapporté par Marie-Joseph
Chénier, ordonnant le désarmement des hommes connus comme ayant participé à
la Terreur], le Département désignait trois commissaires pour chacun des
trois districts de Blâmont, Sarrebourg et Toul, les seuls épargnés jusque-là
par l'épuration. C'étaient : pour Blâmont, Fromental, agent national du
district, Thouvenin, agent national de la ville, Laplante, président du
Tribunal du District ; - pour Sarrebourg, Mourer, agent national du
district, Rigoine, commissaire national près du tribunal, Benoist,
cultivateur à Zufall ; - pour Toul, Liégey, membre du directoire, Maillot,
agent national de la commune, et Olry, officier municipal.
[p.748-749]
Quels noms s'alignèrent alors, dans les trois
districts de Blâmont, de Toul et de Sarrebourg, sur le tableau d'infamie ?
Les états dressés par les commissaires spéciaux du Département n'existent
plus. Ils avaient été envoyés à Mazade, comme le demandait son arrêté du 25
germinal, mais il est possible que des doubles aient été volontairement
détruits avec d'autres, plus tard, en l'an VI. On voit toutefois qu'à
Sarrebourg l'agent national du district essaya d'atteindre lui-même Raphaël
Mang, maire de Phalsbourg, sous prétexte qu'il avait blâmé les mesures
arrêtées par la Convention le 12 germinal et prétendu que les autorités
constituées étaient retombées aux mains des aristocrates. Mang présenta sa
défense et s'en tira avec un blâme infligé à son manque de circonspection et
à son attitude de dénigrement. Blâmont ne désarma finalement personne, mais
l'un des jacobins visés fut molesté par les jeunes gens de Sainte-Pôle (*).
(*) ADM, L 171.
[p.775-776]
Si l'absence d'émigrés était rassurante, la
situation religieuse demeurait, presque partout, digne d'attention. Blâmont
reconnaissait que les villageois utilisaient leurs anciennes églises et
qu'un particulier avait même loué celle de cette ville pour un an au prix de
155 francs.
[p. 795-796]
La signature du premier traité de Bâle avec la
Prusse, le 5 avril 1795, avait rendu à la région du Nord-Est la certitude
d'une sécurité à peu près totale, mais n'avait pas mis fin aux convois
militaires, si gênants pour les cultivateurs en toute saison, et plus
particulièrement à l'époque des gros travaux. L'évacuation des magasins
militaires de la Lorraine centrale vers l'Alsace ou la Prusse rhénane
exigeait même de nouveaux sacrifices. Vers la fin de juin, le transfert à
Saverne et à Sarrebourg, sur 300 voitures, de 5000 sacs d'avoine entreposés
à Nancy suscita déjà nombre de réclamations : l'Administration du district
de Vézelise dut même envoyer la gendarmerie dans plusieurs communes pour
forcer les mécontents à obéir. A la fin du mois suivant, l'inspecteur des
fourrages de la 4e division demanda au Département 3374 voitures pour
évacuer les magasins de Nancy, de Lunéville, de Domèvre, de Vic, de Marsal,
de Dieuze et de Fénétrange sur ceux de Hombourg, de Kaiserslautern, de
Saverne et de Strasbourg : le Directoire jugea impossible, à cette saison,
d'imposer aux cultivateurs une pareille surcharge, qui les forcerait à
abandonner la coupe des foins et celle des blés, l'une et l'autre
indispensables, de surcroît, au ravitaillement des armées. Estimant en outre
qu'on n'avait pas cherché à traiter de gré à gré pour une partie du
transport, il réduisit la réquisition à 556 voitures et dispensa Dieuze et
Château-Salins, déjà accablées par la traite des bois nécessaires aux
salines, d'en fournir aucune. Cette diminution n'empêcha pas, d'ailleurs, un
certain nombre de localités du district de Blâmont, dont le chef-lieu, de ne
faire aucune diligence pour s'acquitter de leur part : des gendarmes et des
dragons durent être mis en branle contre elles, et à leurs frais (*).
Les travaux publics réclamaient aussi une importante main d'oeuvre paysanne.
Devant l'impossibilité de trouver des adjudicataires et des soumissionnaires
pour l'arrachage des pierres ou pour la réparation des routes, toutes en
fort mauvais état, il avait fallu recourir à des réquisitions sur les
communes avoisinantes. Mais la plupart des municipalités, des cultivateurs
et des manouvriers n'avaient pas bougé. Faute de moyens coercitifs « bien
déterminés et suffisans » (**), les réquisitions étaient restées lettre
morte.
(*) ADM, L 86, 5 thermidor an III, L 554, L 559
(**)Toutefois, le District de Blâmont ordonna d'atteler, aux voitures de
pierres, les chevaux des cultivateurs récalcitrants, de faire conduire ces
voitures sur les routes par des manoeuvres et à leurs frais, et même
d'emprisonner les entêtés (ADM, L 554).
[p.803-804]
L'approvisionnement des marchés, angoisse
permanente des autorités nancéiennes, eût été certainement beaucoup plus
facile si l'on avait permis aux vendeurs d'y faire deux prix. Car la «
cupidité » et « l'agiotage » sévissaient de plus belle. Pour diverses
raisons, le crédit des assignats tendait à zéro.
Tout d'abord, la « circulation monétaire » était « empoisonnée » par les
faux assignats. Peu abondants dans la région de Pont-à-Mousson, depuis le
supplice de Mathias Josten, ils ne manquaient pas à Dieuze, à Blâmont, à
Sarrebourg, à Lunéville, c'est-à-dire dans les districts les plus voisins de
la frontière. Selon le Directoire blâmontois, les vivandiers aux armées
étaient les principaux coupables : ils achetaient à tout prix des denrées
dans les campagnes et payaient souvent en coupures falsifiées. Les petits
billets de 5 francs et de 10 francs étaient le plus fréquemment imités.
[p. 836-837]
[...] le conseil général chercha, par une
interprétation tendancieuse de la loi du 12 fructidor [29 août 1795, qui
libérait tous les détenus politiques sauf ceux reconnus coupables de délits
de droit commun, lesquels pouvaient choisir le tribunal devant les juger], à
faire comparaître devant un Tribunal Criminel les trois terroristes remis en
geôle sur son ordre et douze de leurs amis : Arsant, Duthé, Wulliez, Chailly
l'aîné, Gastaldy, Febvé le jeune, Thouvenin-Fafet, Mouton, le Mayançais
Winter, surnommé « La botte fendue », Thiébaut, Lapleigné et même Philip, à
qui le député Boutin (de l'Indre) venait précisément d'éviter un transfert à
Nancy. Il dressa contre eux, à l'intention de l'accusateur public, un
virulent réquisitoire, groupant sous quatre chefs les charges vraies ou
imaginaires dont il les accablait : insurrection contre la représentation
nationale au profit des Jacobins en thermidor et fructidor an II, en
vendémiaire et brumaire an III ; crimes et dénonciations mensongères contre
la commune ; délits à l'égard des particuliers ; usurpation ou abus
d'autorité.
Enfin, le 9 vendémiaire (30 septembre [1795]), il sanctionna deux mandats
d'arrêt lancés par le bureau de sûreté contre Duthé et Wulliez, cependant
qu'on arrêtait à Blâmont et qu'on traduisait devant le Tribunal de la
Meurthe Louis Saulnier, ancien commissaire de l'Administration
départementale accusé - entre autres méfaits - d'avoir par ses menaces
poussé au suicide le maire Vaultrin (*).
(*) ADM, Archives du T.C.M.
[p.838-840]
Depuis messidor [1795], le triomphe du
catholicisme sur les cultes civiques et philosophiques avait continué à
s'affirmer de décade en décade. Tandis que nombre de religieuses et de
religieux - se croyant tout permis depuis que la Convention avait déclaré
que la Constitution civile du clergé n'était plus loi de l'Etat - osaient
demander à rétracter leur serment civique ou leur serment de
liberté-égalité, des prêtres voulaient rentrer en possession de leurs
lettres de prêtrise, naguère extorquées « mal à propos » : quand Pierre
Dusable, de Niderviller, réclama les siennes, en messidor, le District de
Sarrebourg émit l'avis que l'indifférence même du gouvernement en matière
religieuse commandait de les lui restituer, et le Département y consentit
volontiers, à mois, dit-il, qu'elles n'aient été livrées aux flammes.
De nombreux prêtres du district de Blâmont, effrayés d'avoir vu le
représentant Bar bannir à 20 lieues de leur commune deux de leurs confrères
et le représentant Lacoste en envoyer huit autres à Dijon, avaient remis
naguère leurs lettres en même temps que leurs démissions au Directoire du
district ; plusieurs les redemandèrent ; le procureur-syndic estima qu'on
devait leur donner satisfaction, puisque « la Justice a remplacé la Terreur
» et que « la raison a fait sentir à tous les hommes qu'un de leurs droits
les plus chers même en société est celui d'exercer librement le culte qu'ils
ont choisi » (*) [...]
Tous les citoyens, catholiques, juifs, anabaptistes, - assurait le
procureur-syndic de Blâmont - paraissent « fortement attachés » à leur credo
respectif et « ne plus vouloir céder leurs droits sur cet objet ». Les
habitants de Blâmont désiraient même annoncer les messes au son de la cloche
; ils avaient demandé l'autorisation du Département et, sans l'attendre,
sonné le dimanche 29 thermidor (16 août 1795) ; ce qui avait « paru faire le
plus grand plaisir à la presque totalité des habitans sans avoir gêné ny
déplû aux autres ». Mais à l'avis favorable du District, le Département
opposa un non possumus formel (**).
(*) ADM, L 629. Le comité de Législation se déclara, le 22 thermidor,
incompétent sur cette question ; aucune loi n'avait, en effet, reconnu
l'existence ou le dépôt de ces lettres (ADM, L 87, L 169, L 1140).
(**) ADM, L 171, L 553.
[p.864]
Le modéré Thieriet semblait, somme toute, assez
satisfait du résultat des élections à Nancy : il eût seulement désiré un
choix plus homogène. Sa principale inquiétude venait de l'incertitude où
l'on était encore quant à la ville qui aurait l'honneur d'abriter
l'assemblée électorale [convoquée par la loi du 1er vendémiaire an IV (23
septembre 1795), pour élire 8 députés au Corps Législatif]. Ne serait-ce pas
Château-Salins, puisque la précédente assemblée, celle de novembre 1792,
s'était tenue à Blâmont et qu'un roulement avait été prévu naguère entre les
principales villes ?
[p.878]
Fixées également au 10 brumaire (1er novembre
[1795]), les assemblées primaires des cantons procédèrent ce jour-là et
parfois, le lendemain et le surlendemain, à la nomination des juges de paix,
de leurs assesseurs et des présidents provisoires des administrations
cantonales. On est assez mal documenté sur leurs opérations. Il est
vraisemblable que les abstentions furent encore très nombreuses et que les
assemblées se composèrent surtout de citoyens du chef-lieu de canton. Des
réactionnaires de marque, comme Jean-François Poirson à Pont-Saint-Vincent,
Hanus-Maisonneuve à Amance, Remy Dieudonné à Fribourg, Stanislas-Maximilien
Dunskerken-Boroger à Bassing, Jean-Claude Thouvenin à Blâmont, Joseph Gridel
à Baccarat, Pierre-Eustache Duvalpontrel à Einville..., figuraient au nombre
des présidents choisis.
[p. 880]
Sur la disparition des Administrations de
district, cf. ADM, L 554 (Blâmont), L 1771 (Pont-à-Mousson), etc.
[p.884]
Effectivement, les hommes nommés par [le
Directoire du département comme commissaire directoriaux, représentants de
l'Etat dans les communes] - anciens juges, anciens administrateurs de
département ou de district, anciens commis, anciens maires, propriétaires -
représentaient toutes les nuances de l'opinion républicaine : la nuance très
modérée, teintée même de royalisme, avec Claude Jacquot (Gerbéviller),
Charles Denay, ancien procureur de Capet à la maîtrise de Vic (Fribourg),,
l'homme de loi Charles-Augustin Adam (Bassing), l'ex-juge de paix Grégoire
(Albestroff), l'ancien orateur Roger (Fénétrange), Pierre-Eustache
Duvalpontrel (Einville)... ; - la nuance centriste, avec Toussaint Villot (Lenoncourt),
Louis Collière (Saint-Nicolas), N.-J. Harlaut (Administration centrale),
Nicolas Le Temple (Nancy extra-muros), l'ancien vicaire épiscopal Nicolas
Géhin (Royaumeix)... ; une nuance plus avancée, avec l'ancien constituant
Jacques-Augustin Marin (Tribunal civil et Tribunal criminel de Nancy),
P.-J.-T. Fromental (Blâmont), Claude Maillot (Toul), Valentin Fondesthenne (Delme),
Jean-Gaspard Noël (Château-Salins), Jean-Corneille Dubois (Lucy), Jacques
Bourcy (Dalhain), J.-P. Morel (Vic)... ; la nuance jacobine avec François
Pitoy (Pont-Saint-Vincent), François Paillier (Frouard), Sonnini (Rosières),
Nicolas-François Michel, neveu du député Michel (Vic), Blaise Bénard (Foug),
Pierre-Gabriel-Pascal Mallarmé, frère de l'ancien conventionnel (Vézelise),
Louis Joly (Thiaucourt), Pierre Delorme (Lunéville intra-muros), Etienne
Cunin (Dieuze), l'ancien prêtre François Bouchon (Amance), Charles Rossignol
(Sarrebourg), Parmentier (Phalsbourg), Pierre Rudeau (Lorquin), Jean-Joseph
Bougel (Lixheim), Jean Geoffroy (Niderviller), Louis-Grégoire Muller (Walscheid)
- ces six derniers chaudement et victorieusement recommandés par Levasseur.
[p.901]
ORIGINE DES EMIGRES ET DES DEPORTES
D'après leur lieu de naissance ou leur résidence habituelle
District de Nancy |
507 |
District de Pont-à-Mousson |
153 |
District de Lunéville |
123 |
District de Toul |
119 |
District de Sarrebourg |
111 |
District de Dieuze |
86 |
District de Château-Salins |
74 |
District de Vézelise |
67 |
District de Blâmont |
61 |
Total Meurthe : |
1301 |
Autres départements : |
129 |
Origine inconnue : |
114 |
TOTAL : |
1544 |
|